Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Silence coupable des Négro-mauritaniens… et des intellectuels arabes

altIl se passe comme un désir d’occultation, au sein de la communauté négro-mauritanienne, où beaucoup se sentent, pourtant, «visés» par l’enrôlement des populations, lancé depuis plus d’un mois. Le moindre citoyen lambda de cette communauté redoute, à tort ou, plus souvent, à raison, le face-à-face avec une des commissions d’enrôlement. Pendant que ces pauvres populations sont taraudées par l’inquiétude et la peur d’un lendemain incertain, hauts cadres de la communauté, voire de certaines organisations de défense des droits de l’Homme, se sont murés dans un silence que d’aucuns n’hésitent plus à qualifier de coupable, depuis le démarrage de l’opération. On se contente d’en parler dans les salons et les transports collectifs. Quasiment aucun n’a osé en dénoncer, publiquement, les procédures et les questions à la tête du client.
Hormis les parlementaires, dont il faut saluer, ici, la pertinence des interventions et critiques du projet, mijoté dans une «opacité douteuse», et exécuté dans un «black-out total», les autres personnalités censées défendre l’unité et la diversité de la Mauritanie semblent avoir retrouvé leurs réflexes des années 89-91.
Mais, tout de même, il convient de magnifier, en sus de la réaction des parlementaires, la position de l’IRA. L’organisation de Biram Ould Dah a dénoncé, vigoureusement, l’entreprise d’exclusion de certains mauritaniens, visée par l’opération d’enrôlement. Où sont passés ceux qui prétendent que la Mauritanie nouvelle est sur la bonne voie, qu’elle va liquider, définitivement, le passif humanitaire et consolider l’unité nationale?
Comme le proclament certains négro-mauritaniens et haratines, la question, fondamentale, à régler d’urgence, est celle de la cohabitation des différentes composantes du pays, non des indemnisations des victimes des évènements de 89-91 et des diverses tentatives de coup d’Etat. Ce qu’il faut, c’est avoir le courage et la témérité de dénoncer les tares de cette Mauritanie nouvelle qui avait suscité, à sa naissance, un immense espoir, en promettant le rétablissement d’un Etat de Droit, avec une justice indépendante, l’éradication de la gabegie et la répartition équitable des ressources du pays. Que de chimères!
Curieusement et excepté l’UFP qui a publié un long communiqué, objet de l’intervention de l’honorable député Kadiata Malick Diallo, les autres partis politiques ont fait profil pas. On peut entendre l’embarras de certains d’entre eux mais, ce qu’on ne peut ni comprendre ni tolérer, c’est le silence des intellectuels maures, si prompts à marcher pour les Irakiens, les Libyens ou les Palestiniens. On est loin du défunt MDI qui avait osé dénoncer, en 1989, dans un océan de silence, les massacres et les déportations des Négro-mauritaniens. Les amis de Jemal Ould Yessaa, Abdallahi Ould Kebd, Béchir Ould Moulaye El Hassan, des étudiants maures, avaient, à l’époque, accepté d’aller en prison, pour défendre leurs concitoyens négro-mauritaniens. Ils avaient posé un jalon, historique, dans la construction d’une Mauritanie égalitaire et fraternelle. Qui se proclame, aujourd’hui, solidaire de ces valeureux patriotes?

Dalay Lam-LE CALAME

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