Daily Archives: 26/03/2011
Du Baassisme au Nasserisme, des idéologies aux ingrédients mortels Par JAMAL SOW- Paris France.
Quand une idéologie se nourrit de la haine, de l’intolérance et de la négation de son semblable, elle n’enfante que des monstres qui sèment partout des tragédies, des misères et la désolation. Des tragédies et des misères qui ne vont pas seulement concerner les peuples auxquels, elle nie et rejette mais à ceux elle croit combattre. Le peul dit “ko wari haako fof yahdora heen”.
Depuis les indépendances la Mauritanie, jusqu’à nos jours n’arrive pas à trouver un équilibre politique, économique, social, culturel et surtout à se mettre sur les rails d’un progrès technique et scientifique. Elle ne cesse de tanguer, de vaciller et de tourner en rond: la Mauritanie souffre, une souffrance que le peuple ressent au plus profond de son de son âme et de sa chaire. Dans son cœur, sur ses deux fragiles épaules, pèsent d’avantage, chaque matin qui se lève, des maux dont, il n’a plus la force et l’énergie de supporter. Sous le poids de ce fardeau, de ces misères, ses pieds s’enfoncent dans des repères mouvants, ses yeux aveuglés par les tempêtes de malheurs, il tâtonne et il n’arrive pas à avancer, il a perdu le sens de l’orientation. Devant lui, aux confins du ciel e de la terre, il ne voit pas se lever une aube blanche, annonciatrice d’une matinée heureuse: tout est opaque et brumeux. Dans son cœur l’espoir s’est asséché. La longue nuit épaisse qui voile son existence ne semble pas vouloir retirer ses pans lourds de malheurs sur lui.
Pourtant, cette nuit noir qui règne sur lui n’est pas le fait de Dieu, ni la vengeance des mauvais esprits, mais celui des hommes et des femmes qui ont importé des idéologies aux ingrédients mortels. En vérité l’importation et la réappropriation du Baasisme et du Nassérisme ont été une erreur fatale à l’élite intellectuelle arabo-berbère mauritanienne.
La réalité multiraciale, multilinguistique et multiculturelle de la Mauritanie ne pouvait pas être en harmonie avec les exigences et les objectifs du Baasisme et du Nassérisme. Malheureusement, c’est en refusant de voir cette réalité en face, que les idéologues du Baasisme et du Nassérisme produiront une histoire douloureuse, une histoire de haine, de séparation, de méfiance entre les citoyens. Ils incarneront des idéologies agressives, provocatrices, nihilistes et destructrices. Dans la mesure tout simplement, ils ne sont pas limités à un nationalisme simple et passif, celui qui exalte, défend et épanouit les valeurs culturelles, sociales, linguistiques et historiques de la société arabo-berbère. Ils ont transgressé ce droit ,qui est d’ailleurs légitime à chaque peuple, en versant dans un nationalisme qui asphyxie et qui empêche aux autres de vivre et de s’épanouir en fonction de leur spécificité naturelle, de leur essence socio- culturelle et de leur héritage historique.
Ainsi l’école du Baasisme et du Nassérisme, ne sont sortis que des disciples qui n’ont pas appris la bonne morale. Une morale de la tolérance, de la justice et de l’égalité. Ces disciplines ne voient le monde et les choses qu’en éternelle dialectique irréductible: l’homme blanc/l’homme noir; l’esclave/ le libre,”khayma kabir/kayma sagkir….De surcroît, ils placent la vérité et les valeurs absolues dans leur « Je » personnel et dans l’unique nombril de leur culture, et de leur communauté, tout le reste n’est que manifestation basique et vocifération animalière. Par conséquent ne mérite aucun respect et considération humaine.
Cette vision du monde et ce discours qui peuvent illustrer les théories de Arthur Conte de Gobineau ou les cours d’anthropologies de Lévy-Bruhl ne pouvaient nullement préparer des lendemains heureux pour la Mauritanie.
Malheureusement, beaucoup de jeunes seront formés de cette école de la déchéance morale du Baasisme et du Nassérisme. Ils seront dans toutes instances politiques, économiques, juridiques, administratives, éducatives…
Ils deviendront ministres, gouverneurs, préfets, colonels, inspecteurs de police. Bref ils gangrèneront tout le système. Il est incontestable qu’avec de tels hommes qui suent la haine, les voies du mal sont largement ouvertes et inexorablement, ils mèneront la Mauritanie vers des impasses qui mineront toute la vie des simples citoyens.
De cette morale jahiliste, anti-islamique et anti-humaine, s’ajoute une absence totale d’un programme politique significatif qui pouvait engager la société vers des transformations radicales, vers une amélioration des conditions de vie et surtout mettre le pays dans les rails des progrès techniques et scientifiques conséquents.
Car un système peut être raciste, xénophobe, mais produire des merveilles économiques, techniques et scientifiques. Le ségrégationnisme américain, et l’apartheid sud-africain des systèmes aussi répugnants que l’un de l’autre, n’ont pas empêché l’un d’être la première puissance du monde et l’autre le plus développé des pays africains.
Les idéologues du Baasisme et du Nassérisme pouvaient continuer à maintenir l’oppression et la discrimination une partie de la population tout en développant les différentes infrastructures économiques, éducatives, sociales: partout avoir les meilleurs hôpitaux, les meilleurs dispensaires, les meilleurs universités, les meilleurs écoles, les meilleurs routes, les meilleurs usines…Doter le secteur de la pêche et de l’agriculture des moyens ultramodernes et ultra-sophistiqués. Malheureusement, si la première option, (celle de maintenir leur domination) hante leur conscience, la deuxième possibilité (celle de développer le pays) a été toujours la benjamine de leur motivation. Les idéologues du Baasisme et du Nassérisme profondément emportés par la morale du ventre ont toujours considères la Mauritanie que comme une vache laitière, dont il faut sucer les mamelles jusqu’aux entrailles. Sans état d’âme, ils ont pillé, ils ont détourné, ils ont bradé et confisqué tout ce que le pays contenait comme richesses et potentialités. Cette absence d’esprit du patriotisme, cette absence de sincérité vis- à -vis de sa propre conscience, et cette absence du respect de la morale religieuse ont fait naître des comportements qui ont excellé dans l’art de la triche, du mensonge et de l’hypocrisie. L’anarchie, la médiocrité, et la misère vont étendre leur tentacule jusque’ aux dans les détails les plus infimes de la vie du pays.
Au comble du paradoxe, les idéologies du baasisme et du nassérisme qui se veulent socialiste, n’ont rien dans la théorie ni dans l’action quelque chose qui se ressemble ni de prêt ni de loin aux nobles pensées du socialisme. Pour être convaincu, il suffit de se livrer un à petit exercice de comparaison entre le socialisme des russes, des chinois et celui “porté” par le Baasisme et le nassérisme. Quoi que les critiques qu’on peut adresser à l’encontre de ces deux pays, il est incontestable que leur socialisme à été positif faits économiques et sociaux illustrent largement cette réussite. En Mauritanie, cette idéologie n’a pas inspiré la lutte contre la pauvreté, contre les maladies, contre la soif, contre le manque d’hygiène, contre l’absence d’structures éducatives, sociales, sanitaire, culturelle…Elle n’a occasionné que le triomphe de ce qui est le plus exécrable chez la personne humaine .Les idéologues du Baasisme et du Nassérisme n’ont pas voulu refaire l’histoire à la manière de JEAN JAURES, à la manière de MAO ZEDONG, à la manière de LÉNINE, de CHE-GUEVERRA…
Hélas! Tout leur génie, tout leur talent et toute leur énergie sont consacrés à d’autres taches. Des taches dans lesquelles était absent le salut du peuple mauritanien. Car y absents les intérêts généraux, le bien commun de tout le monde et les grandes valeurs qui incarnent les la dignité humaines .Ainsi toutes leurs attitudes, toutes leurs décisions sont dictées par leur des sentiments d’égoïsmes, par des jeux de calculs qui ne prennent en considération la proximité parentale, le teint épidermique, l’origine sociale. Étrange socialisme qui enfonce d’avantage le clou des devisions sociales, qui a ses bourgeoisie, qui a ses esclaves, qui a ses domestiques, et qui laisse planer des préjugés qui doutent de l’humanité de certaines populations.
En vérité si le baassisme et le nasserisme sont arrivés à s’adopter facilement dans le paysage,c’est parce que ses porteurs ont été éduqués, moulés dans des mœurs et dans des références culturelles qui demeurent favorables à la hiérarchisation entre les hommes. La société arabo-bérbere a d’abord enfanté le système esclavagiste avant d’être la réceptacle des idéologies racistes et xénophobes. Ce système esclavagiste fera beaucoup de tord et de douleur à la masse haratine. Ainsi de l’aube de l’esclavage à nos jours, la masse haratine continue de porter le fardeau de l’histoire. Un fardeau lourd, douloureux et injuste. Elle avance dans l’histoire comme la seule damnée du siècle, la seule maudite des temps modernes. Aucune douceur, aucun répit pour la masse haratine, constamment tenaillée par la férocité d’un système indigne, ignoble et rétrograde. Sous lequel elle râle, elle suffoque et elle sut. Ce système qui se nourrit de la misère de cette masse, qui s’enrichit brutalement sur le dos de cette masse. Triste sort pour ces milliers d’hommes, ces milliers de femmes et ces milliers d’enfants à qui, le système esclavagiste interdit tout plaisir, toute joie, toute prospérité et tout épanouissement. Ces êtres à qui, la faim et la soif sont devenus des compagnons éternels qui, agitent le silence des longues nuits. Ces êtres qui, inlassablement, sous le soleil brûlant, les pieds dans le sable ardent, emboitent les pas des chameaux dans le désert aux horizons infinis. Ces pauvres âmes qui, sous toutes les saisons, chargent et déchargent ces milliers de bateaux, ces milliers de remorques stationnés à tous les ports, à toutes les gares, et dans tous les marcher du pays. Ces âmes qui, sous la lueur matinale d’un hiver rigoureux, grelotent de froid le long des artères de Nouakchott en quête d’une journée de travail:une journée pour casser des pierres,creuser des canaux,pousser des brouilletttes, élever des toits qui ne seront jamais les leurs. Ces âmes considérées comme immature, qui, dans les bureaux administratifs balayent, rangent, versent du thé. Enturbanné, habillé d’un simple boubou et de sale pantalon, l’homme haratin exécute mile et une commissions pour des gens qui sont convaincus de leur noblesse, de leur supériorité du seul fait qu’ils sont blancs.
Quel destin sombre pour ces milliers d’enfants sur le dos de leur mère,qui dansent au mouvement de ces braves femmes qui pillent,qui ramassent du bois,qui lessivent ,qui cuisinent. Ces choses pillées, lessivées, préparées ne sont pas pour elles: c’est pour la race pure, la race bénit!!
Ces enfants qu’elles portent sur le dos ne marcheront jamais sur le chemin des écoles, ils ne marcheront pas sur le chemin des centres de soins; comme les pères de leurs pères, ils marcheront dans ceux des ténèbres, de l’obscurantisme, de l’ignorance, de la maladie et de la misère. Ils sont nés pour les autres, ils grandiront pour les autres: leur vie et leur existence sont faites pour celles des autres. Eux, ils n’ont pas une ”essence noble”, une ”âme noble” et un ”sang noble”. Ils ne sont qu’une concentration d’impureté, un vomi de tout ce qui est de plus dégoûtant et de plus répugnant chez l’être humain. Ainsi, leur destin est scellé, ils doivent être de l’autre coté de la sphère de l’amour, du respect, et de la reconnaissance. Même exclus de la sphère de l’humanité, et de ses valeurs de tolérance, d’équité, de justice et de liberté, leur ”animalité” doit subir et supporter encore la férocité et la méchanceté infondées de la part, de ceux qui pensent les seuls à porter en eux la raison raisonante, la grandeur de l’histoire et la civilisation du vrai. Pour combien de temps va encore durer cette souffrance et cette misére?
Trop d’hypocrisie, trop d’opacité et trop d’ambigüité dans les ”solutions” données. Au fond, le système qui puise sa force dans le racisme et dans l’esclavagisme demeure, se renforce,se solidifie et prospère.
A suivre
Sénégal- Mauritanie: vers une nouvelle crise diplomatique?
Sahara média a appris, de sources généralement bien informées, que le Conseil des ministres a discuté, au cours de sa réunion hebdomadaire tenue hier jeudi à Nouakchott au palais présidentiel, la crise du transport terrestre avec le Sénégal. Les mêmes sources ont indiqué que le ministre des Transports mauritanien s’est réuni avec représentants des transporteurs et leur a indiqué que les autorités leur accordent un délai de 15 jours pour faire revenir leurs bus et leurs marchandises du Sénégal, assurant que la Mauritanie est sur la voie de mettre fin au trafic commercial avec ce pays de façon définitive. Le ministre mauritanien a, toujours selon ces sources, accusé le Sénégal d’avoir enfreint aux clauses de l’accord conclu entre les deux pays il y a deux semaines à Nouakchott. Des transporteurs mauritaniens ont révélé que leurs homologues sénégalais ont refusé de travailler avec l’accord conclu entre les deux pays et qui autorise une libre circulation des véhicules entre les deux pays.
Source: Sahara Medias.
Fin du sit-in de protestation des trois présidents d’ONG pour protester contre des « cas d’esclavage »
Les trois présidents des organisations IRA, SOS esclaves et AFCF , ayant observé une grève de la faim au niveau du commissariat des mineurs, ont décidé de mettre fin à leur sit-in, après l’engagement pris par les autorités de trouver une solution à ce problèmes .Cette grève de la faim intervient en signe de dénonciation de l’attitude des autorités face à trois cas d’esclavage mis à jour récemment, dont les victimes sont Hweija Mint Mohamed Lemine(14 ans), Meima Mint Oumar(13 ans) et Salka Mint Ahmedou(11 ans). Des groupes de militants de droits humains s’étaient également rassemblés devant le même commissariat pour exprimer leur solidarité avec les trois dirigeants.
ANI
Chronique de Jean-Baptiste Placca: Tout ce qui n’est pas analphabète…
A force d’entendre convoquer le panafricanisme au secours des causes les plus problématiques, nos repères se brouillent. Les intellectuels africains – et c’est justice – s’invitent de plus en plus dans l’actualité politique du continent. Mais l’argumentation de certains d’entre eux donne parfois l’insupportable impression que le sort des peuples peut être moins important que celui de leurs dirigeants.
La résolution adoptée le18 mars par le Conseil de sécurité des Nations unies visait à protéger la population civile contre les attaques de l’armée du colonel Kadhafi. Jusque-là, ils étaient bien silencieux, les intellectuels africains, face au sort de ce peuple vaincu par ses propres dirigeants.
A peine la coalition s’est-elle mise à détruire la machine de guerre du pouvoir libyen que certains, retrouvant de la voix, se sont mis à crier au colonialisme, sans nous dire ce qu’il aurait fallu faire pour soustraire les populations au courroux du « frère Guide ». A les entendre, on croirait bien que tous ces chars calcinés, stoppés dans leur course par les bombardements, se dirigeaient vers Benghazi pour le carnaval de la Cyrénaïque !
La mode, aujourd’hui, est d’aller faire du panafricanisme à bon marché dans des pays qui ne sont pas le vôtre, sur les souffrances d’autres peuples. En décembre 2010, notre confrère Venance Konan s’en était pris violemment à ceux qui, sous le label d’intellectuels africains, allaient dire aux Ivoiriens quelle imposture leur convenait. Il suffit, parfois, de transposer dans son propre pays la cause que l’on prétend défendre chez les autres, pour apprécier si l’on est ou pas dans la droiture.
Dans le bal des intellectuels outrés auquel nous assistons, il y a, certes, ceux qui s’offusquent de bonne foi. Mais il y a aussi ceux qui croient sauver ainsi quelques petits intérêts personnels. Voilà pourquoi, au-delà des apparats, les Africains ont besoin de savoir d’où parlent les intellectuels. Car leurs engagements présents ou passés peuvent éclairer sous un tout autre jour les poussées panafricanistes des uns et les saillies éblouissantes des autres.
Lorsque seront retombées les passions, les intellectuels africains devraient engager une réflexion collective sur la décence que doit inspirer à tous la soif de liberté des peuples. A l’occasion, ils nous diront quels critères définissent précisément l’intellectuel, sur ce continent, afin que l’on cesse de faire croire aux Africains que tout individu qui n’est pas analphabète est un intellectuel.
Par Jean-Baptiste Placca RFI samedi 26 mars 2011.