Daily Archives: 23/06/2011
Face à la colère de la rue, le président sénégalais renonce à sa réforme de la Constitution
Face à la colère de la rue, le président sénégalais Abdoulaye Wade a renoncé in extremis, jeudi 23 juin, à une réforme de la Constitution très impopulaire qui devait assurer son élection et le passage du pouvoir à son fils après son départ. La disposition en question, la plus décriée de son projet controversé de réforme constitutionnelle, devait abaisser à 25 % le seuil minimum des voix nécessaires pour élire un “ticket présidentiel” comprenant un président et un vice-président. Il devait suffire à l’un des attelages en lice de recueillir au premier tour 25 % des suffrages exprimés pour l’emporter, et donc être élu avec une très faible assise populaire. Le ministre de la justice, cheikh Tidiane Sy, a annoncé le retrait de cette mesure aux députés peu après l’ouverture de la séance plénière où elle devait être adoptée. Au même moment, l’hémicycle résonnait de temps à autre de tirs de gaz lacrymogènes et de canons à eau contre des manifestants qui jetaient des pierres à l’extérieur de l’Assemblée.
Ces heurts ont fait au moins 10 blessés, “dont un officier de police”, selon l’Agence de presse sénégalaise. Un journaliste de l’AFP a vu un gendarme blessé par un projectile, en sang. L’ambassade de France avait invité les Français à limiter leurs déplacements en raison “des manifestations de protestation ou de soutien au projet de réforme constitutionnelle” qui “sont à prévoir aujourd’hui, 23 juin, à Dakar comme en province”.
Jeudi, la France s’est dite “surprise” que cette réforme constitutionnelle “n’ait pas été précédée d’une large concertation”. “Sur la forme, on peut être surpris qu’une réforme aussi importante, présentée à moins d’un an d’une échéance électorale majeure, n’ait pas été précédée d’une large concertation avec l’ensemble des acteurs politiques du pays”, a déclaré le porte-parole du ministère des affaires étrangères français, Bernard Valero, sans vouloir faire de commentaire sur le fond de la réforme.
L’affaire du “ticket présidentiel” a enflammé la rue sénégalaise et diverses composantes de la société : jeunes, syndicats, opposition, société civile… Des manifestations, réprimées, ont eu lieu le 22 juin dans différentes villes comme Kaolack (centre), Ziguinchor (sud) et Dakar. Dans la capitale, des groupes de jeunes avaient été violemment dispersés par les forces de l’ordre, qui ont interpellé un nombre indéterminé de personnes. Parmi celles-ci figurent deux rappeurs, dirigeant le mouvement “Y en a marre”, engagé contre les “injustices” du régime d’Abdoulaye Wade, 85 ans, au pouvoir depuis 2000.
Le chanteur Youssou N’Dour est sorti de sa réserve en dénonçant “une forfaiture” qui “hypothèque l’avenir du pays”. Les Etats-Unis se sont déclarés “préoccupés”, tout comme l’Union européenne, par une réforme qui risque d’“affaiblir les institutions démocratiques du Sénégal”.
AFP
Manifestations : Alioune Tine agressé par des hommes de Farba Senghor
Le secrétaire général de la Rencontre Africaine de défenses des droits de l’homme, Alioune Tine, a été blessé lors de manifestations qui se déroulent en ce moment à Dakar contre un projet de modification de la Constitution.
Le leader de la Raddho aurait été attaqué par les nervis de Farba Senghor, chargé de propagande du Pds. M Tine, membre du mouvement « Touche pas à ma Constitution » aurait été grièvement blessé par les assaillants. Selon les dernières informations parvenues à SenewebNews, il se trouve au bloc opératoire de l’hôpital Principal de Dakar.
SENEWEB.COM
Avec qui, sur quoi et comment dialoguer ?
Parler de dialogue politique pousse inévitablement à se poser des questions essentielles et incontournables de savoir d’abord avec qui dialoguer, ensuite quel contenu donner à ce dialogue et enfin comment ce dialogue doit-il être conduit et vers quel but?Les réponses à ces questions permettront de situer les contours de cette problématique à l’ordre du jour dans le paysage politique national.Le dialogue entre les acteurs politiques notamment le camp du pouvoir et celui de l’opposition est revenu avec instance sur la sellette ces derniers jours en Mauritanie.
Mieux on s’achemine vers la mise en marche de ce processus autour duquel l’unanimité de la décision semble être trouvée. A priori, il s’agit de vouloir engager des pourparlers entre le bloc de la COD et le conglomérat des partis soutenant le président Aziz. Dans la pratique ce dialogue concerne plus des formations politiques qui se sont déclarées intéressées par un rapprochement avec le pouvoir avec ou sans les autres. Mais dans l’hypothèse où les autres grands de la COD trouvent un compromis satisfaisant poussant à aller dans les sens d’un modus vivendi avec le président se posera alors la question de trouver un cadre de concertation permanent entre les uns et les autres. Ce miracle post-électoral mauritanien serait–il donc le coup de grâce qui va consacrer l’apaisement de la situation politique dans le pays, la refondation de la démocratie et la promotion de la bonne gouvernance avec un accès de toutes les forces politiques dans la gestion de la Republika. ? Une hypothèse dont les chances de réalisation se trouvent limitées par certains points contenus dans la plate-forme proposée par la COD mais aussi par des préjugés qui entourent les rapports entre Aziz et une certaine opposition jugée hostile à la méthode de gouvernance « azizienne ». En effet, selon des indiscrétions ayant filtré du document élaboré par la Coordination de l’opposition démocratique (COD), les accords de Dakar reviennent au devant de cette plate-forme comme condition à toute discussion. Seul ce point risque de freiner la dynamique qui commence à naître. Les mêmes informations véhiculées évoquent entre autre dans le texte qui sera présenté comme base de discussion, les élections municipales et législatives, la loi électorale, le système républicain, la consolidation de l’unité nationale, la dépolitisation de l’administration, les changements anticonstitutionnels, la place et le rôle de l’armée ainsi que de l’indépendance de la justice. Autant de questions sur lesquelles les débats entre les différents acteurs pourraient faire avancer les positions. Dans le camp de la majorité, des grincements de dents se font sentir notamment dans certains milieux opposés à ce dialogue qui une fois abouti, ouvrirait la porte à l’entrée de l’opposition dans le gouvernement. Une éventualité dont on ne souhaite pas voir se réaliser dans les cercles de la majorité qui voudraient s’approprier seuls les faveurs de l’Etat. L’hypothèse la plus probable serait celle qui alignerait autour d’une table à la présidence tour à tour Messaoud Ould Boulkeir, Boidiel, Ould Waghf … les autres , et l’instigateur de ce dialogue taillé sur mesure, Ould Abdel Aziz. Une manière de donner une plus grande aura à son pouvoir et laisser les plus récalcitrants constituer ce qui restera de l’opposition démocratique amputée de l’un de ses membres influents. Tel serait l’objectif visé par l’homme fort du pays en complicité avec ses « nouveaux futurs alliés ».
Cheikh Tidiane Dia –LE RÉNOVATEUR.
Ce que pense Dr Lô Gourmo Abdoul du recensement actuel en Mauritanie” Chaque négro-africain est quasi-officiellement un étranger potentiel dans son pays.”
” Je suis allé personnellement me faire recenser. Malheureusement, tout ce qui a été dit s’agissant des extravagances et des dangers de cette opération se vérifie au-delà de ce que je craignais. Les députés, spécialement ceux de l’UFP, Bedreddine et Kardiata Diallo, se sont largement fait l’échos du désarroi des gens et des risques majeurs que coure le pays à vouloir persister dans la gestion unilatérale de ce processus vital pour les citoyens et pour la pérennité de toute vie politique et sociale normale. Le pouvoir est resté sourd. Une « administration » singulière, ad hoc, parallèle à l’administration formelle et taillée sur mesure pour les besoins d’une cause occulte, a été mise sur pied et officie à Nouakchott. Elle agit avec des structures incompétentes à le faire, et avec une composition clairement orientée, dans la confusion la plus complète, et l’absence la plus totale de procédures communes.
En conséquence, on assiste à un déchaînement, sans précédent, de pratiques discriminatoires et vexatoires à l’égard des plus humbles des citoyens et des communautés négro-africaines suspectées de fraude à la nationalité et d’usurpation d’identité. Chaque négro-africain est quasi-officiellement un étranger potentiel dans son pays. Les membres de ces « comités », comme on les prénomme, se donnent, désormais, le pouvoir arrogant de remettre en cause des documents officiels délivrés par l’Etat mauritanien (cartes d’identité infalsifiables initiales, actes de naissance, etc.).
Gare au Boghéen qui dit ne pas connaître M. Bâ Silèye ! « Quels versets de Coran connaissez-vous ? » ; « Etes-vous polygame, puisque les Halpular’ sont tous polygames ! ». «Etes-vous Peulh ou Toucouleur, puisque ce n’est pas la même chose »…etc…etc… A la moindre hésitation, vous êtes mis de côté pour plus amples vérifications ou renvoyés avec mépris. On enregistre qui on veut suivant des critères clandestins. Et, pour la première fois, ouvertement, on semble clairement vouloir dresser un fichier ethnique du pays !
Que pourrait-il en sortir ? Rien qui vaille sinon la confusion la plus totale et une toxicité de l’ensemble du processus avec, à la clé, des risques énormes de dérapage incontrôlable de notre débat national ! Il est impératif d’arrêter cette dérive et de remettre à zéro le compteur pendant qu’il est encore temps…”
Propos recueillis par EVEIL HEBDO
Commémoration de la journée internationale du réfugié : Conférence-Débat de Conscience citoyenne à Nouakchott
A l’occasion de la journée internationale du réfugié célébrée le 20 juin de chaque année, le mouvement Conscience citoyenne a organisé lundi dernier à l’espace culturel « Diadié Tabara Camara » une conférence débat riche en couleurs et forte en émotions sur le thème « les réfugiés mauritaniens, 22 ans après » .La conférence conjointement animée par M M.Aboubacry Silèye Bâ et Alassane Dia, respectivement président et porte-parole du mouvement, a été particulièrement rehaussée par la présence d’éminentes personnalités de la société civile telles M. Mamadou Sarr, président du FONADH, Mme Lalla Aîcha et de leaders historiques du landernau politique tels que Ba Mamadou Alassane du PLEJ, Ladji Traoré, Touré Mamadou et Coréra Issaga de l’APP. Il y avait également les organisations partenaires de Conscience citoyenne au sein du FLERE que sont l’IMEJ, l’IRA notamment, toutes deux fortement représentées.
En ouverture de la conférence, M.Alassane Dia a commencé par présenter le mouvement Conscience citoyenne avant d’aborder le vif du sujet par la lecture du témoignage de deux femmes sur la déportation du village de Ngawlé, témoignage particulièrement émouvant recueilli par Human Rights Watch Africa en 1989, et, pour finir, de lister les principaux axes du débat. Parole fut donnée ensuite à M. Aboubacry Silèye Bâ pour faire l’historique de la problématique des réfugiés. Ce fut ensuite au tour de Sarr Mamadou, président du Fonadh et ancien déporté lui-même de faire le point sur la situation des réfugiés rapatriés et de dénoncer les incohérences qui font que les populations réfugiées éparpillées dans les centres urbains du Sénégal (estimées à 5000 personnes environ) restent toujours en rade du retour organisé tandis que pour celles réfugiées au Mali, encore plus nombreuses puisqu’estimées à 10.000 personnes, il n’y a encore aucun début de solution. Dernier intervenant avant l’ouverture du débat à l’assistance, M. Aboubacry Khalidou Bâ, rapatrié arrivé du camp de Houdalaye près de Boghé, apportera un témoignage poignant sur les difficultés du quotidien dans ces camps initialement conçus pour être provisoires mais qui sont visiblement devenus des refuges définitifs.
Il est ressorti de ces différentes interventions que si le retour organisé des quelques 20433 réfugiés ‘à en croire les chiffres du ministère de l’intérieur au 31 décembre 2010) dans le cadre de l’accord tripartite entre la Mauritanie, le Sénégal et le HCR est en soi un point positif, le chemin est encore très long pour le règlement définitif de la question. Le problème des terres reste entier. Les situations sont en effet nombreuses dans lesquelles les rapatriés sont réinstallés dans des camps de fortune à proximité de leurs terres ancestrales occupées et exploitées par d’autres et dont l’accès leur est donc interdit. L’insertion des réfugiés par l’octroi d’emplois décents ou l’aide à la mise ne place de projets viables reste un vœu pieux. Autre problème et non des moindres, celui de l’état-civil. Beaucoup sont encore des apatrides parce que ne disposant d’aucun document d’identité. Seuls 60% de ceux qui sont rentrés disposent d’actes de naissance. Quant aux cartes d’identité, elles n’ont été que très parcimonieusement délivrées pour quelques rares « privilégiées ». Il faut y ajouter le problème de l’éducation des enfants. Nombreux sont en effet, ceux qui sont en rupture de scolarité faute de structures adaptées ou de structure tout court. Ces difficultés ont fait que certains se sont vus contraints de rebrousser chemin.
L’assistance fut ensuite invitée à prendre la parole : Bâ Mamadou Alassane, Touré Mamadou, Ladji Traoré, Bâ Mamadou Kalidou, Balla Touré, Coréra Issaga ou encore Abdoul Birane Wane et bien d’autres se succéderont au micro. Les intervenants seront unanimes à replacer le problème des réfugiés dans le cadre plus large de la question de la cohabitation entre nos différentes composantes nationales. Ils dénonceront l’entreprise de dénégrification du pays qui a conduit à ces drames des années 1990 et dont la déportation ne constitue qu’un épiphénomène. Les intervenants ne manqueront pas non plus à l’image de Lalla Aïcha d’appeler à la vigilance de tous par rapport à l’opération d’enrôlement des populations qui apparaît au fil des jours comme visant à exclure la communauté négro-mauritanienne. Le fonadh envisage d’ailleurs d’organiser un sit in ce jeudi 23 juin à 10 heures au ministère de l’intérieur en vue de demander l’arrêt de ce simulacre de recensement. Cette initiative a rencontré l’adhésion de toute l’assistance qui a été unanime à demander le recours à une action spectaculaire pour mettre fin à la mascarade.
La lutte continue!
Le correspondant de Flamnet à Nouakchott.