Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 10/03/2016

Editorial du calame: De Charybde en Scylla

altIl ne se passe pas un mois sans qu’un scandale vienne éclabousser le peu de respectabilité qui nous reste. Ghanagate, la balle « amie » de Tweïla, Wartsilagate, saisies répétées de drogues dures et douces, grâce présidentielle accordée aux trafiquants, évasions de prisonniers, réputés islamistes ou de droit commun, marchés de gré à gré, tout y passe. La déliquescence de l’Etat a atteint un tel degré que plus rien ne surprend, dans un pays désormais à la dérive.  Où tout se négocie, se vend ou se brade, en fonction des intérêts d’un cartel pour qui il n’y a pas de petits profits. Mais, avec les deux scandales qui ont éclaté, coup sur coup, cette semaine, la coupe est pleine. D’abord, l’affaire Senoussi. Ce qui était un secret de Polichinelle est devenu réalité, de la bouche d’un témoin qui assista au  témoignage du Premier ministre libyen. Qui n’a pas hésité à déclarer, devant les députés, avoir payé 200 millions de dollars, à la Mauritanie, en échange de Senoussi et qu’il était même prêt à puiser dans ses deniers personnels, pour récupérer l’ancien tout-puissant chef des services secrets, au temps de la dictature. Un député libyen vient, en effet, d’en faire état, dans un livre-témoignage sur les pratiques encours, sous la coupole du parlement libyen, depuis la chute de Kadhafi. Appelons donc un chat un chat : notre pays a bien négocié, comme dans toute opération commerciale classique, pour vendre cet hôte pas si encombrant que ça, finalement. Il en a récupéré 200 millions de dollars qui ont atterri partout… sauf dans les caisses de l’Etat. Dans un paradis fiscal, peut-être, où ils dorment toujours, en attendant qu’on vienne les chercher. Quelques mois auparavant, lors d’une rencontre avec la presse, Ould Abdel Aziz avait pourtant déclaré que Senoussi serait présenté à la justice et ne serait pas extradé. Avant de faire volte-face. Difficile de résister, évidemment, face à des arguments sonnants et trébuchants. Quitte à se dédire et à fouler du pied l’hospitalité légendaire de notre peuple.

Autre scandale jailli subitement : l’accord passé entre la Mauritanie et Al Qaïda au Maghreb Islamique, dont une copie fut récupérée (comme par hasard ?) dans les effets personnels de Ben Laden, par le commando américain qui l’assassina. Il nous informe qu’en vertu d’un gentlemen agreement, la Mauritanie n’attaquerait pas AQMI, avec la coalition formée par la France, pour libérer le nord malien en 2013 et lui verserait entre 10 et 20 millions d’euros par an, pour compenser le manque à gagner consécutif à la non prise d’otages occidentaux sur le sol mauritanien. En échange, AQMI s’engageait à ne plus attaquer la Mauritanie. Ould Abdel Aziz avait pourtant fait, de la lutte contre le terrorisme, son principal cheval de bataille, un des justificatifs de son coup d’Etat de 2008 et des moyens, énormes, accordés à l’Armée, avec la caution occidentale à son pouvoir. Il s’était même permis de jouer au héros, en s’attaquant à AQMI dans le septentrion malien, avec des résultats mitigés. Une expérience qui lui permit de se rendre compte qu’un ennemi fuyant comme celui-là n’est pas facile à vaincre et qu’un accord, même mauvais et scandaleux, une fois ébruité, vaut mieux que des commandos capables de frapper n’importe où, avec des risques certains de déstabilisation, pour son régime. L’argument selon lequel notre sécurité serait désormais assurée, grâce à un maillage serré du pays, à la mise en place de groupes spéciaux d’intervention, destinés à pourchasser les terroristes, l’achat à n’en plus finir d’équipements militaires, tombe ainsi à l’eau. De Charybde en Scylla, il reste quoi, alors ?

Ahmed Ould Cheikh

La Loupe du Rénovateur : Tel Président, tel Pouvoir, tel Peuple !

La Loupe du Rénovateur : Tel Président, tel Pouvoir, tel Peuple !Sans chercher à retracer le passé du président qui dirige actuellement la Mauritanie ni à s’intéresser à son niveau intellectuel par rapport aux attentes minimales, (autant d’éléments qui, du reste sont déterminants suivant d’autres ordres d’analyses, pour qui veut faire une radioscopie de la situation générale que traverse le pays), il y a juste lieu de se fonder sur quelques faits saillants de l’actualité pour s’interroger si réellement le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz via son gouvernement disposent d’arguments cohérents capables de répondre aux attentes du peuple. Du coup est-ce que le peuple a confiance en son dirigeant ? Même si par ailleurs n’importe quel dirigeant de ce pays si médiocre soit- il peut rester avec ses défauts et errements, au pouvoir tant qu’il a la bénédiction des hauts commandements de l’armée. Et la démocratie ne sera jamais perfectible… Dire que la Mauritanie est dotée d’institutions fondant une démocratie est une chose. Œuvrer à sa mise en œuvre effective, de façon responsable et crédible en est une autre. Si pour l’opposition et même une certaine majorité opportuniste déçue, la solution passerait par le départ du Président du palais, pour le Peuple, c’est : jusqu’à quand les citoyens pourraient-il encore tenir le coup face à une coupe de la misère assez pleine ? Quand c’est l’opposition qui organise des meetings pour critiquer le pouvoir avec une liste d’échecs à mettre sur le carnet d’un régime « aux abois », la réponse du camp présidentiel ne se fait pas attendre pour balayer d’un revers de la main de telles accusations. Quand ce sont les activistes des droits de l’homme qui mettent le doigt sur la plaie de l’esclavage, du passif humanitaire, c’est le président qui s’empresse à soutenir que tous ces dossiers ont été réglés s’il ne se contente pas purement et simplement de nier leur existence tout en votant des lois les criminalisant. Quand dans les nominations c’est le régionalisme et le tribalisme qui sont érigés en règle de bonne gouvernance, au détriment de la compétence, on crétinise l’administration à l’excès en la vidant de ses attributs. Quand c’est le désespoir qui pousse des jeunes à se transformer en ogres nocturnes pour aller commettre des crimes, la solution la plus rapide et la plus abominable est de construire des prisons et les remplir. Quand des hélicos déchargent de grosses cargaisons de la drogue à quelques kilomètres de la capitale, les enquêtes ne vont pas jusqu’au bout. Tout comme pour les scandales de corruption sur les bulletins de vote. Si ce sont des fanatiques qui regagnent les rangs des terroristes, on incite les Imans à la solde du pouvoir à battre campagne contre l’islam radical. Quand ce sont des services des renseignements américains qui révèlent des accords secrets entre la Mauritanie et Aqmi sur fonds de versement de gros montants, le gouvernement s’emploie à démentir sans arguments fiables de telles informations sans oser apporter des preuves sur la non authenticité des documents en question. En se contentant juste de relever des contradictions à mettre sur le dos d’une presse mensongère. Comment par ailleurs comprendre qu’en conseils des ministres intervenu juste à la veille de la visite de Ban Ki-moon, on présente un projet de loi luttant contre l’esclavage avec à la clé une journée nationale de lutte contre ce crime célébrée chaque année. Et le secrétaire général de l’ONU reçu avec tous les égards, de se féliciter de l’action de la Mauritanie dans la lutte contre ce phénomène. Un mal dont le Président avait nié l’existence à Nouadhibou. Comment un peuple dont le quotidien est réduit à la débrouillardise, à la précarité galopante pourrait comprendre la politique d’un gouvernement qui n’arrive pas à stabiliser les prix, à résorber le chômage, à assurer une bonne politique sociale et dont le slogan de lutte contre la gabegie épargne bien de hauts responsables qui ont fait couler les grandes sociétés d’Etat. Sur toutes les grandes questions qui occupent les esprits et qui pèsent sur le présent et l’avenir du pays le pouvoir tergiverse, improvise sans avoir le courage d’accepter de les soumettre à un débat de haut niveau. Dire que le peuple n’a que les dirigeants qu’il mérite … l’inverse est aussi valable !

CTD

le renovateur