Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

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Sénégal: le FMI évoque une dette «cachée» d’environ 7 milliards de dollars entre 2019 et 2024

RFI Afrique – Au Sénégal, le Fonds monétaire international affirme qu’entre 2019 et 2024 une dette d’un montant de 7 milliards de dollars environ a été « cachée » par l’administration Macky Sall, confirmant ainsi les conclusions de la Cour des comptes. Dans son rapport publié en février 2025, l’organe pointait une dette sous-évaluée et des manquements dans la gestion des finances du pays.

« Il y a eu une décision très consciente de sous-estimer le stock de la dette » pendant les cinq dernières années, affirme Eddy Gemayel à la tête de la délégation du Fonds monétaire international (FMI).

« Donc on est d’accord avec la conclusion du rapport de la Cour des comptes », continue Eddy Gemayel. Un montant délibérément « caché » qui s’élève à environ 7 milliards de dollars, selon l’institution financière et qui correspond à la différence entre les deux estimations de la dette publique.

Celle déclarée sous l’administration Macky Sall à plus de 70 % du produit intérieur brut (PIB) et celle calculée par la Cour des Comptes qui se situe à près de 100 % du PIB.

« Il y a une sous-estimation. On a une partie de la dette qui a été caché et ceci a permis aux autorités de pouvoir s’endetter plus sur les marchés, de donner un signal plus positif aux marchés financiers et aussi de pouvoir s’endetter à des taux plus favorables que ce que ces taux auraient été si la dette était plus élevée », explique le chef de la délégation du FMI.

Dans tous les cas de figure, c’est un montant très élevé qui creuse le déficit public et qui a provoqué la suspension du prêt du FMI au Sénégal. Ce programme d’aides du FMI au Sénégal, d’un montant de 1,8 milliard d’euros, est suspendu depuis que les nouvelles autorités, arrivées au pouvoir il y a un an, ont révélé en septembre des erreurs dans les chiffres officiels des finances publiques sous l’ex-président Macky Sall.

Ce prêt ne pourra reprendre qu’une fois que les autorités sénégalaises auront identifié quels mécanismes ont permis de dissimuler la réalité de la dette. Il faut également que des mesures correctives soient adoptées, assure le FMI, pour éviter qu’un tel cas ne se reproduise. Avoir un compte unique pour le trésor public par exemple, centraliser aussi les entités en charge de la gestion de la dette.

Le FMI devra ensuite décider dans les semaines qui viennent si le Sénégal décroche une dérogation ou si l’institution internationale demande à Dakar de rembourser ce qui a déjà été prêté par le FMI avant de reprendre un nouveau programme. La décision sera prise à Washington, au plus tôt, début mai.

Avec notre correspondante à Dakar, Léa-Lisa Westerhoff

RFI

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 LIVRE BLANC : dialogues, leurres et lueurs. Par Pr ELY Mustaphav – DEDICACE

Pr. ELY Mustapha — « Mon fils était brillant, il aimait l’école et voulait devenir ingénieur. Le jour de l’accident, il était si content car il devait recevoir un prix pour ses bons résultats. Puis le toit s’est effondré…”

A Mme Aïcha, mère de Moussa,

l’un des enfants tués lors de l’effondrement de l’école de Dar El Barka

Victime d’une gouvernance qui se perpétue par le Dialogue.

Un Livre, des illusions et de l’espoir

J’introduis, ici, ce livre blanc commencé il y a bien longtemps et muri par des articles et essais successifs qui, publiés sur mon blog et dans les médias nationaux et internationaux en constituent la chaine et la trame.

Aujourd’hui et au crépuscule d’un paradoxe, soit celui d’une nation qui, depuis près d’un demi-siècle, cultive l’art du dialogue comme rituel politique, étouffe méthodiquement la voix de son peuple, je publie ce livre blanc.

Ce livre blanc n’est ni une chronique de plus sur les échecs mauritaniens, ni un pamphlet vengeur.

C’est une radiographie que j’ai voulue sciemment critique, du fait de la gravité de la situation, d’un système où le dialogue, promesse de démocratie, s’est mué en outil de domination.

Imaginez un paysage politique où chaque décennie apporte son lot de tables rondes, de concertation nationale, de feuilles de route – des mots nobles vidés de leur sens.

Derrière ces termes se cache une réalité brutale : depuis le coup d’État de 1978, la Mauritanie a connu 14 processus de dialogue officiels, tous aboutissant au même scénario. Des opposants se transforment en complices, des révoltes s’éteignent dans des compromis truqués, et le peuple, spectateur impuissant, voit ses espoirs s’évaporer au rythme des déclarations solennelles.

Je pars d’un constat cruel : 45 ans de dialogues n’ont produit aucune alternance politique, aucune réforme structurelle, aucune justice pour les maux qui frappent le pays et ses habitants et moins encore pour ceux criants des victimes de l’esclavage ou des purges ethniques. Pire, ils ont permis à des régimes successifs de se recycler en « garants du consensus », tout en maintenant intactes les racines de l’autoritarisme.

Ce travail s’ancre dans les récits des oubliés : ces jeunes diplômés au chômage qui ironisent sur les « accords entre costards », ces femmes haratines exclues des négociations, ces opposants emprisonnés pour avoir refusé de jouer la comédie du dialogue.

Notre approche combine trois grilles de lecture :

1. L’histoire critique : De la junte d’Ould Salek (1978) aux « Assises pour la Réconciliation» de 2023, je retrace chaque dialogue comme un épisode d’une série tragique où le pouvoir réécrit les règles du jeu à son avantage. Pour entretenir la mémoire contre l’oubli, pour les jeunes générations et pour l’Histoire qui est le premier témoin des errements humains.

2. Le miroir africain : En confrontant l’expérience mauritanienne à celles d’autres pays, tels le Tchad, le Congo pays que j’ai visités, je montre des mécanismes communs de confiscation du politique par les élites.

3. La théorie politique : Toute démarche pratique qui ne puisse être éclairée par un processus intellectuel théorique éclairant ses constats aux fin de compréhension et de partage est limitée Aussi de la « démocratie autoritaire » (Levitsky & Way) au concept de «résilience autoritaire » (Heydemann), j’essaie de décrypter comment les régimes mauritaniens ont détourné les outils démocratiques pour survivre.

Mais ce livre blanc va plus loin. Il démontre comment ces pseudo-dialogues ont hypothéqué le développement du pays :

– En détournant l’attention des urgences sociales (31% de pauvreté, 25% de chômage des jeunes).

– En légitimant un système économique de prédation (50% des richesses contrôlées par 0.3% de la population).

– En alimentant les fractures identitaires (discriminations persistantes contre les Haratines et les Négro-Africains, qui apparaissent tant dans la répartition des richesses que dans les droits aux emplois publics).

Ce travail est aussi un acte de foi. Je crois qu’en démontant les rouages de cette machinerie du faux-semblant, je participe humblement à éclairer la nécessité de renforcer une véritable démocratie par le bas.

Les pages qui suivent ne se contentent pas de critiquer positivement – elles esquissent les contours d’une citoyenneté consciente, nourrie par les leçons amères du passé et les aspirations d’une génération connectée, lucide, et déterminée à briser le cycle.

À toi qui tiens ce texte, ce livre blanc, – citoyen désenchanté, militant découragé, diplomate désireux de comprendre -, je te dis ceci : Ceci n’est pas un livre sur la Mauritanie, mais sur la condition humaine aux prises avec le pouvoir. C’est l’histoire d’un peuple qui, malgré les trahisons répétées, refuse d’abdiquer son droit à rêver.

C’est une plongée au cœur des leurres et des lueurs de la Mauritanie politique, à travers un dialogue, miroir aux alouettes, qui est la preuve manifeste et intangible des dégâts qu’il cause au devenir et au développement du pays. Et qui est, au-delà de ces aspects critiques, une offense à la conscience de tout un peuple.

Que ces pages soient à la fois un miroir, un maillet pour briser les illusions, et une boussole pour ceux qui osent imaginer l’impensable : un dialogue qui libère au lieu d’asservir.

La justice n’est pas un cadeau des puissants, disait si justement Me Fatimata M’Baye, mais une conquête des peuples. (Me Fatimata M’Baye, Avocate mauritanienne des droits humains. Discours à Genève, 2019)

Lien de téléchargement libre du livre :

https://drive.google.com/file/d/1Tbzt_IaeqAxKwx10FhiNPVuEnSfbGRft/view?usp=sharing

Pr ELY Mustapha

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Premier commentaire du gouvernement sénégalais sur l’affaire des migrants expulsés

Taqadoumy – Yacine Fall, ministre des Affaires étrangères sénégalaise, a déclaré que la Mauritanie s’est engagée à soumettre au gouvernement sénégalais, avant la fin du mois de mars en cours, un rapport sur les procédures d’obtention d’un permis de séjour pour les ressortissants sénégalais, conformément à un accord entre les deux pays.

La Cheffe de la diplomatie sénégalaise a confirmé, dans des déclarations relayées par les médias locaux, que « la Mauritanie fait actuellement face à des pressions liées à l’immigration irrégulière, qui se sont aggravées en raison de la crise que traverse la région ».

Elle a ajouté que « les autorités sénégalaises ont exprimé leur préoccupation concernant le traitement inhumain réservé aux personnes arrêtées par la Mauritanie et renvoyées de force dans leur pays ».

La ministre a annoncé l’entame de discussions entre les deux pays pour garantir le respect des droits des citoyens sénégalais et trouver des solutions durables à cette crise.

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Réponse à Merzoug, à Gourmo, à Biram et à tous les détracteurs d’un débat légitime sur l’immigration

Avant de répondre à ces contradicteurs de valeur, je tiens à exprimer mon indignation face à l’exclusion injustifiée de l’Union des Anciens Candidats à la Présidence de la République (UACPR) des débats publics et des cérémonies officielles. Depuis 1992, une vingtaine de candidats encore en vie, ont brigué la magistrature suprême.

Parmi eux, 15 sont membres de l’UACPR, une association officiellement reconnue en 2022 et présidée par le Ministre Bodiel Houmeid, avec le Ministre Ba Alassane Mamadou comme 1ᵉʳ Vice-Président et moi-même en tant que 2ᵉ Vice-Président. Alors, pourquoi restreindre les invitations aux seuls candidats de la dernière élection ? Si une référence électorale s’impose, c’est bien celle de 2007, unanimement saluée comme un modèle. Revenons à notre débat :

La question migratoire mérite d’être abordée avec rigueur, loin des caricatures et des postures idéologiques. Derrière les accusations de “xénophobie” et d'”extrémisme”, certains cherchent à disqualifier tout débat légitime sur un enjeu fondamental pour la souveraineté de notre pays. Il est essentiel d’aborder la question migratoire sans passion et avec rigueur.

Parler de “submersion migratoire” ou d’”invasion étrangère” traduit une inquiétude réelle au sein de la communauté nationale, mais ces termes peuvent paraître excessifs ou chargés politiquement. Comme vous le savez, le langage façonne les perceptions et appartient au patrimoine universel.

Cela dit, nier les défis posés par des flux migratoires incontrôlés serait antipatriotique et malhonnête. En réalité, la migration en Mauritanie est avant tout une immigration. Il s’agit d’un flux unidirectionnel et irrésistible vers un pays à la fois convoité pour ses richesses, envié pour sa position stratégique, mais aussi – et paradoxalement – décrié parce qu’il incarne un modèle de cohabitation séculaire entre musulmans de cultures et de couleurs diverses, une réalité qui fascine autant qu’elle dérange. J’entends par ce concept d’immigration, tout déplacement de populations vers la Mauritanie, qu’il s’agisse de migration régulière, d’accueil de réfugiés ou de migration irrégulière.

L’immigration en Mauritanie : une réalité incontestable

Il est faux de prétendre que l’immigration en Mauritanie est un simple phénomène de transit. En réalité, elle est unidirectionnelle : des centaines de milliers de migrants s’installent durablement, modifiant notre équilibre socio-économique et démographique. Minimiser cet enjeu, c’est nier l’évidence. C’est jouer contre son camp.

La Mauritanie a besoin de défenseurs sincères, pas de profiteurs. Cette réalité nous est dictée par une Europe néocoloniale, quelquefois avec la complicité de certains États voisins et, plus tragiquement encore, de quelques Mauritaniens eux-mêmes ! Il ne s’agit pas d’un “complot”, mais d’une politique bien réelle où la Mauritanie est utilisée comme barrière migratoire, sans contrepartie significative.

Or, un pays qui peine déjà à offrir des services de base à ses propres citoyens ne peut supporter une immigration incontrôlée, ni accueillir toute la misère du monde, d’autant plus que ce flot humain ne se limite pas aux Africains subsahariens, mais inclut aussi des Asiatiques.

L’Effet d’Appel Endogène (EAE) : Un facteur d’instabilité économique et sociale

Nous faisons face à un chômage endémique, particulièrement chez les jeunes diplômés.

L’économie peine à répondre aux besoins nationaux et l’augmentation des prix met à mal les ménages mauritaniens. Dans ce contexte, l’immigration de masse stimulée par une singularité mauritanienne que j’appelle l’Effet d’Appel Endogène (EAE), exerce une pression supplémentaire sur nos ressources limitées.

Ce phénomène EAE trouve ses racines dans des facteurs profondément ancrés dans notre société, tels que notre légendaire hospitalité, l’ouverture de nos foyers, le recours systématique à une main-d’œuvre domestique étrangère et l’engouement suscité par la découverte et l’exploitation de nouvelles richesses.

La Mauritanie est présentée comme un nouvel Eldorado, une image amplifiée et largement relayée par une certaine presse européenne aux intentions peu innocentes. Elle apparaît ainsi comme l’une des rares portes d’entrée vers l’Europe, à l’heure où d’autres pays verrouillent hermétiquement leurs frontières.

Le patronat mauritanien a joué un rôle clé dans l’aggravation de cette situation. En persuadant le gouvernement de ratifier des accords frontaliers défavorables, il a plaidé pour une ouverture des frontières sous prétexte de stimuler les exportations industrielles.

Cependant, en l’absence d’une véritable industrie nationale, cette politique a encouragé l’afflux massif d’immigrés. Pire, ce même patronat privilégie l’emploi d’expatriés, perçus comme moins coûteux et offrant un service de meilleure qualité que les nationaux.

Un autre aspect préoccupant est le soutien opportuniste dont profitent certains immigrés. Certaines ambassades européennes à Nouakchott, ainsi qu’une partie de la classe politique et certaines ONG prétendument dédiées aux “droits de l’homme”, exploitent la question migratoire à des fins idéologiques.

En prétendant défendre les “droits humains”, ces acteurs soutiennent souvent les immigrés subsahariens contre l’intérêt national, souvent en raison d’une proximité ethnique ou raciale, plutôt que d’un véritable souci de justice universelle. Ils défendent une immigration massive qui ne sert ni la Mauritanie, ni ses citoyens.

Il ne s’agit pas d’un humanisme désintéressé, mais d’un agenda politique. Nous touchons là, à un problème plus large : la montée d’un racisme politique, où des projets de société se construisent non sur des valeurs communes, mais sur la couleur de peau ou la haine du Maure.

Cette dérive est dangereuse, prospérant là où l’État est faible. Une Mauritanie forte et souveraine ne peut tolérer ces clivages artificiels, qui ne servent que des agendas extérieurs et compromettent notre unité nationale. Le racisme n’est pas une opinion, c’est un crime qui mérite d’être jugé sans circonstances atténuantes et condamné sévèrement. Les sociétés plurielles et cosmopolites ne tolèrent pas la complaisance de l’État.

Identité et souveraineté : des enjeux vitaux

L’immigration incontrôlée ne menace pas seulement notre économie, mais aussi notre identité. Trois piliers structurent la Mauritanie :

1. L’Islam : ciment et socle de notre nation, il fait face à une épreuve sans précédent. Des influences étrangères s’emploient à éroder son rôle central, tandis qu’un afflux massif d’immigrants bouleverse l’équilibre religieux du pays.

Aux 500 000 migrants déjà accueillis – comme l’a annoncé le Premier ministre des Canaries – s’ajoutent des centaines de milliers de réfugiés maliens à M’berra et un flot incontrôlé de clandestins, dont nombre ne partagent pas la foi musulmane. Une réalité inédite pour un pays historiquement à 100 % musulman.

2. La langue arabe et les langues nationales : garantes de notre unité, elles sont trop souvent marginalisées au profit d’une francophonie héritée de la colonisation et instrumentalisée pour diviser.

3. Le peuple mauritanien : sa cohésion est mise en péril par un afflux incontrôlé de populations qui ne partagent pas toujours nos valeurs et nos traditions.

Une politique migratoire ferme et juste

La gestion de l’immigration doit être basée sur des principes clairs :

• La souveraineté nationale : la Mauritanie doit décider qui entre et qui s’installe sur son territoire, en fonction de ses intérêts propres.

• Une régulation stricte : une politique migratoire laxiste met en péril notre stabilité et favorise la criminalité. Les récents incidents de Gougui et Tevragh Zeina en sont des exemples concrets.

• Le refus des ingérences étrangères : ni l’Europe, ni les ONG, ni certaines élites ne doivent dicter à la Mauritanie sa politique migratoire.

Conclusion : une Mauritanie maîtresse de son destin

Il est impératif de fermer les frontières et de renégocier sans concession les accords défavorables avec les pays voisins. L’immigration régulière doit être gelée, car le seuil de tolérance est dépassé, tandis que l’immigration clandestine doit être combattue sans relâche. Le refoulement des sans-papiers n’est plus une option, mais une nécessité dictée par la survie nationale.

Certes, il est profondément immoral de refuser l’accueil à un être humain en détresse, d’autant plus lorsqu’il est frère et voisin. Mais c’est une dette lourde que la Mauritanie doit aujourd’hui régler pour éviter les périls qui la guettent.

Il est temps que la Mauritanie cesse d’être un pion dans les stratégies migratoires internationales et reprenne pleinement le contrôle de son destin.

Qu’ALLAH protège notre Mauritanie commune.

Par Dr Mohamed Ahmed BABA AHMED SALIHI

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Coup d’État en Mauritanie : les tribus ont pris le pouvoir. Par Pr ELY Mustapha

Il n’est pas des nôtres celui qui appelle au tribalisme. Il n’est pas des nôtres celui qui combat pour le tribalisme. Il n’est pas des nôtres celui qui meurt pour le tribalisme.”

Hadith du Prophète Mohamed que la paix soit sur lui

 (Sunan Abu Dawud 5121, Livre 41, Hadith 133)

 “Ô peuple ! Votre Seigneur est Un et votre père [Adam] est un. Un Arabe n’a aucune supériorité sur un non-Arabe, ni un non-Arabe sur un Arabe ; un blanc n’a aucune supériorité sur un noir, ni un noir sur un blanc, si ce n’est par la piété et les bonnes actions.” 

Sermon d’Adieu (Khutbatul Wada) du Prophète Muhammad (PSL)

 (Musnad de l’Imam Ahmad ibn Hanbal (hadith n° 23489) 

Sahih al-Bukhari (partie du long hadith du Sermon d’Adieu)

 La mort institutionnelle de l’Etat

La Mauritanie contemporaine offre un cas d’école de la déliquescence institutionnelle : l’État, en tant qu’entité régulatrice, n’existe plus. À sa place s’est imposé un système de gouvernance parallèle, dirigé par des tribus arabo-berbères qui contrôlent les leviers économiques, sécuritaires et politiques du pays.L’État mauritanien fonctionne comme une coquille vide, où les tribus dictent lois, budgets et nominations Ce « coup d’État silencieux » ne s’est pas produit en une nuit, mais résulte d’un processus historique de captation des ressources et de neutralisation méthodique des institutions.

Aujourd’hui, analyser la Mauritanie sans placer les logiques tribales au cœur de l’équation relève de la cécité académique.


I-    Les racines historiques de l’hégémonie tribale

La colonisation française : architecte précurseur du tribalisme mauritanien moderne

L’administration coloniale française a codifié les hiérarchies tribales en s’appuyant sur des chefs tribaux comme relais locaux, marginalisant les Haratines (descendants d’esclaves) et les AfroMauritaniens. Ce système néopatrimonial a survécu à l’indépendance (1960), les élites tribales reproduisant les schémas de domination via le parti unique La réforme foncière de 1983, permettant l’expropriation des terres afro-mauritaniennes au profit des tribus, a marqué un tournant. En 1989, des purges ethniques chassèrent des milliers d’afro-mauritaniens, redistribuant leurs terres à des alliés tribaux du régime.

L’emprise des tribus sur les institutions politiques mauritaniennes est profonde et multiforme. Au cœur du système se trouve un monopole parlementaire et exécutif sans précédent. Les tribus arabo-berbères contrôlent 72 % des sièges au Parlement et 85 % des postes exécutifs. Cette domination n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’une stratégie délibérée de captation du pouvoir. Les clans Awlad Bu Sba et Smassid, en particulier, ont réussi à s’arroger les ministères-clés tels que la Défense, l’Intérieur et les Finances, leur permettant ainsi de verrouiller l’ensemble des décisions stratégiques du pays. Cette mainmise sur les institutions trouve ses racines dans l’histoire post-coloniale de la Mauritanie. Sous la présidence de Moctar Ould Daddah (1960–1978), le Parti du Peuple Mauritanien (PPM) a institutionnalisé le tribalisme en cooptant systématiquement les chefs tribaux, transformant de facto l’État en un outil de légitimation et de renforcement des hiérarchies traditionnelles.

Le tribalisme comme doctrine d’État

Aujourd’hui, les tribus contrôlent 72% des sièges parlementaires et 85% des postes exécutifs. Les tribus dominantes (Awlad Bu Sba, Smassid, Oulad Delim) ont transformé l’appareil d’État en outil de prédation, utilisant les lois et budgets publics pour consolider leurs fiefs économiques.

Le processus électoral lui-même est devenu un théâtre où se joue la domination tribale. Le parti au pouvoir, El Insaf, alloue 65 % de son budget (estimé à 4,8 millions de dollars par an) à la mobilisation électorale des communautés arabo-berbères. Cette stratégie repose sur un système élaboré de clientélisme, où des concessions de terres et des promesses d’immunité judiciaire sont échangées contre des votes. L’oppression politique des opposants issus des communautés marginalisées est monnaie courante. En 2014, la candidature présidentielle de Biram Dah Abeid, militant anti-esclavagiste, a été systématiquement sabotée. Des partisans subissaient des confiscations de terres, illustrant la collusion entre pouvoir religieux, économique et politique au service des intérêts tribaux.


II-     L’économie capturée : Tribus contre Trésor public

Les secteurs-clés sous contrôle tribal

La captation des ressources économiques par les tribus dominantes illustre de manière flagrante leur influence sur le gouvernement. Dans le secteur minier, stratégique pour l’économie mauritanienne, la tribu Awlad Bu Sba, étroitement liée à l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, a mis en place un système de perception de « royalties informelles » sur l’exploitation du fer à Zouérat. Ce mécanisme opaque permet de détourner entre 8 et 12 millions de dollars par an des revenus de la SNIM (Société Nationale Industrielle et Minière), privant ainsi l’État de ressources cruciales pour son développement. Le secteur des pêcheries n’échappe pas à cette logique prédatrice. 

Les coopératives tribales  basées à Nouadhibou ont réussi à s’octroyer le contrôle de 38 % des exportations de poulpe vers l’Union Européenne, grâce à un système de quotas opaques négociés au plus haut niveau de l’État. Cette mainmise leur assure des revenus annuels de l’ordre de 14 millions d’euros, au détriment des communautés côtières non-arabo-berbères et du Trésor public.Soit:
•    Pêcheries : Les coopératives tribales de Nouadhibou contrôlent 38% des exportations de poulpe vers l’UE, générant 14 millions d’euros annuels via des quotas opaques-
•    Mines : La tribu Awlad Bu Sba perçoit des «royalties informelles » sur l’exploitation du fer à Zouérat, détournant 8 à 12 millions de dollars/an des revenus de la SNIM (société minière nationale).

Or et drogue : Les tribus Reguibat et Oulad Delim contrôlent 30 % du trafic de cannabis marocain (270 tonnes/an) et 15 % de la cocaïne sud-américaine transitant par le Sahel, avec des complicités douanières (150–300 €/véhicule).

Les systèmes de prédation sont variés et multiples. Parmi ceux utilisés: l’Intégration (Hawala) et la Syndication des ressources.

L’Intégration (Hawala): Des bureaux de change tribaux de Nouakchott ont traité des millions de dollars de dons intraçables du Golfe, tirant parti des liens tribaux pour contourner la surveillance de la Banque centrale mauritanienne.
La Syndication des ressources : Le contrôle sur les collectifs de pêche artisanale permet aux tribus  de rediriger les cargaisons de poulpes à destination de l’UE vers les marchés de Dubaï, capturant des millions de dollars de profits illicites.

La prédation systémique


La structure étatique de Solidarité, destinée à lutter contre la pauvreté, canalise 40% de son budget (6 millions de dollars) vers des «projets» tribaux servant à acheter des loyautés tribales. Parallèlement, l’État perd 220 millions de dollars/an via la contrebande d’or, facilitée par l’absence de scanners financiers à 88% des postes frontaliers.

III. L’effacement de l’État de droit

Justice sélective et impunité tribale

Le Conseil Supérieur de la Magistrature, dominé à 60% par des tribus, bloque les enquêtes visant les élites tribales. En 2011, le président Aziz a gracié 30 trafiquants de drogue condamnés, tous issus de tribus influentes. En 2023, une saisie de 1,2 tonne de cocaïne à Nouadhibou a été étouffée quand les enquêteurs ont découvert des liens familiaux avec un ancien ministre de la Défense.

L’instrumentalisation du système judiciaire

L’instrumentalisation du système judiciaire au profit des intérêts tribaux est un autre exemple frappant de cette influence. 

L’impunité dont jouissent les membres des tribus dominantes est devenue systémique. En 2011, un cas emblématique a choqué l’opinion publique : le président Aziz a gracié 30 trafiquants de drogue condamnés, tous issus de tribus influentes. Cette décision, prise par décret présidentiel, a démontré de manière éclatante la subordination du pouvoir judiciaire aux intérêts claniques. Plus récemment, en 2023, une affaire de trafic de drogue à grande échelle a mis en lumière les mécanismes de protection tribale. Une saisie de 1,2 tonne de cocaïne à Nouadhibou, qui aurait dû conduire à des poursuites judiciaires d’envergure, a été rapidement étouffée lorsque l’enquête a révélé des liens familiaux entre les trafiquants et un ancien ministre de la Défense. 


En 2024, à l’occasion de l’enquête sur le clan Cheikh Eyah, un système de blanchiment de 30 millions de dollars via des bureaux de change à Nouakchott et des exportations frauduleuses de poulpe vers Dubaï a été mis à jour. Les charges ont été abandonnées en 24 heures pour « vice de procédure » – un scénario classique de protection tribale.Cette affaire, au-delà de la présomption d’innocence qui doit prévaloir à l’égard des présumés,  illustre non seulement la sophistication des réseaux financiers tribaux, mais aussi leur capacité à neutraliser le système judiciaire.
Ces exemples illustrent comment le système judiciaire, censé être le garant de l’État de droit, est devenu un instrument au service des intérêts tribaux.

 Armée et sécurité : des milices tribales déguisées

 L’armée et les forces de sécurité n’échappent pas à l’emprise tribale, compromettant sérieusement la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’État mauritanien.  90 % des postes d’officiers supérieurs sont occupés par des tribus. Les promotions au sein de l’armée sont basées non pas sur le mérite ou les compétences, mais sur l’allégeance tribale, créant ainsi une force armée plus loyale envers les clans qu’envers l’État. Cette situation est exacerbée par l’existence de milices tribales quasi-autonomes. Le cas le plus flagrant est celui de la tribu Oulad Delim, qui dispose d’une force paramilitaire de 800 hommes, armée via des réseaux libyens. Cette milice patrouille les frontières et contrôle des territoires entiers sans aucune supervision ou contrôle de l’État central, illustrant la fragmentation de la souveraineté nationale au profit des intérêts tribaux.

 Enfin, les alliances entre certaines tribus du nord  et des groupes jihadistes représentent peut-être la manifestation la plus inquiétante de cette influence tribale.. Cette collusion entre intérêts tribaux et réseaux terroristes non seulement sape les efforts de lutte antiterroriste de l’État mauritanien, mais pose également un défi sécuritaire majeur pour toute la région sahélienne.


IV. Conséquences : un pays en déliquescence

La Mauritanie n’est plus un État au sens wébérien du terme (soit une communauté humaine, qui à l’intérieur d’un territoire déterminé (…) revendique pour elle-même et parvient à imposer le monopole de la violence physique légitime),   mais une constellation de fiefs tribaux régis par des lois parallèles. 

Les « élections » ne sont que des mises en scène validant des rapports de force claniques.

Ainsi , pour faire face à ces  mécanismes de prédation, toute réforme devra nécessairement passer par :
•    La restitution de 30% des actifs miniers et halieutiques aux coopératives non tribales
•    Le renforcement des tribunaux anticorruption sous supervision internationale
•    Le déploiement de douanes intelligentes (IA, blockchain) à Nouakchott et Nouadhibou

Sans rupture radicale, la Mauritanie restera un État fantôme, où la citoyenneté s’efface devant l’appartenance tribale.

Les exemples  concrets n’en finissent plus qui démontrent que l’État mauritanien fonctionne aujourd’hui comme une coquille vide, où les tribus  dictent les lois, contrôlent les budgets et décident des nominations clés. 

Cette hégémonie tribale, héritée de l’ère coloniale et renforcée par des décennies de clientélisme, explique l’échec persistant des tentatives de réformes démocratiques et la perpétuation des crises humanitaires et sécuritaires que connaît le pays. 

Toute analyse ou initiative politique concernant la Mauritanie doit impérativement prendre en compte cette réalité tribale qui structure profondément la gouvernance du pays.


La Mauritanie se trouve, donc, à un carrefour critique. Sans une action décisive pour freiner le pouvoir tribal et reconstruire les institutions étatiques, le pays risque de compléter sa transition d’un État fragile à un simple consortium tribal, où la gouvernance est effectivement mise aux enchères au plus offrant et où la citoyenneté se réduit à l’allégeance clanique.


La disparition de l’État mauritanien n’est pas une menace lointaine ou une préoccupation théorique – c’est la réalité vécue par des millions de personnes piégées dans un ordre néoféodal, qui les détruit, les appauvrit et  qui a supplanté la gouvernance moderne. Le défi à venir est monumental, nécessitant non seulement des changements de politique mais une réinvention fondamentale de la relation entre l’État, les tribus et les citoyens dans la société mauritanienne.


L’alternative – accepter la suprématie tribale comme un fait accompli – condamnerait la Mauritanie à un avenir d’inégalités croissantes, de dégradation environnementale et d’insécurité perpétuelle, avec des répercussions ressenties bien au-delà de ses frontières dans une région déjà volatile.

 Il y a environ 1431 ans, le 9è jour de Dhul-Hijjah, alors qu’il se tenait  dans la vallée d’Uranah  au Mont Arafat, le Prophète Muhammad (SAW) a délivré son sermon d’Adieu (Khutbatul Wada) :

« Ô Peuple, prêtez-moi une oreille attentive, car je ne sais si après cette année, je serai de nouveau parmi vous. Par conséquent, écoutez très attentivement ce que je vous dis et apportez ces paroles à ceux qui n’ont pas pu être présents ici aujourd’hui.

Ô Peuple, tout comme vous considérez ce mois, ce jour, cette ville comme sacrés, considérez la vie et les biens de chaque musulman comme une responsabilité sacrée. Restituez les biens qui vous sont confiés à leurs propriétaires légitimes. Ne blessez personne pour que personne ne vous blesse. Rappelez-vous que vous rencontrerez en effet votre Seigneur et qu’il évaluera en effet vos acte
s. (….)

Mais  qui aujourd’hui, l’entend encore ?


« Si vos cœurs n’étaient pas absorbés par les paroles et que vous n’en raffoliez, vous entendriez ce que j’entends. » (Hadith du Prophète Mohamed que la paix soit sur lui)

Certainement pas par des gouvernants d’un  Etat pris en otage par des tribus, avec laquelle l’Alliance  avait été formellement interdite par le prophète Mohamed (PSL) de son vivant.

 Paix aux innocents.

Pr ELY Mustapha

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