Daily Archives: 30/05/2011
Un événement à caractère discriminatoire à la station Radio Guidimakha
Dans le cadre de sa politique de décentralisation de l’information d’une part et d’une meilleure représentativité des langues nationales dan les médias d’Etat d’autre part, il avait été créé dans toutes les capitales régionales de la Mauritanie des stations relais qui, après les principales éditions d’information de la radio nationale, jouissaient d’une certaine autonomie qui leur permettait de développer des programmes aussi divers que proches des aspirations des populations profondes.
Au Guidimakha, les locuteurs de la langue poular avaient eu le bonheur d’être entretenus par l’éloquent, l’agréable et très cultivé Guelongal. Seulement, le samedi, alors qu’il s’apprêtait à rejoindre son studio, un de ses collègues lui dit que son émission était suspendue ! Guelongal qui lui répondit n’avoir pas reçu de « note de service » dans ce sens, entra quand même en studio et commença son émission en poular, mais la ligne téléphonique, qui devait permettre aux auditeurs de donner leurs avis en direct, fut interrompue…
Au sortir de son émission le concerné appela son directeur de station pour demander des explications sur sa « prétendue » suspension, celui-ci lui répondit qu’il avait juste reçu des instructions de ses supérieurs de Nouakchott. Le lendemain (29/05/12), Guelongal fut interdit d’entrer dans les locaux de la dite station, on lui signifia verbalement qu’il devrait rallier Nouakchott.
Saisie par ses militants au Guidimakha, l’IMEJ a cherché à en savoir plus sur les raisons de la suspension des émissions en poulaar à la station radio du Guidimakha où elles représentaient 30% aux côtés du Hassania 30% et du Soninké 40%.
Est-ce une tentative de sabotage du directeur de la station sous couvert d’une instruction supérieure ? Où est ce un revirement du régime de Ould Abdel AZIZ qui tout en faisant croire qu’il œuvre pour la libéralisation progressive des ondes, continue à surveiller et museler l’information ? Une chose est en tout cas certaine, les population peules du Guidimakha sont particulièrement remontées contre ce qu’elles considèrent comme une nouvelle gifle à leur langue et à leur identité et entendent exprimer leur mécontentement par une marche de protestation cet après midi du lundi 30/05/12.
Pour sa part, l’IMEJ
– condamne cette suspension impromptue et injustifiée des émissions en poulaar et demande sa levée immédiate ;
– apporte son soutien à Guelongal qui a su, en si peu de temps, commuer avec les populations du Guidimakha
– demande le respect de la liberté d’expression comme stipulée clairement dans notre constitution ;
– exhorte les autorités à accepter, en dehors de toute discrimination, l’expression et l’épanouissement des langues et cultures nationales comme gage de la diversité mauritanienne.
Pour le Bureau exécutif
son Président BA Mamadou Kalidou
Initiative Mauritanienne pour l’Egalité et la Justice (IMEJ)
Les militants des FLAM examinent en France leur retour en Mauritanie
Les Forces de libération africaines de Mauritanie (FLAM) examinent leur retour en Mauritanie et les conditions d’une unité de l’ensemble de l’opposition du pays au cours de leur VIIème congrès qui a débuté samedi à Champs-sur-Marne, en région parisienne, en France. S’exprimant à l’ouverture du congrès, le président des FLAM, Samba Thiam a exhorté les militants de son organisation à débattre de la question du redéploiement général du mouvement à la lumière de 28 années de lutte. « Le congrès discutera sans tabou de cette question du redéploiement. La question du retour des FLAM en Mauritanie pour poursuivre le combat sur le terrain sera naturellement discutée. Il appartiendra au congrès de donner une orientation claire sur ce retour qui nous paraît tout à fait envisageable aujourd’hui », a-t-il dit. Le président des FLAM a plaidé pour l’unité de l’opposition mauritanienne, estimant qu’il serait illusoire qu’une organisation puisse à elle seule mettre fin au système «discriminatoire et mono-ethnique» mauritanien.
«Il n’y a plus de place pour la lutte en ordre dispersé devant la persistance d’un système discriminatoire à caractère raciste qui rend notre avenir en Mauritanie chaque jour plus incertain. A situation nouvelle, stratégie nouvelle», a martelé M. Thiam qui vit en exil aux Etats-Unis.
Il a estimé que les FLAM ne doivent plus assumer seules le poids de la lutte pour le nouvel ordre social et démocratique en Mauritanie fondé sur le caractère multiracial et multiculturel du pays.
«Nous avons porté, presque seuls, pendant près de 20 ans, tout le poids de la lutte. Nous devons nous saisir maintenant de toute opportunité offerte d’en partager le fardeau avec d’autres forces, mieux, nous devons forcer ces opportunités», a déclaré M. Thiam.
«L’heure semble donc venue de travailler pour l’unité de la résistance dans la fusion des forces et des énergies si nous voulons ensemble hâter la fin du système», a poursuivi l’ancien détenu à la tristement célèbre prison de Oualata.
Selon lui, l’unité de l’opposition mauritanienne pourrait se faire autour de quelques points essentiels parmi lesquels la réforme de l’armée, la haute administration et l’éducation pour tenir compte de l’identité «bi-ethnique et multiculturelle» du pays.
«Ces questions ajoutées à la fin de l’esclavage, le renforcement de la démocratie nous semblent constituer une base naturelle de convergence», a affirmé M. Thiam.
Venus des Etats-Unis, d’Afrique et d’Europe, les délégués des FLAM débattront pendant trois jours de la situation socio-politique en Mauritanie, du passif humanitaire, du sort des réfugiés négro-mauritaniens au Sénégal et au Mali, la question agraire dans la vallée du fleuve Sénégal et de l’esclavage.
Ils procéderont également au renouvellement des instances dirigeantes de leur mouvement, dont le conseil national et le bureau national.
Le congrès est dédié à feu Aboubakri Bâ et Mamadou Amadou Sow, deux figures historiques de la lutte des FLAM.
PANA
VII congrès des FLAM, le discours d´ouverture du Président Samba THIAM
Camarades du conseil national
camarades du Bureau national
camarades Secretaires généraux des Sections
Camarades délégués ,
Camarades congressistes
Honorables invités, Mesdames et Messieurs
Dans la vie des organisations politiques, les Congrès, au-delà des retrouvailles joyeuses qu’ils permettent, constituent surtout des moments de pause destinés à faire le point, à ouvrir des perspectives et à réajuster, au besoin, méthodes et stratégies de lutte.
Mesdames , Messieurs les invités, c’est pour nous un immense plaisir de vous accueillir aujourd’hui parmi nous, en ce 7ème Congrès des Forces de Liberation Africaines de Mauritanie (FLAM ).
Votre présence ici, chers invités, témoigne sans nul doute , de votre sympathie pour notre Organisation qui découle, certainement, de l’interêt que vous portez à son noble et long combat qui se mène voilà 28 ans; un combat dont le sens ne saurait être mieux rendu, par ces mots de CESAIRE :
« notre lutte est un sursaut de dignité,
un refus de l’oppression,
un combat contre l’inégalité,
une révolte contre un Système fondé sur des préjugés , des présupposés qui aboutissent à une hiérarchie …., elle est l’affirmation de notre droit à la différence … , une sommation à tous d’une reconnaissance de ce droit ! »
Notre combat, en un mot, est un combat pour l’Egalité dans la citoyenneté, pour l’Unité dans la diversité et la complémentarité , pour la Démocratie authentique dans une Mauritanie reconstruite sur des bases et valeurs nouvelles.
Une longue marche vers la liberté, difficile et pénible, parsemée d’embûches, au cours de laquelle des camarades sont tombés. Je pense à Touré Zakaria tombé sur le champ de bataille, à Mama Sow, militant exemplaire arraché à la fleur de l’âge, stoique, combatif, demeuré actif alors même qu’il luttait contre la terrible maladie; je pense à Aboubakry Kalidou Ba, dont l’engagement inébranlable, était resté frais, juvénile et tonifiant.
Mes pensées vont également à Sarr Amadou, Sy Saidou et Ba Seydi autres héros sacrifiés de la cause, fauchés sous les balles du peleton d’exécution , sans oublier tous ceux-là qui s’étaient investis, à leur manière, dans cette lutte de liberation, comme Saidou Kane, Mamadou Samba Diop et tant d’autres .
Mesdames et Messieurs je vous invite à consacrer une minute de silence à leur mémoire, à jamais éternelle !
Quel sacrifice y’a-t-il de plus cher ou de plus sacré que celui de la vie ?
Ces êtres, partis pour toujours, nous interpellent quelque part, individuellement, nous soldats de la cause, à faire un examen de conscience sur la profondeur de l’engagement personnel de chacun de nous, dans cette noble lutte pour notre libération .
Mesdames, Messieurs les invités ,
nous sommes heureux, aujourd’hui, de partager avec vous nos soucis qui, croyons-nous, sont aussi quelque part les vôtres – face à l’actuelle situation politique interne , pleine de menaces sur notre devenir dans notre pays .
Si, au tout début de sa prise de pouvoir le Président Ould Abdel Aziz avait suscité quelque espoir –aujourd’hui évanoui- à travers quelques promesses et tentatives de réformes amorcées , force nous est de reconnaître que le Système a, maintenant, repris le dessus.
L’équilibre souhaité par nous dans la représentativité des communautés au sein de la haute ’administration reste presque ignoré , la question du passif humanitaire semble évacuée dans son fond, le retour entamé des réfugiés est brutalement arrêté , alors qu’ils sont des milliers encore à l’exterieur à demander à être rapatriés; et ceux qui l’avaient été vivent dans des conditions intenables, privés jusqu’aux pièces d’identité. ; la question des terres de la vallée est rendue plus aigue, par une spoliation quasiment déclarée ces derniers mois, et la question de l’esclavage enfin, laissée en l’état !
Même constat amer avec nos mouvements associatifs basés à l’extérieur, qui essaient courageusement de soulager les souffrances grandissantes des populations de la vallée du fleuve, mais se heurtent , invariablement, dans leurs initiatives, hier comme aujourd’hui, à l’hostilité de l’administration .
Ainsi leurs tentatives comme celle de créer des banques de développement, ou des banques de céréales pour adoucir les dures périodes de soudure , se voient bloquées ou interdites – , tout comme l’envoi de matériel d’équipement soumis à des tracasseries administratives sans fin, s’il n’était simplement confisqué, ou encore ces maternités bâties par nos immigrés, dans l’espoir de réduire le taux de mortalité de femmes en couche, qui sont laissées quasiment sans personnel!
Bref ces associations font tout cela, pour tenter de soulager, tant soit peu, la misère grandissante des populations locales, mais sans succès; sans succès parce que le Système politique en place, à caractère ethniciste et raciste, s’y opposait ! Comme il s’opposait à toute tentative, interne, de mise en place de coopératives de consommation villageoises, et décourageait tout rayonnement de centres d’alphabétisation en Pulaar, Soninké ou Wolof, perçus comme des foyers de subversion; parce que pour la Mauritanie officielle il n’y a d’alphabétisation digne d’attention que l’alphabétisation en langue arabe , car les langues négro-africaines sont perçues au mieux comme des dialectes, sinon des idiomes .
Enfin, -dernier constat, récent -ceux qui se dressaient contre l’esclavage étaient menacés, agressés, écroués, et lorsque des Etudiants s’affrontaient à l’université de Nouackchott comme advenu en Avril dernier, le régime, sélectivement, réprimait la seule composante négro- africaine; et pour couronner le tout cette mise en place d’une commission mono-ethnique chargée du recensement d’ une population pluri-ethnique , -dont nous dénoncerons les résultats –
Le régime, par toutes ces pratiques, est entrain de révéler sa vraie nature : une dictature camoufflée, arrogante, répressive et raciste, qui oeuvre à préserver le même Système discriminatoire, à l’image des régimes militaires arabo-berbères qui l’avaient précédé !
Comme ces derniers, le Régime du président ould Abdel Aziz élude les questions centrales pour n’aborder, au petit bonheur la chance, que les questions peripheriques, techniques, secondaires .
L’espoir de réformes profondes a completement fondu , le Système étant de retour, en force .
Voilà pourquoi les déclarations récentes à propos des sépultures et de la situation des fonctionnaires negro -africains victimes de purges ethniques sont un leurre, un rideau de fumée , destiné à nous divertir , a endormir notre vigilance .
Face à cette situation inquiétante , grave à tous égards, que font nos Organisations ?
Rien, sinon que chacune reste dans son clocher, jouant au leader, chacune organise ses propres manifestations , détermine ses partenaires et ses alliances en fonction d’affinités du moment , crée et gère son propre site internet au gré des humeurs, rivalisant d’ardeur dans la chasse aux visiteurs !
Nos sites électroniques doivent être des instruments de combat dirigés contre le Système, et non servir à l’auto-flagellation.
Mesdames, Messieurs les invités, représentants des Ong et des partis politiques nationaux,
Ahmed Sekou Touré disait « qu’il est des instants, dans la vie des nations et des peuples, qui semblent déterminer une part décisive de leur destin … »
A mon sens, l’instant d’aujourd’hui constitue, pour nos organisations qui mènent de l’exterieur la résistance, ce moment décisif; S’unir ou périr tel est le sens et l’alternative de l’instant, tel est l’enjeu du moment pour nous en particulier, et pour la mouvance négro- africaine, en général.
Au vu de notre situation générale qui ne cesse de se dégrader a tous egards, la seule voie qui mérite aujourd’hui d’être explorée est celle de l’Unité, à tout le moins, l’unité d’action .
L’unité la plus large possible avec les forces patriotiques, démocratiques et progressistes qui partagent, avec nous, les mêmes aspirations. Cette Unité-là nous l’avions toujours souhaitée et nous continuerons de la rechercher, car l’issue du combat commun en dépend .
Il n’y a plus de place pour la lutte en ordre dispersé , devant la persistance d’un système discriminatoire à caractère raciste, qui rend notre avenir dans ce pays chaque jour plus incertain.. A situation nouvelle, stratégie nouvelle .
Le moment est venu , nous semble-t-il, de nous remettre en cause.
Camarades congressistes, camarades flamistes, ces remises en cause s’adressent aussi à vous, à nous .
Nous avons porté, presque seuls, pendant près de 20 ans, tout le poids de la lutte. Nous devons nous saisir maintenant de toute ’opportunité offerte d’en partager le fardeau avec d’autres forces; mieux nous devons forcer ces opportunités.
Il serait illusoire de croire qu’ une organisation, même toute puissante, au vu des conditions internes de plus en plus difficiles et complexes, fût en mesure de venir à bout, toute seule, du Système en cours.
L’heure semble donc venue de travailler encore, plus fort, pour l’unité de la résistance dans la fusion des forces et des énergies, si nous voulons ensemble hâter la fin du Système.
Les réformes de l’Armée, de la haute administration, de l’Education, en conformité avec l’identité bi-ethnique et multiculturelle du pays, la fin de l’esclavage, le renforcement de la démocratie nous semble constituer une base naturelle de convergence !
Il nous faut, camarades , nous préparer à prendre, au cours de ces assises, les décisions courageuses qu’impose l’évolution de notre organisation , voire sa survie .
Camarades militants ,
je suis d’habitude , par tempérement peut-être , avare de compliments , très peu porté vers les discours laudatifs, encensés, ou les flatteries , mais aujourd’hui, je me dois d’y déroger , en vous rendant un hommage mérité !
Vous vous êtes levés tôt pour dénoncer l’oppression dont nous sommes victimes, au moment où personne ne songeait à le faire , et après 28 ans , vous tenez toujours bon, sans jamais verser dans la compromission, malgré l’adversité en tout genre .
En effet , nous avions été nombreux sur la ligne de départ , prêts pour la résistance , mais combien parmi nous ont décroché en chemin, pour avoir manqué de souffle ? mais dont les coeurs battaient toujours pour l’organisation.
Vous êtes restés fidèles au poste, attachés à l’organisation, debout, toujours prêts à répondre à l’appel du devoir , en dépit des conditions souvent impitoyables de l’exil.
Recevez donc ici mes hommages appuyés .
Continuez dans cette voie même si le chemin paraît encore long .
Je ne voudrais pas terminer sans féliciter les camarades venus de si loin , prouvant , une fois de plus , leur détermination à répondre à chaque fois que l’organisation avait besoin d’eux ! Je voudrais aussi féliciter la section Europe pour l’ activisme qui la caractérise depuis toujours , et qui a permis de maintenir, vivante, l’Organisation en France. Féliciter et remercier, enfin, la commission d’Organisation et de suivi, pour les efforts déployés, afin de réussir son pari !
Messieurs les représentants des organisations amies, Personnalités amies , mesdames et messieurs,
nous vous exprimons ici notre reconnaissance et toute notre gratitude, pour dire combien votre soutien nous fut précieux toutes ces années , et pour redire que nous avons encore besoin de votre solidarité , car notre route, dans cette quête de liberté que sommes déterminés à poursuivre, pourrait -être encore longue.
Camarades congressistes, mesdames et Messieurs, je déclare ouvert le 7ème congrès des Forces de Liberation Africaines de Mauritanie (Flam ).
Vive les FLAM !
Paris le 28 mai 2011