Monthly Archives: December 2014
Le président sahraoui à Algeriepatriotique : «Notre armée est parée à toute éventualité»
Mohamed Abdelaziz : «Les gouvernements français et espagnol sont les principales causes du drame vécu par le peuple sahraoui.»
Algeriepatriotique : Des manœuvres militaires ont été effectuées dans les territoires libérés du Sahara Occidental en réponse aux gesticulations de Rabat. Est-ce les prémices d’un retour à la lutte armée après 23 ans de cessez-le-feu ?
Le président Mohamed Abdelaziz : L’armée sahraouie a effectivement mené une manœuvre militaire avec utilisation de munitions réelles dans la zone libérée du Sahara Occidental, plus exactement à Taouinit. Cet exercice entre dans le cadre d’activités classiques et ordinaires que l’armée sahraouie entreprend chaque fin ou début d’année pour tester l’efficacité du matériel, et le degré de préparation et le moral des troupes. Mais la manœuvre de cette année revêt un caractère particulier au vu du volume et de l’intérêt porté pour celle-ci. Je peux citer deux raisons essentielles pour cet aspect particulier. D’abord, il va de soi que l’armée sahraouie a le devoir de libérer le pays. Durant ces dernières années, nous attendions l’organisation du référendum pour l’autodétermination et la reprise des négociations. Mais le Maroc a décidé d’interrompre le processus et mettre fin à la coopération avec les Nations unies. En novembre dernier, le roi du Maroc a prononcé un discours incendiaire et annoncé une confrontation directe avec l’organisation onusienne dont il rejette les décisions et le plan visant à organiser un référendum libre et démocratique. Aussi, ceci impose à l’armée sahraouie de se tenir prête pour parer à toute éventualité, jusques et y compris la possibilité de voir le Maroc s’aventurer à expulser la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (Minurso) et violer l’accord de cessez-le-feu entré en vigueur unilatéralement en 1991. Nous serions, dans ce cas, obligés de nous défendre et de reprendre la lutte armée dans le cadre de la légitime défense. Ensuite, tout le monde sait que la région de l’Afrique du Nord, et le Sahel en général, est menacée par le terrorisme et le crime organisé. Le Maroc est le premier pays producteur et exportateur de drogue, et la drogue est la principale source de financement du terrorisme et du crime organisé. Tout le monde sait aussi que la République sahraouie et le Front Polisario sont un facteur réel de stabilité, de modération et de paix dans la région depuis quarante ans. C’est ce projet pour lequel nous militons. Nous avons donc des devoirs et des responsabilités à assumer, lesquels consistent à défendre le Sahara Occidental et les zones dans lesquelles nous sommes présents contre les organisations criminelles et les groupes terroristes. Aussi préparons-nous notre armée pour qu’elle puisse être capable de faire face à ce genre de menaces.
Pensez-vous que le rapport de force est équilibré en cas de reprise des hostilités ?
La puissance du colonisateur n’est jamais comparable à celle du peuple colonisé, ni en hommes ni en matériel. Nous avons la force du droit et les Marocains ont le droit de la force. Nous avons, quant à nous, une longue expérience de la guerre qui a duré seize ans de 1975 à 1991. Nous avions, à l’époque, une armée dotée d’effectifs moins nombreux, moins expérimentée et moins bien équipée qu’aujourd’hui. Notre cause n’était pas connue sur le plan international. Pourtant, cette armée-là avait pu convaincre le gouvernement marocain – de l’aveu même du défunt Hassan II – de l’impossibilité pour le Maroc de gagner la guerre et de la nécessité de régler le conflit politiquement dans le cadre des Nations unies à travers le référendum pour l’autodétermination, lequel processus devait aboutir à des négociations parrainées par l’ONU afin de mettre en place un plan de paix. Donc, pour répondre à votre question, le problème de l’équilibre des forces ne se pose pas. L’ennemi peut être plus fort, mais le droit et la légitimité sont de notre côté. Notre volonté est très forte et si nous menons un combat, c’est pour la vie. Nous triompherons alors comme a triomphé le peuple algérien sous la conduite du Front de libération nationale dans les années 1950 contre la plus puissante force militaire du monde, c’est-à-dire l’Otan. L’armée algérienne a vaincu grâce à son stoïcisme et le droit du peuple algérien à son indépendance a fini par défaire l’ennemi. Nous aussi sommes confortés par la justesse de notre cause. Et pour cela, nous vaincrons.
Le Maroc multiplie les obstacles entravant le processus d’organisation du référendum. Cela se traduit par le report, encore une fois, de la visite de l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, Christopher Ross, au Maroc. Pourquoi le Conseil de sécurité de l’ONU n’arrive-t-il toujours pas à contraindre le Maroc à se conformer aux lois internationales ?
Il faut dire que certaines puissances traitent le dossier du Sahara Occidental avec une certaine froideur. Je dirais même qu’elles font preuve de négligence, d’indécision, voire de démission. Le dossier sahraoui est clair : c’est une affaire de décolonisation. Le plan de paix onusien de 1991 est tout aussi clair et la Minurso a été chargée d’organiser un référendum libre et démocratique dans un délai qui ne devait pas dépasser une année. Vingt-trois ans se sont écoulés depuis et le Maroc continue de louvoyer et de tergiverser jusqu’à affirmer, maintenant, qu’il refuse carrément la tenue de ce référendum et de traiter avec le représentant du secrétaire général des Nations unies. Les choses sont désormais claires et les blocages de la partie marocaine sont flagrants. Le Conseil de sécurité de l’ONU se devait de sanctionner le royaume du Maroc et le contraindre à appliquer l’accord qu’il a signé sous l’égide de ce même Conseil. Nous attendons avril prochain [pour prendre une décision]. Dans son dernier rapport, le secrétaire général de l’ONU a affirmé que si aucune avancée n’était enregistrée dans les négociations, le Conseil de sécurité serait appelé à aborder la question sahraouie sous un autre angle ou selon une autre approche. Quelle sera cette approche ? L’ONU imposera-t-elle des sanctions contre le Maroc ? La question sahraouie passera-t-elle de l’article VI de la Charte des Nations unies au chapitre VII qui stipule que les résolutions du Conseil de sécurité doivent être appliquées y compris par l’usage de la force ? Quoi qu’il en soit, ce qu’il faut retenir dans cette déclaration au regard du contexte dans lequel cette idée a été incluse dans le rapport du secrétaire général de l’ONU, c’est que le Conseil de sécurité est appelé à faire preuve de plus d’intransigeance et de plus de sévérité avec le Maroc. C’est ce que nous souhaitons.
Les spécialistes du dossier sahraoui estiment que la France et l’Espagne, trouvant un intérêt avec le Maroc, empêcheraient tout progrès du processus d’autodétermination du peuple sahraoui. Peut-on connaître votre avis à ce sujet ?
Malheureusement, les gouvernements français et espagnol sont les principales causes du drame vécu par le peuple sahraoui et – je dirais même – par toute la région en raison du problème du Sahara Occidental depuis 1975. En effet, l’Espagne et la France assument l’entière responsabilité des accords de Madrid de 1975, qui ont donné lieu au retrait de l’Espagne et à la partition du Sahara Occidental. Le peuple sahraoui a subi une guerre génocidaire financée et alimentée par ces deux pays. L’armée de l’air française est même intervenue directement. Jusqu’à ce jour, l’entêtement du Maroc trouve un soutien très solide et une protection auprès des gouvernements français et espagnol, alors même que des négociations ont eu lieu et qu’un plan de paix a été mis en place où il est admis que la question du Sahara Occidental est une affaire de décolonisation et que la solution doit impérativement passer par le principe de l’autodétermination à travers un référendum libre et démocratique. Ces deux gouvernements sont, dès lors, responsables de cette tragédie et cette situation. Après tout cela, ils ont recouru à toutes les méthodes pour faire plier le peuple sahraoui, mais ils n’ont jamais essayé une : permettre au peuple sahraoui de s’exprimer, bien que l’ONU soit présente sur le terrain et qu’elle ait tout préparé pour la tenue du référendum, y compris les listes des votants. Espérons que les gouvernements français et espagnol soient, cette fois-ci, une partie de la solution et qu’ils ne restent pas indéfiniment une partie du problème.
Des comités de soutien et de solidarité avec le peuple sahraoui s’organisent un peu partout dans le monde afin de faire pression sur les Etats pour accélérer le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Pensez-vous que ces actions pourraient faire bouger les choses ?
Nous nous sommes réunis en marge de la rencontre (d’Alger, ndlr) pour envisager l’organisation d’une grande conférence internationale à Alger sous le thème «Le droit des peuples à la résistance, cas du peuple sahraoui». Ce sera la cinquième édition de cette conférence dont le nombre et la qualité des participants progressent d’année en année. Beaucoup de délégations venant des Etats-Unis, d’Europe, d’Amérique latine, d’une majorité de pays africains ainsi que du monde arabe et de l’Asie prendront part à cette conférence qui réunira des parlementaires, des journalistes, des écrivains et des militants des droits de l’Homme. Tous dénoncent la colonisation du Sahara Occidental par le Maroc et les atteintes aux droits humains commis dans les territoires occupés. Tous sont solidaires avec le peuple sahraoui. Cette action a une valeur politique, mais aussi morale, si bien que ce large mouvement de solidarité envoie un message très fort au Maroc, aux Nations unies et à tous les Etats pour mettre fin à la dernière colonisation en Afrique. Cette conférence aura un écho extrêmement positif. Il est très difficile pour les Nations unies de ne pas prêter attention à toutes ces voix, et il est très difficile aussi pour tous ces Etats de demeurer sourds au cri de leurs propres peuples et de leurs propres sociétés civiles dans leur action de défense de la cause sahraouie. Le mouvement de solidarité international avec le peuple sahraoui se développe de jour en jour et la crédibilité du Front Polisario et de la République sahraouie et de la lutte du peuple sahraoui grandissent de même. Et cela a son impact et son importance.
L’escalade verbale des autorités marocaines contre l’Algérie ne cesse de s’intensifier depuis quelques mois. Doit-on attribuer cela au soutien indéfectible de l’Algérie pour la cause sahraouie ou alors le Makhzen cache-t-il d’autres objectifs derrière ces attaques récurrentes et ce double langage ?
Malheureusement, ces campagnes menées par le Maroc contre l’Algérie font partie, à mon sens, d’une action principale qui consiste à détourner l’attention de l’opinion publique marocaine et à lui cacher la vérité, dans un hypothétique espoir de retarder les mouvements de contestation populaires contre le régime en place. A chaque fois, le régime avertit de l’existence d’un ennemi extérieur et met en garde contre l’Algérie comme étant l’«ennemi» du Maroc pour l’occuper et le faire taire. Nous condamnons cette politique de fuite en avant, d’autant que la véritable source de malheur pour la région en général et pour l’Algérie, la Mauritanie et le Sahara Occidental en particulier, sans oublier le sud de l’Europe, c’est bel et bien le Maroc. Le Maroc est le premier producteur de cannabis dans le monde et il est de notoriété publique que les organisations criminelles se développent autour de la vente et de l’exportation de cette drogue et de la prolifération des réseaux de trafic. C’est donc le Maroc qui empoisonne les jeunes [avec son kif] et nourrit le crime organisé dans la région. C’est aussi le Maroc qui est animé par des velléités expansionnistes dans la région, puisqu’en 1963, c’est-à-dire au lendemain de l’indépendance de l’Algérie, il a déclaré une guerre injuste contre l’Algérie en revendiquant une partie importante des territoires algériens. C’est encore le Maroc qui n’a reconnu l’indépendance de la Mauritanie qu’en 1968, alors qu’il l’a recouvrée en 1956. Et, depuis 1975, ce même Maroc mène une guerre injuste contre le peuple sahraoui. Le Maroc est donc une source d’invasion et d’expansionnisme avec l’aide d’autres pays, évidemment.
Le Maroc mène, avec la complicité de certaines entreprises étrangères, des activités illégales – au regard du droit international – sur les ressources naturelles au Sahara Occidental, dans les domaines de la pêche et des phosphates notamment, mais aussi dans d’autres domaines. Quelles suites ont été données à la protestation et aux démarches de la RASD visant à dénoncer ce pillage ?
Nous avons exposé ce problème sur le plan international et nous avons abouti à des résultats importants. Le premier de ces résultats, c’est que le secrétaire général adjoint des Nations unies en charge des affaires juridiques a, après une profonde étude, déclaré illégale l’exploitation des ressources naturelles du Sahara Occidental par le colonisateur marocain et par d’autres parties qui coopèrent avec lui. A la lumière de ce résultat, plusieurs compagnies qui avaient conclu des accords avec le Maroc dans les domaines de la pêche, de l’extraction du phosphate et de l’exploration de minerais, se sont retirées de la zone pour se conformer aux lois internationales. Le dossier reste ouvert et nous avons déposé une plainte auprès de tribunal de l’Union européenne à Strasbourg pour juger de la légalité ou non des accords signés entre l’Union européenne et le Maroc dans le domaine de la pêche au Sahara Occidental. Nous sommes optimistes quant au verdict final, car celui-ci ne saurait contredire les résolutions des Nations unies et le droit international. De toute façon, le combat continue. Nous avons enregistré des objectifs et le Conseil de l’ONU est appelé à considérer le cas du Sahara Occidental de la même manière qu’il a considéré celui de la Namibie. Les Nations unies avaient décidé de geler toute exploitation des ressources naturelles de la Namibie jusqu’au référendum.
Le Maroc multiplie les atteintes aux droits de l’Homme (arrestations et détentions arbitraires, pratique de la torture, mauvais traitement des détenus) dans sa répression contre les militants sahraouis. Les partenaires du royaume, comme l’Union européenne, ont-ils réagi à cette situation rapportée par de nombreux témoins et observateurs étrangers ?
Nous avons organisé, depuis le 21 mai 2005, un mouvement de protestation civile pacifique, que nous avons appelé «intifadha de l’istiqlal» (soulèvement pour l’indépendance), à travers lequel les Sahraouis revendiquent l’indépendance, la tenue du référendum, la libération des prisonniers politiques, l’arrêt des atteintes aux droits de l’Homme et le droit au rassemblement et à la protestation. La réponse du gouvernement marocain fut violente et sauvage. Il y eut des assassinats, des arrestations et des procès expéditifs. Nous comptons des dizaines de détenus politiques dans les prisons marocaines. Certains d’entre eux ont été condamnés à la réclusion à perpétuité, à l’exemple de M’barek Daoudi qui a été jugé par un tribunal militaire, en violation du droit international, puisque c’est un citoyen civil dont le seul tort est d’avoir réclamé la tenue d’un référendum pour l’autodétermination du peuple sahraoui. Il a entamé une grève de la faim depuis quarante jours et sa vie est menacée. Il a été arrêté avec cinq de ses enfants, dont certains ont passé une année en prison et d’autres y sont toujours. Rappelez-vous Guedim Izik, les pratiques horribles du régime marocain et le nombre élevé de militants qui ont été exécutés. En tout état de cause, ces atteintes marocaines aux droits humains sont désormais flagrantes et connues de tous, en ce sens que les organisations de défense des droits de l’Homme, le département d’Etat américain, l’Union européenne et le Parlement européen ont tous émis des rapports qui recensent les atteintes aux droits de l’Homme par le Maroc au Sahara Occidental de façon claire et nette. Par conséquent, beaucoup d’Etats, dont les Etats-Unis, sont maintenant convaincus de la nécessité d’intégrer la question des droits de l’Homme dans la mission de la Minurso. Ce que le Maroc refuse malheureusement. Cette question n’a pas encore été intégrée à la mission de la Minurso pour le moment.
Ont-ils prévu des sanctions ou d’autres formes de pression contre le Maroc pour l’amener à respecter les droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés ?
Comme je l’ai dit auparavant, à cause de la position de l’Espagne et de la France, ni le Conseil de sécurité ni le secrétariat général des Nations unies n’ont réussi à imposer des sanctions contre le Maroc.
Les choses vont-elles en rester là ?
Nous attendons le mois d’avril. Nous souhaitons que le Conseil de sécurité agisse avec une certaine fermeté à l’encontre le Maroc.
Et si cela ne se réalise pas, quelle sera votre réaction ?
Nous coopérerons avec l’ONU tant qu’elle s’engage à organiser le référendum d’autodétermination et tant qu’elle exerce des pressions sur le Maroc pour qu’il avance dans cette direction. Mais vu que le Maroc adopte, depuis 2014 et notamment après le discours de Mohammed VI, une position basée sur une logique de confrontation claire vis-à-vis du peuple sahraoui, des Nations unies, du Conseil de sécurité et des organisations de défense des droits de l’Homme, nous prévoyons une exclusion par le Maroc de la Mission des Nations unies du Sahara Occidental. Cela signifierait une déclaration de guerre contre le Front Polisario et les Nations unies. Dans ce cas de figure, nous nous défendrons et reprendrons la lutte armée.
Interview réalisée par Mohamed El-Ghazi
Publié par Algérie patriotique
Algeriepatriotique : Des manœuvres militaires ont été effectuées dans les territoires libérés du Sahara Occidental en réponse aux gesticulations de Rabat. Est-ce les prémices d’un retour à la lutte armée après 23 ans de cessez-le-feu ?
Le président Mohamed Abdelaziz : L’armée sahraouie a effectivement mené une manœuvre militaire avec utilisation de munitions réelles dans la zone libérée du Sahara Occidental, plus exactement à Taouinit. Cet exercice entre dans le cadre d’activités classiques et ordinaires que l’armée sahraouie entreprend chaque fin ou début d’année pour tester l’efficacité du matériel, et le degré de préparation et le moral des troupes. Mais la manœuvre de cette année revêt un caractère particulier au vu du volume et de l’intérêt porté pour celle-ci. Je peux citer deux raisons essentielles pour cet aspect particulier. D’abord, il va de soi que l’armée sahraouie a le devoir de libérer le pays. Durant ces dernières années, nous attendions l’organisation du référendum pour l’autodétermination et la reprise des négociations. Mais le Maroc a décidé d’interrompre le processus et mettre fin à la coopération avec les Nations unies. En novembre dernier, le roi du Maroc a prononcé un discours incendiaire et annoncé une confrontation directe avec l’organisation onusienne dont il rejette les décisions et le plan visant à organiser un référendum libre et démocratique. Aussi, ceci impose à l’armée sahraouie de se tenir prête pour parer à toute éventualité, jusques et y compris la possibilité de voir le Maroc s’aventurer à expulser la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (Minurso) et violer l’accord de cessez-le-feu entré en vigueur unilatéralement en 1991. Nous serions, dans ce cas, obligés de nous défendre et de reprendre la lutte armée dans le cadre de la légitime défense. Ensuite, tout le monde sait que la région de l’Afrique du Nord, et le Sahel en général, est menacée par le terrorisme et le crime organisé. Le Maroc est le premier pays producteur et exportateur de drogue, et la drogue est la principale source de financement du terrorisme et du crime organisé. Tout le monde sait aussi que la République sahraouie et le Front Polisario sont un facteur réel de stabilité, de modération et de paix dans la région depuis quarante ans. C’est ce projet pour lequel nous militons. Nous avons donc des devoirs et des responsabilités à assumer, lesquels consistent à défendre le Sahara Occidental et les zones dans lesquelles nous sommes présents contre les organisations criminelles et les groupes terroristes. Aussi préparons-nous notre armée pour qu’elle puisse être capable de faire face à ce genre de menaces.
Pensez-vous que le rapport de force est équilibré en cas de reprise des hostilités ?
La puissance du colonisateur n’est jamais comparable à celle du peuple colonisé, ni en hommes ni en matériel. Nous avons la force du droit et les Marocains ont le droit de la force. Nous avons, quant à nous, une longue expérience de la guerre qui a duré seize ans de 1975 à 1991. Nous avions, à l’époque, une armée dotée d’effectifs moins nombreux, moins expérimentée et moins bien équipée qu’aujourd’hui. Notre cause n’était pas connue sur le plan international. Pourtant, cette armée-là avait pu convaincre le gouvernement marocain – de l’aveu même du défunt Hassan II – de l’impossibilité pour le Maroc de gagner la guerre et de la nécessité de régler le conflit politiquement dans le cadre des Nations unies à travers le référendum pour l’autodétermination, lequel processus devait aboutir à des négociations parrainées par l’ONU afin de mettre en place un plan de paix. Donc, pour répondre à votre question, le problème de l’équilibre des forces ne se pose pas. L’ennemi peut être plus fort, mais le droit et la légitimité sont de notre côté. Notre volonté est très forte et si nous menons un combat, c’est pour la vie. Nous triompherons alors comme a triomphé le peuple algérien sous la conduite du Front de libération nationale dans les années 1950 contre la plus puissante force militaire du monde, c’est-à-dire l’Otan. L’armée algérienne a vaincu grâce à son stoïcisme et le droit du peuple algérien à son indépendance a fini par défaire l’ennemi. Nous aussi sommes confortés par la justesse de notre cause. Et pour cela, nous vaincrons.
Le Maroc multiplie les obstacles entravant le processus d’organisation du référendum. Cela se traduit par le report, encore une fois, de la visite de l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, Christopher Ross, au Maroc. Pourquoi le Conseil de sécurité de l’ONU n’arrive-t-il toujours pas à contraindre le Maroc à se conformer aux lois internationales ?
Il faut dire que certaines puissances traitent le dossier du Sahara Occidental avec une certaine froideur. Je dirais même qu’elles font preuve de négligence, d’indécision, voire de démission. Le dossier sahraoui est clair : c’est une affaire de décolonisation. Le plan de paix onusien de 1991 est tout aussi clair et la Minurso a été chargée d’organiser un référendum libre et démocratique dans un délai qui ne devait pas dépasser une année. Vingt-trois ans se sont écoulés depuis et le Maroc continue de louvoyer et de tergiverser jusqu’à affirmer, maintenant, qu’il refuse carrément la tenue de ce référendum et de traiter avec le représentant du secrétaire général des Nations unies. Les choses sont désormais claires et les blocages de la partie marocaine sont flagrants. Le Conseil de sécurité de l’ONU se devait de sanctionner le royaume du Maroc et le contraindre à appliquer l’accord qu’il a signé sous l’égide de ce même Conseil. Nous attendons avril prochain [pour prendre une décision]. Dans son dernier rapport, le secrétaire général de l’ONU a affirmé que si aucune avancée n’était enregistrée dans les négociations, le Conseil de sécurité serait appelé à aborder la question sahraouie sous un autre angle ou selon une autre approche. Quelle sera cette approche ? L’ONU imposera-t-elle des sanctions contre le Maroc ? La question sahraouie passera-t-elle de l’article VI de la Charte des Nations unies au chapitre VII qui stipule que les résolutions du Conseil de sécurité doivent être appliquées y compris par l’usage de la force ? Quoi qu’il en soit, ce qu’il faut retenir dans cette déclaration au regard du contexte dans lequel cette idée a été incluse dans le rapport du secrétaire général de l’ONU, c’est que le Conseil de sécurité est appelé à faire preuve de plus d’intransigeance et de plus de sévérité avec le Maroc. C’est ce que nous souhaitons.
Les spécialistes du dossier sahraoui estiment que la France et l’Espagne, trouvant un intérêt avec le Maroc, empêcheraient tout progrès du processus d’autodétermination du peuple sahraoui. Peut-on connaître votre avis à ce sujet ?
Malheureusement, les gouvernements français et espagnol sont les principales causes du drame vécu par le peuple sahraoui et – je dirais même – par toute la région en raison du problème du Sahara Occidental depuis 1975. En effet, l’Espagne et la France assument l’entière responsabilité des accords de Madrid de 1975, qui ont donné lieu au retrait de l’Espagne et à la partition du Sahara Occidental. Le peuple sahraoui a subi une guerre génocidaire financée et alimentée par ces deux pays. L’armée de l’air française est même intervenue directement. Jusqu’à ce jour, l’entêtement du Maroc trouve un soutien très solide et une protection auprès des gouvernements français et espagnol, alors même que des négociations ont eu lieu et qu’un plan de paix a été mis en place où il est admis que la question du Sahara Occidental est une affaire de décolonisation et que la solution doit impérativement passer par le principe de l’autodétermination à travers un référendum libre et démocratique. Ces deux gouvernements sont, dès lors, responsables de cette tragédie et cette situation. Après tout cela, ils ont recouru à toutes les méthodes pour faire plier le peuple sahraoui, mais ils n’ont jamais essayé une : permettre au peuple sahraoui de s’exprimer, bien que l’ONU soit présente sur le terrain et qu’elle ait tout préparé pour la tenue du référendum, y compris les listes des votants. Espérons que les gouvernements français et espagnol soient, cette fois-ci, une partie de la solution et qu’ils ne restent pas indéfiniment une partie du problème.
Des comités de soutien et de solidarité avec le peuple sahraoui s’organisent un peu partout dans le monde afin de faire pression sur les Etats pour accélérer le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Pensez-vous que ces actions pourraient faire bouger les choses ?
Nous nous sommes réunis en marge de la rencontre (d’Alger, ndlr) pour envisager l’organisation d’une grande conférence internationale à Alger sous le thème «Le droit des peuples à la résistance, cas du peuple sahraoui». Ce sera la cinquième édition de cette conférence dont le nombre et la qualité des participants progressent d’année en année. Beaucoup de délégations venant des Etats-Unis, d’Europe, d’Amérique latine, d’une majorité de pays africains ainsi que du monde arabe et de l’Asie prendront part à cette conférence qui réunira des parlementaires, des journalistes, des écrivains et des militants des droits de l’Homme. Tous dénoncent la colonisation du Sahara Occidental par le Maroc et les atteintes aux droits humains commis dans les territoires occupés. Tous sont solidaires avec le peuple sahraoui. Cette action a une valeur politique, mais aussi morale, si bien que ce large mouvement de solidarité envoie un message très fort au Maroc, aux Nations unies et à tous les Etats pour mettre fin à la dernière colonisation en Afrique. Cette conférence aura un écho extrêmement positif. Il est très difficile pour les Nations unies de ne pas prêter attention à toutes ces voix, et il est très difficile aussi pour tous ces Etats de demeurer sourds au cri de leurs propres peuples et de leurs propres sociétés civiles dans leur action de défense de la cause sahraouie. Le mouvement de solidarité international avec le peuple sahraoui se développe de jour en jour et la crédibilité du Front Polisario et de la République sahraouie et de la lutte du peuple sahraoui grandissent de même. Et cela a son impact et son importance.
L’escalade verbale des autorités marocaines contre l’Algérie ne cesse de s’intensifier depuis quelques mois. Doit-on attribuer cela au soutien indéfectible de l’Algérie pour la cause sahraouie ou alors le Makhzen cache-t-il d’autres objectifs derrière ces attaques récurrentes et ce double langage ?
Malheureusement, ces campagnes menées par le Maroc contre l’Algérie font partie, à mon sens, d’une action principale qui consiste à détourner l’attention de l’opinion publique marocaine et à lui cacher la vérité, dans un hypothétique espoir de retarder les mouvements de contestation populaires contre le régime en place. A chaque fois, le régime avertit de l’existence d’un ennemi extérieur et met en garde contre l’Algérie comme étant l’«ennemi» du Maroc pour l’occuper et le faire taire. Nous condamnons cette politique de fuite en avant, d’autant que la véritable source de malheur pour la région en général et pour l’Algérie, la Mauritanie et le Sahara Occidental en particulier, sans oublier le sud de l’Europe, c’est bel et bien le Maroc. Le Maroc est le premier producteur de cannabis dans le monde et il est de notoriété publique que les organisations criminelles se développent autour de la vente et de l’exportation de cette drogue et de la prolifération des réseaux de trafic. C’est donc le Maroc qui empoisonne les jeunes [avec son kif] et nourrit le crime organisé dans la région. C’est aussi le Maroc qui est animé par des velléités expansionnistes dans la région, puisqu’en 1963, c’est-à-dire au lendemain de l’indépendance de l’Algérie, il a déclaré une guerre injuste contre l’Algérie en revendiquant une partie importante des territoires algériens. C’est encore le Maroc qui n’a reconnu l’indépendance de la Mauritanie qu’en 1968, alors qu’il l’a recouvrée en 1956. Et, depuis 1975, ce même Maroc mène une guerre injuste contre le peuple sahraoui. Le Maroc est donc une source d’invasion et d’expansionnisme avec l’aide d’autres pays, évidemment.
Le Maroc mène, avec la complicité de certaines entreprises étrangères, des activités illégales – au regard du droit international – sur les ressources naturelles au Sahara Occidental, dans les domaines de la pêche et des phosphates notamment, mais aussi dans d’autres domaines. Quelles suites ont été données à la protestation et aux démarches de la RASD visant à dénoncer ce pillage ?
Nous avons exposé ce problème sur le plan international et nous avons abouti à des résultats importants. Le premier de ces résultats, c’est que le secrétaire général adjoint des Nations unies en charge des affaires juridiques a, après une profonde étude, déclaré illégale l’exploitation des ressources naturelles du Sahara Occidental par le colonisateur marocain et par d’autres parties qui coopèrent avec lui. A la lumière de ce résultat, plusieurs compagnies qui avaient conclu des accords avec le Maroc dans les domaines de la pêche, de l’extraction du phosphate et de l’exploration de minerais, se sont retirées de la zone pour se conformer aux lois internationales. Le dossier reste ouvert et nous avons déposé une plainte auprès de tribunal de l’Union européenne à Strasbourg pour juger de la légalité ou non des accords signés entre l’Union européenne et le Maroc dans le domaine de la pêche au Sahara Occidental. Nous sommes optimistes quant au verdict final, car celui-ci ne saurait contredire les résolutions des Nations unies et le droit international. De toute façon, le combat continue. Nous avons enregistré des objectifs et le Conseil de l’ONU est appelé à considérer le cas du Sahara Occidental de la même manière qu’il a considéré celui de la Namibie. Les Nations unies avaient décidé de geler toute exploitation des ressources naturelles de la Namibie jusqu’au référendum.
Le Maroc multiplie les atteintes aux droits de l’Homme (arrestations et détentions arbitraires, pratique de la torture, mauvais traitement des détenus) dans sa répression contre les militants sahraouis. Les partenaires du royaume, comme l’Union européenne, ont-ils réagi à cette situation rapportée par de nombreux témoins et observateurs étrangers ?
Nous avons organisé, depuis le 21 mai 2005, un mouvement de protestation civile pacifique, que nous avons appelé «intifadha de l’istiqlal» (soulèvement pour l’indépendance), à travers lequel les Sahraouis revendiquent l’indépendance, la tenue du référendum, la libération des prisonniers politiques, l’arrêt des atteintes aux droits de l’Homme et le droit au rassemblement et à la protestation. La réponse du gouvernement marocain fut violente et sauvage. Il y eut des assassinats, des arrestations et des procès expéditifs. Nous comptons des dizaines de détenus politiques dans les prisons marocaines. Certains d’entre eux ont été condamnés à la réclusion à perpétuité, à l’exemple de M’barek Daoudi qui a été jugé par un tribunal militaire, en violation du droit international, puisque c’est un citoyen civil dont le seul tort est d’avoir réclamé la tenue d’un référendum pour l’autodétermination du peuple sahraoui. Il a entamé une grève de la faim depuis quarante jours et sa vie est menacée. Il a été arrêté avec cinq de ses enfants, dont certains ont passé une année en prison et d’autres y sont toujours. Rappelez-vous Guedim Izik, les pratiques horribles du régime marocain et le nombre élevé de militants qui ont été exécutés. En tout état de cause, ces atteintes marocaines aux droits humains sont désormais flagrantes et connues de tous, en ce sens que les organisations de défense des droits de l’Homme, le département d’Etat américain, l’Union européenne et le Parlement européen ont tous émis des rapports qui recensent les atteintes aux droits de l’Homme par le Maroc au Sahara Occidental de façon claire et nette. Par conséquent, beaucoup d’Etats, dont les Etats-Unis, sont maintenant convaincus de la nécessité d’intégrer la question des droits de l’Homme dans la mission de la Minurso. Ce que le Maroc refuse malheureusement. Cette question n’a pas encore été intégrée à la mission de la Minurso pour le moment.
Ont-ils prévu des sanctions ou d’autres formes de pression contre le Maroc pour l’amener à respecter les droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés ?
Comme je l’ai dit auparavant, à cause de la position de l’Espagne et de la France, ni le Conseil de sécurité ni le secrétariat général des Nations unies n’ont réussi à imposer des sanctions contre le Maroc.
Les choses vont-elles en rester là ?
Nous attendons le mois d’avril. Nous souhaitons que le Conseil de sécurité agisse avec une certaine fermeté à l’encontre le Maroc.
Et si cela ne se réalise pas, quelle sera votre réaction ?
Nous coopérerons avec l’ONU tant qu’elle s’engage à organiser le référendum d’autodétermination et tant qu’elle exerce des pressions sur le Maroc pour qu’il avance dans cette direction. Mais vu que le Maroc adopte, depuis 2014 et notamment après le discours de Mohammed VI, une position basée sur une logique de confrontation claire vis-à-vis du peuple sahraoui, des Nations unies, du Conseil de sécurité et des organisations de défense des droits de l’Homme, nous prévoyons une exclusion par le Maroc de la Mission des Nations unies du Sahara Occidental. Cela signifierait une déclaration de guerre contre le Front Polisario et les Nations unies. Dans ce cas de figure, nous nous défendrons et reprendrons la lutte armée.
Interview réalisée par Mohamed El-Ghazi
Publié par Algérie patriotique
Le Président de la République passe en revue les principaux axes du premier sommet du processus de Nouakchott
Le Président de la République, président de l’Union Africaine, Son Excellence Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz a passé en revue, jeudi au cours d’une conférence de presse tenue au palais des congrès à Nouakchott, à la suite de la clôture du sommet du processus de Nouakchott, les principaux axes du communiqué final dudit sommet.
Le président de la République a tout d’abord souligné que le renforcement de la coopération sécuritaire a occupé une bonne place dans les travaux des participants au sommet, notamment, a-t-il dit, la dynamisation de l’opérationnalité de l’organisme africain de paix et de sécurité dans la région sahélo-saharienne.
Il a en outre précisé que les participants, qui ont passé en revue le bilan du processus de Nouakchott qui a démarré en mars 2013, ont enregistré avec satisfaction les importants résultats réalisés dont la libération du Nord Mali, le lancement des négociations entre les parties maliennes pour parvenir à une solution globale et définitive dans ce pays, la réussite de toutes les parties burkinabées à mettre en place une période transitoire et le progrès enregistré dans le mécanisme africain de paix et de sécurité dans la région.
Le président de la République a noté par ailleurs les préoccupations des pays participants vis-à-vis de la situation au Nigeria et des actes terroristes menés par le groupe Boko Haram, actes qui menacent, a-t-il dit, la sécurité et la stabilité dans ce pays et son voisinage, malgré les efforts déployés par le Nigeria.
Les présidents ont également exprimé leurs préoccupations vis-à-vis de la situation en Libye et des menaces terroristes auxquelles fait face ce pays, notant que le dialogue entre les parties libyennes sous la supervision du groupe de contact international pour la Libye est de nature à aboutir à une solution permettant à la Libye de sortir de cette crise
Le Président de la République a indiqué que les participants au sommet ont exprimé leur solidarité avec les pays qui font face à la maladie d’Ebola, réaffirmant qu’ils se tiennent aux côtés desdits pays pour surmonter cette épreuve.
Ils ont en outre insisté sur la nécessité de conjuguer les efforts politiques et militaires pour que les pays de la sous région retrouvent la stabilité, la sécurité et la paix.
AMI
Hommage au feu colonel Moustapha Ould Mohamed Saleck, ancien président (1978 -1979)
18 décembre 2012, 18 décembre 2014, cela fait déjà deux ans que disparaissait l’ancien président Moustapha Ould Mohamed Saleck, à l’âge de 86 ans. L’homme a tiré sa révérence à l’hôpital parisien du Val de Grace (France) où il était transféré, le 13 décembre pour des soins médicaux. Loin donc de son Assaba natal. Sa dépouille a été rapatriée à Nouakchott où un vibrant hommage national lui a été rendu. Feu Moustapha Ould Mohamed Saleck a présidé le comité militaire de redressement national (CMSN), entre le 10 juillet 78 et le 3 juin 1979. Deux ans après sa disparition, les mauritaniens gardent toujours une bonne image de lui. Voici quelques témoignages d’hommes qui l’ont côtoyé durant son parcourt.
Témoignage du Colonel Athié Hamath, Ancien Ministre
Moustapha Ould Mohamed Saleck était plus qu’un frère pour moi, car il fut l’un des premiers officiers mauritaniens, dont je fais partie, qui ont fondé l’armée mauritanienne. A l’époque, il était difficile à un sous-lieutenant ou un lieutenant de côtoyer les officiers supérieurs.
Nous n’avons jamais servi ensemble dans une unité, puisque le colonel Moustapha fut désigné Chef d’Etat-major très tôt. Je l’ai connu de plus près, au moment où je parcourais les unités à l’intérieur du pays.
Nos premières rencontres auront lieu au cours de la guerre du Sahara à Atar. En ma qualité de directeur du Génie Militaire, je sillonnais le nord du pays pour la construction des camps militaires et la pose de mines sur les champs de bataille. C’est au cours de ces rencontres que j’ai approché le colonel Ould Mohamed Saleck. Ensemble. On analysait la situation du pays : des pertes humaines considérables et un effort de guerre insupportable qui engloutissait toute l’économie du pays. Mais, qu’à cela ne tienne, nous étions militaires et obéissions aux ordres. Parfois, on était choqué par les propos de certains soldats sur le front qui, de passage à Nouakchott pour de courtes permissions, étaient indignés par les ambiances festives qui marquaient les manifestations du Parti du Peuple Mauritanien (PPM) au moment où des militaires patriotes sacrifiaient leur vie dans une misère inimaginable.
Cette situation difficile participait à la démobilisation de nos troupes de plus en plus démunies. Malgré nos moyens limités, on a pu tenir jusqu’au moment où le pays était au bord du gouffre. Là on s’était dit qu’il fallait agir. Et c’est à partir de cet instant qu’on a décidé d’agir. Un coup d’Etat a été alors planifié pour être exécuté dans la nuit du 8 au 9 juillet 1978. Il est vrai que j’étais parmi les seconds échelons chargés des renforts, comme on dit dans notre jargon, car en première ligne il y avait les officiers chargés de l’exécution directe du coup d’Etat. A l’heure H, c’est-à-dire dans la nuit du 8 au 9 juillet, il ne s’était finalement rien passé. Notre aile civile, chargée de faire durer la réunion du Bureau Politique du PPM jusqu’au petit matin, avait essayé mais sans succès.
Au matin du 9 juillet, en compagnie de l’officier Djibril Ould Abdellahi, je me rends au domicile du colonel Moustapha, sur la route de la Plage. Il était là en forte discussion avec un officier supérieur. Comme le veut l’usage, nous sommes restés en retrait. Son interlocuteur parti, nous l’avons rejoint et il nous informa que certains éléments du coup d’Etat auraient fait marche arrière. On lui a proposé de rattraper cela. Il fut d’abord très étonné d’une telle proposition, émanant du directeur du Génie Militaire et d’un officier de logistique face à la puissance de feu de la 6° Région Militaire, chargée de la sécurité de Nouakchott, devenue l’unité la plus solide du pays pour avoir été fortement renforcée après les raids du Polisario sur la capitale.
Finalement, il se résolut à notre proposition puisqu’il fallait agir vite. Dans la nuit du 9 au 10 juillet 1978, le coup d’Etat eut lieu. Le Président Moctar Ould Daddah a été arrêté et conduit au Génie Militaire à quelques six kilomètres de Nouakchott où il fut gardé quelques jours dans de bonnes conditions. Dieu Merci, il en fit lui-même le témoignage dans ses mémoires publiés il y a quelques années.
Aujourd’hui, deux ans après le décès du Président Moustapha, je retiens de l’homme ce que tout le monde retient de lui : un chef intègre sur tous les plans et très rigoureux sur la gestion des biens publics. Il a su inculquer deux valeurs importantes dans toute notre armée : l’ordre et la rigueur.
Il était surtout un modèle pour nous tous, jeunes officiers embryon de la nouvelle armée du pays. Malgré la présence d’officiers français, à l’époque en service chez nous, il a pu imprimer la mauritanité de notre armée. C’était un grand nationaliste, un grand patriote et un grand chef conciliant.
Pour l’avoir approché de près, seulement entre 1977 et 1978, je retiens de lui cette image d’un homme merveilleux et toujours souriant. Il m’a toujours fait totalement confiance et me considérait comme un jeune frère. Ce fut un modèle pour moi et un exemple que nos officiers d’aujourd’hui devraient suivre.
Témoignage de M. Ladji Traoré, Secrétaire Général de l’ APP
1. Début d’une amitié
En réalité j’ai connu feu Moustapha Ould Mohamed Saleck de 1970 jusqu’à son décès. C’était un homme exceptionnel. Que son âme repose en paix.
En 1970, Moustapha était à Néma avec sa famille. Il fut, à la fois, responsable de la région militaire et Gouverneur de la 1ière région ; actuelle wilaya du Hodh Charghi. Et moi, en tant que syndicaliste, fonctionnaire au Ministère du Plan, où j’étais adjoint de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, j’avais été relevé de mes fonctions suite aux manifestations du 1er mai, mis à la disposition du Ministère de l’intérieur puis muté à Oualata. En réalité c’était une sanction, une sorte de résidence surveillée qui ne disait pas son nom, puisque j’allais par la suite être empêché de me rendre à Nouakchott pour le baptême de ma fille.
Je débarquai donc le 6 Mai à Néma. Lorsque je suis arrivé à Néma, je suis allé rencontrer le gouverneur, Moustapha Ould Mohamed Saleck, dans son bureau. Ce qui m’a vraiment frappé, c’est qu’il m’a accueilli chaleureusement. J’ai senti qu’il était dérangé par cette mutation «sans précision de responsabilités ». Il m’a dit : « prenez votre temps et vos dispositions, préparez toutes les affaires nécessaires avant de rejoindre votre poste à Oualata. Nous sommes est au mois de mai et il fait très chaud ».
Alors, je pris mes dispositions et me rendis à Oualata où j’ai été aussi très bien accueilli par tous, le Préfet mais aussi le chef traditionnel de cette localité, Bah Ould Guig qui était, également, responsable du parti du peuple mauritanien au pouvoir (parti unique). Il m’a accueilli avec d’autres personnalités et ils ont mis à ma disposition une maison ouverte sur la Mahadra de Oualata.
Pour revenir sur mes rapports avec le colonel Moustapha Ould Mohamed Saleck, je n’oublierai jamais, le geste de courage et de droiture dont il a fait preuve à mon égard pour me permettre de regagner Nouakchott contre l’avis émis par l’administration centrale. En effet, j’étais déjà dans l’avion lorsque les instructions de m’empêcher de voyager ont été données de Nouakchott. J’ai refusé de sortir d’être débarqué dans l’avion arguant le fait d‘être déjà dans la zone internationale. Ça risquait de se passer très mal, l’avion était plein, et j’étais prêt à tout pour rester dans cet avion et rejoindre ma famille à Nouakchott. C’est là que l’on m’a signalé que le Gouverneur était à l’aéroport et qu’il voulait me parler. Je descendis aussitôt car ma confiance en lui été totale. Je n’avais pas été déçu. Il avait négocié pour moi une autorisation exceptionnelle sur la base de la signature du préavis de grève. J’ai signé le préavis, ensuite Moustapha m’a accompagné jusqu’à l’avion avant de demander au pilote de décoller pour Nouakchott.
et
Je dois aussi dire que, pendant tout mon séjour à Oualata, chaque fois que je venais à Néma, il me recevait chez lui où j’ai fait la connaissance de son épouse, qui est une dame extrêmement agréable aussi. En réalité, au lieu d’être le détenu politique à Oualata, j’étais plutôt l’ami de la famille à chaque fois que je venais à Néma. Depuis lors, nous le sommes restés très liés.
L’année d’après, je me suis retrouvé à Nouakchott, à l’occasion du 1er mai, avec mes amis Kadihines. Nous avons tous été mis aux arrêts. Moi-même, je fus mis en résidence surveillée mais dans d’autres conditions à Tamchekett et Tichitt. Ce fut aussi le cas pour d’autres collègues comme Moustapha Ould Bedreddine, Moustapha Ould Abeidrahmane, Dafa Bakary et d’autres. A Tamchekett, nous étions chez le gouverneur Ould Kerkoub.
Après quatre années, j’ai fini par intégrer le Ministère du Commerce où Hasni Ould Didi était le Secrétaire général. Quand il fut démis de ses fonctions par le pouvoir de l’époque, il me dit : « voilà, Ladji, quand tu étais dans mon cabinet, on n’a pas voulu officialiser ta mission ici et moi, comme je quitte ce ministère, je ne veux pas te laisser ici par ce que il n’est pas sûrque tu seras bien avec mon successeur. Alors, dis moi, parmi les sociétés qui sont sous la tutelle de ce ministère, laquelle te convient ? Il rajouta, je te conseille, d’ailleurs, d’aller à la SONIMEX, où vient d’être nommé Moustapha Ould Mohamed Saleck, comme Directeur Général, et il me semble que tu le connais.
Je lui répondis : « Ouallahi »
Il me dit : « Alors, je vais te détacher à la SONIMEX ».
C’est ainsi que je me suis retrouvé avec Moustapha comme Inspecteur à la SONIMEX.
2. Un Homme juste et intègre
Une autre histoire allait encore me prouvait les qualités exceptionnelles de cet homme. On appris qu’une coopérative sahraouie, après avoir acheté du thé au représentant de la Sonimex à Dakhla, avait demandé d’être remboursée car le thé était inconsommable. Le représentant de la Sonimex n’avait pas voulu faire le remboursement pour deux raisons essentielles. D’abord, ce thé faisait partie d’un stock dont une autre part avait été vendue et consommée sans problème. Ensuite, il s’agissait de populations ennemies à l’époque. Moustapha m’a dépêché sur place où je me suis aperçu que le thé avait changé de goût suite à un stockage prolongé à proximité de la mer. Il m’ordonna d’appeler la coopérative et de leur livrer la même quantité d’un thé de la plus haute qualité. Ce qui fut fait.
Enfin, nous étions en rupture de stocks à la SONIMEX et Moustapha m’a envoyé en urgence à Las Palmas pour y acheter du thé pour une valeur de 90 millions UM. Malheureusement, ce stock n’arrivera jamais. Personne, à commencer par moi-même, ne comprenait grand-chose à cette histoire. La transaction avait été faite dans le plus grand respect des procédures et la plus grande transparence.
Très vite, on commença à vouloir me faire endosser cette affaire et nombreux ceux qui sont venus le dire à Moustapha : ‘on vous l’a dit, Ladji en a profité pour s’enrichir’.
Loin de le perturber, Moustapha m’appela et demanda de retourner à Las Palmas pour tirer les choses au clair. Je lui répondis : cet argent, qui appartient à la Mauritanie, sera restitué à la SONIMEX et la confiance que vous avez placé en moi ne sera jamais trahie, etje vous assure que cet argent n’a pas été détourné, ni par moi ni en complicité avec moi.
Nous nous sommes rendus, moi, le conseiller commercial et le président du conseil d’administration, à Las Palmas et avec notre Consul à Las Palmas ainsi que les autorités des Iles Canaries, nous avons ouvert une enquête qui allait démontrer l’ampleur d’une machination qui a bénéficié de la complicité de certains intermédiaires mauritaniens avec des agents de la banque espagnole. Tous les coupables furent arrêtés et l’argent restitué à la Mauritanie.
De retour à Nouakchott, je dis à Moustapha : ‘Vous m’avez envoyé pour une mission et cette mission a été bien accomplie selon vos instructions et conformément à votre morale. L’argent de la SONIMEX et de l’Etat mauritanien n’est pas perdu.’
Je sentais qu’il était réellement soulagé après une semaine où cette affaire l’avait beaucoup perturbé.
Tel fut ce grand patriote intègre, honnête et pieux.
M. Azizi Ould El Mamy, homme d’affaires et ami de 50 ans
1. Histoire d’une amitié « sans réserve »
J’ai pratiquement vécu tous les événements que la Mauritanie a connus depuis son accession à l’indépendance jusqu’à nos jours. Au lendemain de l’indépendance, Moustapha Ould Mohamed Saleck fut l’un des premiers officiers mauritaniens qui ont bâti notre armée. Je l’ai connu tout comme Cheikh Ould Boida et Maaouya Ould Taya. Avec Moustapha, j’avais tissé une solide et profonde amitié d’un demi-siècle.
C’est lors d’un dîner chez feu Soueidatt Ould Waddad que je l’ai connu. Soueidatt était un grand ami commun à nous et il nous invita, donc, à dîner chez lui.
Depuis 1963, mes rapports avec Moustapha Ould Mohamed Saleck n’ont cessé de s’approfondir et de se raffermir, au point que notre amitié était sans réserves. Si je dois raconter tout ce que je lui connais comme qualités humaines, il faudrait un livre! En somme, ce fut un homme discret, honnête, juste, sage, généreux, convivial, courageux, sincère, pieux … Il était profond, parlait peu et quand il parlait, il mesurait chaque mot, chaque phrase.
Nous étions voisins et nous nous rencontrons, pratiquement, tous les jours. Tout le monde a découvert son courage et sa sagesse lors de la guerre du Sahara en tant qu’officier supérieur, mais aussi en tant que chef d’état-major national.
Il a réussi à sortir la Mauritanie de cette guerre qui a ruiné notre économie et lui fit perdre plusieurs de ses vaillants officiers et soldats. Les rapports de force étaient largement défavorables pour le pays qui faisait face à un adversaire mieux équipé et mieux armé. Un adversaire jouissant du soutien de plusieurs autres puissances étrangères.
Il a planifié et dirigé le coup d’état du 10 Juillet 1978 en toute sagesse et discrétion, faisant preuve de patriotisme et d’honnêteté. Il a consenti d’énormes sacrifices pour sauver sa patrie, surtout qu’il s’est toujours montré peu intéressé par le pouvoir. Il tenait même à s’en débarrasser à la première occasion, c’est-à-dire, dès que le pays retrouve la paix et la stabilité.
2. Un homme sobre
Lorsque Moustapha Ould Mohamed Saleck fut libéré de sa détention en 1984, au lendemain de l’accession de Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya au pouvoir, je sui allé lui rendre visite chez lui à Kiffa. J’ai trouvé l’homme fortement amaigri. Il avait perdu environ 30 à 40% de son poids. J’ai passé deux nuits chez lui. Il y avait une mosquée et une Mahadra (école coranique) à côté de sa maison. A l’aube quand je me réveillais je le trouvais déjà dans la mosquée pour la prière. Il récitait ses versets du saint Coran et n’arrêtait de prier et d’implorer Allah !
Je me souviens qu’après sa mise en détention, en 1984, certains dans les rouages du pouvoir de l’époque, ont réussi à convaincre les hautes autorités de confisquer la maison de Moustapha. Une maison modeste que celui-ci avait construite grâce à un prêt bancaire accordé dans le cadre d’une décision du président Mokhtar Ould Daddah faisant bénéficier les ministres et les officiers supérieurs des forces armées et de sécurité de crédits-logements.
C’est lors d’une visite à la famille de mon ami Moustapha que Lyakheir, son épouse, m’apprit la nouvelle en me disant : On veut nous chasser de notre maison !
Je suis allé, directement, voir N’Diaga Dieng qui était, alors, chef d’état-major adjoint de la gendarmerie. Je lui ai demandé de faire tout ce qu’il peut pour que les enfants du colonel Moustapha et leur mère puissent conserver leur maison.
Il me répondit : « Bien que je ne sois pas concerné par cette décision, je ne peux tolérer que l’un de nos chefs supérieurs soit traité d’une manière humiliante. Moustapha est plus qu’un officier supérieur. Il était chef d’état-major, puis chef de l’Etat, dites à sa famille de se tranquilliser parce qu’elle conservera sa maison ».
Cette attitude de N’Diaga Dieng restera, éternellement, gravée dans ma mémoire. Je lui en suis resté très reconnaissant.
Chez nous, la règle générale pour tous les officiers supérieurs de l’Armée est de s’enrichir pendant l’exercice de leurs fonctions et responsabilités. Rare sont ceux, parmi eux, qui n’ont pas construit des fortunes colossales : troupeaux de bétail, palmeraies, immobiliers, etc. Moustapha fut, sans doute l’exception qui confirme la règle.
Témoignage de Son Excellence Mohamed Mahmoud Ould Ahmed Louly, Ancien Chef de l’Etat
Nous devons, de prime abord prier pour l’âme de feu Moustapha Ould Mohamed Saleck en qui j’ai connu un homme croyant, pieux et patriote.
Lorsque les officiers de l’armée nationale ont décidé de faire le coup d’état du 10 Juillet 1978, j’ai préféré rester à l’écart parce que je ne voulais pas prendre part à un acte dont je ne connaissais pas les conséquences éventuelles par rapport à mes responsabilités devant Allah.
Cependant, je fus membre du Comité militaire qui prit le pouvoir et Moustapha fut son président. Le coup d’état s’est très bien passé. Al hamdoulillah, les choses se sont déroulées de la meilleure manière, dans la mesure où tout s’est passé en toute douceur sans la moindre goutte de sang versée et ni même la moindre violence.
Il faut reconnaitre que le coup d’état de 1978 était l’ultime recours pour mettre fin à la situation désastreuse qui prévalait, alors, en Mauritanie. Le pays était en proie à une guerre dévastatrice qui ruinait son économie encore fragile et menaçait son existence même.
Moustapha a conduit le changement de manière responsable et n’a voulu exclure personne. Il a toujours fait l’unanimité au sein de ses compagnons officiers des forces armées nationales. Il n’a jamais cherché le pouvoir pour le pouvoir. D’ailleurs, il voulait qu’il soit rendu le plus rapidement possible aux civils. Mais, vous savez, les querelles et les divergences entre les hommes peuvent, parfois, ne pas permettre d’atteindre les grands objectifs que l’on se fixe, aussi nobles ou salvateurs soient-ils. C’est ainsi que Moustapha préféra s’éloigner par souci de garder sa conscience intacte.
Je dois, pour la vérité, dire que tout au long des années que nous avons passées ensemble, au sein de l’armée, il a toujours eu une considération toute particulière à mon égard. J’en avais aussi beaucoup pour lui. Ce fut un homme pieux, un officier intègre, un président honnête et digne de respect. Prions pour sa mémoire.
source: le calame
L’UE accorde 5.610.439 euros pour aider l’UNICEF, la FAO et le PAM à assister les familles mauritaniennes affectées par la crise alimentaire et nutritionnelle de 2012
UNICEF – Grâce à un financement de 5.610.439 euros mis à la disposition de la FAO, de l’UNICEF et du PAM en Mauritanie, l’Union européenne s’est engagée aux côtés du gouvernement mauritanien, en vue d’améliorer de façon durable les conditions de vie des populations vulnérables, victimes de la crise alimentaire et nutritionnelle qui a sévèrement frappé le pays en 2012 à cause de la sècheresse.
“A la suite d’un premier financement sur le Xème FED lors de sécheresse de 2011-2012, l’Union Européenne et le Gouvernement Mauritanien ont pu mobiliser plus de 8 millions d’euros supplémentaires pour stabiliser les populations les plus affectées par cette sécheresse.
Grâce notamment au travail des trois agences des Nations Unies, et en collaboration avec les services déconcentrés de l’Etat dans l’Assaba, et le Guidimakha, la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages les plus vulnérables a été stabilisée et des outils mis en place pour soutenir le Gouvernement dans l’opérationnalisation de la Stratégie Nationale de la Protection Sociale », a déclaré M Jose Antonio Sabadell, Ambassadeur de l’Union européenne.
En effet, le programme conjoint « Amélioration durable des conditions de vie des populations les plus affectées par la crise alimentaire et nutritionnelle de 2012 » financé par l’UE, mis en œuvre conjointement par la FAO, le PAM et l’UNICEF, est composé d’un paquet d’interventions intégré qui vise la réhabilitation des moyens d’existence des populations ainsi que l’état Nutritionnel des enfants affectés par la crise alimentaire.
A travers son approche intégrée, le programme vise aussi à contribuer à la mise en place d’un système national de protection sociale. Les activités menées conjointement par les trois agences des Nations Unies depuis le démarrage du programme en 2013, ont bénéficié, à ce jour, à 12.400 ménages, dont 2500 avec des enfants de moins de 2 ans, dans les régions de l’Assaba et du Guidimakha où le taux de malnutrition aiguë excédait les seuils d’urgence.
Selon Laura Bill, Représentante a.i. de l’UNICEF en Mauritanie : « Du fait de la crise alimentaire, la vie de plusieurs milliers d’enfants est en danger. La malnutrition aiguë sévère peut être fatale, si elle n’est pas prise en charge rapidement. Même en situation de crise, il est important que les enfants jouissent de leur droit à une bonne alimentation pour une croissance harmonieuse. »
A ce stade de la mise en œuvre du programme conjoint, des résultats considérables ont déjà pu être atteints par les différents partenaires. « Nous avons procédé à la distribution de 2326 chèvres suitées, d’intrants agricoles et du matériel de protection à 24 coopératives maraîchères avec formation de 2010 bénéficiaires en Assaba et 373 bénéficiaires au Guidimakha sur les techniques maraîchères.
Plus de 2700 élèves ont également profité de 24 jardins scolaires avec formation de 44 points focaux sur les techniques maraîchères et culinaires. Le transfert monétaire mensuel a bénéficié à 5400 ménages vulnérables. La conjugaison de toutes les actions a permis d’améliorer le pouvoir d’achat des populations affectées par la crise. » a déclaré M. Athman Mravili, Représentant de la FAO.
Par ailleurs, 11 802 enfants de moins de 24 mois ont reçu des suppléments nutritionnels riches en micronutriments et 276 cantines scolaires ont également été soutenues. Des activités de communication pour le développement ont également été menées, grâce auxquelles les populations bénéficiaires du programme ont acquis des connaissances sur les pratiques familiales essentielles telles que l’allaitement maternel exclusif jusqu’à l’age de six mois, le lavage des mains à l’eau propre et au savon, la prise en charge correcte des diarrhées, etc.
« Ce programme offre une opportunité unique d’utiliser les transferts monétaires pour la formation et pour la création d’actifs durables ainsi que les cantines scolaires comme filets sociaux pour les plus vulnérables. En synergie avec les autres composantes du programme, ces activités constituent une contribution significative au renforcement de la résilience des communautés et des individus ciblés, face aux chocs récurrents » conclut M. Janne Suvanto, Représentant du PAM en Mauritanie.
Pour de plus amples informations, veuillez contacter les chargés de communication des 4 organismes :
UE : Mohamadou Ly + 222 33.33.70.70/mohamadou.ly@eeas.europa.eu
FAO : Lalla Khatar + 222 22.60.00.11/Lalla.Khatar@fao.org
PAM : Marie-Joëlle Jean-Charles + 222 27.09.33.63/mariejo.jncharles@wfp.org
UNICEF : Zahra Cheikh Malainine + 222 22.30.01.05/zcmalainine@unicef.org
Cridem
Communiqué de presse à l’occasion du 18 décembre marquant la journée mondiale des migrants : Sauvons les vies des migrants
OIM Mauritanie – L’année 2014 a été la plus meurtrière pour les migrants. Un peu moins de 5000 migrants ont péri, dont plus de la moitié en Méditerranée. « Ce bilan, [est] deux fois plus lourd que l’année dernière (…), a affirmé le Directeur Général de l’OIM, William Lacy Swing, dans un communiqué publié à l’occasion de la journée mondiale des migrants.
Le même communiqué souligne qu’ « avec 33,3 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays et 16,7 millions de réfugiés, il n’y a jamais eu autant de personnes déplacées par des violences et des conflits depuis la Deuxième Guerre mondiale. »
En Mauritanie, la situation est heureusement loin d’être catastrophique comme en Méditerrannée. Les pertes de vies des migrants en mer entre 2004 et 2007 ne sont plus qu’un mauvais souvenir.
Le pays, avec l’aide notamment de l’Union Européenne et de ses Etats mebres et de l’Organisation Internationale pour les Migrations, a pu mettre un terme à ce naufrage humain à travers la sécurisation de ses frontières. Des projets de gestion des frontières ont été mis en œuvre à partir de 2007 qui ont permis à la Direction Générale de la Sureté Nationale et à la Gendarmerie Nationale de remplir leurs missions de contrôle des frontières avec professionnalisme et dans le respect des droits de l’homme. Les réseaux de trafic de migrants ont été démantelés.
Pour confirmer la volonté politique du gouvernement face à cela, la loi 021-2010 relative à la lutte contre le trafic illicite des migrants a été votée le 10 février 2010 par le parlement mauritanien. De plus, un décret portant désignation des 47 points de passage obligatoires a été approuvé et appliqué. Ce décret stipule que toute personne qui serait entrée en Mauritanie sans être passée par ces 47 points d’entrée est considérée comme irrégulière.
Par ailleurs, en Avril 2012, l’OIM a formé 22 inspecteurs du travail sur la protection des travailleurs migrants. Compte tenu de la présence importante de travailleurs migrants subsahariens dans le pays, il était devenu nécessaire de travailler conjointement avec les autorités pour assurer à cette typologie de migrants, les conditions adéquates leur permettant de vivre dignement et de faire profiter la société d’accueil de leur savoir-faire.
Face à l’afflux massif de réfugiés maliens, l’OIM a mis en œuvre plusieurs projets de stabilisation des communautés et de prévention des conflits entre réfugiés et population hôte. Il fallait intervenir pour éviter un déplacement interne des populations locales, qui, sous le poids de la présence des réfugiés, de la compétition sur les maigres ressources naturelles et par l’insécurité alimentaire, n’auront d’autre choix que de venir agrandir le nombre de personnes vivant dans la précarité urbaine.
En 2015, OIM Mauritanie souhaite pouvoir s’atteler avec l’aide des partenaires techniques financiers, à faire la jonction devenue impérative entre migration et développement, et ce, à travers la mise en œuvre de la stratégie nationale migratoire adoptée par le gouvernement mauritanien en Juin 2011.
Mu par le souci de « faire face à cette « migration par désespoir », l’OIM veut que l’accès aux voies de migration sûres et régulières soit amélioré. A cette fin, il y a lieu de promouvoir les partenariats sur la migration de main-d’œuvre et le regroupement familial, de bien informer des risques de la migration irrégulière, de favoriser la stabilisation communautaire et de contribuer aux efforts de création d’emplois dans les pays d’origine.», poursuit le Directeur Général.
Nous nous inscrivons à l’OIM dans la devise qui dit que « La migration est non seulement inévitable, mais aussi nécessaire et souhaitable » car nous œuvrons pour une migration dans l’intérêt de tous.
Sauvons la vie des migrants !
Pour consulter la brochure de l’OIM faite à cette occasion, merci d’ouvrir le lien ci-dessous :
https://drive.google.com/file/d/0B3pk8ZAfsw8ZTEtrdG1IZlNlMFE/view?usp=sharing
Anke STRAUSS
Chef de Mission
OIM Mauritanie
Cridem