Monthly Archives: March 2016
Vidéo. Me Fatimata MBAYE reçoit à Washington un prix des mains de John Kerry (PhotoReportage)
L’avocate mauritanienne, Me Fatimata MBAYE, a reçu mardi matin à Washington le Prix international Femme de courage 2016 du Département d’État. Le trophée lui a été remis par le Secrétaire d’État américain, John Kerry qui a salué dans son discours l’engagement de ces femmes qui luttent pour les droits de l’Homme dans leurs pays. “Il y’a beaucoup de barrières qui ont été cassées entre les hommes et les femmes et cela a été rendu possible grâce au combat des femme”, a rappelé M. Kerry.
“C’est un agréable moment”, a déclaré Mme Mbaye lors de la cérémonie de remise du Prix qui s’est déroulé, à Washington, au Département d’État américain. Treize (13) autres femmes ont reçu également le prix, dont une soudanaise.
La cérémonie de remise des prix a été retransmise en direct à Nouakchott en présence de personnalités politiques, de la société civile et activistes dans le domaine des droits de l’Homme.
“C’est une amie que j’apprécie beaucoup pour son courage, sa persévérance dans le domaine des droits de l’Homme. Ce prix nous honore tous. Elle le mérite”, a déclaré Me Ebetty, qui a assisté à la retransmission de l’évènement.
Créé en 2007 par la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice, le Prix international Femme de courage est un prix américain décerné chaque année par le Département d’État américain aux femmes du monde entier qui ont fait preuve de leadership, de courage, d’ingéniosité et de volonté de se sacrifier pour les autres, en particulier pour une meilleure promotion des droits des femmes.
Me Fatimata Mbaye devient ainsi l’unique femme mauritanienne à recevoir le Prix international Femme de courage.
Par Babacar Baye NDIAYE
L’EDITORIAL DU CALAME : Déminage
« Il y a », disait Samuel Langhorne Clemens, dit Mark Twain, « trois sortes de mensonges : les mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques ». Notre bouillant ministre de l’Economie, en plus de la maîtrise des statistiques dont il s’est fait une spécialité, commence à traîner une solide réputation de « cireur de pompes » du guide éclairé. Après ses fracassantes sorties devant la presse et au Parlement, où il martèle, à chaque fois, que « le pays se porte à merveille », que la baisse des prix du gasoil ne profiterait qu’à une minorité qui dispose de voitures « dont personne ne sait comment elle les a acquises » et que les pauvres, qui peuvent « s’approvisionner, à prix réduits, dans les boutiques Emel, n’ont pas à se plaindre », le voilà qui nous sort une nouvelle et grosse boulette. C’était la semaine passée devant l’Assemblée nationale. Emporté par sa fougue, le voilà à déclarer, sans vergogne, qu’il faudrait bien « trois ou quatre mandats, à ce régime, pour achever le travail entrepris’’. Les rares députés de l’opposition présents protestent bruyamment. Notre ministre statisticien fait comme si de rien n’était et continue sa tirade. Quelques jours plus tard, c’est au tour du ministre de la Justice de tenir les mêmes propos. Brahim ould Daddah, avocat, juriste et vieil habitué des prétoires, ne pouvait tomber dans de tels travers incidemment. Il y a lieu donc de se poser des questions sur ces deux sorties et leur timing. Deux ministres peuvent-ils impunément se présenter aux représentants du peuple pour leur demander, ouvertement, qu’on viole le texte fondamental qu’est la Constitution ? S’ils n’ont pas été expressément envoyés pour lancer le débat, pouvaient-ils se permettre de lancer un tel pavé dans la mare ? Pourquoi, à trois années de la fin de ce deuxième et réputé ultime mandat, poser un problème qui n’en est pas un, en fait ? Et pourquoi en ce moment précis ? Susciter des réactions, occuper le pays qui vit une crise sans précédent, lancer l’idée comme quoi rien n’est tabou, même le troisième mandat, préparer le terrain à une modification de la Constitution ? Il y a, en tout cas, anguille sous roche. A l’heure où la crise politique s’aggrave, de jour en jour, où le dialogue n’arrive pas à sortir de terre et où le Président fait, plus que jamais, cavalier seul, ignorant son opposition et méprisant ses soutiens, évoquer la question des mandats présidentiels relève, non seulement, de la bêtise mais frise, surtout, l’insolence. Venant de ministres en exercice, de telles déclarations auraient suscité, ailleurs, une telle levée de boucliers qu’ils allaient être obligés de rendre leur tablier. Ailleurs, je veux dire : dans une démocratie un tant soit peu digne de ce nom. Où le chef n’est pas devenu chef par « rectification », pour ne pas dire coup d’Etat. Où son élection n’est entachée d’aucune irrégularité. Où ses ministres sont choisis sur la seule base de la compétence et de l’intégrité. Où la parentèle n’a pas droit de cité. Où le pays n’est pas géré, selon l’humeur et les désirs d’un seul homme qui reconnait, lui-même, être obligé, tel Superman, de tout vérifier et contrôler. Ne soyez donc pas surpris si, demain, un autre membre du gouvernement, le Premier ministre ou, même, le Président s’aventurent sur le terrain que deux ministres ont commencé à déminer. Entreprise hautement risquée, il serait toutefois bon de le leur rappeler. Et aléatoire, qui plus est : nul n’est à l’abri, en ces terrains apparemment rectifiés mais si peu constitutionnels et d’autant moins sûrs en conséquence, d’une ultime mine oubliée…
Ahmed Ould Cheikh
L’amendement constitutionnel est une revendication populaire, dit le Porte-parole du gouvernement
Alakhbar – Le ministre des relations avec le parlement et Porte-parole du gouvernement mauritanien Mohamed Lemine Ould Cheikh, a indiqué que les ministres de l’économie et des finances et de la justice, n’ont pas modifié la Constitution, mais ont simplement dit que le Président méritait trois ou quatre mandats.
“L’amendement constitutionnel représente à leurs yeux une conviction personnelle, voire le souci et la revendication d’importants pans du peuple mauritanien”, a-t-il ajouté.
Le ministre a dit dans ses réponses aux journalistes, à l’occasion des commentaires faits par des membres du gouvernement des résultats du conseil des ministres de ce mardi 29 mars courant, que la volonté du peuple est au-dessus de la Constitution.
Demander l’amendement de la loi fondamentale ne fait pas partie des interdits, a-t-il dit affirmant qu’il est du droit des ministres de demander de changer la Constitution, qualifiant cette requête de réponse positive à la volonté du peuple mauritanien.
Traduit de l’Arabe par Cridem
Loi sur le financement du terrorisme : La Mauritanie ne reconnaîtrait plus la résistance palestinienne
L’Authentique – La loi sur le financement du terrorisme récemment adoptée par le parlement mauritanien va à contre-courant de la position diplomatique de la Mauritanie vis-à-vis des mouvements de résistance comme en Palestine. C’est ce que soutiennent nombre d’observateurs qui sont persuadés que cette loi n’exclurait pas les peuples qui luttent pour leur autodétermination.
Le débat a été houleux autour de la loi sur le financement du terrorisme, récemment adoptée par le parlement mauritanien. Le gouvernement aurait dans ce cadre refusé toute modification du projet de loi 016-080 portant lutte contre le financement du terrorisme.
Ces modifications proposées par le groupe parlementaire du parti islamiste Tawassoul, portaient sur des exceptions. Celles-ci portaient sur les mouvements populaires luttant pour l’autodétermination ainsi que les mouvements de résistance comme en Palestine. A ces mouvements, nulle confiscation de bien ou rétorsion juridique ne doivent être imposés, selon les partisans de la modification.
Ainsi, au sein de la commission parlementaire Justice, Intérieur et Défense, il a fallu passer au vote pour décider la saisie conservatoire, la confiscation et le gel immédiat des biens et propriétés des individus et groupes listés par le Conseil de sécurité de l’ONU ou par l’Etat mauritanien comme mouvements terroristes, ceux qui les financent ou leur achètent des armes de destruction massive.
L’exception demandée par les partisans de la modification portait sur les organisations reconnues par les Nations Unies comme des combattants de causes justes reconnues par le droit international, comme les peuples qui luttent pour leur indépendance ou pour leur autodétermination, comme en Palestine.
Mais les députés de la majorité membres de la commission se seraient opposés farouchement à ces modifications, soutenant qu’il n’y aura aucune exception dans le projet de loi sur le financement du terrorisme.
Ainsi, la Mauritanie ne reconnaîtrait plus la résistance palestinienne. Ce qui selon plusieurs observateurs, constitue un précédent dangereux et un alignement sur la thèse du sionisme international et de ses alliés du Golfe arabique.
Ainsi, le projet de loi proposé par le gouvernement est passé devant le Parlement comme une lettre à la poste, démontrant par là que le gouvernement contrôle totalement le Parlement à travers sa majorité.
Aucun débat contradictoire ne serait ainsi plus possible au sein des deux hémicycles du parlement mauritanien, par rapport aux lois que le gouvernement veut faire adopter. Le contrôle parlementaire est ainsi mort de sa vilaine mort, trouvent plusieurs parlementaires.
Mais le vote sur la loi sur le financement du terrorisme pourrait comporter une exception, car une seule député, Betoul Mint Abdel Haye de la majorité a voté contre, sous réserve des deux exceptions qu’elle propose d’introduire, celles portant sur les mouvements de résistance. Son parti, qui appartient à la majorité l’aurait tancé vertement.
JOB
Demandes d’autonomie, de sécession… : Faut-il diviser le territoire national entre ses communautés ?
Après le parti FPC (Forces progressistes du changement, ex-FLAM), qui avait demandé l’autonomie pour les régions Sud de la Mauritanie, c’est au tour du mouvement TPMN (Touche pas à ma nationalité) de lancer aujourd’hui l’idée d’une sécession de la Vallée.
Ces revendications remettent en selle la question très sensible de la partition de la Mauritanie, jugée comme une atteinte à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale, et qu’une partie de la communauté négro-mauritanienne considère comme justifiée.
« Le temps est venu de procéder à la partition de la Mauritanie ou à sa Fédération » ! L’idée est de plus en plus développée dans certains cercles intellectuels noirs qui la considèrent comme une « solution à la juste et équitable répartition des richesses nationales au profit de l’ensemble de ses communautés.
Déjà, du temps de la Mauritanie coloniale, l’idée d’une Mauritanie noire au Sud, distincte de la Mauritanie blanche au Nord, aurait été introduite par certaines communautés négro-mauritaniennes. D’emblée, elle a été rejetée par la France qui voulait d’une Mauritanie unitaire dans ses frontières et dans ses composantes ethniques.
Mais cette conception de la Mauritanie était restée enfouie dans le subconscient d’une certaine élite qui trouvait impossible la cohabitation entre les communautés mauritaniennes, malgré le ciment de l’Islam de rite malékite.
Mais la coexistence pacifique restera tributaire des desiderata des régimes qui se sont succédé en Mauritanie et qui ont longtemps joué sur les tensions intercommunautaires pour nourrir des ambitions personnelles, ou parfois, se retrouvant à bout de souffle remuaient le couteau dans la plaie.
Ainsi, aux évènements de 1966 sur l’arabisation, devaient succéder les sanglants pogroms de 1989 à 1991, ce que certains ont nommé « l’épuration ethnique ». Il en découla un lourd passif humanitaire dont les fardeaux seront traînés sur plus d’une décennie pour s’achever par une prière à kaédi et une compensation financière qui n’a pas fini de satisfaire toutes les victimes.
L’enrôlement biométrique serait intervenu, créant ce que certains activistes négro-mauritaniens considèrent comme une forme de génocide contre les noirs de Mauritanie. Depuis, ils sont nombreux les courants politiques négro-mauritaniens qui s’érigent en porte-voix de la cause négro-mauritanienne, certains ayant choisi la voix soft dans leurs relations avec le pouvoir en place, et d’autres la confrontation, sinon la provocation, selon certaines grilles de lecture.
Il y a d’abord l’aile « repentie » des FLAM, notamment le courant des Samba Thiam, qui avait choisi le retour au bercail après un exil qui a duré vingt-sept ans. Reçu en grande pompe, par le président Mohamed Abdel Aziz au palais présidentiel, l’homme sera quelque temps porté aux cieux.
Cet amour éphémère ne dura que la vie d’une rose. Samba Thiam et ses amis comptaient mener le combat sur le terrain politique, avec comme objectif, une lutte interne pour une Mauritanie égalitaire, sans racisme et sans discrimination, ou à défaut, une autonomie régionale partielle.
C’est le pas qui sera franchi en août 2013 lorsqu’au détour d’une conférence de presse, le FPC lança sa proposition d’autonomie des régions de la Vallée du Fleuve. Cette revendication serait aux yeux du FPC, motivée par un constat d’échec.
« L’Etat centrale dans sa forme unitaire actuelle, n’a pas donné naissance à l’Etat Nation escomptée. Il nous incombe en conséquence le devoir explorer d’autres voies : pour la stabilité du pays et dans l’intérêt supérieur de nos enfants » lâche Samba Thiam.
Cette sortie du président des FLAM sera suivie d’une véritable levée de boucliers. Il fut estimé dans certains milieux que le mouvement FPC, flamiste, s’était revêtu de ses anciens oripeaux de regroupement de haineux racistes, ennemis de la patrie mauritanienne. L’attitude du pouvoir se durcit et c’est la rupture définitive qui aboutira à la non reconnaissance du parti par le ministère de l’Intérieur qui lui refusa le récépissé officiel.
Samba Thiam et son camp ont beau expliqué qu’ils ne demandaient pas la sécession des régions du Sud, mais juste une autonomie régionale dans le cadre de la nation et de l’Etat mauritanien, rien n’y fut.
Aujourd’hui, le débat est revenu sur la scène publique. « Avec plus de radicalité », estiment certains observateurs, à la lumière de la proposition lancée par TPMN tendance Wane Birane, exilé en France, qui réclamerait carrément la sécession des régions du Sud.
Des assises sont sous programmation à Paris pour « se prononcer sur la nécessité de revendiquer la sécession du Sud de la Mauritanie » a-t-on déclaré. L’annonce a faite au cours d’une assemblée générale du mouvement tenue le 20 mars 2016 à Paris.
Né des problèmes d’enrôlement auxquels sont confrontées les communautés noires en Mauritanie et qui aurait créé des milliers d’apatrides, TPMN expliquerait son attitude par selon lui, la montée du racisme, de la discrimination et de la marginalisation de la communauté négro-mauritanienne. De telles dispositions amènent d’aucuns a soutenir que l’issue d’une telle réunion est connue d’avance : il s’agira d’appeler à la partition !
Pour autant, pour nombre d’observateurs, la question de la répartition de la Mauritanie, celle de l’autonomie de certaines de ses régions ou celle de sa recomposition en Fédération, reste vaine. Même si par ailleurs, la partition de la Mauritanie pourrait séduire plusieurs autres partisans du régionalisme.
On se rappelle en effet que des voix s’étaient élevées dans la région de Dakhlet Nouadhibou il y a moins de dix ans, pour demander l’autonomie des régions du Nord, certains s’indignant du peu de retombées des ressources en fer, poisson, cuivre, pourtant extraits des sols et de la mer, à Zouerate, Nouadhibou, Inchiri, sans aucune incidence sur la vie des populations locales.
Des revendications identiques avaient surgi en même temps de certaines régions orientales du pays. Chaque fois, la question la problème a été balayé d’un revers de main par les Autorités nationales qui considèrent qu’elle relève de l’utopie.
Cheikh Aïdara
l’authentique