Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: March 2014

FLAMNET-AGORA: Un Président noir !

alt« Le tout est déterminé, le commencement comme la fin par des forces sur lesquelles nous n’avons aucun contrôle, le chemin est tracé, pour l’insecte, l’oiseau, l’être humain, la plante où la poussière cosmique, nous dansons tous sur un air mystérieux, joué au loin par un artiste invisible » : Albert Einstein.

Le père de la théorie de la relativité était déiste, pour lui il n’y avait pas incompatibilité entre la science et la spiritualité, il estimait qu’on ne peut être un homme de science si l’on ne croit pas en Dieu cet « artiste invisible qui coordonne et détermine le tout ».

Du déterminisme d’Einstein nous osons croire qu’une autre Mauritanie est possible dirigée pour la première fois par un noir après ceux de l’empire du Ghana. Mais analysons d’abord la situation actuellement du pays sous les militaires et les politiques face à un peuple hors jeu.

La Mauritanie est un pays à part, à l’image d’une seconde Égypte. Voilà trois décennies que des militaires caracolent à sa tête la plongeant dans une grande crise de récession. ..et ils ne lâcheront pas le pouvoir.

Il n’y a pas une autre alternative » avait souligné lors du Forum sur l’Unité et la Démocratie, l’ ancien maire adjoint de la communauté Urbaine de Nouakchott-CUN, seul un tsunami peut l’emporter sur une tempête de sable.

Mais cette force ne réside pas dans la soixantaine de partis politiques « yobaléma » (amènes-moi) où partis « cartables » pour reprendre l’expression du « dirpub » de cet organe, d’une majorité avec un petit « m » et d’une opposition confondues dans un même moule, mais dans le peuple qui lui est loin des préoccupations politiques de l’heure.

Si la meilleure défense, c’est l’attaque, cet homme providence ne se trouve pas chez les politiques mais dans le peuple. Ce peuple qui rase le mur pour sa survie quotidienne, qui se plaint, se morfond et qui n’a pas droit au chapitre que les politiques de toutes obédiences devront sous peu affronter.

De son côté le pouvoir en place a déjà peaufiné sa stratégie de l’emporter sur l’opposition, pendant que de son côté cette dernière cherche à résoudre l’équation d’un consensus qui tarde.

Obtenir un consensus relève pour elle des douze travaux d’hercule car dans le champ des négociations Etat-Partis politiques, les chances d’aboutir sur un accord consensuel devaient l’emporter sur tout le reste, et les bénéfices à en tirer seront partagés par tous.

Mais tout porte à croire que nous somme loin du compte. Les politiques qui ne roulent que pour leurs intérêts, à trois mois des élections, adoptent une position attentiste. Le principal défi pour eux sera de trouver un équilibre pour le partage des responsabilités face à un imbroglio politique qui prend en otage le peuple. A quelques encablures de la présidentielle ils ne sont pas arrivés à mettre un peu d’ordre dans ce grand bazar politique.

Dans les colonnes des journaux, dans les radios et télévisions, les sorties au vitriol des deux parties n’obéissent qu’à une volonté de régler des problèmes privés qu’ils ont eut par le passé. Pas une des deux parties ne veut lâcher du lest.

Nos politiques de l’opposition s’ils savent lire entre les lignes, gagneraient à analyser les propos du Ministre de la Communication, porte parole du gouvernement qui ne semble pas être sur la même longueur d’onde que son premier ministre. La mésentente se trouverait-elle au sommet ? C’est une question.

Les mauritaniens vont aller aux urnes pour la seconde fois dans un peu plus de trois mois. Un décalage qui nous rappelle les joutes électorales des locales et législatives. Leur dénominateur commun sera un taux de participation des plus bas pour les négro-mauritaniens. Aziz sait qu’il ne saurait attendre quelque chose des déportés, car la conspiration qui a été à l’origine de leur massacre et de leur déportation est toujours actuelle.

De retour chez eux, les déportés meublent la galerie sans aucune pièce d’état-civil. En vingt-cinq ans ils ne sont plus sujets d’attention pour un régime militaire qui les avait bannis et qui continue à fouler du pied leurs droits. Que dire de l’opposition ?

Le Forum sur l’Unité et la Démocratie –FUD- ne s’est guère appesanti sur le cas de leur citoyenneté. Le passif humanitaire évoqué dans les travaux d’ateliers ne concernerait que des réfugiés revenus chez eux depuis longtemps et qui ont de façon sectaire et ignoble géré leur cas.

Que dire des autres frères aux « mains sales » restés au pays, véritables bénéficiaires avec les génocidaires de leur race, des dividendes de la déportation ?

Même les cadres de la fonction publique n’arrivent pas à se retrouver dans leur ancien service. C’est çà aussi la Mauritanie avec une absence totale d’administration.

Pas un parti politique n’est majoritaire dans ce pays de moins de quatre millions d’âmes ; c’est le peuple qui court derrière sa dépense quotidienne qui l’est, et il a d’autres chats à fouetter, vu qu’il n’a jamais tiré profil des avantages d’une quelconque compétition électorale.

Quant aux déportés de retour, instruits pour la plupart ils vont devoir peser de tout leur poids pour un homme de couleur, indique nos sources.

Un truisme qui n’est ni ignoré par les cadres négroïdes, ni par les leaders de partis de l’opposition encore moins par l’Etat. C’est donc dire que tous ces partis qui réclament les suffrages des mauritaniens ne sont muent que par leurs desseins propres.

Etat et opposition c’est kif-kif, ils ne rament pas à contre courant mais ensemble. Si non comment comprendre que des mauritaniens « ramenés chez eux », puissent y demeurer apatrides ?

La pilule a du mal à passer pour eux, sinon au nom de quoi cet échange de bons procédés en porte à faux avec toutes les règles d’égalité des citoyens devant la loi a-t-il pu perdurer ? La raison est toute simple, ils sont noirs majoritaires et pas arabes. Mais un civil négroïde sera enfin élu à la tête de ce pays « contre vents en marées ».

Un noir Président : Oui ! Toute chose à une fin. Il y aura sous peu un négroïde à la tête de la république islamique de Mauritanie, car on ne peut changer le cours de l’histoire, on le subi vu que le hasard n’existe pas. Le pays sera-t-il assez démocrate pour accepter un noir à sa tête ? « Waït and see ».

Le sacrifice de Mandela était de rendre l’Afrique du Sud à ses premiers habitants face aux boers colons. Il y a cru et réussi. Si les premiers habitants de notre pays sous l’empire du Ghana étaient négroïdes, leur retour aux affaires des siècles après, semble imminent.

Pour beaucoup d’observateurs, la preuve de l’élection d’un noir à la tête de ce pays a été donnée par les chiffres. Commençons par les 36 ans du règne militaire. Mettez 36 à l’envers, cela vous donne 63, l’âge du rappel à Dieu du sceau des prophètes, Mohamed (PSL).

Sur un autre registre, il ya 33 ans c’était le coup d’état manqué de Kader et de son commando, Quatre officiers seront exécutés, l’un d’eux s’appelait Moustapha donc homonyme du prophète, feux ces parents s’appelaient Abdoulaye (Abdullah) et Aminata comme ceux des parents du meilleur des hommes.

A sa mort en 1981, ce Moustapha avait 33 ans un chiffre plein de sens pour ceux qui s’intéressent à la numérologie. C’était l’âge d’Issa Ibnou Mariama, prophète d’une religion révélée.

L’épouse du premier président de ce pays vient de sortir un livre, 36 ans après la destitution de son mari feu Moctar Ould Daddah, père de cette nation, Marième sans s’en rendre compte vient de sceller la fin du règne kaki.

Comprendra qui veut, mais il est sûr que si les militaires tenteront de jouer les durs, en essayant de conjurer le sort, ils mèneront le pays à dérive, car les choses viendront d’elles mêmes, car « le tout est (d’avance) déterminé ».

Sous le magistère de l’armée, la Mauritanie reste encore un pays trop éloigné de l’idéal d’une école républicaine, un pays trop au service d’une société de l’argent facile ou l’on ne développe rien, cela doit cesser. Et quand ils (les militaires) s’opposeront de voir un noir aux commandes, ils ne feront que montrer à la face du monde que la démocratie prônée en Mauritanie n’est que de façade.

Amadou Diagne Niang.

www.flamnet.info

 

 

Loupe du Jour : A quand une rencontre entre Aziz et toutes les victimes ?

altLa balle est partie! Le Président Mohamed Ould Abdel Aziz a ouvert la porte. Va-t-il s’arrêter ou continuera-t-il ses rencontres avec d’autres catégories sociales.

Du président des pauvres le voilà redevenu président des jeunes. Et probablement viendront les artistes, les femmes, les retraités, les sportifs ; et pourquoi pas les dockers.

En somme chaque couche sociale a des problèmes dans ce pays. Si chacun a la parole ; il ne manquera pas de mots pour évoquer ses problèmes. Aziz qui n’ignore pas la situation de tout ce monde, doit prouver qu’il se préoccupe de leurs sorts.

En les écoutant davantage, il en saura plus et même sera étonné de l’ampleur des difficultés auxquelles sont confrontées les mauritaniens issus de toutes les franges sociales notamment au revenu modeste ou tout simplement sans revenu.

A défaut de pouvoir répondre aux aspirations de tout ce monde, il les écoutera au moins et notera dans son calepin les doléances qui lui seront présentées. Il y a des choses qu’un Président n’est pas censé connaitre avec exhaustivité.

Mais le rôle d’un chef est de se mettre à l’écoute de son peuple et tenter dans la mesure du possible de régler les problèmes urgents. Aziz a dit et ne cesse de répéter que les caisses de l’Etat sont pleines.

Les réserves en devise et les fonds sociaux ont atteint des niveaux record jamais égalés dans l’historie de la gestion économique de la Mauritanie.

Il suffit qu’une crise s’installe pour que l’Etat puisse y faire face. Les habitants des Tarhil et autres quartiers populaires n’ont pas senti que leur pays a changé sur le plan financier.

Les mendiants des trottoirs, les sans abris , les jeunes sans travail ainsi que les petits vendeurs à la criée décriés par les autorités municipales ont besoin de rencontrer leur président pour lui exposer le calvaire qu’ils vivent au quotidien.

La Mauritanie des profondeurs a elle aussi ses calamités à raconter au Président. A la veille d’une élection cela vient au bon moment mais au mauvais temps. Les paysans de la riziculture ont obtenu des facilités importantes avec l’annulation de leurs dettes auprès du crédit agricole. Les éleveurs diront à leur tour qu’ils ont des droits à une distribution d’aliment de bétail.

Les magasins du CSA sont tantôt à moitié pleines, tantôt à moitié vide rarement remplies de blé . La période de soudure est arrivée et le bétail commence à souffrir du manque de pâturages et de points d’eau. Que diront les populations des Adwabas , eux qui vivent depuis dans la précarité.

Le triangle de la pauvreté s’est élargi en carré de la misère et des maladies. Où sont passées les aides du commissariat de lutte contre la pauvreté et de l’action humanitaire. Comment assister ces anciens esclaves qui ont entendu dire que l’esclavage a été aboli. Il suffit que Biram passe pour que ces damnés de la société entendent que rien n’a changé.

Et qu’au contraire les cas de servitude augmentent à mesure que la pauvreté se renforce dans les coins reculés du pays.

Le tableau est sombre dans les bourgades peuplés par des descendants des esclaves qui manquent d’éducation, de soins , de pièces d’Etat civil.

Que dire des populations du Sud, victimes d’une spoliation de leurs terres et où rien n’est épargné pour les déposséder y compris dans les endroits d’enterrement de leurs morts.

Le village de Donnaye en est une parfaite illustration. Et les réfugiés revenus du Sénégal devenus des oubliés d’une politique de marginalisation dont le retour n’a accouché que de déceptions. Mal logés, sans état civil sans terres ils ne sont plus que des apatrides dans leur propre pays.

Le passif humanitaire; est loin d’être soldé tant que le droit et la justice n’ont pas été observés. Les discours à eux seuls ne changent pas les conditions de vie de tout un peuple à qui on miroite des promesses toujours des promesses, le tout dans une grosse bulle de mensonge qui se dégonfle après chaque élection….

Cheikh Tidiane Dia-LE RÉNOVATEUR QUOTIDIEN

 

31ième Anniversaire des FLAM : Célébré sous le sceau de la déception

altLes leaders des FLAM sont rentrés l’année dernière de leur long exil, animés par la profonde conviction que les choses ont incontestablement changé avec le départ forcé de l’ancien système politique despote de l’ex Chef de l’Etat Maouiya Ould Sid’Ahmed Taya. L’avènement d’un régime qui s’est particulièrement illustré par ses volontés manifestes et engagées d’œuvrer à la reconstruction d’une Mauritanie une et indivisible, débarrassée de tous les apesanteurs était une raison de plus de nourrir beaucoup d’espoirs d’un avenir rayonnant pour les mauritaniens toutes communautés confondues.

Mais, plusieurs mois après le diagnostic de la réalité du terrain, la partie immergée de l’iceberg a convaincu le mouvement que tout est à recommencer, allant même à envisager l’autonomie du sud mauritanien dans l’optique ambiante des actuels dirigeants mauritaniens de poursuivre leur maintien de l’invivable et discriminatoire statu quo.

Les FLAM ont organisé samedi dernier un meeting dans les locaux de la case, s’inscrivant dans le cadre de leur commémoration du 31iéme anniversaire du mouvement. Plusieurs personnalités politiques ont assisté à cet événement dont entre autres Ba Mamadou Alassane président du PLEJ, Ba Alassane dit Balas, leader du parti Arc en ciel, Kane Hamidou Baba président du MPR, l’ex président de la Communauté Urbaine de Nouakchott Ahmed Hamza…

Plusieurs militants et sympathisants du mouvement étaient également présents à cette fête inaugurée par la prestation des rappeurs mauritaniens Brack fouta et RASTA. Une minute de silence, en hommage aux amis et frères de lutte décédés dans le mouroir d’Oualata ainsi qu’au jeune Lamine Magane à Maghama a été observée.

Dans une intervention faite à cette occasion, le président du PLEJ a indiqué que malgré de longues années de diabolisation, les FLAM avaient réussi, grâce à leur courage et à leur déterminations à associer les mauritaniens à leurs convictions patriotiques pour la Mauritanie.
Conscient que seule l’unité fait la force, moi avec mes frères des partis politiques Flam, Arc en Ciel, MPR, nous avons discuté et nous nous sommes entendus de rassembler nos forces pour assurer changement constructif en Mauritanie a indiqué Ba Mamadou Alassane.

De son coté, Ahmed Hamza, a indiqué que « le multipartisme doit être un avantage et non un handicap pour l’unité dans l’égalité et la justice »n mettant en exergue la nécessité d’union pour réussir le combat.

Prenant à son tour la parole, sous un tonnerre d’applaudissement, le président du FLAM, Samba Thiam est rappelé les objectifs du mouvement ainsi que ses ambitions pour assurer un changement constructif en Mauritanie.

« Nous avons rencontré tous les responsables du pays à commencer par le président de la république, le président de l’assemblée nationale, les chefs d’Etat- major entre autres pour leur faire comprendre notre combat, notre vision sur le pays. si certains ont compris le message, nombreux sont ceux qui n’entendent pas de cette oreille.» a-t-il dit.

Et d’ajouter « nous avons rencontré par la suite les responsables de la communauté internationale pour leur faire comprendre la discrimination dont les négromauritaniens sont victimes en Mauritanie » a-t-il dit, précisant que cette ségrégation est cruellement présente à tous les secteurs de la vie politique et socioéconomique du pays.

« Les négros mauritaniens sont discriminés dans tous les secteurs, dans le pouvoir, au niveau de l’éducation et dans le partage des biens publics. Si ça continue de cette façon, nous serons noyés et nos enfants le seront aussi » a-t-il déploré.

Et de conclure « pour changer cette situation, il faut que les victimes de cette discrimination se lèvent en premier pour arracher leur droit avant que le autres ne viennent les soustraire » proposant r une “autonome de certaines régions” basée sur des critères d’”homogénéité culturelle, sociale économique et de l’identité politique”, pour régler le problème d’”oppression contre les Négro-africains”.

Ce qui correspond à une recommandation de dernière recours, qui ne peut être exprimée par des leaders politiques, de quelque nature qu’ils soient, sauf si la déception a atteint son paroxysme et que la tolérance n’est possible qu’en contrepartie de l’indignité.

Un message très édifiant pour que les autorités prennent conscience de la gravité de la situation et agir en conséquence le plus vite possible pour sauver l’unité de la Mauritanie.

Ba Abou et MOML- LE RÉNOVATEUR QUOTIDIEN

 

D’anciens travailleurs mauritaniens déportés vers le Sénégal manifestent à Nouakchott

altPANA Plusieurs membres du collectif des victimes des événements de 1989/1991 ont organisé mercredi à Nouakchott un sit-in devant la présidence de la République pour protester contre le ‘non règlement’ de leurs droits. 
Le gouvernement mauritanien avait décidé le 20 septembre 2012 de procéder au règlement des droits de travailleurs victimes des déportations vers le Sénégalentamées en avril 1989. 
Sur les 786 travailleurs concernés, 354 étaient des employés de 16 établissements publics et parapublics. 


Ces déportations faisaient suite aux violences inter-ethiques d’avril 1989 enMauritanie qui ciblaient essentiellement les ressortissants sénégalais.

 

FLAMNET-RÉTRO : OUALATA: LA CASSETTE AUDIO DE ALASAN UMAR BAH Par Ibraahiima Abuu Sal -Historien-chercheur-rescapé de la prison de Oualata

altLe jeudi 26 août 1988 à 15h 05 mn est décédé le Maréchal de Logis chef de la Gendarmerie Alasan Umar Bah dans la grande salle de la prison mouroir de Wâlata où étaient parqués des FulBe et des Wolof de la mouvance nationaliste qui lutte contre l’hégémonie Arabe et le racisme en Mauritanie. «Laa i laaha illallaah, AlasanUmar yehiii» («Laa ilaaha illallaah , Alasan Umar est parti») a crié une voix. Tout le monde s’est précipité, certains en récitant des versets du Qoran, près du corps qui venait de rendre son dernier souffle après avoir protesté de sa dernière plainte.
 

Depuis que nous étions arrivés à Wâlata le 11 décembre 1987, la plupart avait remarqué la discrétion et le stoïcisme de Alasan Umar. Il était arrivé dans cette prison avec un traumatisme physique encore visible causé par les tortures qu’il avait subies. Le mal s’était installé dans son corps depuis Nouakchott et Jreïda où ses bourreaux lui avaient réglé son compte. «Il est extraordinaire ce bonhomme; tu ne l’entends jamais se plaindre, malgré les souffrances» me disait un jour Sammba Caam. Quelques heures avant sa mort, on l’entendit se plaindre. «Depuis ce matin Alasan se plaint, ce n’est pas habituel chez lui» m’avait dit Paate Bah.

Ses plaintes ne surprenaient guère. La faim faisait réellement ses effets sur nous tous sauf évidemment l’ex-commissaire de police Lih Mammadu, son cousin feu Lih Muusa et l’ex-capitaine Joop Jibril. Au mois de juillet j’avais noté 41 cas de béribéri, sans parler d’autres carences alimentaires qui donnaient à certains d’entre nous l’apparence de squelettes.
 

Il est impressionnant, d’entendre un adulte gémir, pleurer à chaudes larmes parce qu’il ne supporte plus la souffrance causée par la faim. «woy heegam neenam, mbede heyDi». Pendant ces moments nocturnes, tout le monde fait semblant de dormir. La première fois que j’entendis ce genre de lamentations c’était à la prison civile de Nouakchott en décembre 1986. Un jeune Camerounais qui pleurait comme un enfant dans le pavillon des droits communs qui nous était interdit comme le nôtre leur était interdit. Le lendemain matin, mon voisin Abuubakri Kaaliidu Bah prit le risque et alla lui remettre du lait et des arachides. Le brigadier dont je ne retiens pas le nom, désapprouva le geste en disant que ce Camerounais ne méritait pas une telle générosité parce qu’il était chrétien. Il décéda deux jours après. Cette affaire suscita encore une fois un débat sur l’islam, les Arabes et l’humanisme. Pour en revenir à Alasan Umar, je racontais à Paate la promesse que j’avais faite à celui-ci dans la semaine de notre transfert à Wâlata et qu’il me rappelait souvent. En décembre 1977, lorsque je préparais mon mémoire de maîtrise en Histoire intitulé Les relations entre les Haal pulareeve et les Brakna (1850-1903), j’avais interviewé à Bogge dow son grand-père maternel sur les relations entre les HalayBe et leurs voisins Bîdân et Hrâtîn immédiats, particulièrement leurs éternels ennemis, les Awlâd Seyyid.
J’avais gardé la cassette audio dans ma bibliothèque, à la maison. J’avais promis qu’une fois hors de prison, je lui donnerai une copie.
 

Dans la salle où les prisonniers politiques étaient parqués comme du bétail (nos geôliers nous appelaient hayawân, parce qu’ils avaient décrété dès notre embarquement dans les camions remorques à bétail que nous étions des animaux, pas des être humains), la place de Alasan Umar se trouvait non loin de la porte qui donnait accès aux latrines. Il me rappelait bien souvent ma promesse lorsque que je passais devant lui. Du 11 décembre 1987 au 26 août 1988, son corps était resté la presque totalité de ce temps qu’il fit à Wâlata, le plus souvent allongé qu’en position debout. Les rares moments où il sortit de la salle, c’était au mois de février. Il avait même tenté de partager avec la quasi-totalité des prisonniers les corvées d’eau qui nous avait été imposées par l’administration de la prison, mais cela ne dura pas longtemps. Physiquement, il était devenu trop faible.  Ma promesse avait fini par établir entre nous une relation bien particulière que je ne saurai définir.Pendant que les camarades défilaient devant son corps, je suis resté allongé pendant quelques minutes à ma place située à l’autre bout de la salle. Il fallait que je me prépare psychologiquement à regarder Alasan Umar Bah mort, que mon corps vivant assimile le sien qui est désormais sans vie. A mon tour, je me suis présenté devant LUI. Je me suis recueilli pendant quelques minutes en regardant longuement et profondément ce corps allongé. En ce moment précis, j’étais incapable de dire ce que je ressentais réellement. C’est bien plus tard, devant le corps de Tafsiiru Jiggo que je trouverai la réponse. Mais face à ce corps désormais sans vie, je sais tout simplement que j’étais frustré. Je n’aurai donc plus jamais l’occasion de lui remettre une copie de la cassette pour écouter parler son défunt grand-père. Alors j’ai murmuré pour que les autres ne m’entendent pas : «Je n’oublierai pas la cassette. Je l’enterrerai un jour dans ta tombe lorsque nous ramènerons tes restes au pays, au Fuuta Tooro», puis, je rejoignis ma place, plongé dans mes réflexions. Vers 14h 45 mn, le commandement du fort envoya des gardes pour prendre le corps et l’enterrer. Où ? Nous ne savons pas. La violence et les humiliations que les Noirs, particulièrement les FulBe subissaient depuis septembre 1986 avaient contribué à nourrir de la haine entre nous et les Bîdân et leurs Hrâtîn qui faisaient preuve d’une brutalité bestiale insoupçonnable. Dans cet environnement nourri de haine, de souffrances, d’humiliations, tout ce qui émanait du Bîdân et du Hrâtîn était symbole de négation, d’impureté. Dans cet état d’esprit, comment pouvions-nous concevoir leur laisser le corps de notre camarade ?. D’autant que nous les soupçonnions de vouloir s’en débarrasser dans une fosse peu profonde et sans aucune cérémonie rituelle traditionnelle. Aussitôt partis, les fauves viendraient déterrer le corps. C’est Umar Gey qui exprima brutalement tout haut ce que la plupart d’entre nous étaient en train de penser. L’ex-sergent Jibi Duwaa Kamara ne s’empêcha pas d’exprimer ses ressentiments avec ses injures bien salées, spontanées dont lui seul avait le secret. Une injure sortie de la bouche pleine de salives de Jibi Duwaa Kamara, c’était différent : «hay Capaato Bii (… ) memataa Doo maayDo amen» (traduction littérale, «aucun Bîdân, fils de (…) ne touchera ici notre mort»).
Spontanément, un groupe fit alors un barrage humain devant la porte pour empêcher les gardes d’entrer. Un autre alla encercler le corps de Alasan Umar, toujours allongé à la même place. Spontanément, et sans en mesurer les conséquences, nous avions décidé, ensemble, que jamais le corps de notre camarade ne sera souillé par nos tortionnaires. Certes, nos corps à nous étaient souillés par les tortures et autres sortes d’humiliations. Mais Alasan Umar mort, son corps avait retrouvé toute sa pureté de naissance, car il fallait qu’il rejoigne le monde de nos Ancêtres avec un corps et une âme purifiée. Sinon, il n’y serait jamais accueilli. Nous décidâmes par conviction que c’est nous-mêmes qui allions l’enterrer. Comprenant que face à cette nouvelle situation, la plupart des prisonniers politiques étaient décidés à tout pour sauvegarder l’honneur du corps, la direction carcérale accepta, sans trop hésiter, notre proposition.
 

Même enchaînés et menottes aux poignets, les gardes redoutaient encore nos militaires, car ils avaient vu la plupart d’entre eux à l’œuvre pendant la guerre du Sahara occidental. Certains des officiers et sous-officiers les avaient même commandés, d’où les relations ambiguës qu’ils continuèrent à entretenir avec leurs anciens chefs hier redoutés, aujourd’hui leurs prisonniers. L’attitude des gardes bîdân était unanime : haine, mépris, agressivité. Avec eux, nous savions comment nous comporter. Un seul fera exception, le lieutenant Mohamed Lemine. Chez les Hrâtîn, les relations avec la plupart étaient plutôt complexes et irrationnelles, car avec eux, celles-ci allaient d’une extrême à l’autre. Ils étaient très versatiles. Un garde hrâtîn pouvait glisser à un prisonnier politique, nuitamment, quelques morceaux de sucre, du tabac, quelques grains d’arachides, et le torturer quelques jours après sans que cela ne semble perturber sa conscience. Cependant, quelques rares comprenaient l’enjeu politique et pensaient à l’avenir. J’avais remarqué deux parmi eux qui se débrouillaient toujours pour ne jamais participer aux séances de tortures. Je rencontrerai l’un d’eux à ma libération, à Bogge. En tout cas l’expérience avait fini par nous enseigner qu’il fallait se méfier d’eux.

Bah Mammadu Siidi, qui est infirmier d’Etat, accompagna Cheikh (l’infirmier hrâtîn qui indiquait, à l’occasion des séances de tortures les parties sensibles du corps où il fallait frapper pour faire mal) pour constater le décès. Pendant que nous creusions la tombe, la cérémonie pour la toilette mortuaire était dirigée par Tafsiiru Jiggo qui faisait fonction d’Imâm du groupe des prisonniers politiques et par Abuubakiri Jallo son adjoint.
 

Dans la salle, le lendemain après l’enterrement, je restais impressionné, je dirai même choqué par l’insouciance apparente ou réelle affichée avec les rires, les farces de certains comme si nous n’étions pas en deuil. Cette insouciance affichée avait toujours intrigué nos gêoliers, depuis notre arrivée à Wâlata.
Elle effrayait même certains qui nous prenaient pour des êtres anormaux. Comment vivre cette situation carcérale et se comporter comme si nous étions dans une situation normale. En nous regroupant tous ensemble, le régime n’avait pas compris combien il nous rendait un grand service. Une analyse sur laquelle je reviendrai aussi. J’avais souhaité donc que l’on affichât une atmosphère de deuil dans la salle, mais l’ex-adjudant Woon Sammba Yero, l’ex-adjudant-chef Pape Gey et le maréchal des logis Mammadu Habii Bah issus tous du corps de la gendarmerie étaient en train de jouer au cokki. Ils criaient, chahutaient, injuriaient comme ils savaient si bien le faire eux aussi. Comme si nous n’étions pas en deuil. Je fis la remarque à Abdullay Bari qui tenta de rappeler à certains plus de retenue pour la circonstance : «njiiDDaa ko yimBe ngoya. Maayde ko maayde tan. So ari ari. Hay gooto waawaa heen» rétorqua le plus naturellement Woon Sammba. Puis ils continuèrent leur jeu. Et dire que c’est Woon Sammba yero qui était pressenti par la plupart comme celui qui allait mourir le premier.
Il était très atteint par le béribéri. Malgré tout, il avait gardé le moral très haut.
 

Nous ne voulions plus en parler publiquement depuis quelque temps, mais la mort s’était annoncée paradoxalement par plusieurs signes métaphysiques, à travers les rêves. Une analyse sociologique qui demandera encore quelques pages d’écriture. Nous semblions presque tous préparés psychologiquement à mourir.
Nous attendions sa venue comme une chose normale dans le contexte où nous vivions, tout en espérant au fond de nous-mêmes que Alasan Umar Bah soit ledernier. Une semaine après Alasan Umar, le vendredi 2 septembre, c’était le tour de Teen Yuusuf Gey de partir. Puis l’ex-lieutenant du génie Abdul Qudduus Bah le mercredi 13, puis Tafsiiru Jiggo le samedi 28 septembre La série blanche allait continuer pendant un mois. A Wâlata, les mois d’août et de septembre 1988 ont été des mois blancs pour notre combat. Nous y reviendrons.

Lors de la crise de 1989, notre maison n’échappa aux pillages organisés par le régime de Wul Taya qui avait fait lâcher des hordes de Hrâtîn transportés dans des camions remorques et débarqués dans des villes comme Nouakchott, Nouadhibou. Des maisons habitées par des Africains furent des cibles de massacres et de pillages qui nous rappelèrent une réalité historique traumatisante et dont nous pensions naïvement que cela relevait désormais du passé. Mais on dit, chassez le naturel, il revient toujours au galop. Ma bibliothèque n’a pas échappé au pillage. Constituée depuis 1970 elle renfermait près de 600 ouvrages, mémoires, etc, la Bible, le Qoran, la Thora, une collection de journaux dont certains datant de 1966, des dizaines d‘enregistrements audio sur mes enquêtes orales sur l’histoire du Waalo Barak, sur l’Emirat du Brakna, sur le Fuuta Tooro. Dans ces cassettes, il y avait des interviews de personnes aujourd’hui disparues et qui ont emporté avec elles notre histoire commune à nous Haal pulreeve, Sooninko, Wolof, Bîdân.
 

A Aioun el Atrouss où les prisonniers civils furent transférés du 31 octobre au 1er novembre 1988, lorsqu’une personne vint m’annoncer le 11 juillet que notre maison avait été pillée après la déportation de mon épouse le 29 avril vers le Sénégal, ma première réaction fut de demander à la personne qui venait de me donner la nouvelle : «Et ma bibliothèque ?». Une question que la personne a trouvée mal placée. «Au lieu de me demander ce que sont devenus ta maison, tes meubles, etc, tu ne penses qu’à une bibliothèque. La prison t’a rendu un peu anormal !». Je lui répondis avec un ton grave, calme, mais triste «On peut reconstruire une maison, acheter de nouveaux meubles, mais on ne reconstruit pas une bibliothèque. Ce ne sont pas des papiers qui ont disparu, mais une accumulation de capital de savoir. Je ne peux pas faire ressusciter Sammba Naawwel Caam pour avoir une nouvelle interview avec lui». Elle me regarda d’un air incrédule. Elle n’avait pas compris ce que je ressentais depuis que j’avais appris la nouvelle sur ma bibliothèque.
 

Toujours à Aïoun, le 2 septembre 1988, à l’occasion du 1er anniversaire du décès de Teen Yuusuf Gey, j’ai écrit ce passage dans mes notes de prison : «Anniversaire: premier anniversaire de Teen Youssouf Guèye à Néma (?). Comme pour le cas de Alassan Oumar, on n’en parle pas. Du moins, rares sont ceux qui en parlent. Comme si on avait tout oublié ou on n’ose rien faire pour commémorer ces journées, de peur de la répression. Le régime veut nous imposer une amnésie». En écrivant ces mots, la promesse que j’avais faite à Alasan Umar me revint à l’esprit. Je pensais à la bibliothèque pillée dont la plupart des ouvrages étaient en train d’être vendus dans des boutiques de Bîdân, informations que m’avait données une épouse venue rendre visite à son mari. Je concluais avec amertume que je ne pourrai plus tenir alors ma promesse. Et pourtant, il faut que je la tienne. Alors j’ai décidé, que le jour de la cérémonie de restitution des corps de nos Martyrs à la patrie et aux familles, cérémonies que nous ferons avec grande solennité, j’enterrerai la copie de ma thèse entière, celle que j’ai utilisée lors de ma soutenance, avec les restes de Alassan Umar. Si je disparaissais de ce monde avant ce jour, ma famille sera chargée de le faire.

Hare koko jokki.
 

Ibraahiima Abuu Sal-Rescapé de Oualata.