Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 09/12/2014

«Timbuktu», un film devenu symbole

mediaAvec Timbuktu qui sort ce mercredi 10 décembre sur les écrans, Abderrahmane Sissako nous replonge dans la terreur de l’occupation jihadiste de Tombouctou. Mais ce qu’il raconte va bien au-delà. Le réalisateur mauritanien, consacré par une journée spéciale sur RFI, pose dans son œuvre l’universelle question des valeurs dans le monde d’aujourd’hui.

« Timbuktu est devenu un film emblématique, remarque Dora Bouchoucha, directrice des Journées cinématographiques de Carthage. Vu la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui, le monde arabe et toute la région, ce film prend un autre sens. » Depuis le Festival de Cannes en mai, on s’arrache Timbuktu pour les avant-premières, des JCC en Tunisie en passant par le Festival Afrikamera à Berlin jusqu’au Festival Nouakshort Film dans la capitale mauritanienne. Gérard Vaugeois, programmateur du Maghreb des films à Paris n’hésite pas à parler d’ « un chef d’œuvre d’une beauté plastique absolue qui crée un choc, un contrepoint avec la violence qui, d’un seul coup, surgit dans le récit. C’est un film droit, direct, qui touche là où il faut toucher ».

Une gazelle au galop

Timbuktu, ça commence avec une gazelle au galop, prise en chasse par des jihadistes avec un pick-up. Et cela finit mal à cause d’une vache qui s’est pris les pieds dans un filet de pêche. Chez Abderrahmane Sissako tout part d’un rythme naturel : les pas d’un homme dans le sable, la vie d’une famille dans les dunes, le jeune garçon courant après un troupeau de bétail, la jeune fille qui trait les chèvres, la pirogue qui traverse la rivière…

Avec sa caméra, Sissako ouvre l’espace. Il scrute les formes et les couleurs éternelles de ce pays, les maisons ocre, les visages balayés depuis toujours par le sable et le vent. Son cadre est comme une fenêtre basse près du sol à travers laquelle on regarde son histoire. Il montre le fleuve, le désert, les rues de Tombouctou comme des univers reliés à notre monde par des voies mystérieuses. Il nous impose des images qui entrainent la lenteur, la profondeur… et la réflexion.

Timbuktu pose la question de l’islam

Tourné dans le plus grand secret près de la frontière malienne, dans une zone rouge dans l’extrême est de la Mauritanie, Timbuktu nous raconte deux histoires entrecroisées : celle bien connue et redoutée des jihadistes venus d’ailleurs qui occupent la ville de Tombouctou en 2012. Des extrémistes religieux qui tirent sur des sculptures et assassinent une culture millénaire. Ils ne parlent pas la langue des habitants, mais infligent avec leurs kalachnikovs à la population leur cruelle interprétation de la charia : obligation pour les femmes de se voiler, 40 coups de fouet pour avoir chanté ou joué au foot, des mariages forcés et la lapidation des amoureux non mariés…

L’autre histoire nous fait vivre la vie de Kidane, un éleveur qui mène avec sa femme et sa fille une vie simple et heureuse au milieu des dunes. Cette existence paisible s’arrête brusquement quand celui-ci décide que l’humiliation ne peut plus durer. Il tue accidentellement Amadou le pêcheur pour venger la mort de sa vache préférée. Quelle justice possible après la mort d’un homme ?

Des images d’un calme absolu

Pour contrer l’obscurantisme, Abderrahmane Sissako ne met pas les gyrophares, mais allume les phares. En filigrane, il pose la question de la vache sacrée et des limites qu’on se pose et tolère comme individu et en tant que société. Il y a la vendeuse de poissons qui refuse de porter des gants, la comédie des jeunes qui vivent leur passion pour le foot sans le ballon, la chanteuse qui continue à chanter sous les coups de fouet, mais aussi le jihadiste qui se cache pour fumer ou danser. Timbuktu navigue entre le Bien et le Mal, entre les langues et les cultures, entre la ville et le désert, entre les hommes et les femmes, entre la justice et la charia, entre l’islam et le jihad, entre l’éternel et l’éphémère… Un récit tragique et complexe, rythmé par des images d’un calme absolu. A la fin, la société a bien volé en éclats.

 

RFI

Fierté et réalité du cinéma mauritanien

altQuelques mois après le Festival de Cannes, le croissant de lune doré sur fond vert du drapeau mauritanien flottera bientôt aux Oscars à Los Angeles. « Timbuktu » d’Abderrahmane Sissako se retrouve parmi les 83 nominés dans la catégorie du meilleur film étranger aux 87e Academy Awards qui auront lieu en février 2015. Une fierté. Et le réalisateur mauritanien représentera au-delà de son pays l’espoir du cinéma de tout un continent. A l’occasion de la Journée spéciale Abderrahmane Sissako sur RFI, petit retour sur le cinéma en Mauritanie.   « Les gens en sont très fiers ! » L’avant-première de Timbuktu avait lieu à Nouakchott, dans la capitale de la Mauritanie. Faute de véritable salle de cinéma, le film d’Abderrahmane Sissako avait été projeté en octobre au centre des conférences internationales, au village de la biodiversité et à l’Institut français de Mauritanie.   Cela fait un certain temps qu’il n’existe plus de véritable salle de cinéma dans ce pays de 3,4 millions d’habitants où le septième art a vécu son moment de gloire dans les années 1970, après la fin de la colonisation française en 1960. Dans la jeune République islamique de Mauritanie, il y avait onze salles de cinéma et un Office national de cinéma pour le soutenir. Mais, manque de moyens et politique autoritaire obligent, les précurseurs du cinéma mauritanien travaillaient déjà en exil, comme Med Hondo, sélectionné en 1967 à Cannes pour Soleil Ô et Grand prix au Fespaco en 1986 pour Sarraouinia ou Sidney Sokhona, connu pour Nationalité : immigré (1975).   « Même s’il est toujours entre deux avions et qu’il est plus à l’étranger qu’ici, Abderrahmane Sissako est quand même considéré ici comme un Mauritanien », plaisante Jany Bourdais, le directeur délégué de l’Institut français à Nouakchott. Né en 1961 à Kiffa en Mauritanie, Abderrahmane Sissako a passé la plus grande partie de sa carrière en dehors de son pays natal avant de s’y installer récemment. Ses films ont surtout été financés par des partenaires occidentaux. Même pour Timbuktu, fièrement affiché comme un film mauritanien, la contribution de la Mauritanie réside surtout dans le fait que le gouvernement avait mis à disposition 200 soldats pour sécuriser les tournages à Oualata, près de la frontière malienne, contre d’éventuelles attaques de jihadistes.   « Il n’y a pas, à proprement parler, de “cinéma mauritanien” »   Gérard Vaugeois, critique, producteur et spécialiste du cinéma maghrébin, remarque qu’aujourd’hui, « il n’y a pas, à proprement parler, de “cinéma mauritanien”. Il y a des films qui existent. Et le film d’Abderrahmane Sissako n’est pas tant un film mauritanien qu’un film de Sissako lui-même. »   En tant que secrétaire général de l’association qui organise jusqu’au 18 décembre le Festival du Maghreb des films à Paris, Gérard Vaugeois a programmé, au-delà de l’avant-première de Timbuktu, deux courts métrages mauritaniens : « Ce qui est intéressant dans ces deux films, c’est d’abord qu’ils existent, qu’ils soient faits par des jeunes réalisateurs. Ils témoignent de quelque chose un peu inattendu dans une cinématographie peu existante. Il y a une volonté réellement artistique et expérimentale. On s’attend plutôt à voir des films qui tiennent des discours. Et là, d’un seul coup, on se retrouve devant des films qui sont des films de plasticiens, d’intellectuels, d’artistes au sens le plus plein du terme. »   En effet, The End, une expérience cinématographique avec la silhouette d’un homme en noir et blanc, réalisée par Mai Mostafa, s’apparente à une création oscillant entre un dessin en mouvement et un dessin animé. « Le film parle du fait que les gens sont de plus en plus coupés de la réalité à cause de leur addiction à internet », explique la jeune cinéaste. Tourné sans moyen, ce court métrage renvoie à l’état actuel du cinéma en Mauritanie : « le plus grand problème pour les cinéastes indépendants en Mauritanie est le manque de soutien, l’absence d’aides de l’Etat et le fait qu’il n’y ait pas de producteurs ou d’école de cinéma. La société n’encourage pas les cinéastes et pour une femme, c’est souvent particulièrement difficile quand la famille ne souhaite pas qu’elle devienne cinéaste. »   L’absence de la culture de la salle de cinéma   « Il n’y a pas de renouveau du cinéma mauritanien, affirme Jany Bourdais, le directeur délégué de l’Institut français à Nouakchott qui dispose de la seule salle de cinéma du pays. Il y a des jeunes, mais ils n’ont pas les outils professionnels pour le faire. Comme il n’y a pas de production de longs métrages mauritaniens, on ne peut pas en programmer à l’Institut français. C’est ça le problème. » Et puis, il y a le manque d’un public cinéphile : « Oui, il y a un public, mais qui, malheureusement, n’est pas très nombreux, parce qu’il n’y a pas la culture de la salle du cinéma. Donc on regarde les films plutôt à la télévision par satellite, DVD ou téléchargement. »   Et pourtant, il y a bien des choses qui ont changé, aussi grâce à Abderrahmane Sissako. Il avait trouvé une bourse pour étudier le cinéma en France à un jeune cinéaste qui était son collaborateur pour En attendant le bonheur. Revenu en 2002, Abderrahmane Ould Ahmed Salem fonda à Nouakchott la Maison des cinéastes pour créer un espace d’échange. Une décennie plus tard, et avec l’espoir de faire renaître le cinéma mauritanien avec le festival de la Semaine nationale du film devenu le Festival Nouakshort Films, Salem se réjouit de l’émergence d’une nouvelle génération de jeunes cinéastes mauritaniens comme Ousmane Diagana qui avec La blessure d’esclavage (2011) a braqué sa caméra sur le sujet tabou de l’esclavage en Mauritanie. Ou encore Djibril Diaw, le réalisateur de 1989 qui parle dans son prochain film Retour sans cimetière du retour des Mauritaniens déportés par le pouvoir du colonel et futur président Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya pendant les exactions et massacres de 1989.   Même si le cinéma reste le parent pauvre de la politique culturelle nationale et qu’on est encore très loin d’une industrie cinématographique, le fondateur de la Maison des cinéastes répète dans ses interviews qu’il croit très fort à l’avenir du cinéma. Pour lui, la Mauritanie a besoin de ses cinéastes pour faire avancer la société et raconter l’histoire du pays. Et le septième art attend une vraie décision politique en sa faveur.

  Rfi

Mauriweb

Gardé à vue à Kaédi, Diallo de TPMN libéré

altOuguiya Diallo, délégué et membre du Bureau Exécutif de Touche Pas à Ma Nationalité (TPMN),tendance Dia Alassane interpellé et gardé à vue à Kaédi, dimanche 7 novembre, «  pour avoir osé protester contre l’attitude des gendarmes en poste à l’entrée de la ville », vient d’être libéré, renseigne le collectif. Les pandores avaient interdit L’accès  à de jeunes élèves sous prétexte que ceux-ci ne disposent pas des nouveaux documents de l’état-civil», indique TPMN. Pourtant, s’indigne TMPN, ces jeunes élèves vivent et étudient à Kaédi d’où ils sont partis il y a quelques jours pour assister aux funérailles d’un de leurs proches à Téthiane. Pendant que ces élèves étaient interdits d’accéder à leur ville de résidence et sommés de retourner à Téthiane, les gendarmes, qui retenaient deux sénégalais dans les mêmes circonstances, exigeaient de ces derniers une “rançon” contre leur libération, révèle TPMN. Ayant protesté contre ces agissements, Ouguiya Diallo a été interpellé et conduit au commissariat de police de Kaédi où il a été gardé à vue «pour outrage aux forces de l’ordre».

Grâce à une vaste mobilisation, Ouguiya Diallo sera libéré et l’interdiction d’entrer dans Kaédi pour les trois jeunes, à l’origine de l’histoire, a été levée, annonce Dr Dia Alassane, président de TPMN. «Tout est bien qui finit bien; la témérité d’Ouguiya aura permis aux jeunes de faire valoir leur droit à la libre circulation sur toute l’étendue du territoire national », s’est félicité Dr Dia.

 

le calame