Daily Archives: 29/10/2011
Manifestation de Touche pas à ma nationalité à Nouakchott: lettre aux sénateurs
Le 5 mai 2011, le régime d’Ould Abdel Aziz lançait le début des opérations d’enrôlement des citoyens mauritaniens. Ces opérations d’enrôlement contestées par une importante partie des citoyens sont discriminatoires à l’égard des Négro-Mauritaniens qui perçoivent en cela une volonté des autorités de les exclure.
Ce projet cynique, discriminatoire,raciste et honteux pour un Etat est venu accentuer la frustration des Noirs mauritaniens qui ont toujours vécu dans l’injustice et qui ont subi déportations et massacres. Cet enrôlement n’a d’autre objectif que de: faire de la majorité des Négro-Mauritaniens des apatrides. Tout cela se faisant avec le lourd et coupable silence des leaders politiques dans leur majorité. De jeunes patriotes ont décidé de créer le mouvement “touche pas à ma nationalité” pour s’ériger contre toutes les formes d’injustices que subissent les citoyens mauritaniens et défendre la dignité et les droits bafoués des Noirs, premières et sempiternelles victimes de ces injustices. Des sit-in et des marches de protestation sont organisés à Nouakchott.
Dans le sillage de la capitale des villes comme Boghé , Sélibaby, Rosso, Kaédi, Maghama ou encore Djéol se joignent à la protestation, réprimée sauvagement par les autorités: un mort, des blessés graves et des dizaines d’arrestations.
Face à ce lourd bilan, le régime d’ould Abdel Aziz campe sur sa position et affiche un mépris total à l’égard de citoyens qui revendiquent leurs droits les plus légitimes.
Aujourd’hui, les noirs Mauritaniens sont considérés comme des citoyens de seconde zone. Leurs langues sont reléguées au second plan par la constitution. Ils sont marginalisés et mis à l’écart dans les prises de décisions. Ils ne profitent pas des richesses nationales qui doivent pourtant être redistribuées à tous les enfants du pays, une partie de ces noirs souffre de l’esclavage et reste victime d’une injustice favorisée par l’état mauritanien.
En ce jour du 29 octobre, nous exigeons que justice soit rendue pour les victimes de la répression aveugle et disproportionnée d’un régime aux abois. La lumière doit être faite sur les évènements de Maghama et Kaédi, ce qui doit aboutir au jugement des gendarmes qui ont tiré à balles réelles sur des enfants désarmés et à celui du commissaire de Kaédi et du directeur régional de la sûreté du Gorgol, coupables tous deux d’actes de torture sur de jeunes manifestants.
Devant cette situation grave, nous mouvement “touche pas à ma nationalité”, vous mettons devant vos responsabilités d’élus à la chambre haute du parlement.La Mauritanie souffre de grands maux qui peuvent remettre en cause son existence. Ne pas agir serait synonyme de complicité par rapport à tout ce qui se passe. Nous vous demandons donc de tout faire pour sauver ce pays du péril qui le guette.
Nouakchott le 29 octobre 2011.
Abdoul Birane Wane- Coordinateur de TPMN.
Déclaration de presse des FLAM: Le Dialogue National n’aura pas accouché d’une souris mais d’un rat !
Le dialogue, parcellaire et partiel, pompeusement baptisé «dialogue politique national », vient de prendre fin au palais des congrès.
S’il faut saluer les vertus du dialogue et de la concertation, en soi, ces assises-là nous paraissent anachroniques au regard du contexte spécial, particulier dans lequel elles se sont tenues; contexte marqué et par la répression de manifestations pacifiques, ayant conduit à la mort tragique du jeune martyr Lamine Mangane le 17 septembre 2011 à Maghama, et par la fissure sociale doublée d’une crise de confiance des populations négro-mauritanienne vis-à-vis de l’Etat et du pouvoir qui l’incarne
A l’issue des résolutions de ces conciliabules entre l’Upr, ses partis satellites, et les résidus du Prds, quelques avancées timides comme la création d’une Ceni, les nouvelles modalités de désignation des membres du Conseil constitutionnel, le choix des maires, l’interdiction du vagabondage politique, la lutte contre cette flopée de partis cartables, tous points qui œuvrent à l’instauration de la démocratie.
Si ces points, mineurs, ont été abordés, l’on ne peut ne pas regretter, une fois de plus, que l’on soit passé à côté de l’essentiel; l’on a éludé les questions centrales!
Notre pays n´est pas comme les autres, il est spécifique; de par son caractère multiethnique et bi-racial, il ne saurait emprunter les voies classiques, sans crever l´abcès.
Or hier comme aujourd’hui, les questions cruciales de la cohabitation et de l’esclavage ont fait l’objet de réponses évasives. En effet, les acteurs du dialogue retiennent la diversité culturelle et le droit à la différence dans le préambule mais se refusent à la fois à proclamer l’officialisation des langues nationales qui les consacre et à prendre en charge l’identité négro-africaine et arabe, du pays qui la fonde ! Ils disent tout juste « refuser » l’esclavage, affichant ainsi un recul manifeste par rapport au passé.
Le choix , par chauvinisme et ethnicisme, de la seule langue arabe comme seule langue officielle dans un pays multi-culturel, ne peut plus continuer, sans danger.
Le régime du Président Mohamed Ould Abdel Aziz ne pouvait réussir son dialogue, pour avoir omis de poser certaines conditions préalables, indispensables à sa réussite.
C’est d’abord l’étape de l’apaisement du climat social qui passe par des gestes forts, cohérents et suivis, au lieu de ce pilotage à vue, ponctué de tâtonnements, d’avancées minimes qui alternent avec des reculades manifestes, que traduit une vision floue du cap. Alors que le pouvoir prétend vouloir régler le passif humanitaire, voilà qu’il fait tirer à balles réelles sur des manifestants pacifiques; il affirme vouloir rapatrier les refugiés mais nie toute existence aux 12.000 déportés au Mali. Enfin le président de la République se dit soucieux de l’unité nationale et de la réconciliation entre mauritaniens mais parallèlement démarre une opération d’enrôlement à caractère raciste qui suscite émoi et défiance chez les Négro- Mauritaniens.
Si le processus d’apaisement était sincère, il aurait associer à ce dialogue et la société civile et toute l´opposition interne et externe, qui sont parties prenantes pour toutes les questions d’intérêt national.
II aurait fallu, enfin, face à un chef d’Etat qui s’est rendu expert dans l’art de manœuvrer ses partenaires politiques, nécessairement rassurer sur les garanties de respect et de l‘applicabilité des décisions qui sortiraient du dialogue.
Bref, le fameux dialogue national n’aura pas accouché d’une souris mais d’un rat!
La lutte continue !
Stockholm le 29 octobre 2011
Le département de la communication