Le FONADH célébre la journée mondiale du réfugié “il ne saurait y avoir de réconciliation sur l’injustice “
Le FONADH a exigé, ce lundi 20 juin, une « reprise immédiate du processus de rapatriement des réfugiés mauritaniens au Sénégal et en Mauritanie ». Cette requête a été formulée au cours des festivités célébrant la journée mondiale du réfugié. Le président du PLEJ, Ba Mamadou Alassane, a souhaité, lors d’une intervention « une large sensibilisation des populations sur l’épineuse question des déportations et des injustices criantes dont les communautés négro mauritaniennes continuent d’être victimes ». Le secrétaire général de l’APP Ladji Traoré a déploré le manque de courage » des communautés, lors des déportations de 1989 en ne s’y opposant pas farouchement.22 ans après, on vit de nouveau un drame qui se produit sous nos yeux à savoir l’accaparement des terres des paysans. Selon Traoré, il va falloir poser les vrais problèmes avec force. Il a souhaité une réinsertion sociale des rapatriés. Il a dénoncé l’attitude des autorités qui s’évertue à ignorer l’application effective des lois réprimant l’esclavage. Mais aussi de leur volonté à mettre en application un code de l’Etat civil discriminatoire qui restreint les conditions d’acquisition de la nationalité mauritanienne. Il indiquera qu’il ne saurait « y avoir de réconciliation sur l’injustice » avant de conclure, il dira que la « citoyenneté se mérite ».Le FONADH compte dépêcher, jeudi 23 juin, une délégation au ministère de l’intérieur pour protester vigoureusement contre l’enrôlement sélectif et le délit de faciès enregistré dés le démarrage de cette opération. Une lettre de protestation signée par l’ensemble des organisations des droits de l’homme sera remise à Mohamed Ould Boilil. Les responsables du FONADH tiendront un sit in avant de se rendre au Sénat et à l’assemblée nationale où la même lettre sera remise aux présidents des deux chambres. Les responsables du FONADH comptent rencontrer les leaders des partis politiques. Si cette opération de farce n’est pas arrêtée, nous allons droit au mur ».C’est pire que 1989, renchérit Lalla Aïcha, présidente du Collectif de solidarité avec les veuves et les victimes de la répression. « C’est une opération dressée contre les négro mauritaniens ».Les actions d e protestation contre l’accaparement des terres et les difficultés de se faire enrôler vont se poursuivre, renseignent Sarr Mamadou, président du FONADH. Mesures insuffisantes Le FONADH a saisi la célébration de la journée mondiale du réfugié pour rappeler à l’opinion nationale et internationale la situation des réfugiés mauritaniens au Sénégal et au Mali,en dépit de l’évolution récente de celle-ci. S’il est vrai que des efforts non négligeables ont été consentis par l’Etat mauritanien, en partenariat avec celui du Sénégal et le HCR, pour le retour organisé et dans la dignité des milliers de personnes en exil forcé au Sénégal, il reste que l’opération est aujourd’hui inachevée ». D’après les estimations les plus courantes, plus de 5 000 personnes attendent toujours au Sénégal d’être rapatriées. Les mêmes sources indiquent que 9000 autres personnes attendent, au Mali, leur rapatriement en Mauritanie. Or, depuis décembre 2010, les opérations de « rapatriement organisé » et de « rapatriement assisté », ont été déclarées closes. Elles ont toutefois permis, depuis le 29 janvier 2008, le retour en Mauritanie de 20 484 personnes, anciennement réfugiés au Sénégal. Les réfugiés au Sénégal et au Mali, non encore rapatriés devront encore vivre le calvaire de l’exil forcé, depuis 1989.Le FONADH fait remarquer que les « autorités mauritaniennes tiennent, selon leurs discours, à préserver et renforcer l’unité nationale. Or, les déportations et les nombreux crimes de faciès de 1989 à 1990, constituent une entrave très profonde au ciment de l’unité nationale. Il faut donc des mesures vigoureuses et sérieuses pour contribuer à la cohésion sociale et à la réconciliation nationale. Le FONADH juge « insuffisantes » les mesures prises par les autorités.En effet, le recensement des anciens fonctionnaires et agents de l’Eta, réalisé depuis janvier 2010, n’a connu aucune suite, en dépit des réunions de la Commission nationale créée par décision du Conseil des Ministres du 15 octobre 2009 ; l’indemnisation des veuves et orphelins des victimes des exécutions extra judiciaires est non seulement non concertée, mais encore n’intéresse qu’une partie des victimes ;le recensement des sépultures est une décision non concertée et non préparée. C’est dire, ironise le FONDAH, que même si la volonté politique de résoudre les problèmes était réelle, la mise en œuvre des solutions (…) reste incomplète ».Le FONADH estime qu’il est temps de terminer les opérations de rapatriement des réfugiés mauritaniens au Sénégal et de commencer celles concernant les réfugiés mauritaniens au Mali ».Il faut préciser que les 20 484 personnes rentrées, depuis 2008, font face à des difficultés, liées notamment à l’accès aux terres de culture, à l’emploi et à l’obtention des pièces d’état civil. Ainsi, le FONADH saisit l’occasion de la célébration de la journée mondiale du réfugié, pour lancer un appel pressant à toute l’opinion publique nationale et internationale, pour une « mobilisation réelle et sincère », en faveur de la finalisation dans les meilleures conditions de dignité, de sécurité et de transparence, des opérations de rapatriement des réfugiés mauritaniens au Sénégal et au Mali.
Compte rendu THIAM-LE CALAME