Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Daily Archives: 24/06/2015

Dindon de la farce

altAujourd’hui, le risque est grand de voir les Mauritaniens revenir à la case départ. Alors que la rupture tant attendue commençait à prendre forme, voilà que les vieux réflexes des lobbies tribalo-ethnico-commerciaux reprennent le dessus pour imposer leurs vues sur une Mauritanie qu’ils veulent pour eux. Eternellement. Les dernières visites du président de la République à l’intérieur du pays ont confirmé un fait, que la force tribale est toujours présente dans le pays.

L’intérêt qu’a porté le chef de l’Etat aux notabilités qu’ils a toutes reçues, trahit en effet, sa volonté d’emblée exprimée au lendemain de sa prise de pouvoir de privilégier l’Etat de droit et la démocratie au détriment de toutes les autres considérations qui participent dans la vie du peuple.

Le peuple, qui a cru un moment au changement dans les comportements, aura finalement été le dindon de la farce, celui-là qu’on traîne de bout en bout, comme les moutons de Panurge, naïfs imbéciles et dépassés et même inconscients de leur sort. L’unique enseignement qu’il pourra tirer du règne du régime de Ould Abdel Aziz est qu’il a appris à ses dépens, que quoi que l’on fasse ici bas chez nous, « le système » demeure. Le référent est toujours vivace. Les réflexes aussi.

Ce peuple a cru au changement, il a accompagné ce régime, dessiné les contours de l’avenir qu’il veut pour son pays et dégagé les voies qui peuvent nous y mener, mais les embûches demeurent énormes. Malgré l’entrain que les maîtres du moment avaient mis pour la réussite d’une nouvelle ère politique, les chefs de tribus sont toujours là et refusent de céder. Aussi, ils banalisent les grands acquis des dernières années, surtout ceux de la première transition. La dynamique de départ doit reprendre le cap pour barrer le chemin aux ennemis internes embusqués dans les sphères de notre pays et qui tirent d’elle leurs propres forces. Aujourd’hui, il faut bien le remarquer ; nos nouveaux gouvernants donnent l’impression de baigner dans une inertie incompréhensible, favorisant de fait le flou de la puissance tribale. Partout où il s’est rendu, le président Ould Abdel Aziz a du se plier à la force tribale.

A présent et à l’heure du bilan à mi parcours des périples présidentiels à l’intérieur du pays, une chose est sûre : personne ne veut d’un éternel recommencement, forcément préjudiciable à la démocratie que nous appelons de tous nos vœux.

Mais personne ne comprend non plus que les mêmes lobbies, les mêmes groupuscules tribalo-affairisto-politiques continuent d’orienter le jeu et d’en tirer la ficelle. Ils focalisent tout sur leurs intérêts immédiats, ajournent la résolution des grandes questions de notre société, maintiennent les mécanismes de contrôle et d’entretien des disparités criantes, jouent avec le pain du petit peuple et s’adonnent à tout le mal que nous pouvons imaginer.

JOB

 

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Editorial du calame: Tôt ou tard…

altLa nouvelle a fait l’effet d’une bombe, la semaine dernière, et provoqué le limogeage immédiat du commissaire à la Sécurité alimentaire : un camion, rempli de vivres (lait en poudre, sucre, huile, riz…) a été photographié, par des sites d’information, en train de décharger sa cargaison dans une maison appartenant… au président de la République ! Le camion portait le sigle du CSA. Jamais, depuis l’indépendance et feu Moktar ould Daddah, qui fut un modèle de probité et de désintéressement, la République n’est tombée aussi bas. Branlebas de combat. Le pauvre commissaire est convoqué au Palais, pour être sermonné, avant d’être renvoyé illico. Ould Abdel Aziz ordonne, ensuite, que la cargaison soit immédiatement retournée dans les magasins du Commissariat. Mais le mal est fait. Plusieurs questions restent cependant en suspens : qui a ordonné au commissaire d’envoyer le camion ? L’a-t-il fait de son plein gré ? Qui lui a indiqué cette maison précisément ? Si le camion n’avait pas été estampillé CSA, l’affaire aurait-elle connu une telle tournure ? Ce qui est certain, c’est qu’il y a anguille sous roche.

Ould Abdel Aziz avait vendu du rêve à ceux qui en voulaient, en 2009, avec la lutte contre la gabegie en cheval de bataille. Six ans plus tard, le bilan est plus que mitigé. Le camion du CSA n’est que l’infime partie émergée d’un immense iceberg. Des milliards s’évanouissent, quotidiennement, des perceptions du Trésor, de la Douane ou des Impôts. Les sociétés étrangères désireuses de s’implanter dans le pays sont obligées de choisir un partenaire local bénéficiant de liens de parenté « opportuns ». La société indienne BUMI a refusé de s’y contraindre et s’est vue retirer son permis de recherche dans l’Inchiri, sans autre forme de procès. Les agréments bancaires se monnayent comme des petits pains. Limogé pour faute grave, un gouverneur de banque centrale se voit réhabilité au bout de quelques mois. On attribue tant de marchés de routes, à la dernière-née des sociétés privées de travaux publics, la MTC, qu’elle ne sait plus où donner de la tête. Quant à la parentèle, elle est à ce point bombardée, à tout bout de champ et à tous les postes, que plus rien n’échappe à sa mainmise. Résultat des courses : un groupe « bien placé » qui s’accapare plus de 90% des importations du pays et gagne tous les appels d’offres, sans coup férir.

Il existe, certes, une nuance entre gabegie et népotisme. Favoriser systématiquement les siens n’est pas forcément du gaspillage. Mais, quand il s’agit du bien public, l’une et l’autre se rejoignent en leur essence : la malhonnêteté ; et en leur conséquence : l’injustice. Avant de devoir en payer le prix. Tôt ou tard.

Ahmed Ould Cheikh

le calame