Daily Archives: 24/04/2014
Retour au bercail du pape du Sopi : Wade, le pari d’un «23 juin bis», une revanche sur l’histoire
Mobilisation tous azimuts, retransmission en direct à la télé de sa descente d’avion, Abdoulaye Wade menace et ne lésine pas sur les moyens en vue d’une démonstration d’envergure à son retour à Dakar, ce mercredi 23 avril. Un accueil populaire que le PDS et ses membres envisagent comme une démonstration de force, dont l’objectif principal est de faire chanceler le pouvoir de Macky Sall.
23 juin 2011, 23 avril 2014, la revanche sur l’histoire ?
C’est un retour qu’Abdoulaye Wade lui-même qualifie de « hautement politique ». Plus ou moins similaire à son retour à Dakar en 1999, veille de la présidentielle de 2000. Il peut être interprété aussi comme une volonté de l’ancien président sénégalais de prendre sa revanche sur l’histoire, de réussir un « 23 juin » bis qui a été fatal à son régime. L’éternel opposant devenu président ne chercherait pas à reconquérir un pouvoir qu’il a perdu il y a deux ans : Wade voudrait avant tout, faire du spectacle, assurer le show : jauger sa popularité (intacte?) auprès des Sénégalais, et dire aux électeurs qu’ils se sont lourdement fourvoyés en votant pour Macky Sall en 2012.
En fin politique, la conjoncture, les difficultés quotidiennes lui servent d’arguments pour porter haut et fort un message dont il voudrait une diffusion large voire planétaire. En effet, plusieurs médias sénégalais ont fait l’écho, hier, d’une conversation téléphonique entre Abdoulaye Wade et un président de groupe de presse, en vue d’une retransmission en direct à la télévision de sa descente d’avion. On n’est pas loin, ici, d’une théâtralisation d’un retour au bercail longuement préparé.
Mais le contexte actuel n’est pas le même, différent de celui du 23 juin 2011, date précurseur et symbole de la chute du pouvoir d’Abdoulaye Wade qui orchestra un passage en force pour faire voter, à l’Assemblée nationale, une loi qui élit à la fois le président de la République et son vice-président. Une mobilisation populaire sans précédent avait alors empêché le vote de la loi et donné naissance au Mouvement du 23 Juin (M23).
Entre temps, les libéraux ont perdu le pouvoir et se sont retrouvés dans l’opposition. Traqués par le pouvoir de Macky Sall dans le cadre de l’enquête sur l’enrichissement illicite qui a conduit à l’arrestation suivie de l’emprisonnement de plusieurs d’entre eux, dont Karim, le fils d’Abdoulaye Wade détenu depuis un an. Son procès annoncé pour le mois de juin, ne serait que l’autre procès d’Abdoulaye Wade lui-même : en sa qualité d’ancien chef d’Etat, il bénéficie d’une immunité et donc ne peut être poursuivi.
« Les Sénégalais ont comparé le régime actuel avec le mien et ont tiré les conclusions qui s’imposent »
Revigorées par le retour annoncé en grande pompe de leur mentor, le pape du Sopi comme il aime à se faire appeler, les troupes libérales veulent y croire et ne ménagent aucun effort en vue le réussir le pari de la mobilisation. Leur ambition, montrer et démontrer à l’opinion, nationale et internationale à quel point le pouvoir de Macky Sall est impopulaire : il emprisonne des adversaires politiques et réprime les manifestations publiques. Tel est la bataille que compte livrer le Parti démocratique sénégalais, avec à sa tête, l’ancien président Wade qui, alors au pouvoir, avait, curieusement, usé des mêmes méthodes et recours pour asseoir sa politique et réduire au silence ses opposants. Aujourd’hui, c’est lui-même qui dénonce ces mêmes méthodes.
Mais il y a un risque que la manifestation du PDS ne soit pas autorisée, que Wade et Cie soient contraints de se replier au niveau de leur permanence sur la VDN, s’ils ne seraient pas tentés comme par le passé, de braver la mesure d’interdiction de marcher, en défiant l’autorité qui redoute des troubles à l’ordre public. Un cocktail explosif qui toutefois risque de plonger le pays dans une campagne électorale avant l’heure, et d’entraîner une recrudescence de la violence politique après l’accalmie que connait le Sénégal depuis la présidentielle de 2012 qui a porté Macky Sall à la magistrature suprême.
« Il y a un fort mécontentement : les Sénégalais ont comparé le régime actuel avec le mien et ont tiré les conclusions qui s’imposent », constate Abdoulaye Wade dans un entretien avec Le Monde. Sans le dire, l’ancien chef de l’Etat va faire de la récupération politique et tenter de cristalliser sur le président Macky Sall et son pouvoir, tout ce mécontentement populaire.
Réussira, ne réussira pas, time will tell !
Source: seneweb
Mobilisation tous azimuts, retransmission en direct à la télé de sa descente d’avion, Abdoulaye Wade menace et ne lésine pas sur les moyens en vue d’une démonstration d’envergure à son retour à Dakar, ce mercredi 23 avril. Un accueil populaire que le PDS et ses membres envisagent comme une démonstration de force, dont l’objectif principal est de faire chanceler le pouvoir de Macky Sall.
23 juin 2011, 23 avril 2014, la revanche sur l’histoire ?
Loupe du ‘Le Rénovateur’ : Les faits sont têtus !
Le Rénovateur Quotidien – En politique comme pour le reste les jeux et méthodes utilisés sont pareillement bien ancrés dans les esprits. Ici on ne vient pas à un domaine pour changer le cours de l’histoire.
On ne s’embarrasse ni ne s’offusque des erreurs commises dans l’exercice d’une activité quel que soit son importance et ses impacts dans la vie des mauritaniens. Etre leaders politique est d’abord un prestige dont on veut s’affubler pour paraitre et non pour être pleinement en vue d’assumer toutes ses responsabilités.
C’est pourquoi nos hommes politiques ont du mal à se construire une personnalité forte et respectée dont la parole compte et les consignes ont vocation à être obéies. Ailleurs quand un dirigeant politique s’exprime dans certaines circonstances, c’est toute la République qui bouge. Quand une crise s’installe la vie des citoyens est en profondément marquée.
Mais les leaders politiques jouent pleinement leurs rôles pour tenter de ramener les choses à l’ordre. Chez nous et c’est malheureusement devenu une mauvaise tradition, la politique tue les espoirs et vide la scène de sa valeur.
Nous avons encore à faire avec des dirigeants imbus de leur personne venus par hasard et qui se maintenaient hier par la force des armes et aujourd’hui par le truchement de la démocratie. En réalité rien n’a changé dans la prise du pouvoir.
A partir de Taya le palais présidentiel est devenu majestueux, les privilèges du président accrus et les avantages accordés à l’armée plus grandioses. Le départ de Taya n’a pas totalement opéré une rupture avec sa période. Politique armée et pouvoir continuent de faire bon ménage.
L’Etat providence fait corps avec la volonté d’un homme de gérer à sa convenance les affaires de la République. Les institutions parlementaires marchent au rythme de la saga tracée par l’homme de la situation.
Une majorité docile impose à la minorité fragile ses lois. Et ainsi sont entérinés sans coup férir les décisions des deux chambres. Dans ces conditions tout président dispose de tous les pouvoirs d’agir comme un roi.
Une démocratie perd ses attributs quand ses facultés vitales sont étouffées par des forces inhibitrices. Dans les pays où le peuple a appris à élire librement ses hommes par les urnes, la démocratie est de ce qu’il y a de plus admirable dans la vie d’une Nation.
Les élus sont soumis à l’obligation des résultats. Dans ce contexte quand un dirigeant ment à son peuple il doit s’attendre à des sanctions exemplaires. Dans les démocraties travesties, celui qui veut se maintenir au pouvoir a tous les pouvoirs de rester tant qu’il possède les moyens nécessaires pour mater les révoltes populaires.
Nous ne sommes pas loin de ce schéma en Mauritanie. Les mauritaniens se disent très souvent que la logique classique d’un pouvoir tyrannique n’a pas changé même avec la démocratie.
Taya est parti mais son empreinte est restée. Le contraire nous ferait vivre un changement politique où l’alternance ouvrirait la voie à l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle classe politique pour qui la culture et le savoir doivent commander l’intelligence d’une Nation qui cherche à changer son destin.
Et où il n y a pas de place aux opportunistes et aux arrivistes aux dents longues et pointues. Mais en Mauritanie les faits sont têtus pour que la volonté du peuple prenne le dessus par des choix souverains.
Cheikh Tidiane Dia
Fenêtre Sur : Démocratie ne rime pas avec pauvreté.
Le Rénovateur Quotidien – La démocratie d’un Etat fonctionne relativement bien en premier lieu lorsqu’elle s’applique dans une nation, au sens civique comme au sens ethnique.
La première suppose que les citoyens se retrouvent autour d’un projet politique commun, en dehors de toute référence ethnique. La deuxième conception de la nation suppose une très forte homogénéité ethnique et culturelle.
Si le concept de nation est très fortement ethnique, le partage du pouvoir politique s’avère difficile, donnant lieu à des conflits inter-ethniques, des refus d’alternance en faveur de « l’autre ». La démocratie fonctionne d’autant plus mal que la préoccupation principale des populations est bien souvent de manger à sa faim.
Un pied dans le pouvoir politique pour un membre d’une famille, d’un village, d’une ethnie peut changer totalement la capacité de cette famille, de ce village, de cette ethnie à survivre.
La solidarité ethnique prime pour résoudre ce problème de pauvreté, d’où les conflits ethniques/claniques pour le pouvoir. L’accès à la richesse passant par le politique, les ressources de l’Etat sont réparties au sein du clan au pouvoir.
La démocratie n’a aucune garantie de bien s’implanter dans un Etat où l’immense majorité de la population vit dans la misère. Manger à sa faim et pouvoir se soigner relativement correctement évitent généralement les solidarités de l’ethnisme ou du népotisme et tous les fanatismes qui vont avec. Il faut des lors remettre en adéquation démocratie et nation en permettant la prospérité.
Il faut sans doute revoir la pratique démocratique au niveau de gens qui veulent vivre ensemble. C’est la grande leçon du principe de subsidiarité : que les problèmes se résolvent d’abord au niveau local si possible parce que les populations y ont la connaissance requise pour traiter ces problèmes et l’envie de le faire ensemble. Cette décentralisation politique, c’est la démocratie du bas vers le haut. La sérénité politique limite l’incertitude institutionnelle, extrêmement néfaste au développement.
Développement économique et développement politique peuvent aller de pair pour peu qu’on n’impose pas des schémas, préconçus ailleurs, à des niveaux inadéquats et en n’étouffant pas les libertés locales et individuelles.
L’émergence d’une société démocratique ne se décrète pas. Elle résulte d’un processus long et douloureux. Il appartiendra à la classe politique mauritanienne de revenir sur des dossiers difficiles comme celui du passif humanitaire et des crimes économiques de l’ère Ould Taya avec le risque de voir s’accentuer les solidarités tribales, régionales et ethniques.
Mais « lL démocratie est toujours une entreprise à risque, et parfois à haut risque », le pire en l’espèce sera de négliger ces dossiers et d’ériger l’impunité en mode de gouvernance car dans ce domaine aussi la démocratie ne va pas de soi. Il faut se battre chaque jour pour elle, sinon, nous risquons de la perdre.
Enfin, la responsabilité première demeure celle de l’élite mauritanienne, de la classe politique et des pouvoirs publics et surtout de la jeunesse du pays. Osons faire le pari que cette dernière saura s’approprier les valeurs de la démocratie et de l’État de droit.
BAC