Daily Archives: 02/06/2011
Retour d’exil : Les FLAM sont-ils les bienvenus en Mauritanie ?
Durant leur dernier congrès tenu en France, courant mai 2011, les Forces de Libération des Africains de Mauritanie (FLAM) ont posé les jalons d’un retour au pays après plus de 20 ans d’exil. L’inamovible président de ce mouvement, Thiam Samba et les membres de son organisation ont exprimé ainsi le besoin de poursuivre leur combat sur le terrain et de partager le fardeau de leur lutte avec les forces de l’opposition locales. Mais les FLAM sont-ils les bienvenus en Mauritanie ? En attendant une enquête plus approfondie sur l’opportunité ou non du retour des FLAM en Mauritanie, qui compte ses partisans aussi bien que ses détracteurs, osons une première réflexion, jetée dans le tas, pour poser d’une manière générale et impersonnelle les enjeux d’une telle décision, au moment où tous les facteurs institutionnels, juridiques et même politiques ne sont pas encore totalement réunis.
Certes, la Mauritanie d’aujourd’hui est différente de celle qui avait poussé les sympathisants de la cause d’une Mauritanie multiraciale et égalitaire hors des frontières du pays, pour échapper à la vendetta de l’époque. L’espace des libertés s’est beaucoup élargi et la culture des droits de l’homme s’est imposée au cours de ces dernières décennies comme une donne incontournable dans les relations internationales.
Mais les démons du passé n’ont pas complètement été chassés du champ social où les rapports de force entre les différents acteurs continuent de sourdre sous fond de rivalité pour le maintient ou l’effritement de la puissance dominante. En plus, les FLAM n’ont pas totalement parfait leur image, restée dans l’imaginaire populaire maure gonflée de préjugés.
En effet, cette organisation est encore perçue comme une menace contre la communauté maure. Comme toute idéologie basée sur la race et l’ethnie, les FLAMS ne pourront en fait complètement investir le champ politique et y réussir que s’ils changent de fusil d’épaule et acceptent d’insérer leur discours dans une carcan beaucoup moins étroit, selon certains analystes.
Thèse vite battue en brèche par ceux qui relèvent l’existence sur le terrain d’une floraison de partis et de mouvances politiques à forte connotation ethniciste ou raciale, comme les Nasséristes, les Baathistes de toutes les obédiences, libyennes, syriennes, irakiennes et qui continuent fièrement d’avoir pignon sur rue.
Certainement encouragés par les démarches actuelles du pouvoir pour panser les blessures du passé, à travers une résolution, même partielle, du passif humanitaire, doublées de la décision historique de marquer les tombes des victimes tombées durant les purges des années de braise, les FLAMS pensent le moment venu de rentrer au pays. Mais cette décision intervient-elle à point nommé ?
Cheikh Aïdara- L’Authentique
Briser le mur de silence pour construire une mémoire
Il y a des hommes qui ne font plus parler d’eux. Du moins très peu. Alors qu’ils ne sont pas aussi avares en parole. Et surtout quand ce qu’ils disent peut servir la République.Tout simplement ils estiment que le moment de se taire impose ses lois. Et qu’il ne sert à rien de faire une apparition inutilement surtout si on peut se passer d’une polémique vaine.Si à priori ces hommes ont opté pour un choix qu’ils estiment « libre et juste », ils ne se mettent pas pour autant à l’abri de critiques ou de reproches à ne pas se prononcer sur des sujets brûlants.
Ils ne peuvent donc pas justifier de se garder toujours de parler surtout s’ils sont emmenés à s’exprimer sur des questions qui les interpellent directement quelque soit leurs natures. A certains moments ils doivent sortir de leurs réserves pour faire entendre leurs voix aux mauritaniens. Ces hommes ne sont pas seulement d’anciens présidents, d’ex- ministres, d’anciens DGSN, d’ex –patrons de la BCM, de hauts gradés à la retraite, de magistrats etc.… ils sont aussi des citoyens ordinaires ayant participé à la vie politique du pays. Ayant été témoins d’événements particuliers ou graves. Avec le temps, ils ont eu suffisamment à réfléchir et à ordonner leurs idées pour les livrer à l’opinion publique en guise de contribution au débat sur l’unité nationale , des questions comme l’esclavage, la gestions économique du pays et bien d’autres sujets d’intérêt public. Ce débat manque beaucoup en Mauritanie. Il y a quelques timides tentatives qui apparaissent dans les colonnes de nos journaux ou dans les sites électroniques et qui sont très édifiantes à bien des égards. Nos hommes politiques d’aujourd’hui manquent de méthode et de rigueur dans le discours surtout, ils ont du mal à se construire des visions claires sur toutes les questions importantes pour faire avancer les positions et briser les mythes et les tabous politiques et sociaux. A quoi sert –il de faire de la politique si on n’arrive pas à changer quelque chose. Et ce changement se fait par les idées et la force de la persuasion. A tout ce monde, à toutes ces forces silencieuses, nous disons que la meilleure richesse de l’homme c’est sa culture qui se reflète à travers l’originalité de sa pensée. Mais il faut avoir le courage d’assumer et de faire partager cette richesse qui est la seule qui vaille. La Mauritanie regorge de cerveaux à l’intérieur comme à l’étranger capables de transformer le destin politique social et économique du pays. Elle dispose d’éminentes voix qui ne font pas entendre leur timbre. Le silence devient coupable quand parler est une nécessité. Aujourd’hui le temps de la parole s’impose comme un devoir, un impératif moral. Il ne faut pas attendre qu’un événement majeur se produise pour se mettre à communiquer. Les sujets ne manquent pas pour inviter à instaurer en permanence un débat entre l’élite et le peuple. Et c’est parce que ce débat fait défaut que les erreurs sont commises par les politiques, des dérives autoritaires brouillent la clairvoyance et les tensions communautaires enveniment les relations entre les citoyens. A vous plumes pour inonder nos cerveaux assoiffées d’idées et de contradictions constructives !
Cheikh Tidiane Dia-LE RENOVATEUR
Conclusions du congrès des Flam : Soutien de l’unité et redéploiement local
Les Flam ont tenu fin mai dernier leur 7e congrès ordinaire annuel à Champs-sur-Marne, en région parisienne, en France. La première orientation retenue pour les actions futures du mouvement a porté sur la ferme volonté de cette organisation vivant à l’exil à contribuer au combat contre le retour des pratiques du passé et les errements racistes et génocidaires ayant compromis pour longtemps l’unité nationale. Le redéploiement, cette fois à l’intérieur du pays a été aussi vivement recommandé par le rapport sanctionnant les travaux des congressistes.
Venus des Etats-Unis, d’Afrique et d’Europe, les délégués des FLAM avaient débattu les 28, 29 et 30 mai derniers de la situation socio-politique en Mauritanie, du passif humanitaire, du sort des réfugiés négro-mauritaniens au Sénégal et au Mali, de la question agraire dans la vallée du fleuve Sénégal et de l’esclavage. Ils avaient procédé également au renouvellement des instances dirigeantes de leur mouvement, dont le conseil national et le bureau national. La résolution générale de cet important congrès ordinaire des Flam a été prise sur la base de plusieurs considérations dont entre autres selon ce mouvement « les différents changements intervenus à la tête de l’Etat depuis le coup d’état qui a renversé l’ethno génocidaire Maaouya Ould Sidi Ahmed Taya , la perpétuation par le système de la situation de marginalisation et de discrimination de la communauté noire par ces pouvoirs, l’impunité dont continue de jouir les auteurs de crimes commis contre la communauté Négro-mauritanienne et l’amorce du retour des déportés mauritaniens du Sénégal ». D’’autres points ont également été pris en compte dans l’établissement de ce résolution dont « le traitement inhumain réservé par les autorités mauritaniennes aux rapatriés, le refus des autorités mauritaniennes d’engager le rapatriement des déportés mauritaniens au Mali, le manque de volonté du régime à mettre en œuvre les lois criminalisant l’esclavage et les tentatives d’étouffement par le système sécuritaire en place des revendications de justice sociale et d’égalité raciale » ajoute les Flam qui accusent « le régime du général Mohamed Ould Abdel Aziz » de perpétuer dans les faits « le racisme d’Etat en vigueur depuis l’indépendance» soulignant que les avancées enregistrées dans la conquête des libertés et de la presse sont encore timides. Considérant aussi le large débat ouvert et démocratique au sein de toutes leurs structures, les rideaux du 7e congrès des Flam sont tombées sur des conclusions selon lesquels ce mouvement a affirmé sa détermination à contribuer au combat contre le retour des pratiques du passé et les errements racistes et génocidaires ayant compromis pour longtemps l’unité nationale. L’organisation a décidé également réinscrire son combat pour la justice, la démocratie et l’égale dignité entre les Mauritaniens à l’intérieur du pays, réaffirmant l’autonomie comme seul cadre adéquat pour la résolution de la cohabitation et engageant son bureau national) à entreprendre la mise en œuvre du processus de redéploiement de l’organisation en Mauritanie.
(Avec Flam _com) – Amadou Diaara- LE RÉNOVATEUR.