Daily Archives: 22/06/2011
Conscience citoyenne : Le problème posé par la déportation reste entier
Que dire du problème posé par la déportation orchestrée par les pouvoirs publics, à l’encontre des milliers des négro-mauritaniens, en 1989? A en croire le régime, le problème est en voie de résolution. Mais dans les faits le calvaire des personnes victimes de la déportation «perdure aujourd’hui encore». C’est ce qu’a laissé entendre le docteur Dia Alassane, porte-parole de Conscience citoyenne, au cours d’une conférence organisée lundi dernier à l’Espace culturel Diadié Tabara, à l’occasion de la célébration de la Journée internationale du Réfugié.
Les autorités parlent du retour de plus de 20.000 déportés, mais ces populations qui sont revenues au bercail, sont devenues en fait «des réfugiés dans leur propre pays», tonne d’entrée le docteur Dia. «Le problème de leurs terres reste entier», poursuit-il. En somme, les victimes des déportations sont aujourd’hui privées de leurs terres. Celles-ci ont été expropriées, et vendues pour certaines à des industriels venus d’Asie.
Que dire de l’insertion des victimes de déportation ? «Il demeure un vœu pieux», dit le docteur Dia. En somme, la mise en place d’une agence destinée à réinsérer les victimes de déportations, le recensement effectué pour déterminer le nombre des personnes devant bénéficier d’une réinsertion ne sont que la poudre aux yeux. Par ailleurs, le porte-parole a laissé entendre que la plupart des victimes sont aujourd’hui des apatrides car ils sont privés des pièces d’état civil.
Le problème de l’éducation lui aussi demeure entier, selon le docteur Dia. Face aux problèmes de scolarisation des enfants, d’état civil, des terres, certains negros-mauritaniens revenus dans leur patrie, après plusieurs années d’exil, ont été simplement obligés de rebrousser chemin et traverser le fleuve pour se retrouver au Sénégal. Rappelons que Conscience citoyenne est une organisation politique qui se veut à l’avant-garde du combat de la justice.
Samba Camara-LE RÉNOVATEUR
Silence coupable des Négro-mauritaniens… et des intellectuels arabes
Il se passe comme un désir d’occultation, au sein de la communauté négro-mauritanienne, où beaucoup se sentent, pourtant, «visés» par l’enrôlement des populations, lancé depuis plus d’un mois. Le moindre citoyen lambda de cette communauté redoute, à tort ou, plus souvent, à raison, le face-à-face avec une des commissions d’enrôlement. Pendant que ces pauvres populations sont taraudées par l’inquiétude et la peur d’un lendemain incertain, hauts cadres de la communauté, voire de certaines organisations de défense des droits de l’Homme, se sont murés dans un silence que d’aucuns n’hésitent plus à qualifier de coupable, depuis le démarrage de l’opération. On se contente d’en parler dans les salons et les transports collectifs. Quasiment aucun n’a osé en dénoncer, publiquement, les procédures et les questions à la tête du client.
Hormis les parlementaires, dont il faut saluer, ici, la pertinence des interventions et critiques du projet, mijoté dans une «opacité douteuse», et exécuté dans un «black-out total», les autres personnalités censées défendre l’unité et la diversité de la Mauritanie semblent avoir retrouvé leurs réflexes des années 89-91. Mais, tout de même, il convient de magnifier, en sus de la réaction des parlementaires, la position de l’IRA. L’organisation de Biram Ould Dah a dénoncé, vigoureusement, l’entreprise d’exclusion de certains mauritaniens, visée par l’opération d’enrôlement. Où sont passés ceux qui prétendent que la Mauritanie nouvelle est sur la bonne voie, qu’elle va liquider, définitivement, le passif humanitaire et consolider l’unité nationale?
Comme le proclament certains négro-mauritaniens et haratines, la question, fondamentale, à régler d’urgence, est celle de la cohabitation des différentes composantes du pays, non des indemnisations des victimes des évènements de 89-91 et des diverses tentatives de coup d’Etat. Ce qu’il faut, c’est avoir le courage et la témérité de dénoncer les tares de cette Mauritanie nouvelle qui avait suscité, à sa naissance, un immense espoir, en promettant le rétablissement d’un Etat de Droit, avec une justice indépendante, l’éradication de la gabegie et la répartition équitable des ressources du pays. Que de chimères!
Curieusement et excepté l’UFP qui a publié un long communiqué, objet de l’intervention de l’honorable député Kadiata Malick Diallo, les autres partis politiques ont fait profil pas. On peut entendre l’embarras de certains d’entre eux mais, ce qu’on ne peut ni comprendre ni tolérer, c’est le silence des intellectuels maures, si prompts à marcher pour les Irakiens, les Libyens ou les Palestiniens. On est loin du défunt MDI qui avait osé dénoncer, en 1989, dans un océan de silence, les massacres et les déportations des Négro-mauritaniens. Les amis de Jemal Ould Yessaa, Abdallahi Ould Kebd, Béchir Ould Moulaye El Hassan, des étudiants maures, avaient, à l’époque, accepté d’aller en prison, pour défendre leurs concitoyens négro-mauritaniens. Ils avaient posé un jalon, historique, dans la construction d’une Mauritanie égalitaire et fraternelle. Qui se proclame, aujourd’hui, solidaire de ces valeureux patriotes?
Dalay Lam-LE CALAME
L´Édito du Calame: quand la Chine pêchera
Depuis plus de trois semaines, on ne parle que d’elle. La presse en a fait ses choux gras. Le Calame lui consacre, cette semaine, une enquête fouillée. L’Assemblée en a débattu, de long en large, évoquant ses effets pervers et ses désastreuses conséquences. Avant de l’approuver, grâce à une majorité qui n’en finit pas d’avaler des couleuvres. Elle, c’est la convention de pêche que la Mauritanie vient de signer avec une société chinoise. Poly-HonDone Pelagic Fishery Co., c’est son nom, à qui l’Etat octroiera 60.000 mètres carrés, à Nouadhibou, pour ses installations, bénéficiera d’un quart de siècle de passe-droits mirobolants et d’énormes avantages, avec des garanties juridiques appuyées: exonération de l’Impôt Minimum Forfaitaire (IMF); déduction annuelle de 20% des investissements, pendant cinq ans, sur le bénéfice imposable; réduction de 50% de la Taxe de Prestation de Service (TPS), sur le coût des opérations bancaires contractées auprès des institutions nationales; exemption totale de patente ou tout autre impôt pouvant s’y substituer. En plus de la possibilité de pêcher, piller devrais-je dire, presque tout ce qui bouge dans nos eaux territoriales.
Du coup, Poly-HonDone constituera, grâce à ce sésame, une petite enclave chinoise de non-droit en Mauritanie. Tout ça pourquoi ? Parce que sa compagnie-mère vend des armes dont notre armée a besoin. Quitte à épuiser nos ressources halieutiques? A tuer tout un pan de notre économie? A envoyer des milliers de gens au chômage? A condamner, à terme, des sociétés nationales, des bateaux, des usines de transformation et de stockage, à mettre la clé sous la porte? Parce que notre armée, dont la seule vocation, depuis 32 ans, est de se maintenir au pouvoir, veut des armes, le pays peut être bradé. Le poisson, le fer, l’or, le cuivre, tout le budget de l’Etat, s’il le faut. Pourvu que nos soldats obtiennent ce qu’ils désirent. Et en dehors de tout contrôle, s’il vous plaît. L’inspection d’Etat, la Cour des comptes et la Police économique sont réservées aux civils. Nos chefs militaires sont soit étrangers – donc non soumis à la législation mauritanienne – soit tous honnêtes et n’ont pas besoin d’être contrôlés. Ne dit-on pas, à juste titre, que la Mauritanie est le seul Etat au monde où l’armée a son pays et en fait ce qu’elle veut?
Autre exemple de l’intrusion de l’armée dans le secteur de la pêche: la délégation qui négocie le nouvel accord avec l’Union européenne est dirigée par un lieutenant-colonel, retraité et parachuté conseiller du ministre des Pêches, et comprend un colonel en exercice, dont la fonction équivaut à un chargé de mission, au même département. Une entorse au règlement militaire et au statut de la Fonction publique. Le premier round des négociations, qui vient de se dérouler à Nouakchott, n’a été qu’une formalité. Notre négociateur en chef a demandé qu’on passe, directement, aux annexes, comme si les termes de l’ancien accord étaient reconduits tels quels, sans considération d’une quelconque évaluation. Seule «nouveauté»: certains bateaux européens seront, désormais, obligés de débarquer à Nouadhibou. Leurs produits ne seront, pourtant, ni traités ni stockés, dans cette ville, et leur vente ne passera pas par la SMCP. Ils paieront, juste, les frais d’accostage au port, en attendant que leur cargaison soit transbordée vers le navire qui l’amènera en Europe ou au Japon.
Les militaires et le poisson, la nouvelle idylle de l’été. Suivant l’exemple chinois. Mais nos képis étoilés doivent juste garder en tête que, quand la Chine pêchera, la ressource, à coup sûr, périra…
AOC-LE CALAME
Aux militaires : Outouma Soumaré n’a pas besoin de vous !
On vient d’apprendre avec stupéfaction que l’hôpital militaire vient de rompre le contrat du neurochirurgien Pr Soumaré avec ordre de cesser sur-le-champ toute activité dans cet hôpital même si, comme le fit remarquer le Professeur, des opérations sont déjà programmées ! Pourquoi tant de précipitation pour en finir avec les activités du Professeur ? Quel mépris pour les pauvres patients mauritaniens qui avaient la chance d’avoir affaire à un tel médecin génial grâce à Dieu, musulman engagé et politicien convaincu !
Bien sûr à l’image du PM qui donna l’exemple, les hauts gradés et les nantis de ce système de la mort n’ont besoin ni du Professeur Soumaré ni de l’hôpital national ni militaire, en cas de besoin ils vont en Europe comme le PM ! Pendant ce temps, nous autres on peut toujours crever ici entourés de bras cassés à quelques exceptions près !
C’est une vieille technique consistant toujours à retirer le pain de la bouche de quiconque se permet de faire de la politique hors des champs tolérés mais le professeur n’a pas besoin de vous ! Il peut à l’instant quitter la Mauritanie et travailler dans les meilleurs hôpitaux du monde où il sera accueilli les bras ouverts avec un chèque en blanc !
Pourquoi un tel mépris de la santé des mauritaniens ? Pourquoi ne pas attendre au moins qu’il finisse les opérations programmées ? Ce Professeur, au-delà de tous les gens qu’il a sauvés, a sauvé sous nos yeux un pauvre artiste peintre sans le sou condamné à être paralysé sans une opération délicate qu’il pratiqua à l’hôpital militaire et sans laquelle le jeune peintre était fini à défaut de trouver des fonds introuvables pour aller se faire opérer ailleurs sans plus de chance de succès !
Qu’a fait le Professeur Soumaré que je ne connais personnellement pas ? Il est à la tête d’un parti que je rejoindrais volontiers ! Parti qui dit haut et fort que l’arrestation de Moulaye el Arby est un scandale ! Est-ce pour ça qu’on prive les patients de ce talent ? Est-ce parce que ce Soninké est devenu trop célèbre ? Encore et toujours la jalousie ! Est-il incorruptible ?
Venant du pouvoir, tout cela est pitoyable ! C’est la réaction d’un pouvoir jaloux du talent des mauritaniens s’ils sont noirs harratines et même maures et qu’ils refusent de cirer les bottes des ignorants médiocres arrogants et jaloux qui aiment humilier et profiter de l’état et de l’armée nationale pour écraser les valeureux fils de ce pays !
On se souvient que ce même professeur a failli être écrasé volontairement par la voiture d’un « doyen » de la fac à base d’insultes racistes !
Elle est belle la Mauritanie manivelle !
Chez VLANE
Le FONADH célébre la journée mondiale du réfugié “il ne saurait y avoir de réconciliation sur l’injustice “
Le FONADH a exigé, ce lundi 20 juin, une « reprise immédiate du processus de rapatriement des réfugiés mauritaniens au Sénégal et en Mauritanie ». Cette requête a été formulée au cours des festivités célébrant la journée mondiale du réfugié. Le président du PLEJ, Ba Mamadou Alassane, a souhaité, lors d’une intervention « une large sensibilisation des populations sur l’épineuse question des déportations et des injustices criantes dont les communautés négro mauritaniennes continuent d’être victimes ». Le secrétaire général de l’APP Ladji Traoré a déploré le manque de courage » des communautés, lors des déportations de 1989 en ne s’y opposant pas farouchement.22 ans après, on vit de nouveau un drame qui se produit sous nos yeux à savoir l’accaparement des terres des paysans. Selon Traoré, il va falloir poser les vrais problèmes avec force. Il a souhaité une réinsertion sociale des rapatriés. Il a dénoncé l’attitude des autorités qui s’évertue à ignorer l’application effective des lois réprimant l’esclavage. Mais aussi de leur volonté à mettre en application un code de l’Etat civil discriminatoire qui restreint les conditions d’acquisition de la nationalité mauritanienne. Il indiquera qu’il ne saurait « y avoir de réconciliation sur l’injustice » avant de conclure, il dira que la « citoyenneté se mérite ».Le FONADH compte dépêcher, jeudi 23 juin, une délégation au ministère de l’intérieur pour protester vigoureusement contre l’enrôlement sélectif et le délit de faciès enregistré dés le démarrage de cette opération. Une lettre de protestation signée par l’ensemble des organisations des droits de l’homme sera remise à Mohamed Ould Boilil. Les responsables du FONADH tiendront un sit in avant de se rendre au Sénat et à l’assemblée nationale où la même lettre sera remise aux présidents des deux chambres. Les responsables du FONADH comptent rencontrer les leaders des partis politiques. Si cette opération de farce n’est pas arrêtée, nous allons droit au mur ».C’est pire que 1989, renchérit Lalla Aïcha, présidente du Collectif de solidarité avec les veuves et les victimes de la répression. « C’est une opération dressée contre les négro mauritaniens ».Les actions d e protestation contre l’accaparement des terres et les difficultés de se faire enrôler vont se poursuivre, renseignent Sarr Mamadou, président du FONADH. Mesures insuffisantes Le FONADH a saisi la célébration de la journée mondiale du réfugié pour rappeler à l’opinion nationale et internationale la situation des réfugiés mauritaniens au Sénégal et au Mali,en dépit de l’évolution récente de celle-ci. S’il est vrai que des efforts non négligeables ont été consentis par l’Etat mauritanien, en partenariat avec celui du Sénégal et le HCR, pour le retour organisé et dans la dignité des milliers de personnes en exil forcé au Sénégal, il reste que l’opération est aujourd’hui inachevée ». D’après les estimations les plus courantes, plus de 5 000 personnes attendent toujours au Sénégal d’être rapatriées. Les mêmes sources indiquent que 9000 autres personnes attendent, au Mali, leur rapatriement en Mauritanie. Or, depuis décembre 2010, les opérations de « rapatriement organisé » et de « rapatriement assisté », ont été déclarées closes. Elles ont toutefois permis, depuis le 29 janvier 2008, le retour en Mauritanie de 20 484 personnes, anciennement réfugiés au Sénégal. Les réfugiés au Sénégal et au Mali, non encore rapatriés devront encore vivre le calvaire de l’exil forcé, depuis 1989.Le FONADH fait remarquer que les « autorités mauritaniennes tiennent, selon leurs discours, à préserver et renforcer l’unité nationale. Or, les déportations et les nombreux crimes de faciès de 1989 à 1990, constituent une entrave très profonde au ciment de l’unité nationale. Il faut donc des mesures vigoureuses et sérieuses pour contribuer à la cohésion sociale et à la réconciliation nationale. Le FONADH juge « insuffisantes » les mesures prises par les autorités.En effet, le recensement des anciens fonctionnaires et agents de l’Eta, réalisé depuis janvier 2010, n’a connu aucune suite, en dépit des réunions de la Commission nationale créée par décision du Conseil des Ministres du 15 octobre 2009 ; l’indemnisation des veuves et orphelins des victimes des exécutions extra judiciaires est non seulement non concertée, mais encore n’intéresse qu’une partie des victimes ;le recensement des sépultures est une décision non concertée et non préparée. C’est dire, ironise le FONDAH, que même si la volonté politique de résoudre les problèmes était réelle, la mise en œuvre des solutions (…) reste incomplète ».Le FONADH estime qu’il est temps de terminer les opérations de rapatriement des réfugiés mauritaniens au Sénégal et de commencer celles concernant les réfugiés mauritaniens au Mali ».Il faut préciser que les 20 484 personnes rentrées, depuis 2008, font face à des difficultés, liées notamment à l’accès aux terres de culture, à l’emploi et à l’obtention des pièces d’état civil. Ainsi, le FONADH saisit l’occasion de la célébration de la journée mondiale du réfugié, pour lancer un appel pressant à toute l’opinion publique nationale et internationale, pour une « mobilisation réelle et sincère », en faveur de la finalisation dans les meilleures conditions de dignité, de sécurité et de transparence, des opérations de rapatriement des réfugiés mauritaniens au Sénégal et au Mali.
Compte rendu THIAM-LE CALAME