Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: March 2011

Editorial: En filigrane, encore…

altAu moment où le roi du Maroc annonçait, dans un discours solennel, de grandes réformes visant à transformer, au cours des toutes prochaines années, le royaume chérifien en véritable monarchie constitutionnelle et où le président yéménite, débordé de toutes parts, annonçait que, prêt à former un gouvernement d’union nationale, il ne se présentera, en tout cas pas, à la prochaine élection, la Mauritanie décrétait une énième augmentation des prix des hydrocarbures, exprimait sa solidarité avec Kadhafi et réprimait des manifestations de jeunes qui réclamaient un meilleur avenir. Comme si notre président, plus préoccupé à régler le problème ivoirien (et, bientôt, libyen) qu’à se soucier du quotidien des Mauritaniens, voulait nous narguer: les prix continueront à augmenter et ceux qui osent protester le feront à leurs risques et périls. La police est là et veille au grain. L’effet boule de neige du tsunami tunisien, connais pas !

La Mauritanie n’est-elle pas une démocratie qui a fait sa révolution (militaire ?) en 2008 ? Et ce n’est pas parce que le roi Abdallah a débloqué des milliards de dollars, que celui du Maroc a annoncé des réformes ou que le président Ali Abdallah Saleh a fait machine arrière, pour éteindre ou éviter les foyers de contestation, que notre guide éclairé va, pour autant, accepter d’être conciliant. Ou, au moins, prévoyant. Une des règles, essentielles, de la vie est, en effet, de tirer profit de l’expérience des autres, en évitant de tomber dans les mêmes pièges.
A ce sujet, une rumeur, insistante mais démentie par la COD, avance qu’Ould Abdel Aziz aurait, du bout des lèvres, proposé, à l’opposition, d’entrer au gouvernement. Histoire de calmer la rue et de ne pas porter, tout seul, le chapeau de la banqueroute vers laquelle le pays s’achemine, à grands pas. Ould Daddah et Ould Maouloud, échaudés par les expériences passées (reconnaissance du coup d’Etat du 6 août 2008 et accords de Dakar), auraient, poliment mais fermement, décliné l’offre. Flairant un coup fourré, ils auraient senti, rapidement cette fois, que le président voudrait les utiliser, pour se tirer de ce mauvais pas, avant de leur tourner, une fois de plus, le dos, et lui auraient fait, en retour, une proposition radicale: organiser une élection présidentielle anticipée et se retirer. Un remède de cheval qui ne serait probablement pas du meilleur goût, pour lui. Mais qui aurait l’avantage d’éviter, au pays, des lendemains qui pourraient mettre à rude épreuve sa stabilité.
Canular ou pas, «l’info» illustre un état d’esprit grandissant parmi la population. Il ne suffit pas de se voiler la face pour effacer la réalité. La Mauritanie n’est pas en dehors du monde et son peuple aspire à plus de justice, à plus d’équité, à une démocratie non octroyée et à une véritable liberté. La question est, à présent, de savoir comment atteindre ces objectifs. Sans trop de dégâts et en évitant tout retour en arrière. Voilà l’enjeu, en filigrane encore, de nos mauritaniennes velléités de changement… Il serait peut-être sage, messieurs les politiques, de ne pas parier sur la pérennité de cette discrétion.


Ahmed Ould Cheikh-LE CALAME

Le système d’hier est-il parti ?

altTout système réponse sur des hommes qui en assurent le fonctionnement.Ces « élus » constituent un cercle restreint de privilégiés. Venus à la faveur de contingences politiques. Ou par le hasard de l’histoire.Au temps de Taya des personnalités se sont accrochées à tous les niveaux de l’appareil d’état : administration, sécurité, renseignements, bénéficiant de tous les avantages.Ces hommes et ces femmes avaient des pouvoirs dans le Pouvoir de Taya.Ils en usaient et abusaient à volonté.Ils étaient au-dessus de la loi.

Ils influençaient les décisions et s’arrogeaient des droits illimités. Pendant le long règne de Taya, les plus puissants ont continué de garder les privilèges qui étaient les leurs du fait de la confiance aveugle que le président leur vouait. Il arrive qu’ils prennent des directives sans se référer à l’autorité concernée. Outrepassant toutes les prérogatives étatiques. Cette longue période de pagaille a profité à des lobbies, des tribus, des familles qui confondaient leur existence à celle de princes. Le ballet des quémandeurs, des courtiers, des rabatteurs rythmait la vie du pays. Dans tous les services on sentait la présence de ce monde encombrant produit par un système médiocre qui clochardisait toute une élite politique et intellectuelle, divertissait le peuple et bloquant l’avenir du pays. Ce système a permis à des cercles du pouvoir de s’enrichir de manière éhontée, à des individus sans niveau intellectuel et moral de se tailler une place au détriment des compétences tenues à l’écart. C’est aussi durant cette période que l’unité nationale a été mise à mal par des extrémistes ayant installé leur machine de répression avec leurs brigades de la mort à l’origine de tous les carnages perpétrés contre des mauritaniens du fait de leur couleur .ce passif humanitaire a porté un coup sévère à la cohésion communautaire. La Mauritanie entière a été livrée à toutes sortes de commerces illicites à cause de réseaux mafieux de trafic de drogue, de falsification d’argent. Les hommes du système d’hier ne sont pas tous partis. Ils tentent de revenir par un moyen ou par autre.A défaut , ils torpillent tout ordre qui se remet en place.

Cheikh Tidiane Dia –LE RÉNOVATEUR

 

la déclaration du président Barack Obama à l’opération militaire contre le régime libyen

altVoici le texte de la déclaration du président Barack Obama annonçant la participation des Etats-Unis à l’opération militaire contre le régime libyen:

 

 “Aujourd’hui, j’ai autorisé les forces armées des Etats-Unis à entreprendre une action militaire limitée en Libye pour soutenir un effort international destiné à protéger les civils libyens. Cette action a maintenant commencé. Dans cette entreprise, les Etats-Unis agissent avec une large coalition qui s’est engagée à faire respecter la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui appelle à protéger les Libyens. Cette coalition s’est réunie à Paris aujourd’hui pour envoyer un message d’unité, et elle rassemble nombre de nos partenaires européens et arabes. Ceci n’est pas un résultat que les Etats-Unis ou aucun de nos partenaires ont voulu. Hier encore, la communauté internationale a offert à Mouammar Kadhafi la possibilité de respecter un cessez-le-feu immédiat, qui aurait mis un coup d’arrêt à la violence contre les civils et à l’avancée des forces de Kadhafi. Mais malgré les mots vides de sens de son gouvernement, il a ignoré cette occasion. Ses attaques contre son propre peuple se sont poursuivies. Ses forces sont en mouvement. Et le danger auquel les Libyens font face a crû.

 

Je suis parfaitement au courant des risques que représente toute action militaire, quelles que soient les limites que nous mettions en place. Je veux que les Américains sachent que l’usage de la force n’était pas l’option qui avait notre préférence. Et ce n’est pas une décision que j’ai prise à la légère. Mais nous ne pouvons pas rester les bras ballants quand un tyran dit à son peuple qu’il ne fera pas de quartier, et quand ses forces intensifient leur assaut contre des villes comme Benghazi et Misrata, où des innocents risquent des violences et la mort de la part de leur propre gouvernement. Donc il faut que ce soit clair: les actes ont des conséquences, et il faut faire respecter la volonté de la communauté internationale. C’est la cause que défend cette coalition. Les Etats-Unis vont contribuer à cet effort avec nos capacités uniques, en pointe de cette mission pour protéger les civils libyens, et permettre la mise en oeuvre d’une zone d’exclusion aérienne qui sera conduite par nos partenaires internationaux. Et comme je l’ai dit hier, nous ne déploierons pas, je répète, nous ne déploierons pas de troupes américaines au sol.

 

En tant que commandant-en-chef (des forces armées, NDLR), je place une grande confiance dans les hommes et les femmes de notre armée qui vont mener cette mission. Le respect et la gratitude de tout un pays les accompagnent. Je suis aussi fier que nous agissions en faisant partie d’une coalition qui comprend des alliés proches et des partenaires prêts à prendre leurs responsabilités pour protéger les Libyens et faire respecter le mandat de la communauté internationale. J’ai agi après avoir consulté mon équipe de sécurité nationale et les dirigeants républicains et démocrates au Congrès. Dans les heures et les jours à venir, mon administration tiendra les Américains pleinement informés. Mais ne vous y trompez pas: nous faisons partie d’une large coalition. Nous répondons aux appels d’un peuple menacé. Et nous agissons dans l’intérêt des Etats-Unis et du monde”.

Lettre aux vierges qui crient au nouvel impérialisme et au néo-colonialisme

altAh ! Les belles pleureuses ! Ah ! Ces processions de chicaneuses professionnelles ! Ah ! Ces cohortes de scandalisés qui crient en chœur au nouvel impérialisme ! Mes oreilles n’en peuvent plus devant autant d’hypocrisie. Et elles viennent me hurler dans le pavillon qu’il ne faut pas applaudir à la résolution onusienne contre le fou de Tripoli. Et elles me bassinent les bassinets en me jurant que derrière les «révolutionnaires de Benghazi se cachent en fait des empastillés, des intégristes ». Et elles viennent me jurer que les Occidentaux, américains en tête, ne sont motivés que par le pétrole libyen. Oui ! Et alors ? Faut-il attendre pour autant que les Arabes mènent tout seuls, à l’unisson, leur mission d’assagissement du colonel chtarbé pour espérer voir la décantation pacifique se faire, sans l’intrusion des grandes puissances ? Que ne l’ont-ils pas fait, les Arabes ? Les musulmans ? De tous poils et de toutes obédiences confondues et confondantes ? Fallait-il, pour être un bon Arabe, un bon musulman attendre en silence que le dernier habitant de Benghazi soit explosé à la katchiouka ou au gaz, sous prétexte que les Occidentaux veulent recomposer la région Maghreb et moyen-orientale à leurs bottes ?

Désolé messieurs ! Mais à choisir entre 42 ans de colonialisme kadhafiste, des exactions monstrueuses sur la moindre velléité d’opposition, des fils gâtés ayant reçu un pays en cadeau, en héritage de leur papa, et les frappes punitives des F16, des Mirage et autres Tornado, le choix est vite fait. Pas par moi ! Mais par les pauvres ères qui reçoivent dans la gueule tous les jours de la part d’assassins de la même nationalité libyenne qu’eux. C’est tellement commode de crier à l’intervention impérialiste et à la grosse manip’ à partir de son petit confort algérois, loin des éclats d’obus, des raids et des sous-sols où sont travaillés, en ce moment même, au chalumeau les résistants de Zaouïa, de Ras Lanouf, Misrata et d’Ajdabia. Ça ne mange pas de pain de roter ce genre de conneries, entre un couscous poulet et un bon épisode de «Imarat Hadj Lakhdar», à l’heure de la sieste, alors que l’on est paisiblement affalé sur son sofa, à des centaines de lieues des scènes de massacre collectif. Et puis, zut ! Que cela soit écrit clairement ici, dans cet espace, sans aucune ambiguïté, à l’encre bien noire et surtout pas sympathique : le jour est venu de choisir à quel type de civilisation nous voulons nous arrimer. Celle d’un bédouin assoiffé du sang des siens. Ou celle d’une force mondiale, capitaliste peut-être, guidée par ses intérêts, sûrement, mais qui vit au rythme de l’alternance, du vote sans trafic, de la loi, de la valeur du travail qui prime sur celle du népotisme. Il n’est plus possible de différer la réponse à ce genre de questions. A quel bloc voulons-nous appartenir ? Je sais, moi, à quel bloc je n’appartiendrais jamais. Celui des dictatures qui se transmettent de père en fils, ou d’aîné à cadet. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

 

Par Hakim Laâlam  
Email :
laalamh@yahoo.fr

LE SOIR D´ALGERIE

LES FLAM ET L´UNITÉ EN QUESTION

altA propos de “L´UNITÉ EN QUESTION” article de Hindou Mint Aïnina paru dans MAURITANIE-DEMAIN numéro 29 du 13 au 19 novembre 1991, page 11 et republié dans FLAMNET- AGORA du 30 juillet 2007.
En Mauritanie, LES FLAM, ont été le premier mouvement politique structuré à monter au créneau pour dénoncer le racisme dont les Négro-mauritaniens sont victimes. Les FLAM relativement seules sur ce terrain, n´ont pas manqué d´apprécier à sa juste valeur la dénonciation par les jeunes étudiants Beydanes appelés “Mouvement des démocrates indépendants” (MDI) des excès du régime ainsi que l´appréciation de la question nationale comme problème à résoudre nécessairement. En d´autres circonstances, nous avions loué le courage de ces compatriotes qui, émergeant du troupeau ont eu l´audace de reconnaitre et les posant, les graves problèmes de cohabitation que connait notre pays et nous avions exprimé notre disponibilité à collaborer avec eux pour le triomphe de nos justes positions.

Cette preuve palpable de disponibilité à travailler avec ces compatriotes Arabo-bérbéres ne nous a pourtant pas dispensé des critiques malveillantes des vieux chevaux du SYSTÈME. Mais heureusement que chaque jour qui se léve apporte son lot d´éclairage au drame mauritanien, permettant ainsi le recentrage des débats autour des vrais problèmes que les mentors du MND et Bassistes ont essayé de brouiller tant bien que mal. La vérité par delà les passions, les errements et aveuglements qui peuvent la brouiller momentanément, finit toujours par s´imposer en se frayant son chemin.

C´est dans ce contexte du recentrage du débat politique mauritanien autour des vrais problèmes mauritaniens que notre compatriote Hindou Mint Aïnina a écrit son article : ” L´UNITÉ EN QUESTION”. Au début de cet article, elle prend admirablement le soin de se prémunir d´un ensemble de protocoles méthodologiques de maniére à récuser toutes les mauvaises manières de parler de l´unité nationale, ce qui lui donne justement la possibilité d´en parler de la bonne manière. Ce faisant, elle se place sur un terrain qui se veut scientifique. Elle fait remarquer au passage que si on parle autant de l´unité nationale en Mauritanie c´est que nous sommes d´emblée face à un symptôme d´une maladie grave à savoir ” l´inexistence de cette unité dont on parle ou au moins la nécessité de la parfaire”. Elle redouble cette ingénieuse idée d´une démarche analytique pour mettre en évidence que “pour unir des choses”, il faut nécessairement “qu´elles soient séparées”.

Donc l´acceptation préalable du principe de leur différence est la condition sine quanon de leur union. Le refus de cette différence entraine l´impossibilité de toute union dans la logique et dans les faits. Cette union dont elle parle ne concerne pas des choses, mais des êtres humains et dans le contexte mauritanien, les Négro-africains et Arabo-bérberes. Pour unir ces deux communautés, il faut dit-elle “que l´on sente qu´on n´est pas menacé, non seulement dans son appartenance, mais aussi dans sa survie. Et pour avoir cette assurance, il faut que l´on se sente accepté tel qu´on est, avec tout ce qu´on a de différents”.

C´est bien cela que certains mauritaniens bornés ne peuvent comprendre et à leur tête le colonel Ould Taya qui bien que s´étant toujours “réfusé à diviser son peuple en Arabes et Négro-africains”(Jeune Afrique 1990), ne cessait de proclamer l´arabité exclusive de la Mauritanie et de nous tympaniser avec son verbiage sur l´unité nationale. Et Hindou Mint Aïnine fait remarquer à juste titre “qu´il ne suffit pas de crier à l´unité nationale pour qu´elle soit “.

Pour que l´unité nationale mauritanienne soit, il faut l´acceptation prélable du principe de la différence de fait des différentes communautés mauritaniennes. Tant que cette différence n´est pas reconnue, l´on fera peut-être de l´unitarisme, mais jamais l´unité du peuple mauritanien. Ce qui est reconnaissable par ailleurs dans son article, c´est la manière dont cette compatriote, visiblement au dessus de la mêlée et de l´esprit partisan qui est la régle, prend en charge le discours des FLAM en s´y inscrivant intégralement: “Mais soyons conséquents avec nous-mêmes et n´imposons pas notre langue (arabe) aux autres (Négro-africains). Car ces gens que nous voulons assimiler font partie de ce pays et n´en disparaitront que s´il n´existe plus. Laissons les choisir eux-mêmes d´être avec nous. Précisons leur que pour rester ensemble dans ce pays et pour que ce pays continue à exister, il faut qu´ils nous acceptent (précisons que les FLAM ont toujours accepté leurs compatriotes Arabo-berbères).

Cette acceptation réciproque souhaitée par l´auteur est tout le sens du combat. Sur la base de cette rencontre, nous ne pouvons que rendre un grand hommage à cette courageuse femme pour avoir osé parlé où le gros de l´intelligentsia hypocritement se voile les yeux et se tait.

La lutte continue

P.S : Article publié dans LE FLAMBEAU, journal des FLAM, numéro 05 du mars 1992