Monthly Archives: May 2011
FLAM : une profession de foi constante à la république Par Dr Mamadou Amadou Sow – FLAM-Europe de l´Ouest Rennes -France
Hommage à un camarade qui nous a quitté à la fleur de l´âge et qui nous a laissé un vide énorme, feu Dr Mamadou Amadou Sow de Sélibaby.Que la terre lui soit légère Amen! Voilà ce qu´il écrivait sur notre lutte.
Lorsqu’une communauté est maîtrisée par un groupe d’individus, c’est visiblement parce qu’elle n’a pas le courage ou parce qu’elle a renoncé de se gouverner elle-même. La Mauritanie, à l’instar de la quasi-totalité des pays africains issus de la colonisation, est un agrégat de communautés. L’ambition supra-communautaire était de fédérer celles-ci en une république. Pour se faire, elle aura à se référer à cinq principes fondamentaux d’une morale nourrit des droits de l’Homme : le primat de l’individu ; la confiance dans la représentation du suffrage universel et la prépondérance absolue du Parlement ; la laïcité de l’État et de l’École ; la promesse d’un progrès social inéluctable et graduel ; la jonction d’un pacifisme constitutif et de l’exaltation de la défense nationale.Comme pour les préceptes religieux, les mauritaniens se seraient bien satisfaits d’un respect partiel de ces principes. Ceux-ci auraient garanti une cohésion et un juste équilibre entre les communautés. D’autant plus qu’ils s’étaient rendus à l’évidence que même le partage d’une religion commune ne préservait ni du racisme ni de la pratique de l’esclavage.
Aussi quand un groupe d’individus, appartenant tous à la même communauté, use par la confiscation et la transformation des apparats de l’Etat (armée, police et justice) en outils de domination, l’équilibre est rompu. L’objectif est désormais d’asseoir l’hégémonie politique et économique d’une seule entité au détriment des autres. La résultante procède d’abord par l’avènement de despotes avant de consacrer le règne des tyrans. Pendant tout ce temps, l’arbitraire et l’oppression sont érigés en règles de gouvernance. Ainsi les exclus du système ne le sont plus par le fait d’une inappétence ou par l’émergence d’une classe sociale entreprenante. Ils le sont par le renoncement et la trahison aux idéaux républicains au profit d’un racisme d’Etat confortable pour quelques-uns et destructeur pour l’immense majorité.
Si un mouvement d’opposition, comme les FLAM, dénonce et combat les régimes qui se sont succédé à la tête de ce pays devenu outrageusement anti-républicain, il est malveillant de crier à l’extrémisme ou de l’affabuler d’un quelconque nationalisme étroit. En attendant le sobriquet de terroriste, ces étiquettes délurées furent accolées dans d’autres circonstances à des mouvements comme l’ANC. Sans compter qu’ils ne prétendent ni à l’exercice exclusif du pouvoir ni à recourir aux déportations pour définir le contour d’un pays Etat-communauté.
La Mauritanie n’a pas encore expérimenté une proto-république et n’a pas non plus servi de champ de bataille de deux tendances (maures contre négro-africains) convoitant chacune le suprême pouvoir au profit de sa communauté. Si la première s’est laissée séduire par les sirènes de l’arabité et y a souscrit en masse en envoyant plusieurs de ses enfants dans une école dédiée à sa cause pour constater à la fin qu’elle a été victime d’une grande mystification. La seconde a été plutôt le témoin d’une usurpation de pouvoir par quelques factions tribales maures exhibant quelques cancrelats négro-mauritaniens très reconnaissants de sortir de l’ornière de l’anonymat et très heureux d’être invité au festin. Une prise de pouvoir qui nous impose une représentation inacceptable de la Mauritanie sur fond d’anti-républicanisme : à la place d’une primauté de l’individu nous assistons aux violations systématiques des droits individuels et en substitut à un progrès social graduel nous constatons une généralisation de la pauvreté pendant que vols et détournements de deniers publics s’en vont enrichir toujours les mêmes.
Il paraît bien commode de renvoyer dos à dos victimes et bourreaux. Les FLAM n’ont pas fréquenté les mouroirs de Oualata et les plus chanceux parmi-eux les déportations où l’exil pour que les négro-mauritaniens s’approprient exclusivement l’appareil d’Etat. Ils avaient fait le diagnostic d’une Mauritanie malade de l’ante républicanisme. Contrairement à d’autres, ils ne lui ont pas infligé les souffrances d’une mort programmée pour mieux la dépouiller, ils n’ont pas souhaité rester passifs ou se contenter de lui appliquer des soins palliatifs en attendant qu’elle devienne un espace d’affrontements généralisés où chaque communauté tirant à hue et à dia ! Ils ont juste entendu ses plaintes répétées exhortant ses enfants à la soigner et à la guérir.
Les FLAM feront toujours face tant qu’une horde de sauvageons sans foi ni loi ne renoncera à parasiter l’Etat mauritanien. Ils ont le courage d’assumer leur républicanisme et n’ont pas renoncé à gouverner pour que chaque fils de la Mauritanie puisse décliner son identité au pluriel.
La lutte continue !
Le 22 juillet 2007
Mamadou Sow Rennes -France
Militant des FLAM
Un haut conseil de l’éducation serait-il nécessaire ?
Il ne sert à rien diront à première vue certains, de multiplier la création de structures si en retour on n’aboutit pas à des résultats.Trêve de gâchis! Mais face à la situation actuelle que traverse l’école mauritanienne, il urge de trouver des solutions pour redresser un système chancelant dans sa totalité qui ne manque pas d’hommes à la hauteur mais de véritables artisans en mesure de changer le destin tragique qui menace de mort clinique l’école mauritanienne. Ce ne sont pas aussi les réformes à elles seules qui sont responsables de la dégradation des niveaux. C’est plus à cause de l’incohérence des décisions , du choix arbitraire des responsables , de l’instabilité des organigrammes au sein de l’administration, des restructurations permanentes qui brouillent toutes les cartes prévisionnelles et maintiennent dans la médiocrité une machine totalement défaillante, de la précarité des conditions des enseignants etc. .
On ne peut pas changer un système si on ne connaît pas ce dont il souffre. D’où l’idée de faire un diagnostic médical complet et sans complaisance de tous les maux en vue de dresser un bilan complet sur la base duquel prescrire les remèdes nécessaires. Il faut à cet effet que les décideurs pensent à confier ce travail à un organe consultatif investi de prérogatives qu’il faut pour installer un cadre permanent de concertation et de recherche continue de solutions. Car les systèmes évoluent, les outils d’appréciation aussi. D’où la nécessité d’adapter les politiques éducatives aux évolutions de l’universalité. L’institution d’un haut conseil de l’éducation permettrait de combler le vide existant. Et ce d’autant plus qu’on a l’impression qu’à chaque fois que la crise perdure, on pense aussitôt aux états -généraux de l’éducation comme l’ultime secours pour sauver le système. Tels que conçus, ces états- généraux de l’éducation ne sont pas l’approche qu’il faut aujourd’hui, pour sortir le système éducatif national de l’impasse. Il vaut mieux se passer d’un énième cadre d’échange créé à la hâte qui ne changera jamais de méthode et qui engloutira des fonds énormes pour des résultats invisibles basés sur des recommandations produites pêle-mêle et jetées au bout du compte dans les tiroirs. Le travail que doit nécessiter le redressement de la machine demande de la rigueur, de l’expertise et de la volonté de rompre avec un système paternaliste soumis à la loi l’orthodoxie éculée et du dogmatisme restrictif. Il faut agir de manière transversale sur tous les pans du système. Se départir de vieux clichés idéologiques pour libérer l’école de ses pesanteurs politiques. La création d’un haut conseil de l’éducation un HCE (à ne pas confondre avec celui de la transition militaire passée) permettrait à la fois de gérer de manière transitionnelle les différentes étapes de ce redressement en vue de la remettre sur les rails. Peu importe par ailleurs la dénomination à donner à cette haute instance. C’est sa mission qui est la plus essentielle et son efficacité. Les paliers qui le composeront doivent tenir compte de toutes les exigences d’un système moderne plurilinguistique, pluridisciplinaire et hautement scientifique supporté par une forte teneur pédagogique. Une fois cet organe créé, son cadre juridique et institutionnel défini, il faudrait lui confier un mandat lui doter des ressources nécessaires pour qu’il élabore sa feuille de route. C’est, nous semble-t-il une option qui mérite d’être explorée et approfondie et une modeste contribution au débat que nous avions lancé depuis quelques années autour du paradigme qu’il faut pour sortir l’école d’une crise structurelle dans laquelle il se morfond …
Cheikh Tidiane Dia –LE RÉNOVATEUR
Triste spectacle! un projet de liquidation des FLAM? par Sid’Ahmed Ould Jaafar Consultant- politologue
“L’important n’est pas ce qu’on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu’on a fait de nous“. Jean-Paul Sartre c’est par cette belle phrase que commence en préambule le discours de Ousmane SARR sur son site AVOMM, dans la rubrique “qui sommes-nous”
En lisant cette phrase et en faisant une comparaison de ce qui s’est passé et se passe sur le site de l’AVOMM ces derniers temps, je ne peux m’empêcher de réagir
Plusieurs jours durant, j’ai suivi avec attention le défilé des identités des personnes sur lesquelles”peuvent compter les FLAM”, portraits signés par “PULLORI GALO”
Je vous assure que j’ai été pris de dégoût connaissant l’histoire et les révendications nobles de ce parti politique, lequel inspire en matière d’idées et de projets nos fameux hommes et femmes politiques sincères ou non.
Ce dégoût est d’autant plus grand quand on sait que tout ce battage médiatique est l’oeuvre d’une association, en l’occurence AVOMM, qui se défend d’être le défenseur des veuves et orphélins ayant perdu leurs maris et parents dans le contexte barbare que nous connaissons tous imposé par le sinistre Mouawiyyé et sa soldatesque barbare. Ces orphélins ont perdu leurs parents et ces veuves leurs maris qui ont simplement demandé une égalité de traitement et de justice entre tous les fils de Mauritanie.Et beaucoup parmi ces parents et maris tués étaient membres fondateurs des FLAM.
A mon dégoût s’ajoute aussi ma surprise. Pour des raisons de discipline et de respect dans tout parti, qu’il soit politique ou pas et pour le respect de ses membres,les problèmes internes entre partisans qui se réclament d’un même idéal politique, doivent être solutionnés dans la discrétion et dans la concertation et non être révélés au grand jour aux allures de règlement de compte! C’est le triste spectacle auquel j’ai assisté durant deux semaines, suite aux différentes sorties signées “PULLORI GALO” sur le site de l’AVOMM et repris par le site de AJD/MR après chaque publication.
A travers tous ces portraits exhibés et brandis comme un trophée par “Pullori Galo” et qui ont suscité un grand intérêt au vu des commentaires postés après chaque publication, on sent nettement un parti pris pour des uns au détriment des autres, une sorte de confrontation entre partisans du même mouvement comme pour dire, l’autre, c’est vrai, a des qualités mais vu notre position actuelle avec le gouvernement de Ould Aziz, c’est un frondeur, il faudra l’écarter. N’est-ce pas là les prémisses d’une tentative de solder(si ce n’est déjà fait!) les comptes de ce grand parti politique(FLAM) pour assouvir les fantasmes d’un groupe d’individus dont la seule ambition est de faire partis du gouvernement à venir dont un large remaniement est annoncé dans les mois à venir mettant à l’écard l’honneur et la mémoire d’hommes morts pour la justice et l’égalité?
Et ce qui est curieux dans tout ce battage médiatique, c’est que tous les articles de PULLORI(pseudonyme) et tous les commentaires qui suivent sont l’oeuvre d’individus se cachant derrière l’anonymat comme pour dire que tout ce que nous disons n’est pas vrai c’est pourquoi on est derrière un masque.Quand on a une vérité à dire, on s’interdit le masque!
On diffame, on dégrade, on insulte et tout ça sur le Site de l’AVOMM, curieux et révoltant non? Tout cela à cause d’un congrès annoncé par les FLAM?
Je n’ose pas y croire! Toute personne humaine, qu’elle soit mauritanienne ou d’ailleurs, consciente et consciencieuse s’interdira de penser à un projet de liquidation des FLAM au regard des sacrifices humains consentis pour la créer et dont la résultante est connue de tous: la mort d’hommes dignes et patriotes. Si des hommes et femmes mal intentionnés s’affairent à faire couler le bateau des FLAM et que AVOMM s’active à aider ces individus en donnant son site comme tribune à ces intentions malsaines, l’histoire jugera et le site et son président.
Où était notre cher professeur émérite, HAMDOU RABBY SY quand un tel battage médiatique avait commencé? Et pourtant il est bien conseiller de l’AVOMM. Où étaient tous ces hommes qui disent entourer Ousmane SARR pour lui prodiguer de bons conseils? L’ont-ils laissé faire ou l’en ont-ils dissuadé et qu’il a refusé? Dans tous les cas, ces interrogations méritent une réponse pour l’histoire pour que le silence qui est associé dans certaines situations à un consentement ne soit pas qualifié de coupable.
En souhaitant plein succès au congrès des FLAM, j’encourage l’ensemble des flamistes justes et francs à pérsister dans leur combat qui est le nôtre aussi pour qu’éclosent enfin la justice et l’égalité dans notre pays
Nouakchott, le 25 Mai 2011
Wa lillahi Walil Watan
Sid’Ahmed Ould Jaafar
Consultant/Politologue
Nouakchott, Mauritanie
L´Edito du Calame: Gare à la soudanisation !
Lors d’un point de presse improvisé, Ahmed Ould Neinny, le ministre des Affaires islamiques et de l’Enseignement originel, a déclaré que le président de la République a demandé, à son département, de dresser la cartographie des sépultures des personnes disparues, depuis l’indépendance, et dont leurs familles ignorent le lieu d’inhumation. Ce plan vise, selon lui, à mettre un terme aux souffrances des familles et à réhabiliter les victimes, notamment les auteurs du coup d’Etat avorté du 16 mars 1981 et les Négro-africains de 1989-1990, victimes d’exécutions extra-judicaires. L’initiative est louable, nul n’ayant le droit d’empêcher quiconque de se recueillir sur la tombe d’un défunt, à plus forte raison sur celle d’un parent. La presse, les organisations des droits de l’Homme et les familles des disparus n’ont eu de cesse de réclamer cette réhabilitation. Des centaines de mauritaniens exécutés, victimes de l’arbitraire et de la bêtise humaine, ne peuvent passer pour pertes et profits. Un pays ne peut se tourner vers le futur, avant d’avoir soldé les comptes du passé. Mais attention! Un sujet aussi sensible a besoin de beaucoup de tact et de diplomatie. De peur de réveiller les démons de la division. Les extrémistes des deux camps sont à l’affût et ne rateront pas une si belle occasion de mettre de l’huile sur le feu.
Déjà, l’Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste (IRA) exige, dans un communiqué, «l’éviction, des charges publiques et de la représentation du peuple, de toutes les personnes identifiées ou accusées, par les victimes ou leurs ayant droits, comme ayant participé, de près ou de loin, activement ou passivement, à cette épuration ethnique», ainsi que «l’arrestation, immédiate, de tous les auteurs des crimes génocidaires et leur traduction devant la justice, qu’ils aient été décideurs, exécutants ou idéologues». Elle engage, également, l’Etat à «procéder à des enquêtes ADN, pour identifier les dépouilles et les remettre à leur famille respective». Ces requêtes ont-elles une chance d’être entendues? Il y a de fortes chances que ce vœu restera pieux. Ould Abdel Aziz n’acceptera, jamais, d’ouvrir cette boîte de Pandore, les auteurs des exactions étant, tous, des militaires. Et même s’il le voulait, rien n’indique que ses frères d’armes le laisseraient agir. Il y va, donc, de son intérêt à s’en tenir à la «prière de l’Absent» et aux indemnisations qu’il a, déjà, consenties aux familles des victimes, lesquelles auront, enfin, la possibilité de connaître où les leurs sont enterrés. Certes, il est encore possible de faire mieux, en rendant, solennellement, hommage aux disparus, en demandant pardon, au nom de la Nation, ou en décrétant une journée des martyrs, par exemple. Mais sans trop tirer sur la corde. Notre pays a traversé une sombre période. Faisons en sorte de soigner ses plaies, toujours béantes, pour la dépasser sans passion. Il y va de notre survie. Personne n’a intérêt à ce que notre Etat, fragile, traverse de nouvelles zones de turbulences. Nos ennemis guettent nos moindres mouvements et gestes. Et ne manqueront aucune occasion de nous tourner en nouveau Soudan.
AOC- LE CALAME
Le conflit ethnique en Mauritanie entre politique de différenciation et société clientéliste
Le conflit ethnique en Mauritanie ne cesse d’interpeller les chercheurs en sciences humaines. L’anthropologue français, Francis De Chassey, fin connaisseur de la société mauritanienne et ses rouages politiques a animé une conférence à l’université de Nancy 2 ( France)sous le thème « Qu’appelle-t-on ethnie ? Pourquoi des conflits ethniques en Afrique ? Le cas de la Mauritanie ? Au cours de laquelle, il a pris le temps réactualiser ses hypothèses à propos des théories fondées sur l’ethnie et tous leurs corolaires dans les sociétés africaines contemporaines. Le chercheur, aujourd’hui à la retraite, a voulu partager avec le public composé d’enseignants-chercheurs, d’étudiants notamment mauritaniens à Nancy, un certain nombre d’interrogation au tour de cette thématique ainsi que les résultats de ses travaux sur la Mauritanie.
Cultiver le dialogue
L’ouverture de cette conférence a été faite par l’intervention de Bâ Sileye, le secrétaire général de l’association Nancéienne des étudiants Mauritaniens ( ANEM) lequel a fait savoir qu’en organisant cette conférence avec le département de sociologie de l’université de Nancy 2, l’objectif de l’ANEM est « celui de développer une culture de dialogue scientifique entre jeunes mauritaniens et faire découvrir les réalités que cachent l’histoire des conflits interethniques en Afrique, en l’occurrence la Mauritanie ». Monsieur Bâ a précisé que cette conférence vient à point nommé en faisant allusion à la période de turbulence que traverse la Mauritanie. Cette période est caractérisée par la recrudescence des affrontements interethniques à l’université de Nouakchott et de la revendication d’une justice sociale par toute la jeunesse mauritanienne. Il a aussi rappelé que les nouvelles déclarations du ministre des affaires islamiques et de l’enseignement originel sur le recensement des sépultures des victimes civils et militaires depuis l’indépendance à nos jours doivent être intégrées dans le dialogue pour la réconciliation nationale. Et que cette conférence constitue une ébauche d’une réflexion anthropologique des conflits ethniques contemporains visant à traiter, à notre sens, de trois groupes de questions : En ce qui concerne les différents groupes, partie prenante du conflit en question, elle devrait décrire les processus de formation de leur identité ethnique, ainsi que l’évolution de leurs relations avec des groupes voisins, puis, elle devrait décoder la logique ethnique justifiant le recours à la violence ; et enfin, lors des rapports des différents groupes ethniques avec l’État.
L’Etat-nation et la politique de la différenciation
Prenant tout de suite la parole, De Chassey a déclaré, il s’agit d’abord pour comprendre cette thématique de procéder à la définition en premier lieu qu’est qu’une ethnie ? Pourquoi tant de conflits ethniques en Afrique qui sont parfois « interminables, violents et sanglants ». Pour répondre à toutes ces questions, De Chassey a entamé son intervention par justifier l’objet de ses recherches sur la Mauritanie, tout en signalant, qu’il admet la « déconstruction » depuis trente ans de la notion admise des ethnies qu’il avait proposé et que ses « hypothèses » sur des ethnies et leurs conflits sont de nos jours « démenties » par les faits. Car, il déclare avoir vécu en Mauritanie le contraire de ce qu’il pensait pouvoir montrer. Il affirme avoir été le témoin du déclenchement du conflit ethnique en Mauritanie. C’est par une voix grave que l’ancien professeur de philosophie à Nouakchott livre : « Je regardais de ma fenêtre une bagarre, c’était une pure manipulation. Certains élèves negro-mauritaniens ayant éclaté le conflit étaient mes propres élèves. Mes élèves furent transférés à Walata. J’avais de la trouille de voir un conflit à coup de couteau dans une scène où l’on reclamé la peau d’un cuisinier négro-mauritanien que je connaissais pris comme Sénégalais ». A cet époque ajoute-t-il certaines idéologies étaient pourtant fortement répandues. Il évoque la participation de la jeunesse mauritanienne au « dialogue internationale » entre 1965 -1968 contre l’impérialisme. La création du mouvement national démocratique ( MDE) et le mouvement Khadihine, hostiles au régime de Moktar OUld Daddah avant d’être renversé par le premier coup d’Etat le 10 Juillet 1978. Les revendications étaient souligne-t-il entre autres la lutte pour la monnaie nationale et la nationalisation de la MIFERMA.
Pour lui, ce qui s’est passé en Mauritanie constitue un retournement. En se basant des thèses marxistes largement usitées dans les années 60 ans, l’anthropologue pensait que la prédominance des luttes ethniques allait disparaitre avec la naissance de l’Etat-nation en Mauritanie pour donner naissance à la lutte de classes et contre l’impérialisme occidental. Mais c’est le contraire qui s’est produit. Il a vu se développer, lors de son séjour à Nouakchott, dans les années 60 jusqu’au milieu des années 80 :« l’esprit ethnique communautaire ainsi que l’exacerbation des revendications identitaires ». Alors, l’anthropologue fait face d’un coup à la fausseté de ses hypothèses. Il change de fusil d’épaule car l’ hypothèse selon laquelle les ethnies, des réalités sociales « traditionnelles» appelées à disparaitre avec le développement économique et la construction d’un Etat fondé sur des réalités faites de classes de classes, se voit complètement démentie.
De Chassey pense que désormais qu’il est important de s’intéresser à des « diverses périodes historiques du pays avant, pendant, après la colonisation » afin de pouvoir expliquer le conflit ethnique en Mauritanie. Car selon lui « la colonisation invente l’ethnie comme catégorie classificatoire et prépare objectivement par sa politique différentielle les futurs conflits ». Elle établit des frontières arbitraires coupant des populations homogènes et leurs territoires et incluant des populations hétérogènes. Les nouveaux dirigeants de la Mauritanie ont hérité des autorités coloniales la pratique « d’une politique de races » et la gestion « différenciée des ethnies » (ordres et castes). L’anthropologue montre aussi la présence d’un pouvoir despotique et bureaucratique avec une structure sociale hiérarchique, inégalitaire et régie par le clientélisme sous tous les régimes militaires en Mauritanie.
Et pourtant, le conférencier a précisé que la Mauritanie a hérité d’une histoire de très longue durée et de grande ampleur d’échanges entre royaumes, empiriques, émirats où se nouent et se dénouent des processus complexes de sédimentation ethnique d’ordres et de castes hiérarchiques et inégalitaires. Il a appuyé ces propos en donnant l’exemple du Sahara et Sahel occidental qui fût pendant des siècles « un espace géopolitique en forme de couloir où le monde descend » notamment les agriculteurs négro-africains comme les pasteurs nomades maghrébins ainsi que l’islamisation et l’arabisation générale allant de pair, mais la seconde a été selon lui « diversement assimilée ».
Victimes d’une société clientéliste
La décolonisation et l’indépendance ont aboutit selon De Chassey à la lutte pour l’accès aux ressources par la participation au pouvoir dans une « société clientéliste ». Il ressort en effet de l’extension, de la transformation et de l’exacerbation des sentiments ethniques. On constate dés le début de la décolonisation, la compétition des élites traditionnelles scolarisées pour les postes administratifs et politiques. L’émergence des dictatures militaires, l’établissement de l’Etat néo-patrimonial et de la politique du ventre dans une société de plus en plus clientéliste. Et enfin, la généralisation de la compétition ethnique, la simplification ( Arabes versus Négros-Africains conditionnant, l’exacerbation des identités et sentiments ethniques d’où les événements de 1989.
Toutes ces difficultés font qu’il est difficile d’instaurer une véritable démocratie car la réconciliation devient « fragile et périssable ».
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