Daily Archives: 08/04/2014
FLAMNET-MÉMOIRE- Les déportations 25 ans après: Les années de braise racontées à mon fils
“Pour lutter contre l´oubli du génocide les pères doivent pratiquer sur leurs enfants une “transfusion de mémoire” Thomas FERENZCI.
C´était le 4 septembre 1986 que débuta la répression sauvage contre des militants et sympathisants des Forces de libération africaines de Mauritanie (FLAM) suite à la publication du “Manifeste du négro-mauritanien opprimé”. En publiant ce manifeste en 1986, nous avions montré que des problèmes réels de coexistence entre les deux communautés raciales existaient. Nous avions aussi montré par quels mécanismes, ils avaient été engendrés. Nous avions également indiqué les perspectives dangereuses(guerre civile) sur lesquelles pouvaient déboucher ces problèmes, s´ils n´étaient pas résolus à temps correctement.
Nous avions enfin appelé à un débat national:” Les problèmes mauritaniens doivent être posés par des Mauritaniens, discutés entre Mauritaniens et solutionnés par les Mauritaniens eux-mêmes. Notre amour pour ce pays nous commande à inviter toutes nos nationalités à un dialogue des races et des cultures, dans lequel nous nous dirons la Vérité pour guérir nos maux.
Il faut que nous traduisons dans la réalité nos appels au Salut National et au Redressement de notre pays, au lieu de dépenser toutes nos ressources et toutes nos potentialités humaines dans des querelles raciales et culturelles dont les principaux bénéficiaires ne seraient certainement pas les Mauritaniens“. (Manifeste du négro-mauritanien opprimé- avril 1986).
L´esprit du Manifeste était, en patriotes sincères d´attirer l´attention des pouvoirs publics sur les problèmes de la nation, en vue de leur trouver des solutions avant qu´il ne fut trop tard.
Quelle fut la réponse du gouvernement raciste de Ould Taya? cinglante, féroce et sanglante.
Depuis 1986, le régime raciste a systématisé dans le cadre de sa consolidation la politique de répression et de la mise à l´écart de la communauté noire et cela dans tous les domaines de la vie politique.
Ainsi en septembre de la même année, prenant comme prétexte la parution du “Manifeste du négro-mauritanien opprimé” le système procéda arbitrairement à l´arrestation d´une centaine d´intellectuels noirs (parce qu´il n´avait pas des idées à nous opposer)qui furent inhumainement torturés, sommairement jugés et lourdement condamnés. Plusieurs centaines d´autres seront révoqués de la fonction publique ou contraints à l´exil.
En 1987, les corps militaires et para-militaires connaitront une véritable purge qui se soldera par la radiation de plus de 3000 gendarmes, policiers, gardes et militaires noirs. Cette politique de mise à l´écart s´accompagne d´une volonté délibérée d´extermination de la communauté négro-mauritanienne déjà largement sous représentée dans tous les secteurs de l´Etat.
Ainsi, après l´assassinat le 6 décembre 1987 des lieutenants BA SEYDI, SY SAÏDOU et SARR AMADOU, le régime de Maawiya Ould Taya s´attela à la liquidation physique des prisonniers politiques envoyés à cet effet à la prison mouroir de Oualata, l´écrivain TENE YOUSSOUF GUEYE, L´ADJUDANT-CHEF BA ALASSANE OUMAR, LE LIEUTENANT BA ABDOUL GHOUDOUSS, LE DOYEN DJIGO TAFSIROU y seront froidement assassinés. Le pouvoir raciste engagé dans le démentélement de la composante noire s´appuie essentiellement sur les Baathistes et Nassériens qui infiltrent l´appareil d´Etat à tous les niveaux en rivalisant d´ardeur dans la répression des noirs. C´est ainsi que durant toute l´année 1988, les exactions contre les noirs étaient devenues des pratiques quotidiennes. Les élèves , étudiants et civils noirs qui avaient tenté de manifester contre cette situation d´injustice à Nouakchott furent arrêtés, torturés et obligés à payer des lourdes amendes que les officiers de police baathistes fixaient selon leurs humeurs.
A Kaëdi, Diowol, Rosso, Sélibaby, Nouadhibou, Zouératt, c´était la même atmosphère de terreur contre les civils noirs avec arrestations, tortures et amendes à ceux qui disaient non à l´injustice. Durant la même année 1988, le gouvernement envoya dans le Sud des brigades militaires beydanes, pour exproprier les terres, perquisitionner et désarmer les villageois négro-africains, en état de siége.
C´est dans ce contexte de chasse à l´homme généralisée contre les Négro-africains que survient le conflit “sénégalo-mauritanien”.
Profitant d´une crise sciemment provoquée avec son voisin le Sénégal, le Système affiche au grand jour sa parenté optionnelle avec la théorie nazie en reprenant à son compte les recettes désuètes des exécutions extra-judiciares et des déportations vers le Sénégal et le Mali de plusieurs centaines de Négro-mauritaniens. Utilisant à bon escient la fermeture de la frontière avec le Sénégal, les hordes barbares d´Ould Taya installent la terreur dans toute la vallée, violant des femmes, violentant des notabilités traditionnelles et chefs religieux, massacrant froidement de paisibles citoyens et contraignant d´autres à l´exil.
Alors qu´en Afrique du Sud de l´apartheïd on est persecuté à cause des idées et opinions de remise en cause de l´apartheïd, en Mauritanie où l´Etat se veut arabe, on est persécuté parce que non arabe. Autre comparaison qui irrite certainement , c´est en Afrique du Sud de Botha le pouvoir blanc, tout raciste qu´il était, n´est pas allé jusqu´à déporter les noirs du pays, il se ” contentait”, si l´on peut dire, de les parquer dans les bantoustans et au mieux dans les townships. C´est la volonté d´épuration et cette logique sanguinaire et raciste qui permettent d´expliquer les évènements d´octobre 1990-mars 1991.
Le régime de Taya, conformément aux prétextes classiques, accusa des négro-africains(militaires, bergers, paysans, vendeurs ambulants, étudiants, chômeurs, simples fonctionnaires) d´avoir “comploté contre le régime” et procéda à l´arrestation de plus de 3000 Négro-mauritaniens. Le choix par le régime du génocide de la composante noire comme solution aux problèmes mauritaniens, à travers les évènements d´avril 1989, dans leur préparation méthodique, les conséquences horribles montrent à quel point la communauté noire était menacée dans son existence.
En mars 1991, avec la pression nationale et internationale, la dictature raciste recula et procéda à des “remises de peine grâcieuses” qui devaient aboutir à la “libération”des prisonniers politiques négro-mauritaniens. Le bilan de ces arrestations s´élève à des centaines de morts tous exécutés extra-judiciairement, des milliers de cas de disparition dans la vallée pendant ces années de braise. Aujourd´hui, dans la totalité des villes et villages du Sud (de Ndiago à Daffor) il n´y a aucune famille négro-africaine qui ne compte en son sein, soit un exilé, soit un déporté, un assassiné ou estropié à vie.
Ould Taya est parti, Ould Mohamed Vall est passé, Ould Abdel Aziz a repris le flambeau mais on a impression que le système est têtu, la même politique d´exclusion demeure entière. Ne dit-on pas Chasser le naturel il revient au galop?
Le 4 septembre 86, l´histoire des années de braise commencait par là et elle continue toujours à faire des ravages et laisser des traces. L´enrôlement discriminatoire initié par le Général-putschiste vient de prouver que les tenants du Système ne veulent pas revenir sur les “acquis” de l´arabisation. les FLAM portèrent les premières le flambeau de la résistance et elles continuent à lutter et à résister aux coups d´assaut du systéme et de ses valets. Rien et personne ne détournera ses membres de l’objectif visé: la justice et l’égalité.
On a beau critiquer, dénoncer, réformuler, réformer, refonder, on revient au même constat du manifeste de 1986 et reformuler ses recommandations: le dialogue inter-communautaire pour un Etat juste, égalitaire et non-racial.
On ne le dira jamais assez que l’exclusion est en soi économiquement mauvaise, socialement corrosive et politiquement explosive. Tentons dès à présent de sortir de ce cul-de-sac qui, tout le monde le sait, ne mène nulle part. Pour en sortir, il faut, à notre avis, une attitude, un climat et des conditions. Une attitude courageuse, d’ouverture sincère et de reconnaissance du problème de fond. Un climat de décrispation sociale grâce à un train de mesures positives à l’endroit de tous ceux qui, victimes et blessés dans leur chair, ont subi des préjudices matériels et moraux. La sanction des crimes commis pour rendre leur dignité aux victimes, à leurs veuves et à leurs enfants.
Je crois qu’il faut se parler, car ce formidable potentiel de révolte enfouie commence à gronder. Il serait erroné de croire qu´avec des simples promesses on peut calmer la tempête. Il faut un débat national sur la question nationale dont les conclusions pourraient éventuellement être soumises au peuple, pour aborder enfin la phase d’une véritable réconciliation et de démocratisation.
Nos pensées pieuses et patriotiques vont toujours à nos vaillants martyrs de Oualata, Djreïda, Inal, N´beyka, Azlat et dans toute la vallée.
La lutte continue !
Kaaw TOURÉ- FLAMNET
09 avril 2014
Mauritanie: l’expropriation des terres de la Vallée avance à grands pas
Depuis 89 les populations des régions du Sud de la Mauritanie sont confrontées à l’expropriation de leurs terres. De Rosso à Dar El Barka en passant par Boghé et Donnaye, le calvaire est le même. Les habitants semblent aujourd’hui à genou pour survivre. Une situation aggravée de plus en plus par la présence sur le terrain d’exploitants véreux nationaux avec la complicité des autorités locales et les investisseurs étrangers notamment saoudiens. Pour les autorités de Nouakchott il s’agit d’une mise en valeur des terres de la vallée pour satisfaire les 60 pour cent des besoins alimentaires de la Mauritanie alors que pour les ONG et associations nationales des Droits de l’Homme parlent de scandales fonciers du régime de Ould Aziz.
L’origine des litiges fonciers qui planent aujourd’hui sur les collectivités traditionnelles dans les régions du Sud remonte à l’ordonnance 83 révisée en 2000 et qui stipule que « les terres appartiennent à l’Etat et font partie de personnes privées et protégées en tant que telles les terres mises en valeur par ces dernières ». Autrement dit la terre appartient à ceux qui la travaillent et non qui la possèdent. C’est ainsi qu’en 89 après la déportation de près de trois quarts de la population de la vallée les terres ont été confisquées par l’Etat. Des milliers d’hectares sont entre les mains de nouveaux propriétaires c’est à dire l’Etat, les exploitants nationaux et les investisseurs étrangers au détriment des anciens propriétaires dont la plupart sont des rapatriés du Sénégal depuis 2009.
Boghé, Dar El Barka et Donnaye au bord du Fleuve Sénégal sont les principales localités qui souffrent des dommages collatéraux des événements de 89. Le gouvernement de Ould Laghdaf ne cache plus ses ambitions. Les projets agricoles fleurissent dont le dernier en date avec les fonds saoudiens pour la construction d’une usine laitière à Boghé prochainement. L’objectif est de satisfaire les 60 pour cent en besoin alimentaire des mauritaniens. Et pendant ce temps des villages entiers dans cette contrée du Brakna sont réduits à un strict minimum de possession de surfaces cultivables pour eux-mêmes avec la complicité des autorités locales. Les habitants ont l’impression de vivre des cauchemars interminables et d’avoir tout perdu. Mais pour les pouvoirs publics il s’agit ni plus ni moins qu’une mise en valeur des terres de la vallée alors que les ONG et associations nationales des droits de l’homme parle de scandales fonciers. Ce qui inquiète surtout les observateurs c’est la progression de l’expropriation des terres de la vallée au profit de l’agro-business qui coïncide avec la dissémination des rapatriés du Sénégal dans le Sud du pays dont la réintégration sociale pose un casse-tête pour le régime de Ould Aziz. Ce sont les chefs de village qui font l’objet d’ humiliations quotidiennes dans les postes de police pour des litiges fonciers . L’heure n’est pas à l’apaisement mais à la mobilisation..
Yaya Chérif KANE-Journaliste
Discours du Président Paul Kagame à l´occasion du 20ème anniversaire de la commémoration du Génocide contre les Tutsi
• Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
• Excellences Monsieur le Secrétaire Général des Nations-Unies,
• Excellence Madame la Présidente de la Commission de l’Union Africaine,
• Excellences Messsieurs les Anciens Chefs d’Etat et de Gouvernement,
• Mesdames et Messieurs les Représentants Officiels en provenance du monde entier,
• Honorables invités,
• Chers compatriotes,
Il n’y a pas de mots assez forts pour exprimer ma gratitude envers tous nos amis venus du monde entier pour s’associer à nous en un jour aussi important que celui-ci. Par la même occasion, j’aimerais aussi remercier tous ceux qui se sont tenus à nos côtés tout au long de l’incroyable voyage sur le chemin de la reconstruction du Rwanda.
Nous sommes ici rassemblés, pour rappeler à notre souvenir la mémoire de ceux qui ont perdu la vie pendant le génocide et pour réconforter ceux qui y ont survécu.
Tout en rendant hommage aux victimes toujours vivantes ou trépassées, nous saluons également l’inébranlable résilience de l’âme rwandaise, grâce à laquelle notre pays a pu survivre et renaître.
A nos parents, à nos enfants, à nos frères et soeurs qui ont survécu, aux Rwandais qui ont résisté à l’incitation au génocide ainsi qu’à ceux qui expriment leurs remords, je dis que c’est vous qui portez le fardeau de notre histoire.
Nous avons recherché la justice et la réconciliation du mieux que nous pouvions, mais cela ne ramène guère ce que nous avons perdu.
Au cours de ces vingt dernières années et à plusieurs reprises, les Rwandais ont payé de leur personne. Devant l’assemblée de vos communautés, vous vous êtes levés pour témoigner et vous avez écouté d’autres faire de même. Vous avez assumé vos responsabilités et vous avez offert le pardon.
Votre sacrifice est un pur don à la nation. Il est la semence d’où le nouveau Rwanda va grandir. Merci pour avoir permis à votre humanité et à votre patriotisme de prévaloir sur votre douleur et votre deuil.
Merci de tout coeur.
Faire la lumière sur notre histoire est un devoir de mémoire auquel nous ne pouvons nous soustraire. Derrière l’expression “Plus jamais ça”, il y a une histoire dont la vérité doit être dite intégralement, aussi dérangeante soit-elle.
Ceux qui ont planifié et mis en exécution le génocide étaient des Rwandais, mais son histoire et ses causes originelles vont bien au-delà de ce pays. C’est pour cette raison que les Rwandais continuent de rechercher l’explication la plus exhaustive possible sur ce qui s’est passé.
Nous le faisons avec l’humilité d’une nation qui s’est pratiquement détruite elle-même. Nous sommes néanmoins déterminés à recouvrer notre dignité en tant que peuple.
Vingt ans est un délai trop court ou trop long suivant la position d’où l’on se tient mais pour autant, rien ne justifie moralement les assimilations factices. Le temps qui passe ne devrait pas jeter le voile sur les faits, atténuer les responsabilités, ni transformer les victimes en méchants.
Aucun cadeau ne saurait persuader un peuple de changer son histoire. Aucun pays, même s’il arrivait à s’en convaincre lui-même, n’est assez puissant pour changer les faits. Après tout, “les faits sont têtus” comme on dit.
En conséquence, lorsque nous évoquons le rôle et la responsabilité des acteurs et institutions extérieures, c’est juste en raison du fait que la prévention du génocide exige de nous tous d’être au clair avec l’histoire, et non pour nous défausser de notre responsabilité sur les autres.
Tous les génocides commencent par une idéologie, un système de pensée qui dit: “les personnes appartenant à tel groupe sont moins que des êtres humains, ils méritent d’être exterminés”.
L’héritage le plus dévastateur de la domination européenne sur le Rwanda fut la transformation des distinctions sociales en “races”. Nous fumes classés et disséqués au point que la moindre différence était magnifiée, grossie et exagérée suivant un modèle inventé et importé d’ailleurs.
L’intention pour ce faire n’était ni scientifique ni bénin, mais idéologique: il s’agissait de légitimer la prétention coloniale de “civiliser” des populations “inférieures”, ce que nous ne sommes pas.
Cette idélogie était déjà admise en Europe au 19ème siècle, elle fut expérimentée et appliquée grâce à l’influence des missionnaires français qui s’établirent ici. Deux mille ans d’histoire du Rwanda furent réduites à l’état de caricature fondée sur des extraits de la Bible ou sur des mythes racontés aux explorateurs.
Les théories coloniales sur la société rwandaise imposèrent l’idée que l’hostilité entre des choses nommées “Hutu”, “Tutsi”, et “Twa” était permanente et nécessaire.
C’est ainsi que fut lancé ce qui deviendra le génocide des Tutsi tel que nous l’avons vu et vécu il y a 20 ans.
Avec la participation pleine et entière des autorités belges et des institutions catholiques, cette histoire inventée fut consacrée en fondement unique de l’organisation politique, comme si toute autre manière d’administrer et de développer le pays était inconcevable.
Tout cela a fini par générer la situation d’un pays au bord d’un état d’implosion génocidaire perpétuel.
Cela dit, les Africains ne se résignent plus à rester des otages passifs d’un monde qui n’attend pas grand chose d’eux. Nous écoutons et nous respectons les points de vue des autres. Mais en fin de compte, nous allons devoir prendre la responsabilité d’assumer nous-mêmes nos affaires.
Au Rwanda, nous nous fondons sur les valeurs humaines universelles, qui incluent notre culture et nos traditions, pour trouver des solutions modernes aux problèmes qui sont les nôtres.
La gestion de la diversité propre à notre société ne devrait pas donner l’impression que nous dénions la qualité unique de chaque Rwandais. Et si nous arrivions à nous forger une nouvelle identité nationale plus inclusive, en quoi cela serait-il une mauvaise chose?
Nous n’avons pas attendu de subir un génocide pour devenir un peuple meilleur. Cela n’aurait simplement pas dû arriver. Aucun autre pays, en Afrique ni ailleurs, ne devrait devenir “un autre Rwanda” ni même devoir mentionner ou non cette expression. Pourtant, si les choix d’un peuple ne sont pas guidés à la lumière de son histoire, le danger sera toujours là.
C’est pour cela que je dis aux Rwandais, ne nous laissons pas distraire. Notre approche est aussi radicale et sans précédent que la situation qui fut la nôtre.
Insister sur la volonté de trouver nos voies propres peut avoir un prix. Néanmoins, nous nous en tiendrons à notre ligne de conduite.
A nos amis de l’étranger, je sais que dans vos pays, vous accordez une grande importance à l’unité nationale quand elle y règne. Là où elle manque, vous travaillez pour la construire, exactement comme nous le faisons nous-mêmes.
Nous vous demandons d’aborder le Rwanda et l’Afrique avec un esprit ouvert, d’accepter que nos efforts sont menés de bonne foi pour le bien de nous tous.
Nous aimerions vous faire savoir que nous apprécions votre assistance, d’autant plus que nous pensons précisément que vous n’êtes en rien redevables à notre égard.
Le Rwanda était censé devenir un Etat failli.
Avec le regard d’aujourd’hui, il n’est pas difficile d’imaginer comment nous aurions pu finir.
Nous aurions pu devenir un protectorat permanent des Nations-Unies, sans grand espoir de retrouver un jour notre statut de nation.
Nous aurions pu laisser notre pays physiquement divisé en groupes affectés à telle ou telle zone et réputés inconciliables.
Nous aurions pu rester la proie d’une guerre civile interminable, avec un flux ininterrompu de réfugiés, nos enfants malades et sans instruction.
Mais nous n’avons pas fini comme ça. Ce sont les choix décidés par le peuple du Rwanda qui nous ont évité ces autres scénarios.
Après 1994, tout était prioritaire et notre peuple était complètement sinistré.
Nous avons cependant fait trois choix fondamentaux qui nous guident encore à ce jour.
En premier, nous avons choisi de rester ensemble.
Lorsque les réfugiés sont rentrés, nous avions choisi d’être ensemble.
Lorsque nous avons libéré les prévenus pour génocide en attendant de les faire comparaître devant les juridictions “Gacaca”, nous choisissions de rester ensemble.
Lorsque nous avons adopté une nouvelle Constitution inclusive qui puisse transcender les politiques basées sur la division et renforcé les droits des femmes en tant que partenaires à part entière de la reconstruction nationale pour la première fois, nous choisissions de rester ensemble.
Lorsque nous avons étendu à tous nos concitoyens l’ensemble des nouveaux avantages en matière de santé et d’éducation, nous choisissions de rester ensemble.
En second lieu, nous avons choisi de rendre compte envers nous-mêmes.
Lorsque nous décentralisons la responsabilité du pouvoir et la prise de décision vers les villes et les collines à travers l’ensemble du pays, nous rendons compte.
Lorsque nous travaillons avec des partenaires de développement pour nous assurer que leurs prestations bénéficieront à tous nos concitoyens, nous rendons compte.
Lorsque nous allouons des bourses d’étude et nommons des fonctionnaires sur base de leur mérite et sans discrimination, nous rendons compte.
Lorsque nous sanctionnons un fonctionnaire qui abuse de son pouvoir ou se compromet dans la corruption, quel que soit l’importance de son rang, nous rendons compte.
Il en résulte que notre peuple attend plus du gouvernement et il le mérite.
En troisième lieu, nous avons choisi de voir grand.
Lorsque les Rwandais ont libéré eux-mêmes leur pays, nous avions pensé grand.
Lorsque nous avons conçu “Vision 2020″ pour le Rwanda et que nous nous sommes astreints à atteindre nos objectifs de développement, nous avons pensé grand.
Lorsque nous avons décidé de faire du Rwanda un pays attrayant pour les entreprises, nous avons pensé grand.
Lorsque nous avons investi dans un réseau internet à haut débit capable d’atteindre tous les 30 districts de notre pays, nous avons pensé grand.
Lorsque nous sommes devenus un pays qui participe régulièrement à diverses missions de maintien de la paix des Nations Unies et de l’Unions Africaine, nous avons pensé grand.
Nous pouvons faire des erreurs comme n’importe quel autre pays. Quand ça nous arrive, nous en prenons note, nous apprenons et nous allons de l’avant.
Il y a beaucoup plus à faire devant nous que derrière. Les Rwandais sont prêts.
A l’occasion d’une autre commémoration du génocide il y a quelques années, j’avais rencontré un jeune homme qui avait survécu avec douze autres dans une fosse commune contenant près de 3000 d’où ils furent retirés du côté de Murambi.
Il vivait encore tout près de là, complètement esseulé. Quand il repéra des tueurs qu’il connaissait parmi ceux qui sortaient de prison à l’époque, il fut évidemment outré.
Quand je lui ai demandé comment il prenait tout ça, il m’a dit: ” je n’aurais pas pu le supporter à moins d’être convaincu que ces choix impossibles allaient nous conduire à quelque chose de mieux”.
Il y a vingt ans, le Rwanda n’avait plus qu’un passé et pas d’avenir.
Et pourtant, comme Fidel vient de nous le dire à l’instant, nous avons aujourd’hui quelques raisons de célébrer la vie de manière normale, alors que pour les autres, tout cela semble chose acquise depuis toujours.
Si le génocide témoigne de la stupéfiante capacité de l’être humain à soumettre ses semblables à la cruauté, les choix du Rwanda montrent ses capacités de renouveau.
A ce jour, la moitié de la population rwandaise est agée de 20 ans ou moins. Près des trois-quarts ont moins de 30 ans. Ils sont le Rwanda nouveau. De voir ces jeunes gens portant la Flamme du Souvenir dans tous les coins du pays au cours des trois derniers mois est un signe porteur d’un énorme espoir.
Si nous sommes tous rassemblés ici, c’est pour nous rappeler de ce qui s’est passé tout en nous réconfortant mutuellement.
Ce faisant, il nous faut garder en mémoire l’avenir prometteur auquel nous nous sommes résolus de parvenir.
Je vous remercie.
Paul Kagamé
Stade Amahoro | 7 avril 2014
FLAMNET-AGORA: Les terres du waalo. Un extrait du “Manifeste du Négro-mauritanien opprimé…”
Un extrait sur les terres du waalo que je vous demande de lire avant la suite.
«Le manifeste du negro-mauritanien opprime. Février 1966-Avril 1986. De la guerre civile à la lutte de libération nationale. Avril 1986 » (Pp : 22-28)
Nous avons dit que l’objectif du Système Beydane était de contrôler systématiquement toutes les ressources de l’économie mauritanienne : banques, commerce, pêche, mines. Ayant compris l’enjeu économique que représentera l’agriculture en Mauritanie dans la perspective de l’après barrage OMVS, il s’est attelé depuis quelques années, dispositif juridique à l’appui, à une réforme foncière en vue de contrôler les fertiles terres alluviales du fleuve Sénégal.
A/ LES TERRES ALLUVIALES DU WAALO : ENJEU POLITIQUE ET REFORME FONCIERE
L’histoire des terres du Waalo se confond avec celle des populations Sooninke, Wolof, Haalpulaaren qui habitent dans cette partie de la vallée du Sénégal. Malgré la sécheresse, les terres du walo demeurent encore un potentiel économique inépuisable, capable de nourrir l’ensemble des populations de la vallée du Sénégal, vivant en Mauritanie, au Sénégal et au Mali. Il suffit de les réexploiter avec une utilisation rationnelle de la terre et de l’eau. Les pays concernés, cherchent, par le moyen de l’OMVS (Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal), à résoudre ce problème.
Au départ, le régime de Moktar O/ Daddah avait adhéré à l’OERS (Organisation des Etats Riverains du fleuve Sénégal) devenue plus tard OMVS pour des raisons essentiellement de politique sous-régionale. Le facteur économique ne pouvait être une préoccupation de ce régime et de la classe politique beydane en général, qui voyaient en cette organisation sous-régionale un moyen de développement économique et social du Sud. D’où le slogan “saborder l’OMVS, parce qu’elle ne profitera qu’aux Noirs”. La théorie du Daddahisme sur le développement du Sud était connue : un Sud développé habité par des Noirs serait une menace politique car le Sénégal n’a jamais définitivement renoncé à ses anciens territoires de la rive droite. Un territoire pauvre n’est guère alléchant pour les esprits irrédentistes. Il faut donc maintenir un Sud appauvri, démuni et dépendant économiquement du Nord. C’est dans cette optique que l’on a orienté vers le Nord ou annulé de nombreux projets de développement industriel et agricole destinés initialement à la vallée du Sénégal :
– usine de sucre installée à Nouakchott au lieu de Kaédi,
– construction d’une route bitumée reliant Rosso à Sélibaby,
– investissements agricoles pour le Gorgol détourné vers la fameuse “opération charrue” en 1965 dans les Hodh,
– investissements de petits et moyens périmètres détournés en faveur de projets de reconstructions de palmeraies en Adrar et au Tagant, etc. ….
N’eut-il été l’insistance de la RFA, de la Banque Mondiale et de la république populaire de Chine, le casier rizicole de Rosso, le PPG de Kaédi et le CPB (le casier pilote de Boghé) ne seraient jamais aménagés.
A partir de 1978, un groupe de pression opposé à la participation de la Mauritanie à l’OMVS s’est constitué. Ses principaux dirigeants étaient : Mrs. Mohamed O/ Seybout (alors conseiller juridique de l’OMVS), Youba O/ Benani (alors Directeur de la Société Nationale de Développement Rural – SONADER), Mohameden O/ Baba (actuel directeur de la société susnommé), Mokhtar O/ Zamel (alors ministre du Plan), Sid’Ahmed O/ Bneïjara (alors ministre de l’économie et des finances) et Ely O/ Alaf, à l’époque Secrétaire Général de l’OMVS. Ce groupe avait publié un mémorandum qui avait la prétention de démontrer le peu d’intérêts économiques que la Mauritanie trouverait au sein de cet organisme. Selon ce document, seuls le Sénégal et le Mali allaient réellement en bénéficier.
En contrepartie du départ de la Mauritanie de L’OMVS., les pays arabes (Libye, Irak, Koweït) et le FADES. (Fonds Arabe de Développement Economique et Social) proposèrent de financer des aménagements agricoles dans des régions à dominante ou exclusivement beydanes : l’Irak avec le projet Aftout, le La SAMALIDA (société Mauritano-Lybienne de Développement Agricole) qui a confisqué tout bonnement des terres à des personnes de la région de Rosso, le FADES avec la reconstitution des oasis en Adrar, en Assaba et au Tagant. C’est dans ce cadre que le Secrétaire Général de l’AODA. (Organisation Arabe pour le Développement Agricole) a effectué une visite de travail à Nouakchott dans le courant du mois de novembre 1985.
C’est la ruée des organismes agricoles arabes vers les terres du Waalo.
Mais les tentatives pour faire quitter la Mauritanie de l’OMVS sont demeurées vaines jusqu’à ce jour. La menace d’un conflit racial et les conséquences politiques graves pour une “Mauritanie beydane” dans la sous-région sont les principales raisons qui ont empêché jusque là les gouvernements beydanes à franchir le Rubicon.
D’ailleurs la sécheresse et la famine vont faire évoluer l’opinion beydane sur les aménagements agricoles dans le sud et sur l’OMVS. Cette sécheresse a provoqué aussi un important mouvement des populations sinistrées vers les centres urbains administratifs et économiques. La vallée du Sénégal (les deux rives) est une des régions d’accueil des populations nomades et leurs troupeaux. Cette arrivée massive de populations allogènes devient une menace politique et économique pour un Sud qui se caractérise par l’exiguïté des espaces utiles qui formaient déjà, avant la sécheresse, un fragile équilibre avec ses populations autochtones.
La famine, l’exode et la fixation des nomades arabo-berbères et leurs troupeaux dans le Sud sont donc les données nouvelles qui vont amener la classe politique et intellectuelle beydane à modifier son opinion sur l’OMVS et ses aménagements : la théorie de l’espace vital est née. Cette classe est d’accord pour la création des grands et petits aménagements agricoles dans la vallée, à condition qu’ils soient gérés par la SONADER (puisque cette société est contrôlée entièrement par des éléments beydanes) ; elle est également d’accord pour que la Mauritanie retrouve pleinement et entièrement sa place au soin de l’OMVS. Mais le préalable de tout ceci est la redistribution des terres alluviales du Sénégal, afin que les populations beydanes en bénéficient !!
Pour récupérer la plupart de ces terres, on recoure à trois moyens :
1/ – la réforme foncière,
2/ – les rachats des terres grâce à l’argent “prêtés” par les banques de l’Etat, le Fonds National et certains pays arabes à des commerçants et des éléments issus de la classe politico-militaire.
3/ – l’argumentation historique pour démontrer l’antériorité du beydane en terre mauritanienne.
I°/ La réforme foncière
Pour légaliser cette confiscation, le gouvernement de Haïdallah promulgue l’ordonnance n° 83 127 du 5 juin 1983 portant réorganisation foncière et domaniale.
Cette “réforme foncière” concerne particulièrement les terres de la vallée du Sénégal qui représentent la quasi totalité des surfaces aménageables indispensables à l’autosuffisance alimentaire du pays. Mais derrière ce slogan, elle vise un double objectif.
a/ économique par la confiscation légalisée des terres au bénéfice des populations beydanes, particulièrement sa bourgeoisie compradore à qui on permet le rachat des terres
b/ politico-social en essayant d’orienter les légitimes et irréversibles revendications sociales et économiques, (mais trop inquiétantes pour le Système Beydane) des Haratines vers ces terres du Waalo, pour susciter des contradictions antagonistes entre les composantes de la Communauté négro-mauritanienne.
On saisit difficilement cet altruisme inhabituel des Beydanes qui font miroiter les terres aux paysans haratines. On se pose la question de savoir pourquoi les oasis et les grara du Nord, du Centre-Est et de l’Est qui ont été cultivées par des générations d’esclaves dont ces paysans haratines sont les descendants ne sont pas intégrés dans ces champs de miroitement.
2°/ Le « rachat » des terres
L’ordonnance n° 83 127, notamment en ses articles 1, 3, 9, 11, 12 et 14 favorise le “rachat” des terres. A la lecture de cette ordonnance, on demeure convaincu que le législateur (qui ne peut être qu’un Beydane) ignore toutes les réalités civilisationnelles d’une société (Haalpulaar, Wolof, Soninké) pour qui la terre est à la base de la formation de sa structure socio-économique, politique et culturelle.
Il existe deux types d’exploitants qui soi-disant achètent des terres :
– des éléments de “la classe prétorienne” comme les Lt colonel Boukhreiss, O/ Alioune N’Diaye, Djibril O/ Abdallah, le commandant O/ Dey et les grands commerçants, d’une part ;
– les “coopératives agricoles” beydanes qui, dans la réalité sont des commerçants (petits et moyens) disposant de moyens financiers plus faibles, d’autre part.
Les premiers font exploiter les terres confisquées par des ouvriers agricoles (pour la plupart des Haratines, mais on trouve de plus en plus de Walo-Walo et de Haalpulaar).
Les seconds, les “coopératives agricoles” beydanes assimilent officiellement leurs ouvriers à des coopérateurs associés, pour détourner l’esprit de la loi 67/71 du 18 juillet 1967 portant statut de la coopération.
Cette néo bourgeoisie bénéficie des complicités financières au niveau des banques, du Fonds National de Développement et des dons arabes pour “racheter” les terres et les mettre en exploitation.
Nous saisissons l’occasion pour rappeler aux populations du Sud qu’il est formellement interdit de vendre la terre. Boycottez, bannissez, tous ceux qui encouragent la vente des terres. La terre appartient au village. La seule réforme foncière acceptable pour nous est celle qui permet la redistribution de la terre proportionnellement aux besoins entre tous les membres du village.
Les pénibles conditions économiques dues à la sécheresse font des paysans du Sud des proies faciles face à la rapacité de cette bourgeoisie politico-militaro-commerçante. Le paysan du Sud, victime de malnutrition se laisse vite tomber dans le mirage des sommes, mêmes modiques, que ces requins font agiter devant ses yeux.
A cette occasion, nous stigmatisons la politique discriminatoire que le Commissariat à l’Aide Alimentaire pratique à l’endroit de la Communauté négro-mauritanienne. La Mauritanie bénéficie d’une aide alimentaire internationale destinée à l’ensemble de sa population victime de la sécheresse et de la famine, et non presque exclusivement à la population beydane. Le C.A.A. est dirigé par des éléments baassistes et nassériens chauvins qui ne méritent aucunement la confiance des donateurs étrangers. Les régions à dominante arabo-berbère regorgent de produits alimentaires provenant de ces dons. Les campagnes du Sud sont celles qui reçoivent de l’aide une fois tous les deux (2) ou trois (3) ans. L’administration territoriale dans le Sud, contrôlée presque exclusivement par des Beydanes, y joue un rôle fondamental en collaboration avec le C.A.A. C’est elle qui, en effet, prétend, dans ses correspondances adressées à cette institution gouvernementale, que les populations du Sud ne sont pas sinistrées, pour qu’elles ne bénéficient pas d’une aide alimentaire. Les autorités gouvernementales concernées et le C.A.A. restent insensibles bien sûr aux protestations des populations noires.
Et pourtant, une partie de cette aide alimentaire continue d’être acheminée par des moyens détournés, vers le Sahara Occidental.
Cette situation nous oblige à réclamer la présence de représentants des organismes donateurs pour superviser et contrôler la distribution de leurs dons à l’ensemble des populations mauritaniennes sans discrimination raciale et culturelle.
c/ L’argumentation historique
Depuis quelques années des théories historiques continuent d’occuper une place importante dans la recherche de l’argumentation beydane pour chasser les Noirs du Sud et y installer cette population beydane victime de la sécheresse celle-ci, comme on le sait, est en train de chasser une importante population nomade du Nord, et du Centre-est vers le bassin du fleuve Sénégal. Populations et bétail, émigrent vers les zones d’occupation permanente où l’agriculture est pratiquée. L’exiguïté de l’espace vital et le déséquilibre démographique ont créé une situation de conflits raciaux permanents avec destruction de cultures, agressions armées contre des paysans isolés, suivies souvent de mort d’hommes (incidents de Lexeïba dans le Gorgol en 1985). Toute réaction de défense légitime de la part des Noirs est réprimée par les autorités régionales (gouverneurs, préfets, chefs d’arrondissements, commandants de brigade de gendarmerie beydanes). Tant et si bien que les paysans n’osent guère s’attaquer au bétail destructeur. Ils n’osent même plus protéger leurs cultures par des clôtures en fil de fers barbelés . Le dromadaire maure est devenu le fléau numéro un des cultures du Jeeri et du Waalo, bien avant les phacochères, les cynocéphales et les sauteriaux.
Certaines familles nomades se sédentarisent dans les villes de Rosso, Bogué, Kaédi, Bababé, M’Bagne, Magama, Sélibaby, Gouraye etc….. Les administrateurs beydanes leur distribuent gratuitement des lots de terrains de construction sur les terres de culture des Kollade et du Jeeri (à Boghé, Kaédi, Sélibaby, Bababé, etc.) : ce sont les Jedida. Mais cela ne suffit pas. On cherche maintenant à confisquer les terres de culture dont les familles propriétaires sont connues depuis des siècles pour les distribuer aux nouveaux venus sous prétexte qu’ils sont victimes de la sécheresse. Mais, les Noirs ne le sont-ils pas ? Les administrateurs interprètent malhonnêtement l’ordonnance en leur faveur ; son article 1er, par exemple qui prétend que “la terre appartient à la nation et tout mauritanien, sans discrimination d’aucune sorte, peut, en se conformant à la loi, en devenir propriétaire, pour partie”.
Face aux réactions de défense des intérêts vitaux des Noirs, l’intelligentsia beydane se met à inventer des théories historiques pour justifier les prétentions de sa communauté :
“Les Noirs de Mauritanie sont des descendants d’anciens footballeurs immigrés du Mali, du Sénégal et de Guinée” . “Les Beydanes sont les Palestiniens de la Mauritanie dont la terre a été spoliée par les Noirs qui sont leurs Juifs”!!. “La Mauritanie, seconde Palestine de la patrie arabe” !! (Journal Watan El Arabian). “Les Noirs sont des Sénégalais qui ont envahi la Mauritanie” [propos d’un étudiant nassérien lors de la conférence du Directeur de l’Institut des Langues Nationales (ILN) sur les langues nationales en 1983 à l’ENA]. “Si les Noirs ne sont pas contents, ils peuvent rentrer chez eux, au Sénégal” (propos que l’on entend souvent dans les taxis . “Les Noirs sont des Sénégalais qui nous envahissent dans nos administrations. Ils sont jusque au sein du CMSN” !! (Propos tenus par le Commandant Ahmed Mahmoud O/ Deh, le hérault de la classe politico-militaire et actuel Permanent du CMSN).
On retrouve ces théories historiques jusque dans les enseignements d’histoire et de géographie au Koweït. Toutes ces idées rappellent, à n’en pas douter, celles d’un Cheikh Sidya Baba qui, dans une lettre adressée au Gouverneur Coppolani réclamait “… le refoulement des Noirs sur la rive gauche, car les terres que ceux-ci occupent sur la rive droite appartiennent aux maures”. Selon toutes ces versions, la Mauritanie était terra ex nihilis avant l’arrivée des Arabo-berbères. Paradoxale identité avec la théorie sur l’antériorité de l’occupation de l’espace en Afrique du Sud développée par l’Apartheid.
En tout cas, la Communauté négro-mauritanienne doit prendre très au sérieux toutes ces élucubrations historiques qui sont, malgré tout, un apport logistique pour le programme de confiscation des terres alluviales du Sud.
En 1960, nous avions pris pour des élucubrations idéologiques et culturelles les revendications pour l’arabisation d’une Mauritanie que les Beydanes assimilaient déjà au monde arabe. En 1985, voilà où nous en sommes : une Mauritanie arabisée à 95 % et les Noirs menacés d’expulsion de leur patrie historique.
Quelqu’un a écrit que “… Dans les sociétés de classes (pour la Mauritanie, nous pouvons parler de races), l’histoire fait partie des outils par lesquels la classe dirigeante maintient son pouvoir. L’appareil d’Etat cherche à contrôler le passé à la fois au niveau de la politique pratique et au niveau de l’idéologie. L’Etat, le pouvoir organisent le temps passé et façonnent son image en fonction de leurs intérêts politiques et idéologiques“.
Ibiraahiima Abuu SAL/ 2014, seeɗto, 06 dewo biir (dimanche, 06 avril 2014)
Insolite. Hamdou Saleck, accapare 720 hectares, depuis 25 ans, sans aucun document.
Arc-en-ciel, le Pmc, réclame la démission du ministre de l’intérieur , le limogeage du wali du Barkna et la relève de leurs fonction le Hakem de Boghe et chef arrondissement de Dar El Barka.
Encore au nom de la transparence, et , toujours au nom de la transparence.
Jeudi 27 mars 2014, très tôt le matin, Mr Ahmedou ould Abdallahi, Wali du Brakna, m’appelle au téléphone, pour me signifier, que, enfin, Hamdou Saleck lui avait apporté les documents du périmètre agricole réclamés depuis le 02 mars 2014, à Donnaye.
Il nous fixa alors rendez-vous pour le lundi, 31 mars 2014, à Aleg.
Avant de raccrocher, il insista à nouveau, sur son désir de voir le conflit qui oppose Hamdou Saleck au village de Donnaye, se régler à l’amiable.
Après avoir raccroché, j’informais aussitôt, les notables de Donnaye, afin que nous nous retrouvions tous, à Aleg, dès lelundi matin.
Lundi, comme convenu, nous nous retrouvames tous à la wilaya accompagné du protagoniste des damnés de Donnaye.
Aussitôt entrés dans le bureau, le Wali demanda à Hamdou Saleck les documents, et ce dernier de lui dire qu’il les avait laissés dans sa voiture. Le Wali lui demanda, alors, d’aller les chercher. Ce qu’il fit.
Après avoir remis la chemise qui les contenait au Wali, ce dernier, l’ouvrit et nous exhiba quatre photocopies de lettre d’attribution, avant d’ajouter qu’elles ne règlent en rien l’énigme parce qu’aucune coordonnée topographique, ne figurait sur elles. Le meilleur topographe ne pourrait pas délimiter les parcelles; pour conclure,le Wali nous conseilla de trouver un arrangement à l’amiable, sinon qu’il fallait s’en remettre à la justice.
Je ne tardais pas à signifier à monsieur le Wali ma stupéfaction en le voyant se suffir de simples photocopies pour accréditer la prétention de Hamdou Saleck. J’attendais de voir, conformément à l’article 66 du décret d’application2010-080 de l’ordonnance 83-127, voir entre les mains du Wali un dossier complet composé de :
– des copies des affichages accrochés pendant 60 jours à l’arrondissement, et à la commune de Dar El Barka;
– du procès verbal du retrait de ces affichages;
– des copies de communiqués diffusés en arabe et en pulaar, dans les radios émettant dans cette zone;
– du procès verbal, de la commission foncière départementale approuvant l’attribution de cet espace pour en faire un périmètre agricole;
– d’une copie du cahier de charges, comme son nom l’indique, stipulant les engagements des uns et des autres;
– des plans de situation, sur lesquels toutes les informations et principalement l’échelle qui fait ressortir automatiquement les coordonnées GPS et la superficie du périmètre en question. Rien de tout cela, sinon des photocopies traficotées certainement, je m’étonnais de constater avec effarement, la cécité du Wali, juriste de formation, de surcroît, qui certainement, mieux que moi, était plus outillé en terme d’interprétation et de compréhension de l’esprit et de la lettre des lois de la république.
En plus, dans la présentation du Wali, je devais dire sa plaidoirie il nous égrenait la liste des quatre attributaires de parcelles de 30 hectares chacune délivrées: la première à Hamdou Saleck, les deuxième et troisième, à ses fils biologiques et la quatrième à son cousin.
Un élève du CE2, trouverait mentalement et instantanément, que 4 parcelles de 30 hectares chacune, ne feraient au total que 120 hectares, alors que Hamdou Saleck confisque près de 720 hectares, depuis bientôt 25 ans, sans apparemment aucun document légal, et cela, forcément, grâce à la complicité de toute l’administration territoriale du Brakna et à commencer par son premier chef, le Wali.
Puisque les photocopies de Hamdou Saleck, font foi, le Wali aurait dû lui demander, celles justifiant l’accaparement des 600 autres hectares! pour que la boucle soit bouclée.
Non, Mr le Wali est resté muet. Il a fallu que je demande à Hamdou Saleck, la justification des 600 autres hectares pour qu’il me dise qu’il avait sollicité une extension.
Mr le Wali ne peut ignorer, que , conformément à l’article 56 du décret d’application, on ne peut prétendre à une extension sans avoir réalisé au moins 50% de l’aménagement du périmètre, et ce, durant 5 (cinq ) années consécutives, constatation faite par la commission foncière départementale, pour obtenir la concession définitive.
Sans cette concession définitive on ne peut prétendre à aucune extension et encore moins y effectuer une quelconque transaction: vente, échange, donation, legs ou autre.
Je réclamais immédiatement la restitution de cet espace de 600 hectares pour lesquels Hamdou Saleck ne dispose même pas de photocopies de lettres d’attribution.
Je demande au Wali d’ordonner à ses services compétents de nous produire les doubles du dossier qui est certainement archivé.
Grande stupéfaction. Plus inimaginable encore, le Wali affirma qu’il n’y a plus aucune archive ni à Boghe, auprès de tous les services techniques, ni à la wilaya d’Aleg, qui selon l’étendue du périmètre ( 30 ha ) est du domaine d’attribution Wali.
Devant la flagrance partisane du Wali qui se manifeste par sa cécité juridique, il est inutile de relever que Mr Hamdou Saleck , même étant le père de ses deux fils, n’est pas habilité de parler en leur nom compte tenu de leur majorité; à moins de nous présenter des procurations notariées. Il y va de même pour son cousin.
En définitive, conformement à l’article 75 du décret d’application de l’ordonnance 83-127, ces lettres du Wali sont frappées de nullité.
Enfin, même si les intentions inavouées des instigateurs de cette loi depossessive et scélérate proposée au comité militaire de salut national et signée par le “respecté” Mohamed Khouna Ould Haidallah, se découvrent clairement dans la plupart des 29 articles de l’ordonnance du CMSN signée le 05 juin 1983, il faut reconnaître, à son corps défendant, qu’elle a édictée des procédures et défini les nombreuses conditions qui, si elles ne sont pas respectées, frapperaient les documents administratifs: soit de cause d’indirass, soit de nullité ou, soit de déchéance de fait.
Ces opérateurs ignorants, aveuglés par le désir démesuré du gain et du profit, et souvent très mal conseillés, en plus de la complicité évidente de l’ensemble des administrateurs véreux et cupides, verront leurs serpents se mordre les queues.
Face à cette complicité évidente de l’administration, les notables de Donnaye ont unanimement décidé de conduire le litige devant les tribunaux mauritaniens.
Quant à Arc-en-ciel, le parti mauritanien du concret, qui depuis le début n’a jamais voulu politiser son action, se voit aujourd’hui dans l’obligation de déclencher les techniques et ingéniosités politiques nécessaires, pour continuer à faire entendre la complainte de Donnaye, faire respecter les lois votées dans notre assemblée nationale, et faire triompher la raison , le droit, éradiquer à jamais le mensonge et la manigence d’état.
Dans le même cadre, depuis que le cas de Donnaye à surgi, d’autres cas similaires et aussi révoltants ont été confiés à Arc-en-ciel, le Parti mauritanien du concret.
Il s’agirait des cas de Aéré Mbar, Mboyo (Tessem1, Tessem2, Fetchi, Tetinguel, Ba Ngue, Thielaw ), Diatar, etc , etc.
Arc-en-ciel, le Pmc, réclame:
1/ la démission du ministre de l’intérieur qui constatera que ses injonctions faites au Wali du Brakna, par le biais de son secrétaire général, qui avaient pousser arc-en-ciel, le Pmc, de surseoir au sit in à la place des lamentation ( grilles présidence ), n’ont servi à rien.
2/ le limogeage immédiat du Wali du Brakna pour sa flagrante complicité dans cette arnaque foncière nationale.
3/ la relève du Hakim de Boghe et du chef d’arrondissement de Dar El Barka.
4/ la création d’une commission nationale pour auditer toutes les attributions des terres du Walo, du Toro, du Lao, du Nguenar, du Bossoya en un mot de la vallée du fleuve.
Arc-en-ciel,le Pmc, s’investira pour mobiliser toute la classe politique mauritanienne, la société civile, les syndicats, en un mot tout le peuple mauritanien pour que la justice et l’équité, triomphent.
Arc-en-ciel,le Pmc, lanceur d’alertes, s’assigne comme mission, d’éclairer la lanterne des mauritaniens, afin que d’autres n’abusent pas de leur religion.
Le Président
Alassane Hamady Soma Ba
Dit Balas .