Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 03/11/2015

De derrière les barreaux, mon espérance ! ….Par Biram Dah Abeid

De derrière les barreaux, mon espérance ! ….Par Biram Dah Abeid

Biram Dah Abeid est un militant anti-esclavagiste mauritanien, fondateur de IRA Mauritanie (Initiative de résurgence pour le mouvement abolitionniste).

Le militant anti-esclavagiste pacifique Biram Dah Abeid est détenu à la prison d’Aleg, au centre de la Mauritanie, depuis un an.

Au milieu de cette vaste étendue de sable qui accueille des bâtiments austères à la peinture défraichie par les rayons du soleil d’Aleg, croupit un homme qui n’a rien fait de mal. C’est ici, dans cette ville ironiquement situé sur « la route de l’espoir » de la Mauritanie, que les autorités mauritaniennes ont décidé de garder ceux qui ont osé marcher pour dire non à l’esclavage.

Je m’appelle Biram Dah Abeid. Toute ma vie, je l’ai dédiée à la lutte contre l’esclavage en Mauritanie. Ma caste, les Haratines (nom donné aux esclaves et anciens esclaves), se compose d’Africains noirs assimilés par leurs suzerains arabo-berbères de Mauritanie qui les ont soumis à l’esclavage. Je fais partie de ces dizaines de millions de descendants d’esclaves qui constituent l’importante diaspora noire dans le monde arabe. Mon père a été affranchi par le maître de ma grand-mère et est né libre.

Aujourd’hui, je vous écris du fond de ma cellule de la prison d’Aleg où je célèbre un triste anniversaire. Depuis bientôt un an jour pour jour, je suis en détention. C’était le 11 novembre 2014 que j’ai été arrêté avec d’autres militants anti-esclavagistes pour avoir mené une campagne pacifique contre la pratique de l’esclavage et sensibiliser la population mauritanienne sur la question du droit foncier des descendants d’esclaves.

Dans mon pays, la Mauritanie, des familles entières appartiennent encore à la famille de leurs maîtres, et sont contraintes de servir toute leur vie leurs propriétaires. La pratique de l’esclavage se perpétue dans ce pays. De plus, beaucoup de descendants d’esclaves continuent de travailler sur des terres sans aucun droit et sont contraints de donner une partie de leurs récoltes à leurs potentiels maîtres traditionnels.

Mon crime : lutter contre l’esclavage

Mon organisation IRA Mauritanie (Initiative de Résurgence pour le Mouvement Abolitionniste) milite depuis près de 10 ans contre l’esclavage, l’injustice et l’impunité. Des Mauritaniens noirs vivent encore sous le poids de l’oppression, du mépris et du racisme par des minorités ethniques et confessionnelles qui continuent à piller la terre, accumuler des ressources et asseoir leur autorité.

Curieusement, en préparation de l’Examen périodique universel (EPU) ce 3 novembre 2015, le gouvernement mauritanien a commencé un « lifting » juridique

En Mauritanie, des militants anti-esclavagistes, des défenseurs des droits humains comme moi sont régulièrement emprisonnés. Ces cinq dernières années, j’ai été trois fois détenu en prison. Mon crime : lutter contre l’esclavage. Des événements aussi importants de ma vie d’homme comme la naissance de ma fille m’ont trouvé en prison. J’y ai également fêté mes 50 ans le 12 janvier dernier.

Curieusement, en préparation de l’Examen périodique universel (EPU) ce 3 novembre 2015, le gouvernement mauritanien a commencé un « lifting » en adoptant en août dernier des lois qui menacent de sanctions toute personne qui exploite des esclaves. Mais, dans la pratique, les militants anti-esclavagistes sont détenus ou subissent des pressions ! Au même mois d’août, le gouvernement a confirmé ma condamnation à deux ans de prison, de même que celle de mes compagnons de lutte contre l’esclavage.

Plus grave, la Mauritanie, pays membre de l’ONU, viole toutes les clauses de la charte fondatrice, en particulier celles relatives aux droits inaliénables de la personne. Ici sévissent les atteintes les plus flagrantes aux conventions que cet État a ratifié : l’esclavage sous toutes ses formes – traditionnelle et moderne – le racisme et la discrimination notamment à l’encontre des personnes d’ascendance africaine, la torture, les disparitions forcées, les prisons secrètes, les répressions pour délit d’opinion, d’expression, d’association ou de conscience.

Mettre en pratique les lois

De ma sinistre cellule ou je commémore ma première année de détention, je voudrais dire au monde entier, qu’aussi important qu’il soit de signer les lois, elles n’ont aucun sens si elles ne sont pas mises en pratique pour les femmes et hommes victimes d’injustice.

La libération et l’émancipation de la communauté des Haratines et des groupes sociaux victimes de discrimination en Mauritanie sont pour nous une étape obligatoire pour une Mauritanie qui place la liberté et la dignité humaine au cœur du projet de construction d’une nation forte et unie.

En ce jour de triste anniversaire, je voudrais dire que la lutte, notre lutte pour l’égalité des droits, contre l’esclavage, la marginalisation de l’Homme noir en Mauritanie continue et va continuer.

Mon engagement, notre engagement continue de tous les jours, les années de prison n’y feront rien !

Aujourd’hui, je voudrais que chacun des citoyens du monde, chaque État respectueux de la liberté d’expression, chaque défenseur des droits humains fasse échos à notre lutte pour le respect des droits humains en Mauritanie. Je leur exhorte d’apporter leur soutien, assistance et encouragement à tous ceux qui œuvrent, sans violence et avec courage et dévouement, pour que tous les Mauritaniens de tout horizon puissent s’épanouir dans un pays où justice, égalité, tolérance, et respect aient leur pleine place.

Apportez votre soutien à Biram et aux autres militants anti-esclavagistes en Mauritanie. Participez à la campagne d’Amnesty International pour mettre fin à la détention des activistes de l’IRA.

Jeuneafrique 

Droits de l’Homme : la Mauritanie passe son EPU à Genéve

Droits de l’Homme : la Mauritanie passe son EPU à Genéve OHCHR – La situation des droits de l’homme en Mauritanie sera examinée pour la deuxième fois, dans le cadre de l’examen périodique universel (EPU) du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, le mardi 3 novembre 2015, lors d’une réunion qui sera retransmise en direct via le webcast.

La Mauritanie sera l’un des 14 États à être examiné par le mécanisme de l’EPU au cours de sa 23ème session qui se tient du 2 au 13 novembre 2015. Le premier EPU de la Mauritanie s’est tenu le 10 Novembre 2010.

La discussion se fera sur la base des documents suivants :

1) le rapport national – informations soumises par l’État sous examen ;

2) une compilation des informations provenant des rapports d’experts des droits de l’homme plus connu sous le nom de procédures spéciales, des organes de traité des droits de l’homme, et d’autres organismes des Nations Unies ;

3) un résumé des informations émanant d’autres parties prenantes, y compris les institutions nationales des droits de l’homme, les organisations régionales et de la société civile.

Parmi les questions abordées par les documents susmentionnés: le plan d’action de la Mauritanie pour l’élimination des conséquences de l’esclavage;

la lutte contre la discrimination raciale;

les droits de la femme, particulièrement les discrimination à l’égard des femmes,

la persistance de la pratique des mutilations génitales féminines;

la persistance du mariage précoce et des violences à l’égard des femmes;

les mesures visant à qualifier le viol d’infraction criminelle; les conditions des lieux de détention, particulièrement les mesures pour éliminer la torture et le mauvais traitement;

la mise en œuvre d’un moratoire sur la peine de mort; les mesures pour réduire la pauvreté et assurer la sécurité alimentaire; le droit à l’éducation; le travail des enfants, les mesures pour faciliter l’enregistrement des naissances et le droit de chaque enfant à acquérir la nationalité.

Les trois rapports sur lesquels se fondera l’examen de la Mauritanie le 3 novembre sont disponibles ici: http://www.ohchr.org/EN/HRBodies/UPR/Pages/MRSession23.aspx

Lieu: Salle XX, Palais des Nations, Genève

Horaire et date: 09.00 – 12.30, mardi 3 novembre (heure de Genève, GMT + 1 heure) L’EPU est un mécanisme unique qui permet d’examiner la situation des droits de l’homme dans les 193 États membres des Nations Unies. Depuis la première session de l’EPU en avril 2008 et dans le cadre du premier cycle de l’EPU, tous les 193 États membres se sont présentés pour examen par ce mécanisme et 140 États ont pour l’instant été examinés dans le cadre de ce deuxième cycle.

Ce deuxième examen a pour but de permettre aux Etats examinés de faire part des développements intervenus sur le plan des droits de l’homme dans le pays depuis l’examen du premier cycle et leur donne l’occasion d’énoncer les mesures prises pour mettre en œuvre les recommandations faites au cours de l’examen précédent.

La délégation de Mauritanie sera conduite par M. Brahim Ould Dadah, Ministre de la Justice Les trois États faisant partie du groupe de rapporteurs (« troika») pour l’examen de la Mauritanie sont: le Bangladesh, le Congo et la France

La session sera retransmise en direct par le webcast http://webtv.un.org La liste des orateurs et les déclarations orales qui seront faites pendant l’examen de la Mauritanie seront publiées sur l’Extranet de l’EPU à l’adresse suivante [nom d’utilisateur: hrc extranet (avec espace); mot de passe: 1session]: https://extranet.ohchr.org/sites/upr/Sessions/23session/Mauritania/Pages/default.aspx

Le Groupe de travail sur l’EPU adoptera les recommandations de la Mauritanie le 6 novembre à 16h. L’Etat examiné pourra indiquer sa position sur les recommandations reçues lors de cet examen. Les recommandations seront envoyées aux médias à l’avance sur ce jour.

 

cridem