Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Commémoration de la journée internationale du réfugié : Conférence-Débat de Conscience citoyenne à Nouakchott

altA l’occasion de la journée internationale du réfugié célébrée le 20 juin de chaque année, le mouvement Conscience citoyenne a organisé lundi dernier à l’espace culturel « Diadié Tabara Camara » une conférence débat riche en couleurs et forte en émotions sur le thème « les réfugiés mauritaniens, 22 ans après » .La conférence conjointement animée par M M.Aboubacry Silèye Bâ et Alassane Dia, respectivement président et porte-parole du mouvement, a été particulièrement rehaussée par la présence d’éminentes personnalités de la société civile telles M. Mamadou Sarr, président du FONADH, Mme Lalla Aîcha et de leaders historiques du landernau politique tels que Ba Mamadou Alassane du PLEJ, Ladji Traoré, Touré Mamadou et Coréra Issaga de l’APP.  Il y avait également les organisations partenaires de Conscience citoyenne au sein du FLERE que sont l’IMEJ, l’IRA notamment, toutes deux fortement représentées.

En ouverture de la conférence, M.Alassane Dia a commencé par présenter le mouvement Conscience citoyenne avant d’aborder le vif du sujet par la lecture du témoignage de deux femmes sur la déportation du village de Ngawlé, témoignage particulièrement émouvant recueilli par Human Rights Watch Africa en 1989, et, pour finir, de lister les principaux axes du débat. Parole fut donnée ensuite à M. Aboubacry Silèye Bâ pour faire l’historique de la problématique des réfugiés. Ce fut ensuite au tour de Sarr Mamadou, président du Fonadh et ancien déporté lui-même de faire le point sur la situation des réfugiés rapatriés et de dénoncer les incohérences qui font que les populations réfugiées éparpillées dans les centres urbains du Sénégal (estimées à 5000 personnes environ) restent toujours en rade du retour organisé tandis que pour celles réfugiées au Mali, encore plus nombreuses puisqu’estimées à 10.000 personnes, il n’y a encore aucun début de solution. Dernier intervenant avant l’ouverture du débat à l’assistance, M. Aboubacry Khalidou Bâ, rapatrié arrivé du camp de Houdalaye près de Boghé, apportera un témoignage poignant sur les difficultés du quotidien dans ces camps initialement conçus pour être provisoires mais qui sont visiblement devenus des refuges définitifs.

Il est ressorti de ces différentes interventions que si le retour organisé des quelques 20433 réfugiés ‘à en croire les chiffres du ministère de l’intérieur au 31 décembre 2010) dans le cadre de l’accord tripartite entre la Mauritanie, le Sénégal et le HCR est en soi un point positif, le chemin est encore très long pour le règlement définitif de la question. Le problème des terres reste entier. Les situations sont en effet nombreuses dans lesquelles les rapatriés sont réinstallés dans des camps de fortune à proximité de leurs terres ancestrales occupées et exploitées par d’autres et dont l’accès leur est donc interdit. L’insertion des réfugiés par l’octroi d’emplois décents ou l’aide à la mise ne place de projets viables reste un vœu pieux. Autre problème et non des moindres, celui de l’état-civil. Beaucoup sont encore des apatrides parce que ne disposant d’aucun document d’identité. Seuls 60% de ceux qui sont rentrés disposent d’actes de naissance. Quant aux cartes d’identité, elles n’ont été que très parcimonieusement délivrées pour quelques rares « privilégiées ». Il faut y ajouter le problème de l’éducation des enfants. Nombreux sont en effet, ceux qui sont en rupture de scolarité faute de structures adaptées ou de structure tout court. Ces difficultés ont fait que certains se sont vus contraints de rebrousser chemin.

L’assistance fut ensuite invitée à prendre la parole : Bâ Mamadou Alassane, Touré Mamadou, Ladji Traoré, Bâ Mamadou Kalidou, Balla Touré, Coréra Issaga ou encore Abdoul Birane Wane  et bien d’autres se succéderont au micro. Les intervenants seront unanimes à replacer le problème des réfugiés dans le cadre plus large de la question de la cohabitation entre nos différentes composantes nationales. Ils dénonceront l’entreprise de dénégrification du pays qui a conduit à ces drames des années 1990 et dont la déportation ne constitue qu’un épiphénomène. Les intervenants ne manqueront pas non plus à l’image de Lalla Aïcha d’appeler à la vigilance de tous par rapport à l’opération d’enrôlement des populations qui apparaît au fil des jours comme visant à exclure la communauté négro-mauritanienne. Le fonadh envisage d’ailleurs d’organiser un sit in ce jeudi 23 juin à 10 heures au ministère de l’intérieur en vue de demander l’arrêt de ce simulacre de recensement. Cette initiative a rencontré l’adhésion de toute l’assistance qui a été unanime à demander le recours à une action spectaculaire pour mettre fin à la mascarade.

La lutte continue!

Le correspondant de Flamnet à Nouakchott.

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