Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Monthly Archives: March 2016

FLAMNET-AGORA: “Haro sur le communautarisme ! ” PAR SAMBA THIAM PRÉSIDENT DES FPC.

alt Haro sur le communautarisme !

Depuis que  les forces négro-africaines tentent de se rassembler,  dans un élan  de survie , on observe  une sorte de levée de boucliers  . De tous cotés fuse l’indignation , feinte ou réelle , sans que personne ne  songe à s’interroger sur les causes réelles ou supposées  du  phénomène .… 

 

 Suite au fameux second discours d’investiture  du Président de la République,  nous avons entendu le  Premier ministre , puis  les habituels  acolytes  et autres  laquais faire chorus .  Même son de cloche  à travers  une certaine presse ;  et pourtant !

Mais qu’est-ce donc le communautarisme ? Quel sens lui donne-t-on ?

 Le communautarisme se définit , généralement, par ce ‘’ soutien automatique ou mécanique   à un groupe ou à des idées , par solidarité ethnique, sociale ou religieuse ‘’ . Quel mauritanien  échappait  à ces différentes appartenances, dans ces rapports avec les autres  ?  Qui  s’en distanciait  vraiment ?  ’’ La  citoyenneté  ne peut être disjointe de l’ethnicité’’ ;  la citoyenneté ethnoculturellement neutre est une utopie’’, nous rappelle Souleymane   B  Diagne . 

Cette solidarité primaire, par ailleurs,  n’est pas quelque chose de nouveau en Afrique  et  dans le monde , même  si elle demeure plus  marquée  dans ce continent ; en  raison et à cause  des Etats africains  aux  politiques  inaptes  à créer des Etats fédérateurs  de la pluralité des nations , des langues et cultures.

La crainte  des détracteurs  du  communautarisme  viendrait , dit-on ,de cette conviction  qu’il diviserait la nation au détriment de l’intégration …A supposé que ce fut vrai  , dans notre cas d’espèce  on ne divisait rien du tout puisque la ‘’ nation’’ , stricto sensu , n’existait pas ! Cette inquiétude  donc ne reposait sur rien ! L’on sait, par ailleurs , que le Communautarisme demeurait en cours  dans beaucoup de pays  qui ne s’en  portaient pas plus mal ; il ne les divisait en aucune façon, non plus …  IL favorisait  plutôt  leur cohésion nationale à travers la participation des groupes nationaux  à la gestion de l’Etat et de la vie publique.

La  seconde réserve  émise à l’endroit du communautarisme  résulte , semble-t-il , de  l’idée  – que lorsque  la représentation  irait  aux  groupes  et non à l’individu , il y’ aurait entrave  à l’exercice de la démocratie ; ce qui est totalement  erroné ; Le  Communautarisme  n’est pas antinomique  à la démocratie . La Belgique , la Suisse,  le Liban  ,le Nigeria , l’’Espagne  entre autres exemples , illustrent  tout  le contraire , pour l’avoir pratiqué .  Pourquoi tant de réticences à s’inspirer de ces modèles ?  Pourquoi  serait –il déplacé  d’en parler ici quand  l’Etat arabo-berbère a failli dans sa construction de la ‘’Nation’’ (Etat-nation), et partant de la citoyenneté ? Citoyenneté qui se cherche chez nous  et partout  en Afrique , produit  de la Démocratie ‘’occidentale’’ mécaniquement plaquée , fondée sur l’individualisme,  l’égoïsme .  Citoyenneté que nous devons, certes, tenter de construire mais sans  hâte, c’est-à-dire  sans sauter de paliers, dont l’un des passages  obligés  constitue  la représentation  des  communautés  en présence.  Le Communautarisme,  dis-je , serait  l’étape  transitoire nécessaire dans  l’émergence de la citoyenneté,  lointaine . En effet , dans le rapport  entre groupes nationaux , le communautarisme force l’acceptation mutuelle et la reconnaissance des identités  irréductibles, respectives…Il  n’est donc  pas  mauvais  en soi , comme  veulent nous le faire croire  certains esprits  mal pensant  ; Ce qui est mauvais  par contre, tant pour le nationalisme que pour le communautarisme, c’est l’exacerbation du sentiment communautaire ou nationaliste  qui pousse au rejet de l’autre , et à se percevoir comme le centre du monde .

Ce rejet du communautarisme on le retrouvait  aussi , curieusement ,  chez   certains cadres négro-africains , qui  se surprennent à dire qu’ils le refusaient ,et   d’autres ,  qu’ils  ‘’ne  faisaient  pas de politique’’ … Hélas , ces Messieurs   faisaient  preuve d’une grande  naïveté .  Ils se laissaient  culpabiliser et intimider  par le battage médiatique  entretenu  à dessein sur la question, par les mêmes . Poser l’affirmation de  son identité ethnique n’est- ce pas faire un clin d’œil au communautarisme ?  et plus ,  qu’était -ce faire la politique  sinon  se préoccuper  ou  s’occuper des affaires de la Cité …tout comme un  bon père de famille responsable  prend soin de son foyer !

Enfin , Le communautarisme  constitue  pour les groupes  marginalisées  dont la  citoyenneté est  déniée une réponse, voire  la réponse , normale , face à un racisme d’Etat  sournois , non  officiel ,  qui a partout cours.  Tout  l’environnement dans lequel nous baignons est communautaire,  tribal! Tout, autour de  nous, reste empreint de ce communautarisme , déjà avec Moctar ; Ould Taya  est  venu l’ exacerber , l’attiser , et  le Président Abdel Aziz le poursuivre  avec  obstination et  de manière appliquée  ;  à  travers ces écoles spéciales  ségrégationnistes , l’Armée , la police , la justice , le parlement , les médias , l’encouragement d’association ou de partis à base tribale, de réunions tribales au quotidien  . Tel  est  l’environnement communautaire  que l’on nous offre, tous les jours,  en pratique  et, …en théorie  «  une société garantissant la justice et l’égalité en droits  et en devoirs , où la compétence , l’excellence et la citoyenneté  seraient les seuls critères de valeurs ». Slogan  creux du Premier ministre , double langage*  destiné à endormir  la vigilance  des damnés de la Mauritanie…Alors que de tout temps  notre environnement  fut et reste celui-là sans que personne ne  trouve  à redire , maintenant  que  les Négro-africains  tentent de s’organiser sur la même base ,  à des fins de résistance groupée ,  on crie au scandale ?  Chacun y va de son indignation ! …Ces critiques  passent sous silence  l’autre communautarisme  cynique , décrit plus haut ;  ils passent sous silence  celui des haratines, incarné par  le ‘’Manifeste’’, et  vis-à- vis duquel  des forces politiques  rivalisent  d’ardeur , dans  leur soutien, pour  vouer  aux  gémonies tout effort  de regroupement des négro-africains !

Motus sur ces communautarismes là  et haro sur celui des Négro-africains !

De  qui se moque-t-on ?

 Thsiyembe  affirmait  que  la volonté de vivre ensemble  doit avoir pour socle  le respect concomitant  de la diversité culturelle , ethnique , et religieuse , condition de participation des nations  . L’émergence  soudaine  du ‘’repli communautaire’’ des  Négro-africains  ne résulterait- il  pas tout simplement de la non prise en compte de cette condition fondamentale ?

En l’absence  de la citoyenneté qui n’a pas émergé dans la Nation en général, ou lorsque celle-ci  existe elle n’est  alors reconnue  qu’à certains, n’est-il pas légitime  que  les damnés du pays se cherchent aussi une alternative ?

 

  • A parcourir la liste des nominations  du conseil de ministres dernier – 24 mars 2016- , on constate que le Premier ministre dit une chose et fait le contraire ; double langage, flagrant délit de démagogie : sur 70 nominations 10  negro africains ! Un blanchissement méthodique, appliqué de l’Administration… 
  • Qui  ‘’ divisait le peuple ‘’ ?

 

La lutte continue !

Nouakchott , le 26 Mars  2016.

Samba Thiam.

Président des Forces Progressistes du Changement( FPC).

 

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Nouakchott , le 4 Mars  2016.

Samba Thiam.

Président des Forces Progressistes du Changement( FPC).

Eliminatoires de la CAN 2017 : les Mourabitounes vainqueurs de la Gambie 2 buts à 1

l'équipe des Mourabitounes: à l'extrémité du premier rang, Bessam, l'auteur du doubléAu troisième jour, et à 24 heures de la rencontre entre le Cameroun et l’Afrique du Sud, la Mauritanie, qui fait partie de ce groupe « M » pour les qualifications à la prochaine coupe d’Afrique des nations 2017 au Gabon, est Co-leader du groupe avec les lions indomptables du Cameroun avec 6 points chacun.

En effet, les Mourabitounes ont pris le meilleur vendredi après midi sur l’équipe nationale de Gambie « les scorpions » par le score de deux buts à 1.

Malgré la performance, l’équipe locale a présenté un visage moins bon que celui qu’elle a affiché, ici même sur la pelouse du stade olympique de Nouakchott devant les Bafanas- Bafanas de l’Afrique du Sud.

Rentrés aux vestiaires avec un but d’avance, les Mourabitounes se sont faits rejoints par leurs adversaires à la 59ème minute, un but signé Carayol.

Les locaux ont perdu les initiatives lors de la deuxième moitié du match, manquant apparemment de fraîcheur physique.

Un handicap que l’entraîneur de l’équipe nationale, Corantin Martines se doit de surmonter, en moins de 72 heures, c’est-à-dire avant le match retour contre les gambiens mardi prochain à Bakau s’il veut garder l’ambition de glaner une place parmi l’élite africaine qui a rendez-vous l’année prochaine au Gabon.

Comme lors de leur dernière sortie face aux sud africain, les Mourabitounes ont du leur salut à l’irrésistible El Khalil Moulaye Ahmed dit Bessam quia réussi un doublé, son deuxième but ayant été inscrit dans les arrêts de jeu.

S’il est vrai que l’équipe mauritanienne a fait des progrès sensibles, il n’en demeure pas moins que beaucoup reste encore à faire surtout au niveau de la condition physique et des automatismes.

A sa décharge peut être la rareté des regroupements et des matchs amicaux pour l’effectif, des conditions inéluctables pour toute équipe qui veut avoir les moyens de ses ambitions et d’intégrer la cour des grands.

 

saharamedias

Témoignage de Salah Hanna «Témoin d’une époque » 6ème émission : «De Bouaké en Côte d’Ivoire, nous avons préparé l’aile militaire pour renverser le régime de Taya »

Témoignage de Salah Hanna «Témoin d’une époque » 6ème émission : «De Bouaké en Côte d’Ivoire, nous avons préparé l’aile militaire pour renverser le régime  de Taya »L’Authentique – Dans la 6ème émission de son témoignage sur «Témoin d’une époque sur les coups d’Etat en Mauritanie » diffusé par Al Jazeera, l’ancien commandant Salah Hanana évoque sa sortie du territoire mauritanien, après l’échec du coup d’état militaire qu’il avait dirigé contre le président Taya le 8 juin 2003.

Dans cette partie, il revient sur son séjour au Burkina Faso, via le territoire malien, avec l’aide de Limame Chaavi, conseiller spécial de l’ancien président burkinabé Blaise Compaoré, puis de la constitution à Bouaké, en Côte d’Ivoire, de l’organisation armée «Cavaliers du Changement ».

Il n’avait pas renoncé, lui et ses amis, à renverser le pouvoir en place en Mauritanie.

La dernière émission de son témoignage sur l’époque des coups d’Etat en Mauritanie «Témoin d’une époque » diffusée par la chaîne qatarie Al Jazeera, Salah Ould Hanana s’était arrêté sur sa tentative de sortie du territoire mauritanien par la frontière malienne, en compagnie de Mohamed Cheikhna et de deux guides.

Selon lui, c’est sous la couverture d’éleveurs se rendant auprès de leurs troupeaux au Mali qu’ils ont franchi le poste de contrôle malien, après avoir évité tous les check-point côté mauritanien. Ce qui était d’autant plus facile selon lui que dans cette partie du territoire mauritanien, c’était le no man’s land. Au poste de contrôle, ils présentèrent l’autorisation délivrée par le préfet de Tintane. Salah était accompagné dans cette odyssée par Mohamed Cheikhna et deux jeunes accompagnateurs. De la frontière malienne, Salah Hanana et Mohamed Cheikhna qui s’étaient séparés de leurs jeunes compagnons, se seraient rendus à Kayes, puis de là par avion, jusqu’à Bamako, sans document de voyage, sinon des certificats de perte.

C’’est là où ils seront rejoins par Limame Chaavi qui les amènera à Ouagadougou à bord d’une voiture de la présidence burkinabé. Selon Salah, le président Blaise Compaoré savait qui ils étaient. Il les aurait même rencontrés plusieurs fois lors de leur séjour de deux semaines à Ouaga. Selon Ould Hanana, l’idéologie révolutionnaire dont était porteur Blaise et son appui aux dissidents africains contre des dictatures serait la raison pour laquelle il avait décidé de les aider, tout comme il l’avait fait pour Guillaume Soro.

De Ouagadougou, Limame Chaavi les aurait aidés à se rendre en Côte d’Ivoire, notamment à Bouaké, le fief de Guillaume Soro, actuel président de l’Assemblée nationale ivoirienne et ami intime de Chaavi. C’était à l’époque de la guerre civile ivoirienne où le pays était divisé en deux. C’est à Bouaké, que va être constitué, dira-t-il en substance, le groupe armé «Les Cavaliers du Changement», l’aile militaire constitué par les putschistes de Nouakchott. Ce mouvement armé sera crée le 18 août 2003. Ils produiront deux éléments visuels dont le premier sera diffusé par Al Arabia, après le refus d’Al Jazeera de le faire passer. Mais la chaîne qatarie se rattrapera cependant, selon lui, avec le second élément qu’elle diffusera bien plus tard. Parallèlement à l’aile militaire, une aile politique fut créé sous la présidence du Dr.Kane Saïdou qui professait dans des universités norvégiennes, avec comme chargé des Affaires extérieures Jemal Ould Yessa.

Le fait que 50% des officiers qui avaient participé au coup d’Etat du 8 juin 2003 n’aient pas été démasqués et qu’ils étaient restés dans le commandement, ajouté à la vague de sympathie qu’ils recevront de la part des Mauritaniens de l’intérieur et de l’extérieur, notamment l’organisation en exil «Conscience et Résistance » de Jemal Ould Yessa, des intellectuels comme Beddy Ould Ebnou, Saïdou Kane, ainsi que les Islamistes et beaucoup d’autres forces sociales et politiques, les auraient confortés dans leur détermination à réessayer leur tentative pour renverser Taya, souligne Ould Hanana.

Le rôle crucial de l’Observatoire mauritanien des droits de l’homme dirigé par Mohamed Mokhtar Chinguitty dans les données objectives sur la situation en ce moment en Mauritanie, et la crédibilité internationale dont il jouissait, a été déterminant selon Ould Hanana dans l’information de l’opinion sur tout ce qui se passait en Mauritanie.

A Nouakchott, la réaction de Ould Taya après le putsch fut énergique. Plusieurs centaines de civils et de militaires soupçonnés d’avoir pris part au putsch manqué de 2003 sont arrêtés, des chambardements monstres secouent le parti-état, le PRDS, mais aussi l’administration et les forces armées. Le Parquet général sortit une liste de 129 militaires accusés de complot et d’atteintes à la sûreté d’Etat. Le capitaine Didi Ould Saleck qui s’était réfugié au Sénégal sera extradé vers la Mauritanie, alors que Ould Mini et Ould Kaabach étaient parvenus à sortir du Sénégal pour rejoindre le Mali, puis les dissidents à Bouaké. Les relations de la Mauritanie devinrent exécrables avec le Burkina Faso et la Libye.

Salah Ould Hanana déclare n’avoir jamais rencontré Khadhafi durant cette période ni lui ni aucun de ses compagnons et que Khadafi non plus n’avait jamais sollicité leur rencontre. Le guide libyen avait cependant soutenu leur action car il en voulait viscéralement à Ould Taya à cause de ses relations diplomatiques avec Israël. Côté finances, c’était donc Ould Chaavi, le régime burkinabé et Guillaume Soro qui les soutenait.. Il a affirmé avoir fait plusieurs fois la navette entre Bouaké, Ouaga et Bamako, parfois pour faire entrer des armes en Mauritanie (100 kalachnikov, 10 RPG et 20 pistolets), d’autres fois pour diffuser des messages.

Selon Hanana, la communication a été déterminante dans leur action, notamment sur le plan de l’intox vis-à-vis des services de sécurité mauritaniens mais aussi comme arme de mobilisation de l’opinion publique nationale et internationale. Parmi les hommes politiques mauritaniens, seul Mohamed Khouna Ould Haïdalla prenait souvent contact avec eux, reconnaît Ould Hanana.

Côté finances, le journaliste rappellera que Salah, dans ses PV d’audition en 2004, aurait reconnu avoir perçu 200 à 300 000 dollars U.S d’aide, dont 100.000 dollars qui lui ont été remis à Bamako par Sidi Mohamed Ould Haïdalla. Le 15 novembre 2003, Ould Taya fait arrêter Mohamed Khouna Ould Haidalla, qui était candidat à la présidentielle à l’époque pour tentative de coup d’Etat et complot. Le fameux Grab 1.

Pour Salah Ould Hanana ses relations avec Haïdalla était purement politique et qu’il lui avait proposé à l’époque de l’exfiltrer et de l’aider à monter un gouvernement en exil, car il était sûr, dira-t-il, que les élections allaient être truquées. Haïdalla aurait accepté la proposition.

En avril 2004, les Etats-Unis d’Amérique accusèrent les «Cavaliers du Changement » de connivences avec les groupes armées algériens, de recevoir d’eux des fonds et d’entretenir des relations avec les mouvements extrémistes.

Madame Aminetou Mint Ely, présidente de l’association des femmes chefs de familles (AFCF) : ‘’Tous les malaises de la société civile sont principalement la course vers l’argent, en ordre dispersé et vers lui seul’’

Madame Aminetou Mint Ely, présidente de l’association des femmes chefs de familles (AFCF) : ‘’Tous les malaises de la société civile sont principalement la course vers l’argent, en ordre dispersé et vers lui seul’’ Les Mauritaniennes viennent de célébrer, à l’instar des autres femmes de la planète, la Journée internationale qui leur est dédiée. En quoi celle de 2016 aura-t-elle été différente de la précédente, pour l’AFCF ?

Aminetou Mint Ely : Certes les femmes mauritaniennes fêtent cette Journée internationale du 8 Mars 2016 dans un contexte assez particulier, marqué par la crise économique profonde qui affecte le panier de la ménagère et la stabilité des ménages.

Cette situation engendre une recrudescence de la violence à l’égard des femmes (violences conjugales, viols, mariages de mineures, meurtres, traite et trafics…) et le développement de la criminalité, au sein d’une société en pleine mutation, tandis que perdurent l’impunité, l’absence de mécanismes nationaux fiables de lutte contre ces violences, la complicité de certains magistrats et le manque d’indépendance de la justice.

En cette journée du 8 Mars 2016, l’AFCF a consacré ses efforts, comme ses consœurs dans le Monde, à la promotion de l’égalité genre en 2030. Certes, la femme mauritanienne est encore très loin du résultat escompté.

Il faut sérier les priorités. Aussi avons-nous commémoré cette journée, à l’AFCF, par une analyse du contexte économique et social qui nous amène à insister sur l’autonomisation économique des femmes, par leur implication dans la conception, la planification, la mise en œuvre et le suivi-évaluation. Elles doivent aussi avoir l’accès aux grands prêts bancaires, au même titre que les hommes, pour développer un entreprenariat puissant et avoir l’accès à tous les privilèges jusqu’à présent réservés exclusivement aux hommes.

– N’avez-vous pas le sentiment que l’éclatement des manifestations, chacune dans son petit coin, rend peu lisibles les activités de vos organisations et, partant, diminue leur lobbying auprès des pouvoirs publics ?

– Je suis tout à fait d’accord avec vous qu’il faut développer une dynamique de réseautage, seule capable de constituer, par son unité d’action, une force de plaidoyer et de lobbying, auprès des décideurs. L’AFCF a toujours milité pour le rapprochement des organisations de la Société civile, avec la mise en place de réseaux.

Le COMEDUC marche très bien mais celui pour la promotion des droits humains, essentiellement composé de femmes, ne fonctionne pas, comme beaucoup d’autres réseaux inactifs. Notre grand problème, à nous, les organisations de la SC, c’est l’instrumentalisation, par l’Etat, de certaines d’entre nous, ce qui lui permet de les dresser les unes contre les autres.

Son leadership, très poussé, au sein des associations de femmes, devient un frein à l’attente et la compréhension de ne pas agir en ordre dispersé. Malheureusement, nous sommes encore, il faut le reconnaître, une société civile – en particulier les organisations de femmes – sans vision, ni objectif, ni principe.

Cela entrave nos actions et met en cause notre crédibilité. Nous déplorons l’éclatement des activités et des efforts mais, à défaut d’une entente claire entre les ONG de femmes, il est préférable que chacun ait sa part de gâteau, en sachant que tous les malaises de cette société civile sont principalement la course vers l’argent, en ordre dispersé et vers lui seul.

– L’émancipation de la femme s’est accompagnée, presque partout, par l’éclatement des familles et la prolifération de divorces… Beaucoup de femmes se retrouvent, aujourd’hui, chefs de famille, avec, souvent, de lourdes charges sur le dos, à commencer par l’éducation des enfants. Quelle explication pouvez-vous donner à ces phénomènes, nouveaux chez nous ?

– Les femmes mauritaniennes sont très éloignées de l’émancipation. Elles sont trop souvent encore esclaves de la pauvreté, de l’ignorance et de la discrimination, à tous les niveaux.

Comme vous l’avez bien souligné, le taux de divorce est très élevé, le chômage et le manque de prise en charge sociale sont des facteurs qui ont beaucoup contribué à l’abandon des filles de l’école, développé la criminalité, la traite et le trafic des domestiques.

On assiste, d’autre part, à une dégradation constante des conditions de vie des ménages, en particulier ceux dirigés par les femmes, tandis que perdure l’inapplication des lois qui permettraient, à celles-ci, d’accéder aux maigres revenus de la pension alimentaire.

Un blocage engendré par la lenteur des procédures judiciaires, souvent à l’avantage de l’homme de surcroît, et le manque d’accès aux services et à l’aide judiciaires. En ces circonstances, il faut pouvoir disposer d’un avocat, pour espérer obtenir pension alimentaire et droits des enfants issus de couples séparés.

– Certains accusent vos organisations d’abuser un peu trop des textes pour, en quelque sorte, « régler des comptes » au sexe réputé fort. On traîne des hommes devant les tribunaux, confisque presque tout le salaire, les renvoie de leur maison… Que répondez-vous ?

– L’AFCF est une organisation de défense des droits pour la stabilité des ménages mais, en respect total de la dignité de la femme et de l’intérêt suprême des enfants, premières victimes des conflits au sein du couple. L’AFCF intervient, tout d’abord, en médiation et recherche de solutions entre les époux, en mettant en exergue la responsabilité de chacun et en instituant un climat de dialogue et de consensus entre les parties.

Les tribunaux sont nos derniers recours, pour protéger les droits de la femme et de ses enfants, souvent bafoués par les coutumes et les traditions archaïques. La majorité des femmes divorcées furent à l’origine, sinon du moins impliquées activement dans l’accumulation des biens, de longues années de mariage durant. Et les voilà mises à la porte avec leurs enfants, sans aucun moyen de survie.

Contraintes à se prostituer ou à contraindre leur famille de naissance à la charge non plus d’une seule personne mais de plusieurs bouches à nourrir… Tout cela dans un climat de crise mondiale mal gérée, par la Mauritanie, qui laisse un impact, catastrophique, sur les ménages déjà pauvres.

– La célébration du 8 Mars intervient au lendemain de la décision du gouvernement d’instituer une Journée internationale de lutte contre l’esclavage. Comment avez-vous accueilli cette décision ? N’est-ce pas, en sus de l’important arsenal juridique déjà décrété, un pas supplémentaire dans la lutte pour éradiquer ce fléau ?

– Ecoutez, l’AFCF a toujours salué les efforts qui visent à éradiquer, réellement, l’esclavage et ses séquelles. Cette journée était une des revendications des organisations qui travaillent en ce domaine. Mais nous constatons qu’elle ne marque aucun évènement particulier, alors qu’elle devrait célébrer, en pareilles circonstances, un évènement marquant, le combat d’un individu ou d’un groupe pour la cause.

On aurait été très heureux de voir cette journée dédiée, par exemple, à Aïchana qui s’est battue pour sortir, elle et sa famille, des griffes des esclavagistes, ou aux militants d’El Hor qui furent emprisonnés pour leur juste engagement. Force est de constater, aujourd’hui, que cette journée est très artificielle, elle est comme tombée du ciel.

Pour répondre plus précisément à votre question, cette journée, l’arsenal juridique et tout le tapage qui l’entoure paraissent plus dédiés à la consommation étrangère, alors que le pays est plongé dans de très grosses difficultés. Il est au bord d’une guerre civile inévitable, si nous ne prenons pas au sérieux la situation.

Propos recueillis par Dalay Lam

le calame

La sécurité au Sahel se construit sans l’Algérie : jusqu’à quand ?

La sécurité au Sahel se construit sans l’Algérie : jusqu’à quand ?Le Monde Afrique – C’est un scénario qu’aucune sphère du pouvoir algérien n’avait envisagé : la création d’une organisation dédiée à la paix et à la sécurité dans la bande sahélo-saharienne sans la participation de l’Algérie, la puissance militaire régionale.

La Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad ont mis en place depuis décembre 2014 le G5 Sahel.

« Il s’agit de cinq pays ayant un destin commun et qui ont souverainement décidé de conjuguer solidairement leurs forces et dont l’appartenance à cet espace sahélien, qui s’étend certes au-delà de ces Etats, est incontestable, précise le secrétariat du G5 Sahel basé à Nouakchott. Ce sont des Etats homogènes sur le plan topographique, géographique, culturel, socio-économique ou même d’un point de vue géopolitique », ajoute-il.

Eviter les querelles de leadership

On aura vite compris que cette nouvelle organisation ne veut pas s’épuiser dans des querelles de leadership, ni même voir ses ambitions entraver par un « grand frère » algérien qui n’a pas toujours assumé ses responsabilités. Et comme pour apporter la preuve qu’il est le « bon format, à la bonne échelle », le G5 Sahel a lancé des projets tous azimuts en matière de lutte contre l’insécurité dans le Sahel.

Il entend ainsi ouvrir, avant la fin de l’année, une école de guerre à Nouakchott en Mauritanie et mettre en place un bataillon d’intervention rapide (BIR). Le G5 Sahel revendique déjà une douzaine de patrouilles conjointes entre les armées nationales sur les frontières communes et vante par ailleurs ses avancées pour arriver au partage du renseignement.

Dans ses efforts pour mieux associer sécurité et développement, l’organisation réfléchit au lancement dans les prochains mois d’une compagnie aérienne, Air Sahel, et à moyen terme à la construction d’une ligne ferroviaire Nouakchott-NDjamena passant par le Mali, le Burkina Faso et le Niger.

Derrière les raisons officielles de l’exclusion de l’Algérie du G5 Sahel s’exprime une volonté claire de tirer les enseignements de l’expérience avortée de coopération régionale en matière de lutte le terrorisme et les autres forces d’insécurité.

La Mauritanie, le Mali et le Niger n’ont pas oublié que le Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC), créé en 2010 sous l’égide de l’Algérie, puis installé à Tamanrasset, est resté une coquille vide. De son bilan, il n’existe aucune trace !

Déception des « petits frères sahéliens »

Les trois pays, qui forment aujourd’hui l’ossature du G5 Sahel, n’oublient pas non plus que le centre commun de partage du renseignement, annoncé dans la foulée de la création du CEMOC, n’a jamais réussi à fonctionner.

Le caractère inadéquat de l’aide bilatérale algérienne aux « petits frères sahéliens » est venu ajouter à leur déception et conforter leur préférence de créer un autre choix, sans la puissance militaire algérienne. En janvier 2012, le Mali avait besoin d’une intervention militaire urgente et directe pour stopper la progression des djihadistes, partis du nord, vers Bamako. L’Algérie en avait les moyens, elle ne l’a pas fait.

De même, en mai 2013 lors des attaques terroristes contre les villes d’Agadez et Arlit, sur la frontière algéro-nigérienne, le Niger avait besoin d’une aide directe en forces spéciales. L’Algérie en avait les moyens, elle n’est pas venue à la rescousse de son voisin. Pourtant, elle avait su faire intervenir ces mêmes forces chez elle lors de l’attaque d’In Amenas, en janvier 2013.

Même justifié par des dispositions constitutionnelles, qui interdisent depuis l’indépendance à l’Armée nationale populaire (l’ANP) d’intervenir hors des frontières nationales, le refus de l’Algérie de voler militairement au secours de ses voisins du Sahel (c’est d’ailleurs le cas avec la Tunisie aussi) a fini par créer de la déception, voire la frustration. Ils y ont vu, sans doute à juste raison, la démission du « grand frère algérien » !

La France en embuscade

Pendant ce temps, la France en a profité pour avancer ses pions. D’abord à travers ses interventions militaires directes au Mali (janvier 2012), au Niger (mai 2013), au Mali encore lors de l’attentat du 20 novembre 2015 contre le Radisson Blu et au Burkina Faso, le 15 janvier, au moment de l’attaque terroriste contre le Splendid Hôtel de Ouagadougou.

Porté par son succès auprès des pays bénéficiaires, Paris envisage même, en plus des autres forces déjà sur place, de prépositionner des éléments du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), spécialisé dans la lutte contre les attaques terroristes qui ont frappé ces derniers mois des capitales ouest-africaines.

Personne ne le dit ouvertement à Paris, mais la création du G5 Sahel sans l’Algérie ne suscite aucun regret de la part des autorités françaises. Bien au contraire, on y voit une excellente occasion de contrer l’influence militaire et stratégique algérienne sur la bande sahélo-saharienne.

C’est sans doute cela qui explique l’enthousiasme des autorités françaises à accompagner la montée en puissance du volet sécuritaire du G5 Sahel. En effet, la France va apporter une aide directe à la future école de guerre de Nouakchott, qui devrait à terme devenir un collège interarmes, ouvert aux autres forces de défense et de sécurité (police, gendarmerie, douanes, gardes nationales, agents des eaux et forêts).

Les cinq pays sahéliens ont également obtenu la promesse que Paris devienne, chaque fois que ce sera possible, leur avocat dans les instances internationales (Union européenne, Nations unies, Banque mondiale).

Le G5 s’occupera directement du plaidoyer auprès de l’Union africaine qui, après une longue hésitation, a fini par voir en lui un partenaire stratégique dans la lutte contre l’insécurité et pour le développement dans la bande sahélo-saharienne.

Convaincus que l’efficacité de leur organisation repose surtout sur son homogénéité et sa cohérence, les pays du G5 Sahel ont cadenassé la porte derrière eux : plus aucun Etat n’y sera admis comme membre à part entière. Au mieux, ils accepteront quelques Etats observateurs. L’Egypte a formellement fait acte de candidature alors que le Sénégal hésite encore, campant sur son exigence de « membre à part entière ou rien ».

La nécessité d’une coopération

L’Algérie, pour sa part, observe de loin la nouvelle entité prendre son envol, se disant que tôt ou tard son expertise sera sollicitée. Ce qui n’est pas faux du reste ! Au moins sur le plan de la connaissance des mouvements djihadistes encore actifs dans la sous-région. La branche d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), qui a revendiqué les attentats de Bamako et Ouagadougou, est dirigée par l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, que les services algériens connaissent mieux que quiconque.

L’Algérie disposait également des canaux de communication avec Iyad Ag Ghali, du mouvement djihadiste Ansar Dine, qui a repris avec intensité ses activités au Mali, et peut-être même au Burkina Faso et sur la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Mali. A défaut de compter sur Alger pour neutraliser ces deux groupes, le G5 Sahel pourrait au moins obtenir qu’ils ne soient pas tolérés, voire manipulés.

Par ailleurs, le soutien bilatéral algérien continuera d’être utile aux « petits frères sahéliens ». L’Algérie a fourni pendant longtemps du carburant à l’armée malienne pour l’aider à assurer ses patrouilles dans les zones d’insécurité. Le pays a également formé au moins deux bataillons antiterroristes au Niger, voisin auquel il a promis de l’aide pour la construction des casernes destinées aux forces de défense et de sécurité sur la frontière commune.

La poursuite de cette coopération est d’autant plus souhaitée par les pays, tout en gardant leur marge d’indépendance envers le « grand frère », qu’elle leur permettra d’avoir des capacités opérationnelles nationales qui pourront ensuite être mutualisées.

S’il est tout à fait juste de concevoir la mutualisation des moyens humains et techniques nationaux comme une tentative de réponse aux défis sécuritaires au Sahel, il faut cependant prendre garde à penser que l’addition des faiblesses va produire une meilleure efficacité.

Le G5 Sahel ne pourra finalement pas faire l’économie d’une coopération avec l’Algérie, la puissance militaire et stratégique régionale. Reste seulement à savoir sous quelle forme elle se mettra tôt ou tard en place.

Seidik Abba, journaliste et écrivain, est l’auteur de Rébellion touarègue au Niger. Qui a tué le rebelle Mano Dayak ? (éd. L’Harmattan, 2010).

 

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