Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: April 2011

Libération des déténus de la coordination des jeunes du 25 février

alt La police mauritanienne a libéré l’aube du 27 avril les détenus arrêtés le 25 avril à l’issue d’une manifestation organisée par la Coordination de la jeunesse du 25 février. La «Coordination» avait indiqué le 26 avril que la police avait relâché plusieurs manifestants interpellés tout en refusant de libérer un groupe comprenant : Cheikh Ould Jiddou, Mohamed Zeine Ould Cheikh Saadbouh, Tah Ould Hbib, Naji Ould Abdellahi, Mohamed Abdellahi Ould Mohamed Tfeil et Haidara Ould Mohamed Lehbib. Ce sont ces derniers qui ont donc  été finalement libérés après deux sit-in organisés par leurs sympathisants. Le premier a été tenu au milieu de la matinée du 26 avril devant les locaux de la direction régionale de la police à Nouakchott et le second à « la place de mai » non loin du commissariat de Tevragh Zeina 1,  la soirée de la même journée et  auquel des parlementaires de l’opposition et des activistes ont participé.

A l’intérieur du pays, à Zouerate précisément, la police a également libéré les employés non permanents de la SNIM interpellés le 26 avril lors d’une violente manifestation qui s’est produite dans cette cité minière de la Mauritanie. Comme on le voit, les autorités alternent la carotte au bâton.

 

TAHALIL-HEBDO

Côte d`Ivoire: Ouattara prévoit sa cérémonie d`investiture le 21 mai

altLe président ivoirien Alassane Ouattara prévoit de tenir sa cérémonie d`investiture “normalement le 21 mai” et envisage de créer “d`ici deux semaines” une commission Vérité et Réconciliation à la sud-africaine, a-t-il déclaré au quotidien français La Croix. “Je vais créer d`ici deux semaines une commission Vérité et Réconciliation à l`image de ce qui a été fait en Afrique du Sud”, a-t-il dit dans un entretien au quotidien, à paraître jeudi. “La semaine prochaine, je reçois l`ancien secrétaire général de l`ONU, Kofi Annan, et Desmond Tutu (prix Nobel de la paix sud-africain) pour en discuter ensemble. J`ai déjà choisi son président, il a accepté. Mais il est trop tôt pour dire son nom. Ce sera un laïc accompagné par deux religieux: un chrétien et un musulman”, a-t-il ajouté.
Concernant la cérémonie d`investiture présidentielle prévue “normalement le 21 mai”, il a indiqué que “plusieurs chefs d`État sont invités, dont le pape Benoît XVI”. “Outre la commission Vérité et Réconciliation, axe fort de ma présidence, la deuxième sera la nomination d`un gouvernement d`union nationale, avant fin mai”, a poursuivi le président ivoirien, au pouvoir depuis le chute de son rival Laurent Gbagbo, le 11 avril.

“Y figureront des ministres issus du FPI (le parti de Laurent Gbagbo), à la condition qu`ils me reconnaissent comme président, ce qui n`est pas encore le cas”, a-t-il précisé. “Nous n`avons pas vécu à proprement parler une guerre civile, même si selon mes informations, la crise a fait près de 3.000 morts. Depuis le 2 avril, nous avons ramassé 900 cadavres dans les rues. Une guerre civile aurait coûté des centaines de milliers de vies”, a-t-il par ailleurs estimé.

AFP 

Briser les tabous

altLa Mauritanie est un pays fragile. Elle traîne avec elle son lot de ses contradictions aggravées par des dissensions politiques et communautaires mal réglées.Les différents pouvoirs qui sont passés n’ont pas eu le courage de recoudre cette fêlure profonde.D’autres l’ont au contraire creusé davantage. Il est temps de crever l’abcès.Accepter de voir la réalité en face et régler toutes les questions qui font obstacle, tous les sujets qui fâchent.En réalité rien ne doit être tabou si on veut vider les complexes. Lever les préjugés. Cela passe par une volonté de bâtir ensemble une nation débarrassée des archaïsmes tribaux et des replis identitaires. Un peuple ne pourrait vivre en paix que lorsque ses hommes politiques, ses représentants spirituels, ses intellectuels acceptent d’échanger, de réfléchir et de chercher des solutions adaptées à un modus vivendi. Nous avons besoin tous d’une Mauritanie où chacun vit pleinement son identité tout en respectant celle des autres. Nous avons plus que jamais besoin de nous découvrir en brisant le mur qui nous sépare. La base de cette volonté est d’abord politique, sociale ensuite et enfin individuelle. Mais c’est dans l’application d’une justice pour tous dans tous les domaines que cette Mauritanie plurielle deviendra une réalité. Les expériences du passé doivent servir de leçon pour ne pas replonger ce pays dans le spectre de la confrontation. Le temps de la recherche des solutions s’impose chaque jour pour qu’ensemble on ne rate pas une énième occasion de nous débarrasser du discours complaisant du genre « tout va, pas de problèmes ». Le mal est dans le refus de se parler …

Amadou Diaara-LE RÉNOVATEUR.

A chaque pouvoir ses peines

altL’instabilité politique du pouvoir mauritanien a été depuis le premier changement intervenu dans le pays, l’œuvre de l’institution militaire.Il est vrai que les mouvements clandestins ont au fil des situations, ébranlé les régimes en place sans pour autant faire tomber les systèmes venus par la force et qui en usent pour se maintenir.Chaque pouvoir, en un certain moment de son parcours, fut secoué par des mouvements de contestations qui ont émaillé la vie politique.Le règne de feu Moktar Ould Daddah fut marqué par des agitations  politiques, syndicales et scolaires et par des heurts à caractère ethnique. L’unité nationale fut sérieusement mise à rude épreuve durant les événements de 1966. Des groupuscules actifs et structurés ont joué un rôle important dans certaines prises de décisions engageant le destin national du pays. Le premier pouvoir tentait à chaque fois de trouver des formes de collaboration avec les activistes politiques de tous bords. Le plus souvent la carte de l’apaisement aboutit à l’attribution de rentes politiques destinées à calmer les frondeurs. C’est à ce prix que des troubles- fêtes ont été nommés à des postes de responsabilité qui permettaient de rabattre le caquet à ces agitateurs- chasseurs de postes. L’histoire de l’opportunisme politique en Mauritanie a commencé durant ces périodes pour se poursuivre à nos jours. C’était l’ascenseur politique utilisé par ceux qui voulaient accéder aux privilèges. La prison était pour les opposants un moyen de se forger une personnalité qui se négociait à prendre fort. Cette méthode a été presque utilisée par les différents pouvoirs politiques du pays. C’est le cas avec le règne de Haidalla il est vrai intransigeant à l’égard de certains groupes nationalistes notamment hostiles à l’unité nationale. En revanche Khouna Ould Haidalla s’est rapproché des activistes modérés du militantisme clandestin et des frères musulmans. Le règne de cet homme ne fut pas du tout repos car il était la cible de mouvements panarabistes qui voulaient l’écarter par tous les moyens. Les prisons se remplissaient à la moindre tempête politique. Ould Haidalla a composé avec les opposants dont les idées correspondaient à la vision qu’il voulait donner à l’unité nationale et à la bonne cohabitation entre ses fils. C’est avec lui que fut créé l’institut des langues nationales, que des pratiques comme l’esclavage furent abolies, que la Charia islamique fut appliquée et que la lutte contre la corruption et contre la promotion par la tribu ont été menées. Mais son système a été plutôt catapulté par un autre colonel dont le règne enfanta les plus graves tragédies que la Mauritanie ait connues. Apolitique et taciturne, Ould Taya se distinguera en quelques années par une adaptation politique qui lui permit de dompter les forces contestatrices par la carotte mais surtout par le bâton. Les opposants à son régime en savent quelque chose. C’est un euphémisme que de dire que cet homme fut un tyran. Mais il n’en pas moins vrai de reconnaître en lui des traits de caractère d’un stratège qui a su asseoir un pouvoir qui s’est doté d’une machine politique lui ayant permis d’instaurer une démocratie de façade. Sa chute allait permettre de donner un nouveau décollage à la Mauritanie. Un départ qui a connu des ratés avec le putsch contre la démocratie et les nouvelles vagues de contestations qui se forment depuis plusieurs semaines contre le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz. A suivre …

Cheikh Tidiane Dia – LE RÉNOVATEUR

FLAMNET-RÉTRO: Le président des FLAM parle dans un entretien exclusif avec Nouakchott-Info

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Samba Thiam est le président des Forces de Libération Africaines de Mauritanie (FLAM). Né en 1949 à Sélibaby (Sud de la Mauritanie),inspecteur de l’enseignement de formation et ancien formateur à l’Ecole Normale des Instituteurs (ENI), Samba Thiam est membre fondateur des FLAM en mars 1983. Il fut arrêté en septembre 1986 , après la publication du « Manifeste du Négro-mauritanien Opprimé »,jugé et condamné à cinq ans d’emprisonnement ferme et envoyé au bagne de WALATA. Il séjourna dans cette prison avec d’autres hauts cadres Négro-mauritaniens, dont le grand poète Feu Téne Youssouf Guèye (mort dans le bagne). A sa sortie de prison, il rejoint ses amis au Sénégal .Il fut élu à la tête des FLAM lors du troisième congrès, et depuis lors il dirige l’organisation. Il vit actuellement en exil à New York . Nouakchott Info l’a rencontré et a bien voulu répondre à nos questions. Dans cet entretien exclusif ( première interview avec un journal mauritanien, selon Kaaw Touré), le Président Samba Thiam parle du dernier congrès des FLAM, de l’Autonomie, de sa vision de la Mauritanie,de l’Islam, de la visite de Joseph le baron chez les réfugiés,de la transition et des conditions de retour.
Entretien…..



NOUAKCHOTT-INFO : Monsieur le Président,votre congrès organisé fin décembre 2005 aux Etats-Unis,a discuté un certain nombres de questions,dont celle de l’autonomie. Pouvez-vous nous édifier sur les grandes orientations ayant sanctionné ce rendez-vous et le contenu du nouveau concept de l’autonomie ?

LE PRESIDENT DES FLAM :  Nous sommes sortis de notre 6ème congrès national déterminés et solidaires dans notre commune volonté de poursuivre le juste combat que nous avons engagé contre la discrimination et l’injustice. C’est ainsi que des décisions majeures ont été prises notamment aux fins d’impulser davantage la lutte, et de faire plus de place aux jeunes et aux femmes dans les organes de direction. Mais la grande décision reste évidemment la réaffirmation déterminée de l’Autonomie. Une autonomie qui permettrait que les communautés prennent en main la gestion de leur terroir , et modèlent leurs propres institutions tout en préservant le lien unitaire .Vous en aurez les détails dans une Charte à venir , en finition .

Mais encore une fois, il faudra situer cette option fondamentale dans le cadre d’une démarche visant à rechercher les solutions à notre épineux problème de cohabitation .En effet, lorsqu’on a mis à l’épreuve, pendant 45 ans, un schéma qui n’a pas fonctionné- et c’est là un euphémisme-, il faut se tourner vers d’autres solutions , essayer autre chose. Le bon sens le commande .

Je ne comprends pas , par ailleurs , que ce concept d’autonomie draine une inquiétude , injustifiée à mes yeux , auprès de certains , car la connotation ou le risque de séparation est bien plus élevé avec le statu quo actuel ; ou encore avec le fédéralisme .
J’ajoute , par ailleurs , que nous savons tous que la Mauritanie est un pays superflu , créé pour des raisons de géopolitique du colonialisme Français .

Il nous appartient dès lors , à nous classe politique éclairée, de faire en sorte qu’il devienne une nécessité , par une volonté de vivre en commun affirmée et traduite dans les faits , mais dans l’égalité et le respect mutuel .

Voilà pourquoi nous ne saurions nous accommoder davantage de cette position… inconfortable entre deux chaises: refuser de construire ce pays sur des bases justes , et continuer de s’opposer , en même temps , à toute perspective de séparation . C’est impossible et cela ne peut plus continuer . Il faut choisir.


NOUAKCHOTT-INFO :Sur quels critères aviez-vous choisi les Etats-Unis pour le congrès et que diriez-vous à ceux qui parlent du mauvais choix au détriment de l’Afrique ou l’Europe,arguant que c’est une « traduction de la volonté d’un groupe de privilégiés, coupé des réalités des réfugiés et de la Mauritanie post-Taya et qui prend en otage les FLAM» ?

LE PRESIDENT DES FLAM :  D’où prenez -vous ça ?Qui prend en otage qui ? Des flamistes qui prennent en otage d’autres flamistes est tout simplement un non sens . Non ! les choses se sont passées de la manière la plus démocratique possible , croyez moi .

La vérité est tout autre. Le choix des USA a été tout simplement déterminé , en réalité par deux critères : celui de la sécurité et celui du coût . Tout le monde garde encore en mémoire la nature des relations entre Ould Taya et Wade . Le contexte était tel qu’il aurait été, pour nous, suicidaire de tenir nos assises en Afrique .

Le critère de sécurité excluant l’Afrique étant réglé ,il restait le choix entre l’Europe et les USA. Et là l’argument du coût a départagé. Plus des 3/4 des membres de notre Bureau Exécutif National et de notre Conseil National résidant aux Etats-Unis, il apparaissait , manifestement , plus économique pour nous de faire transporter la minorité en Europe vers les USA que procéder à l’inverse . voilà tout .

Il n’y avait , contrairement à certaines rumeurs, aucun calcul politicien ou de positionnement. La lutte pour la conservation du « pouvoir » est une fiction car il n’y avait pas de candidat provenant des Etats -unis ! Un jour, peut-être un coin du voile se lèvera qui éclairera davantage certains dessous de ce Congrès historique .

Prétendre enfin que nous sommes coupés de la réalité des camps, c’est méconnaître à la fois et nos capacités et la nature de nos rapports avec les réfugiés . Sans les Flam, il y a longtemps que les réfugiés seraient rentrés clandestinement du fait des poussées et des manoeuvres répétées de groupes de tous bords . Pour la réalité interne également vous vous trompez complètement à notre sujet .


N.I : Le Manifeste du négro-mauritanien opprimé publié par les Forces de Libération des Africains de Mauritanie(FLAM) en 1986 ,décrivait la situation dans notre pays ,comme comparable à celle de l’Apartheid en Afrique du Sud. Des blancs(Beïdanes),opprimant la composante noire de la Mauritanie. Cette description est-elle liée à la période d’un pouvoir donné et ses pratiques ou bien représenterait-elle votre vision permanente et stratégique des relations entre les communautés chez nous ?

LE PRESIDENT DES FLAM :  Je pense que vous caricaturez un peu la description de l’apartheid en Afrique du Sud de l’époque. Et je ne crois pas non plus que les Flam l’aient posé de manière aussi simpliste. C’est connu , en Afrique du Sud tous les blancs n’adhéraient pas à l’apartheid. Mieux certains s’y opposèrent et d’autres le combattirent farouchement . Poser, par analogie , que tous les Bidhanes opprimaient la composante noire serait méconnaître et l’histoire du peuplement et le type de relations complexes , tantôt conflictuelles et tantôt conviviales qu’entretenaient certaines tribus avec des provinces du Fuuta et du Waalo, chose que je ne puis , malheureusement , étoffer ici pour des raisons d’espace . Mais de ce type de relations, l’inconscient collectif Négro-africain retient plutôt la dimension conflits et heurts , comme le rappelait Hindou mint Ainina dans son article « L’unité en question ».

Ce que par contre nous mettions en exergue et dénoncions c’était les politiques . Entre l’Afrique du Sud et la Mauritanie il y avait , quelque part , similarité. Le résultat de la politique menée ici et là restait identique au plan de la finalité qui était d’exclure, de dominer les Noirs .

Ici cette politique était codifiée, baptisée , là elle est non inscrite mais existe de facto. Dans les deux cas Blancs et Arabo-berbères bénéficiaient , consciemment ou inconsciemment , des retombées du Système . Bien sur que l’usage de la terminologie « Apartheid mauritanien » était , quelque part , provocatrice à dessein , et répondait à des soucis de propagande , pour un slogan fort. Mais c’était de bonne guerre !


N.I : Comme vous le savez,l’Islam a toujours joué jusqu’à nos jours un rôle central dans l’unité de notre pays,mais en suivant les écrits et les déclarations de certains de vos cadres,comme Ibrahima Sall, l’on ne peut que se poser des questions sur la place de notre religion commune dans vos programmes. La « négrité » d’un Samba Gualadiegui,prime t-elle pour vous sur l’islamité d’un Souleymane Ball ? Et que représente pour vous l’oeuvre d’hommes ,comme Elhaj Omar Tall ?

LE PRESIDENT DES FLAM :  Votre question appelle trois remarques . La première,je n’ai jamais entendu ou lu des propos désobligeants vis- à -vis de l’Islam émanant du camarade Ibrahima Sall. Nulle part .
En second lieu, il est utile que vous sachiez que les propos de M. sall -homme de conviction , mais simple militant de base- n’impulsaient, ni ne déterminaient la ligne ou les positions de notre Organisation .

Cela dit, je dois vous apprendre que l’Islam n’a pas constitué , dans la naissance des Flam ,le creuset de rencontre . Au sein des Flam, nous comptons des musulmans fervents comme des athées irréductibles , des communistes , des nationalistes et des Chrétiens . C’est pour dire qu’ici l’Islam n’est pas l’élément fédérateur qui réside plutôt ,pour nous,dans cette volonté farouchement partagée de rendre au Noir mauritanien sa dignité , bafouée , et sa citoyenneté ,déniée .
Enfin, je ne comprends pas que souvent , on ne convoque l’Islam que lorsque l’Unité est menacée ou l’Arabité remise en cause . Si historiquement l’Islam a servi de ciment et de creuset de rencontres des peuples de la sous -région et en Mauritanie en particulier , dans la naissance et le rayonnement de certains mouvements religieux, ce n’est plus le cas aujourd’hui , car je ne retrouve plus ces musulmans d’antan. Je perçois l’Islam comme une croyance fondée sur la droiture , l’honnêteté , l’amour du prochain. Or ce que j’observe autour de moi c’est la roublardise , l’indifférence au malheur du voisin , une mentalité enfin , pour laquelle , l’honnêteté est perçue comme un délit ou est synonyme de marginalité . Alors une République islamique c’est peut-être bien , mais où sont les musulmans ?

Enfin cessons de faire l’amalgame entre Islamité et Arabité ; l’une réfère un message divin et l’autre renvoie à une culture.. Par rapport à Samba Gueladjegui et à Souleymane Ball , je crains que nous n’ayons pas la même lecture sur le sens de la symbolique que vous leur prêtez .

Si Samba Gueladjegui reste d’un courage légendaire , il incarne aussi et surtout , à mes yeux , cette soif négative du pouvoir pouvant conduire jusqu’à la lutte fratricide . Souleymane Ball représente ,à mon avis , plus le symbole du nationalisme résistant du Fuuta, qu’autre chose. Quant à Elhadj Omar , son oeuvre spirituelle demeure un legs de portée internationale .

Mais si on pouvait rattraper le temps , le petit- fils aurait aimé dire au vénérable grand–père – il parait qu’il est un de mes lointains grand-pères par la lignée maternelle- qu’il aurait mieux fait de tourner ses armes contre le colonialisme Français à nos portes, plutôt que vers l’esprit vaillant et chaleureux des Bambaras. C’est donc pour dire que je ne partageais pas tout à fait le caractère conquérant de l’Islam de Cheikh Oumar. En l’Islam, j’ai toujours perçu la conciliation plutôt que la colère , la compréhension plutôt que la contrainte .


N.I : Votre organisation connaît ces jours des dissidences et des exclusions au niveau de la direction. Quelle réaction vous inspire ces événements, qui, pour certains observateurs représenteraient le début de l’installation des FLAM dans un cycle d’instabilité aux contours indéterminés ?

LE PRESIDENT DES FLAM :  Cette question appelle trois remarques :
La première ,c’est qu’il n y a là rien de dramatique , car bien souvent les crises et les secousses ,et même les ruptures, se situent dans le cours normal et naturel des Organisations en lutte . Elles sont parfois utiles , voire souhaitables pour permettre des bons qualitatifs .

En second lieu , vous ne devez pas perdre de vue que depuis toujours le pouvoir travaille à nous diviser , et c’est de bonne guerre .Nous l’avions toujours fait échouer ,cette fois il a réussi . On ne gagne pas toujours toutes les batailles ; c’est aussi simple que ça !

Mais un jour le voile se lèvera , là aussi , sur les vraies motivations de ce groupe ultra-minoritaire . A chaud , ici et maintenant , tout ce que je dirai pourrait être interprété comme un dénigrement . Une chose est sûre , ils voulaient rentrer . La voie est ouverte et nous leur souhaitons bonne chance et beaucoup de courage .


N.I : L’ambassadeur des Etats-Unis à Nouakchott Mr. Joseph Le baron,vient d’effectuer une visite dans les camps des réfugiés mauritaniens au Sénégal,un déplacement qui a eu,selon nos sources,l’aval des autorités mauritaniennes. Vous a-t-il transmis un message de Nouakchott et comment évaluez-vous les résultats de cette mission plus politique qu’humanitaire ?

LE PRESIDENT DES FLAM :  Non , nous ne sommes pas en relation avec Monsieur l’Ambassadeur. Nous sommes plutôt tournés vers la maison blanche . Cela dit, la mission du diplomate peut être perçue comme un regain d’intérêt pour le dossier des réfugiés . Il faut espérer qu’elle ne s’inscrive pas dans le sillage de celle de Mme Sampas , parce qu’alors nous la ferions échouer , comme nous l’avions toujours fait quand les intérêts des réfugiés étaient menacés .


N.I : La visite de l’ambassadeur américain,conjuguée aux efforts de plusieurs formations politiques nationales -ayant une approche opposée à la votre sur les réfugiés- , l’action de lobbyistes et la volonté du gouvernement sénégalais de trouver une solution urgente à ce dossier , ne risquent-elles pas d’affaiblir votre position et partant hériter d’un fauteuil inconfortable au tour de la table d’un probable règlement de la question avant la fin de la transition ?

LE PRESIDENT DES FLAM :  Que des formations politiques nationales fussent opposées à notre démarche , c’est vous qui me l’apprenez ! En ce qui nous concerne, notre position a toujours été et demeure pour un règlement correct de cette question des déportés , c’est -à -dire par leur retour organisé , leur réhabilitation dans tous leurs droits légitimes .

Si des formations s’opposent à une telle démarche , il appartiendra aux réfugiés d’en tirer toutes les conséquences.

Maintenant l’hypothèse que vous faites me semble mauvaise car elle ne saurait se présenter . Nous serons à la table de négociation lorsque nous aurons l’assurance que les droits essentiels des réfugiés seront pris en compte, sinon nous n’y serons pas . C’est clair .


N.I : Quel bilan faites-vous de la transition mauritanienne après six mois ?

LE PRESIDENT DES FLAM :  Confusion , hésitation , atermoiements qui conduisent à des demi mesures et aux ratés observés .Tout cela donne l’impression que le CMJD , sous la pression tribale et des milieux mafieux , se cherche encore un difficile équilibre .
Et c’est dommage , car ils sont entrain de rater le coche . C’était une occasion , en or, donnée à Ely de se rattraper , et de fort belle manière . Mais hélas !


N.I :Votre mouvement est le seul groupe qui n’a pas encore pris une décision relative au retour en Mauritanie. Une position qui pousse certains observateurs à se poser des questions sur le pourquoi de cette particularité dans le jeu politique mauritanien. Avez-vous des conditions minimales pour la réalisation de ce retour ou est-ce seulement la peur du jeu démocratique, comme le notent des observateurs intéressés,qui vous pousse à tergiverser ?

LE PRESIDENT DES FLAM :  Oui, nous avons des conditions . Nous avons besoin d’être rassurés qu’une volonté existe de rompre avec le passé et de prendre en charge les problèmes de fond , en particulier la question de Cohabitation . Ces problèmes devant être répertoriés dans une plate- forme , publiquement et officiellement annoncée .
Nous avions du reste proposé un schéma en trois phases à l’époque , et qui reste toujours applicable . Il s’agira de décrisper le climat social par un train de mesures destinées à apaiser les coeurs et les esprits , en premier lieu . Il faudra ensuite débattre de la question de cohabitation et de l’esclavage , et enfin seulement passer aux élections .

L’Organisation des Etats généraux de l’Education , de l’Economie , de l’Administration et de la justice , de l’Armée pourrait se faire avant ou après ces élections . C’est selon .

Peur du jeu démocratique ? je dirai oui , peur de la « démocratie mauritanienne >> ; au vu des conditions actuelles de notre dépossession totale , dans ce contexte du racisme structurel de l’Etat , où le contrôle de la réalité du pouvoir reste aux mains d’une seule ethnie , il est évident que cette démocratie n’offre pas des chances égales pour tous. Les victimes du déni de citoyenneté ne sauraient être au même niveau que les citoyens à part entière.

Voilà pourquoi nous pensons que dans ce nouvel attelage nous avons mis la charrue avant les boeufs ;les élections devront suivre et non précéder le règlement de ces questions de fond . Les élections ,ça n’est pas la priorité ! Notre démocratie se traduira toujours par un vrai faux jeu démocratique tant que la question de cohabitation et de l’esclavage n’aura pas été résolue .

Lorsque les conditions actuelles auront changé ou qu’elles seront devenues un peu plus équilibrées , alors vous verrez de quoi nous sommes capables !


N.I :Lesquels des partis politiques dirigés par des négro-mauritaniens(PLEJ ; AJD) est le plus proche à votre mouvement ?

LE PRESIDENT DES FLAM :  Question bien vicieuse, n’est-ce pas ? Pour parler franc je me sens à égale distance des deux. Je communique avec les deux comme je le fais , du reste , avec d’autres à l’intérieur .


N.I : A quand le voyage pour Nouakchott du Président Samba Thiam ?

LE PRESIDENT DES FLAM :  Mon retour se fera quand certaines conditions seront réunies . J’ai , comme beaucoup de mes camarades, le mal du pays .On ne remplace pas son pays en changeant de nationalité , du moins ce ne sera pas mon choix . Croyez- moi l’exil, ça n’est pas pour un patriote , et l’exil doré relève du fantasme . Mais si la nécessité du combat pour notre dignité y oblige encore . Je serai prêt à rester encore 20 ans . Mais , pour être juste , l’exil offre aussi d’immenses possibilités pour la lutte dans le long terme , et notre lutte risque d’être longue.

Nous avons des ambitions pour ce pays . Nous demeurons optimistes quant à ses immenses possibilités . Il suffira de vouloir . Il suffira de quelques hommes intègres et propres , détachés, peu assoiffés de pouvoir , des hommes sérieux , rigoureux et sensibles à l’ordre pour faire de notre pays un Eldorado sous-régional. Trois millions de mauritaniens , avouez que c’est loin de la surpopulation , au regard de nos immenses ressources et de nos potentialités . Tout le monde devrait normalement pouvoir être à l’aise , les rancoeurs et frustrations disparues.
 


Propos recueillis par Cheikhna Ould Nenni… .
NOUAKCHOTT-INFO -Numéro 929 du 17 Février 2005
http://flamnet.fr.fm/
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