Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 06/02/2011

L’éditorial: Dans l’attente de la justice divine par Seydi Camara

seydi camaraPour avoir dénoncé l’esclavage de deux jeunes filles mineures, des militants des droits de l’homme ont été condamnés et trois d’entre eux croupissent dans les geôles de la prison civile de Nouakchott. L’esclavage, ce phénomène rétrograde et dégradant, n’en déplaisent aux flagorneurs continue à être inscrit dans le quotidien du Mauritanien. Alors sans honte on se ment et en foulant à terre toutes les principe-bases de la dignité humaine. Une attitude qui fait de nous tous des prisonniers… Mais ignare qu’il est, le Mauritanien pense éteindre un feu qui s’annonce sur un océan par le pan de son boubou. L’extincteur de ce feu est à chercher ailleurs. Je suis d’avis comme vous (les militants anti-esclavagistes) que l’esclavage n’est pas une invention de l’Etat mauritanien mais qu’il ne fait rien pour son éradication. Comme vous chers amis, condamnés parce que vous êtes contre cette ignominie de l’être humain, je sais que l’Etat mauritanien n’est pas d’essence esclavagiste mais défend les esclavagistes. Et pour l’avoir dénoncé vous êtes en prison. Pour avoir dit être jaloux pour la Mauritanie qui occupe encore la dernière place du peloton des pays respectés et de droit.

Vous êtes condamnés parce que haut et fort vous dénoncez l’exclusion, le népotisme, le chauvinisme, le clanisme, le régionalisme et le racisme. Comme cette masse muette et hagarde, vous êtes pour une Mauritanie positive, une Mauritanie juste et égalitaire en droits et en devoirs pour tous ces citoyens et pour ça vous êtes en prison. Vous êtes en prison parce que pour vous toute vie est une vie et vous militez pour l’avènement en Mauritanie des citoyens à part entière et non des citoyens entièrement à part. Comme vous, le peuple pense que vos préoccupations sont nobles et devront être en droite ligne avec des ambitions des autorités républicaines éprises de justice et d’équité. Des autorités qui comprennent que leur mission doit rimer avec l’épanouissement, la justice et la paix sociale, corollaires de l’unité nationale qui est la quintessence de votre combat pour une Mauritanie civilisée. Vous dites et continuez à dire que IRA Mauritanie ira avec une Mauritanie de justice. Et combattra la Mauritanie de la honte, du barbarisme, de la cruauté et surtout de cette Mauritanie de l’hypocrisie congénitale inouïe. Une fausseté comportementale qui nous ronge.

A voir la société mauritanienne, on est en droit de se poser la question si certains des hommes et des femmes qui la composent n’ont pas l’appréhension d’être un jour devant leur CREATEUR TOUT PUISSANT. L’esclavage est une tare de notre histoire, sur laquelle on a légiféré et les militants des droits de l’homme ne demandent que l’applicabilité de ces lois de la république contre les contrevenants. Est-ce trop demander? Les envoyer en prison pour un fallacieux  problème ne grandit pas notre nation. Le véritable problème est l’esclavage et le procès était celui de l’esclavage non des vulgaires agresseurs d’une police qui n’existe même pas encore en droit et en devoir.

Ne pouvons-nous pas faire l’économie de cette honte mauritanienne?

Seydi Camara- La Nouvelle Expression

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La bataille contre Aqmi : du désert au …fleuve

altSi Aqmi a perdu la bataille en échouant dans sa tentative de faire exploser sa cargaison au milieu de la capitale, cette nébuleuse ne veut pas donner l’impression qu’elle a raté la guerre.Avec les quelques éléments pourchassés qui lui reste, et activement recherchés par les forces de sécurité mauritaniennes, l’organisation terroriste tente de compenser ses pertes par tous les moyens quitte à tirer aveuglement sur tout ce qui se trouve à sa portée. L’incident contre un poste de gendarmerie mobile au sud du pays zone frontalière avec la Sénégal faisant un mort parmi les gendarmes, montre que le danger ne s’est pas encore éloigné et qu’il risque de se propager aux pays voisins qui sont séparés de nous par les eaux du fleuve. Mais qui sont exposés aux dégâts collatéraux.

Le commando encerclé dans une zone agricole tente de se faufiler à travers les mailles du filet pour traverser le fleuve ou s’échapper vers une destination encore hypothétique. La bataille qui s’engage dans le walo est une autre épreuve non moins dangereuse pour ces hommes habitués aux vastes étendues désertiques. Mais elle est pour les soldats mauritaniens un défi de taille après tant de peines mais aussi de préjudices subis de la part d’un ennemi qui sème la terreur en dépit de son nombre réduit. Surtout que ceux qui sont recherchés et dont les têtes sont mis à prix appartiendraient à la haute hiérarchie militaire de Aqmi. De redoutables guerriers capables de tenir tête à une armée hyper-équipée. A l’issue de cette rude confrontation qui inquiète les habitants de ces localités du fleuve, les forces de sécurité mauritaniennes doivent faire face à deux contraintes difficiles à surmonter : d’une part essayer d’éviter au maximum les pertes en vie humaines dans leurs rangs mais aussi chez les civils ; d’autre part capturer les émirs morts ou vivants avant qu’ils ne réussissent à gagner le fleuve par d’autres chemins surtout. Le champ de bataille s’est délocalisé pour ces salafistes prêts à jeter tout ce qui leur reste comme munitions dans cette bataille ou à se laisser engloutir par les eaux de Diama. Une odyssée fluviale que l’armée mauritanienne a tout intérêt à gagner. C’est ce qui semble se dessiner avec cet assaut imminent qui est en train de se faire à la frontière sud loin du paysage désertique du Sahara.

L’autre bataille doit porter sur le renforcement de la surveillance aux frontières Est et Nord du pays où Aqmi n’hésitera pas à envoyer d’autres renforts en hommes et en matériel pendant que l’attention de l’armée mauritanienne est focalisé sur les recherches de fugitifs dont l’identité ne fait que conforter les informations recueillies auprès de personnes arrêtées ces derniers jours. Du désert au fleuve, le face à face se joue dans un cadre temporel ; dans un espace et un décor atypique pour ces champions du Kalache. Le pire est de se mettre à tirer sur des bosquets alors que l’hydre a changé de cap sans être vu…

 

Cheikh Tidiane Dia- LE RÉNOVATEUR

La liste de 77 médicaments sous surveillance rendue publique

Pharmacie

L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a rendu publique lundi après-midi sa fameuse liste de 77 médicaments sous surveillance. Après le scandale du Mediator, le ministère de la Santé avait demandé à l’Agence de publier cet inventaire. Ces produits feront l’objet « d’une surveillance renforcée »qui permettra de prendre des mesures adaptées « si nécessaires », selon l’Afssaps. L’Agence explique toutefois que « cela ne doit en aucun cas conduire les patients à qui il a été prescrit un de ces médicaments à l’interrompre sans avoir préalablement pris conseil auprès de leur pharmacien et/ou consulté leur médecin. »

Le Di-Antalvic bientôt retiré du marché

Parmi les médicaments de la liste, l’Afssaps a précisé que les anti-douleur contenant du DXP, tels que le Di-Antalvic, le Propofan des laboratoires Sanofi-Aventis et leurs génériques feront bientôt l’objet d’un retrait d’autorisation de mise sur le marché à partir du 1er mars. Cette décision intervient à la suite de la demande spécifique faite par l’Agence européenne du médicament (EMEA) sur ce point. Le Noctran, commercialisé par le laboratoire Menarini contre les troubles du sommeil devrait également être retiré du marché. D’autres médicaments de la liste étaient déjà sur la sellette ces derniers temps. C’est le cas du Fonzylane, du laboratoire Cephalon et ses génériques, stigmatisé par la revue « Prescrire » il y a quelque temps pour ses effets secondaires parfois mortels.
D’après Fabienne Bartoli, adjointe du directeur général de l’Afssaps, « cette liste aura vocation à être actualisée et complétée ». Il est à noter que la plupart des médicaments de cet inventaire ne font pas l’objet d’une demande de retrait du marché de la part de l’Agence mais plutôt d’un maintien du suivi renforcé ou d’une réévaluation du rapport bénéfice/risque.


F.F

L’élément d’Al-Qaïda capturé samedi par l’armée est Cheikh Brahim Ould Hamoud

ISLAMISTESelon un responsable de la wilaya du Trarza, l’élément d’Al-Qaïda arrêté samedi soir sur la frontière avec le Sénégal s’appelle Cheikh Brahim Ould Hamoud. Son compagnon, qui s’était fait exploser, par le moyen d’une ceinture explosive au moment où l’assaut ultime était donné, s’appelle Beiba Ould Navê. De même source, on apprend que Ould Hamoud était blessé au cours des échanges de tirs avec l’armée. Ould Hamoud était parmi le groupe des islamistes « repentis » ayant bénéficié de l’amnistie présidentielle du ramadan dernier. Il purgeait une peine de 8 ans de prison ferme pour «appartenance à une organisation terroriste».

ANI

Interview du président du Front Populaire Ch’Bih Ould Cheikh Melaïnine

CHBIHExplosion sociale dans le Maghreb et l’Afrique du Nord depuis l’acte sacral du Tunisien Mohamed Boueziz, et ses conséquences particulières sur la Mauritanie, crise financière et économique mondiale, hausse des prix et solution des 600 boutiques du gouvernement de Moulaye Ould Mohamed Laghdaf…. Autant de questions qui ne pouvaient trouver meilleures réponse qu’auprès du président du Front Populaire Ch’Bih Cheikh Melaïnine, économiste de renom et ancien ministre !

 

L’Authentique : bonjour monsieur le Président, actualité oblige, que vous inspire la situation actuelle en Egypte ?

 

Chbih Cheikh Mélaïnine : je vous remercie pour cette initiative, parce qu’on dit que le monde est un petit village et le monde arabe encore un tout petit village où tout ce qui s’y passe nous intéresse ici en Mauritanie.

En réalité, ce qui se passe actuellement en Egypte est le résultat d’une part, de l’accumulation de tout ce qu’a connu l’Egypte depuis la disparition de Nasser, et d’autre part, de la prééminence du libéralisme sauvage depuis la Chute du Mur de Berlin.

 

En effet, la stabilité sécuritaire en Egypte est dû au fait que le pouvoir politique était analysé dans le registre de l’expression des objectifs et de la volonté de la classe moyenne. Pour bien comprendre ce phénomène qui n’est pas limité à l’Egypte, il faut aller au-delà de l’analyse politique du cas égyptien et tunisien.

 

En effet, depuis 1980, les Etats-Unis se sont installés dans tous les pays du monde comme force essentielle et surtout comme Empire dominant. Cet empire a été créé par deux forces, la force de l’argent et la force des armes. A l’instar de l’Empire Romain, les Etats-Unis ont vassalisé l’Europe et transformé toutes les autres nations en pays barbares. Le véhicule essentiel de l’installation de l’Empire américain a été ce qu’on appelle aujourd’hui la mondialisation.

 

Sur le plan économique, les fonds d’épargne américains se sont introduits à travers les bourses de tous les conseils d’administration des grandes entreprises européennes et internationales. La perte de l’initiative économique en Europe au profit des Etats-Unis a créé les conditions de la création d’un système économique vertical. Ce système s’est basé sur une spécialisation au profit des USA.

 

L’Amérique s’est réservé deux secteurs essentiels, celui des finances en créant de façon inédite une industrie financière, et celui de l’armement. Ces deux secteurs ont permis aux Etats-Unis de gérer l’économie mondiale. Si l’industrie financière a permis de créer ex-nihilo 600 mille milliards de dollars U.S, ce qui représente huit fois la production mondiale, la production de l’armement a quant à elle permis de maîtriser les demandes dans ce secteur en créant des guerres ou les stoppant.

 

Le système boursier a permis pour sa part d’inventer l’économie virtuelle qui a été à l’origine de la crise actuelle. Cette crise doit être considérée comme l’un des facteurs qui ont alimenté les révolutions actuelles. En bref, le système libéral prôné par le FMI et la Banque mondiale, a été un système de paupérisation de la périphérie au profit d’un centre impérial et impérialiste.

 

En effet, l’un des grands problèmes de nos pays est la disparition des classes moyennes qui sont non seulement garantes de stabilité, mais aussi et surtout porteuses de changement démocratique. En Egypte, le pays s’enrichissait et le peuple s’appauvrissait.

 

Les forces du pouvoir, qui existent pratiquement dans tous les pays arabes a créé des relations incestueuses entre une espèce de franc-maçonnerie militaro-civile et des hommes d’affaires dont la richesse n’est pas le résultat d’un développement capitaliste normal. En effet, la richesse et sa concentration sont le résultat d’un mercantilisme de privilège qui fait que le pouvoir est forcément source de richesses.

 

Au-delà des problèmes économiques, depuis Camp David, l’Egypte s’est transformé en province américaine servant les intérêts impérialistes de la grande puissance en Afrique du Nord et dans le Moyen-Orient. En abandonnant la cause palestinienne, l’Egypte a enterré Nasser, tout en servant les mauvaises causes.

 

Aujourd’hui, la révolution égyptienne a comme principal handicap le subtil double scénario américain. Le 1er scénario, c’est un changement à la tête du régime par le truchement de la Constitution qui permettrait à l’agent américain Omar Souleymane de prendre le pouvoir. Le 2ème scénario, c’est l’envoi dans la rue d’un autre agent américain, Mohamed Barradeï.

 

Les Etats-Unis veulent à tout prix s’en sortir avec un maintien du régime et surtout conserver le rôle de l’Egypte dans la politique régionale, notamment comme gardien de l’Etat d’Israël.

 

La réussite de la révolution égyptienne, c’est non seulement la fin du projet américain dans la région, c’est aussi par sa nature, un remake de la révolution de Khomeïny. Aux yeux des stratèges, cette révolution ne concerne pas l’Egypte seule, car elle fera tâche d’huile dans toute la zone du Moyen-Orient, et remettra en cause toute la politique des dernières administrations américaines.

 

L’Authentique : avant cette révolution, les Tunisiens avaient ouvert la marche, quelles leçons tirez-vous de l’expérience tunisienne ?

 

Chbih Cheikh Mélaïnine : l’expérience tunisienne, comme l’expérience égyptienne a sonné le glas des régimes autoritaires en masque démocratique. Personnellement, je crois que la Constitution de type semi-présidentiel qui existe dans nos pays doit être réadaptée. Le plus grand ennemi du peuple et des pouvoirs, c’est l’attachement des Chefs d’Etat à ce qu’on peut appeler les partis «Makhzen» ou parti au pouvoir.

 

Ces présidents élus au suffrage universel n’étant pas responsables devant le Parlement, ne sont pas obligés de créer des structures politiquement artificiels pour maintenir leur pouvoir. Il est particulièrement surprenant que chaque président qui s’installe par le choix du peuple pour son programme politique, s’acoquine avec des groupes qui servaient le pouvoir précédent. Le parti «Makhzen», c’est tout simplement l’embrigadement de l’administration qui doit être neutre pour servir un projet politique à dominante maçonnerie.

 

Chaque président finit par s’entourer de groupes dont les intérêts se limitent à se remplir les poches. Le mercantilisme des privilèges aidant, à chaque mandat, la concentration des richesses s’accentue, d’où la paupérisation des masses et la clochardisation de la classe moyenne.

 

La Tunisie miroitait aux touristes le visage d’un pays en pleine croissance alors que les masses s’appauvrissaient. Devant c ette situation, le pouvoir se créait une muraille de tortillonnaires et d’anti-démocrates. Toutes les libertés étaient bafouées et toutes les élites éjectées du processus politique. Le pouvoir en Tunisie avait certainement oublié que les masses donnent toujours du temps aux gouvernants et misent sur la possibilité de réformes stabilisatrices, mais au-delà d’un certain seuil, l’explosion est certaine.

 

Pour la révolution tunisienne, le grand risque reste la récupération des fruits de la révolution. L’Occident et ses agents ne ménagent aucun effort pour une reproduction de l’ancien système sous une forme new look.

 

L’Authentique : à ce sujet, on parle beaucoup aujourd’hui de la révolution permanente si caractéristique de la théorie Trotskiste, une idéologie dont votre partie s’inspire en grande partie, parlez-nous un peu de cet aspect?

 

Chbih Cheikh Mélaïnine : effectivement, le terme de révolution permanente a été employée ces jours-ci, mais je crois qu’elle exprime ici le maximalisme des révoltés qui réclament le changement complet du pouvoir. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a un vent révolutionnaire qui souffle sur le monde arabe.

 

Cette situation est due en particulier à la paupérisation des masses par la concentration excessive des revenus, par le comportement du pouvoir et par le gaspillage des ressources. A mes yeux, certains enseignements du libéralisme peuvent être retenus pour optimiser les résultats des secteurs. Toutefois, cette richesse créée doit être redistribuée et des garde-fous établis pour éviter la concentration extrême des fruits de la croissance.

 

Le problème de nos pays, c’est la répartition du Revenu par l’élargissement de la base des salariés, donc de l’emploi. Il est inacceptable que des pays dont la majorité se trouve en dessous du seuil de pauvreté, puissent gaspiller leurs capitaux. Nous manquons d’investissements pour créer des emplois et accroître les revenus, alors que la Nation arabe à elle seule intervient pour 800 milliards de dollars U.S dans les investissements américains -investissements considérés comme perdus car les Américains n’accepteront jamais le retrait du tiers de ces investissements directs.

 

Les pays pétroliers en particulier gaspillent leurs ressources et distribuent gracieusement leurs revenus aux familles régnantes. A ces maux, s’ajoutent une détérioration permanente du pouvoir d’achat et une absence de couverture sociale pouvant assister les déshérités. Plus les revenus sont concentrés, plus la déchirure sociale est profonde. Il faut dire que cette situation a été à l’origine de certains phénomènes tels que le «Djihadisme », le terrorisme et la migration.

 

L’Authentique : pensez-vous en définitive que le président Moubarak finira par partir et à quoi dépendra ce départ ?

 

Chbih Cheikh Mélaïnine : je crois que Moubarak et tous ceux qui ont misé sur l’Occident quitteront le pouvoir à très court terme. Nous avons vu le départ de Ben Ali en Tunisie, mais également le départ moins important de Hariri au Liban et la régression du pouvoir des généraux en Turquie.

 

Tous ces évènements montrent la profondeur de la cassure entre ces pouvoirs et leurs peuples. Certes, le départ de Moubarak serait beaucoup plus important, car il détruit un mythe essentiel, celui de la stabilité des pouvoirs pro-occidentaux dans notre région. Il permettra de montrer que les pouvoirs et les partis qui ont osé résister et refusent le diktat occidental ont gagné une bataille décisive dans la lutte contre l’impérialisme américain.

 

Le départ de Moubarak après cette révolution populaire égyptienne détruira aussi un autre mythe, celui de l’armée salvatrice. L’idée que les militaires ont la solution aux conflits politiques internes sera totalement remise en cause. Les généraux égyptiens depuis quelques jours ont montré que leur intervention n’est plus assimilée à un changement. C’est la fin des pouvoirs militaires. L’armée devient ce qu’elle est réellement, c’est-à-dire, une expression miniature du peuple dont elle est issue.

 

L’Authentique : la Mauritanie peut-elle être concernée par tout ce qui passe en Tunisie et en Egypte ?

 

Chbih Cheikh Mélaïnine : la Mauritanie n’est pas sur la planète Mars. C’est un pays qui a initié un projet d’Etat depuis 50 ans, en vain. La démocratie peine à s’installer, ce qui nécessite une révision de la Constitution en plus d’une volonté de démocratisation réelle et de changement.

 

Le régime semi-présidentiel que nous avons choisi est l’un des meilleurs, mais il doit être adapté à notre réalité. Comme vous le savez, au Front Populaire, nous avons toujours défendu quelques principes qui nous paraissent être des correcteurs positifs à la Constitution actuelle. La création d’un quatrième pouvoir, celui du «Dar El Vétoua» qui serait le garant de notre dogme et qui sera indépendant des trois autres pouvoirs. Pour cela, nous avons suggéré l’élection par les Ulémas et les Imams d’un Mufti par département.

 

Le collège des Muftis élira le Mufti de la République pour un mandat unique n’excédant pas 9 ans. Nous restons persuadés qu’il n’y a pas de démocratie sans proportionnelle. En effet, le scrutin majoritaire, à un ou deux tours, est un scrutin conservateur qui favorise l’élection des dignitaires, ce qui en aucun cas ne peut conduire au changement.

 

Il faut aussi une régionalisation forte basée sur l’autonomie de gestion dans les Wilayas traditionnels, ce qui créerait 6 régions en plus de Nouakchott. L’objet de cette autogestion régionale est de sortir l’Exécutif dans les Wilayas de son statut d’Emir vers un statut de serviteur. Cet objectif ne peut se faire qu’en rendant le Wali doublement responsable, responsable devant l’Exécutif national mais aussi responsable devant un Conseil de la Région.

 

Nous sommes également au niveau du Front Populaire contre l’existence d’un Sénat et pour l’augmentation du nombre des députés, avec la représentation des femmes sur une liste nationale et les représentants de la société civile.

 

La Constitution devrait aussi prévoir un système d’arbitrage entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif, en ramenant la décision au peuple. A ces quelques rajouts à la Constitution, il serait important que le jeu politique soit éclairci et que la mission du Premier ministre soit définie pour prévenir les cas de cohabitation. Enfin, sur ce plan, nous pouvons dire qu’il n’y pas de démocratie sans les partis politiques. Nous souhaitons par ailleurs que le système du parti de l’Etat, le parti «Makhzen», laisse la place au pluralisme des opinions politiques.

 

La bipolarisation du débat politique est, à nos yeux, anticonstitutionnelle et remet en cause l’acquis important du pluralisme. Donc, la situation politique en Mauritanie pour mieux répondre à votre question, peut-être influencée par ce qui se passe chez nos voisins. En fait, l’élément démocratie est le levier principal de la stabilité.

 

Depuis les élections présidentielles (de juillet 2009), le président de la République a initié un programme ambitieux sur lequel beaucoup de Mauritaniens semblent s’accrocher. Chacun a sa lecture de ce programme et nous pensons qu’il peut servir de cadre à un changement réel.

 

Malgré cela, beaucoup de Mauritaniens restent encore sur leur faim et se posent des questions sur la capacité du gouvernement à suivre l’initiative du président de la République. Des efforts de bonne gouvernance ont été pris, toutefois le gaspillage peut prendre d’autres formes moins trébuchantes, comme le gaspillage du temps, les réunions, les correspondances ministérielles qui restent sans réponse, les mauvaises affectations des facteurs…

 

Il serait inexact d’ignorer les efforts qui ont été entrepris, mais le changement réclame un ensemble de moyens, humains et matériels. L’administration actuelle a servi, de par ses hommes, son organigramme et ses structures, les systèmes précédents et le statu quo. Il est nécessaire avant tout de réformer l’administration dans son organigramme et dans ses missions afin que les objectifs fixés par le programme du président de la République puissent être réalisés.

 

La volonté de changement est certes très importante pour un peuple, mais s’est sa traduction sur le terrain qui peut nous éviter les troubles. Aujourd’hui, l’objectif principal doit être l’emploi et la répartition du Revenu. Economiquement parlant, le SMIG doit se situer à 58.300 UM pour permettre aux Smicards d’être au seuil de pauvreté. Les augmentations de salaires au haut de la pyramide sont moins efficaces que les augmentations des salaires au bas de la pyramide.

 

En effet, la demande des salariés à haut niveau est moins élastique que la demande des salariés au bas niveau. Il est beaucoup plus efficace pour l’économie et pour la circulation monétaire d’augmenter les bas revenus. Aujourd’hui, la paupérisation commence à atteindre les derniers pans de la classe moyenne, ce qui risque de la détruire complètement. En effet, l’Etat doit non seulement élargir la base de distribution des revenus, mais il doit maintenir et suivre l’évolution du pouvoir d’achat.

 

L’Authentique : en tant qu’économiste, que pensez-vous de la dernière mesure prise par les autorités pour juguler la hausse des prix, on veut parler par là de l’opération «Solidarité 2011» et l’ouverture de 600 boutiques sur le plan national pour la vente à prix réduit des produits de première nécessité aux populations pauvres ?

 

Chbih Cheikh Mélaïnine : le pouvoir d’achat a plusieurs leviers de soutien qui peuvent être manipulés par le pouvoir. Avant d’aborder les prix, laissez moi vous dire que le pouvoir d’achat est en général soutenu par l’indexation des salaires au taux de croissance, la couverture sociale, la gratuité de certains services et enfin par la politique des prix.

 

En Mauritanie, le consommateur subit les prix qui sont définis par un commerçant «Price maker» (fabriquant de prix), d’où l’inexistence de marchés dans le sens d’espace où se rencontrent l’offre et la demande. Cette situation est favorisée par la décision de l’Etat et la non application de la loi sur la concurrence. Il y a deux sortes de prix : le prix des produits importés et les prix des produits locaux.

 

Pour les produits importés, l’Etat ne maîtrise pas les coûts, mais il peut agir sur certains déflateurs, contribuant à la formation des prix, come la politique de change, la politique d’importation, le coût des services bancaires, le coût du transport et des services portuaires, la compétitivité des services, comme la manutention et la consignation, l’établissement des listes de produits importés, la régulation du stock du produit et l’établissement d’un fonds pour la subvention conjoncturelle des produits de première nécessité, et enfin le développement des industries de substitution à l’importation.

 

Pour les produits locaux, l’Etat peut agir sur plusieurs facteurs, comme l’uniformisation des prix de certains produits (hydrocarbure, gaz, denrées de première nécessité) qui n’ont pas le même prix sur le territoire, protéger les industries locales, réduire et encadrer avec discrimination les taux d’intérêt.

 

Enfin, nous pouvons dire qu’il y a une confusion entre libéralisme et anarchie du marché. Un ensemble d’institutions, comme le Ministère de l’Economie, le Ministère du Commerce, la Banque centrale, la Sonimex, le Commissariat à la sécurité alimentaire, le ministère des Transports et les autorités portuaires doivent initier la création d’un service de suivi de la formation des prix. On peut dire que la politique des prix est un élément essentiel de distribution des revenus par la protection du pouvoir d’achat.

 

En tant que pays importateur, nous devons forcément suivre l’évolution de nos termes d’échanges factoriels, ce qui veut dire que nous devons veiller à la compétitivité de notre production nationale, afin que le produit d’une heure de travail mauritanien puisse nous rapporter plus de minutes de production étrangère.

 

L’Authentique : votre dernier mot, Monsieur le président ?

 

Chbih Cheikh Mélaïnine : je crois que le programme actuel du président de la République et sa volonté de changement doivent être soutenus mais surtout accompagnés par l’administration. Jusqu’à présent une priorité a été donnée aux Investissements structurants alors qu’il serait nécessaire de les accompagner par des investissements distributifs. La répartition des revenus, l’absorption du chômage, passent par une politique économique planifiée dans laquelle les objectifs sont clairement définis.

 

Aujourd’hui, l’action des départements qui travaillent comme des étals indépendants (Bantrât) ne permettent aucune synergie entre les secteurs, ce qui donne l’impression d’une économie désarticulée. Dans le cadre de ce débat, le Front Populaire sortira ces jours-ci un document axé sur la démocratie et l’économie. Ce document en l’absence de sujets de débat, est une contribution qui permet de mettre l’accent de façon non exhaustive sur certains points essentiels qui doivent animer tout débat essentiel.

 

 

Propos recueillis par Cheikh Aïdara