Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 27/02/2011

Remaniement : Juppé au Quai d’Orsay, Longuet à la défense, Guéant à l’intérieur

altSans doute une première :Nicolas Sarkozy a annoncé lui-même, dans une courte allocution prononcée dimanche 27 février, les principaux changements au sein du gouvernement. Ceux-ci correspondent à ce qu’annonçaient les médias ces dernières heures. Alain Juppé reprend le Quai d´Orsay. C’était le grand favori, il obtient le poste sans surprise. Alain Juppé passe de la défense aux affaires étrangères, un poste qu’il a déjà occupé de 1993 à 1995. Michèle Alliot-Marie a dû se résoudre à démissionner à contre-coeur. Nicolas Sarkozy, lors de son allocution, n’a pas eu un mot pour sa ministre démissionnaire. Alain Juppé bénéficie d’une forte aura à ce poste, qu’il aurait pu obtenir en novembre lors du précédent remaniement. Mais il avait alors exigé d’avoir les coudées franches par rapport à l’Elysée. On peut supposer que les mêmes exigences ont, cette fois, été satisfaites. Reste à voir comment Alain Juppé incarnera cette fonction et s’il saura y faire preuve d’autonomie.

Gérard Longuet passe à la défense. Il faisait partie des aigris du remaniement de novembre 2010, à qui on avait promis un poste sans qu’il l’obtienne au final. Il peut se réjouir. Le président du groupe UMP au Sénat, retrouve donc un portefeuille. De filiation libérale, après une jeunesse passée au sein du groupuscule d’extrême-droite “Occident”, Gérard Longuet fut ministre des télécommunications sous Edouard Balladur. Il a aussi connu les foudres de la justice. Mis en examen dans le cadre du financement occulte du parti républicain (PR), il bénéficie de la loi d’amnistie de 1990 et obtient un non-lieu. Il sera relaxé deux fois dans deux autres affaires. Connu pour son franc-parler, Gérard Longuet avait multiplié les prises de position iconoclastes, estimant par exemple qu’il fallait “choisir” entre les 35 heures et sortie de l’euro. Sa nomination semble plus dictée par des considérations d’équilibre politique au sein de la majorité que par l’intérêt du sénateur pour les questions de défense.

Claude Guéant obtient l’intérieur. Signe de fébrilité à l’approche de 2012 ? Nicolas Sarkozy a choisi de se séparer de Brice Hortefeux pour faire entrer Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée et homme de l’ombre du chef de l’Etat, place Beauvau. Une nomination qui sonne comme une volonté de reprendre la main sur les questions de sécurité, alors que les sondages indiquent que Nicolas Sarkozy est perçu comme moins crédible sur ces thématiques, qui sont pourtant pour beaucoup dans cette élection.

Brice Hortefeux n’est plus ministre. Brice Hortefeux, fidèle d’entre les fidèles, perd son poste quatre mois à peine après l’avoir obtenu. Le ministre, déjà condamné par deux fois par la justice pour ses propos sur les “auvergnats”, mais aussi pour atteinte à la présomption d’innocence, deux condamnations pour lesquelles il a fait appel, devra de nouveau faire face à la justice prochainement. Dégagé de son poste ministériel, on peut imaginer qu’il jouera, dans son nouveau poste de conseiller politique du président, un rôle dans la préparation de la campagne de 2012.

Patrick Ollier reste ministre. Le ministre des relations avec le Parlement, compagnon de Michèle Alliot- Marie, avait également été mis en cause pour son voyage en Tunisie fin décembre. Ses amités avec le régime libyen de Kadhafi lui ont valu des critiques. Vendredi, il assurait encore que si Michèle Alliot-Marie quittait le gouvernement, il partirait aussi. Il est finalement resté à son poste.

Le Monde.fr

 

 

Le Premier ministre, Mohammed Ghannouchi, quitte ses fonctions

altAFP – Le Premier ministre tunisien de transition Mohammed Ghannouchi a démissionné dimanche, emporté par 48 heures de contestations et de violences à Tunis qui ont fait au moins trois morts, ouvrant une période d’incertitude un mois et demi après la chute de Ben Ali. “J’ai décidé de démissionner de ma fonction de Premier ministre” (…) Je ne serai pas le Premier ministre de la répression, a déclaré M. Ghannouchi lors d’une conférence de presse à Tunis, dont le centre-ville est depuis 48 heures le théâtre de batailles de rue entre forces de l’ordre et manifestants. “Je ne suis pas le genre de personne qui va prendre des décisions qui pourraient provoquer des victimes”, a poursuivi le Premier ministre démissionnaire pour expliquer sa décision.En milieu d’après-midi, on ignorait encore si la démission de M. Ghannouchi était d’effet immédiat ou s’il avait été chargé d’expédier les affaires courants par le président, lui aussi par interim, Foued Mebazaa.

Dimanche matin, le coeur de la capitale tunisienne avait encore des allures champ de bataille. Scandant des slogans hostiles au gouvernement, des protestataires tentaient de s’approcher en petits groupes du ministère de l’Intérieur, sur l’avenue Habib Bourguiba, épicentre des émeutes, auquel ils s’étaient déjà attaqués la veille.La police a riposté en tirant en l’air et à coup de grenades lacrymogènes. Certaines interpellations ont été très violentes, selon des témoins, et des jeunes manifestants “suppliaient” les policiers d’arrêter de les tabasser.Des jeunes lançaient des pierres sur des immeubles pour briser les vitres et avaient dressé des barricades pour freiner l’avancée des policiers.Les heurts se sont rapidement arrêtés sitôt connue la nouvelle de la démission du Premier ministre, une annonce qui n’a toutefois pas été saluée par une explosion de joie.

Depuis sa nomination comme premier chef du gouvernement de l’après-Ben Ali, Mohammed Ghannouchi n’a pratiquement pas eu une journée de répit depuis la chute et la fuite de l’ancien président le 14 janvier. La première équipe qu’il avait a formée, avec notamment des poids-lourds de l’ancien régime, n’a pas tenu deux semaines. Au bout de cinq jours de manifestations sous ses fenêtres, celui qui fut le dernier Premier ministre de Ben Ali onze ans durant avait jeté l’éponge le 27 janvier et formé une nouvelle équipe expurgée des “bénalistes” trop voyants, tout en sauvant sa tête.Un mois plus tard jour pour jour, Mohammed Ghannouchi a cette fois décidé de partir après une manifestation monstre et surtout de très violents affrontements.Vendredi, le gouvernement de transition, réuni en conseil des ministres, pensait pouvoir encore calmer le jeu, alors que la rue grondait, en annonçant des élections “au plus tard mi-juillet”.Cela n’avait pas réussi à mettre fin au raz de marée qui avait envahi le coeur de la ville avec comme objectif d’arracher la démission pure et simple de tout le cabinet.En début d’après-midi, devant la place de la Kasbah noire de monde, des policiers avaient avancé le chiffre de “plus de 100.000 manifestants”, soit la plus grande manifestation depuis la chute du régime de Ben Ali. Le centre de Tunis résonnait de slogans déterminés: “Ghannouchi dégage!”, “Ghannouchi prends tes chiens et démissionne!”, “Non à la confiscation de la révolution!”.”Nous sommes là aujourd’hui pour faire tomber le gouvernement”, affirmait Tibini Mohamed, un étudiant de 25 ans.L’objectif a été atteint 48 heures plus tard.

Vaut mieux « tirer la leçon des expériences d’autrui », prévient le président du Parlement en Mauritanie

altLe président de l’Assemblée nationale en Mauritanie, Messoud Ould Boulkheir, a prévenu qu’il est du devoir de Mauritaniens « en ce tournant décisif qu’amorce » la région, « de tirer la leçon des expériences d’autrui avant, qu’à Dieu ne plaise », ils ne vivent « l’amertume ou les affres » de leur « propre expérience ». Ould Boulkheir qui prononçait un discours de clôture d’une session parlementaire extraordinaire, samedi soir à Nouakchott, a donné comme « preuve » de cette lecture des choses les évènements qui se déroulent depuis une semaine en Libye.
Il a évoqué les « profondes mutations » que connaît l’environnement géographique immédiat de la Mauritanie, appelant tous ses concitoyens, quels que soient leurs « choix politiques, à réfléchir en patriotes honnêtes et loyaux, soucieux de préserver l’unité, la prospérité et l’indépendance de leur pays ». Opposant au régime du président Mohamed Ould Abdelaziz, le chef du Parlement a fait remarquer qu’après « avoir longtemps enduré les conséquences d’une crise économique dévastatrice, les peuples arabes, d’Est à l’Ouest, gagnés par la colère, sont à l’origine de profondes et parfois douloureuses mutations, que nul ne pouvait prévoir ».

« C’est comme si ces peuples, après avoir longtemps patienté et supporté, sont plus que jamais aujourd’hui décidés à prendre en main leur propre destin en défiant tous les dangers », a-t-il analysé.

APA

Côte d’Ivoire: la RTI coupée à Abidjan, conséquence des violences

altEn Côte d’Ivoire, la majorité des habitants de la région d’Abidjan ne peuvent plus voir les programmes de la RTI ce dimanche 27 février. Le signal hertzien est coupé. Cet évènement est à mettre en relation avec les violences qui cette nuit encore ont frappé la commune d’Abobo. La télévision nationale est depuis le début de la crise post électorale un relais de communication important pour le pouvoir de Laurent Gbagbo. La radio nationale émet encore, les abonnés des bouquets satellites peuvent encore regarder les programmes de la première et de la deuxième chaîne mais pour tous les Abidjanais qui n’ont qu’une simple antenne hertzienne, c’est écran noir depuis ce matin. Le centre émetteur de la RTI qui est un site hautement stratégique se trouve à Abobo et d’après des habitants sur place, celui-ci a été incendié. On ne connaît pas encore les circonstances exactes de cet acte mais tout porte à croire que l’émetteur a été attaqué par le commando d’insurgés qui affronte depuis plusieurs semaines les forces loyales à Laurent Gbagbo. Samedi après midi et pendant toute la nuit, les combats ont fait rage dans cette commune majoritairement favorable à Alassane Ouattara. Un habitant du secteur de PK 18 situé au nord-ouest d’Abobo, affirme avoir vu 10 corps ce matin et assure que la nuit a été notamment marquée par des tirs d’obus et de roquettes. Avant d’expliquer que dans son quartier, il n’y a plus rien à manger et qu’il n’y a même plus d’eau potable. Les forces de défense et de sécurité ont envoyé des renforts sur place. Des blindés se sont positionnés aux abords des quartiers sous contrôle des insurgés. Dans ces conditions, les habitants d’Abobo restent terrés chez eux et ceux qui le peuvent continuent de fuir vers d’autres communes de la capitale économique ivoirienne.

RFI

Mauritanie: Bios Diallo ou l’écriture du réel

alt« On a coutume de dire que mes textes sont durs. Que les mots sur la violence sont crus », disait le 18 janvier dernier Bios Diallo au Centre Culturel Français lors d’une conférence qu’il donnait sur ses œuvres. « Mais, poursuit-il, on feint d’ignorer que les réalités que je décris sont cent mille fois en deçà, plus indicibles ! Je dirai que le venin de mes mots atténue la douleur dans le cheminement qui va de la conception de la pensée, de l’écriture, son accouchement à l’arrivée à l’édition ».
Voilà qui donne une entrée certaine dans Une vie de sébile. Ce roman, qui est son premier mais sa 4e publication personnelle, Bios Diallo a voulu le bâtir à partir d’un sujet douloureux. Il revisite, en effet, les événements de 1989 qui avaient secoué notre pays. « Je le sais, confesse-t-il, le sujet est sensible, pénible même pour l’écriture, puisque des plaies restent encore béantes. Mais il faut nommer les choses, si on veut entamer leur cicatrisation rapide. Le président de la République n’a-t-il pas donné le ton, en posant un acte majeur, en présidant une prière à l’absent à Kaédi ? Il s’agissait là d’un sursaut de reconnaissance des drames, et un appel au pardon. A mon tour, j’ai romancé les cicatrices pour les rendre supportables, observables mais dans un cru qui rappelle leur horreur. Car, continue-t-il, le but est que chacun en arrive à se dire, après relecture des drames, plus jamais ça ! » Il conclue, alors, que Une vie de sébile ferme une longue trilogie précédée de 2 recueils de poésie ; Les pleurs de l’arc-en-ciel (2002) et Les os de la terre (2009). Les titres, à eux seuls, suffisent à l’évocation des faits énoncés. « Je suis entré dans la littéraire en pleurant », a même lâché l’enfant de Sélibaby, sud du pays. Témoin d’une certaine période ayant heurté son enfance qu’il projetait plus gaie, il ne se prive pas du détail : « C’est parce que la Mauritanie, symbolisant l’arc-en-ciel, grâce à ses composantes ethniques, raciales et culturelles, a vu ses Blancs comme ses Noirs pleurer que je n’avais pu m’empêcher de souligner cet état de fait ».
Il crée alors des personnages, protagonistes, dans lesquels tous les Mauritaniens pourraient se reconnaître. Tout au moins sur les choix des débats qui fâchent, l’identité. Haame et Bayel sont deux jeunes amoureux. L’un, tour à tour élève, étudiant puis journaliste, est un homme hybride ; parents maure, haratine et peul. Quand éclatent les événements de 1989, la crise s’invite dans le couple. Le mari, Nimsa (Peul) ne fait plus confiance en sa femme Mete (Hartani). La peine de leur divergence se retrouve dans les noms que leur attribue : Nimsa (regret) et Mete (remords). Dans le même temps, Haame et Bayel (l’orpheline, dont une partie de la famille a été expulsée), se retrouvent devant l’épreuve du délicat choix de l’engagement ou de la séparation. On assiste alors aux rudes dialogues sur la déchirure et l’identité.
C’est la force du livre qui pose, à travers des échanges de paroles osées, les préoccupations d’une Nation qui a besoin de se reconstruire. De regarder son histoire et de réconcilier ses fils. Le pardon après des périodes d’épreuves.
Soulignons que Bios Diallo, qui est Conseiller chargé de la communication au Ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, a publié aussi un essai, De la naissance au mariage chez les Peuls de Mauritanie [Editions Karthala, 2004]. Ce livre, qui revisite les us et coutumes chez les Peuls, a été préfacé par Cheikh Hamidou Kane, auteur du célèbre roman L’aventure ambiguë. Bios diallo a, également, collaboré à plusieurs autres livres dont Les Paris des Africains, qui porte sur les Africains vivant dans la capitale française, et à Aimé Césaire et Nous, un hommage à l’un des pères fondateurs du mouvement de la négritude né dans les années 1930. Bios avait eu d’ailleurs l’opportunité de rencontrer celui-ci en 2003 dans son île de la Martinique.
Avec Une vie de sébile, on referme les jours d’une période sombre de notre histoire. C’est la parole prophétique de Tevragh, épouse du cruel Coumba, qui appelle à la réconciliation. Kil chi yavragh, dit-elle. Autrement dit même les horribles choses peuvent connaître une fin. La place désormais à l’unité des cœurs, l’unité nationale, avec ce beau poème que Haame ne résiste à poser sur la dépouille de Bayel :

Le pays est un rêve à vie
Les blessures dans son champ
Une douloureuse moisson
[…]
Dans le pays meurtri
De réveils agités et de hontes bues
Blessés et convalescents soufflent dans la canne [que le]
Bonheur [est]
Impossible [sans une]
Organisation
Solidaire
[…]
Haaman njehi
Mauritanie tan
Terre arc-en-ciel

C’est la renaissance de la Mauritanie nouvelle, la Mauritanie de l’espoir, réconciliée avec elle-même. On peut y lire l’espoir, l’hymne qui devra enchanter tout le peuple mauritanien. Ce roman est à mettre entre toutes les mains, pour son projet réunificateur !

Abou Tagourla

La Nouvelle Expression
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Une vie de sébile : par Bios Diallo

Une vie de sébile est un roman qui aspire à la réconciliation et à l’unité nationale en Mauritanie. En toile de fond, les événements de 1989. L’auteur Bios, Moussa Diallo de son vrai nom, y relate une vie difficile et conflictuelle entre deux jeunes amoureux mauritaniens : Bayel, (fille Peule) et Haamé (métissé Peul et Maure). Malgré qu’ils soient liés par un pacte d’amour, ils se sépareront en raison du deuil qui frappe la famille de Bayel. Un deuil duquel les oncles et tantes de Haame sont présumés complices.

L’histoire commence à Kidye, une ville imaginée par l’auteur, et qui se situerait quelque part dans le sud mauritanien. Ici Gon, «le petit dieu» sous les ordres de Coumba, perquisitionne les maisons. Sa mission est « d’envoyer les démons (les noirs) au diable, vers l’autre rive du fleuve Sénégal.
Gon, et sa bande appelés «les Fanta», sèment la terreur. Partout où ils passent, on dénote « des morts et des blessés ». Parmi ces morts, il y a la fillette de Tegge, oncle de Bayel, que le drame poussera à la folie. Et pour s’échapper à la mort, Kesnido, la mère de Bayel, fait ses valises. Entre temps, elle aussi devient folle et «lâche ses habits dans la rue.»
Nimsa, le père de Haame, est du côté des Fan ennemis des Fanta. Par ce fait, n’a plus confiance en sa femme, Meté, soupçonnée d’appartenir aux Fanta, en raison de ses liens de sang avec eux. Mete ne cesse, pourtant, de clamer son innocence et même d’essayer de détourner Coumba de son projet, par l’entremise de la femme Tevrag, jugée neutre.
Bayel, ne supporterant plus «le deuil et la déchirure», martèle : «Qu’on arrête de blesser la mémoire de ce peuple…Mon père, mes frères et soeurs sont tous enterrés dans ce pays. À cause de leur seule couleur de peau ». Puis, elle précise que ce conflit avec le Sénégal ne justifie en rien ce qui se passe. « C’est une bataille interne d’exclusion», dit-elle. Pour elle, il ne reste plus qu’à «prendre les arme» et de combattre, à partir de «l’autre rive, les lâches qui ont mis le couteau sous la gorge» de ses grands parents.
Mais Bayel ne réussira pas à convaincre Haame sur ce choix. Et pour cause : «les armes n’on jamais rien résolu ». Il prône une solution par le dialogue. Bayel refuse, le traite d’indécis et d’être partagé entre les Fanta, sa lignée maternelle, et les Fan, le clan paternel. Il nie : «Tu te trompes ! Je ne cautionne rien. J’observe, impuissant (…) Je reste persuadé, aussi que tous mes oncles ne satisfont pas le dessin de Coumba.»
Bayel, malgré les conseils, quitte la ville, parce qu’elle «se refuse à être le témoin d’une terre où l’aurore brime la rosée». Et elle avoue son cœur plein de remords : «Haame, cette ville de Kidye n’est plus mienne». Elle s’en ira mais demeure attachée à la Mauritanie dont elle résume l’histoire : « Pour moi, dit-elle, l’histoire de ce pays, est celle de ma présence (…) La Mauritanie appartient à ceux qui l’habitent, aiment son drapeau».
Plus tard, dans les camps des réfugiés, à Dar Salam, sur l’autre rive, au Sénégal, Bayel mobilisera les réfugiés pour la résistance. Et quelque temps après, Haame la rejoint pour la convaincre à retourner au pays. «Bayel, c’est toi que je suis venu chercher. Je ne voudrai pas retourner sans toi». Sur le coup, elle ne le suit, mais par amour finira par le rejoindre à Seeno ( une ville facilement identifiable à Nouakchott. Pas pour longtemps. Car, devant le refus de Haame à céder à la violence, Bayel se braque. Elle exhibe les morts pour faire la lumière sur se qui s’était passé. Catégorique, Haame lui dit : « On ne peut pas construire un pays en exhibant ses os». Bayel s’exile en France, en lui abandonnant « son lit et ses espoirs». En France, «terre des droits de l’homme», elle milite pour les droits de son peuple et se rend partout pour faire entendre sa voix. Ceci, jusqu’au jour où elle sera surprise de revoir Haame, venu en France, dans un sex shop.
Après cette bavure, Haamé renoue avec l’action militante et quitte Chabi, sa petite amie, qu’il croyait pourtant être «attachée à l’Afrique et aux africains». Puis il aura la curieuse révélation : «Tu sais, enfin, qui je suis, une perdue». Une perdue qui sera à l’origine de l’assassinat de Bayel. Les enquêteurs réécouteront ses appels téléphoniques avec Haame : « Cette écervelée de Bayel je l’aurai. Tu as intérêt à la mettre dehors …surtout de cesser de la soutenir dans ses actions».
Bayel, morte, ne sera pas enterrée, comme elle le souhaitait, chez elle à Kidye. Car pour «les autorités mauritaniennes» elle est « une traîtresse». Il n’empêche que des pèlerins viendront se prosterner devant son cercueil, lui rendre hommage à Juuga, à la frontière. Et c’est de là-bas que Haamé vient lui annoncer la bonne nouvelle : «une Mauritanie nouvelle est née. Une Mauritanie où tous les citoyens sont égaux». Une vie de sébile, un roman d’espoir, et pour la réconciliation.


Mohamed Diop

SAHEL INFO