Daily Archives: 07/10/2014
Nouvelles violences au Nord du Mali : Réponse à un accord de partition non-signé ?
On pouvait s’y attendre. Le chantage des groupes armés instrumentalisés au nord du Mali et qui utilisent le prétexte de la religion pour agir, ne pouvait pas se faire attendre après « l’échec » ou l’absence des avancées dans les négociations de paix à Alger depuis le début du mois de septembre 2014. Pour rappel, un convoi militaire nigérien de la MINUSMA est tombé dans une embuscade, ce vendredi 03 Octobre 2014 au Sud-ouest de Gao, causant la mort de neuf (9) soldats nigériens de la force onusienne et de nombreux blessés. Au sein de la MINUSMA (Mission de l’ONU au Mali), cette attaque portait à 30 morts et 90 blessés le bilan des victimes depuis son déploiement le 1er juillet 2013. Selon le Gouvernement de la République du Mali, les « terroristes » qui ont perpétré ces actes « odieux » sont des narcotrafiquants qui se qualifient de jihadistes. Selon des sources proches du milieu des affaires, il s’agit plutôt des « mercenaires » qui vendent leurs services aux prédateurs qui guettent le pétrole et d’autres ressources naturelles dans le Sahara.
Quelle que soit l’identité des commanditaires, il faut dire que des négociations ont toujours été engagées depuis 1960 avec des groupes armés qui sèment la terreur au nord du Mali (Tombouctou, Gao, Kidal). Dans sa déclaration, le secrétaire général de l’ONU, monsieur Ban Ki-moon a rappelé à ces groupes armés la nécessité de respecter l’engagement qu’ils ont pris le 16 septembre à Alger : « Toutes les parties doivent prouver leur bonne foi et leur attachement à une solution politique ». De quelle solution politique s’agit-il ? Pourquoi cette attaque ?
A Alger en juillet 2014, le gouvernement malien et six mouvements armés du nord du Mali avaient signé une feuille de route pour des négociations devant ramener la paix. Le deuxième round des discussions s’était tenu en septembre 2014 à Alger sans avancée notable. L’attaque vient donc en prélude au troisième round des pourparlers inclusifs inter-maliens qui se prépare à Alger actuellement.
Les partis ne s’entendent pas sur le plan de partition du Mali. Selon un document qui circule, une Commission politico-institutionnelle travaille sur un « Projet de traité de paix » entre le Gouvernement de la République du Mali et la Coordination des mouvements de l’Azawad. Ce document déplore « la faible application, voire la non-application des précédents accords : Accord de Tamanrasset, 1991 ; Pacte national, 1992 ; Accord d’Alger 2006 ; Accord de Ouagadougou, 2013 ; Accord de cessez le feu de Kidal, 2014 » et propose à la médiation internationale (Algérie, chef de file, Nations Unies, UA, CEDEAO, UE, OCI) de reconnaître le territoire de l’Azawad comme un « Etat fédéré » formant avec le Mali la « FEDERATION DU MALI ». Dans le cadre de cet accord, l’Azawad s’entendrait « comme un territoire géopolitique compris dans les limites territoriales administratives actuelles des régions de Tombouctou, Gao, Kidal, Taoudénit, Ménaka et les arrondissements de Boni et Hombori ».
L’Etat fédéral du Mali serait composé de l’Etat fédéré de l’Azawad et l’Etat fédéré du Mali. Cela se passerait sous la garantie de l’Organisation des Nations Unies, de la CEDEAO, de l’UA, de l’OCI et des pays voisins (Algérie, Mauritanie, Burkina Faso, Niger) et du Tchad. Le rôle des garants, parties au Traité, serait d’assurer le suivi, l’accompagnement et la garantie de la mise en œuvre du Traité.
Pour les rédacteurs de ce projet de traité, comme au Soudan où le Sud était opposé au Nord, l’Azawad est aussi opposé au Mali depuis 1960 et il est temps de mettre fin au conflit par cet accord de partition. La question est de savoir quel intérêt l’Azawad, un territoire presque entièrement désertique, a à réclamer une autonomie ? A qui profite le crime ?
Une des curiosités du document est notée au TITRE II sur les « dispositions spécifiques du traité de paix ». Il est écrit qu’en attendant la mise en œuvre des dispositions prévues par le Traité, et sous le contrôle de la Médiation internationale, les deux Parties s’engagent à observer strictement les dispositions du cessez-le-feu : « Durant toute cette période, les forces armées des deux Parties s’interdisent toute action ou mouvement de nature à faire resurgir la tension ou à provoquer des incidents ». Est-ce l’engagement du 16 septembre 2014 dont parle le Secrétaire général des Nations Unies dans sa déclaration publiée ce 03 octobre 2014 ? Les « groupes armés du nord » ont-ils repris les attaques pour protester contre le rejet de leur projet d’accord ? Est-ce pour mettre la pression sur l’ONU en vue d’accélérer les procédures de validation de leur projet d’accord ?
Dans tous les cas, l’avis du gouvernement malien est clair dans son communiqué du 03 octobre 2014 : « Ces actes de désespoir dirigés contre les forces amies de la MINUSMA n’ont pour autre objectif que de créer le doute et l’émoi dans les esprits, et de saper le moral des troupes et des gouvernements contributeurs de troupes au moment même où l’on se prépare à entamer la troisième phase des pourparlers inclusifs inter-maliens à Alger ».
Les Africains devraient s’habituer désormais aux menaces de rébellion et de terrorisme utilisées pour mettre la pression sur les gouvernements centraux. Les coups d’Etat ne semblent plus propices dans notre monde démocratique. La rébellion ou le terrorisme passerait encore mieux avec la complicité d’une frange de la population qui se dit désabusée et/ou sacrifiée. Il convient aux Africains de savoir de quel côté se trouvent leurs intérêts et ceux de la postérité. Jusqu’ici, la rébellion en Afrique n’a servi qu’à « diviser pour mieux exploiter » dans la légalité des accords de paix. Il appartient à l’opinion africaine d’être particulièrement vigilant.
Pour cela, la jeunesse africaine devrait toujours se poser trois questions avant toute action politique : (1) quels sont les intérêts en présence ? (2) Quels sont les rapports de force et les coalitions possibles ? (3) A qui profite le crime ? Ces questions lui permettront toujours de se positionner en fonction des intérêts de son peuple.
Louis-Marie Kakdeu
http://www.cameroonvoice.com/news/article-news-16526.html
Education nationale : L’autel des sacrifices expliqué à ma grand-mère
Mozaïkrim – Qui se souvient des fameux états généraux de l’éducation nationale en juillet 2012 ? Comme d’habitude, et comme à l’issue des précédentes, il n’en est rien sorti. Et cette année encore, à quelques jours de la rentrée scolaire nationale, on assistera au drame national, devenu un véritable marronnier, de l’échec de toute une génération au bac, sacrifiée essentiellement sur l’autel d’une idéologie exclusive.
«Pour consolider l’unité nationale, il est impératif d’unifier l’enseignement dans le respect des nos identités arabe et négro-africaine et de notre volonté à demeurer ouverts au monde. Dans cette optique, une large concertation sur notre système éducatif regroupant toutes les composantes de notre société sera menée dans le cadre d’états généraux de l’éducation qui seront organisés à cet effet», écrivait en 2009 dans son programme de candidat à la présidence, Mohamed Ould Abdel Aziz.
Cinq ans après, c’est le statut quo, voire, l’état de déliquescence du système éducatif national s’est amplifié. Entre arabe, français et langues nationales, les élèves se sont perdus depuis belle lurette dans les limbes de l’éducation nationale.
Le tout pour des considérations idéologiques aujourd’hui, et qui furent stratégiques à une autre époque, comme l’expliquait il y a quelques années Moustapha Ould Bedredine de l’UFP, par ce témoignage accordé, en 1998, à Fresia Marion : “Les noirs-mauritaniens représentaient 80% des cadres de l’Etat mauritanien naissant. Alors l’état, essentiellement maure, a voulu rétablir les rapports de force en faveur de la communauté qu’il représentait majoritairement, en utilisant deux instruments: la langue et l’école”.
De ce point de vue, les éléments «refondateurs» de l’éducation, et par cette voie de la citoyenneté et de l’unité nationale (la vraie) tiendra nécessairement dans l’avenir, à cette inter-dépendance linguistique que les autorités devront rechercher dans l’éducation nationale.
«Les maures devront apprendre comme langue secondaire, une des autres langues nationales, et les noirs-mauritaniens, devront prendre forcément comme deuxième langue l’arabe. C’est le seul moyen de faire reparler entre elles les communautés, et construire un système qui fasse sortir des mauritaniens au socle éducationnel commun, et ainsi forger des hommes neufs pour notre pays de demain» insiste Ibrahima Sarr président du parti politique AJD/MR.
On sortirait ainsi de l’ornière de l’idéologie pseudo-nassériste, un complexe déguisé d’un groupuscule d’éléments actifs, encore plus depuis l’ère azizienne :
L’état sous Aziz, durant ces cinq dernières années, a démontré sa tendance (ravivée) à placer exclusivement l’arabe comme identifiant de l’homo-mauritanicus. On se souvient des propos (calculés) de l’ancienne ministre de la ministre de la culture (Cissé Mint Boyde) à l’UNESCO où seuls sont représentés des éléments culturels de la société maure, comme identifiants mauritaniens.
On se souvient, il y a deux ans, de l’interdiction faite à un député de se prononcer dans l’hémicycle dans une langue nationale, autre que l’arabe ou le français. On se souvient de Moulaye Ould Laghdaf il y a quatre ans, qui avait entamé ce sulfureux débat sur l’arabisation exclusive des communications administratives.
Après l’idéologie, la technique
Selon la plupart des professeurs entretenus, le baccalauréat devrait se présenter sous la forme d’un test de niveau, sanctionnant logiquement une année scolaire. «On ne recherche pas l’élite au bac, on cherche juste à savoir si un élève a le niveau moyen pour accéder à des études supérieures. Le bac est trop chargé au niveau des matières. Il n’est pas difficile au sens de la qualité, mais il est trop complexe: il y a tellement de matières que l’élève s’y perd. Il faudrait donc ramener chaque série à son essence», rapporte l’un d’eux.
Cette complexité découlerait de la suppression de l’oral au baccalauréat; celle-ci a été compensée par le fait que toutes ces matières orales ont été reportées à l’écrit. Sans tenir compte des conséquences manifestes qui ne manqueraient pas de ressortir, comme par exemple de voir un élève avoir un baccalauréat C sans avoir eu la moyenne en mathématiques ou en physique.
Une aberration donc. Le niveau des épreuves est resté le même depuis 1979 à aujourd’hui, malgré les réformes et le temps. «C’est donc le niveau des élèves qui a chuté, essentiellement du fait des mauvaises réformes entreprises. On doit remettre le bac à niveau pour arriver à un taux de réussite minimum de 45%. Actuellement on donne à l’élève l’illusion que le bac ne peut être obtenu qu’irrégulièrement», concluait le fondateur d’Al Baraka, Thierno Fall, dans un entretien que j’avais eu avec lui en 2007. Depuis ces sept ans passés, le constat de Thierno Fall vaut encore.
Par Mamoudou Lamine Kane