Avec qui, sur quoi et comment dialoguer ?
Parler de dialogue politique pousse inévitablement à se poser des questions essentielles et incontournables de savoir d’abord avec qui dialoguer, ensuite quel contenu donner à ce dialogue et enfin comment ce dialogue doit-il être conduit et vers quel but?Les réponses à ces questions permettront de situer les contours de cette problématique à l’ordre du jour dans le paysage politique national.Le dialogue entre les acteurs politiques notamment le camp du pouvoir et celui de l’opposition est revenu avec instance sur la sellette ces derniers jours en Mauritanie.
Mieux on s’achemine vers la mise en marche de ce processus autour duquel l’unanimité de la décision semble être trouvée. A priori, il s’agit de vouloir engager des pourparlers entre le bloc de la COD et le conglomérat des partis soutenant le président Aziz. Dans la pratique ce dialogue concerne plus des formations politiques qui se sont déclarées intéressées par un rapprochement avec le pouvoir avec ou sans les autres. Mais dans l’hypothèse où les autres grands de la COD trouvent un compromis satisfaisant poussant à aller dans les sens d’un modus vivendi avec le président se posera alors la question de trouver un cadre de concertation permanent entre les uns et les autres. Ce miracle post-électoral mauritanien serait–il donc le coup de grâce qui va consacrer l’apaisement de la situation politique dans le pays, la refondation de la démocratie et la promotion de la bonne gouvernance avec un accès de toutes les forces politiques dans la gestion de la Republika. ? Une hypothèse dont les chances de réalisation se trouvent limitées par certains points contenus dans la plate-forme proposée par la COD mais aussi par des préjugés qui entourent les rapports entre Aziz et une certaine opposition jugée hostile à la méthode de gouvernance « azizienne ». En effet, selon des indiscrétions ayant filtré du document élaboré par la Coordination de l’opposition démocratique (COD), les accords de Dakar reviennent au devant de cette plate-forme comme condition à toute discussion. Seul ce point risque de freiner la dynamique qui commence à naître. Les mêmes informations véhiculées évoquent entre autre dans le texte qui sera présenté comme base de discussion, les élections municipales et législatives, la loi électorale, le système républicain, la consolidation de l’unité nationale, la dépolitisation de l’administration, les changements anticonstitutionnels, la place et le rôle de l’armée ainsi que de l’indépendance de la justice. Autant de questions sur lesquelles les débats entre les différents acteurs pourraient faire avancer les positions. Dans le camp de la majorité, des grincements de dents se font sentir notamment dans certains milieux opposés à ce dialogue qui une fois abouti, ouvrirait la porte à l’entrée de l’opposition dans le gouvernement. Une éventualité dont on ne souhaite pas voir se réaliser dans les cercles de la majorité qui voudraient s’approprier seuls les faveurs de l’Etat. L’hypothèse la plus probable serait celle qui alignerait autour d’une table à la présidence tour à tour Messaoud Ould Boulkeir, Boidiel, Ould Waghf … les autres , et l’instigateur de ce dialogue taillé sur mesure, Ould Abdel Aziz. Une manière de donner une plus grande aura à son pouvoir et laisser les plus récalcitrants constituer ce qui restera de l’opposition démocratique amputée de l’un de ses membres influents. Tel serait l’objectif visé par l’homme fort du pays en complicité avec ses « nouveaux futurs alliés ».
Cheikh Tidiane Dia –LE RÉNOVATEUR.