Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

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INVITÉ DE LA PAGE: Trois Questions avec Djibril Diaw, jeune réalisateur mauritanien

altRéalisateur engagé, Djibril Diaw a deux films à son actif, dont 1989 (2009), et Retour sans cimetière(2014). Ce dernier est lauréat du prix special jury au Festival Docs Afrique en 2014.

1- La mémoire est une question récurrente dans 1989 (2009), et Retour sans cimetière (2014); Pouvez-vous nous dire pourquoi ce choix ?

Je suis inscris dans une logique qui pour moi on ne peut avoir une véritable réconciliation en occultant le passé de notre pays, que ce soit bon ou pas.

2- Pensez-vous que le Cinéma peut être un moyen efficace pour résoudre le problème de la cohabitation d’une manière générale, et des Réfugiés en particulier?

Le cinéma a toujours joué un rôle important dans le processus de reconnaissance des événements passés ou présents d’un pays en voie de reconstructions sociale et politique. Dans cette perspective mes deux films peuvent être des références afin d’éviter de revivre certaines situations tragiques qu’a connues la Mauritanie.

3- Au regard de la complexité et sensibilité des questions traitées dans vos films, quelle place accordez-vous à l’esthétique ?

L’esthétique est au centre de mes choix. Pour moi l’esthétique m’interpelle sur des questions que je me donne. Je prends en compte cet aspect. Ainsi, je ne m’arrête pas seulement aux contenus, et ce quelque soit la sensibilité et la complexité des sujets traités, tels que la question de la cohésion sociale. Mon rôle de réalisateur doit être au centre des questions qui pourraient être une épine au pieds, afin de trouver une solution .

Propos recueillis par Fatimata KONTE

Page FACEBOOK des Jeunes des Forces progressistes du changement.

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FLAMNET-RÉTRO: Feu Claude KHELOUA WEBMASTER DU CRIDEM INVITÉ DU SITE

altFlamnet reçoit aujourd´hui un invité pas comme les autres, un grand ami de laMauritanie, un grand militant des droits humains, un citoyen du monde, je veux nommer Claude. Kh… le webmaster de CRIDEM, un site qui n´est plus à présenter aux Mauritaniens. 
Voyageur infatiguable, il avait parcouru virtuellement la Mauritanie dans tous les sens, dans quelques jours, il foulera enfin physiquement le sol de la Mauritanie. A la veille de ce grand voyage vers le pays de millions d´habitants et de millions de poétes Flamnet a rencontré Claude qui a voulu se prêter à nos questions à coeur ouvert. 
Il revient sur ses premiers contacts avec les Mauritaniens, sur le processus démocratique en cours et ses souhaits ou voeux pour la Mauritanie devenue presque comme sa seconde patrie. 
Entretien….. 

 

 

FLAMNET : Cher ami, voulez-vous vous présenter aux mauritaniens et aux lecteurs de Flamnet? 


Claude :
 Je suis Claude K de nationalité française. De mère allemande et de père d’origine maghrébine. Enfant de troupe au Mans en 1966, j’y ai connu Moustapha DIOP, Ely Mohamed Vall et d’autres mauritaniens.

 

Je suis spécialisé dans le marketing direct et le webmastering. Depuis un peu plus de 3 ans et demi, j’ai ajouté une corde à mon arc en étant animateur webmaster du site Cridem.


FLAMNET : Qu´est-ce qui explique votre intérêt pour la Mauritanie et votre engagement auprès des opposants en exil?

 

Claude : J’ai eu à en parler, il y’a quelques jours. Quelque soit le pays où se déroulent des atteintes aux droits humains, je crois que la conscience de tout un chacun devrait être interpellée. Nous vivons aujourd’hui dans un monde de l’universel où le droit d’ingérence est devenu un acquis. Je suis Français et je trouve tout à fait normal que des étrangers s’immiscent aussi dans nos affaires intérieures puisque les initiatives du gouvernement français ont aussi des impacts hors de nos frontières. La notion de souveraineté nationale a volé en éclats depuis la mondialisation et la présence pesante des institutions de Bretton-Woods.

 

Pour toutes ces raisons, lorsque mon frère DIOP Moustapha a fui son pays, s’est réfugié en France et a rappelé à mon souvenir la Mauritanie, je n’ai pu que l’accompagner dans le combat qu’il menait avec d’autres. Par lui j’ai donc été amené à connaitre des opposants en exil lors des conférences, marches etc…Mon engagement est demeuré le même s’il faut reconnaitre qu’il y’a eu, ces derniers mois, des avancées non négligeables. Il ne faut pas être nihiliste.

 

FLAMNET : A travers votre site et d´autres sites mauritaniens vous avez connu beaucoup des mauritaniens que retenez-vous de nos compatriotes et que retenez vous de leurs débats?

 

Claude : Je me garderai bien de porter des jugements sur les personnes. D’ailleurs, nos relations n’ont pas atteint un degré où je peux les juger sur le plan personnel.

 

Par contre, en ce qui concerne les débats, j’avoue avoir été déconcerté au départ quand je parcourais certains sites. Nous préparions CRIDEM et comme je n’avais jamais lu un site mauritanien j’ai voulu m’imprégner de leur contenu. J’ai trouvé dans ces débats, l’intolérance, l’injure. Paradoxalement, ceux qui écrivaient disaient dénoncer un système barbare, intolérant, etc…Sans s’en rendre compte, il donnait à l’opinion l’impression qu’ils ressemblaient un peu à ceux qu’ils dénonçaient. Cette remarque fut d’ailleurs partagée par nos autres amis français que Moustapha avait réussi à rassembler.

 

Que ne nous a-t-on pas attaqués après le lancement de CRIDEM.

 

Ce qui m’a aussi frappé dans les débats c’est que chacun exige que tous s’alignent sur ses positions sinon on est un traitre. Taya ne faisait pas autre chose. Heureusement que des hommes engagés dans une opposition franche avaient le sens du discernement et pouvaient ainsi crédibiliser le combat. Réfléchissons à un point grave. Pourquoi la communauté internationale s’est détournée de ce malheur que constitue la situation des déportés, des réfugiés, des expropriations et de la marginalisation. Le Darfour intervenu beaucoup plus tard mobilise davantage. Pourquoi ?

 

FLAMNET : La Mauritanie vient d´élire un nouveau président et de se lancer dans “l´aventure démocratique”, quel souhait ou voeux faites-vous pour le peuple mauritanien et surtout quels sont les problèmes, en tant qu´ami de la Mauritanie, qui vous semblent prioritaires pour réconcilier les mauritaniens.

 

Claude : A mon avis, il ne s’agit plus d’une aventure démocratique selon votre qualification. Lorsque la majorité de la classe politique acceptent des règles de vie démocratique, l’humilité impose certains égards à son endroit.

 

Mes voeux les plus chers sont de voir la Mauritanie sortir enfin de cette situation de méfiance, de stratification ethnique, tribale. Pour cela naturellement il faudra réconcilier les Mauritaniens. Soigner urgemment les plaies du passé et du présent avec intelligence, engagement sincère.

 

FLAMNET : Vous allez aujourd´hui en Mauritanie pour participer à l´investiture du nouveau président demain le 19 avril , que ressentez-vous pour ce voyage et pour cet événement?

 

Claude : D’abord je n’y vais pas pour participer à l’investiture du nouveau président mais pour y assister, nuance. Mais aussi et surtout fouler le sol d’un pays qui m’est devenu cher. J’en ressens émotion.

 

FLAMNET : Certains de vos détracteurs notamment ceux proches du candidat Daddah vous reprochent de prendre position et ligne pour le candidat Sidioca pendant la campagne électorale que répondez-vous à ces accusations?

 

Claude : Je ne souhaite plus revenir sur cela m’étant déjà exprimé par voie de droit de réponse et dans une interview avec un de vos confrères.

 

Les explications ont permis de rétablir les choses. Désavoué par rfd_infos pour avoir mis en ligne une de leurs soumissions, comme d’habitude, j’ai décidé de ne plus les publier pour ne pas recevoir encore une cinglante « une mise au point ». Et il est vrai que cela a été, pour CRIDEM, source de déséquilibre en faveur de Sidioca. La faute à qui ?

 

De toute façon je laisse chacun juger selon sa conscience.

 

FLAMNET : Que pensez vous des FLAM, de leur combat et de Flamnet notre forum en tant qu´abonné du site mais observateur ?

 

Claude : Vous me mettez dans l’embarras car je ne souhaite pas porter d’appréciation sur des sites à proprement parler.

 

Par contre je pense que les FLAM constituent un mouvement conséquent dans leur combat qui dure tout de même depuis près d’un quart de siècle. Au début je n’avais une idée du mouvement que par le forum jusqu’au moment où Moustapha m’a orienté vers les liens définissant le programme et autres du mouvement. J’avoue qu’il y’a décalage mais qui n’engage pas le mouvement, il faut être honnête.

 

FLAMNET : Un mot à nos lecteurs ou aux mauritaniens?

 

Claude : Je n’aurais pas la prétention de faire des mots aux lecteurs ni aux mauritaniens en général. Je ne suis qu’un simple admirateur de la constance d’un combat pour la justice et l’égalité mené par des hommes et des femmes de coeur. J’ai hâte de les voir influer aussi dans le cours des choses dans leur pays.


FLAMNET : Merci cher ami et bon voyage et nous disons comme toujours la lutte continue!


Claude :
 La lutte continue.



Propos recueillis à Paris par Kaaw Touré. 

Le mercredi 18 avril 2007 
http://flamnet.fr.fm/ 

 

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En exclusivité le président des FLAM à Flamnet: ” A nos amis et sympathisants je voudrais dire de garder l’optimisme; les lignes bougent, même si cela ne se fait pas à la vitesse souhaitée”

altUn peu moins d’un an après le  retour de leur direction, les Forces de Libération Africaines de Mauritanie ( FLAM ) sont en train de s’implanter lentement mais sûrement sur la scène politique mauritanienne. Après une première phase de contacts et d’informations suivie d’implantation de structures, place aux préparatifs du congrès qui aura lieu cet automne en Mauritanie. A cette occasion, le président Samba Thiam a accordé une importante interview à Flamnet.

Entretien…

 

Flamnet : les Flam sont donc sur le terrain depuis plusieurs mois, qu’est-ce qui a été fait ?

Président Samba Thiam: Depuis notre retour en septembre 2013 , nous nous sommes attelés à  faire découvrir ou mieux  connaitre les Flam. Nous nous sommes efforcés d’expliquer, à travers des interwiews, des débats  des conférences et meetings leurs objectifs, leur ligne politique, leur discours, leurs aspirations et ambitions nationales, mais aussi leur préoccupation essentielle sur  l’avenir du pays. 

Cet esprit d’ouverture  nous a amené à prendre contact avec des responsables d’institutions nationales, des acteurs  de l’économie, des partenaires internationaux en vue de  sensibiliser sur l’urgence à régler la question pendante de la cohabitation.  Simultanément, nous nous employons à visiter  certaines régions du pays, implanter l’organisation.

Flamnet:  quelles sont les perspectives ? 

Samba Thiam:  Nous comptons, après consolidation des acquis, nous déployer dans la vallée du fleuve en priorité, et dans le reste de la Mauritanie profonde  en vue de nous implanter le plus largement possible. Une campagne tous azimuts en perspective, en somme.

Flamnet : autres perspectives ? 

Samba Thiam –Après le renforcement de la coalition des courants plus soucieux du réglement du  problème  de la cohabitation, nous souhaiterions impulser voire  initier, à ce propos , des rencontres bi-latérales ou de groupes avec de larges  segménts de la classe politique, et pourquoi pas, prendre langue avec le  pouvoir qui doit être, à son tour, interpellé  sur cette question…

Flamnet  : avez vous un appel à faire ?

Samba Thiam:  Oui , en direction de nos amis et sympathisants auquels je voudrais dire de garder l’optimisme; les lignes bougent, même si cela ne se fait pas  à la vitesse souhaitée, Leur rappeler que cette lutte qui se mène est aussi la leur, d’où l’importance de leur soutien  politique, moral et matériel, surtout que nous nous acheminons vers l’organisation d’un Congrès de mutation  qui sera suivi de grands chantiers.

Flamnet: les élections viennent de prendre fin, votre appréciation ?

Samba Thiam: Je crois m´être  déjà exprimé récemment sur la question, à travers une interwiew accordée au journal “Le rénovateur”. Sur la stratégie du camp des boycotistes, en soi légitime, qu’elle pouvait être mieux affinée. Sur les élections proprement dite, j’ajoutais  qu’elles étaient sans enjeu, que  leur resultat serait sans surprise; je soulignais ensuite  que pour nous Négro-africains, l’existence précedait les élections . Qu’il nous fallait  d’abord penser exister avant de penser voter ou boycotter .

Pour tirer la morale ou la sagesse de ces élections, maintenant qu’elles sont finies et bien finies, il n’y a pas mieux que cet un adage populaire qui dit que “Lorsque vous perdez ne perdez pas la lecon”.

Flamnet: Merci camarade président et la lutte continue!

 

Propos recueillis par Kaaw Touré, Abou Hamidou Sy et Mamadou Sall.

www.flamnet.info

 

 

 

 

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SAMBA THIAM PRESIDENT DES FLAM (MARS 2002)

altC’est certainement la désespérance et la révolte qui faisaient dire à Ibrahima Dieng, le personnage principal du ” LE MANDAT “, que “L’honnêteté est un délit”. Une sentence sans appel prononcée par un vieux notable désabusé que ses mésaventures d’inadapté rendent finalement à la lucidité. La société vomie du vieux marabout à sa régle, la fourberie, et ses caïds, des prédateurs aussi féroces que malicieusement imaginatifs.

La tentation est forte de faire le rapprochement entre la société honnie de Dieng avec l’arène politique nationale, un milieu où la duplicité et la versalité sont sanctuarisées, érigées en dogmes. Ce milieu-là n’est pas celui de Samba Thiam, le Président des FLAM. Il s’y sentirait égaré, désorienté. Pourtant, ce ne sont pas les motifs de l’endurcissement qui lui manquent. Mais il a décidé de ne pas hurler avec les loups. C’est une régle de vie. Sa vie. Une vie de dévot au service d’un idéal incarné par une organisation. Une croix qu’il porte vaillamment depuis ce jour de rencontre décisive qu’il aime rappeler. Parce que le président des FLAM est avant tout un guerrier peulh, qui combat à la traditionnelle. Et le code d’honneur de la bataille, il le connait: ni trahir, ni se rendre. L’ennemi est coriace, sournois, mais l’adversité ne lui fait pas peur. Il faut de l’audace pour décider de défier cette hydre informe, ce Système avec un S grand comme le “ racisme structurel de l’Etat mauritanien ”. Un mal absolu dont un tyran nommé Maaouya a été l’incarnation. Quand il a fallu le combattre il l’a fait sans concession, mais maintenant que l’adversaire est défait, il se refuse à se précipiter sur sa gorge. C’est contre son “code éthique”.

Cet homme-là a du courage physique et la patience d’un pédagogue. Et cela fait la différence. Ainsi, là où ses adversaires foncent sur le foin, lui prend de la hauteur pour mieux faire partager sa “vision globale” des solutions aux maux qui gangrènent l’unité nationale. Car la vérité est que la Mauritanie ne guérira pas de son instabilité tant qu’elle n’aura pas osé affronter la question lancinante de la cohabitation de ses peuples. Le président des FLAM en est convaincu. Il le dit à haute et intelligible voix. Il le dit avec cette éloquence qui refuse l’emphase et le superflu. Avec Samba THIAM comme interlocuteur, c’est la politique qui retrouve ses lettres de noblesse.

Entretien…

FLAMNET : Merci Monsieur le Président de nous donner de votre temps et d’accorder á FLAMNET et au FLAMBEAU cette interview malgre votre surcharge habituelle; tout d’abord, les FLAM ont 19 ans d’existence et de résistance au système de discrimination raciale érigé en régle de gestion du pays, vous êtes un des membres fondateurs du mouvement et aujourd’hui vous êtes le premier responsable de l’organisation, si on vous demandait de nous conter les FLAM qu’en diriez-vous?

PRÉSIDENT : Une évolution non rectiligne, ponctuée d’allers-retours, beaucoup de pesanteurs , de multiples défis – et pas des moindres – à relever. Une Organisation dont la maturation est loin d’être achevée, avec ses lacunes et ses insuffisances, face à une adversité ténace et farouche de tous horizons, qui ne désarme pas . Il a fallu se forger dans l’épreuve en faisant front à tout ça. Une force aguerrie donc par une longue marche loin d’être finie, et au bout de laquelle un espoir fort que les causes justes finissent toujours par triompher.

Un optimisme tout de même justifié au vu des acquis importants certains, et l’immense réconfort devant l’histoire d’avoir posé correctement et durablement la vraie question mauritanienne. Enfin et surtout une détermination toujours plus forte à continuer le combat.

 

FLAMNET : Qu’est-ce qui vous a le plus marqué pendant ce “long chemin vers la liberté “pour parler comme le président Mandela, la prison de walata, l’exil ou autre chose?

PRÉSIDENT : Je n’aime pas vraiment parler de moi. Je préfère plutôt en laisser le soin aux autres. Les rares fois que je le fais j’ai l’air de quelqu’un qui cherche où se fourrer; alors j’ai toujours hâte d’en finir au plus vite . Mais enfin, allons-y !

Face aux multiples épreuves de la vie, il n’est pas toujours aisé de retenir toutes celles qui vous ont marqué.,surtout lorqu’on a eu une existence quelque peu heurtée. Toutefois, je crois que la prison a été de celle-là .

La prison fut pour moi à la fois un choc, pour être franc, et une Ecole. Je la découvrais pour la première fois,et ce premier contact reste gravé dans la mémoire . Elle fut, comme j’ai dit une Ecole où je redécouvrais les notions de liberté et “d’instinct de conservation” . Pour comprendre réellement le sens et la portée du mot LIBERTE il faut en avoir été privé, pendant un certain temps. Autrement on verse dans le discours abstrait.

J’ai également mieux compris, pour l’avoir observé ce qu’on appelle généralement “instinct de conservation” , et la notion de “régression primaire “. Placé dans certaines conditions,l’ homme a tendance à perdre ses valeurs de référence; J’ai eu l’impression que la prison rendait la proximité entre l’homme et l’animal plus visible, plus lisible .Il se produit un dysfonctionnement de la dynamique du groupe qui n’obeit plus aux mêmes règles classiques, et qui éclate en segments ressoudés autour de valeurs “primaires” que l’on croyait dépassées.

La prison m’a aussi révélé une certaine psychologie du prisonnier , pour lequel le monde s’arrêtait de tourner parcequ’il était là “immobilisé” .Tout,derriere les murs, se colportait et se lisait. à travers le prisme de sa vie carcérale. Les séances matinales quotidiennes de divination de rêves dont parlait BOYE ALASSANE dans son livre, renvoient, en fait, à cette psychologie.

D’un autre côté, je puis dire que la prison a accru ma détérmination; si j’ai survécu c’est parceque J’étais, comme bon nombre de camarades, moralement armé ; convaincu qu’il serait bête et absurde de mourir en détention, ce qui donnerait un immense plaisir au tyran . il fallait absolument l’en priver !

Derrière les barreaux, je réalisais avec M GRAY ” la force qu’un homme peut avoir en lui; s’il veut il peut mourir sans un cri, s’il veut il peut survivre”. C’est donc un peu par défi, si j’ai survécu. La prison c’est aussi un immense gâchis de temps, dans l’inaction ! 4 ans entre 4 murs à ne rien faire,alors que la situation etait mûre!

Autre chose enfin, qui n’a pas moins marqué ma vie d’exilé; C’est ce sentiment ambivalent que partagent peut-être, ensemble les lutteurs ou les combattants de la libérté, et que MANDELA décrivait ainsi. “Ces Noirs nous considéraient non comme une menace à la structure du pouvoir Blanc, mais comme une menace aux interêts des Noirs; car les BLANCS maltraitaient tous les NOIRS à cause de quelques agitateurs de la sorte “. Ce que BEGIN face à l’armée britannique, résumait par ces mots “devant, le feu de l’ennemi ,derrière, le dénigrement de tes frères “.

Je me console toutefois à l’idée,comme le montrent souvent les nombreuses experiences historiques, que demain, quand la victoire changera de camp, cette attitude aussi changera; c’est la vie .

 

FLAMNET : Monsieur le président,pouvez- vous nous faire le bilan de santé des FLAM ?

PRÉSIDENT : Les FLAM ne se portent pas trop mal, DIEU merci. Sans démagogie, nous pouvons nous targuer d’acquis formidables, que tempèrent toutefois, pour être honnête, beaucoup d´insuffisances à surmonter; chose que j’ai déjà évoquée dans votre première question.

 

FLAMNET : Quel est l’état des rapports entre les FLAM et l’opposition? oú en est le dialogue amorcé en 2000 avec certains secteurs de l’opposition radicale ?

PRÉSIDENT : Depuis la parution du Memorandum, il faut le dire, la situation n’a pas beaucoup évolué, pour parler de l’opposition interne. Si certaines franges de l’opposition avaient positivement réagi au Memorandum, on semble depuis, retomber dans la léthargie habituelle .

Avec l’opposition externe, le dialogue se poursuit ; timide, en decà des normes souhaitées, mais se poursuit quand même . Nous souhaiterions à nouveau, relancer le débat sur la nécessité de voir ensemble ce qu’il y’a lieu de faire, présentement .

Nous demeurons convaincus qu’il faut arriver à mettre en place un large front de l’opposition pour le changement . Comment, dans quelles conditions ? cela reste à déterminer.,mais nous devons réussir cette ambition .Sur la base peut- être d’une large plate-forme, où chacun se retrouverait . Encore une fois, nous restons favorables à une concertation sérieuse,soutenue, en vue de mieux se connaitre et élaborer, ensemble, une stratégie plus adaptée.

 

FLAMNET : Avez-vous des nouvelles de nos camarades déportés au Sénégal et au Mali,quelle est leur situation actuelle et que comptez-vous faire pour soutenir nos compatriotes sinistrés de la vallée suite aux pluies diluviennes de janvier dernier ?

PRÉSIDENT : Nous sommes en contact permanent avec les camps de réfugiés, tant au Sénégal qu’au MALI. Des missions régulières sillonnent les camps; la dernière remonte à fin Fevrier; elle avait pour objectif de témoigner aux réfugiés notre compassion devant la calamité qui les frappait cruellement, par un apport financier de quelques milliers de dollars, pour les camps les plus touchés .Chose, apparemment, bien accueillie, vu le rush observé récemment en direction des FLAM .

Les réfugiés resteront au coeur de nos préocupations, et rien ne sera négligé pour alléger leur souffrance. Les FLAM, contrairement à ce qu’esperaient certains esprits,loin de vider le Senegal, entendent bien y rester, pour ne pas dire s’y consolider.

 

FLAMNET : Avec la plainte déposée par nos amis de l’AVOMM contre le Colonel-fasciste de nouakchott,le “passif humanitaire” , est revenu au devant de l’actualité, quelle est la position des FLAM sur cette importante question?

PRÉSIDENT : Je me dois d’abord de féliciter de manière appuyée les camarades de l’A.V.O.M. M., pour l’ initiative bien venue, et menée enfin à terme, par leur acte posé . Les coups portés à ce Régime raciste, tyranique, d’où qu’ils viennent, sont les bien venus; Nous devons,comme on dit communément, faire feu de tout bois.

Je saisis cette occasion pour dire, que si les Organisations de Droits de l’Homme attaquent le Regime sous l’angle des droits humains, cela peut paraitre naturel; Mais que des leaders politiques s’en saisissent pour en faire la question du jour, au risque de réduire notre question nationale en une question humanitaire – qui requiert des solutions humanitaires -, je dis attention ! Une tendance, au centre des discours politiques, devenue habituelle, à poser le réglement du passif humanitaire ( tués et déportés, radiés), comme solution essentielle à notre problème; Venant d’Acteurs politiques cette approche me paraît dangereuse, car elle évacue la DIMENSION POLITIQUE , centrale, de notre QUESTION NATIONALE et dont le passif,entre autres, n’est qu’un aspect secondaire.

Il faut redresser cette manière de poser les choses à la fois mystificatrice et dangereuse, car non porteuse de solution véritable . Nous devons donc rester vigilants et veiller à ce que le débat ne soit pas biaisé, ou déplacé vers des questions periphériques .

 

FLAMNET : Depuis le cinquiéme congrés ordinaire des FLAM,on parle de plus en plus de “L´AUTONOMIE” certains mauvais esprits pensent meme que notre “Autonomie” rime avec “Independatisme du Sud” ou “Séparatisme” tout court,pouvez- vous nous expliciter ce que les FLAM entendent par “Autonomie” et pourquoi “L’autonomie” ?

PRÉSIDENT : Il me semble que votre question contient en elle-même sa propre réponse, car vous dites bien ” mauvais esprits”. Avec les mauvais esprits il n’y a rien que vous puissiez proposer qui soit à l’abri de leurs critiques ; rien qui puise les satisfaire; ils trouveront toujours à redire; il faut donc aller son chemin .

Cela dit, nous devons autant que possible, rappeler toujours notre position sur la question de l’Autonomie .Je dis rappeller,car je ne dirai rien ici qui ne figure dejà dans nos documents . Mais d’abord j’aimerais que ceux-là se pénètrent l’idée que l’Autonomie est une réponse que nous formulons face à une situation de crise devenue structurelle.

Il ne s’agit pas de critiquer pour critiquer mais de trouver des réponses correctes a notre “Question brûlante”. Et dans ce cadre toutes les pistes doivent être explorées, toutes les options doivent rester ouvertes comme disait

 

BOYE ALASSANE sur FLAMNET

; y compris l’Autonomie; y compris la séparation pure et simple, si la voie de la raison et du dialogue tournait à l’impasse . (C’est bien NYERERE qui disait à propos de la question du BIAFFRA que la volonté de vivre ensemble relevait de l’assentiment des peuples,en présence) . Cette derniere solution, extrême, à la difference des autres, ne résultera pas d’un choix affirmé, mais de conditions de maturation de la situation interne . Mais alors personne n’y pourra rien .

En second lieu,nous pensons que l’ Autonomie n’est pas quelque chose de nouveau . Elle a cours dans plusieurs pays d’Europe et d’ Afrique dont je vous fais l’économie .

Pourquoi serait -elle plus explosive chez -nous plus qu’ailleurs? L’argument -objection que les populations sont très imbriquées est un faux argument, qui cache mal une fuite en avant; car il n’existe pas ,à ma connaissance, d’espace habité exclusivement par une seule souche ethnique, dans ce monde de mobilité et de brassage ! Qu’est-ce qu’il y’a de plus imbriqué que la zone BRUXELLOISE ? pourtant une solution a été trouvée .Il suffit de chercher, si la volonté existe, pour trouver .

Ce qui existe par contre ce sont des zones à dominante Maure ( Samassides, Tajekant, Awlad Ebierry etc ); des zones à dominante Négro-Africaine ( Pulaar,Soninké , Wolof, etc… ), chez nous! Ce que justement OULD TAYA cherche à modifier dans le Sud, par une nouvelle politique imposée de re- peuplement, en vue de changer l’équilibre démographique de la Vallée pour s’en assurer le contrôle;

J’entends déjà venir l’objection: Et les HRATINES, qu’est-ce que vous en faites ? Sur cette question la réflexion n’est pas épuisée,dans nos rangs, mais je suis tenté de répondre quels HRATINES ? LES HRATINES Arabes( ” communauté noire Arabe non blanche” pour citer un des leur leaders ), ou les HARATINS NEGRO-AFRICAINS ? Ou encore l’entité Hartani ? car là également le débat sur leur identité est loin d’être clos, même dans leur propre rang !

Nous devons rappeler,que nous ne faisons pas de notre proposition pour l’autonomie un point de fixation . Nous ne demandons qu’à être convaincus, par d’autres propositions !

Ce que nous refusons par contre c’est de nous laisser embarquer dans cet attelage de l”Etat unitaire centralisé, dans sa forme actuelle..

Nous entendons des voix régulièrement prôner que la solution c’est la Démocratie;mais quelle Démocratie? Celle des partis politiques, de la liberté d’expression, d’association et de réunion, “d’un homme une voix ” ?

Il n’est pas aussi évident que ça le parait, que cette Démocratie classique apportera la solution à notre problème,du moins dans l’immediat, dans cette situation de crise majeure, si elle avait pour SOCLE LA STRUCTURE DE L´ETAT ACTUEL, rouage essentiel du SYSTEME ; car il n ‘y aurait alors qu’une faible difference avec ce qui existe actuellement, l’élément de fraude mis à part; On reconduirait exactement les problèmes, le système restant intact. Pire cette question de fond serait masquée encore plus dangereusement ! Et c’est reparti pour l’aventure d’une Cohabitation sans contours définis. .

Le préalable ou facteur déterminant à une Démocratie véritable,est LA PRISE EN CHARGE ,EN AMONT,du problème de la COHABITATION, qui est une question vitale pour mettre en jeu l’existence même du pays,dont le CADRE serait défini par un FORUM NATIONAL CONSENSUEL, .et les règles établies servant de fondement au jeu démocratique, qui TRANSCENDE les programmes de Partis .

Nous avions déjà dit,il faut le rappeler, que pour optimaliser les chances de réussite de ce DIALOGUE NATIONAL ,il faudrait des mesures propres à apaiser le climat social ; comme le retour des Déportés et leur réhabilitation, la réintégration des cadres arbitrairement radiés,l’amnistie générale des exilés politiques,une commission d’enquête pour les crimes commis et les disparitions, une commission Vérité-reconciliation .

Pour terminer sur cette question de l’AUTONOMIE je dirais qu’il ne sert à rien de vouloir s’opposer à la marche du monde; Aujourd’hui la tendance générale du monde est à la diversité et non au rouleau compresseur de l’Uniformité.

Comment définissons-nous l ‘Autonomie,au risque de nous répéter? L’AUTONOMIE est, pour nous, ce mode et ce cadre d’expression des Identités Nationales,qui prendraien en charge la gestion de leurs affaires, à travers des institutions propres, dans la préservation du lien unitaire, et dans la complémentarité .

FLAMNET : En fin pour terminer,camarade avez-vous un appel a lancer aux mauritaniens en general et a nos militants en particulier ?

PRÉSIDENT : C’est d’abord en direction de la classe politique et des intellectuels, pour dire que rien n’est encore perdu, pour entreprendre ensemble.

C’est ensuite en direction des jeunes, pour les appeler à ne jamais perdre de vue que ce pays est le leur, et doit le rester.;Que l’exil par l’exode n’a de sens que s’il participe du combat.

Aux militants je dirais,la lutte pour la vie tout court est une rude épreuve:Que rien de grand ne se construit à la va-vite;il faut de la patience,de la persévérance, et de la ténacité.

La lutte continue.

Mars 2002

 

 

 

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Interview: Abdoul Birane Wane Coordinateur du mouvement TPMN à coeur ouvert et en exclusivité sur Flamnet “Nous réaffirmons notre engagement à prendre en charge, en toute légitimité les problèmes des négro-Mauritaniens”

altUne nouvelle année se pointe à l´horizon et avec elle des nouveaux défis pour les opprimés et victimes de l´exclusion en Mauritanie. Flamnet inaugure sa nouvelle série d´interviews avec le coordinateur du mouvement Touche pas à ma nationalité(TPMN), une organisation qui n´est plus  à présenter aux mauritaniens. En moins d´une année ce mouvement  rebelles au Système ethno-génocidaire et à l´ordre injuste s´est imposé sur le terrain politique national et dans  le landerneau de la société civile et est considéré même par une partie de la communauté négro-mauritanienne comme un nouveau porte-flambeau de la lutte. Ce mouvement  nous rappelle ce que disait Nelson Mandela de la génération du mouvement « Conscience Noire » de Steve Biko dans les années 70 après l´arrestation et l´exil forcé des dirigeants de l´ANC. L´esprit de contestation de masse qui était endormi pendant les années 60 semblait se réveiller avec cette jeunesse; ces jeunes, nous disait Madiba « étaient différents de tous ceux que nous avions vus jusqu´ici. Ils se montraient courageux, hostiles et agressifs, ils refusaient d´obeïr  aux ordres et criaient Amandla ! à chaque occasion ». Les jeunes du TPMN à l´instar de leurs frères et sœurs sud-africains  des années 70, ont, pendant cet été  par leur détermination  et engagement, sur le terrain « équilibré la terreur » ou changé le “camp de la peur” à Nouakchott et dans la vallée et crient à qui veut les entendre « Touche pas » et reprennent avec fierté  et courage le slogan de rédemption « la lutte continue » dans leur forum sur Facebook. N´est-ce pas Frantz Fanon qui disait « Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, l’accomplir ou la trahir » ? les jeunes du TPMN ont bien compris et assimilé l´auteur des “damnés de la terre”. Pour faire le petit bilan de parcours, les nouvelles perspectives, les stratégies de lutte de cette organisation, l´état de santé des camarades bléssés Flamnet recoit à nouveau notre camarade Abdoul Birane Wane le coordinateur du mouvement comme invité du site. Entretien…

FLAMNET : Bonjour camarade, nos félicitations pour votre nomination parmi les hommes de l´année de 2011 en Mauritanie et à travers vous TPMN, à moins d´une année vous-êtes arrivés à vous imposer sur la scène politique nationale, pouvez-vous nous faire le petit bilan du parcours  du mouvement ?

Abdoul Birane Wane : Bonjour camarade, je tiens d’abord à préciser que cette nomination est le résultat d’un travail intense de toute une équipe autour de moi, une équipe qui se sacrifie pour la cause. c’est vraiment le travail de toute la coordination et des délégués, je précise aussi que c’est grâce à vous la diaspora, contrairement à ce que certains pensent, votre rôle est déterminant dans notre lutte surtout dans le cadre de la médiatisation. Aujourd’hui le mouvement s’implante partout à Nouakchott avec la mise sur pieds de cellules dirigées par des jeunes que nous avons responsabilisés. A l’intérieur aussi, surtout dans la vallée le mouvement devient de plus en plus présent et gagne une certaine crédibilité par ses actions concrètes sur le terrain. Ce qui est surtout satisfaisant, il faut le dire en toute modestie ,”Touche pas à ma nationalité” est le premier mouvement noir qui fait descendre des milliers de personnes sur le terrain pour défier les autorités racistes dans la capitale et dans la vallée. Loin de verser dans l’auto-satisfaction  je dirai que jusqu’à présent on est sur la bonne voie.

Quel bilan faites-vous du régne du Général Mohamed ould Abdel Aziz, remarquez-vous quelques changements de politique par rapport à la question nationale à savoir le racisme d´Etat, l´esclavage et la lutte contre l´impunité?

ABW: Le bilan du règne du général est catastrophique, il s’entoure d’éléments baathistes ceux-là même qui ont planifié la marginalisation et l’extermination des noirs. Le racisme d’état a atteint son paroxysme avec le général-président, les recensements ne suffisent-ils pas comme exemple? je me dis même que Ould Abdel Aziz s’est fixé un défi: faire pire que ould Taya, Quant à l’impunité en Mauritanie, elle demeure une règle, certains citoyens se croient supérieurs aux autres en s’appuyant sur une justice fantoche et raciste. Ce qui est inadmissible, c’est le comportement du général- président qui veut gérer le pays comme il gère sa propriété personnelle.   

FLAMNET : Quelles sont les nouvelles perspectives sur le plan de l´organisation structurelle et de  la mobilisation des masses pour l´année qui s´annonce?

ABW : Nous avons un objectif particulier pour cette année 2012, faire de “Touche pas à ma nationalité” un mouvement de masses, nous sommes déjà bien représentés. Pour 2012 nous voulons que la coordination entre Nouakchott, l’intérieur et l’extérieur soit parfaite car nos ambitions pour cette année sont immenses. Nous avons des objectifs immenses pour 2012, mais nous sommes tenus à ne pas les dévoiler pour le moment.

FLAMNET : Le pouvoir et certains cercles vous accusent de pratiquer la “violence” pendant vos manifestations, que répondez-vous à ces incriminations et quelle est votre stratégie ou méthode de lutte et qu´est-ce qui vous différencie des autres mouvements sur le terrain?

ABW : Je tiens avant tout à préciser que notre mouvement a ses propres réalités et il est forcément marqué par le passé de ceux qui l’ont constitué. Je m’explique, nous avons eu une enfance marquée par les atrocités commises entre 1986 et 1991, le génocide, les déportations, les emprisonnements arbitraires, les viols, les humiliations au quotidien de notre communauté, nous sommes un produit de cette violence que les négro-Mauritaniens n’ont cessé de subir. Nous nous souvenons encore de 1989 avec des hordes de barbares armés de gourdins qui ne faisaient aucune différence entre femmes, enfants et vieux. Ceux qui ont planifié ces massacres sont toujours là et exercent encore cette violence contre nous en toute impunité totale et curieusement c’est nous qu´on accuse injustement de violents ! Je vous rappelle encore que nous sommes un mouvement non violent et cela ne veut pas dire que nous donnerons généreusement nos corps aux policiers criminels et racistes qui éprouvent un grand plaisir à battre les noirs. Nous somme un mouvement indépendant, nous avons fait un choix : nous défendre et riposter quand la police nous attaque. Cependant j’ai ma propre idée de la non violence, je crois que les gens se trompent sur cette théorie. Ce n’est pas parce que Gandhi a réussi à convaincre par cette méthode que partout ce sera le cas. Je rappelle que les Indiens luttaient contre les britanniques qui sont les champions des droits de l’Homme depuis 1679 avec la loi de l’Habeas corpus et celle de 1689 (Bill of rights ). Le peuple anglais avait une certaine maturité. Aux USA ,le combat de Martin Luther King a été facilité par des blancs conscients d’appartenir à un pays, le premier  à se doter d’une constitution depuis 1787.Peut-on comparer la Mauritanie à ces pays? qui sont les éléments du maintien d’ordre ? d’abord ce sont des jeunes analphabètes le plus souvent délinquants et drogués qui ne peuvent aucunement avoir du respect pour un être humain. Alors la non violence n’est pas adaptée face aux forces du désordre (formées pour réprimer) en Mauritanie, c’est comme si on voulait utiliser une voiture deux chevaux dans le grand désert du Sahara. Nous avons fait un choix que nous assumons jusqu’au bout.

Quelles sont les dernières nouvelles sur l´état de santé des militants victimes de la répression barbare du régime policier, je pense particulièrement aux camarades OusmaneSow, Bakary Bathily, les jeunes du Maghama et du jeune rappeur Abou Fall de « haboobe e baasal »?

ABW : Bathily se rétablit, il reprend ses activités au sein du mouvement, il est plus déterminé que jamais, Abou Fall doit subir une nouvelle opération chirurgicale il fait preuve d’un courage remarquable, Ousmane Sow va mieux, quant aux jeunes de Maghama blessés par balles, certains parmi eux reviennent à Nouakchott pour leurs soins,ils ont eu l’occasion d’être présentés aux chercheurs d’ Amnesty international, Gaetan Motoo et Salvator  Sagess. 

FLAMNET : Où en-êtes-vous avec le dossier du martyr Lamine Mangane? les nouvelles de la famille et de son meurtrier?

ABW : Des plaintes ont été déposées par les familles de Bathily et Lamine Mangane, Me Fatimata M’baye s’occupe des dossiers et elle a tout notre soutien ,elle le mérite cette brave dame. Le meurtrier de Lamine Mangane est toujours protégé par les autorités racistes.

 Votre dernier mot , vos voeux ou appel à l´occasion du nouvel an?

 ABW : Nous réaffirmons notre engagement à prendre en charge, en toute légitimité les problèmes des négro-Mauritaniens, nous nous battrons jusqu’au dernier souffle pour abattre ce racisme d’état qui équivaut à l’Apartheid. Nous appelons les Mauritaniens à se mobiliser  pour que l’année 2012 soit la fin du pouvoir totalitaire du général et qu’elle marque la chute brutale du système raciste.

 De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace. La lutte continue !

FLAMNET : Oui camarade, il faut de l´audace, courage et la lutte continue !

Propos recueillis par Kaaw Touré

Flamnet : O2 janvier 2012

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