Daily Archives: 20/10/2011
Flamnet- rétro: Crise mauritanienne: quand feu Docteur Mourtoudo Diop dénoncait la badauderie avilissante de Kadhafi
Le trublion Kadhafi, président de la Libye et de l’Union Africaine vient d’enrichir son palmarès d’échecs dans la médiation de la crise mauritanienne. Il a fait avorter par son attitude ubuesque et partisane un nuage chargé d’espoir. C’est la communauté internationale qui lui avait recommandé d’engager un dialogue avec les protagonistes mauritaniens afin de trouver une solution consensuelle et inclusive à leur crise. Un tel rôle exige la sagesse, l’humilité, la pondération, la neutralité qui ne sied pas au versatile Guide de la révolution libyenne. Au lieu d’atténuer les contradictions, il les attisa, les aggrava. Il convoqua d’abord en Libye le HCE, le RFD, le FNDD y compris le président Sidi.
Le FNDD et la CFD ont magistralement escorté le Président de la République de Lemdène à Nouakchott. Plus de cent cinquante voitures furent ce trajet. Des milliers de personnes en liesse acclamaient le Président Sidi. Son domicile à Nouakchott fut envahi par une foule innombrable pintée de joie brandissant ses géantes photos en scandant des slogans. La même soirée, il rejoignit la Libye tonifié par ses militants.
Kadhafi annonça qu’il viendra diriger à Nouakchott la prière de l’Anniversaire du sceau des Prophètes, paix à sa mémoire. Il obligea le chef du HCE à couper ses relations diplomatiques avec Israël. Il rétablit les liens avec notre état, en contrepartie il apporta un appui encombrant et corrosif au programme électoral de la junte.
La Mauritanie lui prépara un accueil digne de son rang, tout en lorgnant à sa manne financière, qui lui permettra en un laps de temps d’amoindrir ses difficultés.
Kadhafi débarqua à Nouakchott avec tout son attirail. Il sortit de son avion en tenue traditionnelle, avec un air d’un joyeux vivant et même d’un viveur, pimpant comme la première pluie de l’hivernage.
Plus de mille cinq cent soldats l’accompagnèrent pour assurer sa sécurité. On y voyait aussi ses célèbres soldates dont quelques nègresses qui lui servaient de gardes de corps. Les tribus du Grand Sahara et celles des Touaregs assistèrent bruyamment à l’accueil, lui proclamèrent leur allégeance et créèrent une atmosphère festive où l’Empereur potentiel de la « Tribucratie » aime à se retrouver. Il donna rendez-vous au stade olympique, difficilement accessible à cause du contrôle rigoureux des soldats libyens.
Nous nous retrouvâmes difficilement dans ce lieu. Les protagonistes de la crise furent invités sous la tente du Guide. Les anciens présidents Moustapha Saleck, Haïdallah, Ely, s’assirent, près de lui ainsi que le « 1er Ministre » Laghdaf, le général Aziz, Messaoud et Ahmed Daddah.
Il livra un discours lyrique, enflammé qui n’a aucun rapport avec l’objet de sa visite. Une foule nombreuse y compris des animistes des autres pays de l’Afrique reconvertis à l’islam sont invités à ce spectacle inhabituel. Tous hurlaient de joie, criaient, sautillaient, dansaient.
Kadhafi communia avec cette masse en extase. Il riait, gesticulait, levait ses poings, jubilait de la réussite de son vœu caché qui n’est rien d’autre que ce festival et non de la solution de la crise. Nous priâmes avec lui ; mais sa prière que nous croyions salvatrice se révéla dévastatrice pour la réconciliation. Tout ce tintamarre n’était destiné qu’à batifoler et non à réconcilier.
Il provoqua la vacance du pouvoir et se comporta comme s’il était dans une région libyenne. Nos dirigeants azimutés se soumirent obséquieusement aux lubies du chef de la Libye, qui, au troisième jour de son séjour invita un monde sélectionné susceptible d’avaler sans rechigner ses déclarations à se rassembler au palais du congrès où des milliers de personnes se serrèrent comme des boîtes de sardines. Encore les anciens chefs d’état militaires s’assirent à côté de lui. Il prononça une déclaration sulfureuse contre la démocratie imposée à l’Afrique par l’Occident outrecuidant, affirma que la démocratie et les élections sont aux antipodes des valeurs de notre pays peuplé par des bédouins indolents incapables d’assimiler ces idéologies chimériques faites pour les diviser et les retarder.
Il venta son livre vert identique à celui du livre rouge de Mao Tsé-toung de la chine truffée de slogans destinés à endoctriner. Il s’est époumoné à travers un exercice époustouflant et un style pindarique à magnifier le modèle libyen, pays sans constitution, sans institutions, sans élections, sans syndicats doués d’une remarquable pugnacité, sans opposition politique interne, sans contrepouvoir pour tempérer l’absolutisme du Guide de la révolution, du moins de l’involution, qui règne depuis 40 ans sur son pays. Son modèle de gouvernement n’existe nulle part dans le monde. Il ne peut que faire l’éloge de l’autocratie et de la « Tribucratie » que nous mauritaniens réprouvons, combattons avec toutes nos forces.
Au lieu de réconcilier, il déversa ses diatribes sur une opposition médusée. Il magnifia le despotisme et proclama que la démocratie n’est pas adaptable en Afrique. Elle ne sert qu’à diviser et à quémander l’aide européenne qui étrangle le continent. Il déversa ses critiques sur le FNDD et demanda au peuple mauritanien d’adhérer au programme électoral du chef de la junte.
L’opposition vexée, se leva, sortit de la salle et annonça la rupture de la médiation avec Kadhafi l’homme aux réactions imprévisibles. Tomber dans cette badauderie avilissante est une honte pour nous qui avions confiance en lui et pour toute l’Afrique. Cette bassesse donne raison à ses détracteurs que nous ne cessions de combattre ici et ailleurs. Cette effronterie qui nous méprise est mal placée d’autant plus que la Mauritanie n’est pas la Libye et que la démocratie n’est pas une propriété occidentale.
Nous pouvons affirmer qu’elle est islamique, d’autant plus que, c’est l’islam qui a, pour la première fois de l’humanité, proclamé la république démocratique, tolérante avec les juifs et les chrétiens dont le Coran et la Sunna ont été la constitution de ses fidèles et la sève de ses diverses institutions.
Le Coran permit aussi aux juifs et aux chrétiens de se guider avec leurs livres révélés. Le sceau des prophètes a révolutionné l’humanité à travers une œuvre inimitable. Sa révolution anti-autocratique est la mère de toutes les révolutions.
La Libye est un pays riche dépendant des puissances nanties ! Elles seules profitent de toutes ses richesses et non les libyens et les autres damnés de la terre.
Actuellement, tous nos malheurs ne nous viennent pas de l’Occident. Ils proviennent principalement de l’aliénation, de l’incurie, de la bouffonnerie, de la soif du pouvoir, de l’avoir et de l’autocratie de nos présidents qui prennent leurs peuples pour des sujets taillables et corvéables à merci. Ce discours éculé de culpabilisation de l’Occident vise à masquer nos échecs. La Libye est plus riche que le Japon, la Chine, l’Inde et la plupart des pays du monde. Elle est moins peuplée qu’eux. Mais ils ont relevé le défit du développement par l’effort, l’organisation et le travail. Actuellement, ces pays asiatiques ont dépassé l’Europe et aspirent à rattraper l’Amérique. Sa médiation attrape-nigaud, n’a été qu’un ballon de baudruche.
Amar Ould Béja Rédacteur du Journal l’Authentique a qualifié Kadhafi de « médecin qui injecta du poison à son patient». Le zoïle Kadhafi offrit gracieusement 15milliards UM pour la construction d’un hôtel et 30 millions d’Euro pour les travaux d’une avenue qui porte son nom, alors que la pauvreté, la faim, la soif, le chômage et les maladies continuent de tourmenter la vie de nos concitoyens. Sa solidarité outrageante avec ses frères d’armes mauritaniens a créé un rapprochement entre le FNDD et le RFD principales forces d’opposition décidées à barrer la route au fascisme international. Cette nouvelle force compliquera l’action du HCE et accélérera les sanctions de la communauté internationale que le Guide Libyen cherche à éviter sans méditer sur les conséquences que son action irrationnelle peut provoquer. Tous les ingrédients d’une déstabilisation comme en Guinée Bissau et au Madagascar que nous ne souhaitons pas qu’elle se réédite chez nous sont réunis.
Le général coléreux clame haut et fort sa volonté de lutter contre la gabegie alors qu’il ne s’appuie que sur ces gabegistes ou requins notoires qui l’aident à légitimer son pouvoir. Ce sont ces mêmes flibustiers et forbans qui l’encadrent. Nous adhérons à son discours de dénonciation des pilleurs des deniers publics. Mais, pour crédibiliser son action, qu’il commence à inspecter la gestion de ses propres partisans, du BASEP, des états -majors des armées et des sécurités nationales et nous montrer leur droiture en matière de respect des biens publics.
Le pays est en ébullition, que le général assoiffé de pouvoir s’escrime à baisser la tension, à s’ouvrir à ses adversaires, à libérer les prisonniers, à cesser la répression contre la presse, à ouvrir les médias à l’opposition, à annuler les élections unilatérales qu’il prépare avec l’onction de Kadhafi qui ne vise qu’à embourber d’avantage le pays.
Le général doit comprendre que le terrain politique n’est pas une caserne militaire. Y évoluer demande un autre art que sa rigidité et son jusqu’auboutisme suicidaires.
Ainsi donc, l’échec de la médiation de Kadhafi peut bien être un succès pour nous de l’opposition d’une façon générale et du FNDD d’une façon particulière. De surcroît, l’accord entre le RFD et le FNDD peut constituer une synergie stimulante qui encouragera toutes les forces opposées au fascisme à œuvrer ensemble.
C’est l’unité qui fait notre force. Notre lutte a lézardé les murs du despotisme. Avançons sans arrêt, mais unis en proclamant comme Danton : « il faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace et la Mauritanie sera sauvée ».
Nouakchott, le 20 Mars 2009- DR MOURTOUDO DIOP DEKAALEM/RDNM
LE PRESIDENT
Flamnet-Agora: Les accords entre Majorité et Opposition. L’exégèse d’une affligeante et redondante banalité par Ba Bocar Oumar
C’est quand même fort de café ! Après avoir détourné le regard face à la révolte légitime d’une jeunesse qui pose les vraies questions, on voudrait nous présenter comme une révolution politique ce qui au fond, n’est rien d’autre qu’un banal accord élitiste consacrant la gestion et le partage du pouvoir, si ce n’est la sécurisation des carrières et des parcours politiques.
Il n’est pas question pour moi de contester les quelques avancées qu’on peut noter ici et là sur la gestion des processus électoraux compris dans cet accord. Mais au-delà d’un certain nombre de points très discutables sur le principe, comme l’interdiction des candidatures indépendantes, qui pour moi est une réduction de la liberté politique des citoyens et le renforcement du régime des partis (le grand défaut de la 4ème République en France), la question à se poser dans cet accord, c’est encore une fois celle de la hiérarchie des priorités. A-t-on dans cet accord, mis le focus sur les vrais problèmes qui tenaillent le pays ? Mis a part le timide rappel dans la constitution du caractère multiculturel de la Mauritanie, déjà présent dans la constitution de juillet 1991 de Ould TAYA, où est passé l’officialisation des autres langues nationales ; revendication qui fait écho à la vraie question de la reconnaissance de leurs locuteurs comme mauritaniens à part entière ? Dans cette période troublée, où le jeune Lamine Mangane a payé de sa vie la confusion volontairement entretenue sur la mauritanité des négro-africains, c’eut été un signe de bonne foi politique pour le pouvoir que de le réaffirmer, ou pour l’opposition que de le réclamer. Mais c’est vrai que dans un accord de type élitiste, au courage nul n’est tenu…Quant à la référence au rejet de l’esclavage dans la constitution, je ne vois vraiment pas quelle nouvelle ardeur elle apporte à l’abolitionnisme, là où la superposition des lois se heurte en permanence au mépris des autorités locales et à l’indifférence du pouvoir central.
On a donc là un accord entre l’opposition et le pouvoir qui, de mon de vue, se détourne expressément de la question essentielle de l’heure ; celle qu’on effleure prudemment dans le préambule du texte, sous le doux euphémisme d’« unité nationale ». Et ce, alors même qu’aujourd’hui comme hier, mais aujourd’hui plus qu’hier, ce qui menace dangereusement la stabilité du pays, voire sa survie, c’est précisément que certaines composantes de son peuple se sentent exclues de la pleine citoyenneté et de la promesse égalitariste de l’état républicain. Aujourd’hui plus qu’hier, une certaine jeunesse, débarrassée de la frilosité légendaire d’une certaine intelligentsia négro-africaine rompue aux arcanes de l’allégeance facile, a décidé qu’elle ne ferait pas faux bond à l’Histoire, dans ce rendez-vous de toute façon incontournable. Elle a décidé que la mauritanité, sempiternel alibi à l’exclusion, ne ferait pas plus recette que l’ivoirité, dont on sait malgré son échec, la teneur de la facture humanitaire et politique laissée aux ivoiriens.
Et la classe politique mauritanienne réunie en conclave voudrait nous convaincre que ce débat-là ne méritait pas de figurer au menu de leurs discussions. Que la place des langues nationales dans les média d’Etat n’est pas un sujet important pour eux. Que la reconnaissance et le renforcement d’ONGs de lutte contre le phénomène anachronique de l’esclavage ne fait pas débat, dans un pays où malgré tout on a pensé bon de graver dans le marbre constitutionnel le rejet de l’esclavage…Je pense que le problème de la Mauritanie ce n’est même pas qu’elle marche sur sa tête, c’est qu’elle marche tout simplement sans tête !
Bocar Oumar BA, Strasbourg (France) .
Dialogue politique: Un accord est enfin scellé
Le palais des congrès de Nouakchott vient d’abriter cette après-midi, la cérémonie de clôture du dialogue politique lancé, il y a un mois déjà, entre APP de Messaoud Ould Boulkheir, El Wiam de Boydiel Ould Houmeid, de Sawab et enfin du Hamam du Colonel Ould Lekhal, et la majorité présidentielle, une galaxie qui grouille autour du président Mohamed Ould Abdel Aziz. Après moult couacs et reports de signature officielle, les deux partis ont réussi à concocter un accord politique « historique consensuel». Et comme l’a dit quelqu’un la montagne n’a pas accouché d’une souris, mais plutôt d’un « bon accord ».
Comme lors de l’ouverture de ces pourparlers, Mohamed Ould Abdel Aziz, son gouvernement, les partis qui le soutiennent mais aussi les staffs des partis de l’opposition ayant pris part au dialogue ont tenu à marque de leur présence à cette cérémonie. Une cérémonie qui a permis de remarquer la présence de nombreuses figures du régime qualifié de « gabegique » de Ould Taya. Avec du vieux, le président autoproclamé des pauvres est en train de recycler presque l’ensemble des zombies du PRDS, militaires y compris.
Avant de revenir sur l’ensemble des points objets du présent accord, il importe de souligner que les deux partis se sont entendus sur les meilleurs moyens d’organiser et de gérer les élections afin d’éviter des contentieux électoraux qui font des vagues en Afrique. Dans ce souci, une CENI paritaire et indépendante sera créée. Elle aura la lourde charge de préparer et de proclamer les résultats, ce qui met out les services du ministère de l’intérieur qui n’auront qu’a s’occuper de l’aspect matériel du scrutin au niveau des circonscriptions administratives. Il est à noter l’âge des membres de la CENI ne doit pas être en deçà de 60 ans, ce qui n’ pas manqué de susciter une grogne dans la salle et un sourire presque gêné du président des pauvres ayant proclamé son souci de renouveler la classe politique et soutenant même la création d’un parti pour les jeunes.
Relativement à l’institution de l’opposition, les deux partis ont décidé de ne la confier qu’à un maire ou un député. Les résultats des élections présidentielles ne confèrent cette charge à un candidat. Ahmed Ould Daddah doit se préparer donc à libérer la place pour probablement, Messaoud Ould Boulkheir.
L’unité nationale a fait l’objet d’une attention particulière des deux parties qui ont réitéré la primauté de la langue arabe à côté de laquelle le Pular, le wolof et le Soninké trouveront leur place. Rien de nouveau ici, en tout cas. Contrairement quand même à l’ouverture du dialogue, les journalistes de ces langues ont été dépêchés au palais.
Par rapport au parlement, les deux parties ont décidé, comme cela circulait depuis peu dans la presse, d’augmenter le nombre des la décision d’augmenter le nombre de députés par rapport à certaines circonscriptions, particulièrement Nouakchott. Les femmes vont trouver plus de places. Cette décision aurait été plus judicieuse si elle avait été accompagnée par la suppression du sénat.
L’armée, « véritable problème de la Mauritanie » devrait désormais s’abstenir de s’immiscer dans la politique et donc ne plus fomenter des « rectifications». Comme le dit l’accord, les coups d’Etat militaires sont, à partir de cet accord désormais, « criminalisés.»
Certaines dispositions de cet vont conduire à la modification de certains préambules de la constitution.
Signalons que la lecture des versets du Coran a été confiée à un Hartani, ce qui n’ pas manqué d’attirer l’attention d’un confrère. « Ca c’est vraiment de la politique» s’est-il exclamé.
Enfin, les deux parties ont décidé et c’est là la quadrature du cercle, la mise en place d’un comité de mise en œuvre des cet accord. Espérons tout simplement que ce comité ne ressemblera pas à celui des accords de Dakar qui semble avoir failli à sa mission.
LE CALAME