Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 10/12/2014

Rapport sur la torture à la CIA: un exercice de démocratie compliqué

mediaMardi 9 décembre, le Sénat américain a rendu public un rapport très attendu sur la torture pratiquée par la CIA dans les années 2000, après les attentats du 11-Septembre. L’audit original de 6 000 pages restera secret. Mais sa version expurgée, longue de 500 pages tout de même, est à la disposition du public malgré les pressions exercées par l’Agence, qui a tenté d’empêcher sa publication.

Pendant plus d’une heure, ce mardi 9 décembre devant un Sénat américain bondé, la sénatrice Dianne Feinstein, présidente de la commission du Renseignement, a présenté les conclusions du rapport tant attendu sur la torture pratiquée par l’Agence centrale américaine de renseignement (CIA) dans les années 2000. Le Congrès avait tenté de repousser ce moment depuis trois mois. « Les actes de la CIA, voilà 10 ans, sont une tache qui salit nos valeurs et notre histoire, a lancé la démocrate face à ses pairs. La diffusion de ce rapport de 500 pages ne peut effacer cette tache, mais cela montre à notre peuple et au monde que les Etats-Unis sont assez matures pour reconnaître ce qui est mal, et sont assez confiants pour apprendre de leurs erreurs. »

Le public savait depuis des années que la CIA avait torturé des détenus, dans des prisons secrètes hors du territoire américain. Les simulacres de noyade, d’exécution, les détentions dans des cages, les privations de sommeil avaient été documentés. Les méthodes de l’agence, décrites dans ce rapport, étaient déjà dénoncées de longue date par d’anciens agents, des élus et des organisations de défense des droits de l’homme, rappelle notre correspondante Anne-Marie Capomaccio. Mais ce que ce texte (disponible ici en anglais) met véritablement en lumière, ce sont les manœuvres de la CIA pour garder le secret. Le mensonge a en effet été érigé en système : la presse et les élus ont été les cibles d’une désinformation constante sur les résultats des interrogatoires menés.

L’obstination d’une sénatrice contre le système CIA

Le département de la Justice lui-même a posé des questions auxquelles l’agence a répondu par des mensonges, assure Mme Feinstein : « La CIA a procuré des informations inexactes au département de la Justice, alors que ses avocats se penchaient sur la légalité des techniques employées. La CIA a affirmé les choses suivantes : les méthodes coercitives n’étaient pas employées de manière répétitive ; des médecins devaient s’assurer que les interrogatoires ne causaient pas de graves blessures, et ils devaient pouvoir intervenir à tout moment pour arrêter la procédure. Aucune de ces affirmations n’a été de près ou de loin mise en pratique. »

Et l’élue démocrate d’insister : même la Maison Blanche, à l’époque du président républicain George W. Bush, n’a jamais su ce qu’il se passait vraiment. De quoi réaliser à quel point, pendant les cinq ans qu’aura duré l’enquête de la commission du Sénat, la CIA a tenté de l’empêcher de parvenir à ses fins. Au-delà des réactions provoquées par certaines informations contenues dans ce rapport, il faut donc retenir, d’abord, l’obstination de la sénatrice Feinstein, élue de Californie depuis 22 ans, qui a travaillé sans relâche, sous la pression, avec persévérance et courage, pour que tout ceci soit rendu public. Dianne Feinstein a même été menacée.

Dianne Feinstein, avec des journalistes au Capitol de Washington, le 9 décembre 2014.PHOTO / SAUL LOEB

« Torturer donne plus de mauvaises informations »

Modeste, Dianne Feinstein a souligné à plusieurs reprises que la publication de son travail a été rendue possible grâce à des institutions américaines fortes, et avec la bénédiction de la Maison Blanche. Barack Obama a lui-même dénoncé des méthodes « contraires » aux valeurs des Etats-Unis, qui ont « fortement terni la réputation de l’Amérique dans le monde ». Mais la détermination de la démocrate force l’admiration de ses pairs. Qu’ils aient soutenu, ou pas, la diffusion de cette enquête, la plupart des parlementaires américains saluent en effet cet exercice public de la démocratie. Il n’est en effet pas simple d’assumer de tels actes, d’autant que le rapport conclut, au sujet des méthodes brutales d’interrogatoires de la CIA, qu’elles n’ont pas été efficaces dans la « guerre contre le terrorisme ».

Un point accablant, sur lequel a insisté le sénateur républicain John McCain à la tribune du Sénat, juste après l’intervention de Dianne Feinstein. Très impliqué dans les dossiers de politique étrangère, l’ancien candidat à la présidence de 2008 avait soutenu, contrairement à la plupart des élus de son parti, la diffusion du texte. Et ce, en tant qu’élu, mais aussi en tant qu’ancien prisonnier de guerre blessé et torturé au Vietnam. « Je sais par expérience que torturer les prisonniers donne plus de mauvaises que de bonnes informations, a dit John McCain. Je sais qu’ils diront n’importe quoi, ce que les tortionnaires veulent entendre, s’ils pensent que cela va faire cesser leurs souffrances. »

« Le monde sait depuis longtemps que nous avons torturé »

Jason Wright est un ancien avocat militaire. Il défendait jusqu’au mois d’août dernier Khalid Sheikh Mohammed, qui a revendiqué la responsabilité morale des attaques du 11-Septembre, et qui a subi torture, supplice de la baignoire et mauvais traitements lors des programmes de restitution extraordinaires de la CIA. Selon l’avocat, ce rapport marque un tournant. « C’est la première tentative réelle du Congrès, qui exerce un pouvoir administratif sur les activités des agences de renseignement. Nous savons que le président Obama s’est élevé contre l’utilisation de la torture […] Mais maintenant, nous avons en plus le Congrès qui déclare, en tant que représentant du peuple, que c’est un véritable problème, et qu’on ne doit plus jamais y recourir. »

Pour John McCain, « plus que tout, je sais que la torture anéantit les principes qui nous différencient de nos ennemis, l’idée que même les prisonniers doivent bénéficier de droits élémentaires, qui sont protégés par les conventions internationales. Est-ce que la diffusion de ce rapport risque de provoquer une colère pouvant mener à des violences dans les pays musulmans ? Je pense que c’est possible. Mais le monde entier sait depuis longtemps que nous avons pratiqué la torture sur nos prisonniers, que nous avions des prisons secrètes. Les terroristes peuvent utiliser ce rapport sur la reconnaissance de la torture comme prétexte pour attaquer des Américains, mais franchement, ils n’ont pas besoin d’excuse pour cela. »

Sculture de l’artiste britannique Marc Quinn, à Basel, inspirée par une photo prise à la prison d’Abou Ghraib.AFP PHOTO/ FABRICE COFFRINI

« Ce ne sont pas des choix politiques, ce sont des crimes »

Aujourd’hui, certaines associations demandent des poursuites judiciaires contre les responsables, même si la plupart des experts estiment que cela est impossible. Barack Obama, qui a soutenu la publication de ce rapport explosif, avait fait de la fin des violations des droits de l’homme l’une de ses principales promesses de campagne en 2008. Mais ça ne suffit pas, estime Reed Brody, conseiller juridique de l’organisation Human Rights Watch : « Le président Obama a bien sûr mis fin à l’utilisation de ces techniques, mais il a traité la torture comme s’il s’agissait d’un choix politique regrettable, et non d’un crime. Il faudrait, avec ce rapport, que le gouvernement enquête et poursuive les hauts fonctionnaires de l’administration Bush qui en sont responsables. »

Reed Brody n’épargne personne, pas même Georges Bush,« qui a trouvé le waterboarding », dit-il. Le président américain a reconnu en 2010 avoir approuvé personnellement cette méthode. « Ce ne sont pas des choix politiques erronés, ce sont des crimes, plaide M. Brody. Et les Etats-Unis sont dans l’obligation de poursuivre ces crimes. Si le gouvernement américain ne lance pas d’enquête criminelle crédible, d’autres pays devront le faire. C’est ce qui est arrivé avec Pinochet, avec Hissène Habré au Sénégal. Quand on ne trouve pas justice dans son pays, il faut que les victimes puissent saisir des tribunaux, que ce soit français ou espagnol, où il y a d’ailleurs des enquêtes qui sont ouvertes pour les crimes de Guantanamo, Abou Ghraib et autres. »

« Certains secrets devraient le rester », juge-t-on en Pologne

Ce sont précisément ces « autres » lieux de détention qui risquent de créer le plus de vagues à l’international. Alliés de longue date, les Etats-Unis et la Pologne mènent des relations étroites sur le plan militaire. Dans ce pays, où la CIA aurait torturé plusieurs prisonniers dans une prison secrète en 2003, la volte-face américaine a de quoi inquiéter. Barack Obama a appelé en personne le Premier ministre polonais Ewa Kopacz dans la nuit de lundi à mardi pour l’informer. Diplomate, cette dernière a joué la carte de l’apaisement, affirmant qu’il n’y aurait pas d’impact négatif sur la relation bilatérale. En revanche, son ministre de la Défense s’est montré plus brut : « Certains secrets devraient le rester. Cette publication pourrait affaiblir la confiance accordée aux Etats-Unis par leurs alliés », a réagi Tomasz Siemoniak.

Officiellement, la Pologne n’a jamais admis avoir accueilli des prisons secrètes de la CIA, explique notre correspondant à Varsovie Damien Simonart. En juillet dernier, la Cour européenne des droits de l’homme l’a toutefois condamnée pour sa complicité dans les tortures subies sur son territoire par un Palestinien et un Saoudien entre 2002 et 2003. Pour faire la lumière sur cette histoire, le parquet polonais mène sa propre enquête depuis six ans. Son porte-parole a annoncé mardi qu’une demande serait formulée aux Etats-Unis pour recevoir l’intégralité du rapport du Sénat américain. Affaire à suivre.

 

rfi

Forum National pour la Démocratie et l’Unité : Déclaration

Forum National pour la Démocratie et l’Unité : DéclarationFNDU – Notre pays a bénéficié, au cours de ces dernières années, de ressources considérables. Naturellement, ce n’est pas du fait du régime en place, ni grâce à sa bonne gestion ou à son efficacité.

Cette abondance est plutôt due à une conjoncture internationale où les prix du fer ont été multipliés par plus de dix, les cours de l’or ont atteint des niveaux inégalés et les prix du poisson sont montés à des niveaux record.

C’est ainsi que la valeur des exportations du pays est passée, ces dernières années, de 500 millions de dollars à 3 milliard de dollars. Et, comme si cette manne ne suffisait pas aux yeux de nos gouvernants actuels, ils se sont mis à contracter des prêts à tour de bras, faisant passer la dette extérieure de pays de 60% du PIB en 2008 à 80% du PIB en 2014.

Mais, comme notre pouvoir est insatiable, le voilà qui augmente de 14% à 16% la TVA, que tous les citoyens, déjà écrasés par la montée insoutenable des prix, payent sur tout ce qu’ils consomment, et ce afin de récupérer bien plus que ce qu’il va dépenser dans l’augmentation qu’il vient d’accorder aux fonctionnaires et agents de l’Etat.

Aussi, devons-nous, en cette journée consacrée à la lutte contre la corruption et la gabegie, nous poser la question de savoir où sont parties ces ressources et jusqu’à quand resterons-nous les bouches cousues et les bras croisés devant le pillage systématique de nos richesses ?

En effet, s’il y a un phénomène qui fait aujourd’hui l’unanimité de l’opinion publique nationale, c’est bien la généralisation de la gabegie et du pillage à tous les services publics et à toutes les institutions de l’Etat. C’est ainsi que le pays s’est transformé en une propriété privée réservée à un cercle restreint de copains et de coquins dont le centre de gravité n’est autre que le chef du pouvoir actuel.

Un bref rappel des quelques cas révélés par la presse et les forces politiques et sociales (et qui ne constituent que la partie visible de l’iceberg) donne la mesure de la déchéance et de la gravité de la situation que vit le pays :

• Les membres de la bande qui prend le pays en otage ont perdu toute notion de la pudeur et n’ont plus de scrupules pour exposer leurs forfaits au vu et su d’un peuple qui croupit dans les problèmes et la misère et d’une jeunesse en proie au désœuvrement, au chômage et au désespoir. En voilà un qui se vante, au cours d’un meeting populaire enregistré sur une bande diffusée en boucle sur tous les sites, de gagner des milliards sur le dos de ce peuple. Au lieu d’être inquiété, voilà qu’il reçoit, chez lui, la bénédiction du Chef de l’Etat et les louanges, devant le Parlement, du ministre chargé de la Justice. Cela au moment où des centaines de chefs de familles, qu’il a spolié de leurs droits, sont laissés, sans ressources, exposés à la faim, au froid et aux serpents à l’entrée de Nouakchott.

• Il ne se passe pas un jour sans que les moyens d’information nous rapportent de nouveaux détournements par milliards opérés par les membres des réseaux de malfaiteurs qui minent ce qui reste de l’administration de ce pays et dont certains se volatilisent, comme par enchantement, afin que le semblant d’enquête ne remonte jusqu’aux parrains de cette mafia qui nous gouverne.

• La passation de marchés de gré à gré par dizaines, portant sur des centaines de milliards d’ouguiyas, au profit des proches et de la parentèle, en dehors de toute procédure légale et de tous les critères de transparence est devenue une pratique courante dans le pays ; le marché de l’aéroport de Nouakchott en est l’exemple le plus éloquent.

• La création, à coup de dizaines de milliards, d’une multitude de sociétés dont le seul objectif est de justifier les détournements et les commissions faramineux, et qui sont toutes tombées en faillite (la Société d’approvisionnement des bateaux en haute mer, la Société du sucre, la Société pour les aménagements agricoles, la Société des poteaux électriques, la Société de transport public de Nouakchott, etc. etc.).

• La création de dizaines d’établissements publics sans autres objectifs que celui d’offrir des postes et des avantages aux proches et aux laudateurs du régime.

• La création de villes fantômes au moment où nos grandes agglomérations, notamment la Capitale, sont dépourvues des infrastructures élémentaires qui garantissent leur viabilité et leur sécurité.

• Le retard de tous les projets en cours par rapport aux délais contractuels de leur réalisation, du fait que leur exécution a été confiée, par népotisme, à des opérateurs qui n’ont ni les qualifications ni les capacités requises pour leur réalisation.

• Les institutions de contrôle ont été détournées de leur mission et transformées en instruments pour les règlements des comptes et la couverture des proches du pouvoir. La justice a été assujettie pour maitriser tout le processus judiciaire, depuis l’inculpation jusqu’au verdict, en passant par l’instruction.

• Le plus grand paradoxe que nous vivons aujourd’hui réside dans le fait que ce régime, qui prétend faire de la lutte contre la gabegie sa priorité, n’a aucun condamné pour détournement dans ses prisons et n’a aucun dossier en cours devant les tribunaux pour cause de gabegie.

Devant cette situation, et en cette journée consacrée à la lutte contre la corruption et le pillage des biens publics, le Forum national pour la Démocratie et l’Unité (FNDU) :

– Lance un appel pressant à l’ensemble du peuple mauritanien, à ses forces vives, à sa jeunesse, à ses femmes, à ses partis politiques, à sa société civile, à sa presse indépendante et à ses activistes sur les réseaux sociaux, pour se dresser, ensemble, contre le pillage, la corruption et le gaspillage qui engloutissent nos ressources, minent notre économie, appauvrissent notre peuple et mènent notre pays vers la catastrophe.

– Appelle à une enquête approfondie et exhaustive sur toutes les infractions et les crimes économiques commis par le régime en place.

– Félicite la presse nationale et les activistes des réseaux sociaux pour leur le rôle qu’ils jouent afin de mettre à nu les scandales liés à ce régime et dénoncer leurs auteurs.

– S’étonne de la déclaration faite par le représentant de Transparency International lors de sa récente visite dans notre pays, déclaration dans laquelle il loue les efforts menés par le pouvoir dans le domaine de la transparence, au moment où le rapport publié, cette année, par son organisation place la Mauritanie en queue dans le domaine de la transparence (124ème sur 177).

Nouakchott, le 9 Décembre 2014
Le FNDU

 

CRIDEM