Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Yearly Archives: 2011

Le « printemps arabe » peut-il susciter un renouveau berbère ?

altL’espace culturel berbère européen Afus deg wfus célébrait samedi le 31e anniversaire du printemps berbère. Avec en tête un autre printemps, arabe celui-là. De bon augure pour les revendications identitaires jusque-là réprimées au Maghreb. Des retrouvailles sous le signe de l’espoir. Au trentième anniversaire du printemps berbère, l’an dernier, rien ne laissait envisager la révolution dite des jasmins et les autres soulèvements qui agitent le Maghreb et les autres pays arabes. Faut-il voir dans ces remous une opportunité pour les détenteurs de l’héritage amazigh qui considèrent que cette culture était présente en Afrique du Nord bien avant la colonisation arabe ? Samedi, dans la salle Richard-Lejeune rue d’Anzin où étaient attendues quelque 150 personnes autour du traditionnel couscous, au cours d’une table ronde rassemblant entre autres Hacène Hirèche, professeur à Paris-VIII, le poète Ben Mohamed, Hassan Asselwani, président de Tiwizi 59, et Stéphane Arrami, administrateur deTunisie-Berbère.com, Ouramdane Khacer, fondateur d’Afus deg wfus (espace culturel berbère européen) a estimé que les soulèvements actuels doivent être accueillis avec enthousiasme par ceux qui croient en l’Amazighie.

Ouramdane Khacer voit même dans ces soulèvements l’écho de ceux d’avril 1980 autrement appelés « printemps berbère ». « Il s’agissait du premier soulèvement pacifique d’essence démocratique et laïque d’une région depuis l’indépendance de 1962. » Ce soulèvement avait été suivi en 1986 d’émeutes à Constantine, puis en 1988 à Alger. « Ce printemps amazigh a ouvert la voie à la remise en cause de l’idéologie arabo-baathiste commune à l’ensemble des pouvoirs en place et dont on voit les effets sinistres actuellement en Syrie. »

Formation ou formatage ?

Le « coup de balai » opéré par la génération Facebook de l’autre côté de la Méditerranée semble pour M. Khacer annonciateur de profonds bouleversements.
Des bouleversements que Ben Mohamed considère avec confiance et sérénité. « On ne saurait trop remercier les professeurs d’arabe qui nous ont si mal enseigné cette langue en Kabylie. Leur intention n’était pas de nous la transmettre mais de nous imposer une idéologie. C’est en voulant nous arabiser qu’ils ont suscité le réveil berbère. Puisqu’on nous rabâchait sans cesse que nous étions arabes, il était paradoxal de trouver nécessaire de nous arabiser à tout prix… Les premières années de l’indépendance, cette arabisation n’était pas trop sensible. C’est après le coup d’état du 19 juin 1965 qu’on s’est rendu compte que la culture amazighe était rejetée par le pouvoir. Et dans quel but ? L’école algérienne est la seule au monde chargée de détruire un savoir. On a calqué l’enseignement général sur l’enseignement religieux. On ne forme pas, on formate. On a éradiqué tout sens critique. Rien d’étonnant alors que l’on rencontre aujourd’hui des licenciés en arabe incapables de rédiger une lettre dans cette langue.

NOR DE CLAIR 

 

Hommage à Ceerno Tijjaani Alhajji Mammadu Siree par Cheikh Oumar Ba

altCeerno Tijjaani Alhajji Mammadu Siree, nous a quittés il y a un an, c’est-à-dire le 12 mai 2010, une date qui restera à jamais gravée dans nos mémoires. L’homme qui consacra sa vie à la prière, à l’enseignement du Coran, de la charia et de la solidarité. Cet érudit islamique est né en 1940 à Sinycu Penaaka, environ de Boggee, en Mauritanie.Son père Alhajji Mammadu Siree l’avait confié à Ceerno Alhjji Mammadu Muusaa LIH, de Daara Halayve. C’est ce dernier qui l’a mis dans les mains de son fils, le feu, Ceerno Tijjani LIH, raison pour laquelle, Ceerno  Alhajji considère Ceerno Tijjaane LIH, comme son Ceerno. C’est auprès de Ceerno Haamiidu WELE qu’il a eu son ijaaza, (l’une des plus grandes distinctions dans le domaine de l’enseignement coranique) et qu’il a fait la charia puis la littérature arabe.

 C’est à Baabaave Looti, dans le Laaw qu’il s’était installé avec son duzal, (école coranique, et la loi islamique) entre 1965 et 1989, avant que le système raciste et esclavagiste mauritanien, géré par des beïdanes, le déporte avec ses élèves et avec l’ensemble de sa famille, vers le Sénégal ; comme ce fut le cas pour plus de 200 000 autres négro-mauritaniens. Après son exile forcé, il se réinstalla à Haayre Laaw et continua sa mission.

 Ce Ceerno avait toujours une centaine d’élèves qui, apprenaient auprès de lui. Parmi les plus connus de ses élèves, ses deux fils qui ont eu leur ijaaja : Ceerno Haamiidu SOH, a repris l’école de son père de Baabaave, Ceerno Sayku Umar SOH, celle de Haayre Laaw.

 Ceerno Tijjaane Alhajji Mammadu Ciree a octroyé la licence à plusieurs enseignants coraniques. Nous en citons certains, qui sont aussi parfois des imams de renommées :

Ceerno Saydu BAH ;

Ceerno Sileymani Haaruuna SOH,

Ceerno Abuu DEH, l’imam de Rosso Becth;

Ceerno Mammadu  AAW.

 C’est ce Ceerno, un homme de Dieu que l’Etat mauritanien raciste et esclavagiste a déporté en 1989.

Déporté avec toute sa famille, ses élèves. Les images qui lui restent de la déportation sont ses livres coraniques brûlés, les planchettes des ses élèves éparpillées partout dans les rues de Baabaave, par des gens qui se disent musulmans, qui se veulent un modèle de l’Islam dans le monde.

Ces racistes qui continuent les même pratiques sur les noirs (Haratines, Bambara, Sooninke, Wolof et Fulve), et font tout ce qui humilie, n’épargnant ni notables, ni sages, ni marabouts noirs. Pour eux, un noir est un esclave et doit l’accepter quelque soit son statut, son rang.

 Ces gardiens du système raciste et esclavagiste de la Mauritanie, en leur tête Moawiya Ould Sidi Ahmed TAYA et Gabriel Cimper et d’autres, ont des disciples qui continuent leur oeuvre.

Ce Ceerno s’était réinstallé à Hayre Laaw au Sénégal, recréa une autre école coranique, durant vingt ans, après la déportation. Tijjaane Alhajji Mammadu Siree fut pour les déportés un pivot, un logeur et un guide spirituel. Aujourd’hui, il est rappelé par le bon Dieu, il a rejoint son ami et collègue, mort dans les mêmes conditions, Ceerno Maamuudu Alfaa SOH, décédé à Njum, dans le Tooro, il ya un an.

 Je fais ce papier pour lui rendre hommage et rappeler au monde entier les conditions des noirs, en Mauritanie. Mes condoléances à sa famille, particulièrement à son neveu, beau fils, mon ami et camarade Aamadu Saajo SOH et sa femme.

Yoo Alla yurme, yaafomaa.

 Cheikh Oumar BAH, section Europe FLAM

El Arbi de l´Assemblée nationale critique et Ba Mbaré du Sénat encense le gouvernement

altUne fois n’est pas coutume à l’assemblée nationale où ayant pris un sérieux recul sur ses critiques virulentes traditionnelles de l’action gouvernementale, le président de l’assemblée nationale, l’opposant Messaoud Ould Boulkheir, absent hier à l’ouverture de la seconde session ordinaire du parlement, à la chambre basse, a été suivi du même ton réprobateur par son vice-président. El Arbi Ould Sidi  Ali Ould Jiddeine – c’est bien ce député du bataillon de la majorité frondeuse à Sidioca à l’époque qu’il s’agit, a, contre toutes attentes et à la surprise générale, reproché au gouvernement son manque d’opiniâtreté et d’efficacité dans la gestion des multiples impasses que vit le pays. Au sénat, le président Bâ M’Baré, toujours égal à lui-même, a plutôt joué au pompier voire même au courtisan politique.

Dans son discours d’ouverture, le vice-président de l’assemblée nationale a surpris bon nombre d’observateurs, étant donné qu’il est compté parmi les hommes politiques de la majorité favorable au président Mohamed Ould Abdel Aziz, et donc, normalement plus enclin à faire l’apologie du pouvoir et du gouvernement que de les cribler de critiques et de brosser un portrait noir de leur action.

Un tel discours aurait été plutôt compréhensible quand c’est Messaoud Ould Boulkheir qui parle. Pour Ould Jiddeine, qui rompt ainsi avec la sacro-sainte du soutien aveugle des autorités et des éloges infondées loin de tout reproche, le gouvernement a manqué à sa mission.

Il a estimé qu’au lieu d’ignorer les nombreux problèmes auxquels est confronté le pays ; allusion faite à la flambée des prix, aux mouvements de grèves, aux sit-in et manifs, il devait tenter de les résoudre par la force, et à trouver « les solutions adéquates les plus conformes aux aspirations des manifestants.

Evoquant la conjoncture mondiale, le vice-président de l’assemblée nationale indique que la Mauritanie « subit naturellement les influences des profondes mutations que connaît son environnement immédiat », soulignant qu’elle « a vécu ces dernières semaines un climat socio politique quelque peu agité en raison de la hausse des prix et du chômage des jeunes ainsi que de la persistance de la crise économique ».

Ce qui selon lui « fut à l’origine des grèves et manifestations qui ont touché des secteurs vitaux tels que la santé et l’éducation ». Et d’ajouter que « si un tel phénomène trouve sa justification en tant qu’expression sincère et responsable des revendications et droits légitimes de telles franges de notre peuple, ce même phénomène perd sa crédibilité une fois détourné de ses objectifs initiaux et exploité par quelque partie à des fins inavouables”, ce qui selon le vice-président « peut conduire au danger d’un dérapage pouvant entraîner des situations non maîtrisables voire à une catastrophe ».

Ould Jiddeine a lancé aussi à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire un appel aux milieux de l’information « pour prendre conscience de ce moment crucial de l’histoire du pays et de ses institutions démocratiques, estimant que « face à une telle situation, la solution des problèmes nationaux demeure tributaire d’un dialogue sincère et responsable entre tous les acteurs politiques à condition que l’intérêt national prime sur toutes les autres considérations”.
Au niveau du sénat, le gouvernement n’a pas eu à s’inquiéter, car son président Ba Mamadou M’Baré s’est plutôt efforcé de parler des seuls aspects positifs de la situation politique, évitant, comme à l’accoutumée de faire fausse route à un pouvoir qu’il continue fermement de servir sur un plateau d’or, se refusant même à ces réprobations objectives que lui confère son statut de seconde personnalité de l’Etat.

En effet, évoquant l’opération solidarité 2011, le président de la chambre basse a indiqué qu’elle se poursuit sur « l’étendue du territoire au grand bonheur des citoyens ». Très édifiant pour imaginer le reste de l’apologie dés lors où cette hémicycle est toujours déterminée à regarder les choses du mauvais œil et de répéter qu’il n y a pas feu à la maison.

Amadou Diaara –LE RÉNOVATEUR

 

Dans quelles eaux navigue le président Aziz ?

altLes mauritaniens auront vu de tous les régimes avec leurs différentes couleurs.Celles des systèmes passés ont été vécues avec leurs moments de crise, de gestion personnalisée du pouvoir par une autorité aveuglée par ses instincts belliqueux, de faillites des principes moraux et de désacralisation de la notion d’Etat.Quelques courtes lueurs d’espoirs s’en sont suivies avant de céder la place à l’incertitude puis à l’impasse et patatras au chaos. La Mauritanie plurielle, débarrassée de ses forces rétrogrades et de ses archaïsmes idéologiques peut-elle se construire avec le système actuel ? Certains déçus par les expériences passées -et ils sont les plus nombreux- avec les errements politiques, les drames communautaires la démystification des valeurs citoyennes , l’assassinat du système éducatif , la dislocation de l’unité nationale ont du mal à croire au nouvel équipage dirigé par son commandant à bord Mohamed Ould Abdel Aziz . Comparaison aura –t- elle raison !

La situation actuelle qui domine la scène politique et sociale malgré un semblant de retour au calme dans le pays est encore précaire pour délivrer un certificat de bonne conduite aux nouvelles autorités. Le navire qui vogue depuis plus d’une année dans les profondeurs de l’océan doit bien éviter les avaries des mauvais jours d’une météo politique et sociale qui affiche des prévisions parfois alarmantes. Que le maître à bord n’oublie pas qu’il doit aussi compter sur ses compagnons de route surtout en ces temps où la mer fait des vagues. Normalement l’homme fort du pays doit méditer les leçons des pouvoirs antérieurs, lui qui a évolué à leurs différentes ombres. Pour le moment il a du mal à se frayer un chemin lui permettant de ne pas tomber dans les mêmes travers. Deux faits importants doivent attirer son attention et desquels dépend le destin de son pouvoir. Le premier est celui de l’unité nationale et le second le dialogue politique. Sans vouloir tout de suite louer la politique d’assainissement des finances publiques qui, en théorie est soutenable par les indicateurs macro-économiques que le Fmi vient de certifier mais de manière directe, leur incidence sur le niveau de vie des populations ne se fait pas sentir. S’agissant de l’unité nationale, le président Aziz n’a pas fait mieux en termes de promotion de valeurs culturelles dans les médias nationaux, qui restent des instruments de domination idéologique et de marginalisation des autres communautés. Les antennes régionales sont des copiés –collés de la radio-mère. Cette réalité est d’autant plus prégnante que même dans les wilayas du sud où les populations autochtones ont besoin d’exprimer leurs préoccupations à travers ces médias, y sont exclues à 80 % par des grilles de programmes loin de les profiter. Dans le même temps à Atar aucun temps d’antenne n’est réservé aux langues et aux cultures nationales. Partant de ces quelques constats, comment réussir l’unité nationale avec de telles considérations frisant une volonté de nier les autres. Il faut que le Président Aziz reconsidère et honnisse ces pratiques qui sont encouragées par des responsables connus par leur passé et leurs intentions malsaines. Comment expliquer que dans les trois organes officiels que sont la TVM, la radio et l’AMI on n’attribue pas des postes de hautes responsabilités aux autres identités du pays. Il faut appeler le chat par son nom car c’est cette réalité qui prévaut encore et encore. Mohamed Ould Abdel Aziz sera jugé à l’aune de la rupture avec de tels comportements injustes. A l’orée de la libéralisation de l’audio-visuel le problème des quotas dans les médias mérite d’être posé pour éviter la perpétuation des mêmes politiques arbitraires au nom d’une mise en minorité de composantes nationales …(A suivre)

Cheikh Tidiane Dia –LE RÉNOVATEUR

Communiqué de victimes militaires et civils des années de braise

altUn groupe de victimes militaires et civils des évènements tragiques survenus dans notre pays entre 1986 et 1991, a décidé de rejoindre le mouvement de la jeunesse Mauritanienne du 25 Février 2011. A cet effet, ils lancent cet appel solennel à une grande mobilisation des forces vives pour une manifestation après la prière du vendredi 13 Mai à la place des blocs, devenue le symbole de la contestation des dérives du pouvoir en place.Après examen de la situation nationale, des difficultés de la vie quotidienne des ménages modestes, la hausse des prix, conjugués à la précarité discriminatoire des victimes noires des années de plomb et de l’esclavage, le moment est arrivé à l’instar de tous les peuples épris de paix et de justice, d’exiger le règlement des injustices nationales et sociales.

 

Ainsi, le Président Mohamed ould Abdel, « Président des pauvres  », doit s’engager à l’application de son programme électoral, s’attaquer aux règlements des questions fondamentales du retour de tous nos déportés au pays, d’une insertion réelle des victimes de racisme, d’exclusion et de l’esclavage, de purger notre fonction publique des auteurs de crimes de sang et économiques qui continuent à être les prédateurs de notre économie qui sapent l’unité nationale.

 

Nouakchott le 10 Mai 2011

KURUM KONINKE