Daily Archives: 27/04/2014
Dia Alassane: “On refuse l’identité mauritanienne aux Noirs de Mauritanie”
ALAKHBAR (Nouakchott)-Le coordinateur du mouvement Touche Pas à Ma Nationalité (TPMN) estime qu’”on refuse l’identité mauritanienne aux Noirs de Mauritanie”. Alassane Dia était interviewé par Alakhbar quelques minutes après la dispersion de la marche de TPMN, samedi à Nouakchott. Le mouvement commémorait le 25ème anniversaire des déportations de 1989.
Plusieurs milliers de Noirs mauritaniens ont été déportés au Mali et au Sénégal suite aux événements de 1989 qui ont opposé la Mauritanie au Sénégal.
35 milles personnes parmi ces déportés sont volontairement rentrés au pays durant la période 1992 – 2008, selon les ONG mauritaniennes de défense des droits de l’homme.
Un accord triparti signé entre la Mauritanie, le Sénégal et le HCR a permis le retour organisé de 24 000 autres déportés.
Ce retour organisé a été bouclé en mars 2012 pendant que 10 Mille autres déportés sont restés au Mali. Ils ne sont concernés par aucun accord. 13 autres recensés par le HCR sont restés au Sénégal.
Alakhbar: Pourquoi TPMN marche en ce jour du 26 avril ?
Dia Alassane: Nous voulions organiser cette marche, pour commémorer le 25ème anniversaire des déportations de 1989. Nous voulions dire en même temps que les déportations continuent aujourd’hui en Mauritanie à l’interne, parce qu’on refuse l’identité mauritanienne aux Noirs de Mauritanie. On interdit aux Noirs mauritaniens les papiers d’état civil. Quand on vous interdit des papiers d’état civil, vous n’êtes plus rien. On se définit d’abord par son identité. Nous voulions également dénoncer le caractère raciste et discriminatoire de l’enrôlement de Mohamed Ould Abdel Aziz et de son régime raciste.
Alakhbar: Pourquoi n’avez-vous pas demandé une autorisation?
Dia Alassane: Nous n’avons pas à demander d’autorisation. C’est notre droit le plus absolu. Nous sommes libres de nous associer. Nous sommes libres de manifester. Nous avons seulement le devoir d’informer les autorités. Nous l’avons fait dans les délais et dans les règles de l’art. Mais les autorités ont tenu à interdire la marche. Et nous nous étions tenus à la faire.
Alakhbar: Y a-t-il eu des blessés ?
Dia Alassane: Il y a eu au moins un blessé. Il s’agit de notre militant Abdoulaye Kane. Il a été touché d’une grenade au dos. Ils (Les forces de l’ordre) nous ont dispersés à coup de grenade. Vous entendez les grenades! Ils ne nous ont même pas laissé nous rassembler.
Alakhbar: Qu’envisagez- vous faire maintenant ?
Dia Alassane: Pour l’instant, nous allons probablement nous disperser. Mais, nous allons nous retrouver pour revenir encore plus fort.
Mauritanie : la longue marche des rapatriés du Sénégal de Boghé à Nouakchott
Les rapatriés du Sénégal au sud de la Mauritanie sortent du silence et ils ont entamé cette semaine une marche à l’initiative de l’Association des Rapatriés du Sénégal pour protester contre les conditions difficiles auxquels ils sont confrontés depuis leur retour au bercail. Partis de Boghé les volontaires se dirigent vers la capitale. Au total 400 km à parcourir. C’est la plus longue marche des oubliés du règlement du passif humanitaire depuis 2008. Les autorités de Nouakchott avaient interrompu le processus de rapatriement en 2012 en commun accord avec le HCR , le Sénégal et la Mauritanie.
Les rapatriés du Sénégal disséminés dans les régions du Sud se mobilisent cette semaine à l’initiative de l’Association des Rapatriés du Sénégal pour une longue marche de 400 kilomètres de Boghé à Nouakchott pour protester contre les conditions difficiles des familles. Parmi le cortège de ces centaines de personnes sorties des camps de fortune ou tout simplement sympathisants ou appartenant à des mouvements citoyens ou de libération le secrétaire national des FLAM qui connaît bien cette dure réalité pour avoir été le responsable du camp de Ndioum au Sénégal lors des événements de 89. Wane Mamadou est au cœur de la volonté de son mouvement à prendre au sérieux le règlement du passif humanitaire abandonné par le régime de Ould Aziz depuis 2012 quand il avait interrompu le processus de rapatriement des réfugiés du Sénégal en accord avec les autres parties le HCR et le Sénégal. C’est clair que la participation des FLAM à cette marche a une portée nationale très significative. Le redéploiement engagé depuis deux années est une réalité. Secret de Polichinelle. Le président mauritanien a tourné la page même pour le reste des contingents qui continuent de vivoter au Sénégal. Officiellement ils sont plus de 20 000 à rentrer en Mauritanie. Et depuis aucune promesse n’a été tenue par celui qui pourtant avait demandé pardon à Kaédi en 2008 à la communauté négro mauritanienne pour les crimes commis par le régime de Ould Taya. La marche entamée cette semaine à Boghé interpelle Ould Aziz sur la transparence de la cohabitation et vise à sensibiliser l’opinion nationale sur cette situation insupportable pour des mauritaniens qui ont vécu 25 années d’exil et considérés aujourd’hui comme des étrangers chez eux dont beaucoup n’ont même pas leurs papiers et par conséquent n’accompliront même pas leur devoir de citoyen le 21 juin prochain. Quoique les autorités de Nouakchott fassent ce mouvement devrait laisser des traces pour relancer le débat sur la réconciliation nationale.
Yaya Cherif KANE-Journaliste.
Commémoration des déportations à Paris: Communiqué du collectif: Non au génocide des Noirs en Mauritanie
Au moment où un décret portant organisation des élections présidentielles le 21 juin 2014 en Mauritanie est promulgué, plus de 60% des populations noires de Mauritanie ne se sont toujours pas fait enrôler et 95% des ressortissants Négro-mauritaniens en Europe ne le seront pas du fait de l’exigence de la présentation d’une carte de séjour européenne et d’un recensement 98 qui ne dit pas son nom. La Mauritanie sous la férule de ses gouvernants est résolument raciste, anti noirs et esclavagiste.
Réunis ce 26 avril 2014 pour commémorer les 25 années de déportation des nôtres au Sénégal et au Mali, nous Associations, organisations, mouvements et partis politiques représentés au sein la diaspora des Mauritaniens en France dénonçons le racisme dont sont toujours victimes les Bamanas, Haapulaar’en, Soninko et Wolof.
Depuis 1989 date des déportations, les familles des négro-mauritaniens expulsées de chez elles réclament justice. Et les principaux membres de la junte actuellement au pouvoir savent, dans le détail, la nature et l’ampleur de la tragédie que recouvre la situation de ce grand désastre que vivent les non arabes en Mauritanie. Ils ont été, sans discontinuité, au cœur du dispositif sécuritaire, tant central que local de la Dictature qui s’impose aux Noirs de Mauritanie depuis des décennies et qui fait de la répression brutale le principal levier de commande du système. Certains de ces hauts gradés de l’armée ont directement mis la main à la pâte de l’infamie raciste qui a marqué cette répression raciale sanglante.
Si la chute de Mawouya WulSid’AhmedTaya avait permis un quelconque espoir, aujourd’hui les négro-mauritaniens déchantent. Mouhamed Wul Abdel Aziz, loin d’avoir soldé les crimes racistes, le génocide persiste à rendre les rescapés des années de braise apatrides. Nous le dénonçons lui et les mesurettes qu’il a initiées pour solder par pertes et profits la souffrance de la petite minorité des nôtres rendus réfugiés chez eux.
Nous condamnons l’ignominie dont s’est rendue coupable l’Etat raciste mauritanien en déportant sur une base raciale et raciste près de 200 000 Mauritaniens Haalpulaaren, Soninko, Bamanan et Wolofs et dont les blessures et plaies sont toujours béantes.
En outre il est à noter que depuis 2010 cette ignominie contre la population négro mauritanienne est en train d’être installée à travers un enrôlement qui n’a d’autre motif que de perpétrer un génocide biométrique qui suit le génocide physique des années 80.
Nous condamnons avec la plus grande énergie les conditions inhumaines, dégradantes de misères et d’indignité qui ont entouré le rapatriement des Négro-mauritaniens suite aux accords tripartites entre le HCR et les gouvernements de la Mauritanie et du Sénégal.
Nous disons que la grande farce raciste que le régime de Wul Abdel Aziz s’apprête à organiser pour pérenniser l’exclusion et les discriminations sont et seront pour nous nulles et n’auront nul effet pour freiner notre lutte pour l’avènement d’une Mauritanie où toutes ses composantes seront égales devant la loi.
Et nous réaffirmons que la construction de la Mauritanie ne se fera qu’en réhabilitant l’ensemble des victimes du racisme dans leur droit légitime que nulle tyrannie raciale ne peut aliéner. Revoyons la copie de ce pseudo enrôlement dont le seul but est d’écarter la composante noire de ce pays qui est autant le leur que celui de ceux qui le dirigent et l’ont toujours dirigé.
Nous, Collectif des organisations mauritaniennes, l’OTMF et les membres de la Diaspora:
– Exigeons que le retour effectué soit officialisé par des actes et le rétablissement plein et entier, de tous ceux qui sont revenus, dans leur droit et une indemnisation de tous les préjudices subis.
– Demandons à la communauté internationale d’user de tous les moyens en sa possession pour amener la Mauritanie, dès lors qu’elle a reconnu sa pleine responsabilité dans les déportations d’avril 1989, à assumer concrètement les engagements pris devant les communautés nationales et internationales
– Appelons tous nos compatriotes à un réel sursaut patriotique contre cette injustice qui n’a que trop duré.
Et disons:
– Si le silence est complice, l’inaction est coupable
– Agissons ensemble car l’heure est grave
Les signataires du Collectif :
AFMAF, ARMPES, CAMME, FLAM, GMR, ID, IRA-France, PLEJ, OCVIDH, ODH, MAPROM, OTMF, TAWASSOUL, TPMN.
La lutte continue !
Paris, le 26 avril 2014