Monthly Archives: December 2014
ONU : la résolution palestinienne échoue au Conseil de sécurité
La résolution palestinienne portant sur un accord de paix avec Israël a été rejetée par le Conseil de sécurité de l’ONU. La France, la Chine et la Russie ont voté pour alors que l’Australie et les États-Unis s’y sont opposés.
Au lendemain de la soumission par les Palestiniens de leur projet de résolution pour obtenir l’indépendance de leur État, le texte a été rejeté mardi 30 décembre par le Conseil de sécurité des Nations unies.
Cette résolution a obtenu 8 voix pour, deux voix contre et cinq abstentions, alors qu’elle devait réunir 9 voix, sur les 15 du Conseil, pour être adoptée. L’Australie et les États-Unis, proches alliés d’Israël, ont voté contre, tandis que la France, la Chine, la Russie, l’Argentine, le Tchad, le Chili, la Jordanie et le Luxembourg ont apporté leur soutien à la résolution. Cinq pays, dont le Royaume-Uni, se sont pour leur part abstenus.
Ce texte prévoyait notamment un accord de paix d’ici douze mois et le retrait israélien des Territoires occupés avant fin 2017. Des modifications y avaient été apportées lundi. Les amendements prévoyaient Jérusalem-Est, occupée et annexée, comme capitale d’un État palestinien, alors que la première mouture présentée le 17 décembre proposait de faire de la ville une capitale commune aux Israéliens et aux Palestiniens. Cette nouvelle version mentionnait également le règlement de la question des prisonniers palestiniens, l’arrêt de la colonisation israélienne et rappellait le caractère illégal du mur de séparation.
Opposition des États-Unis
Les Américains avaient d’emblée rejeté ce texte. “Cette résolution encourage les divisions et non un compromis”, a déclaré l’ambassadrice américaine à l’ONU Samantha Power. Cette dernière a défendu la position de Washington qui est de favoriser des pourparlers directs, estimant que “la paix viendra de choix et de compromis difficiles atteints à une table de négociations”.
Les États-Unis n’ont toutefois pas eu besoin d’exercer leur droit de veto, dont ils se sont souvent servis pour bloquer des résolutions défavorables à Israël. Celui-ci risquait de provoquer la colère des pays arabes alliés des États-Unis dans la coalition qui combat les jihadistes de l’État islamique en Syrie et en Irak.
De son côté, la France a soutenu le texte “poussée par l’urgence à agir”, a affirmé devant le Conseil son ambassadeur François Delattre, exprimant sa déception que les efforts pour négocier un texte susceptible de faire consensus aient échoué.
Depuis Bruxelles, la chef de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini, a estimé que le résultat du vote soulignait “une fois de plus l’urgence d’une reprise de véritables négociations entre les parties et la nécessité pour la communauté internationale de se concentrer sur des résultats concrets” pour parvenir à un accord final.
Suite à ce vote, le représentant palestinien à l’ONU Riyad Mansour a accusé le Conseil de n’avoir pas su prendre ses responsabilités et promis de chercher ailleurs l’obtention d’une reconnaissance de la Palestine. “Les Palestiniens et le monde ne peuvent plus attendre. Ce message, en dépit de l’issue regrettable d’aujourd’hui, est tout à fait clair”, a-t-il déclaré devant le Conseil.
Les responsables palestiniens se réuniront mercredi 31 décembre pour décider de la suite à donner au vote. Ces derniers avaient déjà déclaré qu’en cas de rejet de leur résolution, ils chercheraient notamment à rejoindre la Cour pénale internationale afin qu’ Israël soit mis en accusation pour crimes de guerre à Gaza.
Avec AFP
france24.fr
Enrôlement des rapatriés: Promesses de Aziz et cabale du gendarme!
L’Authentique – Alors que les discours officiels multiplient les appels pour raffermir les bases de la stabilité et font, à longueur de journées l’éloge de la cohésion et de la paix sociale, les représentants de l’Etat dans la Vallée semblent vivre dans une autre planète.
En effet, depuis quelques semaines, les populations des sites des rapatriés Mauritaniens du Sénégal vivent sous le choc et la désillusion.
Privés de tout, oubliés des « largesses » de la collectivité, discriminés, stigmatisés et phagocytés entre les administrations, il ne manquait plus aux rapatriés que de voir les autorités sécuritaires, notamment celles de la gendarmerie leur faire la chasse au faciès, comme pour leur dire qu’ils n’ont qu’à rentrer d’où ils étaient venus ou vers où ils avaient été déportés en…1989.
« Jamais, raconte l’un d’eux, nous n’avions vu un agent de l’Etat faire montre d’un racisme si affiché et déclaré à l’encontre des populations locales, surtout celles rapatriés des camps du nord du Sénégal entre 2008 et 2010 ».
Les populations rapatriées reprochent au commandant de brigade de gendarmerie de la ville de Boghé, de tout faire pour leur mener la vie difficile, notamment en décourageant les parents à enregistrer leurs enfants aux fichiers de l’état civil.
Selon elles, ce commandant (pourtant issu d’une caste dont les activistes s’insurgent actuellement contre l’ostracisme dont elle serait victime) ne trouve pas mieux, pour arrêter, à tour de bras, que de pointer ses éléments devant le bureau d’enrôlement à l’état civil. Chaque personne parmi les rapatriés qui se présenterait avec un jugement attestant la paternité d’un enfant candidat à l’enrôlement est systématiquement interpellée.
Les témoins dont les noms figurent au jugement sont aussi très souvent mis au frais. Après les trois jours de garde à vue, ils sont déférés à Aleg, sans en savoir la raison, le plus souvent après avoir signé des PV rédigés en arabe et très souvent, sans qu’un interprète ait lu le contenu des déclarations qui y sont consignées. Le pire, selon les populations qui nous ont contactées au téléphone, est qu’une fois devant le Procureur à Aleg, celui-ci ne cherche souvent même pas à pousser l’enquête, se contentant de demander au juge d’instruction de délivrer un mandat de dépôt à la prison d’Aleg.
Plus grave, le juge ayant émis le jugement, en l’occurrence n’est jamais impliqué dans ces procédures que personne ne pourrait comprendre autrement que l’acharnement zélé d’un gendarme, visiblement nostalgique des pratiques chauvines des années 89, épaulé par un appareil judiciaire incapable d’être indépendant, neutre et à même de respecter les décisions de ses propres magistrats.
Ironie du sort, tous issus de la même communauté, le reproche de racisme et les dénonciations de la mainmise d’une communauté sur les différents leviers du pouvoir et de l’autorité dans la Vallée ressurgissent ici dans leurs manifestations les plus humiliantes et les plus irrespectueuses de la loi, de la citoyenneté et des droits de l’homme.
Ainsi, depuis le 21 décembre, Abdoulaye Yero N’Dongo, un vétéran de la guerre du Sahara et les deux témoins Abou Moussa Sow et Aliou Demba (ancien militaire), croupissent à la prison d’Aleg, sans raison autre que l’acharnement du gendarme et de magistrats d’Aleg contre les populations rapatriées! M. N’Dongo, rapatrié en 2009 avait établi un jugement de reconnaissance de paternité pour son enfant, né en 2011 dans le camp de Houdalaye (Boghé).
Ses voisins qui connaissent bien les faits et les parents du bambin ont accepté de témoigner devant le cadi de Boghé, qui a établi un jugement selon la loi. Une fois devant le centre d’enrôlement, M. N’Dongo a été interpellé par les gendarmes devant le commandant de Brigade, une procédure est tout de suite ouverte. Les deux témoins, M. Bâ et Sow sont convoqués et écroués avec M. N’Dongo dans le violon de la brigade.
Sans aucune vérification d’usage sur la présence physique de l’enfant et de sa mère et sans aucune autre audition d’autres villageois censés bien connaître le cas du couple, les trois hommes sont envoyés à Aleg et directement déposés en prison. Lundi dernier, c’était au tour d’un vieil homme, Mamadou Diallo, 84 ans, originaire du site de Mourtoungal (est de Boghé) qui avait établi un jugement de paternité pour son enfant à bas âge au niveau du même cadi de Boghé qui a été interpellé par le fameux commandant de brigade.
Mis aux arrêts avec son enfant, l’un des témoins, Hamidou Diallo, figurant au jugement fût, lui aussi interpellé. Présentés au tribunal d’Aleg, mercredi matin, le vieil homme et son enfant à bas âge ont été libérés sous condition, alors que le témoin, Diallo Boubou a été déféré à la prison d’Aleg.
Mardi, deux autres personnes issues du site de Bellel Ournguel (est de Boghé) ont été arrêtées à Boghé par la même brigade de gendarmerie qui semble faire de la « chasse aux rapatriés » sa principale et unique mission de « sécurité » dans le département. Cette situation d’harcèlement des rapatriés afin qu’ils ne puissent s’enrôler dans les registres de l’état civil, même en suivant les procédures normales que suivent tous les Mauritaniens, trahit-elle une politique voulue par l’Etat ou serait-elle du fait d’actes isolés d’éléments chauvins qui agissent en dehors de la loi, dans lequel cas, ces agents devraient être entendus et sanctionnés.
Les faits sont très graves pour être tus et négligés par l’Etat. Surtout quand on sait qu’au mois de mai dernier, le Président Aziz qui avait reçu une délégation de l’Union des rapatriés Mauritaniens du Sénégal, s’était engagé à mettre en place des unités mobiles pour l’enrôlement de ces citoyens.
Non seulement cette promesse n’a pas été tenue, mais les agents du pouvoir et les forces de « l’ordre » font tout pour dissuader ces populations meurtries de prétendre à la jouissance de l’un des droits les plus élémentaires dans la vie, le droit à l’état civil et à la reconnaissance de son identité!
Par ailleurs, est-il concevable, dans un Etat de droit, qu’un juge, en l’occurrence celui de Boghé, rende des sentences que la gendarmerie conteste et remette en cause ? Est-il logique, dans un pays qui se dit normal, qu’un magistrat (Procureur et juge d’instruction) désavoue si légèrement leur collègue en suivant systématiquement les « instructions » de la gendarmerie, humiliant ainsi leur collègue ?
Ont-ils oublié qu’humilier un collègue est un désaveu de tout le système judiciaire du pays ???? En tout état de cause, la situation est plus que grave. Le président Aziz est en train de faire face au sabotage des brebis galeuses du système qui le narguent et le défient en passant non seulement outre ses propres instructions proclamées, mais aussi en mettant la cohésion sociale et la paix civile en jeu. Tout comme ils avaient fait avec Ould Taya…
MOMS
cridem
Gambie : Le palais de Jammeh attaqué
Le State House (le Palais présidentiel), situé à Banjul, aurait été attaqué tôt ce matin par des hommes armés, selon le site freedomnewpapers.com. La même source ajoute que certains soldats fidèles à Yahya Jammeh n’auraient opposé aucune résistance, au moment où d’autres soldats loyalistes auraient résisté à l’invasion. Mais il semblerait que les assaillants aient pris le dessus. La circulation vers la capitale Banjul serait bloquée, les installations de sécurité, les ports, la prison de Mile Two et d’autres casernes, seraient entre les mains des mutins. Cinq soldats loyalistes auraient également été tués lors des échauffourées et une douzaine d’autres blessés.
Toutefois, l’aéroport serait toujours entre les mains des loyalistes.
Le leader des mutins, un certain Lamin Sanneh, aurait également été tué au cours des affrontements.
Selon nos sources, les dirigeants de la manifestation seraient venus des Etats-Unis et du Sénégal.
Le Président Yahya Jammeh est présentement en France pour une visite d’Etat. Nous y reviendrons…
seneweb
Procès de Biram et coaccusés: 5 ans de prison, requis pour tous les prévenus
ALAKHBAR (Nouakchott)- Le Parquet a requis ce lundi une peine de 5 ans de prison pour tous les prévenus dans le procès de Biram Dah Abeid et coaccusés. Une demande qui concerne aussi Dah Ould Bou’shab et Djiby Sow lesquels étaient en liberté conditionnelle, a appris Alakhbar du collectif des avocats de la défense.
Biram Dah Abeid, opposant et militant antiesclavagiste mauritanien, a été arrêté avec sept autres personnes le 11 novembre dernier suite à l’organisation d’une caravane contre « l’esclavage foncier» dans le sud du pays.
Le Parquet a aussi requis une amende de 540’000 UM pour les sept prévenus membres de l’ONG IRA-Mauritanie dirigée par Biram. Le substitut du procureur a en revanche demandé une amande de 100’000 UM pour Djiby Sow dont l’ONG Kawtal e Yellitaare avait obtenu l’autorisation de ladite caravane.
Les avocats de la défense ont estimé que le substitut du procureur a lu, dans son réquisitoire d’une vingtaine de minutes, des chefs d’accusation, comme incitation au racisme, qui ne figuraient pas dans l’ordonnance de renvoi.
Les chefs d’accusation qui ont été retenus dans l’ordonnance de renvoi étaient: appartenance à une organisation non reconnue, incitation à l’attroupement, résistance à l’autorité publique, refus d’obtempérer aux forces de l’ordre». a rappelé à Alakhbar Me Ahmed Salem Boubacar Maaloum.
Neuf des vingt-deux avocats de la défense ont cependant fait leur plaidoirie et les treize autres sont programmés pour demain mardi, date à laquelle les débats ont été renvoyés à 10 heures.
Ce premier procès de Biram Dah Abeid après sa participation aux élections présidentielles du 21 juin 2014 dans lesquelles il est arrivé en deuxième place a été ouvert mercredi dernier devant la cour correctionnelle au Palais de justice de Rosso.
FLAMNET-AGORA: Mauritanie –Perspective : Problématique de L’unité nationale Contribution de Samba THIAM- Inspecteur de l´Enseignement et Président des Forces Progressistes du Changement(FPC)
Dans le cadre d’une invitation à un diner débat organisé par Mauritanie- perspectives autour du thème « Unité nationale » Mr Samba Thiam, Inspecteur d’Enseignement et Président des Forces Progressistes du Changement (FPC), a produit cette contribution.
Bonne lecture. LLC!
Je voudrais, avant d’entrer dans le vif du sujet, saluer l’initiative, en même temps, rendre hommage aux initiateurs du projet, de par leur posture d’intellectuel, dont le rôle « n´est pas de plaire ou de séduire mais de porter la plume sur la plaie, de dire ce qui est ». Un rôle, par-dessus tout, « de vigile, d’alerte au danger, à la manière des Oies du Capitol ».
Au regard des menaces de péril en la demeure l’initiative est bien venue, opportune plus que jamais, et reflète, par ailleurs, la sagesse et un patriotisme certain. Je ne puis également ne pas souligner son caractère mémorable et historique. En effet, pour la première fois, dans l’histoire de notre pays, on choisit de parler du problème de « l’unité nationale », rien que de l’unité nationale. Directement, frontalement, posée comme thème central, sans amalgame…
La seule petite réserve que je me permets d’émettre ici est relative à la démarche choisie, qui consiste à agencer des thèmes, cloisonnés, que l’on nous propose de traiter. Or, à mon humble avis, aborder ainsi ces thèmes, de manière isolée, sans qu’ils ne découlent de l’analyse préalable de la problématique générale (l’unité nationale), risquerait de nous mener vers de fausses pistes, car on les traiterait à vide, en leur apportant des réponses essentiellement techniques, sans lien apparent avec la problématique centrale qui, elle, est éminemment politique. Pour me résumer, j’aurais plutôt suggéré de définir et cerner d’abord « la problématique de l’unité nationale », de laquelle découlera le traitement des thèmes choisis, parce que les problèmes et disfonctionnements existant, ici et là, dans tel ou tel secteur particulier, résultent, en fait, de cette problématique –cause première – d’essence politique. Si l’Enseignement est actuellement en dérive et que la justice ne fonctionne pas, ou que la discipline et l’équité se soient envolées dans l’Armée, c’est bien à cause des idéologies …
A la réserve plus haut, j’ajouterai une recommandation, nécessaire me semble-t-il, à savoir les dispositions psychologiques à attendre de chacun des intervenants pour réussir ce débat : esprit d’ouverture et d’écoute, franchise et réelle volonté de chercher et trouver des solutions…
Entrons maintenant dans le vif du sujet.
Les questions qui surgissent sont du type quelle problématique ? Comment se caractérise-t-elle ? Quelles en sont les causes ? Quelle(s) solution(s) s’il en existe ?
Il y a un réel « problème d’unité nationale » ou de cohabitation, incontestablement; L’unité actuelle (bancale, osons le dire) semble menacée de voler en éclats. Pourquoi ?
L’unité est en danger, en raison principalement, me semble-t-il, de la rupture du fragile équilibre entre les composantes nationales, au sortir de la colonisation; Hier nos communautés nationales se partageaient les charges, aujourd’hui une seule composante nationale, un groupe ethnique s’arroge tous les droits, contrôle, voire monopolise, pour l’essentiel, tous les rouages de l’Etat, tous les secteurs de la vie publique, à cause ou par la complicité de l’Etat. La réalité des pouvoirs politique, économique, diplomatique, militaire, culturel, social, médiatique, reste aux mains d’une seule composante nationale, excluant quasiment Négro-africains et Haratines ; Cette discrimination -ou racisme d’Etat- ouvertement menée, suscite, en réaction, un fort sentiment d’injustice, des frustrations, de l’exaspération , et par-dessus tout un sentiment d’inutilité chez les victimes, à leur pays ; or , « personne, pas même un saint, ne peut vivre sans le sentiment de sa valeur individuelle » nous dit J.H. Griffin . La grande Justice, d’essence politique, que l’Etat est censé garantir et distribuer à tous, a fait place, aux inégalités nombreuses, aux injustices flagrantes, érigées en Système de gouvernement.
Pour illustrer mon propos Je citerai quelques exemples marquants, caractéristiques de cette discrimination :
Dans les forces armées et de sécurité le corps de commandement est composé essentiellement d’Arabo-berbères, Négro-africains et Haratines, constituant le gros de la troupe, se retrouvent au bas de la pyramide; Comme par provocation, la langue arabe vient d’être instituée dernièrement comme langue de cette institution, excluant, de facto, les Négro-africains déjà épurés de la grande muette depuis les évènements de 1986-1990.
_ Si nous considérons le gratin scolaire, c’est-à-dire nos « grandes Ecoles », comme l’école des mines, l’école de médecine, l’école polytechnique, l’école de la magistrature et de la haute administration, le Prytanée militaire, l’école des officiers, nous constatons que toutes ces écoles recrutent à 99 % dans la composante arabo-berbère. Il faut souligner que la base même de l’exclusion raciale ou du groupe Négro-africain ce sont les réformes scolaires engagées en séries, qui visent à imposer et à instrumentaliser la langue arabe, à des fins de discrimination, d’assimilation et de domination. A côté du français, langue étrangère face à laquelle tous les enfants ont des chances égales, on a imposé non seulement la langue arabe, mais on l’a imposé en la fragmentant, en matières éclatées – cinq (5) – affectées du coefficient deux ou trois (2 ou 3), pénalisant ainsi exclusivement les élèves négro africains. L’échec massif des élèves et étudiants négro-africains aux examens et concours est imputable, en grande partie, à cet état de fait.
Il est bon de comprendre, comme le rappelait quelqu’un, que l’unité nationale ne se fait pas, forcément autour d’une langue; l’unité se fait lorsqu’on parle le même langage, plutôt que la même langue…
_ Au niveau des médias il n’y a pas mieux; pas un seul n’a été cédé à un négro-africain; pis, après 21h-22h toutes les chaines privées et publiques émettent en langue arabe ou hassanya jusqu’au matin; une portion congrue est accordée aux langues nationales africaines, et encore dans des périodes de plus mauvaise écoute !
Pour clore ces illustrations, examinons la représentativité des communautés nationales au parlement :
_Le parlement mauritanien compte 203 parlementaires (sénateurs et députés confondus); parmi les 203 parlementaires il y’a 150 Arabo-berbères soit (73 %), contre 20 Haratines et 33 Négro-africains, alors que les deux dernières composantes constituent près de 80 % de la population totale ! Second cas, non moins flagrant de discrimination, entre autres : le Guidimakha – région Sud-compte 20.7000 âmes et la région de l’Adrar 62.000 âmes ; cette dernière est représentée au parlement par 5 députes et 4 sénateurs alors que le Guidimakha, 3 fois plus peuplé, ne compte que 6 députés et 2 sénateurs. Où est donc l’équité ?
Je vous fais l’économie des secteurs de la justice, de l’Economie, (banques et entreprises privées et publiques) où certaines composantes sont quasiment absentes; un enrôlement au dessein obscur, exécuté par des commissions mono-ethniques censées recenser une population pluriethnique; enrôlement qui divise le couple, la mère et l’enfant, octroyant à l’un le statut de mauritanien, à l’autre celui d’apatride !
Le journaliste Dahane ould Taleb Ethmane, dans une recherche intitulée « partage régional des hautes fonctions de l’Etat », menée en 1990 (Mauritanie-Nouvelles), affirmait que « l’Etat mauritanien apparait comme un compromis entre les grandes tribus ». Le chercheur Olivier Leservoisier, dans « Question foncière en Mauritanie » ressortit des travaux de Dahane la part de « pouvoir » attribuée aux Négro-africains dans l’Etat : « pouvoir politique 12%, pouvoir économique 6%, pouvoir administratif 21%, pouvoir diplomatique 12%, pouvoir militaire 15% ».
Que reste-t-il de ces chiffres au regard de la réalité de 2014 ? Rien …
Au vu de ces illustrations de discriminations et d’inégalités criantes, nous pouvons affirmer que nos difficultés actuelles de coexistence pacifique résultent essentiellement de l’absence de justice; non pas la justice au sens restreint du terme, mais la grande justice, d’essence politique comme le dirait Yehdih Bredeleil; celle assurée par l’Etat dans tous ses démembrements. Cette Justice symbolisée par l’équité, l’égalité des chances, l’égalité des droits effectifs, l’égalité devant la loi garantie par l’Etat, impartial, sur lequel le faible et la victime peuvent s’appuyer; l’Etat – le nôtre – est malheureusement devenu, hélas, l’instrument au service d’un seul groupe ethnique, au service des membres puissants de ce groupe ethnique. Le vivre- ensemble doit avoir pour socle et condition le respect de la diversité (culturelle, ethnique, religieuse etc), sinon il ne se justifie pas.
Souvent, on nous oppose l’argument du nombre (majorité) pour justifier l’ordre inique actuel, comme si la « minorité », pour avoir se droits, devait dépendre de la générosité de la majorité !
L’une des sources principales des problèmes d’unité que nous rencontrons est à chercher dans le soubassement idéologique de nos dirigeants qui ont manqué de vision, s’obstinant à vouloir faire de ce pays un pays arabe, exclusivement, « au mépris de la réalité factuelle de sa diversité »; s’y ajoute le flou ayant entouré l’usage, sans clairvoyance, des concepts d’unité, de nation, d’Etat-nation, à revisiter … Que voulaient nos pères fondateurs ? Que voulons-nous ?
Voulons –nous Unir ou unifier nos nations ? Cherchons-nous à construire l’unité ou à faire de l’unitarisme ?
En optant pour l’unitarisme à la place de l’Unité, l’on gommait, de facto, toute identité qui n’était pas arabe, afin d’accoucher, au forceps, une « nation » arabe, au mépris de toute identité non arabe. Nos pères fondateurs et leurs successeurs se sont fourvoyés dans l’option du concept d’Etat-nation – qui n’existe toujours pas – à la place de l’Etat multi-nations, plus adapté à la réalité africaine, fédérateur de la pluralité des nations, des langues et cultures. Le concept d’Etat-nation est inadapté à la réalité africaine plurinationale, à logique différentielle et segmentaire, selon M Tshiyembe, l’Etat-nation, rappelle par ailleurs Cheikh Anta Diop dans « Civilisations ou barbarie », suppose au préalable des nations rendues homogènes par la violence … Ce qui n’est pas notre cas !
En vérité, si notre unité est actuellement mise à mal, c’est parce qu´en réalité, elle a toujours été une unité de façade, bancale, et qu’elle ressemblait davantage à « l‘unité du cavalier et de sa monture » ! L’explication de notre crise actuelle d’unité pourrait se résumer simplement par cette formule triviale : hier la monture acceptait de subir ce qu’elle refusait, aujourd’hui elle se cabrait et refusait de se faire monter. C’est aussi simple que ça !
Quelles solutions ?
Avant d’exposer mes propres vues sur les solutions possibles, je voudrais revenir sur celles évoquées, ici et là, vis-à-vis desquelles je nourris des réserves, de fortes réserves…
D’abord « la solution par l’Islam »…
Si l’Islam, comme le prétendent certains, était un facteur à 100% unificateur, on n’aurait pas assisté à la naissance de tous ces schismes dès sa prime enfance, tout de suite après la disparition du Prophète Mohamed (paix sur lui).
J’observe, par ailleurs, que « l’Islam mauritanien », au regard de ses expressions et prises de position, de ses silences… est un Islam particulier, à deux vitesses, voire hypocrite … Enfin, à supposer que l’Islam soit la bonne solution à nos problèmes, où sont les musulmans pour l’appliquer ?
Enfin, je récuse cette solution au regard des expériences historiques de l’Inde, du Pakistant, du Bengladesh, de l’Irak et du Soudan qui ont prouvé que le facteur déterminant de la bonne coexistence était, non pas le facteur réligieux, mais le facteur ethnique.
Examinons maintenant « la solution par la Démocratie » que soutiennent d’autres courants
J’affirme, d’emblée, qu’elle n’emporte pas non plus mon adhésion …
En effet, il nous souvient que la Démocratie de l’Apartheid n’avait pas éliminé la discrimination raciale et les bantoustans en Afrique du Sud ; tout comme la Démocratie made United States –première démocratie du monde – s’était accommodé de la ségrégation raciale, et demeure encore familière du racisme au quotidien ! Que dire enfin de notre « démocratie mauritanienne » qui s’est toujours fort bien accommodé de l’esclavage et du racisme, du déni d’humanité et de citoyenneté ? On voit bien que sous une égalité de principe peuvent se camoufler discrimination ethnique et esclavage !
Ajoutons que la citoyenneté – socle de la démocratie – contrairement à la vision libérale, ne peut être disjointe de l’ethnicité nous rappelle M Tshiyembe ; « La vison communautariste insiste sur l’impossibilité d’une telle séparation ». Bref une citoyenneté, ethno-culturellement neutre, qui impulse et guide, seule, l’individu quand il interagit sur l’espace public, est une citoyenneté abstraite, une fiction, une utopie …encore plus dans le contexte africain. « La mobilisation citoyenne est bien souvent imparablement culturelle et ethnique » soutient Souleymane Bechir Diagne. Peut-être, se demandait-il, faut –il penser l’ethnicité comme forme de citoyenneté …
Non, la solution par la démocratie ou par l’Islam n’était pas la mienne ; Elle me semblait trompeuse, fallacieuse …Mais si elle devrait malgré tout s’appliquer à défaut de mieux , il faudrait alors qu’elle aie pour socle des règles pré-établies fondant les modalités de l’unité, à la manière de la Suisse, de la Belgique, de la Bosnie, du Liban, ou de la Birmanie .
Ces réserves étant faites, quelles solutions ?
* La Solution par les lignes principielles, base essentielle de toute solution juste, viable et durable …
Si nous devions rebâtir notre unité, construire la bonne unité – la vraie – celle-ci devra reposer sur des bases justes, sur les lignes principielles que voici : Egalité, égale dignité, respect mutuel, respect des différences, partage équilibré du pouvoir, justice sociale.
Peu importe les solutions spécifiques des uns et des autres, pourvu que ces lignes en constituent le socle.
De ces lignes principielles découlera, par voie de conséquence, une modification radicale de notre vision de l’unité en cours, une nouvelle redéfinition de l’identité du pays, une rupture totale d’avec nos pratiques actuelles…
Voilà pourquoi, pour être en phase avec cette démarche de rupture, nous proposons l’autonomie.
Une fois la problématique de l’unité passée au crible, on s’acheminera alors vers la réconciliation nationale dont le processus se déclinera en trois étapes :
– Apaisement du climat social (par un train de mesures positives d’apaisement, allant dans le sens du règlement global du passif humanitaire et des effets collatéraux de l’enrôlement, doublé d’un appel fort en direction des organisations anti-esclavagistes à rassurer)
– Débat national devant déboucher sur des solutions consensuelles portant sur les grands axes de réformes constitutionnelle ( charte de la cohabitation, séparation des pouvoirs, partage équilibré du pouvoir, droits et devoirs de l’opposition, gouvernement consensuel ou, au contraire , contrôle des actions du gouvernement de la majorité par l’opposition, etc), institutionnelle (direction collégiale à présidence rotative , observatoire national des libertés et de la cohabitation , etc ) suivront alors, et alors seulement
– Les Etats généraux … (de l’Armée, de l’Education, de la Justice, de l’Administration)
Les problèmes sont inhérents aux sociétés et aux groupes humains. Nous avons les nôtres …
Nous devons donc replacer notre problématique de coexistence, en dépit de son intensité et de son acuité , dans le cadre de la lutte naturelle entre groupes humains, inscrite dans l’ordre naturel et normal des choses, régie par des lois naturelles ( lois de sociologie)…
Bien que nos gouvernants aient, par leurs politiques nocives, une large part de responsabilité dans ce qui nous arrive, il n’empêche que des lois naturelles nous gouvernent, à l’emprise desquelles on n’échappe pas … ; il en est ainsi, selon Ceikh Anta Diop, de la loi–disons de proximité – qui pose que « lorsque des groupes ethniques partagent le même espace, ils ont tendance, chacun, non pas à assujettir mais à assimiler l’autre » ; une autre loi stipule que « Lorsque le pourcentage de la minorité augmente la lutte des classes a tendance à se transformer en lutte des races » . Comprendre ces phénomènes aide à replacer notre problématique dans la juste mesure des choses. Il existe d’autres lois, telle la loi de la distance, la loi du phénotype etc, qui expliquent, à leur tour, la nature des rapports entre groupes humains …
Mais il y’a les lois de la nature, et il y’a la volonté des hommes …
Avec une volonté forte, clairement affirmée, de la vision, l’on vient à bout de l’emprise des lois, l’on réussit à déplacer des montagnes, à résoudre, en un mot, toute problématique, fut-elle complexe et délicate. Il suffit de vouloir, car nous dit l’adage, rien, absolument rien ne peut arrêter une volonté sans réserve.
Le bon sens nous souffle à l’oreille que l’exclusion est socialement explosive, politiquement corrosive, économiquement mauvaise, alors ressaisissons-nous; faisons comme les Birmans, en nous demandant comment, chacun pour sa part, pourrait contribuer à la grandeur de la Mauritanie.
Il nous faut nous ressaisir …
La lutte continue !
Samba Thiam
Inspecteur de l’Enseignement Fondamental
Président des Forces Progressistes du Changement (FPC)
Décembre 2014.
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