Daily Archives: 25/01/2011
Mauritanie : Haro sur les militants anti esclavagistes
Le réseau de lutte contre l’esclavage par ascendance salue la condamnation par la justice mauritanienne d’Oumoulimnine Mint Bakar Vall pour « exploitation de mineurs » avec la complicité des mères des victimes, à 6 mois d’emprisonnement ferme assorti d’une amende de 200.000 UM. Le réseau constate qu’une fois de plus la justice mauritanienne préfère traiter les cas d’esclavage par ascendance comme de simple affaire relevant de la loi sur l’exploitation des mineurs, évitant soigneusement d’appliquer la loi 2007-048 criminalisant l’esclavage et prévue pour des cas d’esclavage.
Le réseau déplore cette fuite en avant de la justice mauritanienne qui comme d’habitude recourt à des artifices pour ne pas créer de cas de jurisprudence avec la nouvelle loi incriminant l’esclavage. Pourtant l’application de loi 2007-048 incriminant l’esclavage pourrait constituer un signal fort pour les auteurs de pratiques d’esclavage.
La décision de justice constitue tout de même une victoire mitigée; grâce à la mobilisation de l’opinion nationale et internationale, une personne coupable d’actes esclavagistes, issue d’une famille de haut rang dans le système de caste, se retrouve ainsi condamnée à l’emprisonnement ferme, pour exploitation de mineures.
Mais à quel prix ? Des militants antis esclavagistes en Mauritanie dont Biram Ould Dah Ould Abeid membre de SOS-Esclaves et fondateurs de l’Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste qui ont été à l’ origine cette affaire ont été maltraités traduits en justice pour 4 semaines et condamnés à un an ferme dont 6 mois en sursis.
S’il y a lieu de se réjouir de cette percée de taille dans le mur de la dénégation et de l’occultation, il importe de dénoncer les stratégies d’intimidation et d’harcèlement des militants dans leur lutte contre cette pratique criminelle et anachronique qu’est l’esclavage par ascendance.
Ces tentatives traduisent la connivence étroite, entre le système judiciaire, et le système de domination, pour maintenir, impuni, le fait social de l’esclavage et des discriminations ethno-raciales en Mauritanie.
Le Réseau de lutte contre l’esclavage condamne avec la dernière énergie, la condamnation de Mr Biram et de ses collègues et recommande :
· Au gouvernement mauritanien, à donner des instructions fermes aux forces de l’ordre afin que les militants de droits humains puissent faire leur travail sans provocation et obstacle aucuns conformément à l’Article 15 de la nouvelle loi qui permet à toute association des droits de l’homme légalement reconnue de dénoncer les pratiques d’esclavage et d’assister les victimes de celles – ci.
· Aux autorités judiciaires mauritanienne d’appliquer la loi dans toute sa rigueur afin de mettre fin à l’esclavage par ascendance qui est une injustice inconcevable et qui sape sérieusement les efforts consentis depuis 2007 par le gouvernement mauritanien pour l’instauration d’un Etat de droit.
Afin le Réseau réaffirme sa solidarité sans faille aux membres de SOS-Esclaves et à tous les militants anti-esclavagistes en Mauritanie et les exhorte à ne faire aucune concession dans la lutte contre l’esclavage dans les limites de la légalité.
Réseau de lutte contre l’esclavage par ascendance
Ont signé :
SOS-Esclaves, Mauritanie
Association Femmes Chef de Familles, Mauritanie
Association Mauritanien des Droits de l’Homme, Mauritanie
Association TEMEDT, Mali
GARI, Mali
Association Timidria, Niger
Anti-Slavery International, Grand Bretagne
International Senior Lawyers Project, Etats Unis d’Amérique
Pour plus d’informations contacter
Boubacar Messaoud,
Président,
SOS-Esclaves
Tél : +222 46 40 83 97 / +222 22 16 00 16
203, rue 42-156,
NOUAKCHOTT, BP:4302
MAURITANIE
Des contre vérités par Ba Kari.
« La lutte continue des FLAM, déconstruction d’une histoire imaginaire ». Cet article/règlement de comptes contient des contre vérités qu’il me paraît important de relever, sans parti pris, pour éclairer vos lecteurs. Il n’est pas juste, si ce n’est écrit ici par ignorance, de dire que les FLAM se contentaient de revendiquer des actions menées par d’autres. Il est encore moins juste de citer parmi ces derniers le Mouvement M 25. Ce mouvement est né en France, à un moment où, les attaques dans la vallée, objet de revendications diverses, avaient complètement cessé.
S’il est vrai que plusieurs éléments plus ou moins organisés agissaient sur le terrain, dont un groupe de bergers peuls autour de “Papelaré” a pas mal fait parler de lui ; il est aussi incontestable que les FLAM, de manière structurée, ont envoyé plusieurs expéditions punitives en territoire mauritanien. Les cibles, les méthodes et les moyens utilisés n’étaient pas les mêmes. Alors que les bergers peuls tentaient de récupérer sur l’autre rive le bétail laissé derrière eux lors de leur déportation, les actions des FLAM avaient pour cibles soit les positions de l’armée, de la garde et de la gendarmerie mauritanienne qui tenaient la vallée en état de siège, soit les populations nouvellement installées sur les terres à des fins d’occupation. Certains de leurs militants y laisseront leur vie (TOURE Zakaria, Ly Mamoudou par exemple) ou seront gravement blessés (dont Hajji BA) ou encore ont été donnés pour morts, avant d’être retrouvés arrêtés par les autorités militaires mauritaniennes (Lt DIA, notamment). Alors, par respect pour la mémoire de ceux qui sont tombés, il faut éviter, sous le prétexte de mettre à nu un militant des FLAM dont vous estimez, à tort ou à raison, qu’il se construit une légende, de jeter le discrédit sur un combat pour lequel l’organisation a payé le prix bien lourd.
Les noms cités ici ne le sont qu’à titre d’illustration, ils ne résument pas, malheureusement , à eux seuls la liste des martyrs tombés, c’est le lieu de le dire sur le champ de l’honneur en voulant donner un contenu et un sens à une lutte armée, pensée et engagée il est vrai dans la précipitation et sans moyens du tout.
Alors, alors, de grâce, un peu de retenue svp dans cette guérilla sur clavier !
Ba Kari- Paris- France.
FLAM, une trilogie ou une série ? par Bocar Daha Kane des FLAM-Europe de l´Ouest
Après « Mais enfin, où vont les FLAM ?»
Après « FLAM, quand les grands arbres disparaissent »
Voici « La lutte continue des FLAM, déconstruction d’une histoire imaginaire »
A quand le tome suivant ? Il est dommage d’assister depuis un certain temps à cette campagne de désinformation, de falsification, de mensonges à l’encontre des Flam, sur la toile internet. Ceux-là même, qui tarifent les « flamistes » de maitres du verbiage et du clavier, en sont devenus des experts en la matière. L’élève a dépassé le maitre, comme le dit-on !
Je reste de marbre quand je lis que Kaaw Touré s’est inventé un «mythe ». Un de ses compagnons de fortune milite et occupe un rang important au sein de l’AJD/MR, pourra sans doute mieux « élucider » cette question, à moins que celui-ci ne soit un fantôme pour nos heureux détracteurs.
Par ailleurs que Monsieur Touré fasse ou non la prison, ceci ne change rien en la valeur intrinsèque de l’homme. Faire de la prison en soi n’est pas forcement un gage militantisme ou d’engagement politique surtout en Mauritanie, surtout à l’époque. Le vieillard vendeur de cure-dent, le mécanicien, le médecin, des simples badauds se sont retrouvés derrière les barreaux de Taya, de Ely, et d’Azziz, parce que tout simplement victimes de leur soma. J’emprunte l’expression «on sait qui est qui », pour dire, en effet Walaata et autres camps mouroirs ont construit des mythes politiques. Qui sont réellement ces « Ingrid Betancourt » ??????
Kaaw un arriviste ? Pourtant des hommes éclairés de la trempe de Diagana Ousmane, de Bâ Mamadou Bocar, de Saydou Kane, ont fait de Kaaw leur porte parole ceci date de 1994. On peut détester l’homme, mais on ne peut nier son apport au mouvement. Peut-être ou certainement je dirai, il a été aidé par d’autres militants et adhérents, acceptons que Monsieur a fait un excellent travail et continue de le faire, tout comme l’avaient fait ceux précédemment cités.
De là, à ramener son arrestation et des tortures qui s’en sont suivies à une banale interpellation, relève d’une attaque personnelle mais encore plus grave, une attaque gratuite qui ne s’explique mais surtout ne s’excuse pas. Les évènements racontés en 1987 relatent une autre histoire, je suppose que l’on a volontairement ou non omis de le souligner. Il s’agit du début de son exil forcé-« exil doré » me dira t-on-vers le Sénégal !
Encore aujourd’hui, quelques âmes aigries et rancunières se posent la question de savoir qu’est-ce que les Flam ont fait pour la communauté. Doudou Ball, Ousmane Diagana, Bâ Mamadou Bocar, et autres encore ne constituent pas eux seuls et individuellement le travail des Flam. Ils ont travaillé en équipe et en concertation avec des femmes et des hommes encore fidèles à l’organisation pour abattre un travail colossal. Que certains d’entre eux collaborent aujourd’hui avec ceux qu’ils avaient combattus, malgré leur engagement passé, ne les absout pas de critiques. Pour précision, je ne parle pas de ceux qui sont entrain de « discuter », l’avenir nous éclairera, mais de ceux qui ont intégré le système. Par ailleurs, les connaisseurs apporteront certainement des clarifications quand au passé « flamiste » de Murtudo, il me semble que l’homme a été proche des Flam sans jamais adhérer au mouvement. Si tel était le cas, on ne peut alors parler d’une fantomatique sortie de l’organisation alors qu’il n’a jamais fait partie. Ne pouvant pas personnellement vérifier, nous espérons que la lumière sera faite sur ce point pour éviter confusions et amalgames. Ce dont nous sommes certains, est que ce dernier connu pour sa franchise, parlait des Flam en ces termes : “Les Flamistes sont mes meilleurs collègues. Ils ne sont pas hypocrites, ni corrompus, ni influençables“(Le Rénovateur quotidien du 19/5/2009). Est-ce une expression creuse ?! Bien qu’ayant eu un différend avec un des responsables des Flam, à la lecture de cette apparition du «doyen», on peut dire qu’il éprouvait du respect pour les Flam. (Lire sur Flamnet son hommage aux Flam avant sa mort à l´occasion de l´anniversaire de mars 2009)
Ne soyons pas aveugles quand cela nous arrange au risque de tout mélanger. Je ne mettrai pas dans le même lot Saydou, Murtudo, Habib, avec Doudou, Tidjane. Avec tout le respect que nous devons aux derniers, ils ne constituent nullement une référence pour nous.
La référence, c’est avant tout le respect de certains principes, le refus de monnayer sa dignité et son honneur, une trajectoire lisible…Loin de nous, l’idée selon laquelle il faut être des Flam pour avoir ce label. Des femmes et des Hommes de cette envergure on n’en trouve à l’AJD/MR, à L’AVOMM, à L’OCVIDH, IRA, au PLEJ…mais encore à L’UFD, Conscience et Resistance… Ce sont aussi des personnalités et personnes inconnues.
Cependant bien que certains ont été des fers de lance de la lutte, à la lecture de leurs trajectoires, ils perdent toute crédibilité de représentativité. Nous ne dirons pas qu’ils soldent à tout jamais leur passée, mais le seul respect que nous leur accordons c’est celui que l’on doit par nos coutumes à un ainé ou à un « banndiraado ».
Il fut un temps, les Flam étaient l’une des rares voix audibles de la cause, aujourd’hui que la voie du militantisme et de l’engagement est moins périlleuse, d’autres se sont joints à la lutte pour épouser la cause. Tant mieux pour nous, car cette diversité dans l’approche de la lutte ne peut que nous conduire en avant en élargissant nos champs d’action. Cependant rendons à César ce qui est à lui, que ces nouveau-nés ne s’adjugent pas la paternité d’une lutte qu’ils ont rejoint quand la répression est devenue moindre. Les Flam n’ont pas besoin de prouver ce dont elles sont capables, évitons d’insulter le travail d’hier de Bâ Mamadou Bocar, Ousmane Diagana, et autres; évitons simplement d’insulter le travail de Kébé Moussa, de Bâ Ciré, de Wone Abda, de Kaaw Touré, de Ibra Mifo… Cette jeunesse talentueuse qui a appris auprès de Saydou Kane, d’Ibrahima Sall, de Samba Thiam, de Ba Mamadou Sidi, de Murtudo encore. Cette jeunesse a un avenir radieux promis pour beaucoup d’entre eux, qui a préféré sacrifier celui-ci. Cette jeunesse ne préméditait pas certainement un «exil doré», loin des siens. Elle a fait ses preuves à Nouakchott, à Dakar, à NDioum, à Paris, à Stockholm, à New york…
Nous n’allons pas nous appesantir sur ce mythe «d’exil doré». Cet exil qui peut être multidimensionnel à la fois politique, social, économique, ne peut être ramené à un juste choix de confort matériel. Les experts en la matière nous ont fourni une certaine littérature qui peut nous éviter des raccourcis simplistes. Nos vaillants ainés ont d’abord fait leur preuve à Nouakchott, à Kaëdi et ailleurs, avant de connaitre l’exil forcé. Il n y avait aucune préméditation pour se retrouver à New York ou Stockholm, nous sommes tentés de rajouter !!!
Les Flam, nous avons tous appris d’elles. Elles demeurent encore ce qu’elles étaient avant, à savoir notre fierté, notre refus de soumission, notre refus de la résignation, notre refus de compromission. Les Flam c’est une honnêteté intellectuelle, une honnêteté politique, une cohérence tout simplement.
Mais enfin, où vont les Flam ? S’est-il interrogé ! Nous ne savons pas, mais nous sommes certains de là, où elles n’iront pas. Et la lutte continue !
Kane Bocar Daha- Bordeaux-France
FLAM-Europe de l´Ouest.
25 janvier 2011.
Taisez-vous, vous êtes le président d’une République
Yacoub Ould Dahoud est jeune, il a dépassé de très peu ses quarante printemps. Il a de la famille, une épouse, des enfants en bas âges. Il a également des frères, des sœurs, peut-être, des parents, des cousins, des amis. Il y a une semaine, Yacoud s’est immolé. Il y a deux jours, il est mort. Il a quitté ce monde. Tout ce monde. Dont, justement, les siens, tous. Ceux qui l’aiment. Ceux qu’il aime. A tout ce monde, il a préféré la mort. La mort, la plus douloureuse, finir sa vie par le feu. Yacoub est issu d’une famille aisée. Il ne manquait, certes, de rien. Malgré tout cela, toutes ces attaches, tout cet amour, toute l’aisance, il s’est donné la mort. Il s’est brûlé vif, devant la bâtisse du Sénat, à quelques encablures de la présidence, à quelques mètres des ministères de l’Intérieur, des affaires étrangères, de la défense, en face de la banque centrale de Mauritanie. Il aurait pu finir ses jours chez lui, dans sa chambre à coucher, en ingurgitant une surdose de médicaments. Et, mourir…Il aurait pu opter pour une noyade. Et, mourir…Il aurait pu se faire tuer, en entraînant avec lui d’autres vies humaines. Mais, Yacoub a voulu se brûler seul. Il a surtout choisi le lieu de l’immolation. D’une multitude d’endroits, Ould Dahoud a désigné le lieu de son acte. C’est une symbolique. Importante. Il s’est immolé au cœur d’un conglomérat d’institutions de la République. Son acte est d’abord une expression de colère contre toutes ces institutions. Contre la République à laquelle celles-là s’identifient.