Daily Archives: 27/02/2011
Mauritanie: des jeunes reprennent la protestation après leur dipersion
NOUAKCHOTT – De 200 à 300 jeunes qui étaient rassemblés depuis vendredi sur une place de Nouakchott et avaient été dispersés samedi matin par la police, ont repris leur mouvement de contestation du régime, a constaté un journaliste de l’AFP. Dans un communiqué qu’ils ont lu sur cette place du centre de Nouakchott, les manifestants ont annoncé la création d’un “comité des sages” auxquels “il faudrait dorénavant se référer” pour leur communication et réaffirmé la caractère “pacifique et indépendant” de leur rassemblement. Ils ont annoncé qu’ils allaient organiser deux grandes manifestations à Nouakchott la semaine prochaine, dont une mardi. Ces jeunes avaient été dispersés sans heurts dans la nuit de vendredi à samedi, mais un de leur porte-parole avait affirmé que le mouvement se poursuivrait malgré cette intervention. Les jeunes manifestants s’étaient donnés rendez-vous vendredi via les réseaux internet, à l’image de ceux d’Egypte et de Tunisie où des révolutions populaires ont entrainé la chute des régimes.
Revendiquant en commun la nécessité de lutter contre la hausse des prix et le chômage, ils divergeaient sur le plan politique, les uns, majoritaires, appelant à des “reformes en profondeur”, d’autres réclament “le départ du régime” du président Mohamed Ould Abdel Aziz. Le Premier ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdhaf, avait affirmé jeudi que la liberté d’opinion et de manifestation est garantie et que “manifestera qui voudra”.
Plusieurs partis politiques ont mis en garde le gouvernement contre toute forme de répression contre les manifestants et affirmé leur soutien aux “revendications justes des jeunes” Mauritaniens.
(©AFP /
Communiqué de la Coordination de la Jeunesse du 25 février
Suite à la mobilisation grandiose de la jeunesse mauritanienne, à l’occasion de l’appel du 25 Février, la coordination présente ses vifs remerciements à la jeunesse qui y a participé et souligne sa grande discipline malgré la disparition volontaire de l’appareil sécuritaire. La coordination condamne la dualité des forces de l’ordre qui ont oscillé entre tantôt l’absence volontaire et tantôt la répression ; en effet, les forces de sécurité ont brillé par leur absence des environs malgré la proximité d’importants sites économiques. Voyant que le sit-in conservait son caractère pacifique, les forces de sécurité ont décidé de s’attaquer, très tard dans la nuit et de manière extrêmement violente, aux jeunes qui occupaient pacifiquement la place. La coordination déclare solennellement qu’elle est de nature pacifique et indépendante. Il s’agit d’une organisation pour toute la jeunesse mauritanienne, dont l’objectif est le changement fondamental du système politique, économique et social.
La coordination a enregistré avec regret l’incident dont a été victime le Directeur du Bureau local de la chaîne Al Jazeera et tient à lui présenter ses profondes excuses pour cet acte commis par des intrus.
La Coordination a tenu une réunion le 26 Février et a arrêté le programme suivant :
– Un sit-in à la place des Blocs, mardi le 1er Mars 2011 de 16H jusqu’à 20H.
– Un sit-in la place des Blocs le vendredi 04 Mars après la prière du Vendredi jusqu’à 20H.
La coordination exhorte tous les jeunes à une mobilisation continue, respectant le programme sus mentionné et rappelle, ici, la nécessité de respecter le caractère pacifique de ses activités.
Coordination de la jeunesse du 25 Février
Lassés par le mépris Par Jean-Baptiste Placca
Ils étaient réputés forts, et pourtant ils s’effondrent. Ils ne reculent devant aucune violence pour dompter leurs peuples, mais se révèlent incapables de contenir les manifestants aux mains nues. Les citoyens n’ont plus peur et acceptent d’offrir leurs poitrines aux tirs des polices et des armées de tueurs. Pour la liberté des survivants. Ben Ali, Moubarak, et à présent Kadhafi, en attendant d’autres. Car il y aura d’autres, en Afrique du Nord, dans le monde arabe, mais aussi au sud du Sahara. Les peuples ont décelé le talon d’Achille des autocrates qui les oppriment. Ceux-ci sont ébranlés et s’écroulent, faute d’imagination, par manque d’idées. Et d’amour pour leurs peuples.
Kadhafi commet, vis-à-vis des Libyens, les mêmes erreurs d’appréciation que Moubarak qui, lui-même, avait exactement reproduit la méprise de Ben Ali. Il faut croire que ce qui manque le plus, dans les cercles de ces pouvoirs-là, c’est la réflexion stratégique pour tirer la nation vers le haut. Il n’y a pas pire fragilité que celle d’un pouvoir vieillissant, glouton, qui préfère ruser pour perdurer, plutôt que d’organiser et de structurer le présent et de penser l’avenir de sa jeunesse.
Savez-vous que les dirigeants africains susceptibles d’être, tôt ou tard, confrontés à des situations analogues se préoccupent davantage des moyens de neutraliser la foule des manifestants que de ce qui pourrait satisfaire les besoins fondamentaux des populations ?
Il faudra bien qu’un jour l’on nous dise le montant des tonnes de gaz lacrymogène et autres bibelots de maintien de l’ordre que l’Afrique ne cesse d’importer. Et, pourquoi pas, comparer ces chiffres à ce que dépensent ces mêmes gouvernements pour l’aspirine ou les compresses dans les hôpitaux ?
Un jeune Libyen réclame un peu plus de liberté et déclare que ses camarades et lui voudraient « juste vivre comme des êtres humains ». Les dirigeants, eux, ne voient d’abord et avant tout que la menace que cela peut constituer pour leur pouvoir. Ils décrètent donc que ces jeunes sont tous drogués. C’est un quiproquo sans fin !
Il est, sur ce continent, des pays que l’on peut heureusement considérer comme étant à l’abri d’une débandade à la Ben Ali. Simplement parce que le mode de gestion du pouvoir n’est pas de nature à engendrer en permanence des frustrations. Parce que le pouvoir n’y est pas confisqué par une famille, un clan, avec, en plus, un plan de carrière familiale, pour perpétuer la privatisation de l’Etat. Car c’est lorsqu’elle n’en peut plus de subir le mépris que la population exprime sa colère et crie, à l’unisson : dégage !
RFI
Mauritanie: dispersion d’un rassemblement de jeunes opposants
(Belga) La police mauritanienne a dispersé sans heurts dans la nuit de vendredi à samedi de 200 à 300 jeunes rassemblés depuis plusieurs heures sur une place de Nouakchott pour protester contre le régime, a-t-on appris auprès des manifestants. Après un ultimatum de la police, les jeunes ont refusé d’obtempérer, arguant qu’ils se trouvaient sur un lieu public et n’étaient pas violents, selon un de leur porte-paroles qui n’a pas souhaité être cité. Vers 02H00 (locales et GMT), la police est intervenue sans “grands heurts”, a-t-il ajouté. “Le mouvement va se poursuivre partout aujourd’hui, dans les rues, les marchés, partout où cela sera possible, suivant un plan que les jeunes préparent actuellement”, a-t-il affirmé. Les jeunes manifestants s’étaient donné rendez-vous vendredi via les réseaux internet, à l’image de ceux d’Egypte et de Tunisie où des révolutions populaires ont entraîné la chute des régimes. Revendiquant en commun la nécessité de lutter contre la hausse des prix et le chômage, ils divergeaient sur le plan politique, les uns, majoritaires, appelant à des “reformes en profondeur”, d’autres réclament “le départ du régime” du président Mohamed Ould Abdel Aziz. Le Premier ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdhaf, avait affirmé jeudi que la liberté d’opinion et de manifestation est garantie et que “manifestera qui voudra”. Plusieurs partis politiques ont mis en garde le gouvernement contre toute forme de répression contre les manifestants et affirmé leur soutien aux “revendications justes des jeunes” Mauritaniens. (THA)