El Arbi de l´Assemblée nationale critique et Ba Mbaré du Sénat encense le gouvernement
Une fois n’est pas coutume à l’assemblée nationale où ayant pris un sérieux recul sur ses critiques virulentes traditionnelles de l’action gouvernementale, le président de l’assemblée nationale, l’opposant Messaoud Ould Boulkheir, absent hier à l’ouverture de la seconde session ordinaire du parlement, à la chambre basse, a été suivi du même ton réprobateur par son vice-président. El Arbi Ould Sidi Ali Ould Jiddeine – c’est bien ce député du bataillon de la majorité frondeuse à Sidioca à l’époque qu’il s’agit, a, contre toutes attentes et à la surprise générale, reproché au gouvernement son manque d’opiniâtreté et d’efficacité dans la gestion des multiples impasses que vit le pays. Au sénat, le président Bâ M’Baré, toujours égal à lui-même, a plutôt joué au pompier voire même au courtisan politique.
Dans son discours d’ouverture, le vice-président de l’assemblée nationale a surpris bon nombre d’observateurs, étant donné qu’il est compté parmi les hommes politiques de la majorité favorable au président Mohamed Ould Abdel Aziz, et donc, normalement plus enclin à faire l’apologie du pouvoir et du gouvernement que de les cribler de critiques et de brosser un portrait noir de leur action.
Un tel discours aurait été plutôt compréhensible quand c’est Messaoud Ould Boulkheir qui parle. Pour Ould Jiddeine, qui rompt ainsi avec la sacro-sainte du soutien aveugle des autorités et des éloges infondées loin de tout reproche, le gouvernement a manqué à sa mission.
Il a estimé qu’au lieu d’ignorer les nombreux problèmes auxquels est confronté le pays ; allusion faite à la flambée des prix, aux mouvements de grèves, aux sit-in et manifs, il devait tenter de les résoudre par la force, et à trouver « les solutions adéquates les plus conformes aux aspirations des manifestants.
Evoquant la conjoncture mondiale, le vice-président de l’assemblée nationale indique que la Mauritanie « subit naturellement les influences des profondes mutations que connaît son environnement immédiat », soulignant qu’elle « a vécu ces dernières semaines un climat socio politique quelque peu agité en raison de la hausse des prix et du chômage des jeunes ainsi que de la persistance de la crise économique ».
Ce qui selon lui « fut à l’origine des grèves et manifestations qui ont touché des secteurs vitaux tels que la santé et l’éducation ». Et d’ajouter que « si un tel phénomène trouve sa justification en tant qu’expression sincère et responsable des revendications et droits légitimes de telles franges de notre peuple, ce même phénomène perd sa crédibilité une fois détourné de ses objectifs initiaux et exploité par quelque partie à des fins inavouables”, ce qui selon le vice-président « peut conduire au danger d’un dérapage pouvant entraîner des situations non maîtrisables voire à une catastrophe ».
Ould Jiddeine a lancé aussi à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire un appel aux milieux de l’information « pour prendre conscience de ce moment crucial de l’histoire du pays et de ses institutions démocratiques, estimant que « face à une telle situation, la solution des problèmes nationaux demeure tributaire d’un dialogue sincère et responsable entre tous les acteurs politiques à condition que l’intérêt national prime sur toutes les autres considérations”.
Au niveau du sénat, le gouvernement n’a pas eu à s’inquiéter, car son président Ba Mamadou M’Baré s’est plutôt efforcé de parler des seuls aspects positifs de la situation politique, évitant, comme à l’accoutumée de faire fausse route à un pouvoir qu’il continue fermement de servir sur un plateau d’or, se refusant même à ces réprobations objectives que lui confère son statut de seconde personnalité de l’Etat.
En effet, évoquant l’opération solidarité 2011, le président de la chambre basse a indiqué qu’elle se poursuit sur « l’étendue du territoire au grand bonheur des citoyens ». Très édifiant pour imaginer le reste de l’apologie dés lors où cette hémicycle est toujours déterminée à regarder les choses du mauvais œil et de répéter qu’il n y a pas feu à la maison.
Amadou Diaara –LE RÉNOVATEUR