Category Archives: memoires des martyrs
Hommage bien Mérité : par BAKARY TANDIA
C est avec une douleur profonde que je viens d’ apprendre le décès de Mère Houleye Sall, présidente de l Association des Veuves. Décès survenu à Nouakchott le 21 Aaout 2024. Une femme pleine de dignité et de courage dont les actions ont laissé des marques indélébiles sur l’histoire des droits de l’homme en Mauritanie. Affectueusement appelée Mother Houleye par la Diaspora Mauritanienne des USA, elle fut le symbole de la lutte contre l’ injustice et l’ impunité en Mauritanie ce qui lui a valu respect et admiration de toute la communauté des droits de l’homme. En tant conscience morale de l organisation, elle a su consolider sa cohésion en la dirigeant avec un leadership éclaire. C est en appréciation de ses sacrifices immenses pour cette cause noble que la Muritanie Min Njejjitta, une association qui demande justice pour les victimes du “Passif Humanitaire,” a décidé de créer le prix “Mother Houleye Award” des droits de l’ homme qui est décerné chaque année à des personnes reconnues pour leurs contributions extraordinaires à la lutte contre l’ injustice et l’ impunité en Mauritanie.
Nous venons de perdre une figure emblématique pour laquelle pour nous avons une administration sans limite. Malgré tous les sacrifices consentis, elle nous a quittes avant le règlement du “Passif Humanitaire,” pour laquelle elle s’ est battue sans relâche. C’ est un impératif d’ honorer ses sacrifices en continuant la lutte pour la justice, la mission de sa vie. A cet effet, nous exhortons les membres de l Association des Veuves à non seulement continuer son œuvre jusqu’à la victoire finale, mais aussi à célébrer le riche héritage qu’ elle nous a laissé. Pendant que nous prions pour le repos de son âme, nous prions également pour que son expérience motive et inspire les générations avenir.
Mother Houleye Sall, nous t’avons honorée pour ton action durant ton vivant, et nous allons continuer à t’honorer pour l’héritage de dignité et courage que tu nous as généreusement laissé.
Paix a son âme.
La lutte continue
Bakary Tandia
Déclaration : Non à la répression violente des manifestants et à la privation des droits humains.
Nous, membres du collectif de la société civile, regroupant plusieurs associations et ONG de défense des droits humains, condamnons fermement la répression violente des manifestants et la violation des droits humains en cours en Mauritanie.
Nous exprimons notre profonde inquiétude face aux récentes arrestations de jeunes manifestants dans différents commissariats de Nouakchott et à travers le pays, suite aux événements entourant la proclamation des résultats électoraux. Ces jeunes, ayant exercé leur droit démocratique en votant pour l’opposition, ont manifesté leur mécontentement face aux irrégularités observées lors de la proclamation des résultats et dans plusieurs bureaux de vote. Malheureusement, ces manifestations pacifiques ont été violemment réprimées par les forces de l’ordre, entraînant la mort tragique d’au moins cinq jeunes à Kaédi et l’arrestation de nombreux membres de la société civile et de jeunes à Nouakchott, Rosso, Nouadhibou et dans les autres régions.
Nous dénonçons avec vigueur cette répression policière excessive, les arrestations arbitraires et les menaces exercées à l’encontre des membres de la société civile et des acteurs politiques de l’opposition. Ces actions constituent une violation flagrante des droits humains, notamment de la liberté d’expression et de manifestation.
Nous appelons les autorités compétentes à libérer immédiatement et sans condition tous les jeunes détenus dans le cadre de ces événements, et à respecter les droits fondamentaux de tous les citoyens mauritaniens, y compris leur droit à la liberté d’expression et à la protestation pacifique.
Nous exhortons également les membres de la société civile, ainsi que les organisations et institutions internationales, à exercer une pression continue pour obtenir la libération des détenus et à demander une enquête indépendante sur la mort des cinq jeunes à Kaédi. Il est essentiel que toute violation des droits humains fasse l’objet d’une investigation transparente et rigoureuse.
Collectif des organisations signataires :
Le Forum des Organisations Nationale de Droits Humains (FONADH)
- Association des Femmes Chefs de Famille (AFCF)
- Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH)
- Association Mauritanienne pour la Promotion de la Langue et de la Culture SOONINKE
- Association pour la Renaissance du Pulaar en RIM
- Association pour le Renforcement de la Démocratie et l’Education Citoyenne
- Collectif des Rescapés Militaires
- Collectif des Veuves
- Comité de Solidarité avec les Victimes des Violations des Droits Humains
- Groupe d’Etudes et de Recherches pour la Démocratie et le Développement Economique et Social
- Ligue Africaine des Droits de l’Homme- Section Mauritanienne
- Regroupement des Victimes des Evénements 89-91
- SOS- Esclaves
- Ligue Mauritanienne des Droits de l’Homme LMDH
- Association pour la Promotion de la Langue Wolof en RIM
- Association de la Femme Citoyenne et Engagée
- Association pour le Développement Intègre de l’Enfant
- Association d’Appui au Développement à la Base des Communautés
Autres organisations de la société civile signataires :
- ONG Femmes et Résilience Pour les Droits Humains
- ONG Santé Globale, pour la promotion de la santé, l’éducation citoyenne et les droits humains.
- Femmes Leaders pour le Développement (FLD) Mauritanie.
- Mouvement Femmes Leader pour l’Egalité et la Justice FLEJ
- Association Mauritanienne pour la protection de la mère et de l’enfant (AMPME).
- L’arbre Main de Solidarité et la Protection Générale.
- ONG Valeurs Humaines.
- Association mauritanienne pour le développement socio-éducatif.
- Association mauritanienne pour la promotion et la protection des droits humains
- Présidente de la Plateforme des organisations de Nouakchott Nord
- Présidente de la plateforme des organisations de la société civile de Nouakchott Ouest
- Association Rim Arts Déco.
- Ahmed Salem Beirouk (activiste des droits humains)
- Moussa Messaoud (activisme des droits humains)
- Demba Kâ (activiste des droits humains)
- Mohamed (activiste des droits humains).
FLAMNET-RETRO: Chronique de la Question Nationale en Mauritanie – à travers les Mémoires de Ould Daddah,” la Mauritanie contre vents et marrées ” par Bara Ba
J’ai lu les mémoires de Ould Daddah – ” La Mauritanie contre vents et marrées” .
Je voudrais partager avec vous,chers lecteurs ,son temoignage sur juste un aspect de ces mémoires touchant la question culturelle . Mon intention est de montrer combien cette question fut récurrente et chargée . Combien également les gouvernements arabo-berbères louvoyérent , à chaque fois qu’elle se posât avec accuité, voire avec passion le plus souvent, trainant les pieds de report en report , pour qu’enfin on l’enterra , pour de bon .
J’aimerais aussi montrer comment par glissement, volontairement choisi , on est passé de la dimension politique –Question nationale à la dimension culturelle –question de langues-, pour ne retenir , en définitive, que cette dernière ; et cela même présentement chez la plupart de nos leaders politiques arabo-berbères !
A ceux qui s’obstinent à penser que le problème nègre a été ou demeure juste un problème culturel , les faits retracés par Ould Daddah les controdisent formellement en soutenant le contraire à travers les confessions qu’il nous fait , ici même dans ces pages .
Cette question est d’essence politique , fondamentalement .
Dans ce témoignage que je rapporte ici , le plus fidélement autant que possible , je ne manque pas, de temps à autre , de faire ici et là, mes propres commentaires , à certains propos . Vous saurez faire la différence .
Ecoutons plutôt Mokhtar Ould Daddah .
Le Congrès d’Aleg 1959 , Congrès – départ de la dérive , et à partir duquel Ould Daddah remonte .
“ Pendant ce Congrès un débat houleux , voire passionné s’était engagé sur la Question nationale . Le groupe Négro- Africain proposait la solution fédéraliste , à défaut exigeait des garanties constitutionnelles; le Groupe recommandait en outre l’adhésion de la Mauritanie à la Fédération du Mali , position sur laquelle ils étaient même soutenus par le groupe des maure de l’Est .
La Question n’ayant pas trouvé de solution fut donc suspendue , en raison de son acccuité pour être confiée , au groupe parlementaire , au sortir du Congrès.
Il était question , nous confie Daddah qui rapporte les choses , de procéder à une révision constitutionnelle qui serait favorable à la minorité ( entendez Négro-Africains ) suite à leurs inquiétudes exprimées à propos de l’évolution du pays.
“Les Noirs disaient , nous rapporte Daddah , que si la régle démocratique selon laquelle la majorité numérique impose sa loi à la minorité était appliquée telle quelle chez -nous , la majorité maure pourrait dans certains domaines importants , imposer des mesures qui léseraient la minorité. Pour prémunir cette dernière contre de telles éventualités, des garde-fous , des garanties devaient être prévues dans la constitution”.
Il ajoute plus loin , que puisque ” le Président de la République serait toujours maure , théoriquement , il fallait instituer une vice -présidence dont le titulaire serait issu de la vallée “.
Il fallait donc réviser la constitution dans le sens d’un exécutif bi-céphale.
Le groupe parlementaire se mit donc au travail , et après d’âpres discussions , se mit d’accord , pour l’essentiel , sur la proposition. Il fallait passer à exécution .
Mais Ould Daddah , en fait secrétement hostile à l’idée , saborda la proposition le 8 Mai 1959, pour la raison qu’il révéle ici lui même :” les rivalités entre les candidats potentiels à la vice-Présidence empêchaient tout accord sur une personnalité acceptable par tous les représentants de la Vallée “, disait-il .
Puisqu’il y’avait rivalité entre différents postulants , il fallait enterrer l’idée , soutient apparemment Daddah . Raison fallacieuse , s’il en fut , qui cachait mal un cynisme et une hypocrisie manifeste, en vérité ! car Daddah ignorait délibéremment les recommandations des Négro-Africains et les principes arrêtés par le groupe parlementaire , stipulant « que le candidat Négro-Africain issu de la Vallée devrait être élu , au même titre que le Président de la République , pour bénéficier d’une plus grande légitimité ».
Pourquoi exigea –t-il un consensus autour d’un candidat pour ressortissants de la vallée qui n’avait pas de raison d’être, logiquement parlant, alors que ce critére n’avait pas été retenu par le groupe parlementaire chargé de la question ?
Pourquoi n’avoir pas imaginé plutôt, organiser des primaires entre les candidats, ou simplement les laisser compétir , et que le meilleur gagne ?
Non ! la vraie réponse est qu’en fait Ould Daddah ne souhaitait pas résoudre ce problème , et cette apparente dissension au sein des Nègres fut un prétexte , une aubaine …pour enterrer l’idée .
Ould Daddah évacua donc ainsi la Question , de maniére cavaliére.
Cette question politique , comme on le verra , allait toutefois ressurgir de manière récurrente , mais déviée… ou rebaptisée “ question culturelle “ , à travers l’Arabisation .
Alors que la Communauté de la vallée du fleuve n’avait pas fini de s’inquiéter sur son avenir , le second Congrès de 1961 – congrès de l’unité- adopta le principe de l’officialisation de la langue Arabe , attisant le feu comme par provocation . Ce qui naturellement accrut l’inquiétude nègre, et suscita une atmosphére encore plus tendue .
Ould Daddah le confirme en page 294 , décrivant l‘atmosphére du Congrès : ” d’un côté , les maures dans leur écrasante majorité voulant l’officialisation et l’application immmédiate de cette mesure . Quant aux noirs de la vallée , ils ne voulaient pas l’entendre évoquer “.
Ce fut là le point de départ de l’appelation “probléme culturel” occultant la dimension politique fondamentale initiale .
Manière subtile de faire oublier aux Négro-Africains, (par diversion ?) la dimension politique de la problématique négre ? Sans nul doute !
Cette question , à son tour , – officialisation de la langue Arabe – fut différée au cours des assises , comme du reste celle de la suppression de la chefferie traditionnelle , pour avoir suscité de vives controverses , une tension élevée , par l’ambiance surchauffée pendant les assises du Congrès .
Les seuls points de “convergence” au cours de ce Congrès furent : l’admission du principe de « prédominance du Parti sur l’Etat », l’adoption du régime présidentiel_ c’est à dire la suppression du Régime parlementaire_ ( début de la dérive autocratique), et la révision des accords avec la France .
Le Bureau Politique National (BPN) élu fut chargé , au sortir du Congrès , de trouver des solutions à la question culturelle , laissée en suspens , pour l’horizon du Congrès 1962 .
Ainsi le BPN , à son tour, mit en place une commission chargée d’étudier les question qui s’étaient posées au Congrès . Cette commission était composée de Youssouf Koita, Ahmed Baba Ould Ahmed Miske, Dr Racine Toure , Mohamed Ould Cheikh.
Pas de solution pendant toute l’année 1962 où la question des garanties constitutionnelles fut resoulevée de nouveau, simultanément à l’officialisation de la langue Arabe.
Le BPN -nous relate Ould Daddah- y consacra , aprés le retour des travaux de la commission , plusieurs réunions dont la plus longue dura une semaine du 27 juill au 2 Août 1962). Les discussions achoppérent , toutes “.
Nouvelle commission mise sur pied-encore- en juillet 1962, chargée de “la mise en forme des garanties constitutionneles accordées à chaque Ethnie ( notez la filouterie …comme si l’inquiétude, ou le besoin de garantie existait de part et d’autre !) , de l’officialisation de la langue arabe, l’institutionalisation d’une vice Présidence de la république dont le titulaire n’appartiendrait pas à la même Ethnie que le chef de l’Etat, mais serait élu dans les mêmes conditions que lui ; l’identification de critéres légaux pour l’équité au recrutement aux fonctions publiques , l’Organisme paritaire veillant au respect des garanties “ , fin de citation .Tel fut l’exposé de motifs du travail confié à la commission .
On croirait entendre les FLAM !
Les quatre membres précédents de la commission antérieure sont renforcés par Dah Ould Sidi Heiba , Kane Tidjane , Kane Elimane , Mohamed Mamoune , pour constituer une nouvelle commission.
Celle-ci à son tour crée une Sous-commmission technique ; laquelle sous commission technique adopte les propositions suivantes : Rejet du bilinguisme Arabe peu viable par manque de cadres , rejet de l‘unilinguisme français ,vu les différences sociales et politiques et la mutilation culturelle qu’il entraine , formation de maîtres bilingues , perspective d’une réforme du Secondaire .
Notez encore la filouterie , par cette maniére de louvoyer !
Ces propositions sont soumises au BPN pour adoption ; mais discussions, longues , âpres et passions exacerbées empêchent tout accord . Nouveau report…encore.
La question ( en suspens ) est reportée donc , pour le Congrès de 1963 . Aucune solution, à la fin des travaux de celui-ci ; elle alors reconfiée au BPN ( nouveau ) qui charge sa commmission d’orientation de la tâche .
Octobre 1965 … le problème refait surface mais de maniére plus aigue; L´assemblée nationale désormais inféodée à Ould Daddah vote une loi en 1965 réorganisant L´Enseignement secondaire , entendez rendant obligatoire l ´Enseignement de l´Arabe à partir de la 6éme , à côté du Français . La suite vous la connaissez ;… Manifeste des 19 , émeutes à Kaëdi , Boghé . Discours musclé et plein de menace de Ould Daddah face à l’agitation Négro-africaine ; discours Daddah dirigé contre les 31 cadres Noirs soutenant la gréve scolaire de 1966, et les 19 signataires du Manifeste.
Désapprobation à ce discours côté Négre , et en réaction … démission du Président de l’assemblée nationale ( Mamoudou Samboly Ba ) et des membres Noirs du Gouvernement. Daddah refusera ces démissions sur le coup, par stratégie , mais sanctionnera de maniére humiliante plus tard Mamoudou Samboly, et Elimane Kane .
Sanction, à pas de course , des 19 cadres signataires du Manifeste qui soutenaient l’action des Eléves Noirs .
Il faut dire que Ould Daddah tenta d’abord de faire prendre la mesure de sanction contre les 19 par le BPN ; « ce fut un échec , du fait d’un profond désaccord tranché entre la tendance maure et Négro- africaine, nettement divisée sur la question en deux blocs , à l’exception de un ou deux maures qui soutenaient le clan négre_ » c’est toujours Ould Daddah qui parle .
Ayant échoué au niveau de cette plus haute instance , Ould Daddah fait prendre la mesure en Conseil de Ministres, plus inféodé .
Le Pays est en pleine crise . La tension ne baisse pas .
Nouvelle Commission nationale en juin 1966, choisie par le BPN, au sortir du Congrès d’Aioun , dont l’objectif était ,disait- on “de maximiser tous les aspects de relation entre les deux communautés nationales, en faisant le point de la situation et en dégageant les perspectives d’avenir “, de réaliser en même temps “un bilinguisme plaçant l’Arabe au même pied que le Français .” sous le couvert de la “repersonnalisation dépouillée de tout chauvinisme et de toute xénophobie “. Fin de citation.
Nouvelle sous-commission (encore !) chargée de traduire ces idées en terme de réforme.
Seck Mame N´diack, Mohameden Ould Babbah, Baro Ali, Mohamed El Moctar O/ Bah , Ahmed Ben Amar , Baro Abdoulaye , Abdellahi O/ Maouloud O/ Daddah , en seront les membres designés.
Remise des travaux trois mois plus tard au BPN ; désaccord ?, insatisfaction ? Daddah n’en dit rien dans son livre. En tout état de cause rebelotte ; le BPN décide d’en reconfier l’étude approfondie à une sous-commission technique…encore une autre !
Babacar Fall, Mohameden O/ Babbah, Elimane Kane , Ba Alassane , Mohamed El Moctar O/ Bah, Sidi Mohamed O/ Deyine, Abdoulaye Baro, Salem Fall , Ely O/ Alaf, en seront les membres . Cette sous-commission fait les recommandations suivantes :
Accent mis « sur la recherche de l’efficacité et de la justice , repersonnalisation dépouillée de tout chauvinisme , renforcement et consolidation de l’unité nationale , ne pas couper l’enfant de son milieu ». Sur la base de ces recommandations , nait la réforme de 1968 instituant la 1ére année du primaire entiérement arabisée, puis celle de 1973 , où les 2 éres années seront entiérement arabisées ; pour le cours élémentaire et cours moyen, l’horaire sera moitieé Arabe , moitié- Français .
Cette réforme consacra , en 1978 , l’échec le plus massif des écoliers Négro-africains.
Vous aurez compris que si cette question culturelle n’a cessé de rebondir , sans trouver de solution c’est bien parceque Ould Daddah n’y tenait pas , en réalité . Son projet de reéquilibrage ethnique au sein de l’Administration – les maures étaient lésés par le fait colonial- la repersonnalisation de l’homme mauritanien , entendez maure-arabe , lui tenait trop à coeur .
Ce fut pourquoi également , je me permets ici une digression , il jugea et sanctionna différemment les personnalités qui, disait -il, avaient été impliquées dans les émeutes de 1966 . Ainsi, faisant semblant d’être à égale distance de ces leaders en cause, que sont Mohamed Ould Mohamed Salah (appelé ministre des Maures par la vox populis ) et Mohamed Ould Cheikh ( appelé ministre des Noirs) tous deux têtes de pont de son régime ,Ould Daddah opta , en fait , pour un parti pris manifeste en faveur…de la réaction.
Mohamed Ould Cheikh qu’il dépeignait comme généreux et progressiste fut sacrifié au profit de Mohamed Ould Mohamed Salah qu’il dépeignait comme traditionnaliste et conservateur . Il limogea tous les partisans de Mohamed Ould Cheikh , tel Yahya Ould Menkhouss et Bamba Ould Yazid , sans toucher à ceux de Mohamed Ould Mohamed Salah…Qu’il réhabilitera du reste plus tard au congrés d’Aioun…
Des hommes justes , progressistes et généreux – dépeints par lui- même comme tels-furent limogés parcequ’ils avaient eu le courage de leurs idées face au problème nègre, et pensé comme le groupe nègre dans la gestion de cette question politico-culturelle, Ould Daddah choisit donc de liquider le clan progressiste au profit du clan réactionnaire et raciste … le tout sous le couvert de l’équité …quelle filouterie !
Je me suis permis cette digression pour mieux vous éclairer sur le penchant et les motivations sécrétes du marabout, lecteur ,… mais revenons à nos moutons .
De 1958 à 1978 , cette question culturelle sera donc balottée de commissions en sous-commissions ; Daddah avait lu Clémenceau.
Elle continuera de l’être de 1978 à 2000 .
Sous la pression sociale des Négro-Africains , le systéme à filiére ( Arabe /Francais ) est institué sous Ould Haidalla . Léger changement , légére concession .
Mais là également , au fil des années et des manigances de maitres d’Ecole partisans d’une Mauritanie Arabe, la filiére française se retrécira comme une peau de chagrin dans les Ecoles du Sud, que l’on arabisera un peu plus , chaque année après l’autre , en dépit de la liberté de choix proclamé .
Ould Taya , le plus grand despote de tous les temps arrive entre-temps , radicalise l’Enseignement de l’Arabe ; 90% des Ecoles mauritaniennes sont arabisées , les 10% restant ont toutes les peines du monde à dispenser les quelques cours de Français encore existant , de 1984 à 1999.
Au bout de son oeuvre , l’impasse et un gâchis énorme pour des générations d’écoliers sacrifiés .
Suite à ce constat d’échec Ould Taya entreprend une nouvelle réforme …celle de 2000, sous prétexte ‘’ d’unifier le système’’; Il fera supprimer l’Institut des langues, qui pourtant réussissait,…on ne supprime pas quelque chose qui reussit à moins de….… .
Mais , comme toujours l´idéologie de la Mauritanie Arabe- permanent soubassement des politiques racistes – prend le pas sur la raison ; L’unification se fait à nouveau au détriment des Ecoliers Négro- Africains .
En effet, dans cette nouvelle réforme l’Enseignement des matiéres définies comme « matiéres culturelles » comme la philosophie , la langue , l’histoire , la géographie , l’instruction civique , la morale et la religion , sera dispensé en Arabe. Les 2 premiéres années du primaire _ comme ce fut pour la réforme de 1978 _ sont entiérement arabisées . Les Ecoliers engagés dans cette réforme sont aujourd’hui ,en 6 éme année , leur niveau plus bas que jamais . Encore des sacrifiés de la vie …des sacrifés à vie !
Il ressort de ce témoignage , pour conclure , que manifestement Ould Daddah lui-même reconnaissait l’existence du problème nègre –comme problème politique qui se posait en termes de garanties constitutionnelles , voir de partage du pouvoir. Ce fut progressivement que l’aspect culturel prit le pas sur l’aspect politique , comme certaines forces l’avaient conçu , pour conduire à l’appelation « probléme culturel ». Ce glissement ne se fit par hasard . Il et ne fut ni gratuit ni innocent , nous l’avons dit !
A entendre encore aujourd’hui beaucoup de leaders politiques , comme Mohamed Ould Maouloud de l’UFP (cfrt récente déclaration )… comme Conscience et Résistance qui ne retient de notre problématique que l’aspect culturel et humanitaire (déportés,)… comme Ould Daddah Junior dont le mutisme de carpe sur ces questions est encore plus révélateur, nous sommes frappés par la continuité de pensée !
Cette dimension politique que nos leaders politiques s’évertuent à nier ou à gommer , Ould Daddah lui même , à travers ses Mémoires , la reconnaît pourtant . Seul CHBIH Ould Cheikh Malainine osa, par honnêteté, faire entendre une voix discordante. La fuite en avant n’a jamais réglé les problèmes … Elle contribue plutôt à toujours les aggraver , en les faisant durer.
Depuis 1958 il en fut ainsi ; même idéologie de domination , même négation de l’autre personnalité de la Mauritanie , même obstination absurde à vouloir assimiler les Négro- Africains …mais également , même résistance timide, timorée et velléitaire du Négro- mauritanien . Hélas !
Sommes-nous suffisamment indignés par notre Condition dans ce pays ?
A chacun d’en faire l’examen de conscience.
La lutte continue !
BARA BA
Dakar- Sénégal
Sources : FLAMNET-ARCHIVES- mars 2007
Décès de Aly Kalidou Ba, ancien directeur de l’informatique et signataire du Manifeste des 19
Après son frère Abdoul Aziz Ba, décédé le 28 mai 2012, les frères Mohamed El Bachir Bal et Mohamed El Habib Bal décédés les 24 février 2018 et 19 juillet 2020, Abdoulaye Sow le 22 juillet 2020, Demba Seck et Satigui Oumar Hamady Sy décédés les 13 et 14 novembre 2022 puis son cousin Mohamed Abdallahi Ba décédé le 04 février 2023, tous signataires du Manifeste des 19, la Mauritanie perd à nouveau un de ses premiers cadres qui avait fait le choix de la dignité, de vivre loin des éclats sombres de la compromission.
Né en 1939 ou en 1940 à Gouriki, notre regretté Aly Kalidou Ba est décédé ce mercredi 24 avril 2024 peu avant 1 heure du matin à Nouakchott. Qu’Allah l’accueille dans son paradis. Nous adressons nos sincères condoléances à la famille, à sa veuve gorgol Ndira Barry, à ses enfants Abdoul Aziz dit Zeus, Mariame, Coumbis, Hamidou et Sidi Mahmoud, ses frères et sœurs, et à tous ceux qui sont proches et chers.
La Mauritanie a perdu un de ses premiers hauts cadres « En 1966 déjà, il était inspecteur de trésor (finances) formé à Grenoble puis il a poursuivi une autre formation à Washington. Après celle-ci, il est nommé directeur de l’informatique au ministère des finances. Un poste qu’il cumule avec celui de gouverneur suppléant de la Mauritanie auprès du FMI et de la banque mondiale » précise son fils Abdoul Aziz.
La disparition dans l’anonymat et dans l’indifférence de Aly Kalidou Ba, comme des autres auteurs du Manifeste des 19, est le reflet d’une Mauritanie raciste qui assume ouvertement la suprématie et la mainmise totale d’une seule communauté sur tous les leviers du pouvoir. Assuré de sa « victoire », le système dominant ne fait plus semblant.
Le temps a fait son œuvre. Les uns après les autres, ces pionniers, précurseurs et visionnaires s’effacent. Pas leur œuvre malgré l’acharnement avec lequel la direction de leur pays s’emploie à les recouvrir d’un oubli qui est le lot commun de ceux qui dérangent mais auxquels l’histoire a donné raison. C’est peine perdue. Preuve en est que l’on est nombreux à se souvenir.
Qu’Allah accueille ces grands hommes dans son paradis. Des 19 visionnaires, il reste Daffa Bakary et Traoré Souleymane dit Jiddou. Nous leur souhaitons une très bonne santé.
Pour lui rendre hommage et immortaliser, nous republions ce texte daté du 11 février 2022.
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Le 11 février 1966, arrestations des auteurs d’un texte de référence : le Manifeste des 19
Il est des faits auxquels leur immédiate évidence confère une force singulière et durable. Le Manifeste des 19 conserve, cinquante-six ans après sa publication, un impact qui, non seulement ne s’est pas démenti, mais s’est renforcé. Le texte fait plus que jamais sens et référence. Devenu flambeau et cri de ralliement, il renferme une démarche, une séquence historique, un jalon de l’histoire politique de la Mauritanie. Jamais un texte aura eu une telle portée emblématique. On sait à quel point le regard rétrospectif peut se révéler un juge sévère. D’où vient qu’année après année, la postérité s’est faite plus généreuse?
Le Manifeste est une réussite à de multiples égards
D’abord par la simplicité des mots voulus pour dire la réalité. «Manifeste», il fallait y penser. Ni déclaration, ni résolution, ni charte, ni appel…juste un manifeste. Un texte pour avertir, montrer et donner à voir des faits évidents dans leur simplicité et leur vérité et d’autres qui couvent sous les cendres.
La fortune d’un écrit ou d’une démarche n’est jamais acquise d’avance. C’est le temps qui la consacre même si, en l’occurrence, il y avait de multiples raisons à ce que ce texte là rencontre, non pas le succès, expression subalterne en l’espèce, mais l’adhésion. Il y a d’abord le profil des auteurs. Ils appartenaient à toutes les ethnies négro-africaines ainsi qu’en témoignent leurs noms. Issus de l’élite négro-africaine, les rédacteurs du Manifeste avaient beaucoup à perdre du fait de leur initiative. Et d’abord leur statut ou, pour être trivial, leur place. Ils la perdirent effectivement. Leur liberté par-dessus tout. Elle leur fut également confisquée. Ils étaient ingénieurs, hauts fonctionnaires, enseignants. Ils étaient l‘ossature de l’administration et savaient ce qui se tramait, ce qui était en vue et ce qui risquait d’arriver.
En un mot, et le principal est là. Les faits leur ont donné raison. Le jugement de l’histoire a suivi. Ils ont eu raison trop tôt. Ce qui est difficilement pardonné. Ils ont compris très tôt que le fait déclencheur de leur soutien au mouvement lycéen débuté le 4 janvier 1966, l’introduction à la hussarde de la langue arabe dans l’enseignement du second degré, ne pouvait simplement s’analyser en termes de réforme du système éducatif. Loin d’être anodin, le fait brut faisait date C’était un jalon essentiel qui donnait le signal de ce qui se passe aujourd’hui : une arabisation massive à vocation assimilatrice, une politique discriminatoire par l’instrumentalisation d’une langue, la promotion d’une identité culturelle et raciale unique, hégémonique voire exclusive d’un pays pourtant multiculturel.
La force du Manifeste, c’est son actualité
Des phrases rédigées il y a cinquante huit ans et dont la résonance est aujourd’hui telle qu’on n’a nul besoin de les revisiter. Tout y est. Sous toutes ses formes, la politique d’effacement et d’invisibilisation des Négro-africains de l’espace public est décrite dans ses mécanismes et chiffres à l’appui. Le seul changement intervenu, à plus de cinq décennies d’intervalle, tient à l’ampleur de ce qui est décrit et à son caractère désormais systématique.
Parmi tant d’autres, un exemple montre la perspicace vigilance des vigies de 1966. Et l’actualité leur donne raison au moment même où des chevaux de retour nous vendent leur projet d’assimilation sous l’emballage de l’islam, « notre religion commune». Une communauté qui, au passage n’a jamais fait obstacle ni au racisme, ni aux injustices, ni aux pogroms, ni aux tortures ni aux déportations mais qui réapparaît dès qu’il est question de transcription des langues nationales, de l’emprise de l’arabe sur la scène nationale. Plus que jamais, les auteurs du Manifeste ont eu raison de dissocier ce qui, en effet, doit l’être : l’appartenance à une religion et la préemption de cette religion par un groupe dominant à des fins hégémoniques et d’exclusion. Les auteurs du Manifeste avaient vu venir et avaient annoncé les tenants d’une « politique de civilisation » ayant pour « pilier fondamental le credo religieux». Au « Vous êtes musulmans donc devenez arabes » qui se murmurait en 1966, les rédacteurs du Manifeste avaient répondu : musulmans mais pas arabes. C’était il y a cinquante-six ans. Aujourd’hui, d’autres, assurés de leur victoire, ne se contentent plus de murmurer. Ils ordonnent.
Ciré Ba et Boubacar Diagana– Paris, le 24/04/2024
Objection: des faits historiques sur les années de braise et “le printemps” des lettres ouvertes en Mauritanie ( 1986- 1991)
Sans esprit polémique, je veux juste apporter quelques éclaircissements sur des faits historiques irréfutables sur les premières dénonciations des exactions du régime de terreur de Ould Taya.
Certains veulent apparemment réécrire l´histoire récente de notre résistance et nous faire croire que les dénonciations des crimes du régime militaire ont commencé avec la période des lettres ouvertes d´avril 1990 ou de la “démocratisation” bridée du colonel despote ould Bothaya. Que nenni !
A la vérité historique ces lettres ouvertes de quelques personnalités mauritaniennes au CMSN n´ont pas été les premières à dénoncer les exactions commises contre les Négro-mauritaniens pendant ces années de braise.
En tant qu´un des membres et principaux responsables du département de la presse et à l’information des FLAM à l´époque avec mon ami et camarade Ciré Ba qui dirigeait le département, je peux dire, des archives de presse à l´appui, que les FLAM, principale force d´opposition ouverte au Système pendant ces années de braise, furent les premières à dénoncer l´épuration ethnique au sein de l´armée, la terreur dans la vallée du fleuve et les violations des droits humains en Mauritanie.
C´est suite à notre déclaration reprise par la presse internationale que le ministre mauritanien de l´information de l´époque feu Mohamed Lemine Ould Ahmed (ancien militant du mouvement ablitionniste d´El Horr) fut obligé de reconnaitre les faits et d´annoncer la découverte d´un soit-disant « complot » fomenté par des militaires et des civils noirs dont des anciens prisonniers Flamistes et rescapés la prison mouroir de Oualata.
Nous avons été les premiers à saisir Amnesty International par son responsable de la zone Afrique de l´Ouest de l’époque notre frère Tiébilé Dramé devenu ministre des affaires étrangère du Mali avec le régime de ATT et Rakia OMAR de Human Rights watch.
C´est d´ailleurs l´annonce, à partir de Londres, par Amnesty International de la mort de plus de 200 militaires négro-africains et la confirmation de ces atrocités par différents témoignages qui ont provoqué un véritable choc dans l´opinion publique. Comme sonnés par la révélation de ces horreurs, différentes personnalités et organisations ont tenu à exprimer leur stupeur et leur indignation.
L´UTM, syndicat proche du pouvoir, parlait d´un véritable génocide et estime que « les traitements inhumains et dégradants infligés à la majorité des citoyens arrêtés constituent une menace pour tous et pour chacun et peuvent conduire le pays à la dérive ».
Le groupe des « 50 » et qui avait comme porte-parole sur RFI le cinéaste feu Med Hondo, réclamait la constitution d´une commission d´enquête sur ces massacres dans leur déclaration signée le 10 avril 1991. Sans oublier la lettre ouverte des 125 du 17 mai, la lettre ouverte des femmes des disparus. Jeune Afrique, la voix de Taya, sous la plume de François Soudan, qualifiera ces lettres ouvertes “d´excessives et diffamatoires” voire malsaines dans son numero du 19 au 25 juin 1991.
En France, même le P.S s´est vigoureusement élevé contre ces exactions. Cependant les citoyens mauritaniens se mobilisaient pour dire leur dégoût, comme en témoigne l´historique manifestation organisée à Paris le 13 avril 1991 par les FLAM, le FRUIDEM, Le CSMD entre autres.
Pour la petite histoire nous avons été derrière la courageuse déclaration de notre frère “déserteur” Cheikh Fall dans les colonnes de Libération et sur les ondes de RFI et cette sortie avait sauvé plus d´un prisonnier dans les geôles d´horreur de Ould Taya. Mon ami et frère Mahamadou Sy rescapé et l´auteur de “L´Enfer d´Inal” peut le confirmer aussi.
Ce sont nos camarades de la section FLAM-Europe qui ont accompagné Cheikh Fall dans les différentes rédactions de la presse hexagone pour alerter l´opinion internationale sur les crimes contre l´humanité qui s´opéraient dans les geôles du régime sanguinaire du colonel Ould Taya.
Les lecteurs de BILAL (devenu le Flambeau), notre organe d´information de l´époque, ont certainement toujours en mémoire son émouvante interview avec les détails de tous les massacres, les circonstances d´exécution de nombreux détenus, impliqués arbitrairement dans la prétendue tentative de coup d´état de décembre 1990.
Dans toutes nos déclarations et notamment dans celle du 8 mai 1989 consécutive à ce qu´on appelle pudiquement “les évènements”, nous n´avons eu de cesse dénoncer le racisme d´Etat et de réclamer l´avènement d´une réelle démocratie en Mauritanie.
En 1986 déjà, nous avions dénoncé, dans “Le manifeste du négro-mauritankien opprimé”, l´existence d´une discrimination raciale dont la poursuite et l´aggravation ne pouvaient qu´hypothéquer l´existence de notre pays. A l´époque cependant, il ne s´était pas trouvé suffisamment de bonnes volontés dans les mouvements politiques concurrents pour formuler avec autant d´exigence que nous, la revendication d´une réelle égalité entre tous les citoyens mauritaniens.
Le livre Blanc que nous avions publié en octobre 1989- sous le titre ” Radioscopie d’un Apartheïd méconnu ” et qui a été largement repris par la presse internationale revenait sur la terreur dans la vallée et les assassinats de nos camarades dans les geôles de Oualata. Nous étions seuls dans la dénonciation. C´est encore sous notre pression et de certaines ONG que Ould TAYA fut contraint de transférer nos camarades de la prison mouroir de Walata à celle d’Aïoun avant de les libérer.
Que les évènements, plus douloureux, les uns que les autres, qui se sont succédés dans notre pays depuis cette date, aient cruellement confirmés nos analyses, ne saurait être pour nous l´occasion d´une quelconque délectation. L´important est ailleurs : il est dans la reconnaissance par tous de la nature raciste de la politique conduite par l´ETAT mauritanien.
Pendant ces années de braise ( 1986- 1991) les FLAM qui étaient relativement au début seules sur ce terrain de la dénociation du régime raciste et militaire, avec l´arrestation et la détention de nos camarades à Oualata et l´exil forcé des autres, n´ont pas manqué d´apprécier à sa juste valeur le document des jeunes Maures mauritaniens appelés “Mouvement des démocrates indépendants” d´avril 1989, sous le titre “Plus jamais ça” qui dénoncait les tueries en Mauritanie et au Sénégal et rappelait le processus de répression ethnique en vigueur dans notre pays depuis 1986.
Pour la petite histoire le tract a été rédigé Rue des Écoles à Paris puis expédié, à Nouakchott, sous pli fermé, avec mention “dossier d´inscription Sorbonne”. A l´époque nous avions loué le courage de ces jeunes compatriotes maures, comme nos amis Jemal Ould El Yessa, Béchir El Hacen et Abdallah Ould Kebd qui, émergeant du troupeau ont eu l´audace de reconnaitre et les posant, les graves problèmes de cohabitation que connait toujours notre pays et nous avions exprimé notre disponibilité à travailler avec eux pour le triomphe de nos justes positions.
Cette preuve palpable de disponibilité à travailler avec ces compatriotes arabo-berbères ne nous a pourtant pas dispensé des critiques malveillantes des vieux chevaux chauvins du Système.
Notre lutte a été détérminante pour acculer le pouvoir à des concessions, force nous est de reconnaitre que celui-ci, cruellement isolé au plan diplomatique avec la défaite de leur mentor Sadolf Hussein de l’Irak, a subi de fortes pressions internationales qui l´ont amené à lâcher du lest.
Les observateurs n´avaient pas manqué de faire le rapprochement entre les visites á Nouakchott du ministre francais des affaires étrangères Mr Roland Dumas et de Mr Michel Vauzelle, président de la commission des affaires étrangères de l´assemblée nationale française et sur le discours du 15 avril 1991 du colonel Ould Taya dans lequel il annoncait une série de mesures visant entre autres, à l´instauration d´un multipartisme et l´adoption d´une constitution qui serait soumise au peuple par un référendum dont la date avait été fixée au 12 juillet 1991.
Rappelons que Mr Vauzelle a été saisi directement par des Flamistes lors d´une rencontre à Paris le 27 mars 1991 où il nous avouait avoir mis en garde la Mauritanie et lié l´aide de la France à certaines conditions. Il nous avait aussi exprimé son émotion devant les exactions et humiliations dont les Noirs de Mauritanie sont victimes.
Face à notre pression permanente et celle des ONG des droits humains (Amnesty International, Human Right Watch, FIDH, entre autres..), de personnalités, de partis politiques, de l’engagement à notre côté de certains grands décideurs politiques, le régime ethnogénocidaire, totalement discrédité, et parfois privé de financements d’institutions internationales, fut contraint et ne pouvait que céder. C´est alors que dans l´affolement, “le syndrome malien”, aidant, il se mit à annoncer des mesures vite interprétées à l´époque comme un tournant démocratique en Mauritanie.
Heureusement que chaque jour qui se lève apporte son lot d´éclairage au drame mauritanien, permettant ainsi le recentrage des débats autour des vrais problèmes que les mentors du régime, leurs porte-faix et autres chauvins panarabistes ont essayé de brouiller tant bien que mal. La vérité par delà les passions, les errements et aveuglements qui peuvent la brouiller momentanément, finit toujours par s´imposer en se frayant son chemin.
Demain il fera jour et la lutte continue!
Kaaw Touré.