Nous sommes tous des Lamine Mangane par Bocar Daha KANE
Aujourd’hui une mère et ses enfants pleurent à Maghama. Ils pleurent leur fils, frère, que la République a arraché. Ils pleurent, leur mari, père, que cette même République a blessé. Le fils, le frère, ne voulait que prouver son attachement à cette République, hélas ! les balles des autorités ont mis fin tragiquement à ses doutes et espoirs. Peu importe les raisons de ses inquiétudes, peu importe les motivations de son bourreau, cette mort de Lamine est inacceptable. Rien ne justifie cette barbarie qui pousse ceux qui se disent nos hommes de loi à tirer à bout portant et à balle réelle sur nos enfants, nos frères, nos amis…
Aujourd’hui, je pleure mon frère, non pas qu’il était noir et qu’il vivait à Maghama et qu’il parlait pular. Je le pleure, nous le pleurons, parce que Lamine était jeune et Lamine était citoyen de cette République…nous le pleurons parce que l’ Etat aurait dû garantir sa vie…Nous le pleurons parce que tout simplement nous ne pouvons admettre que l’un de nous soit assassiné par ces apocryphes forces de sécurité.
J’accuse, nous accusons, l’Etat mauritanien d’être seul responsable de l’assassinat de Lamine par le biais de ses sbires. La mort de ce jeune homme n’est pas une bavure, c’est un assassinat. Avons-nous besoin d’avoir de balles réelles et de tirer à bout portant sur des manifestants ? Même la guerre à ses codes d’honneur ! Honte à ces hommes sans honneur. Ils osent parler de la République !! Une armée républicaine c’est cela qui protège les citoyens et leurs biens. Une armée républicaine, c’est cela, qui ose mettre fin aux fastes du faux seigneur. Une armée républicaine a cette déontologie qu’elle honore à tous temps, à toutes épreuves, à tous lieux….
L’Etat persiste et signe que les craintes ne se justifient pas, et s’adonne à sa fameuse « verve » de manipulation, de complot……Ce qui est certain, hier, Kaédi la meurtrie était privée d’eaux et d’électricité, sa jeunesse battue et brimée….aujourd’hui Maghama enterre son fils, panse ses blessés……le Gorgol demande pourquoi payer un tel tribut ? Comme l’écrivait Tokara Deendi : Mon dieu que les symboles peuvent être parlant !
Bocar Daha KANE-Bordeaux- France.