Daily Archives: 29/06/2011
Y a-t-il volonté de sauver le recensement ?
Face aux multiples protestations du reste légitimes, que des citoyens mauritaniens continuent d’adresser aux autorités, demandant que cessent les attitudes irresponsables et vexatoires adoptées par les commissions chargées des opérations d’enrôlement des populations, la haute administration reste indifférente, à ce qui se passe dans les bureaux de recensements. Ni les débats à l’assemblée nationale, ni les dénonciations de la presse, qui a mené des enquêtes sur le terrain pour vérifier la véracité des faits, ni encore les lettres ouvertes adressées au président de la République, n’ont réussi à changer la situation.
Les méthodes policières et discriminatoires utilisées par les recenseurs pour imposer des mesures coercitives à une composante de la population nationale sont restées toujours les mêmes. Cette poursuite de ce qui s’apparente à un recensement sélectif et exclusionniste semble confirmer ce que d’aucuns soupçonnent comme étant des ordres venant du sommet de la haute autorité. Sinon rien ne doit justifier de telles mesures faites à ciel ouvert contre une communauté que l’on veut priver de ses droits élémentaires. De tels comportements constituent les pires atteintes aux droits de l’homme portées contre un citoyen par ses compatriotes qui s’arrogent le droit de donner ou de refuser la nationalité à leurs compatriotes sous le prétexte fallacieux qu’ils sont douteux. Qu’est –ce qui plus que les pièces d’état-civil peut justifier la nationalité d’un citoyen ? La couleur de la peau, la langue, sont –ils des critères objectifs de détermination de la nationalité. Qu’à cela ne tienne, un mauritanien né en Chine, au Brésil, en Afghanistan, etc… doit-il forcément parler l’arabe, pour mériter sa carte d’identité. Combien de personnalités mauritaniennes du gouvernement en place ont la nationalité étrangère, tout en gardant celle de leur pays d’origine ? Pourquoi alors vouloir marquer au fer de l’exclusion des mauritaniens détenant leurs pièces d’état civil en bonne et due forme parce que tout simplement ils ne parlent pas la langue hassayina ou ne savent pas situer sur une carte géographique Amourj pour prendre un des multiples cas survenus dans les bureaux. Triste pays que cette Mauritanie où à chaque fois que l’occasion se présente on s’acharne contre d’autres mauritaniens à qui on dénie la nationalité. Drôle de façon de prôner l’unité nationale et de clamer l’égalité entre des citoyens d’un même pays. Oboma ne serait pas le président de la grande et puissante Amérique s’il avait été traité de cette manière aux USA. Sarkozy non plus ne serait pas à la tête de la France civilisée, si un Hongrois n’avait le droit de devenir citoyen Français. Que dire d’être mauritanien avant l’existence de l’Etat et de la nation mauritanienne. Comme si tout ce qui a été commis à l’endroit de la communauté noire ne suffisait pas, on veut réinventer le concept de « mauritanité » pour priver de leurs droits ceux qui ont toutes les preuves de leur appartenance à ce pays et bloquer l’accès à l’état-civil ceux qui en ont été privés et qui cherchent à l’obtenir. Dans les deux cas de figure, la porte est fermée par les faux gardiens de la nationalité qui se raviseront tout d’un coup et à leurs dépens qu’ils marchent sur des braises …
Cheikh Tidiane Dia –Le Rénovateur
«Touche pas ma nationalité» veut arrêter «le recensement injuste»
Nouakchott-(Alakhbar) – Le recensement à vocation d’État civil, entrepris par le Ministère de l’intérieur, provoque beaucoup de craintes au sein de la population. Les citoyens mauritaniens sont confrontés à des obstacles incessants et tracassant, provoquant un sentiment partagé d’exclusion chez communauté négro-mauritanienne. Les réseaux sociaux sur l’internet se sont mis dans la lutte. Depuis, une semaine, sur Facebook, les jeunes nouackchottois et ceux de la diaspora négro mauritanienne, s’activent énergiquement pour dénoncer, ce qu’ils appellent “un crime programmé contre les noirs par l’Etat”. En effet, une page facebook a été créée sous le nom ” Ne touche pas à ma nationalité”. ” Je suis noir et Mauritanien” est le slogan partagé au sein du groupe, constate-t-on. Alakhbar info a interrogé, l’initiateur de ce groupe M.Yacoub Bâ et conseiller municipal à la commune de Sebkha.
Interpellé sur la naissance spontanée de ce groupe, Monsieur Bâ nous confie : ” Je suis conseiller municipal et de ce fait des personnes viennent me voir pour me parler des tracasseries et des humiliations qu’ils vivent au centre de recensement. Moi-même, j’ai plusieurs proches qui ont été injustement rejetés. J’ai décidé de créer ce groupe pour conscientiser et sensibiliser l’opinion publique sur les injustices que nous vivons quasi-quotidiennement depuis le lancement de cette opération ».
Je vous donne l’exemple de mon oncle qui s’appelle Abdallahi Niass, qui est de Debaye, dans le Trarza et qui a servi toute sa vie au ministère des Finances aujourd’hui à la retraite. II a été rejeté par un petit gars qui s’est mis à lui poser des questions du genre « Connaissez-vous untel ? Ou se situe Dabaye ?, ajoute le conseiller municipal. Pour le conseiller municipal, les objectifs le groupe « Ne touche pas à ma nationalité », se donne les objectifs suivants: “se faire entendre en organisant des sit-in, des manifestations voire plus, pour poser les conditions claires et justes pour tous les citoyens et faire arrêter ce recensement. Nous avons programmé en effet un sit-in jeudi 30 juin à 10 heurs, devant le centre d’accueil situé à la maison du livre de Sebkha.
Alakhbar a aussi interrogé des personnalités politiques investis dans la sensibilisation et la mobilisation du groupe. Pour Kaw Touré, le porte-parole des Forces de libération africaines de Mauritanie acteur au sein du groupe : “l´objectif du groupe n’est rien d´autre que celui de sensibiliser et mobiliser l´opinion nationale et internationale sur cette politique de “dénégrification” du pays. Après l’échec de la politique de la déportation physique des négro-mauritaniens en 89-90, maintenant on veut seulement leur bannir et les priver de leurs droits civiques à travers ce recensement honteux et abject, alerte-t-il.
Énergiquement engagé dans la dénonciation du recensement, Mohamed Abdallah pense que le groupe à besoin d’être ouvert à tous et même si on est certain que c’est un problème des noirs. On essaie de parler des autres puisque ce recensement posent aussi problème aux maures. On a par exemple créerle même groupe en arabe pour les mauritaniens qui ne lisent pas le français”. Pour lui, il reste de prouver les aberrations par des preuves à l’appui, notamment des témoignages des victimes, en se servant de Youtube, note-il.
Créé il y a deux jours, le groupe comptabilise déjà plus 300 membres issus de toutes les composantes nationales.
ALAKHBAR-INFO
DÉCÈS DE MBASSOU NIANG : Baba Maal perd un ami, un confident et un manager

Hadja Diaw GAYE Lasquotidien
Le recensement en Mauritanie : Chronique d’une exclusion programmée
Jamais, un recensement n’a fait autant de bruits en Mauritanie… Celui qu’administre, Mohamed Ould Boilil, le Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation est tout simplement abject et infâme. A la place de ce vieil homme qu’un enquêteur a obligé de parler la hassania, quelles questions seraient posées à monsieur le ministre par ce même fonctionnaire ? On aurait pu forcer à Ould Boilil de partir à Keur Mecéne, comme le ressortissant de Rosso à qui on a astreint à tort, d’aller bon gré malgré, se faire recenser dans sa ville natale, après avoir passé, toute sa vie durant, à Dar Naim. M. Ould Boilil aurait pu entendre cette honte . Une question posée à ce soninké, s’il ne fût pas, depuis 1976, un grand commis de l’Etat mauritanien. Et pourtant sans son parcours d’administrateur et de préfet, notre ministre serait peut-être placidement surpris et agacé par des questions sur ses origines harratines. Un petit enquêteur aurait pu vous forcer à lui refaire l’histoire de la moughataa de Keur Macéne et du Parc de Diawling.
Mais, l’histoire vous a épargné l’humiliation. Aujourd’hui, vous êtes déterminé d’abaisser tous les négros mauritaniens. Et avec eux, tout le petit peuple. Vous avez tout simplement récidivé. Il y a un an, vous vous évertuez, avec un cynisme hors pair, de nier l’existence des camps des réfugiés au Mali. Avec ce recensement, on voit clairement se profiler la chronique d’une exclusion programmée des halpulaarens, wolofs et soninkés de la Mauritanie.
Avec les temps qui courent, votre attitude ne nous indigne pas, elle nous trouble. Car somme toute, votre opération met toute une nation dans une confusion totale. Ce recensement… votre recensement n’est pas objectif, loin de là, il sabote les efforts consentis pour la réhabilitation de l’unité et la réconciliation nationales du pays. Le Président de la République l’ignore certainement, mais vous êtes entrain de conduire le pays vers un gouffre. Le saviez-vous ? Les mauritaniens sont assis désormais sur un volcan. De grâce…épargnez-les, de vos laves chaudes émanant de vos mauvaises intentions.
Je réitère les propos de Madame Kadiata Malik Diallo, votre recensement est un échec. Car au lieu d’identifier le citoyen, il l’égare, l’aveugle et le révolte. Comment on peut demander à un soninké, (peuple autochtone de ce pays) de lire la fatiha pour vérifier sa Mauritanité ? Depuis quand le coran est devenu un symbole national de notre pays?
Depuis l’indépendance de la Mauritanie, la volonté du système, appuyé par le chauvinisme de certaines personnalités au sein des instances dirigeantes, est celle d’exclure les noirs du pays. D’ailleurs le dire, c’est dévoiler un secret de Polichinelle. Et pourtant, nul n’en doute de l’existence d’un véritable recensement dissimilé quelque part dans les tiroirs de l’Etat. C’est un recensement dérangeant. Et depuis, on décrète une haine viscérale contre les négro-mauritaniens et le petit peuple.
La victimisation des noirs et des maures issus des « petits clans » est une volonté préméditée. Désormais, l’Etat livre une lutte des classes et des clans contre ses propres citoyens. Que l’on demande à un noir de situer Néma sur la carte géographique de la Mauritanie n’est pas un fait nouveau. Car les forfaitures préméditées par Ould Bolil et les chauvins retranchés dans le palais ocre ne datent pas d’aujourd’hui. Le cynique Taya avait tout testé avant eux.
Renvec 1998:” On demande à un citoyen analphabète sa date de naissance”. Elle répond, je pense que c’est l’année du mil (19??) ou l’année des rats ( 19 ??). En face de cette situation, monsieur état civil inscrit, volontairement et selon les directives données, une date approximative. Dans certains cas, le père et le fils ont eu cinq ans d’écart d’âge.
L’on obligeait également les recenseurs à se présenter à des heures de pointes pour éviter les personnes ressources. C’est pourquoi nombreux sont les Ranvec contenant des informations fournies par les cadets ou des personnes très âgées des familles mauritaniennes. On a aussi joué sur la déformation des noms. Combien de mauritaniens sont aussi pénalisés par cette bévue nationale ? Combien de Djeinaba ont vu leur nom se transformer en « Djeinébé » ect….
En 1998, le contexte social du recensement n’était pas favorable. L’opération fût entamée en Juin, juillet Aôut 1998. C’est une période de l’hivernage, le villageois cultive et surveille son champ du levé au coucher du soleil. La quête du pain quotidien l’emporte sur les soucis liés à son état civil. L’actuel maire de M’Bagne, Monsieur Diop Abdoulaye vient de tirer sur la sonnette d’alarme en alertant sur cette réalité qui risque de reproduire. D’ailleurs, le préfet n’est même pas sur place pour lancer l’opération. Peuple de Mbagne peut se concerter en entendant le retour de leur Hakem…
Et les éleveurs des dromadaires partis en transhumance à la recherche du pâturage ? Un petit souvenir de gamin monsieur le ministre… En juillet 1998, des maures venaient dans notre village en pleine campagne de recensement. Ceux-là, qu’on n’en doute même pas n’ont pas été recensés. Le Ministère de l’intérieur que fera-t-il pour ces oubliés du Renvec ? La fameuse feuille jaune suffit-elle pour cautionner ou douter de la Mauritanité d’un citoyen ?
Depuis sa nomination, le ministre de l’intérieur ne s’est intéressé qu’à la sécurisation des papiers de l’état civil. Il signe un contrat avec une société française pour dépouiller la nationalité mauritanienne à ceux dont l’Etat mauritanien a brulé en plein jour les papiers. Monsieur le Ministre, vous aurez eu le mérite de faire un petit tour à Boyguel Thillé ou à Houdaillah, ou encore dans les camps de la honte de la région de Trarza, pour constater, par vous même à la fois la fierté et le regret d’être mauritanien. Les 34000 réfugiés rapatriés dans le cadre du programme de l’insertion des réfugiés ont-ils reçu véritablement leurs papiers d’Etat civil. Certains sont rentrés au bercail depuis novembre 2007 ?
Enfin, dites-vous que le délit de faciès et le racisme exacerbé risquent de nous conduire vers le pire. L’humiliation de toute une frange de la communauté mauritanienne provoque une révolte imminente. Je suis convaincu que vous n’avez pas des réponses à toutes mes questions. Mais, avec l’Etat, on se plaint plus … car on sait qu’il encourage désormais les maladresses de ses dirigeants.
Bâ Sileye
sileye87