Daily Archives: 28/10/2014
Ebola : les quarantaines systématiques font débat aux États-Unis
Le ton monte entre la Maison Blanche et les États américains qui appliquent la mise en quarantaine obligatoire des personnes revenant des pays touchés par Ebola. Sous pression, l’État de New York a accepté d’assouplir ses mesures.
Principe de précaution pour les uns, mesures contre-productives pour les autres. La mise en quarantaine obligatoire dans trois États américains – New York, New Jersey et Illinois – des personnes revenant des pays d’Afrique de l’Ouest les plus touchés par le virus Ebola fait débat aux États-Unis.
Ces mesures, plus radicales que les directives fédérales, adoptées après un premier cas d’Ebola déclaré à New York, ont rapidement pris une tournure politique. Redoutant qu’elles ne dissuadent les personnels de santé américains d’aider à lutter contre l’épidémie dans les pays concernés par le virus qui a déjà fait plus de 5 000 morts, Barack Obama a réuni une équipe à Washington, dimanche 26 octobre, pour discuter des problèmes politiques posés par ces mesures.
“Le président a dit que les décisions des États devaient être basées sur des avis scientifiques avant les considérations politiques. Il a précisé que le personnel médical américain doit continuer à être en tête de la lutte contre Ebola dans les pays touchés pas ces maladies et cela implique une liberté de circulation”, résume Stanislas de Saint-Hippolyte, correspondant de France 24 à Washington.
L’État de New York assouplit ses mesures de prévention
La Maison Blanche a fait pression sur les gouverneurs de New York et du New Jersey, Andrew Cuomo et Chris Christie, pour qu’ils reviennent sur leur décision. L’État de New York a fini par accepter d’assouplir ces règles, tout en limitant la liberté de mouvement des “personnes à risque”.
Les personnes revenant d’une zone affectée sans présenter de symptômes et sans avoir eu de contact direct avec un malade pourront donc rester chez elles. Leur température sera prise deux fois par jour par des personnels de santé pendant la période d’incubation de 21 jours.
“L’option privilégiée est de demander à ces personnes de rester chez elles. Des travailleurs sociaux viendront chez elles, ils pourront voir leur famille, ce la ne doit pas interrompre leur vie quotidienne. Mais si des symptômes apparaissaient, ils auront ainsi été en contact avec un nombre limité de personnes”, a déclaré Andrew Cuomo dimanche soir.
Un débat politique qui fait rage
Le débat a pris de l’ampleur après la mise en quarantaine d’une infirmière de Médecin sans frontières (MSF), lors de son retour de mission du Sierra Leone, vendredi 24 octobre. Elle ne présentait pourtant aucun symptôme. Pour rappel, un malade n’est contagieux qu’à partir du moment où il développe les premiers symptômes de la maladie (une fièvre au dessus de 38°C accompagnée de maux de tête et de douleurs musculaires). L’infirmière américaine a qualifié ses heures d’interrogatoire puis sa mise à l’isolement dans un hôpital de “frénésie de désorganisation”.
Burkina / Révision constitutionnelle : des centaines de femmes manifestent, des députés de la majorité menacés
Ouagadougou – Plusieurs centaines de femmes soutenant l’opposition burkinabè ont marché lundi à Ouagadougou, entamant une semaine de manifestations contre une révision de la Constitution qui favorise le maintien au pouvoir du président Blaise Compaoré, aux affaires depuis 27 ans.
Quelques heures plus tard, la majorité a appelé le chef de l’Etat à prendre toutes les mesures possibles contre des agressions à l’encontre de ses députés, menacés à leurs domiciles, alors que toutes les parties craignent une poussée de violence cette semaine.
Nous ne voulons pas du pouvoir à vie, a déclaré Saran Sérémé, une ancienne députée pro-Compaoré passée dans l’opposition, qui dirige le Parti pour le développement et le changement, non représenté à l’Assemblée nationale.
Les femmes, qui ont scandé durant une heure des slogans hostiles au régime et au président Compaoré, manifestaient une spatule à la main, un symbole très grave selon cette responsable.
Dans la société burkinabè, le fait qu’une femme lève sa spatule, qui sert préparer le tô – une pâte de mil ou de maïs, plat traditionnel dans le pays -, en direction d’un homme est considéré comme une très forte marque de défiance.
Nous n’allons pas avaler toutes les couleuvres parce que nous voulons la paix, a ajouté Mme Sérémé, mettant en garde le pouvoir. Nous ne voulons pas de balles perdues.
La majorité, par la voix de son coordinateur Assimi Kouanda, s’est de son côté alarmée de manifestations d’individus, dont le nombre varie entre 50 et 300, devant les domiciles de ses parlementaires, accusés d’être corrompus, traîtres à la nation ou encore ignares.
Au moins 21 députés, dont les noms sont listés dans une lettre envoyée aux ministres de la Justice, de l’Intérieur et de la Défense, soit Dramane Yaméogo, Jérôme Bougouma et Blaise Compaoré – qui détient également ces prérogatives -, se sont ainsi vus exiger de ne pas voter le projet de loi favorable au chef de l’Etat.
– Incendier leurs domiciles –
Les manifestants ont également menacé les parlementaires d’incendier leurs domiciles avec femmes et enfants si jamais ils n’obtempéraient pas à leurs injonctions, affirme cette lettre.
Dans ce courrier officiel, dont l’AFP a eu copie, M. Kouanda a demandé que toutes les mesures soient prises en vue de préserver l’intimité, la sécurité et la tranquillité de ses députés.
L’envoi de cette missive intervient à la veille d’une vague de protestations contre un projet de loi examiné jeudi par l’Assemblée nationale, qui vise à réviser la Constitution pour faire passer de deux à trois le nombre maximum de quinquennats présidentiels et permettre le maintien au pouvoir de Blaise Compaoré.
Ecoles et universités sont fermées depuis ce lundi par crainte de débordements.
L’opposition politique a appelé à une journée nationale de protestation mardi afin d’exprimer son refus catégorique d’un coup d’Etat constitutionnel.
L’Assemblée nationale examinera jeudi un projet de loi gouvernemental visant à réviser l’article 37 de la Constitution pour faire passer de deux à trois le nombre maximum de quinquennats présidentiels.
Blaise Compaoré, arrivé à la tête du Burkina Faso en 1987 par un coup d’Etat, achèvera en 2015 son deuxième quinquennat (2005-2015) après avoir effectué deux septennats (1992-2005).
Mais sa volonté de se maintenir au pouvoir après 27 ans de règne suscite l’hostilité de l’opposition, d’une grande partie de la société civile et de nombreux jeunes de ce pays, où plus de 60% des 17 millions d’habitants ont moins de 25 ans et n’ont jamais connu un autre dirigeant.
Source: Romandie