Monthly Archives: November 2015
G5 Sahel: les chefs d’état-major signent une charte de coopération
Les cinq chefs d’état-major généraux des armées du Burkina Faso, du Niger, du Tchad, du Mali et de la Mauritanie (G5 Sahel) étaient réunis à Ouagadougou mercredi 4 novembre, pour réfléchir à la situation sécuritaire dans leur zone. Les travaux de cette quatrième rencontre ont porté sur la coopération bilatérale et multilatérale dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière. Elle a abouti à la signature d’une charte sur le partenariat militaire de coopération transfrontalière.
Samba Thiam, président des FPC
C’est pour moi un immense honneur de porter un regard neuf sur le parcours parsemé d’embûches de notre presse écrite, en général, et du Calame, en particulier. D’emblée, je puis dire qu’il y a, particulièrement en Afrique, deux types de presse : celle qui a choisi d’être au service du pouvoir et celle qui a opté pour le chemin, ô combien périlleux et ingrat, de l’objectivité, du non-alignement. Le Calame, résolument, se classe dans cette seconde catégorie ; au regard de sa ligne éditoriale juste, de son ouverture à toutes les opinions, à tous les courants de pensée, pour le seul bénéfice du choc des idées et des projets contraires… Longue vie au Calame, et puisse son objectivité inspirer d’autres media !
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Hommage au Calame pour son millième numéro : L’espoir d’une élite, le rêve d’un peuple
La liberté de la presse est l’un des principes fondamentaux des systèmes démocratiques. Elle repose sur la liberté d’opinion, la liberté d’expression. Cependant elle a toujours été la bête noire des dictatures, qui cherchent constamment à l’apprivoiser. Les régimes d’exception, qui ont abouti chez-nous à la démocratie militaire, soutenus par l’occident, n’ont pas fait exception. Même quand ils proclament la liberté d’expression, pour faire semblant d’être démocrates, ils cherchent toujours à mettre la presse sous leurs bottes par des dispositions d’ordre administratif ou judiciaire afin d’étouffer cette liberté.
Tantôt ils utilisent le bâton en intimidant ou en menaçant les journalistes, tantôt ils utilisent la carotte en corrompant les gérants de journaux et écrits périodiques pour que la presse demeure, sous étroite surveillance, au service du pouvoir politique.
Le Calame est l’un des rares journaux de la place, à subir les effets du bâton – interdit de paraitre à plusieurs reprises, censuré trente-trois fois – sans courber l’échine. Il est aussi l’un des plus sollicité par la carotte sans jamais obtempérer. Parce qu’il a choisi le combat pour la liberté d’expression, pour la liberté d’opinion, pour la liberté des hommes. Parce qu’il a choisi le combat pour la vérité, pour la justice et contre l’impunité. Parce qu’il a choisi le combat pour une vraie démocratie.
Le fondateur et premier directeur général du Calame, le génie feu Habib Ould Mahfoudh était membre fondateur de SOS esclaves, son journal est parmi les premiers à dénoncer et à combattre ce fléau encore tabou, qui gangrène notre société. Il est aussi le premier à dénoncer les massacres extrajudiciaires, les humiliations et les viols subis par les populations négro-mauritaniennes pendant l’occupation de la vallée et durant les années de braise.
Le calame est aussi l’un des rares journaux à avoir dénoncé les fraudes massives pendant la mascarade d’élection présidentielle en 1992 ; ainsi caricaturée par le talentueux. Feu Habib Ould Mahfoudh écrivait dans ce cadre : « Un Négro-Mauritanien se présente au bureau de vote le 24 janvier (1992). Tout est conforme : Numéro carte d’identité, numéro carte d’électeur, numéro d’enregistrement, tout, tout. Le président du bureau de vote le refuse. Motif : il mesure 1mètre 68 alors que sur la carte d’identité on a porté 1 m 70. Ainsi 2 cm sont suffisants en Mauritanie pour qu’on vous refuse un droit garanti par la Constitution. Nous savons maintenant la distance qui sépare la démocratie de la dictature en Mauritanie : deux centimètres.”.
Au plan de la littérature français, Le Calame est l’unique journal mauritanien à avoir donné aux lecteurs francophones un best- seller avec la publication de la centaine de chroniques écrites par son fondateur, sur une période de dix années, dans un livre intitulé, “Mauritanides: chroniques du temps qui ne se passe pas.”
Le bataillon commandé depuis quelque temps, par Ahmed Ould Cheikh, qui a repris le flambeau après la disparition du fondateur, continue son offensive contre vents et marées pour que la vérité et la justice triomphent et que la démocratie s’installe. Il est le porte-parole des sans voix. Il est la voix des victimes d’esclavage. Il est la voix des ayants droit, victimes de massacres extrajudiciaires, de viols, d’humiliations et de frustrations qui attendent depuis plus d’un quart de siècle que justice leur soit rendue.
Il est l’espoir d’une élite, il est le rêve d’un peuple.
Oumar Ould Beibacar
le calame
Mille, contre vents et marées
Le Calame fête son millième numéro. Mille numéros ! Mais avec le numéro 0 qui entama la série, un fameux 14 Juillet 1993, c’est bel et bien mille-et-une nuits fiévreuses, mille-et-un exercices hebdomadaires, mille-et-un combats contre l’arbitraire et l’injustice, pour la démocratie, l’égalité, le respect des droits de l’Homme. Mille numéros : que de chemin parcouru, depuis le numéro zéro ! Cinq jeunes, tout aussi insouciants les uns que les autres, avaient décidé de lancer, ensemble, un journal totalement indépendant, avec, pour seuls moyens, la ferme conviction que la liberté d’expression ne se décrète pas mais s’arrache. Ils en firent les frais. Le journal sera saisi une trentaine de fois et fermé sept mois, au total des quatorze années de démocratie de façade, octroyée par Maaouya, pour se maintenir au pouvoir en de nouveaux atours. Quand d’autres, découragés par tant d’injustice, décidaient de jeter l’éponge, jamais, au Calame, nous n’avons songé, ne serait-ce qu’un instant, à rendre nos tabliers.
Combat de longue haleine… Il fallait avoir le souffle long pour que l’imbécilité n’ait pas raison de l’idéal. Feu Habib nous disait toujours, pour remonter le moral de l’équipe : « Tenez bon ! Ils partiront. Nous, nous resterons ». Il ne croyait pas si bien dire. Maaouya et son régime ont été, finalement, balayés par la première bourrasque et, avec eux, les baillons, la censure, la saisie des journaux. Oui, nous avons tenu bon ! Et nous avons gagné. Mais seulement une bataille. Malgré les sacrifices, les censures et l’ostracisme qui nous avaient si durement frappés, ceux qui ont pris, depuis, possession de notre pays ne nous ont jamais témoigné la moindre gratitude. Nous ne demandons, certes pas, qu’on nous tresse des lauriers – ce n’est pas dans nos habitudes – mais le bon sens aurait voulu qu’on ait droit à un minimum de reconnaissance.
Serait-ce trop demander au dernier (?) avatar du système Maaouya de considérer une presse qu’il ne parvint jamais à amadouer ? Vingt-quatre ans de « démocratie » n’ont pas amélioré notre situation. Si la censure a été abolie, en vertu de la nouvelle loi sur la presse, votre journal est toujours frappé d’exclusion. Il est banni, de fait, de toute activité officielle (voyages présidentiels, conférences de presse, rencontres avec les journalistes etc.) et ce, depuis un certain 6 Août 2008 de triste mémoire. Pourquoi, selon vous ? Parce qu’on a dit non à un coup militaire contre un président civil. Parce qu’on continue à soulever les sujets qui fâchent. Parce qu’on refuse de prendre pour argent comptant un discours populiste qui ne trompe plus personne. Parce qu’on dénonce l’enrichissement d’une petite minorité et l’appauvrissement de tout un peuple. Parce qu’on dit non aux avantages inconsidérés accordés à l’Armée, au détriment du reste du pays. Parce qu’on rejette l’érection, en méthode de gouvernement, du népotisme et du tribalisme. Parce qu’on considère que l’injustice, les inégalités et le communautarisme peuvent menacer jusqu’à notre existence. Parce que nous avons décelé, dans le bradage du foncier, une volonté manifeste de faire main basse sur des zones idéalement placées. On pourrait multiplier les exemples à l’infini, tant il y a d’infamies dont la seule évocation donnerait un haut-le-cœur aux âmes les moins sensibles. C’est pour toutes ces raisons que Le Calame continuera d’exister. Contre vents et marées.
Ahmed Ould Cheikh
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De derrière les barreaux, mon espérance ! ….Par Biram Dah Abeid

Biram Dah Abeid est un militant anti-esclavagiste mauritanien, fondateur de IRA Mauritanie (Initiative de résurgence pour le mouvement abolitionniste).
Le militant anti-esclavagiste pacifique Biram Dah Abeid est détenu à la prison d’Aleg, au centre de la Mauritanie, depuis un an.
Au milieu de cette vaste étendue de sable qui accueille des bâtiments austères à la peinture défraichie par les rayons du soleil d’Aleg, croupit un homme qui n’a rien fait de mal. C’est ici, dans cette ville ironiquement situé sur « la route de l’espoir » de la Mauritanie, que les autorités mauritaniennes ont décidé de garder ceux qui ont osé marcher pour dire non à l’esclavage.
Je m’appelle Biram Dah Abeid. Toute ma vie, je l’ai dédiée à la lutte contre l’esclavage en Mauritanie. Ma caste, les Haratines (nom donné aux esclaves et anciens esclaves), se compose d’Africains noirs assimilés par leurs suzerains arabo-berbères de Mauritanie qui les ont soumis à l’esclavage. Je fais partie de ces dizaines de millions de descendants d’esclaves qui constituent l’importante diaspora noire dans le monde arabe. Mon père a été affranchi par le maître de ma grand-mère et est né libre.
Aujourd’hui, je vous écris du fond de ma cellule de la prison d’Aleg où je célèbre un triste anniversaire. Depuis bientôt un an jour pour jour, je suis en détention. C’était le 11 novembre 2014 que j’ai été arrêté avec d’autres militants anti-esclavagistes pour avoir mené une campagne pacifique contre la pratique de l’esclavage et sensibiliser la population mauritanienne sur la question du droit foncier des descendants d’esclaves.
Dans mon pays, la Mauritanie, des familles entières appartiennent encore à la famille de leurs maîtres, et sont contraintes de servir toute leur vie leurs propriétaires. La pratique de l’esclavage se perpétue dans ce pays. De plus, beaucoup de descendants d’esclaves continuent de travailler sur des terres sans aucun droit et sont contraints de donner une partie de leurs récoltes à leurs potentiels maîtres traditionnels.
Mon crime : lutter contre l’esclavage
Mon organisation IRA Mauritanie (Initiative de Résurgence pour le Mouvement Abolitionniste) milite depuis près de 10 ans contre l’esclavage, l’injustice et l’impunité. Des Mauritaniens noirs vivent encore sous le poids de l’oppression, du mépris et du racisme par des minorités ethniques et confessionnelles qui continuent à piller la terre, accumuler des ressources et asseoir leur autorité.
Curieusement, en préparation de l’Examen périodique universel (EPU) ce 3 novembre 2015, le gouvernement mauritanien a commencé un « lifting » juridique
En Mauritanie, des militants anti-esclavagistes, des défenseurs des droits humains comme moi sont régulièrement emprisonnés. Ces cinq dernières années, j’ai été trois fois détenu en prison. Mon crime : lutter contre l’esclavage. Des événements aussi importants de ma vie d’homme comme la naissance de ma fille m’ont trouvé en prison. J’y ai également fêté mes 50 ans le 12 janvier dernier.
Curieusement, en préparation de l’Examen périodique universel (EPU) ce 3 novembre 2015, le gouvernement mauritanien a commencé un « lifting » en adoptant en août dernier des lois qui menacent de sanctions toute personne qui exploite des esclaves. Mais, dans la pratique, les militants anti-esclavagistes sont détenus ou subissent des pressions ! Au même mois d’août, le gouvernement a confirmé ma condamnation à deux ans de prison, de même que celle de mes compagnons de lutte contre l’esclavage.
Plus grave, la Mauritanie, pays membre de l’ONU, viole toutes les clauses de la charte fondatrice, en particulier celles relatives aux droits inaliénables de la personne. Ici sévissent les atteintes les plus flagrantes aux conventions que cet État a ratifié : l’esclavage sous toutes ses formes – traditionnelle et moderne – le racisme et la discrimination notamment à l’encontre des personnes d’ascendance africaine, la torture, les disparitions forcées, les prisons secrètes, les répressions pour délit d’opinion, d’expression, d’association ou de conscience.
Mettre en pratique les lois
De ma sinistre cellule ou je commémore ma première année de détention, je voudrais dire au monde entier, qu’aussi important qu’il soit de signer les lois, elles n’ont aucun sens si elles ne sont pas mises en pratique pour les femmes et hommes victimes d’injustice.
La libération et l’émancipation de la communauté des Haratines et des groupes sociaux victimes de discrimination en Mauritanie sont pour nous une étape obligatoire pour une Mauritanie qui place la liberté et la dignité humaine au cœur du projet de construction d’une nation forte et unie.
En ce jour de triste anniversaire, je voudrais dire que la lutte, notre lutte pour l’égalité des droits, contre l’esclavage, la marginalisation de l’Homme noir en Mauritanie continue et va continuer.
Mon engagement, notre engagement continue de tous les jours, les années de prison n’y feront rien !
Aujourd’hui, je voudrais que chacun des citoyens du monde, chaque État respectueux de la liberté d’expression, chaque défenseur des droits humains fasse échos à notre lutte pour le respect des droits humains en Mauritanie. Je leur exhorte d’apporter leur soutien, assistance et encouragement à tous ceux qui œuvrent, sans violence et avec courage et dévouement, pour que tous les Mauritaniens de tout horizon puissent s’épanouir dans un pays où justice, égalité, tolérance, et respect aient leur pleine place.
Apportez votre soutien à Biram et aux autres militants anti-esclavagistes en Mauritanie. Participez à la campagne d’Amnesty International pour mettre fin à la détention des activistes de l’IRA.
Jeuneafrique