Daily Archives: 21/02/2011
La petite gâchette et les grandes promesses de Aziz
Mohamed Ould Abdel Aziz était la vedette du festival des villes anciennes qui se tient depuis mercredi à Chinguitty.Ignorant ou feignant d’ ignorer tout des menaces de AQMI, et sûr de sa sécurité rapprochée, le président mauritanien a donné le coup d’envoi de cette manifestation en procédant à l’inauguration d’un événement qui doit chaque année consacrer la visite d’une ville historique du pays du pays.L’un des symboles de cette ouverture est dédié à l’une des activités au programme de cette manifestation à savoir le tir à la cible.
Pistolet à la main, l’ancien militaire a envoyé quelques balles en l’air pour simuler l’exercice de ce jeu non sans se rappeler ses moments favoris avec les armes.Cette petite gâchette ludique est aussi symptomatique d’une certaine tendance à incarner une attitude héroïque chez nos dirigeants surtout en temps de troubles. Au-delà de ce cérémonial symbolique, le discours a mis l’accent sur le vif du sujet avec des allusions sans équivoque à un islam tolérant tel que pratiqué par les fondateurs de cette cité séculaire, où se déroule le festival. Le message est clair, le président rassure que « la Mauritanie est un pays de paix, d’hospitalité de rencontre et d’ouverture », dont les traditions et les valeurs séculaires léguées par les érudits religieux doivent être préservées. Cerises sur le gâteau, Mohamed Ould Abdel Aziz a promis de dégager un fonds important de près de 600 millions d’um pour protéger le patrimoine ancestral des villes historiques que sont chinguitty, Oualata, Ouadane, Tichitt, Koumbisalé. Si dans le fond cette décision est louable, dans sa mise en œuvre il y a lieu de procéder à une hiérarchisation des besoins et des pertinences et d’assigner des objectifs nationaux précis à ce projet. L’Unesco et d’autres organismes à vocation culturelle ont apporté de précieuses contributions à la réhabilitation et à la préservation de ces sites historiques. Mais la finalité n’a pas toujours été celle qui était escomptée. Il y a une certaine tendance fâcheuse à confondre ce patrimoine historique à des legs familiaux. Un certain penchant pour une « gestion seigneuriale » des fonds documentaires et autres vestiges gagne certains milieux conservateurs de ces localités. Des tiraillements sur fonds d’ascendance tribal et spirituel resurgissent à chaque fois que des financements sont obtenus. L’Etat doit adopter une stratégie nationale en la matière en harmonie avec les normes de l’Unesco. Comme tout patrimoine historique, les objets anciens doivent être étiquetés répertoriés et estampillés mémoire collective et non comme des propriétés privées. Aussi la mémoire de la Mauritanie n’est pas seulement enfouie dans des zones géographiques ou des aires culturelles données. Elle est dans les déserts, dans les vallées, à travers les rites acoustiques, gestuels dans le matériel, l’immatériel. Tout ce que le passé a laissé comme traces doit être sauvegardé au nom de la diversité linguistique et culturelle qui fonde l’existence de la Mauritanie. Une Mauritanie qui doit être écrite par tous ses historiens et non par des pseudo- intellectuels qui, par mauvaise foi falsifient les faits sans changer la vérité de l’histoire écrite par d’illustres spécialistes.
Cheikh Tidiane Dia- LE RÉNOVATEUR
Pour Seif Al-Islam Kadhafi, la Libye «est au bord de la guerre civile»
En Libye, après Benghazi, la deuxième ville du pays, la contestation gagne la capitale Tripoli. Des témoins faisaient état de scènes d’insurrection et de tirs nourris dans plusieurs quartiers de la capitale libyenne le 20 février. Dans une allocution télévisée, dimanche soir, Seif Al-Islam, l’un des fils du Mouammar Kadhafi affirme que son pays « est au bord de la guerre civile », victime d’un complot étranger visant à le déstabiliser. Le dernier bilan des affrontements, donné par une ONG internationale, est d’au moins 233 morts, depuis le début de la contestation le 15 février. Seif Al-Islam Kadhafi est intervenu dans la nuit à la télévision d’Etat libyenne, pour expliquer que son pays était «au bord de la guerre civile», victime d’un complot étranger visant à déstabiliser le pays et à la transformer en République islamiste.
Tout en affirmant que les bilans des affrontements donnés par les médias étrangers étaient très exagérés, il a cité à plusieurs reprises le chiffre de 84 morts depuis le début des émeutes, il y a moins d’une semaine. Et il a reconnu implicitement que la situation était désormais hors de contrôle dans plusieurs villes. Des chars se promènent dans les rues de Benghazi conduits par des civils, a-t-il dit, sans oublier de promettre des réformes par la suite, une fois que le calme serait revenu.
Le fils du Guide de la Révolution libyenne qui affirme également que son père, « dirige la bataille à Tripoli » et se battra jusqu’au bout. Une manière sans doute de tenter de faire taire les rumeurs qui ont enflé toute la soirée, rumeurs selon lesquelles le colonel Kadhafi aurait fui le pays hier soir.
Le vent de la contestation souffle sur Tripoli
La capitale libyenne connaît depuis dimanche soir ses premières manifestations depuis une semaine. Selon des témoins, des voitures ont été brûlées. L’armée et la police sont intervenues. Des tirs nourris ont été entendus. Dans la journée, des dizaines d’avocats ont participé à un sit-in devant le Tribunal de Tripoli, pour protester contre la répression.
Dans l’est du pays, Benghazi, «ville-martyr», mot prononcé par un imam ne serait plus sous l’autorité de colonel Kadhafi. Des militaires auraient rejoint les contestataires. La deuxième ville libyenne a payé le plus lourd tribut de la répression depuis sept jours. Comme en témoigne ce médecin de l’hôpital Al Jalaa, le principal hôpital de Benghazi: «Rien que cet après-midi, nous avons reçu 50 morts et 200 blessés, dont une centaine sont grièvement atteints. Nous n’avons plus de place pour accueillir d’autres patients, et il continue d’en arriver, nous avons plus de 50 médecins qui travaillent sans arrêt depuis ce matin, nous sommes très fatigués, très choqués (…).
Plus de 230 personnes ont été tuées et des centaines blessées dans tout le pays depuis mardi dernier, selon l’ONG Human Rights Watch. Un bilan contesté par les autorités libyennes.
RFI
La démocratie classique peut- elle constituer la solution à notre Question nationale ? Par Bara BA
La Démocratie, cette chose que nous avons, parait-il, héritée des Grecs, est de nos jours très prisée. Mise en veilleuse avec les régimes africains post-independance pour les besoins de leur consolidation, elle reapparait en Afrique, quelque peu forcée, après le discours de la Baule et avec la chute des dictatures .
Perçue, faussement, comme une panacée à la plupart des maux actuels, une sorte de griotisme en fait un mode d’organisation politique supérieur pour ne pas dire idéal, une valeur de référence premiére vers laquelle chaque pays devra tendre , pour” paraitre comme il faut”. Cette maniére de voir a fait des adeptes un peu partout, jusque chez -nous, en Mauritanie .
Certains de nos hommes politiques, à leur tour fascinés par ses prétendues vertus, militeraient pour son application mécanique, sans discernement, genre ” un homme une voix “-ex slogan de l’ANC-comme seule voie de recours pour la résolution de notre Question nationale .
Seulement il existe des réserves, de sérieuses réserves quant à la la pertinence d’une telle approche face à nos réalités nationales, et qui tiennent à plusieurs raisons .
La premiere releverait d’abord, d’une sorte de “critique en soi ” de la démocratie elle même .
En effet, il convient de rappeler que la Démocratie,_ j’entends la démocratie à l’Occidental _ en dépit de son aspect séducteur, est loin d’être parfaite. Aucun systéme n’est parfait objecteront certains! exact, mais ici les imperfections sont majeures , et qui semblent passer inaperçues …
La Démocratie comporte dans son essence même des limites intrinséques importantes, insoupçonnées .
C ?est du moins ce que semble soutenir Claude July qui, dans un article paru dans LE MONDE DIPLOMATIQUE de septembre 1989 intitulé “la menace démocratique ” écrivait ” le fonctionnement du système politique démocratique requiert habituellement une certaine mesure d’apathie et de non -participation de quelques groupes”. Il ajoute ” la marginalisation de ces groupes, bien que par nature anti-démocratique, constitue le salut démocratique; à defaut de quoi le système s’effondre par une surcharge d’exigences ( politiques et sociales) qui étendent ses fonctions et sapent son autorité et ses capacités”. En d’autres termes la Démocratie devient ingouvernable lorsque chaque groupe social entend se montrer aussi actif que la bourgeoisie .
Il convient dès lors de s’interroger, au regard de ces considérations, sur la valeur absolue que d’aucuns lui prêtent qui doit être nuancée; sur la vérité du Gouvernement du peuple par le peuple qui est ,quelque part, un leurre.
Il n’est même pas interdit de penser qu’elle n’est en fait qu’une superchérie qui sert les riches, et légitime par cela même une domination des groupes exclus.
S’entêter à vouloir nous l’imposer, nous mauritaniens, comme schéma, sans nuance aucune, ne serait-il pas plutôt une maniére subtile de faire perpétuer le Système inique actuel au profit du seul groupe ethnique beydane, aujourd’hui dominant* ? ( je vous renvoie ici aux travaux de Dahane Ould Taleb Ethman: ” partage régional des hautes fonctions de l’Etat “, _ extraits publiés dans Mauritanie -Nouvelle no 42/45 1993_qui apparait comme un compromis entre les grandes tribus pour le contrôle des hautes fonctions de l’Etat .
LESERVOISIER ( question fonciére en Mauritanie,” terres et pouvoir dans la région du Gorgol”, page 192 ), déduit de ce travail un graphe sur le dosage Ethnique, et montre combien l´Etat mauritanien est ” tribal et Ethnique ” vu l’infime part donnée aux Négro-Africains: pouvoir politique 12%, pouvoir économique 6%, pouvoir Administratif 21%, pouvoir diplomatique 12%, pouvoir militaire 15% ).
Ma seconde résérve tient au fait que la Démocratie requiert, pour fonctionner normalement, un type de société, ou une “societé citoyenne “; la démocratie “citoyenne”, pour reprendre une formule consacrée, requiert à mon sens, ce que disait Cheikh Anta Diop de la lutte des classes : “elle suppose une nation rendue au préalable ethniquement homogéne ( par la violence )”. Une société donc, où la citoyenneté seule impulse et guide la conduite de l’individu .
Or comme nous l’observons, ce modèle pour un bon fonctionnement démocratique est loin de correspondre à notre société mauritanienne à hiérarchie verticale. Notre corps social est celui oû l’individu baignant en totalité dans le groupe se réfère généralement pour agir, à sa tribu, ou/et à son appartenance ethnique. Chez nous le facteur ethnique, le facteur race ou tribu demeurent une réalité, forte. L’esprit citoyen ou patriote demeure absent pour la majorité. Si nous ne pouvons rester prisonniers de ce carcan, nous ne devons non plus, en faire table rase, sans risques.
Voilà pourquoi, en conclusion, vouloir appliquer mécaniquement ce type de démocratie sans lui construire un support me parait inopérant.
Ce support sera la citoyenneté à construire, par gradations successives. Il faut d’abord construire ce fondement. S’entêter à calquer ce modéle stricto-sensus, sans discernement, reviendrait , ni plus ni moins, qu’à reconduire le type de Démocratie observée en Afrique du Sud de l’Apartheid, au Soudan et au Rwanda actuels, pour ne pas multiplier les exemples .
La Démocratie de l’apartheid excluait ces millions de Noirs, celle du Soudan exclut encore les Noirs Chrétiens du Sud, tout comme celle du Rwanda les Hutus .
L’exemple vivant de ces pays, entres autres, montre clairement que sous une égalité de principe peuvent se camoufler racisme et discrimination ethnique, que la Démocratie peut très bien s’accommoder au racisme et à l’esclavage, comme le remarquait Ould Ciré de l´AHME dans son interwiew à Flamnet .
Les limites donc du recours automatique à la démocratie comme solution, sans réadaptation ou réamenagements , sans considération de certaines spécificités, nous paraissent évidentes. Nous ne saurions sauter à pieds joints dans ce système démocratique sans risque, voire sans risques majeurs.
Voici pourquoi, pour corriger les disfonctionnements et les risques de graves dérives inhérentes à la Cohabitation pluri-ethnique et/ou multi-raciale en général, il faut non pas la Démocratie automatique mais un socle, au préalable; un socle solide sur lequel elle reposera et qui soit bâti sur des règles qui tiennent comptent à la fois des spécificités et correctifs à apporter, localement. Ce socle sera la base premiére de cette citoyenneté, vers laquelle il faut tendre. Nous l´avons dit.
C’est cela qu’avaient compris la Belgique et la Suisse, deux pays Européens de grande tradition démocratique, mais aussi le Liban bi-confessional ( chrétiens et musulmans ), en élaborant des régles fixes comme parade aux dérives possibles, ou même probables. En effet, dans les cas de proximité de groupes nous dit Cheikh A Diop dans “races et classes sociales”, “chaque groupe s’organise, non pour assujettir un autre mais pour l’assimiler… “. Que ” plus le pourcentage de la minorité augmente, plus la lutte de classes se transforme en affrontement racial”.
Il faut rappeler que la Suisse et la Belgique partagent à peu près la même réalité grossiére que la Mauritanie; la réalité ethnique et/ou communautaire.
En Belgique cohabitent trois communautés : une de souche allemande, une seconde d’origne Française et la troisième de souche Néerlandaise. La Suisse elle, compte six Ethnies .
Ces pays, pour parer aux dérives, ont donc d’abord et avant tout élaboré des règles, posé des principes constitutionnels devant régir la Cohabitation des Communautés, avant tout lancement du jeu démocratique. Ces règles sont conçues de telle manière que chaque groupe ethnique se sente protégé, rassuré contre d’eventuelles menaces pour sa survie ou son assimilation.
Ainsi, dès qu’une partie sentait qu’une disposition de loi en gestation menaçait ses intérêts, elle actionnait des leviers de commande prévues à cet effet, pour bloquer la mesure; par ailleurs la constitution institue une même parité (des groupes ) dans la chambre haute; et dans la chambre basse une représentation équilibrée au prorota du poids démographique de chaque communauté.
Ces peuples ont donc volontairement prévu et élaboré les parades nécessaires, en prévision de conflits inévitables, en pareil cas, qui affectent la vie de groupes de proximité, comme dit plus haut. Ces régles ainsi conçues servent encore de socle à la Démocratie Belge et Suisse, et en partie dans l’Espagne actuelle des Autonomies. Pourquoi en serait-il autrement chez-nous?
Quelle crainte y’aurait -t-il donc à appliquer les mêmes recettes chez nous, quand elles ont contribué, de manière prouvée, à résorber, en tout cas à apaiser les tensions ethniques? Pourquoi existe-t-il chez certains de nos hommes politiques et intellectuels une réticence, une allérgie pour ne pas dire une hostilité sournoise et forte, à s’inspirer de l’expérience réussie d’autres pays? pays qui ont admirablement résolu, sur des bases communautaires , “leur Question nationale “? de quoi aurait-on donc peur?
Ces attitudes crispées nous amènent à douter de certaines Oppositions; en effet pour peu qu’on observe attentivement la scène politique mauritanienne, qu’on prête attention aux discours ambiants ici et là, on a comme l’impression qu’il existerait deux types d’opposition, ou d’opposants; des opposants dans le Système et des opposants au Système! et nombreux sont les premiers…qui ne souhaitent pas, au fond, que le système change. Ce que nous observons au cours des Discours éléctoraux, c’est que jamais la Question Nègre n’est évoquée dans sa dimension politique. Juste entend -on certains acteurs en scéne, parler de “l’unité nationale “_concept fourre-tout _ , ou alors de passif humanitaire auquel, bien souvent, ils reduisent la problématique Nègre!
C’est là une des raisons qui fonde mes résérves pour le recours automatique à cette démocratie comme solution, chez nous.
Ce qu’il rapporte dans ses mémoires ” La Mauritanie contre vents et marées” -page 287, chap 10 – est révélateur du malaise de la cohabitation à l’ère pourtant démocratique de 1962 /1963 :
” Les Noirs disaient que si la règle démocratique selon laquelle la majorité numérique impose sa loi à la minorité était appliquée telle quelle chez nous, la majorité maure pourrait dans certains domaines importants imposer des mesures qui leseraient la minorité Noire. Pour prévenir cette dernière contre de telles eventualités, des garde-fous , des garanties devaient être prévues dans la Constitution”. Evoquant ces garanties, il explique plus loin “Puisque le président de la République serait toujours Maure théoriquement, il fallait instituer une Vice-Presidence dont le titulaire serait originaire de la Vallée “.
Comme on le voit la démocratie de Ould Daddah n’a pas empêché que ce problème se posât; les réunions marathon dont il avait fait objet au sein du BPN ( bureau politque national) montrent avec quelle intensité il se posa, à certaines périodes où nous frôlâmes la rupture .
La question ” quelle Démocratie ?” que se posait le Président Samba Thiam dans une de ses interwiews à Flamnet semble bien légitime.
Alors quoi ?
La solution à base communautaire, en priorité, comme socle pour une gestation d’une citoyenneté future. Cette solution asseyera durablement la reconnaissance de l’autre comme différent mais égal, fondement indispensable d’une nation future; tous mauritaniens, tous citoyens!
Le Flammand se sent à la fois Flammand et citoyen belge! il n’y a pas nécessairement de contradiction entre la réalisation de l’homme en tant que projet, et sa réalisation à travers le groupe. Alors…
Avec l’acceptation mutuelle et le respect réciproque que générera la solution à base communautaire, la confiance renaitra et suscitera enfin l’élan vers l’un, l’autre…pour dégager la voie de la citoyenneté et par là _nous l’avons dit_ le chemin de la Nation proprement dite …à construire; car ne l’oublions pas, comme disait l’autre, ” en Afrique l’Etat a precédé la Nation “. Tout cela, bien évidemment, suppose donner du temps au temps.
La lutte continue!
le 23 août 2007
BARA BA
Dakar- Sénégal