Daily Archives: 20/06/2011
Journée mondiale du Réfugié: déclaration du FONADH
La célébration de la Journée Mondiale du Réfugié qui coïncide cette année avec le 60 eme anniversaire de la Convention de Genève relative au statut des réfugiés, est une occasion pour le FONADH, de manifester une solidarité agissante à toutes les personnes obligées de vivre ailleurs que chez elles, notamment avec nos frères et sœurs originaires d’Afrique et d’ailleurs et vivant parmi nous, en Mauritanie.
C’est aussi l’occasion de rappeler à l’opinion publique nationale et internationale la situation des réfugiés mauritaniens au Sénégal et au Mali, en dépit de l’évolution récente de celle-ci.
S’il est vrai que des efforts non négligeables ont été consentis par l’Etat mauritanien, en partenariat avec celui du Sénégal et le HCR, pour le retour organisé et dans la dignité des milliers de personnes en exil forcé au Sénégal, il reste que l’opération est aujourd’hui inachevée.
D’après les estimations les plus courantes, plus de 5 000 personnes attendent toujours au Sénégal d’être rapatriées. Les mêmes sources indiquent que 9 000 autres personnes attendent, au Mali, leur rapatriement en Mauritanie.
Or, depuis décembre 2010, les opérations de « rapatriement organisé » et de « rapatriement assisté », ont été déclarées closes. Elles ont toutefois permis, depuis le 29 janvier 2008, le retour en Mauritanie de 20 484 personnes, anciennement réfugiées au Sénégal.
Les réfugiés au Sénégal et au Mali, non encore rapatriés devront encore vivre le calvaire de l’exil forcé, depuis 1989.
Les autorités mauritaniennes tiennent, selon leurs discours à préserver et renforcer l’unité nationale. Or, les déportations et les nombreux crimes de faciès de 1989 à 1990, constituent une entrave très profonde au ciment de l’unité nationale. Il faut donc des mesures vigoureuses et sérieuses pour contribuer à la cohésion sociale et à la réconciliation nationale.
Il faut noter à cet effet que les mesures prises par les autorités restent insuffisantes et ne répondent pas à toutes les attentes des victimes :
– le recensement des anciens fonctionnaires et agents de l’Etat, réalisé depuis janvier 2010, n’a connu aucune suite, en dépit des réunions de la Commission nationale créée par décision du Conseil des Ministres du 15 octobre 2009 ;
– l’indemnisation des veuves et orphelins des victimes des exécutions extra-judiciaires est non seulement non concertée, mais encore n’intéresse qu’une partie des victimes ;
– le recensement des sépultures est une décision non concertée et non préparée ;
– le recensement des victimes des forces armées et de sécurité est une opération comparable à la précédente.
C’est dire que même si la volonté politique de résoudre les problèmes était réelle, la mise en œuvre des solutions à ce qu’il est convenu d’appeler le « passif humanitaire » reste incomplète. Or, en matière de droits humains, l’omission n’est pas permise.
Il faut signaler qu’avant le début des opérations de rapatriement organisé, plus de 50 000 personnes étaient rapatriées, soit dans le cadre du PSIR, soit sans l’assistance d’aucune institution.
Ainsi, un seul réfugié qui exprime son désir de rentrer au pays qui demeurerait non rapatrié, amenuiserait tous les efforts consentis pour le rapatriement de plus de vingt mille personnes. Il en est de même des veuves et ayants droit et de toutes les autres catégories de victimes.
En effet, au moment où les autorités mauritaniennes veulent régler définitivement la situation des personnes victimes des douloureux évènements de 1989, quel sort sera réservé à cette catégorie ? En effet aucune mesure de réparation n’a été entreprise en leur faveur jusqu’à ce jour, ce que constitue une grande injustice.
Il est temps de terminer les opérations de rapatriement des réfugiés mauritaniens au Sénégal et de commencer celles concernant les réfugiés mauritaniens au Mali.
Il faut préciser que les 20 484 personnes rentrées depuis 2008, font face à des difficultés, liées notamment à :
- à l’accès aux terres de culture,
- à l’emploi et à
- l’obtention des pièces d’état civil.
Le FONADH saisit l’occasion de la célébration de la Journée Mondiale du Réfugié, pour lancer un appel pressant à toute l’opinion publique nationale et internationale, pour une mobilisation réelle et sincère, en faveur de la finalisation dans les meilleures conditions de dignité, de sécurité et de transparence, des opérations de rapatriement des réfugiés mauritaniens au Sénégal et au Mali.
Fait à Nouakchott, le 20 juin 2011
Les organisations signataires
1. Association des Femmes Chefs de familles (AFCF),
2. Association Mauritanienne des Droits cde l’Homme (AMDH),
3. Association Mauritanienne pour la Promotion de la Langue et de la Culture SOONINKE (AMPLCS),
4. Association pour la Renaissance du Pulaar en RIM (ARPRIM),
5. Association pour le Renforcement de la Démocratie et de l’Education Citoyenne (ARDEC),
6. Comité de Solidarité avec les Victimes des Violations des Droits Humains en Mauritanie(CSVVDHM),
7. Groupes d’Etudes et de Recherches sur le Démocratie et le Développement Economique et Social (GERRDES),
8. Ligue Africaine des Droits de l’Homme (Section Mauritanie),
9. Ligue Mauritanienne des Droits de l’homme (LMDH),
10. Regroupement des Victimes des Evénements de 1989- 1991 (REVE),
11. Collectif des Veuves,
12. SOS – Esclaves.
A l’approche des élections, les députés de la majorité se confondent en lapsus
Il existe des lapsus verbaux qui sont très indisposant pour leurs auteurs, voire même humiliants, reflétant généralement une conscience dissimilée qu’on s’efforce considérablement de garder pour soi, avant qu’ils ne se dérobent, dévoilant des personnages doublés, qui militent pour des objectifs contradictoires, sinon politico-mercantiles tout en manifestant un dynamisme inverse
Quand un parlementaire vient rappeler au sein de l’assemble nationale que les efforts déployés par Ould Taya pour hisser la langue arabe sont louables, on se demande s’il ne s’agit pas d’un lapsus d’un genre particulier, cette fois d’ordre social, sinon intellectuel, dont les défenseurs regardent sous un prisme très étroit toute une nation multiraciale, mettant en premier leurs propres égoïsmes au lieu de servir une cause plutôt nationale.
Ce serait plutôt diplomatique de dire que l’arabe a connu un recul ces dernières années, sinon qu’il a besoin d’être soutenu au même degré que les autres langues pour mieux souder le pays et harmoniser sa cohésion.
Mais, être un député de la majorité fidèle pendant trois années, et tenir un langage pareil, fait plus mal qu’une défection, à moins qu’il existe bel et bien une réelle intention vindicative à exprimer, malheureusement de la manière la plus drôle, à l’endroit du président de la république Mohamed Ould Abdel Aziz.
Sinon, peut être que cette frousse ne laisse plus les députés dormir depuis l’annonce d’élections législatives en octobre prochain, certains que pour être reconduits, il fallait bien mériter la confiance du boss.
Un objectif raté ne laissant que de rares occasions pour s’essayer à des sorties voulues héroïques, d’abord comme l’avocat du diable Kadhafi, ensuite, pour réveiller les démons que le chef du gouvernement et la ministre de la culture avaient profondément regretté de tirer de leur sommeil.
Mohamed Ould Mohamed Lemine –Le Rénovateur
Urgent/Les jeûnes manifestent contre la commune à Kaédi
Dans la matinée du lundi 20 juin, des jeunes ont manifesté au marché de la ville de Kaédi. Ils se sont ensuite dirigés vers la Mairie pour continuer leurs protestations. Cause de ces manifestations : Il aurait été attribué à un Monsieur une place stratégique du marché municipal de Kaédi. Ce monsieur serait un proche du wali du Gorgol. La place en question est celle qui était occupé il y a quelques années par de vieux vendeurs de perles. L’attributaire de cette place y a érigé un hangar qui a été démoli ce matin par les manifestants composés essentiellement, selon nos informations, de jeunes du quartier de Touldé et de commerçants.
La police a dispersé la manifestation à coup de gaz lacrymogène et a procéder à quelques interpellations. Les jeunes interpellés ont été libérés. Le Wali aurait ordonné la suspension de toute occupation de la « place des vendeurs de perles » en attendant le retour à Kaédi du maire. Le marché municipal fait en effet partie du patrimoine de la commune. Et, l’attribution des places y relève de prérogatives de cette commune.
Khalilou Diagana- CRIDEM
Enrôlement de la population : Des mauritaniens noirs humiliés et rejetés par les recenseurs
Qui est mauritanien, qui ne l’est pas ? L’opération d’enrôlement de la population qui est en cours ressemble à une entreprise de construction d’une ‘mauritanité’ dont certains sont en train de se sentir injustement exclus… Mbaye Babacar Sèye qui a servi dans l’armée mauritanienne a été rejeté par les agents recenseurs de Riad. Ils lui auraient conseillé d’aller se faire recenser à Rosso. Pourtant, selon lui, les agents lui ont signifié que les ordinateurs ont perdu plusieurs dossiers du Trarza dont le sien.
A plus de soixante, Babacar Sèye s’est senti « humilié et maltraité par les agents recenseurs du centre de Riad ». « Ils m’ont demandé de relater mon enfance !» Dit-il, indigné. « J’ai, quand même, 63 ans. Je peux être votre père. Comment voulez-vous que je vous parle de mon enfance. Je dois parler de mon enfance et de ma vie pour me recenser ? Quand même ! », a rétorqué Mbaye Babacar Sèye aux agents recenseurs qui lui auraient ensuite demandé s’il va fréquemment au Sénégal. Une question à laquelle il a répondu par l’affirmative. Un oui qui lui aurait porté préjudice sans qu’il le sache. Mbaye Babacar Sèye témoigne :
« Je m’appelle Mbaye Babcar Sèye. Je suis né le 20 décembre 1948 à Keur Mour au Trarza. J’ai un acte de naissance signé par un toubab qui date de 1954. Donc, je suis plus ancien que l’indépendance de la Mauritanie. Lorsque j’ai appris qu’il y a un recensement, je suis allé me renseigner auprès de l’imam de mon quartier. C’est ce dernier qui m’a dit de partir à Dar El Kitab de Riad. Je suis allé là- bas le 14 mai. On m’a dit qu’il faut au préalable se faire enregistrer et prendre un rendez- vous. Le gardien qui m’a enregistré m’a donné rendez-vous le 15 mai à 3 heures du matin. C’était un dimanche. Quand je suis arrivé, j’ai trouvé des dizaines de personnes. Parmi elles, mon ancien camarde de promotion Oumar Sall. C’est un ancien policier. C’est à 9h30 que nous avons été reçus par un brigadier de police. Il a remis à chacun un ticket qui portait un numéro. Moi, j’avais le numéro 3. Quand j’ai été reçu par les agents recenseurs, ils m’ont posé énormément de questions humiliantes quand j’ai déposé les papiers qu’il fallait : un extrait de naissance, une copie de la carte d’identité et une copie du recensement. Ils m’ont demandé encore d’autres papiers. D’abord, ils m’ont demandé ce que j’ai fait dans mon enfance. ‘Je peux être votre père. Comment voulez-vous que je vous parle de mon enfance. Je dois parler de mon enfance et de ma vie pour me recenser ? J’ai 63 ans quand même !’ Puis, ils m’ont dit : ‘quel pays avez-vous fréquenté ?’ Je leur ai dit que j’ai fait la France et le Sénégal. Ils m’ont demandé quand je suis allé au Sénégal pour la dernière fois. Je leur ai dit que j’y vais tous les trois mois parce que je suis talibé Tidjane.
Quand je leur ai dit que j’ai fait le service militaire, le plus jeune m’a offensé par ses propos. Il m’a demandé si j’avais pris ma retraite. Comme j’ai répondu ‘non’ il m’a demandé si j’avais été révoqué. Malgré tout je suis arrivé à me maîtriser.
Après ces questions humiliantes, ils m’ont demandé où était mon père. Je leur ai dit que mon papa est décédé en 1988. Ma maman ? Je leur ai dit qu’elle est décédée en 2007. Ils m’ont dit d’apporter le certificat de décès de ces deux personnes là. Je leur ai dit que mon père est décédé au village et qu’il fallait que je m’y rende pour chercher ledit certificat. L’agent m’a alors dit que ce n’était pas la peine et qu’il suffisait de voir un Cadi à Nouakchott. Une façon de me demander de faire usage de faux. Je suis allé chercher dans les archives de mon père, sa carte d’identité. Quand je partais, il m’a assuré qu’au retour je n’aurais pas besoin de faire le rang et qu’il suffisait de se présenter. Mais quand je suis revenu, ils ne m’ont pas reçu tout de suite. Je suis resté sous le soleil jusqu’à 16h. Quand j’ai été reçu, ils ont recommencé l’interrogatoire. Cette fois c’est un ‘bidhane’ qui parle wolof qui m’a interrogé. Encore les mêmes questions.
Finalement, ils m’ont rejeté, c’est tout. Ils m’ont dit que l’ordinateur n’accepte pas le numéro qui est sur mon acte de naissance et qu’au niveau du Trarza, l’ordinateur a perdu un certain nombre de dossiers dont le mien. Je leur ai présenté plus de dix dossiers qui ont tous été rejetés. Ils m’ont conseillé de me rendre à Jedrel Mohguen pour me recenser. Comme si Jedrel Mohguen ne faisait pas partie de la Mauritanie. »
Des mauritaniens qui décident de la ‘mauritanité’ de leurs compatriotes, simplement, par la couleur de leur peau. Des exemples comme de Babacar Sèye, il y en a plusieurs. Les dysfonctionnements de l’opération d’enrôlement ont pourtant été signalés par plusieurs acteurs et leaders d’opinions…
L’IRA de Biram Ould Abeid pense que l’objectif des autorités est de maintenir ‘un équilibre artificiel’. Toutes ces manœuvres, selon elle consistent à diviser.
‘Des touaregs ont envahi la Mauritanie en 1992, à la faveur de la guerre civile au Nord du Mali, tandis que des sahraouis étaient déjà, omniprésents dans le pays’ peut-on lire dans ‘Le Calame’ de la semaine dernière.
L’organisation de Biram Ould Abeid est la seule pour le moment à dénoncer ce cinéma. Elle a mis en garde le pouvoir ‘contre les risques de tensions que pourraient engendrer le détournement et la réduction d’une opération d’une importance capitale, pour le pays en une entreprise sectaire, visant au renforcement et à l’accélération de la dérive ethnique du pouvoir.’ L’IRA engage les autorités à renoncer à la division aussi absurde qu’inacceptable, de la communauté Peulh en Fulbé et Halpulaar. Elle exige, des autorités, la révision des procédures d’enrôlement, afin d’assurer, à tous les mauritaniens, un accès égal à l’état-civil.
Mamadou Sy- LA TRIBUNE (MAURITANIE)