Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

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L’ APPEL DES CADRES…

J’ai lu, récemment, dans  Cridem un post d’un groupe de personnalités-cadres  portant sur une initiative  autour d’un  appel global pour le Changement en Mauritanie. La publication pose un diagnostic  en termes de problème de développement, de recyclage d’élites corrompues , d’exclusion, d’unité nationale, de discriminations, du système l’éducatif et d’absence de vision  de ceux qui nous gouvernent .Tout y a été recensé, pêle-mêle, tout sauf, je  crois, la démocratie, avec son corollaire de libertés fondamentales.

S’il faut saluer ce type  d’initiative, bienvenue en ce temps  de crise aiguë de  valeurs et de bonne gouvernance, je m’interroge   cependant sur l’ordre des  priorités retenu. La proportion dans la composition du noyau  initial, également questionne, comme si  l’on  reconduisait  l’ordre établi existant.

J’ai eu le sentiment,  à lire entre les lignes du texte, que les auteurs, dans leur approche, posaient surtout  le problème de développement, comme étant le problème essentiel  et principal  du pays.  Ils  adoptent   une sorte d’approche économique des choses …

  Je crains  qu’ils ne  s’engagent  là  sur une fausse piste, comme d’habitude, pour beaucoup  d’entre nous. Notre problème  principal et prioritaire résulte, à mon sens,  du problème d’unité  qui, elle – même découle du refus de l’élite arabo-berbère,  pour l’essentiel, d’admettre et  d’assumer l’identité plurielle du pays, sa diversité culturelle et ethnique, l’égalité des races et cultures. Le  problème essentiel  est là, qui n’est ni un problème   de développement, ni un problème de démocratie, même  si ce  sont là des paramètres importants à  prendre en compte dans toute évolution d’un pays .

Force nous est de reconnaître que sans cette unité, solidement rebâtie, il n’y a pas de pays viable, et sans pays stable et viable, on ne saurait parler ni de développement, ni  de démocratie. L’existence d’un  pays, menacé depuis 1960  dans sa cohésion nationale comme le nôtre, conditionne tout le reste.

Le problème de l’unité nationale, cette question centrale du vivre ensemble avec  ses innombrables injustices et dénis de droits, voilà qui méritait d’être nettement énoncé avec force et priorisé !

D’aucuns, parmi nos intellectuels, posent souvent la démocratie ( citoyenne)  comme la solution, or la démocratie a aussi ses tares et  avatars, nous avertit Amine Maalouf.  Il prévient  (qu’)‘’  il  faut beaucoup de naïveté ou beaucoup de cynisme pour soutenir qu’en laissant  le pouvoir  à une fraction majoritaire on réduit  les  souffrances des  minorités ‘’ ! La démocratie ne réussit pas toujours à résoudre les problèmes ethniques, ajoute-t-il. ‘’{…} Elle  est parfois  synonyme de tyrannie, de discrimination ‘’, et qu’il ne suffit pas de dire démocratie pour que la coexistence harmonieuse s’installe’’ ! Exactement le cas de  notre situation interne actuelle ! Exactement la démocratie de l’Apartheid; exactement la démocratie made Usa actuelle, où on  lynche encore … Comme ici,  lorsqu’un chef de tribu peut se permettre de menacer, publiquement, de mort un activiste politique, sans que cela ne suscite aucune indignation chez ces organisations de droits de  l’homme, dites indépendantes, ou de l’autorité !

Lorsqu’une minorité est opprimée le vote libre ne la libère pas forcément, il pourrait même l’opprimer davantage, conclut plus loin A. Maalouf Pour tout dire, même en démocratie, – et peut-être plus qu’en démocratie-,  il faut des garde-fous. Chose particulièrement impérative dans une Afrique  multi-ethnique. 

Et  le développement à son tour, comme solution préconisée par d’autres, est aussi une utopie, car il ne saurait se produire  dans un pays  à haut  potentiel explosif, comme la Mauritanie, pour être assise sur un volcan endormi ! Ce cela, du reste, qui amène un bon nombre de nos  hommes d’affaire et fonctionnaires enrichis, prudents et conscients du danger suspendu comme une épée de Damoclès, à prendre  la précaution de s’acheter des villas en Espagne, au Sénégal, en France et ailleurs …parce que l’avenir inquiète !

 Le formidable mouvement de contestation actuel au Sénégal a été possible parcequ’il  existe une ‘’nation’’ sénégalaise; la nôtre reste à construire.

En conclusion, si je pouvais me le permettre, j’aurais aimé appeler à revoir et l’ordre de priorités et l’approche . Construisons d’abord  solidement notre Unité, sur laquelle tout le reste s’arrime, unité  qui devra se bâtir sur une Mauritanie qui ose faire face à  son histoire,  accepte, réellement, sa diversité et  partage ses richesses.

Nouakchott 09 février 2024.

Samba Thiam

Président des FPC.

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ALERTE!

Chaque tournant  historique de la lutte produit souvent ses héros et secrète ses trahisons. Davantage de trahisons que de héros, retient notre histoire …

Des informations fuitées font état ces derniers temps de tractations  obscures menées en sourdine, visant à saborder, purement et simplement, le dossier dit ‘’du Passif’’. En effet, il ressort de ces informations recoupées que, sur l’autel de l’opportunisme des uns et par appât du gain extrême chez les autres, la cause commune est sur le point d’être sacrifiée … Le génocide mauritanien, appelé par euphémisme   

‘’Passif humanitaire’’ semble faire objet, depuis un certain  temps, de négociations suspectes qui traitent ce crime grave avec beaucoup de légèreté; sous  prétexte de lui trouver des solutions ‘’adaptées  aux  réalités du pays’’ on cherche à vider  le concept de

 ‘’ justice transitionnelle’’  de son contenu ; et poser ainsi des bases visant à pousser les ayants-droit à  monnayer ces  crimes, ni plus ni moins !!!C’est simplement inacceptable ! Nier  un crime d’une telle ampleur et d’une telle  gravité ou vouloir le solder par de l’argent revient, en réalité, à  encourager d’autres crimes; un génocide ça ne se pardonne pas et ça ne se monnaye pas…Telle est la vérité qu’il faut oser voir, qu’il faut oser dire pour  ne pas subir la loi du cynisme et du mensonge triomphant. A côté, la Gambie nouvelle  gère son dossier de crimes, beaucoup moins importants, avec tout le sérieux requis. Révéler toute la vérité pour cicatriser la plaie et conjurer les périls futurs est une étape incontournable, dans notre situation. On ne peut ni ne doit considérer ce dossier très important  comme une affaire privée. L’on se trompe si l’on croit que ce dossier n’appartient qu’à ces militaires, à ces orphelins avides, obsédés  par l’argent. Nous sommes sidérés par tant d’ignominie que nous renvoient certains signes, terrifiants ,qui semblent annoncer  l’éclosion d’un nouveau monde étrange, assis sur la tête, où des fils vils poignardent des pères et s’asseyent sur leurs dépouilles, rien que par appât du gain… Pour oublier des pères assassinés dans des conditions atroces, oublier la douleur de  mamans éplorées, ces orphelins veulent, en échange, être nommés  ’pupilles de la République’’ !!!  C’est tout simplement répugnant ! Ils veulent de l’argent rien que l’argent…encore de l’argent. Sans oublier cette autre fraction de militaires sans scrupules, de la même espèce, en collusion à l’époque avec Aziz,  qui fut la source première du mal … Quelqu’un disait  que lorsqu’un homme commence  à  tomber (dans l’infâmie)  il n’y a pas de limite à sa chute … 

Aller dans la  direction actuellement choisie -je parle à nos gouvernants et à tous ceux-là en coulisses- ne serait ni honorer la mémoire des morts, ni œuvrer pour  notre cohésion nationale. Du reste, on perd souvent de vue dans ce dossier, que les victimes civiles non déclarées sont bien plus importantes que cette poignée autoproclamée  ’’ayants droit’’  qui, bassement, négocie .

 Non , ce dossier concerne  toute la nation mauritaniènne  car il constitue une blessure collective . Voilà pourquoi, au lieu de chercher à le régler en catimini, nous devons le faire à ciel ouvert, en y associant les forces politiques au regard du Dialogue en perspective, si toutefois ce dernier n’est pas vidé de sa substance d’ici là, au rythme où vont les choses … C’est une question nationale, trouvons des solutions justes et globales, dans l’intérêt supérieur de notre vivre-ensemble en difficulté. A la manière des Sud-africains, réussir cette catharsis qui scellerait nos retrouvailles. Retenons ’’ qu’il n’y a pas de paix sans réconciliation et  qu’il  n’y  a pas de reconciliation sans  justice’’ …

Disons enfin à tous ceux-là, aujourd’hui, impliqués, dans ces démarches troubles, de ne pas oublier que  l’Histoire retiendra  leurs noms, que leurs enfants  et petits enfants,  un jour, sauront  … 

Samba Thiam 

Président des FPC

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Entretien avec M. Samba Thiam président des Forces Progressistes du Changement (FPC)

Le Calame – Nous sommes à quelques mois de la prochaine présidentielle, on n’entend pas l’opposition se positionner ; elle est presque inaudible. Ce n’est pas votre constat ? Y’aurait-il une chance pour l’opposition puisse se choisir un candidat unique ?

Samba Thiam : C’est vrai, hélas, que nous de l’opposition, sommes à peine audibles ces derniers temps. Mais, bon, il ne faut peut-être pas non plus désespérer. Je crois que nous essayons de nous ressaisir, même si le déficit de confiance, encore perceptible, ne facilite pas tellement les choses. Mais espérons ensemble, car tant qu’il y a la vie, il y a de l’espoir, dit l’adage.

Certains disent que le président est déjà en campagne ; que vous inspirent ces visites présidentielles ? La présidentielle de mai serai-t-elle déjà pliée ?

-Effectivement ces visites menées au pas de charge ont tout l’air d’une campagne, avant l’heure ! Mais si la présidentielle semble déjà pliée, comme vous l’insinuiez, ce serait bien moins par l’intérêt que suscitent ces visites auprès des populations que par le morcellement, la division de l’Opposition, encore incapable de peser en parlant d’une même voix !

-Un pacte républicain est signé depuis quelques mois entre deux partis de l’opposition, le RFD et l’UFP, d’une part et le parti INSAF, principal parti de la majorité présidentielle, d’autre part. Ce document a été désavoué par le reste de l’opposition, mais les signataires continuent à espérer le ralliement des autres partis de l’opposition. Qu’en pensez-vous ? A quelles conditions les FPC pourraient-elles rallier de pacte ? Que reprochez-vous à ce pacte censé régler des problèmes du pays?

-On ne peut pas empêcher les porteurs du projet d’espérer rallier des fractions de l’opposition à leur initiative. Mais, s’ils acceptaient de marquer un temps d’arrêt et de le consacrer à une réflexion, sérieuse, lucide, ils feraient certainement marche arrière, pour comprendre que leur place et leur intérêt premier se situent dans le camp de l’opposition, à moins que…. En tout cas, lors de notre première rencontre commune il y a quelque temps, c’est l’invitation qui leur avait été adressée.

Logique qui suppose un dialogue en paliers ; d’abord au sein de l’opposition pour s’accorder, ensuite entre cette opposition et la majorité présidentielle ; si toutefois ils se réclament encore de l’ancrage de cette opposition. Avons-nous été entendus ? Je ne n’en suis pas sûr.

Pour ce qui concerne les Fpc, il est bon de rappeler que nous avons toujours été favorables au Dialogue ; toujours preneurs de dialogues sérieux et sincères. Critères loin de se refléter dans ce que l’on nous propose actuellement, tant par la forme que par le fond.

En effet, un dialogue sérieux et sincère ne se négocie pas en catimini, dans un timing et une légitimité questionnable …Ensuite il ne saurait être la propriété privée de quelqu’un. On n’invite pas des partenaires à un dialogue en s’arrogeant un ‘’droit de propriété’’… Une forme discourtoise qui vous impose de prendre le train en marche ou de rester en rade. Enfin, que je sache, il ne s’agit pas là d’une course de vitesse, mais d’efficacité et d’efficience, pour l’intérêt du pays.

Et, puisqu’on parle d’efficience, je crois que pour mieux rassurer et gagner en crédibilité, ce dialogue devrait résulter d’un appel, solennel, du chef de l’Etat, fait en direction de toutes les forces vives de la ‘’nation’’ ! Même si…Même si l’espoir et le capital de confiance qui avaient été placés en Ghazouani se sont largement érodés après ces quatre ans d’exercice, particulièrement du côté des victimes de ses politiques chauvines !

Déception pour beaucoup, pour ne pas dire générale, partout ! Vous avez dû noter la dernière mesure prise en conseil des ministres concernant l’armée qui accentue la pagaille, déjà installée, au sein de cette institution à la tutsi…

-Des milliers de jeunes mauritaniens continuent d’émigrer illégalement vers les Usa, certains ont même déjà été rapatriés. Que vous inspire cet exode ?

-Il faut, à mon sens, distinguer deux catégories de migrants. Il y a ceux qui n’ont plus aucune perspective, aucun espoir dans ce pays en raison du racisme d’Etat anti-noir qui les frappe, et qui, partant, se raccrochent à tout mirage qui s’offre à eux, et il y a ceux–là qui, bien que n’étant pas victimes directes du Système, se laissent séduire par le chant des Sirènes, le mythe des Usa. Le mirage des Etats-Unis, très fort, envahit le monde, enveloppe jusqu’aux jeunes de l’Europe occidentale !

Je crois, pour ma part, que les premiers se devraient de rester pour faire valoir leurs droits, que l’émigration ne règlera pas la question de notre oppression. Du reste, à quoi servirait l’argent amassé de cette émigration si l’on reste étranger chez soi?

Il est regrettable et hautement dommageable que l’Afrique se vide de son potentiel humain à cause de l’incapacité et de l’incompétence de ceux qui nous gouvernent, surtout.

Les jeunes sont très peu engagés dans la politique. Quelles sont, à votre avis, les raisons ? Que font les FPC pour les amener à s’engager ?

-Hélas, vous avez bien raison de souligner cette faiblesse chez nos jeunes. Les choses ont changé, et bien changé; la jeunesse n’est plus ce qu’elle était …

En effet, notre génération était dans la contestation, animée de l’idéal de ’’changer le monde’’ et d’instaurer un mieux-être, pour le peuple. ’’La sagesse à 20 ans c’est de n’être pas sage’’, nous dit l’adage. L’ambition, noble, que nous nourrissions pour notre pays a cédé le pas, de nos jours, à l’ambition personnelle, à l’opportunisme. A notre époque, il ne viendrait à l’esprit d’aucun jeune de moins de 40 ans, de songer à des sinécures, chercher des promotions politiques, briguer des mandatures. La politique reste pour ceux-là un tremplin …

D’autres assimilent, naïvement et à tort, la politique à versalité, à la roublardise. La politique ce n’est pas que manger, boire et dormir, mais penser et acter, par moments, les affaires de la Cité. C’est cela la politique et rien d’autre. Mais, tristement, pour le grand nombre -c’est encore pire-, qui reste dépourvu de conscience politique et se laisse porter par le sport, les jeux ; ceci constitue un de mes plus grands soucis. Heureusement qu’il existe une infime minorité pour faire exception.

Pour notre part nous faisons ce que nous pouvons, voilà dix ans, pour redresser les choses, sans nous faire toutefois beaucoup d’illusions ….

-Le gouvernement a fait voter la loi d’orientation pour la réforme du système éducatif mauritanien. La tutelle s’est engagée à sa mise en œuvre. Que pensez-vous des implications de cette loi qui selon le gouvernement vise à consolider l’unité nationale ?

-J’avais déjà dit que les porteurs du fameux Pacte donnent l’impression de vouloir nous le fourguer à travers la pilule alléchante de ‘’l’officialisation des langues nationales pulaar, sooninke et wolof’’. Que ce projet était une vaste supercherie …

Reprenons les choses par le début : des Journées Nationales de Concertation sont organisées sous l’égide du ministère de l’Education Nationale, pour donner à cette réforme un semblant de caution populaire. Mais pour cacher son jeu, le ministère choisit, dans les résolutions finales, de rester, volontairement, dans le flou sur le statut dévolu à chaque langue. Beaucoup de polémiques avec ceux qui, maintenant, ont déchanté, mais qui refusaient de voir alors le danger et de le dénoncer avec force, préférant voir le verre à moitié plein.

Cette ambiguïté, ce flou, délibéré, est levé avec cette rentrée scolaire 2023 qui stipule que ‘’ l’enseignement des mathématiques et des sciences se fera en arabe’’, exclusivement ; et cela, sans respecter ni une période de transition, normale en pareil cas, ni attendre le résultat de la nouvelle expérience, en plus de faire table rase totale sur les acquis, hautement positifs, de l’expérience antérieure de l’ILN. Un projet viable et crédible ne s’enclenche pas de cette façon…

Il y a une sorte d’antinomie dans la démarche, car on ne saurait reconnaître la valeur de ces langues et le droit légitime des peuples à s’enraciner dans leurs langues et cultures et imposer, en même temps, à ces peuples non arabes la langue arabe comme seule langue véhicule ! On admet l’enracinement pour les uns dans leur langue et culture arabe pour dénier ce même droit aux autres nationalités pulaar, Sooninke et wolof !!!

Toutes choses qui démontrent que ce régime fait peu de cas des langues négro-africaines, reléguées au statut de langue de communication tout court. Il ne fait montre d’aucune volonté politique réelle d’instaurer une politique linguistique juste et équilibrée.

Bref, ce projet de réforme, de bout en bout, constitue une vaste supercherie visant l’assimilation forcée, à moyen et long termes, des populations non arabes de Mauritanie. Et c’est inacceptable !

Les tenants du Système croient avoir gagné la bataille linguistique et de l’exclusion, tout comme Israël pensait avoir enterré la question palestinienne. Ils se trompent !

Si nous étions animés de bon sens, il nous soufflerait d’ouvrir les yeux sur ce monde agité et sur cette turbulence inquiétante de notre sous-région, pour nous éviter des ingrédients de la dislocation…

-Le recensement général enclenché par le gouvernement mauritanien, lancé, depuis le 25 décembre 2023, tire vers sa fin. Quels enseignements en tirez-vous ?

– L’Inde avec son milliard et demi d’habitants a pris dix ans pour boucler l’enrôlement de sa population et chez nous, depuis 2009, le nôtre tire en longueur. On n’y arrive pas voilà dix ans, malgré notre faible population, et voilà qu’on nous parle d’arrêter le processus, comme pour rajouter à l’incohérence ! C’est bien par manque de volonté politique qui dissimule une politique de discrimination qu’il n’en finit pas ; il y a, en effet, des franges entières de population, des composantes nationales -harratines et négro-africains- que l’on ne tient tout simplement pas à enrôler, voilà tout, pour être plus clair.

Sinon, comment expliquez, ou comment comprenez-vous que pour enrôler une population pluriethnique on choisisse des commissions techniques, quasiment mono ethniques, à tous les niveaux ? Le soupçon sous-jacent, récurrent, que dans la vallée du fleuve on serait en train d’enrôler des sénégalais n’est pas complétement éteint …

-Malgré votre décision de vous inscrire dans la voie démocratique en rentrant au pays, certains mauritaniens continuent de vous taxer d’extrémiste. Comment comprenez-vous leur attitude ?

-Vous savez, ce type d’attaque ne mérite pas que l’on s’y attarde, car elle relève de la mauvaise foi et participe de la cabale conçue par nos adversaires politiques historiques, amplifiée sous Ould Taya, qui tiennent à nous figer dans cette image. On ne saurait, en effet, trouver dans aucun de mes propos ou dans les textes du parti quoi que ça soit qui justifie une telle caractérisation. Simple mauvaise foi donc et calcul politique mesquin de positionnement derrière, rien de plus.

Mais bon, ne dit-on pas qu’il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ! Montrez-lui le soleil, il ne verra toujours pas. Peut-être me reprocherait-on le tranchant du propos qui ne souffre pas de compromission. Mais qu’on le sache bien, j’aime mon pays, mais je l’aime d’un amour critique qui vise à l’élever !

– On observe depuis les dernières élections locales, une sorte de rapprochement entre les FPC et le RAG, tous deux partis non reconnus. Jusqu’où peut aller ce rapprochement qui inquiète certains milieux ?

– Oui ce rapprochement se justifiait et se justifie toujours et de façon encore plus impérative en ces temps de crise, pour partager une commune condition d’opprimés, de laissés pour compte dans ce pays…Prions pour qu’il se poursuive et il le devrait, si chaque partie mettait l’intérêt de la cause suprême au-dessus des égos et des intérêts personnels. Ce fut le cas et ce sera toujours le cas pour les FPC.

-Les Fpc courent derrière leur reconnaissance. Après la saisine de la Cour Suprême, existe-t-il aujourd’hui un petit espoir de voir ce parti reconnu ?

– Pour être franc, je suis de plus en plus sceptique, en raison de l’inféodation de nos institutions, chaque jour, plus marquée d’une part et, d’autre part, au regard des nombreuses promesses de campagne, non tenues de ce président, de donner à chacun ses droits. Ceux qui nous gouvernent ne sont, manifestement, pas encore ouverts à l’instauration d’un Etat de droit.

Malgré tout, je continue d’interpeller le président de la chambre administrative et le président de la Cour Suprême, mais toujours en vain !

-Où en êtes –vous avec votre dossier administratif relatif à votre pension de retraite ?

-.Au point mort. Je l’avais soumis, en premier, à Me Bouhoubeyni qui m’avait promis, ferme, d’en faire son affaire, voilà des années, mais rien, aucune suite. Maître, à bien l’observer, donne plutôt l’impression d’être plus prompt et plus enthousiaste à démolir la thèse de l’existence de l’esclavage en Mauritanie qu’à s’occuper des droits légitimes et bafoués du citoyen ordinaire, injustement frappé d’injustice. J’en avais aussi parlé au représentant local des Nations-unies qui avait promis, à son tour, de s’en occuper. Mais depuis, rien là aussi ; on ne prend même plus mes appels téléphoniques…. J’ai enfin saisi le commissaire aux droits de l’homme, sur recommandation du représentant en question. Courtoisie et sympathie dans l’accueil, mais marge de manœuvre délicate et étroite pour ce jeune que je ne comprends que très bien ….

Je dois rappeler que parmi les prisonniers politiques de Walata vivant à l’intérieur du pays, je demeure aujourd’hui le seul à se voir privé de ses droits à une pension. Mais Dieu est grand !

Propos recueillis par Dalay Lam

le calame

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A Propos du projet de réforme ( langues nationales )

Dès l’installation du Président Ghazouani, il  se chuchottait  qu’il était venu pour mettre la dernière touche à l’arabisation du pays. Ces gens n’avaient  pas tort …

Rappelons que l’arabisation des forces armées et de Sécurité – langue de recrutement et de travail-c’était lui. La réforme de l’Enseignement d’il y a quelques années qui  faisait  de l’arabe la langue d’enseignement de l’histoire, de la géographie, de la philosophie, de l’ IMCR, c’étaient Abdel Aziz et lui !  

Depuis 2019, ces panneaux  publicitaires, ces plaques d’immatriculation des voitures  qui surgissent çà et là, rédigés uniquement en arabe, et maintenant ces tablettes en  usage pour le recensement des populations configurées dans cette langue, aux mépris des non –arabes, c’est encore lui ! Enfin l’augmentation au Fondamental de l’horaire de l’arabe l’année dernière en 1ère année, puis en ème  année  de cette rentrée, de 19h à 24h, c’est encore  lui ! Ces Journées Nationales de Concertation  en  Novembre 2021, avec leurs  résolutions, délibément,  ambigues  sur le statut à accorder à chaque langue nationale, c’est toujours lui ! Ambiguité maintenant levée, à  la rentrée  d’Octobre 2023, avec  la mesure qui  stipule que l’enseignement des mathématiques et des Sciences se fera désormais en arabe, rien qu’en arabe. 

Nos langues ne seront donc  utilisées que comme des  langues communication tout  court, langues de folklore, enseignées aux dominants  pour mieux asseoir leur  colonisation …. C’est le sens  du  cinéma qu’on nous sert, depuis quelques jours, qui se joue  dans les écoles normales d’instituteurs, à travers cette  vidéo de Kaëdi di qui circule . 

Rappelons que cette nouvelle  Réforme fait, contre tout bon sens, table rase et des acquis et des acteurs-encore vivants- de la belle expérience antérieure de l’ ILN! Puis encore – chose des plus insolites – on engage une expérience nouvelle mais, simultanément et sans attendre, on accélère au pas de charge l’arabisation tous  azimuts de l’Ecole et de  l’administration!

C’est pour dire que ce que l’on nous propose n’est qu’une mystification, un subterfuge   imaginé pour gagner du temps, endormir les résistances. C’est un piège à nigaud ! 

Il est quasi certain qu’au  bout de l’ expérience, on nous  sortira, en conclusion, ’’qu’elle n’a pas été concluante ’’ ! Pourquoi ? Parce que les  tenants du Système ne sauraient faire machine arrière  au regard du rouleau compresseur en marche et des  acquis engrangés, dans l’intervalle, pour la suprématie de la langue arabe ! Parce qu’on  arrête pas, par idéologie, une experience, pleinement réussie, de l’avis de tous, après cinq ans d’essai, pour en laisser passer une autre avec la même idéologie qui gouverne, et qui  ne saurait remettre en cause  ou sacrifier des acquis !  Question de logique de bon sens ! On ne saurait vouloir une chose et son contraire…

Encore une fois,  il n’y a que les  benêts pour gober  ça …

Voilà donc le contexte dans lequel on nous demande de  croire que ce Président serait  prêt à céder sur ‘’ l’officialisation du pulaar, sooninke et wolof  ‘’. Comme pour vendre  ‘’le Pacte Républicain’’… 

De qui se moque-t-on?

Ce qui se dégage de tout ça, pour un esprit lucide et honnête, c’est qu’on nous trompe. On veut faire de nos langues, non pas des langues véhicules  d’enseignement ou d’acquisition du savoir pour nos enfants, enracinés dans leur culture, mais juste des langues  de support à l’arabe, pour sa généralisation et son imposition. Au mépris de la diversité culturelle et ethnique du  pays.

Et c’est inacceptable! Nous nous battrons pour qu’il n’en soit pas ainsi. 

Depuis Moctar, on n’a pas assisté à des politiques aussi chauvines que celles impulsées par Abdel Aziz et Ghazouani ! Mohamed Lemine ould Dahi ne dit rien d’autre lorsqu’il affirme dans les colonnes de J. A – juin 2021- (qu’) ’’ Il subsiste un grand déséquilibre au niveau de la représentation politique. Notre pays est pluriethnique, et il me semble que l’actuel président n’a pas encore pris cela en considération.’’ 

Ce déni, ouvertement  affiché et  assumé, de cette diversité montre que les tenants du Système n’ont pas renoncé à leur agenda de colonisation et d’assimilation forcée. Il faut copier le maghreb, à tout prix,  dans toutes ses facettes d’aliénation !

Que ceux qui sont en charge du pilotage de cette réforme, scélérate, pour l’enseignement de nos langues nationales prennent la mesure des enjeux et comprennent leur responsabilité face au peuple et devant l’Histoire .

L’ option choisie n’est pas sans danger, croyez nous. Israël, par sa puissance et la force de ses alliés, avait toujours pensé avoir gagné la guerre, tout comme aujourd’hui Bamako croit avoir liquidé la question touareg… Erreur !

IL NOUS FAUT NOUS RESSAISIR !

        Le 12 Janvier 2024.

Samba Thiam

Président des FPC

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Commémoration du 28 novembre : déclaration de presse des FPC

Le 28 Novembre ne pourra plus jamais être, pour tous,  ce jour d’optimisme symbolisant la renaissance à la dignité et à la liberté du  peuple mauritanien tout entier. Depuis le 28 novembre 1990, ce qui aurait dû rester un grand jour- symbole de notre libération du colonialisme français s’est transformé en un Jour de douleur, de deuil, de grande tristesse pour toute la communauté négro-africaine, et en particulier pour toutes celles et tous ceux qui ont perdu des êtres chers.

En effet, le 28 novembre 1990, le pouvoir arabo-berbère, symbolisé par le régime du Colonel ould Taya, fait pendre, de sang froid par leurs frères d’arme, 28 soldats noirs mauritaniens, pour fêter le trentième anniversaire du pays ! Ils ont été pendus pour célébrer l’arabité exclusive de la Mauritanie, en solidarité avec l’Irak de Saddam Hussein, et  parce qu’ils  étaient noirs et non arabes.

Depuis, ils gisent dans la solitude des fosses anonymes. Depuis, ils attendent des sépultures décentes…

Par  devoir de mémoire et par exigence morale,  nous Forces Progressistes du Changement ( FPC), demandons  à toutes celles et à tous ceux qui aspirent à l’unité de notre pays – la Mauritanie- à  ceux qui  croient au respect des droits humains, d’avoir, en  ce jour, une pensée pieuse de recueillement  pour  ces victimes du racisme , du chauvinisme et  de la barbarie humaine  .

  Nous  Forces Progressistes du Changement ( FPC) , exigeons du gouvernement mauritanien actuel qui tente par des artifices de solder ce dossier : 

– La restitution des dépouilles des pendus du 28 novembre 1990  à leurs familles,

– L’ application  du devoir de vérité , du devoir de justice , du devoir de mémoire , des  réparations matérielles et morales pleines et entières ; au bout du processus la nécessité du pardon .

La Paix des cœurs et des esprits, pour une véritable réconciliation nationale, passe nécessairement par là.

La lutte continue!

 Nouakchott le 28 Novembre 2023

Le département de la Communication

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