Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: October 2011

L´Édito du FLAMBEAU: Le temps du sursaut!

altIl arrive des moments pour un peuple en lutte pour la reconnaissance de ses droits de se saisir dans l´action ou dans la réflexion, selon les priorités ou les données de l´histoire, un temps où il n´y a plus de place pour la dispersion et le manque de rationalité dans l´effort.

Certes, la lutte pourrait être longue, particulièrement ardue pour les Négro-mauritaniens qui voient l´apartheïd mauritanien se fortifier de jour en jour avec un silence complice de la communauté internationale déroutant pour la conscience humaine et pour l´éthique des droits de l´homme. Aujourd´hui, les Négro-mauritaniens sont devenus étrangers sur leur propre sol natal, dans leur propre pays.

Dans les régions de Guidimakha, du Waalo, du Fouta, des patrouilles de militaires sont omniprésentes, des terres appartenant à des Négro-mauritaniens sont attribués à des Saoudiens et Jordaniens, des chameaux laissés paître dans les champs de mil, de maïs..etc… avant même la récolte.

A Nouakchott ou l´axe routier de la vallée, les Négro-mauritaniens sont les seuls à être raflés, fouillés, refouillés, battus, mis en garde à vue arbitraire, dépossédés de leurs maigres économies. C´est cette humiliation au quotidien, le racisme ambiant au sommet de l´Etat, dans l´administration, l´éducation, la culture, les médias, qui nous imposent le devoir de combattre pour la revendication de notre humanité et de son respect. C´est pourquoi, l´urgence est à la réflexion qui nourrit l´action qui elle-même illumine à son tour la réflexion.

Réflexion des opprimés et exclus, devant enfin comprendre les causes profondes de leur oppression, comprendre que la solution de leur problème- car c´est d´abord leur problème-passe nécessairement par eux :Action, ensuite pour qu´enfin le stade de plainte et de gémissement soit dépassé pour la question : Que faire ?

Sursaut des Négro-mauritaniens mais surtout aussi des patriotes honnêtes, de la classe politique dans son ensemble dans l´appréciation courageuse du problème de fond qui mine l´unité nationale, la volonté d´y faire, qui suppose nécessairement une unité d´action contre le régime qui mène inexorablement notre pays à la perdition.

La lutte continue !

LE FLAMBEAU DES FLAM.

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Maghama: Deux jours d’émeutes, un enterrement et l’autorité en déroute

altALAKHBAR (Maghama) – Le 26 septembre, la gendarmerie de Mghama tire et ” tue un manifestant du mouvement “Touche pas ma nationalité”. Dans la foulée, le Hakem de la Moughataa “prend la fuite”. Alakhbar reconstitue les faits sur témoignage de quatre manifestants.“Lundi 26 septembre à 17 heures GMT, Maghama (sud Mauritanie) s’embrase. La police, la gendarmerie et les jeunes du mouvement Touche pas à ma nationalité s’affrontent un jeune étudiant d’une vingtaine d’années rapporte “Nous étions tous regroupés sur le Terrain Public, désormais “Place Tahrir” depuis le déclanchement des émeutes contre l’enrôlement. On s’apprêtait à converger vers la Moughataa pour déposer une lettre de doléances mais la police avait décidé de briser le mouvement et ce malgré la détermination des jeunes, la lettre n’arrivera jamais à destination. À quelques encablures du commissariat vers 18 heures la police nous intercepte et jette des grenades sur nous. Nous ripostâmes en jetant des pierres.

Les échauffourées dureront environ deux heures. Finalement, la police et la gendarmerie locales brisent “l’Intifadas”. Elles y parviendront en faisant usage de gaz lacrymogènes. “Nous étions obligés de battre en retrait” soutient un autre mais les forces de sécurité, à bord de véhicules, nous poursuivront jusqu’à l’intérieur des maisons. Partout, l’odeur de gaz lacrymogène empestent, tout le monde suffoque”.

A 20 heures. Enfin le calme revient, mais, les manifestants déplorent un blessé: “Ousmane Mangane (cousin de Lamine Mangane qui sera tué par balle plus tard) a été touché à l’épaule”

 

Mardi, 27 septembre

 

Mardi, 27 septembre à 09 heures GMT, les manifestants se regroupement à nouveau à ladite “Place Tahrir”. Objectif la Maison du livre, devenu le Centre d’accueil des citoyens (CAC), lieu de l’enrôlement. “Cette fois-ci, comme les autorités ignoraient nos doléances, nous étions décidés à saccager définitivement les lieux de ce Enrôlement raciste”, affirme un “talibé (élève coranique)” frôlant la vingtaine. “A 11 heures, le CAC est réduit en cendres: Ordinateurs, tables, dossiers…nous avons tout saccagé “, ajoute le talibé manifestant.

Les manifestants auront également incendié à 11: 30 GMT le Centre de Lecture et d’Animation Culturelle (CLAC). Un chômeur, parmi les manifestant, âgé de 28 ans justifie: “Nous avons brûlé le centre et saccagé les véhicules qui étaient parqués devant: trois ambulances, deux camions-frigos dentistes, un autre camion et un tracteur”. Le chômeur manifestant se demande dans un mélange des genre “A quoi servaient ces véhicules, prétendument destinés à l’usage des populations. En cas d’urgence, nous évoquions nous-mêmes nos malades”.

A 12 heures, les locaux de l’Elevage sont partiellement détruits, “parce que le vétérinaire qui y est désigné pour la ville n’est jamais sur place. Quand on veut soigner nos bêtes, on est contraint de payer”se justifie notre interlocuteur. ” Dans notre élan contestataire ajoute-t-il, nous fumes attendris par les objurgations larmoyantes de l’Inspecteur qui nous suppliait d’arrêter”.

Puis, à 12: 30 GMT, les manifestants convergèrent à nouveau à la” Place Tahrir”. Leur prochaine étape sera la Moughataa. Entre la Place Tahrir et la Moughataa, se trouve la Brigade de la gendarmerie. “Là, le drame. A 13 heures, le Commandant de la gendarmerie voulait nous obliger à rebrousser chemin. On n’aura pas le temps de répondre, car des balles réelles sifflaient de par tout déjà. Et dans ce jeu assassin c’est le commandant qui tire le premier et à hauteur d’hommes et les autres gendarmes de le suivre. Une balle atteint en pleine poitrine Lamine Mangane.

Agé seulement de 17 ans il rend son ultime soupir sur le coup” s’indigne un jeune qui se prétend ami de la victime et notre bonhomme de fondre en larmes avant de reprendre : “C’est le Commandant qui l’a intentionnellement tué”.

Neuf autres manifestants seront blessés, tous par balle. Parmi eux, une fillette de 8 ans touchée à l’aine. Un jeune homme de 14 ans est aussi du nombre des blessés. Tous les blessés seront évacués à l’hôpital régional de Kaédi à quelques 120 kilomètres de Maghama (et 5 heures  de pistes impraticables, constate les envoyés spéciaux d’Alkhbar.)

Notre interlocuteur de rappeler par ailleurs qu’au moment où les blessés sont évacués, les gendarmes regagnaient leur caserne. Vers 14 heures, nous nous sommes rendus à la gendarmerie tentant en vain de défoncer le portail. Et à 15 heures, arrivèrent les renforts en provenance de Kaédi.

Mercredi, 28 septembre

 

Mercredi, 28 septembre à 10 heures, Lamine Mangane est inhumé. Aucun heurt avec les forces de l’ordre, peut-être grâce à l’intervention des notables et du député Niang Mamadou.

L’enterrement terminé, les jeunes retournent à la Place Tahrir. Ils passent d’abord au centre ville et brûlent, à côté du marché, la maison de Mohamed O.Mbeirik, un boulanger. “Il avait à deux reprise brandit une arme contre nous. Deux autres maisons de policiers sont après brûlées. Ils nous avaient empêchés de soumettre nos doléances au Hakem” nous déclare un manifestant.

Le Hakem “en déroute”

Le Hakem d’ailleurs n’aura pas assisté à tous ces événements car dans la confusion, il a pris la poudre d’escampette. Il ne reviendra qu’une fois les renforts de Kaédi arrivés.

Propos de la population de Maghama recueillis par les envoyés spéciaux d’Alakhbar

Nous sommes tous des Lamine Mangane par Bocar Daha KANE

altAujourd’hui une mère et ses enfants pleurent à Maghama. Ils pleurent leur fils, frère, que la République a arraché. Ils pleurent, leur mari, père, que cette  même République a blessé. Le fils, le frère, ne voulait que prouver son attachement à cette République, hélas ! les balles des autorités ont mis fin tragiquement à ses doutes et espoirs. Peu importe les raisons de ses inquiétudes, peu importe les motivations de son bourreau, cette mort de Lamine est inacceptable. Rien ne justifie cette barbarie qui pousse ceux qui se disent nos hommes de loi à tirer à bout portant et à balle réelle sur nos enfants, nos frères, nos amis…

Aujourd’hui, je pleure mon frère, non pas qu’il était noir et qu’il vivait à Maghama et qu’il parlait pular. Je le pleure, nous le pleurons, parce que Lamine était jeune et Lamine était citoyen de cette République…nous le pleurons parce que l’ Etat aurait dû garantir sa vie…Nous le pleurons parce que tout simplement nous ne pouvons admettre que l’un de nous soit assassiné par ces apocryphes forces de sécurité.

 

J’accuse, nous accusons, l’Etat mauritanien d’être seul responsable de l’assassinat de Lamine par le biais de ses sbires. La mort de ce jeune homme n’est pas une bavure, c’est un assassinat. Avons-nous besoin d’avoir de balles réelles et de tirer à bout portant sur des manifestants ? Même la guerre à ses codes d’honneur ! Honte à ces hommes sans honneur. Ils osent parler de la République !! Une armée républicaine c’est cela qui protège les citoyens et leurs biens. Une armée républicaine, c’est cela, qui ose mettre fin aux fastes du faux seigneur. Une armée républicaine a cette déontologie qu’elle honore à tous temps, à toutes épreuves, à tous lieux….

 

L’Etat persiste et signe que les craintes ne se justifient pas, et s’adonne à sa fameuse « verve » de manipulation, de complot……Ce qui est certain, hier, Kaédi la meurtrie était privée d’eaux et d’électricité, sa jeunesse battue et brimée….aujourd’hui Maghama enterre  son fils, panse ses blessés……le Gorgol demande pourquoi payer un tel tribut ? Comme l’écrivait Tokara Deendi : Mon dieu que les symboles peuvent être parlant !

 

Bocar Daha KANE-Bordeaux- France.

Mauritanie – Marche sans violences à Nouakchott contre le recensement

altDes centaines de Mauritaniens noirs ont marché samedi à Nouakchott à l’appel du mouvement “Touche pas à ma nationalité” (TPN), réclamant “l’arrêt immédiat” du recensement en cours dans leur pays qu’ils jugent “discriminatoire”, a constaté un journaliste de l’AFP. La marche, qui était autorisée, s’est déroulée sans violences sous haute surveillance policière sur environ un kilomètre depuis le centre-ville. Scandant des slogans hostiles au régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz, les manifestants ont fini leur parcours à l’Assemblée nationale où ils déposé une lettre “aux élus de la République” dans laquelle ils demandent “l’arrêt immédiat du recensement” lancé en mai en Mauritanie pour une durée non déterminée.

Dans leur lettre, réceptionnée par des députés de trois partis d’opposition, ils dénoncent également les violences policières contre des manifestants le 29 septembre à Nouakchott et, auparavant, à Kaédi et Maghama (sud) où un manifestant avait été tué par balle par un gendarme. “Nous sommes contre ce recensement discriminatoire, nous voulons qu’il soit arrêté, tout comme nous dénonçons la violence policière et nous exigeons une enquête indépendante sur le cas de Maghama”, a affirmé à l’AFP leur porte-parole, Wane Abdoul Birane.

Lors de la manifestation de samedi, “nous avons démontré que si cela ne dépendait que de nous, aucune violence n’aura lieu, et nous affirmons que notre combat se poursuivra, avec ou sans autorisation” des dirigeants, a-t-il averti. Selon un porte-parole de TPN, quatre militants du mouvement ont été présentés jeudi à un juge qui a ordonné leur incarcération. Ils étaient parmi 56 personnes arrêtées au cours de la manifestation du 29 septembre à Nouakchott, 26 des manifestants ont été libérés, d’après le porte-parole.

Les autres manifestants toujours détenus “ne sont pas nos militants” mais “peut-être des étrangers interpellés par la police et dont nous ignorons totalement les nationalités et la situation”, a-t-il précisé.

Les Noirs de Mauritanie dénoncent le recensement, affirmant craindre une remise en question de leur nationalité qu’il leur est demandé de prouver par des pièces, d’après les ONG, souvent impossibles à réunir.

Selon le gouvernement, l’opération vise uniquement à instaurer “un système d’état civil biométrique moderne et fiable”.

©Agence France-Presse

Lettre ouverte aux parlementaires remise ce matin à l’issue de la manifestation pacifique par le coordonnateur du mouvement “TOUCHE PAS A MA NATIONALITE” Abdoul Birane Wane.

altDepuis le mois de mai 2011,le régime de Mohamed Ould  Abdel Aziz a démarré, de façon unilatérale et sans consultations, les opérations d’enrôlement  qui sont aujourd’hui  contestées  par une  bonne partie de la population  mauritanienne. Devant cette situation, des jeunes appartenant à des organisations de différentes obédiences politiques ont constitué le  mouvement   “TOUCHE PAS A MA NATIONALITE” qui se veut à l’avant-garde du combat contre cet enrôlement qui a montré ses limites et  sa gravité par des pratiques discriminatoires et  racistes.Dés  le  30 juin dernier, le mouvement a initié, une série de sit in devant les différents centres de recensement de la capitale en protestation contre la manière par laquelle  l’opération d’enrôlement est menée, notamment  vis-à-vis des populations de souche négro-mauritaniennes.Devant le mutisme des autorités, le mouvement décide mener des actions plus engagées en  instituant à partir du 10 septembre 2011, des marches hebdomadaires les samedis. Ces marches ont toujours été  brutalement et sauvagement réprimées par les forces de sécurité.

Dans le sillage de Nouakchott, des localités de l’intérieur décident de marcher pour dire non à l’enrôlement raciste. A Kaédi, les forces de police ont fait un usage  excessif de grenades et ont  brutalement réprimé  nos manifestants pacifiques. Elles  seront plus tard appuyées dans la Besogne par des  éléments de  la garde avant d’être renforcées par les forces armées.  Durant  deux jours, les populations de Kaédi  furent soumises à la violence et à l’humiliation. L’armée  nationale  y agissait comme en territoire conquis. Résultat : plusieurs blessés et  plus d’une  trentaine d’arrestations. Pendant que Kaédi brulait, les autorités, (jouant comme  à leur habitude la carte de  la division des  mauritaniens) appelaient les  commerçants arabes de  la ville à l’auto-défense, les  incitant et les encourageant à s’armer.

A  Maghama, le 26 septembre, la police et la gendarmerie  dispersent des manifestants  qui marchaient pacifiquement contre l’opération d’enrôlement.

Dans la journée du 27, la police et  la gendarmerie tirent à balles réelles sur de jeunes manifestants désarmés. Le bilan fut lourd : un mort et sept blessés graves.

Nouakchott  voit la spirale de la violence s’intensifier le jeudi 29, quand la garde et la police empêchent  les militants du mouvement de se regrouper  pour manifester en solidarité  avec les habitants de Kaédi et pour dénoncer le meurtre du jeune Lamine Mangane à Maghama. La aussi, les forces censées maintenir l’ordre infiltrent des voyous  notoirement connus de tout Nouakchott parmi les manifestants pour piller  et saccager les  biens  de paisibles citoyens dans  le but de discréditer   “TOUCHE PAS A MA NATIONALITE” et de ternir la nature pacifique de son combat. L’objectif dérisoire du pouvoir est de nous  présenter  comme un mouvement sectaire visant  et menaçant les intérêts de la communauté arabe.

Ce  faisant, les autorités jouent à un jeu dangereux en montant les communautés nationales les unes contre les autres. Elles doivent cependant  savoir que les humiliations, les  exécutions sommaires, les massacres et déportations des années de braise ne pourront plus se répéter aujourd’hui, car les mauritaniens ne sont pas dupes et  n’acceptent  plus d’être divisés pour prolonger les  jours d’un pouvoir anti-national.

Nous tenons pour responsable, le régime de Ould Abdel Aziz  de la tournure grave et  violente qu’ont prises les évenements à Kaédi, Maghama, Nouakchott et ailleurs.

Nous  exigeons que la lumière soit faite sur ces événements graves qui sont de nature à compromettre  jusqu’à l’existence  même de notre pays.  

Aussi, nous  lançons un appel aux élus du peuple afin qu’ils fassent preuve de solidarité  sans faille avec les revendications légitimes, exprimées par une importante frange de notre peuple et exiger l’arrêt des opérations d’enrôlement en cours.

En un mot, nous demandons aux élus de prendre leurs responsabilités pour éviter le pire à la Mauritanie.

Tous unis, nous ferons échouer ce projet cynique de diviser notre peuple et de détruire notre nation.

 Nouakchott, le 08 octobre 2011.