Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 12/11/2015

Les harratines, et le combat qui rassure, le meilleur dans l’ombre c’est le repos.

 Les harratines, et le combat qui rassure, le meilleur dans l’ombre c’est le repos.

Comme l’écrivait  l’éminent journaliste Wely Cheikh Bouye  dans sa contribution (L’impossible oubli des harratines, le meilleur dans le soleil c’est l’ombre) : « S’il est une composante sur laquelle repose aujourd’hui tout l’équilibre de la Mauritanie, c’est sans aucun doute la composante des «harratines” sous l’ombre de laquelle reposera enfin la réconciliation d’un peuple en mal de justice, d’harmonie, de stabilité et, tout en proie aux terribles maux de la stratification et des castes d’une époque bien révolue ».

Oui, tout en me  souscrivant entièrement à ces propos dont la véracité et la pertinence m’ont littéralement foudroyé, j’y ajoute  aussi que le meilleur dans l’ombre c’est le repos manquant  cruellement à cette communauté laborieuse et travailleuse.  Sombrant dans les abîmes et les forces des ténèbres avec ses dockers, maçons , charbonniers, charretiers , blanchisseurs, bouchers, miniers, marchants ambulants, vendeuses de légumes, de tabac et brasseuses  de couscous  ; mais surtout avec ses soldats et hommes de troupes ,  doigt sur la gâchette œil rivé vers l’horizon   là-bas aux frontières   veillant jalousement sur l’intégrité et la souveraineté  du pays.  Malgré sa situation de calvaire, ceci  ne la point poussé à l’excès, car  pour elle s’est la Mauritanie d’abord, puisqu’ une déflagration de celle-ci, dieu nous en préserve explosera cette espèce de poudrière sur la quelle nous sommes assis; et dont  les harratine par manque d’arrière- territoire en seront les premiers perdants.

  Bref, cette Mauritanie,  qui de  par sa position géographique l’exposant à des  péjorations climatiques récurrentes,  se situe dans une zone géopolitique de turbulence,  où les annonces  des intentions d’expansion de part et d’autre se font de plus en plus audibles. Elle  est  devenue par conséquence un lieu de convergence et de divergence d’où sa fragilité menaçante  que, seule la sagesse sauvegarde et garantie l’existence, surtout en ces moments ci où la haine intercommunautaire est grandissante et où les communautés se regardent  en chien de faïence du fait des tensions ethniques de plus en plus  perceptibles.

 Pourvue que le détenteur du pouvoir réel ayant  le  rapport de force de circonstance favorable   le comprenne et  agit pour la détente, à l’image du parti nationaliste sud africains composé de blancs afrikaners , qui dés 1989 avait compris la gravité de la situation ;  engageant de surcroît des mesures révolutionnaires d’apaisements qui ont abouti à l’élection de Nelson Mandela dit Madiba comme président et Frédéric Declerk comme vice président.

En  effet,  la première entorse à la dignité des harratines qui ont vécu plus 7 siècles  d’esclavage, est que dés l’indépendance le pouvoir d’alors constitué de notabilités arabo berbères et négro-africaines s’empressait  consciemment ou inconsciemment à poser les jalons d’un système inégalitaire qui allait occulter du  débat  public national  la question des esclaves et des anciens esclaves. Pire les fondateurs  s’appuyèrent  sur des alliances suspectes et douteuses avec les chefferies traditionnelles non abolitionnistes pour se faire accepter en contre partie ils fermèrent les yeux sur l’esclavage et  l’exploitation harratine,  bien que  le modèle républicain adopté depuis l’indépendance  garantissait à tous les citoyens la jouissance de leurs droits civiques.

Résultat, cette communauté ployant  depuis toujours et maintenue sous le poids d’un mépris social multiséculaire, d’asservissement, d’ignorance,  et de pauvreté ; elle est restée politiquement faible et désorganisée ; empêchée  d’avoir un pouvoir politique inhérent à son poids démographique que quiconque sait majoritaire.  Une telle  atteinte à sa dignité  ne la guère  amené à opter pour la vindicte  quant on sait souvent, que la réaction normale de l’opprimé quand la charge hideuse de l’oppresseur  l’écrase s’est la vengeance ; surtout si l’abus  remonte depuis l’aube des temps ; plutôt elle s’est  déployée avec âme et corps dans la Chamame, Awker, Aftout et Avele ; dans les ports, sur les Quais, dans les palmerais,  les champs  à servir loyalement le pays. 

Voilà la vraie sagesse que même les apôtres du non violence (Luther King et Gandhi), auront des  difficultés   d’incarner. 

Oui, le pas vers la liberté est franchis, et il demeure irréversible; car le désir insatiable de celle-ci est un fait providentiel, qui se raffermit et se perfectionne par la volonté divine,   qui finit toujours   par s’imposer même aux injustices les plus robustes. 

Au terme de ces propos, j’en appelle aux hommes vertueux à l’unité des cœurs ; de ne pas céder aux provocations légères, et passéistes du type : «  les harratines qui sont-ils, la question harratine est dépassée, n’est esclave que celui qui le veut, l’esclavage n’existe pas  il n’ya que séquelles ou survivances, l’esclavage certains en font un fonds de commerce et moyen de célébrité,  des vendus de l’occident à la solde des juifs, bref ;   encore moins aux arrestations, procès, emprisonnements et  répressions sélectives dont le regain de violence dépasse l’entendement ces dernières années ; de continuer le combat ferme, juste et pacifique qui unit ,  rassure et instaure la paix des braves , car demain est riche de promesses ».

Et qu’il me soit permis de saluer la sagesse :

Des hommes illuminés  d’obédience marxiste-léniniste qui ont posé la question des inégalités sociales   en un moment crucial, où porter la contradiction était chose difficile, ma pensée va aussi aux doyens de lutte fondateurs du Mouvement Elhor ( Mohamed Yahye Ould Ciré, Bilal ould Werzik, feu Sidi Ould Jaber, Amar Ould Ahmed Deyne, Achour Ould Dembe, Achour Ould Sambe, Likheil Ould Mohimd Labd, Boubacar Ould Messaoud, Sidi Ould Messaoud et d’autres dont certains ont rendu l’âme, sans oublier l’activiste remarquée des années 70  Koumbëit Mint Werzik (paix à son âme), sœur de Bilal ; aux mouvements civiques et des droits de l’homme  (Sos Esclaves, AHME, IRA avec son martyr le doyen Abdalahi Ould Mbarek,  le Manifeste pour les droits  politiques , économiques et sociaux des Harratines et son défunt Président le père Mohamed Saïd Ould Hemodi), aux hommes éclairés   (l’érudit  Mohimd’Elhacen Dedew et sa Vatwa sans équivoque,  le percutant savant Mohamed Lemine Chah, Isselmou Ould Abdelkader, Mouhimd Elmokhtar Ould Hmeyne Amar, Mohamed Vall Ould Sidi Moïle, Sidi Mohamed Ould Moustapha dit Khames président du forum national de la société civile, Oumar Ould Beïbacar, Weli Cheikh Bouye,  Hanevi Dahah, Elhoussein Ould Medou, Isselmou Ould Salihi, Aminetou Mint Elmoukhtar, feu Habib Ould Mahfoudh, Mariém Derwich, Elmehdi Ould Mohimd’Elbechir, Didi Ould salek, et bien  d’autres.

En fin, je dirai que la Mauritanie ne sera que ce que nous ferons d’elle, donc ne l’abîmons pas , et  comme disait le sage Félix Houphouët-Boigny : « le vrai bonheur on ne l’apprécie que l’lorsqu’on le perde, faisons en sorte que nous l’ayons tous ensemble et à ne jamais  le perdre ; mais au contraire à l’accroitre sans cesse par le travail dans la dignité, la légalité, la justice, la discipline, la solidarité, la fraternité et le respect de l’autre ».     

Maham Youssouf

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Dialogue politique : FNDU : ira, ira pas ?

Depuis que le docteur Moulaye ould Mohamed Laghdhaf, monsieur Dialogue du pouvoir en titre, a manifesté le désir de rencontrer le nouveau président du FNDU, maître Ahmed Salem ould Bouhoubeyni, les Mauritaniens  ne cessent de s’interroger sur cette probable rencontre au sommet.  Le FNDU, qui doit apporter sa réponse à l’invitation du pouvoir, ce mardi, au terme de rudes consultations en son sein, acceptera-t-il enfin d’aller au dialogue que recherche le pouvoir ? Sur quelles bases et/ou garanties ? Son président  se contentera-t-il, tout simplement, d’un  tête-à-tête avec  le missionnaire du pouvoir ? Répondre à son invitation ne signifie pas forcément accepter le dialogue. En réponses à ces questions, deux camps s’affrontent : les optimistes  et les pessimistes.

Optimisme

Les premiers croient déceler, dans la réaction de la majorité aux premières déclarations du nouveau président du FNDU, une  évolution du pouvoir qui  parle, désormais, non seulement  de dialogue inclusif, franc et sincère avec l’opposition mais dit, aussi, apprécier positivement les propos de maître Bouhoubeyni dont il redoutait l’arrivée à la tête du forum.  Autres pièces en faveur de cette hypothèse, des bribes d’informations distillées, çà et là, par la CUPAD. Les deux responsables de cette coalition, Boydiel ould Houmeïd  et Abdessalam ould Horma, qui tentent de rapprocher le forum et le pouvoir, « auraient laissé entendre », à divers de  leurs  interlocuteurs, que le président de la République  leur « aurait laissé entendre » qu’il ne briguerait pas un troisième mandat, ce que l’opposition, elle, « croyait entendre », dans l’idée même des rencontres consultatives préliminaires  au dialogue national inclusif que ledit pouvoir a organisées  à Nouakchott. Et, plus encore, dans ses suites, avec la décision de celui-ci d’organiser un dialogue sans l’opposition… On chuchote donc beaucoup, à demi-mot, de propos voilés, suggérés, déduits, variablement plausibles…   

De son  côté, l’opposition  réitère son intention d’aller au dialogue et invite le pouvoir à « s’adresser directement à elle ». C’est peut-être ce bout de phrase de maître Bouhoubeyni qui  satisfait tant la majorité. Une majorité qui s’est rendue compte du fiasco de ses journées préliminaires de concertation, avec des ministres qui ont mal vendu le produit aux populations de l’intérieur : « le dialogue aura lieu même sans l’opposition », ont claironné nombre d’entre eux. Autre signe, encore, le retour du dossier  entre les mains de Moulaye ould Mohamled Laghdhaf, un homme réputé discret et plus courtois que le duo ayant poussé  le gouvernement à organiser les journées préliminaires de concertation, que certains qualifient de déroute, tant les objectifs fixés, à savoir détacher certains pans de  l’opposition, pour les conduire au dialogue, n’ont pas été atteints. Et, certes, le moins qu’on puisse dire est que ces stratèges n’ont pas réitéré le coup de 2011. L’invite du monsieur Dialogue vient rectifier le tir et corriger l’erreur du gouvernement.

A ces facteurs, il faut, croient certains, ajouter la peu reluisante situation économique du pays. Même si l’hivernage a été bon, dans l’ensemble du pays, la baisse des recettes minières continue de peser sur ses revenus. Les observateurs avertis se demandent, d’ailleurs, comment le gouvernement entend boucler son budget 2016 (451 167 622 000 UM), en augmentation  de  près de 12 milliards d’ouguiyas, soit 2,68% par rapport à celui de l’exercice précédent. Quant au syndrome du troisième mandat, même si  le référendum du Congo et  la malencontreuse sortie de Hollande peuvent susciter mimétisme en Afrique, ce qui s’est passé, au Burkina Faso, alerte nos fondateurs ou rectificateurs présidents avides de triplette électorale. Il se trouve, aussi, que  l’environnement immédiat  s’accommoderait mal de forcings. La fermeté dont ont fait preuve le président du Niger, Mahamadou Issoufou,  et  l’UA – pour la première fois, il faut le souligner – à propos du Burkina Faso, alors que Macky Sall, président de la CEDEAO, avait tout donné  aux putschistes, doit inciter également ceux-là à la prudence.

Pessimisme   

De leur côté, les pessimistes étalent les  nombreux obstacles qui se dressent sur le chemin tortueux du dialogue. D’abord, la stratégie opaque du pouvoir qui se refuse à clarifier ses intentions pour rassurer l’opposition, ce qui alimente toutes les supputations. L’opposition redoutant le tripatouillage de la Constitution qui ouvrirait,  à l’actuel locataire du Palais gris,  la voie au fameux troisième mandat. Une petite contagion s’est emparée de l’Afrique, depuis que Blaise Compaoré, un autre putschiste, a voulu modifier  la Constitution de son pays en ce sens. Le président Aziz qui prône le dialogue s’engouffrerait-il dans cette brèche ? C’est ce que croit l’opposition, même  si  l’un des leaders de la CUPAD, engagé dans le rapprochement entre le pouvoir et l’opposition, « a laissé entendre » que non, ainsi qu’on l’a dit tantôt. Alors, si tel est vraiment le cas, pourquoi  le Président, s’interroge l’opposition, n’en ferait-il pas la déclaration officielle, à l’endroit des Mauritaniens ?  Et tirant leçons des douloureuses expériences passées, l’opposition  pense que rien ne garantit  ces « confidences ». Autre bémol, le Président aurait ajouté, toujours selon son interlocuteur de la CUPAD, qu’il ne resterait cependant pas neutre, lors de la prochaine présidentielle… Autrement dit, qu’il soutiendrait, comme en 2007, un candidat, ce qui, de l’avis de l’opposition, fausserait le jeu. Le Président serait également opposé à la dissolution de sa garde prétorienne, le BASEP, et au départ de M’Rabih, de la direction de l’agence d’état-civil, deux des revendications de l’opposition.

Autre difficulté, interne cette fois-ci à l’opposition : le pôle politique du FNDU est traversé  de fortes dissensions. Si certains  partis affichent leur intention d’aller au dialogue, le RFD  et l’UNAD ne cachent pas leur méfiance. D’ailleurs, à en croire certaines sources,  ce sont ces deux formations qui ont fait traîner les concertations au sein du pôle politique. Et, comme le Forum ne  veut pas imploser, en laissant en marge ces deux partis, celles-ci  risquent fort de traîner encore, même si  le Forum annonce  sa réponse au pouvoir pour ce mardi 10 Novembre. Depuis l’Accord de Dakar, on a, de fait, comme l’impression que  notre opposition ne gère le dialogue que pour éviter l’implosion. Une véritable diversion. Plus de manifestation dans la rue, plus de travail politique (implantation, congrès, formation…). Pour certains observateurs et autres acteurs politiques, nouer, dans les conditions actuelles, un dialogue avec le pouvoir n’a aucun sens : il faut laisser le Président gouverner jusqu’à la fin de son mandat, puisque  l’opposition n’est pas en mesure d’imposer un rapport de force en sa faveur et que les règles du jeu ne sont pas claires. Selon ce point de vue, l’opposition doit se focaliser sur 2019 et travailler à une alternance  par les urnes, au lieu de  miser sur un hypothétique dialogue  et étaler ses divergences, à chacune de ses réunions. Elle doit, surtout, pour revenir  dans les institutions démocratiques (mairies et Parlement)  travailler en sorte que le gouvernement accepte d’améliorer les instruments électoraux, faute de quoi, elle risque de se mordre le doigt, en ratant, et l’alternance, et le retour dans les représentations démocratiques…

Dalay Lam

 

le calame