Monthly Archives: November 2014
Déclaration: Pendus au nom de la haine et de la discrimination raciales en Mauritanie
Le gouvernement ethno fasciste, chauvin et esclavagiste de la Mauritanie s’apprête à fêter avec fastes et au mépris de ses populations noires l’anniversaire de « l’indépendance » de notre pays. Un anniversaire entaché depuis cette funeste nuit de 27 au 28 novembre 1990 d’odieux crimes racistes
Dans la nuit du 27 au 28 novembre 1990 à Inal, l’Etat mauritanien a pendu 28 de ses fils parce que Noirs et non arabes pour fêter le 30° anniversaire de l’Indépendance de la Mauritanie. Le Gouvernement de Maouiya Ould Sid’Ahmed TAYA avait comme macabre ambition de rendre à la Mauritanie « son exclusivité raciale et sa personnalité culturelle arabes ». Un projet auquel ont adhéré et adhèrent encore un nombre important de dignitaires militaires et civiles arabo-berbères.
Pour nous noirs et non arabes, plus particulièrement ceux et celles qui ont perdu des êtres chers en ce jour macabre, le 28 Novembre ne peut plus être pour nous un optimisme de vivre ensemble et un maillon de dignité, de la liberté, mais un Jour de douleur et de grande souffrance, un Jour de larmes, un Jour de deuil, de tristesse.
Nous Associations, organisations et partis politiques mauritaniens représentés dans la diaspora, par devoir de mémoire et exigence morale, demandons solennellement à toutes celles et à tous ceux qui croient encore en une Mauritanie éternelle fondée dans la justice et l’égalité, à toutes celles et à tous ceux qui croient scrupuleusement au respect des droits humains :
– de faire désormais de la journée du 28 novembre, un jour de deuil à la mémoire des victimes du racisme et du chauvinisme d’Etat mauritanien. Que ce jour soit pour nous un jour de Grande Communion avec toutes les victimes de la barbarie raciste anti-noir exprimée par le Système fasciste et esclavagiste mauritanien.
– à l’Union africaine et à la Commission des Droits de humains des Nations Unies d’exiger des autorités mauritaniennes la restitution des dépouilles des pendus du 28 novembre 1990 à leurs familles respectives pour que celles-ci puissent procéder à leurs enterrements selon nos traditions et faire enfin le deuil de leurs défunts membres.
– à l’Union Africaine et à la Commission des Droits de humains des Nations Unies d’exiger l’arrestation et le jugement des auteurs et des commanditaires de cette barbarie raciste qui continuent de vivre impunément en Mauritanie.
– de créer un « Comité pour la journée des Martyrs Négro-mauritaniens » (C.J.M.N.M.) qui commencera dés à présent à réunir des fonds destinés à la construction d’un « Mémorial des pendus du 28 novembre 1990 » dans un lieu symbolique après la libération de la Mauritanie du Système chauvin et raciste.
Nous disons haut et fort que :
Non à l’impunité
Non au racisme d’état
Pas de pardon sans coupable
Demandons que les tortionnaires soient arrêtés et jugés pour que justice soit rendue.
Les signataires :
AFMAF, APP, ARMEPES, CAMME, FLAM, FPC (ex-FLAM), IRA-France, MAP, OCVIDH, ODH, OTMF, PLEJ, TAWASSOUL
Paris, le 28 novembre 2014
Commémoration du 28 novembre: déclaration de presse des FPC
Le 28 Novembre ne pourra plus jamais être, pour tous, ce jour d’optimisme symbolisant la renaissance à la dignité et à la liberté du peuple mauritanien tout entier.
Depuis le 28 novembre 1990, ce qui aurait dû rester un grand jour- symbole de notre libération du colonialisme français s’est transformé en un Jour de douleur, de deuil, de grande tristesse pour toute la communauté négro-africaine, et en particulier pour toutes celles et tous ceux qui ont perdu des êtres chers.
En effet, le 28 novembre 1990, le pouvoir arabo-berbère, symbolisé par le régime du Colonel ould Taya, fait pendre, de sang froid par leurs frères d’arme, 28 soldats noirs mauritaniens, pour fêter le trentième anniversaire du pays ! Ils ont été pendus pour célébrer l’arabité exclusive de la Mauritanie, en solidarité avec l’Irak de Saddam Hussein, et parce qu’ils étaient noirs et non arabes.
Depuis, ils gisent dans la solitude des fosses anonymes. Depuis, ils attendent des sépultures décentes…
Par devoir de mémoire et par exigence morale, nous Forces Progressistes du Changement ( FPC), demandons à toutes celles et à tous ceux qui aspirent à l’unité de notre pays – la Mauritanie- à ceux qui croient au respect des droits humains, d’avoir, en ce jour, une pensée pieuse de recueillement pour ces victimes du racisme , du chauvinisme et de la barbarie humaine .
Nous Forces Progressistes du Changement ( FPC) , exigeons du gouvernement mauritanien actuel qui tente par des artifices de solder ce dossier :
– La restitution des dépouilles des pendus du 28 novembre 1990 à leurs familles,
– L’ application du devoir de vérité , du devoir de justice , du devoir de mémoire , ‘des réparations matérielles et morales pleines et entières ; au bout du processus la nécessité du pardon .
La Paix des cœurs et des esprits, pour une véritable réconciliation nationale, passe nécessairement par là.
La lutte continue!
Nouakchott le 28 Novembre 2014.
Le département de la Communication
FLAMNET-AGORA: Parler de décentralisation ne constitue pas une hérésie!
A peine la proposition d’autonomie des Forces de Libérations des Africains de Mauritanie (FLAM) présentée, lors du dernier congrès de ce mouvement tenue le 29 août à Nouakchott, qu’une partie de la classe politique, particulièrement celle proche du pouvoir, est vent debout pour dénoncer un séparatisme rampant. Ould Maham promet de combattre « les extrémistes et les promoteurs de la division ». Le président du Ravah est allé encore plus loin en appelant les autorités du pays à « frapper d’une main de fer sur tout groupe ou individu à tendance raciste ou séparatiste ».
Pourtant l’organisation de la Mauritanie en régions autonomes ou la mise en place d’une décentralisation très avancée est une proposition de bon sens. Il est clair que ceux qui ont menacé le Président des FLAM et les militants de son mouvement sont en déphasage des réalités d’aujourd’hui et n’ont jamais pris la peine de s’intéresser un tant soit peu aux évolutions en cours dans leur pays. Sinon ils auraient remarqué que l’autonomie, la décentralisation (poussée ou non) et la déconcentration sont des concepts à la mode et une tendance lourde dans notre monde actuel et que la Mauritanie en prendra le chemin tôt ou tard. Sinon ils auraient découvert qu’il a existé un projet de Livre Blanc de la Décentralisation en Mauritanie initiée par l’ancien ministère de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire et soutenu tout le long de son élaboration par le ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation. Le projet a été financé par la coopération espagnole.
Ce Livre Blanc de la Décentralisation « propose un état des lieux de la décentralisation en Mauritanie » sans tabous et parle de l’évolution future de certaines divisions administratives de l’état central vers un cadre de collectivité territoriale autonome (commune et région). Voilà le terme « autonomie » lâché depuis Décembre 2009 et pas un seul homme politique n’a accusé les ministères concernés ni les hommes qui ont réalisé ce livre de séparatistes ou de promoteurs de la division.
Les auteurs du Livre Blanc trouvent que « la décentralisation est un mode d’administration qui vise à favoriser l’épanouissement de la démocratie locale et participative ». Ils vont même jusqu’à affirmer que « le respect de l’unité n’interdit pas de déterminer le lieu de l’impulsion politique, qui peut se placer au niveau du pouvoir central, ou au plus près des populations administrées constituées en collectivités reconnues ». Enfin toutes les déclarations des Premier Ministre depuis 2007 ont comporté un volet « Décentralisation et Aménagement du Territoire » confirmant la priorité qu’accordent les gouvernements successifs à cette tendance. Comme le remarquent les auteurs du Livre Blanc, « le mouvement ne semble plus devoir reculer ».
Sur le principe, les FLAM ont raison de proposer plus de décentralisation dans la gouvernance du territoire et relancer le débat sur un sujet d’avenir. Par contre le contenu de leur proposition est, à mon avis, plutôt succinct, et le découpage envisagé est loin d’être révolutionnaire et réaliste.
C’est une réalité, et les auteurs du Livre Blanc n’ont pas manqué de le souligner, plus le territoire est vaste, plus les relais locaux sont indispensables. Proposer 4 régions seulement pour un pays de plus d’1 millions de km2 c’est rendre ces entités ingouvernables localement. Ce découpage fut d’ailleurs expérimenté sur le terrain, à une unité près, par le colonisateur dès 1907. L’arrêté du 23 novembre 1912 confirme donc le découpage du territoire en 5 cercles : l’Adrar, le Trarza, le Brakna, le Gorgol et le Tagant. Puis viendront 5 autres cercles compléter le quadrillage du pays par l’administration coloniale : le Guidimakha, l’Assaba, les 2 Hodhs (qui dépendaient du Soudan français) et le Tiris Zemmour. Plus tard et bien après l’indépendance, 2 autres régions verront le jour (Dakhlit Nouadhibou et l’Inchiri) en plus du district de Nouakchott. Ce découpage, on le voit, a une réalité historique qu’il ne faut pas négliger.
Il est vrai que, comme le soulignent les auteurs du Livre Blanc, « ces régions présentent de fortes disparités en termes de superficies, de population et de ressources ». Elles sont même source d’injustice en ce qui concerne la représentation de chacune au niveau du Parlement. (Ce volet fera l’objet d’un écrit prochainement). Il est donc nécessaire, dès lors que l’on a retenu le principe d’une décentralisation, de réaliser un nouveau découpage du territoire comme le veulent les FLAM mais pas celui qu’elles proposent.
Parce que le Diable se cache dans les détails, je vois mal les Soninkés accepter de se séparer d’une région (le Guidimakha) où ils sont les leaders pour se diluer dans une autre région (Fuuta-Waalo Barak-Guidimakha) dominée par les halpuulars où ils n’auront, au mieux, à jouer que les seconds rôles. Les Wolofs sont aussi dans le même cas puisqu’ils arrivent cahin-caha à exister au Trarza alors que dans la région englobant toute la vallée, ils le pourront de moins en moins. Et il n’a pas été question de la forte minorité hassanophone, historiquement souvent implantée dans la vallée, et qui voudrait continuer à jouer le rôle qui était le sien dans les anciennes entités du Gorgol, du Brakna et du Guidimakha.
Oui ! Il faut donc réinventer de nouveaux équilibres qui peuvent, cette fois, passer par les régions existantes dont les contours peuvent être modifiés pour la circonstance. Dans tous les cas, la gestion des collectivités territoriales depuis le centre a montré ses limites. Et toute réforme régionale ou toute décentralisation non accompagnée par une réforme de l’Etat est vouée à l’échec. En cela, la proposition des FLAM est intéressante et « mérite d’être discutée » comme l’a dit le Président de Tewassoul. Parler de décentralisation, de déconcentration ou même d’autonomie ne constitue pas une hérésie dans un pays qui se veut démocratique.
Ahmed Jiddou ALY
Le Président de la République annonce une augmentation de 50% des salaires des travailleurs
Nouakchott, 27/11/2014 – Le Président de la République, Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz a adressé un discours jeudi après midi à la nation dans lequel il a annoncé une augmentation de l’ordre de 50% des salaires des travailleurs dans le cadre d’une démarche visant à amélorer les conditions de vie des citoyens.
Voici le texte intégral de discours:
“Citoyens,
Citoyennes,
Notre pays commémore demain le 54e anniversaire de notre indépendance nationale.
A cette occasion, qui nous est très chère, je vous souhaite, tous, chers citoyens, mes chaleureuses félicitations ainsi que mes voeux les plus sincères, espérant que nous sachions tirer les leçons de notre riche parcours afin que nous puissions veiller davantage à la consolidation de notre indépendance nationale, que nous soyons plus jaloux de notre intégrité territoriale et que nous nous attachions encore mieux aux constantes que représentent notre sainte religion, notre unité nationale et les valeurs puisées dans notre civilisation. Citoyens,
Citoyennes,
En cette heureuse occasion, nous rendons un vibrant hommage à tous ces héros, hommes et femmes, qui ont consenti de valeureux sacrifices pour la liberté de la Patrie, pour sa stabilité et son progrès.
Nous saluons les héros, officiers, sous officiers et soldats de nos forces armées et de sécurité qui veillent, en postes avancés, à la défense de la Patrie et à la sécurité du citoyen.
Nous saluons tous les Mauritaniens, qui, à l’intérieur du pays ou à l’étranger, apprécient la grandeur de cette mémorable journée.
Nous implorons Allah d’entourer de miséricorde et de pardon l’ensemble des braves martyrs de la Résistance, qui ont sacrifié leur vie pour la défense de notre chère Patrie.
Citoyens,
Citoyennes,
La célébration de la fête de l’indépendance offre l’opportunité d’examiner attentivement le chemin parcouru par notre pays afin de participer au renforcement des acquis et de préparer l’avenir pour hisser notre pays au rang des pays développés. Pareille démarche se reflète à travers notre détermination constante à réaliser un développement global visant l’amélioration des conditions de vie du citoyen, ce qui demeure un objectif de l’action efficace du gouvernement.
Citoyens,
Citoyennes,
Notre unité nationale est le fondement solide sur lequel repose la stabilité de notre pays. C’est aussi elle la garantie du développement et de la prospérité de notre société qui est bâtie sur la fraternité dictée par la sainte religion islamique. C’est ainsi qu’il y a eu un brassage dans le tissu de notre Nation qui a compris que sa diversité a toujours été et demeure, pour elle, une source de richesse et de spécificité.
Le peuple mauritanien est connu pour sa solidarité, sa tolérance, sa convivialité et sa fraternité. Il n’y a alors plus de place parmi nous aujourd’hui pour les adeptes de l’extrémisme sous toutes ses formes ni pour ceux qui distillent les messages de haine. L’Etat et la société feront face avec beaucoup de rigueur à tous ceux essaieraient de porter atteinte, de près ou de loin, à notre unité nationale.
Citoyens,
Citoyennes,
Nous avons oeuvré sans relâche à instaurer la bonne gouvernance comme voie pour la gestion des affaires publiques, pour introduire davantage de transparence et rationaliser les dépenses. Ainsi, nous avons pu financer de nombreux projets de développement sur nos ressources propres.
Nous poursuivrons la politique de la lutte contre la gabegie qui a, jusqu’ici, permis de dissuader bien des contrevenants, de préserver les biens publics, d’encourager les investisseurs, de restaurer la confiance des usagers de l’administration et de restituer à l’Etat des centaines de millions détournés par un groupe de prévaricateurs.
Le pays a connu un développement économique continuel qui a vu le taux de croissance atteindre 6,8%, cette année. Ce taux continuera de croître durant les années à venir, ce qui permettra de poursuivre la politique d’accès universel aux services de base et d’en accroître la qualité.
Nous nous sommes appliqués durant le mandat écoulé à renforcer les capacités de nos armées et de nos forces de sécurité sur des bases modernes. Nous leur avons mobilisé les moyens nécessaires pour défendre nos frontières et garantir la sécurité de nos citoyens. L’actuel mandat connaîtra un intérêt particulier aux secteurs vitaux comme la santé, l’enseignement et les infrastructures. A cette occasion, nous déclarons 2015 ”année de l’enseignement”.
Le développement économique soutenu que le pays a connu, la bonne gouvernance, l’indépendance de la magistrature et le code incitateur des investissements qui garantit aux investisseurs l’ensemble de leurs droits constituent autant d’atouts qui ouvriront de larges perspectives devant les capitaux nationaux et étrangers, ce qui aura des retombées positives sur la création de plus d’opportunités d’emplois et sur l’endiguement du chômage qui a connu, ces derniers temps, un remarquable recul.
Citoyens,
Citoyennes,
L’exploitation optimale de nos ressources naturelles a permis de réaliser un essor économique global concrétisé par l’intérêt accordé par l’Etat au secteur minier, ce qui a favorisé un attrait à l’investissement étranger et s’est traduit par l’augmentation du nombre de sociétés intervenant dans le secteur minier.
Nous avons conduit d’importantes réformes dans le secteur de la pêche, ce qui nous a permis de recouvrer le contrôle de la richesse halieutique et de garantir à notre peuple de tirer un avantage optimal de son exploitation rationnelle.
Le secteur de l’agriculture a connu, lui aussi, un considérable développement qui a permis de multiplier les superficies emblavées, d’ouvrir plus de canaux d’irrigation et d’introduire la mécanisation des systèmes d’exploitation. Cela a eu des répercussions positives sur la production agricole qui couvre 69% des besoins alimentaires de notre pays, ce qui matérialise d’importants progrès par rapport à l’année dernière. Le taux d’autosuffisance alimentaire dans les autres céréales a atteint 34%. Le développement de ce secteur se poursuivra jusqu’à que l’autosuffisance alimentaire soit un objectif que nous nous fixerons dans les délais les plus proches.
Dans le même ordre d’idées le secteur de l’élevage a joui d’un intérêt croissant qui vise à le soustraire à la négligence chronique afin qu’il participe plus efficacement au développement économique national à travers l’intégration des produits des ressources animales dans les industries alimentaires et à travers l’introduction du croisement des espèces par insémination artificielle pour améliorer la production.
Citoyens,
Citoyennes,
Le dialogue et la concertation avec l’ensemble des composantes de notre classe politique et avec les organisations de la société civile ont toujours été une des constantes de notre système politique depuis les élections de 2009.
Ainsi, avons-nous tenu en 2011 à engager un dialogue national inclusif qui a abouti à des réformes constitutionnelles qui ont élargi la base de la représentation politique dans les instances élues et ont introduit une discrimination positive au bénéfice de la femme, ce qui en a renforcé la présence dans les fonctions électives. Ces réformes ont également stimulé la jeunesse à davantage de participation efficace à la vie politique.
Dans le cadre de notre volonté permanente visant à permettre aux jeunes de s’acquitter pleinement de leur rôle essentiel, le Conseil Supérieur des Jeunes sera mis en place en 2015.
Notre position par rapport au dialogue et à la concertation est constante et émane de notre détermination à développer notre pays, à enraciner l’exercice de la démocratie et à faire participer les acteurs politiques nationaux à la gestion des affaires publiques.
Citoyens,
Citoyennes,
Dans le cadre de notre détermination permanente à améliorer les conditions de vie de nos citoyens, nous avons décidé une augmentation considérable des salaires équivalant à 50% du salaire de base pour les travailleurs qui perçoivent des sommes inférieures ou égales à 100 Mille Ouguiyas et à 30% du salaire de base pour ceux dont les salaires dépassent les 100 Mille Ouguiyas. Ces augmentations, qui seront appliquées à partir du mois de janvier prochain, sont le reflet de l’amélioration continuelle de notre situation économique et de notre volonté sincère de permettre à tous les Mauritaniens de tirer profit de cet essor économique.
Il est de notre devoir à tous, Citoyens, Citoyennes, de préserver ces acquis et de les renforcer à travers l’ancrage de la paix sociale, l’attachement aux constantes nationales, l’exploitation saine du climat de libertés dont jouissent tous les citoyens aux plans de l’expression et de l’opinion et de l’ouverture politique permettant à tous de participer à l’ uvre de construction du pays.
Vive la Mauritanie, libre, démocratique et prospère.”
Source: AMI
28 novembre : Inal, la face sanglante de l’indépendance mauritanienne
Difficile d’évoquer les festivités qui s’annoncent pour le 28 novembre 2014, jour de l’accession au pouvoir de la Mauritanie. Ce jour rappelle à toute une communauté du pays un moment de son histoire, où le système d’état à sa tête a tenté, littéralement d’oblitérer les forces vives, militaires et intellectuelles noires mauritaniennes. Le 28 novembre 1990, 28 militaires, marins et policiers, tous noirs et pulaars, sont pendus à Inal près de Nouadhibou, après d’innommables séances de tortures rapportées par un des rescapés, Mahamadou Sy, dans son témoignage biographique, “L’enfer d’Inal”.
Il y a un an et demi, j’étais invité au Lycée français Théodore Monod à présenter mon dernier recueil de poèmes, «Les musulmans d’Inal» à des élèves de Première L. Devant l’assistance, sera lue le poème éponyme, lecture suivie d’une mise en perspective de ces éléments. Quel choc terrible et inoubliable, de la bouche d’un gamin de 17 ans, à la fin de la présentation :
– «S’ils ont été pendus c’est qu’ils le méritaient» juge-t-il laconique et visiblement énervé.
Cet enfant n’était pas né au moment de cet événement intervenu le 28 novembre 1990, un an et demi après le début des «évènements». Mais j’entendais plutôt son père, et son discours qui reflétait le déni d’une élite du système politico-tribalo-financier en place depuis l’avènement des militaires, qui le lui a inculqué dans la tête. Et le refus de mémoire, donc le refus de cautériser une plaie, parmi d’autres qui tâche le contrat social entre concitoyens, qui pose la question de la cohabitation, qui n’est qu’une question au final politisée par une minorité d’un système.
– «En quoi le méritaient-ils?» demandai-je, essayant de le pousser dans ses retranchements. Autour de lui ses camarades le regardaient ahuris. Dans l’assistance d’une vingtaine d’élèves, seule une avait entendu parler des pendus d’Inal. «Un ami de mon père y a été pendu» explique-t-elle simplement.
– «Ils ont voulu faire un coup d’état !» s’enhardit le jeune homme. «Mon père est colonel ; il me l’a dit» continue-t-il. «Et puis les sénégalais nous faisaient la guerre» ajoute-t-il, comme pour paraître informé devant ses camarades qui le regardaient avec gêne.
– «Laissez-le monsieur, il dit n’importe quoi» soupire une de ses camarades.
Mais c’était révélateur d’un malaise social : comment admettre, honnêtement, justement, sans aucun parti pris, que l’horreur a déferlé sur les consciences lors de cet événement. Que tout ce qui s’est passé à Inal durant cette période, était la même forme de manifestation haineuse que ce qu’on a vu quatre ans seulement après au Rwanda, dans des proportions beaucoup plus atroces : la déshumanisation d’un groupe ethnique, social ou culturel, sur la base d’une «infériorité» supposée, pour mieux la liquider. Des «cafards» au Rwanda, des «juifs» à Inal, comme en témoigne Mahamdou Sy dans «L’enfer d’Inal».
«Ue civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. (…) … Que déférée à la barre de la conscience, comme à la barre de la raison, cette Europe-là est impuissante à se justifier ; et que de plus en plus elle se réfugie dans une hypocrisie d’autant plus odieuse qu’elle a de moins en moins de chance de tromper. L’Europe est INDEFENDABLE» commence Aimé Césaire dans «Discours sur le colonialisme». Remplacez «Civilisation» et «Europe» par «système d’état mauritanien» ou «groupe politique criminel» et vous pouvez transvaser ces propos en Mauritanie par rapport à cette question de 1989, qui n’était en réalité, et il faut le dire de temps à autres, par honnêteté historique et intellectuelle, qu’une tentative avortée d’épuration ethnique.
Il n’y a pas d’argumentaire à cela, de propos justificatifs. Il y a cette froide et horrible réalité. Il faut l’accepter, en faire la catharsis et avancer, pour le salut du pays entier. Mais la politique de l’autruche, le déni, le mensonge ne sont pas possibles. Comment faire un deuil sans corps ? Comment pardonner sans accusés ? Comment pardonner sans dire la faute ? Une chimère religieuse, morale, sociale et intellectuelle : ça ne passe pas dans le monde réel que l’on vit. Comment justifier cela ? Il n’y a pas de justification, sinon une haine terrible, qui a donné la démence de faire, ce que peu d’êtres humains doués de conscience pourraient faire, chapelets à la main, ablutions apprêtées…
C’est le même hébétement qui touche Mahamadou Sy rescapé de cet «enfer d’Inal», au moment même où il assiste à des pendaisons :
«Entre deux pendaisons, Khattra s’assoit sur un cadavre pour siroter son verrre de thé ou au pied d’un pendu en récitant le coran. Il va d’un pendu à l’autre, achevant ceux qui tardent à mourir à coups de barre de fer, s’appliquant à porter les coups dans la région du cou. Pendant ce temps Souleymane et les autres préparent les prochaines victimes tout en veillant à respecter l’ordre des numéros.
Quand arrive le tour du numéro onze, Diallo Sileye Beye ne peut s’empêcher de pousser un cri. Il recoit un violent coup de pied pour avoir osé perturber le déroulement de la cérémonie. Ses yeux ne se détachent plus de cet homme à qui on est en train de passer la corde au cou. Cet homme qui n’est autre que son petit frère, le matelot Diallo Abdoul Beye, qui cessera d’exister dans moins de trois minutes et que plus jamais il ne reverra. Abdoul Beye ne proteste même pas, il est hissé au bout de la corde sous le regard ahuri de son frère. Il n’y a pas de mots pour exprimer la douleur de Diallo Silèye Beye. Quand arrive le tour de Diallo Oumar Demba et son frère le soldat Diallo Ibrahima Demba (le hasard a voulu qu’ils soient,tous les deux séléctionnés pour les pendaisons et que leurs numéros se suivent, ils ont toujours tenu à rester ensemble), chacun d’eux, ne voulant pas assister à la mort de l’autre, demande à passer en premier.
Un tirage au sort organisé par les bourreaux les départage, Ibrahima Demba l’ainé, passe le premier. Le soldat de première classe, Ndiaye Samba Oumar, le chauffeur qui conduisait le véhicule le jour de mon arrstation, fait partie du lot. Le deuxième classe Samba Demba Coulibaly de Djeol, un soldat de mon escadron, qui porte le numéro 28 ferme cette macabre liste. Les pendaisons durent plus d´une heure. Après cela, tel des bêtes excités par l´odeur du sang, le groupe de bourreaux, pris d´une euphorie collective, s´acharne sur les autres prisonniers et tape sur tout ce qui bouge.
Conséquences de cette folie collective, cinq morts supplémentaires. Parmi eux, le soldat de première classe Ly Mamadou Ousmane, le seul spécialiste de l´arme antiaérienne de calibre 14,5mm de toute la région militaire.(…) La démence a été poussée jusqu´à symboliser la date du trentième anniversaire du pays par 28 pendaisons. Vingt -huit vies humaines sacrifiées sur l´autel de la bêtise humaine. Plus jamais 28 novembre n´aura la même signification pour les Mauritaniens. Quand certains sortiront dans les rues des villes ou dans les campagnes brandissant fièrement les couleurs nationales sous les youyous des mauritaniens, pour d´autres, ce sera un jour de deuil et de recueillement à la mémoire de ces 28 militaires pendus.»
Cet événement doit être rappelé à tous les mauritaniens, pour leur montrer que malgré cette horreur, les choses peuvent être dépassées mais pas, jamais, sans justice. Quelle justice sans vérité ? Quel pardon sans identification de la faute et des tenants de celle-ci ? Ni en droit humain, ni dans le Saint Coran. Le refus d’une telle justice, donc d’une telle réconciliation des cœurs, l’un n’allant pas sans l’autre, a été légalisé par la loi de 1993.

La loi «scélérate» de 1993
La loi «N° 93-23 du 14 juin 1993 portant amnistie» dont l’article 1er disposait qu’une «amnistie pleine et entière est accordée aux membres des forces armées et de sécurité auteurs des infractions commises entre le 1er janvier 1989 et le 18 avril 1992 et relatives aux événements qui se sont déroulés au sein de ces forces et ayant engendré des actions armées et des actes de violence».
Pourtant cette loi est reconnue par les avocats qu’elle n’est pas valable. «Elle repose sur une conception erronée de la notion même d’amnistie et viole des normes impératives du droit international auxquelles il ne peut être dérogé. Elle ne peut, donc, faire obstacle à la recevabilité de plaintes, l’investigation des faits, la poursuite, l’arrestation et la punition des auteurs de ces violations» explique l’avocat Omar Ould Dedde Ould Hamady.
Le président du collectif des victimes de la répression (COVIRE), Mamadou Kane, victime lui-même de la répression d’état de 1992, va au-delà de cet aspect illégal de cette loi d’amnistie : «On parle d’unité depuis quelques années maintenant dans ce pays. Allez voir ces orphelins et veuves qui sont à dix mètres de nous, qui n’ont jamais pu prier sur le corps de leur parent. Allez leur dire qu’il n’y aura ni vérité, ni justice, ni réparation décente, ni mémoire pour le mal innommable qui leur a été fait. C’est cela que cette loi empêche : déposer des plaintes pour mettre en branle ces quatre points qui constituent la base de la réconciliation dans ce pays».
Le cas symbolique d’El Arby Ould Sidi Aly Ould Jiddeine
L’ex-colonel El Arby Ould Sidi Aly Ould Jiddeine, ancien vice-président de l’assemblée nationale, est symbolique et significatif à plus d’un titre : il est un des rouages essentiels de l’institution qui devrait permettre l’abrogation de cette loi d’amnistie, et dans le même temps, leCOVIRE le dénonçait clairement et précisément par rapport aux officiers torturés et abattus, dans une liste de ses victimes parue il y a trois ans. «Il a sur les mains le sang de 89 personnes. 89 Bon Dieu ! Et il se trémousse librement sur son fauteuil à chaque session de l’assemblée nationale !» enrageait l’an passé Aboubacri Sy, représentant du collectif des rescapés militaires, (COREMI), lors d’une marche pour l’abrogation de la loi de 1993.
Mamoudou Lamine Kane