Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 16/03/2016

L’éditorial de La Nouvelle Expression : Quand Abdel Aziz écrit à Pierre Kurunziza

L’éditorial de www.saheljournal.info : Comprendre les larmes du juge…La Nouvelle Expression – Cher Pierre,

Après avoir consulté en interne le syndicat des chefs d’Etats africains, il m’a été suggéré de t’écrire et te présenter quelques pistes de solutions au problème auquel tu es confronté depuis quelques temps. Comme tu le sais, le syndicat ne t’abandonnera pas.

Mes suggestions que je te ferais, ici, sont le résultat de la Mauritanie actuelle que je dirige. J’ai pu neutraliser tous mes détracteurs et même le peuple avec.

Comme tu le sais, j’ai pu maitriser mon peuple. Et j’ai eu droit au surnom de Président des pauvres. J’ai appauvri tout le peuple. Aujourd’hui, je m’active pour que tous les citoyens de mon pays soient égaux en droits et en devoirs… dans la pauvreté. Ce peuple se démène dans l’insécurité, la misère noire et l’injustice implacable.

Cher ami Pierre,

La Mauritanie n’est pas le Burundi. C’est pourquoi, il n’y a pas lieu de comparer nos populations car on trouvera difficilement des similitudes. Mais cher collègue et frère, en absolutisme, toi et moi nous sommes semblables ; nous sommes pareils, mieux, nous faisons UN.

UN, pour la construction de notre domination sur les autres (partisans ou adversaires).

UN, pour notre détermination à être contre tous car il est difficile dans notre situation d’avoir des amis de confiance. Nous sommes UN, pour les intentions d’aller jusqu’au bout, quel qu’en soit le prix pour nos peuples. Pour les profits, nous d’abord, nos familles et proches, ensuite, et les autres après. UN, aussi mais, pour cela, partiellement pour la mainmise sur l’armée. Car chez toi, tu as des petits problèmes dans ta grande muette. Avec moi, un général de l’armée ne peut se rebeller car il sait comment il l’est devenu ; il sait surtout que l’insolence de son pouvoir économique et politique lui impose de s’aplatir et d’aplanir son comportement à mon égard. Il sait que son avenir et celui de ses proches sont en jeu et ne dépendent que de moi. De moi seul. C’est pourquoi, l’avenir du peuple n’est pas et ne peut jamais être la préoccupation d’un général, autre que moi.

Cher Pierre,

Il faut accepter que notre vision politique de la gestion des hommes a ses limites sous d’autres cieux, mais pour nos pays c’est une prouesse. Hé ! Hé ! Hé ! Toi et moi, sommes des cadeaux sacrés pour nos peuples ; nous sommes des élus (au sens divin du terme) pour être les guides des ouailles qui peuplent nos pays que nous conduisons selon notre humeur et notre bon-vouloir.

L’élite réfractaire à notre pouvoir dans nos pays doit rentrer dans les rangs de la soupe nationale, s’exiler ou… aller en prison.

Cher ami,

Je suis, avec beaucoup d’intérêt, le déroulement des événements chez toi. Naturellement, je suis indéfectiblement solidaire avec toi. Et je partage tes préoccupations.

Mais, Pierre, pense à rectifier le tir : cela te permettra de corriger tes erreurs d’appréciation de ta population ; pour moi, la mienne, je la maitrise et l’utilise comme je veux. Je te suggère d’accepter de dialoguer. Pour cela, il te suffit de chercher très vite un chef d’Etat voisin bien accommodant qui jouera à l’intermédiaire entre tes opposants et toi, et qui t’aidera à trouver un accord pour de nouvelles élections. Ce chef d’Etat te rencardera aussi sur les prouesses d’une honorable imprimerie britannique spécialisée dans l’impression de bulletins « migrants ». Est-il besoin de te rappeler que ces bulletins sont d’une efficacité redoutable pour réaliser les « Coup KO ».

Eh oui ! Pierre, je te parle en connaissance de cause : en 2009, grâce à mon frère, le doyen Abdoulaye Wade du Sénégal (Laye Ndiombor, selon ses détracteurs – Que Dieu nous évite de finir notre magistère comme lui !), j’ai signé les accords dits de Dakar avec mon opposition. Et tu sais quoi ? Pour endormir mes opposants, j’affichais en tout lieu et en tout temps un sourire (de crocodile), je leur ai même cédé, dans le gouvernement d’union nationale, les meilleurs postes ministériels (l’Intérieur, l’extérieur et celui chargé du pognon), histoire de les endormir.

Avec la présidence de la CENI en prime. Et le jour des élections de ce béni mois de Juillet 2009, devant la communauté internationale et les pantins venus observer « les choses », Pan ! Pan ! Pan ! J’ai filé une raclée à mes concurrents qui n’ont vu que du feu. Qu’est-ce que tu veux, Pierre ? Je n’ai fait que comme les autres : je n’organise pas des élections pour les perdre bêtement. Pour ça, a-t-on besoin d’être un bon boulanger ou un excellent pâtissier ?

Crois-moi, Pierre : tu démissionnes. Tu acceptes la tenue des élections dans les trois mois qui viennent. Tu vas en campagne pendant cette période de transition en laissant à tes hommes de main le soin de négocier avec l’opposition. Pour cela, choisis des hommes d’affaires connus qui vont utiliser leurs amitiés occidentales pour faire passer ton plan, mais, dès que tu arrives à tes fins, débarrasses-toi d’eux. Trahison ?! Non ! Real politik, c’est tout.

Pierre, pendant la campagne, tu quittes le palais présidentiel sans accepter que ton remplaçant constitutionnel l’occupe. C’est le meilleur remède contre les envoûtements. Eh, oui, Pierre, tu connais l’effet du Vaudou, non ? Ici c’est autre chose.

En agissant ainsi, tu pourras gagner les élections par KO et tes adversaires seront hypnotisés par ce coup qu’ils n’ont jamais vu venir, pour quelques années encore.

Alors élu (recyclé, dirai-je), à toi tous les pouvoirs et la liberté de mouvement qui va avec, puisque tu ne te sens lié par aucun accord avec le camp opposé, le camp des aigris, le camp des vaincus. Devant les injures des opposants, fais le dos rond et réponds par le mépris. L’essentiel c’est que tu y es et tu y restes. Vogue la galère. La caravane… euh… aboie et les chiens… wow wow wow passent !!

Cher Pierre, le pouvoir et l’argent ne se « partagent » pas. Même si on s’en sert en donnant aux autres, avec parcimonie. Pour mieux gouverner, il faut fermer la porte à beaucoup de ceux qui t’ont aidé à atteindre ton objectif ; en prenant même quelques-uns de tes anciens ennemis dans ton pouvoir et en maltraitant continuellement tes soutiens d’hier qui le méritent amplement (après tout ce ne sont que des lèche-bottes, des applaudisseurs et des hocheurs de têtes).

Quand tu auras fini de privatiser le pouvoir et le pays, de transformer les murs du palais en murs des lamentations, de promouvoir les médiocres et pousser à l’exil les plus méritants, tu regarderas en arrière avec le sentiment du devoir accompli. Après tout, l’essentiel de toute œuvre n’est-ce pas de faire place nette ? Et libre à ceux qui ne cessent de rêver de printemps alors qu’ici c’est toujours l’été.

Hahahaha ! Mon ami Pierre, tu réussiras, tu réussiras. Comme je suis… euh, euh… en train de réussir…..

Ami Pierre, salut.

Camara Seydi Moussa

 

cridem

L’éditorial du calame : Qui sème le vent…

altLe Rassemblement des Forces Démocratiques d’Ahmed ould Daddah, qu’on disait pourtant très affaibli, a réussi le tour de force d’organiser, il y a quelques semaines, un meeting qui a drainé des milliers de militants et sympathisants. Depuis, le pouvoir ne dort plus sur ses lauriers. Croyant, sans doute, que les dissensions, les sautes d’humeur et l’absence de consensus sur la question du dialogue, qui avaient déjà provoqué le « retrait » du RFD, allaient être fatales à l’opposition, il a été obligé de revoir ses plans dans l’urgence. Non seulement, l’opposition n’est pas morte mais elle est, encore, capable de mobiliser du monde. En grand nombre. Les meetings du FNDU et du RFD ont démontré que les populations en ont assez des promesses sans lendemains et ne manqueront plus une occasion de crier leur ras-le-bol. Et leur rejet d’une situation désormais invivable où le chômage, la hausse des prix, l’injustice, la paupérisation, la mainmise sur les ressources du pays sont le lot quotidien. Pour exprimer un mécontentement, devenu symptomatique d’un malaise général, tous les moyens sont bons : poésie, rap, réseaux sociaux, manifestations de rue, sit-in… Tout y passe pour vilipender un pouvoir que même les laudateurs les plus zélés rechignent à défendre. La faute à qui ? A un chef qui ne manifeste que mépris pour ses soutiens et ne leur concède ni dividendes ni prébendes. Et, pour ajouter au tumulte, l’opposition a décidé de délocaliser ses activités à l’Est, avec trois meetings à Néma, Aïoun et Kiffa. Depuis l’annonce de cette tournée du FNDU, c’est le branlebas de combat dans tous les états-majors. Les réunions de crise se succèdent. Les notables appelés à la rescousse, comme à Tintane il y a quelques semaines, lorsque Tawassoul a fait circuler l’information selon laquelle il allait y organiser un meeting. Deux ministres et plusieurs hauts responsables ont accouru pour contrer la rumeur. Mais, cette fois-ci, ce n’est plus un mais tous les partis du Front qui ont décidé de partir à l’assaut de l’Est.  Les autorités locales s’affolent. Les walis en personne appellent les ressortissants des différentes localités pour venir leur donner un coup de main. Alors qu’un meeting de l’opposition devrait être une manifestation normale de la démocratie et les autorités adopter une position de stricte neutralité, puisqu’elles représentent, non pas un parti, mais l’Etat, c’est tout l’inverse qui s’est produit. Le gouvernement a dépêché des ministres, des hauts fonctionnaires et des petits chefaillons pour tenter de diminuer l’impact de ces rassemblements, en organisant carrèment des meetings parallèles. Qui se sont soldés par des flops retentissants, aussi bien à Néma, à Aïoun qu’à Kiffa. Bien qu’on y ait distribué du poisson et de la viande, à tous ceux qui renonçaient à participer aux meetings de l’opposition. Une méthode éculée, déjà expérimentée à Nouakchott et qui n’a donné aucun résultat probant. Même au temps d’Ould Taya, jamais de telles méthodes n’avaient été utilisées. Pourquoi maintenant alors qu’aucune consultation électorale n’est en vue ? Pourquoi vouloir prouver, à tout prix et à quiconque, que l’opposition ne représente plus grand monde ? Qui se cache derrière ces manigances si peu démocratiques ? Pourquoi l’UPR, le parti au pouvoir et censé pendant de ces partis, n’est-il pas descendu sur le terrain pour « se battre » ? A-t-il été volontairement écarté ? Par qui  au profit de qui ? S’il s’agissait de mesurer la popularité des ministres envoyés au charbon, et, au-delà, celle du gouvernement, le constat est amer. Le bébé doit être jeté avec l’eau du bain. Jamais une équipe n’a atteint un tel degré d’impopularité. L’Est, jadis bastion imprenable du parti au pouvoir, quel qu’il soit, et terrain de prédilection des chefferies traditionnelles et autres notabilités, est en train de basculer. La raison en est simple : ses citoyens en ont assez d’être pris pour les dindons de la farce à qui l’on ne fait appel qu’à l’approche d’une élection approche. Et qu’on oublie, dès le dernier bulletin balancé dans l’urne. Ils l’ont d’ailleurs fait comprendre aux émissaires du gouvernement. Du vent, du vent, toujours du vent. Que dit le fameux dicton, messieurs les émissaires ? Qui sème le vent….

Ahmed Ould Cheikh

Mauritanie. Liaisons dangereuses avec Al-Qaida

altDes documents attribués à Oussama Ben Laden viennent d’être déclassifiés par l’administration américaine. Ils révèlent qu’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) aurait passé, en 2010, un pacte de non-agression avec le pouvoir mauritanien.

Le testament de Ben Laden n’en finit pas de faire des révélations. Sa récente déclassification a apporté sur la place publique certains “petits secrets”, dont des lettres que Ben Laden avait envoyées à des proches. Parmi ces documents, se trouverait un contrat datant de 2010 établi entre Ben Laden et le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz. Il ne s’agit pas seulement d’un pacte de non-agression, comme certains pays au Sahel ont été tentés d’en passer (l’ex-président burkinabé Blaise Compaoré avait pu trouver des arrangements avec certains Touaregs extrémistes).

Aziz est allé beaucoup plus loin. En substance, son pacte avec le diable (renouvelable tous les ans) engageait Aqmi à s’abstenir de toute opération militaire en Mauritanie. Pour sa part, la Mauritanie se devait de ne pas attaquer les combattants du mouvement sur son sol et, surtout, de libérer des prisonniers membres d’Aqmi. Vrai ou faux ? Certains faits trahissent le pouvoir mauritanien qui, en 2015, a libéré, sans l’avoir jamais présenté à la justice, Sanda Ould Bouamama, l’un des principaux leaders de l’insurrection dans le nord du Mali et ancien porte-parole d’Ansar Dine (allié d’Aqmi).
De même, le cas de Khadim Ould Semane suscite bien des interrogations. Ce chef d’Aqmi (en Mauritanie) arrêté en 2008 et condamné à mort en 2010 est… toujours en vie. Autre signe ? Ce pays est redevenu subitement calme après une spirale de violence : l’assassinat, le 24 décembre 2007, de quatre touristes français ; l’attaque de la base militaire d’Al-Ghallaouia, qui a coûté la vie à trois soldats ; l’attaque de l’ambassade d’Israël et d’une boîte de nuit à Nouakchott… Et depuis 2010, plus rien.

10 à 20 millions par an pour Aqmi

Par ailleurs, la Mauritanie devait, conformément au pacte, verser de 10 à 20 millions d’euros à Aqmi pour éviter les enlèvements de touristes. En d’autres termes, les djihadistes n’avaient plus besoin de mouiller la chemise pour enlever des étrangers puis négocier une rançon. D’emblée, ils étaient récompensés.
Au-delà de ces aspects gravissimes, l’accord explique aussi pourquoi le président mauritanien avait refusé, durant l’opération Serval menée en 2013 par la France dans le nord du Mali, d’apporter la moindre aide militaire au sol à son allié et ami français. A l’époque, on avait expliqué cette décision d’Aziz par les solidarités tribales entre les Maures mauritaniens et les communautés arabes ou les Touaregs maliens.
Avec la révélation par les Américains d’accords secrets entre Aqmi et la Mauritanie, ces explications ne tiennent plus. La duplicité du pouvoir de Nouakchott apparaît en pleine lumière. Ainsi, on comprend aisément comment la Mauritanie a été épargnée par les attaques et attentats ces dernières années. Une situation qui ne trouve nullement sa justification dans les explications fantaisistes de Mohamed Ould Abdel

Aziz qui clamait à tout vent que l’armée mauritanienne avait été, à partir de 2009, “restructurée, modernisée et préparée au nouveau contexte sous-régional”.
Au-delà de ce deal entre son régime et Aqmi, Aziz a offert, à partir de fin 2011, couverture et gîte aux principaux responsables du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad, rébellion touareg). Avec l’appui de Nouakchott, ce mouvement s’était allié à Aqmi et à d’autres groupes terroristes pour déstabiliser le nord du Mali. Alors question : y avait-il une alliance Nouakchott-Aqmi-MNLA ? On est tenté de répondre par l’affirmative.

Aziz discrédité 

Il sera désormais difficile pour Aziz de s’afficher comme le fidèle allié des Américains et des Européens contre le péril terroriste dans la région du Sahel. Il s’était, en effet, fait passer pour le gendarme de la stabilité dans cette zone. Et il en profitait pour régler ses comptes personnels. Ainsi, il vilipendait le président du Mali Amadou Toumani Touré pour son approche de la lutte contre le terrorisme. Ce dernier prônait, à l’époque, une approche régionale de grande envergure pour réduire la violence islamiste et les trafics en tout genre. Constant et convaincu de la pertinence de cette solution, le président Touré n’avait eu de cesse de soutenir que le terrorisme n’était pas “un problème malien”, et que ce mal nécessitait une approche politique, économique et sociale destinée à réduire les frustrations des populations, frustrations nourrissant la dynamique terroriste. Aujourd’hui, les faits lui donnent raison.

Issa B Dembélé

Source : www.courrierinternational.com

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