Monthly Archives: January 2011
Le racisme et les discriminations
Dans un premier temps je propose que nous fassions le tour de ces deux notions. Le racisme est généralement entendu comme toute forme de violence à l’encontre d’un groupe humain, en raison de son appartenance prétendument raciale. Les formes de violence peuvent avoir des degrés différents. Cela va du préjugé au mépris, jusqu’à la discrimination, de la ségrégation jusqu’au meurtre.
Ce meurtre peut être aveugle, se faire un peu au hasard ou, au contraire, il peut être institutionnalisé et organisé par l’appareil d’Etat comme par exemple en Allemagne nazie.
Affaire Yacoub Ould Dahoud:Une Contagion rapide
Yacoub Ould Dahoud, 43 ans, s’est immolé, avant-hier matin, devant le Sénat, à quelques encablures du Palais présidentiel, à Nouakchott. La nouvelle a fait le tour de la ville de Nouakchott. Elle suscite dans l’opinion à la fois étonnement, admiration et réprobation. L’immolation de ce jeune, entrepreneur, à l’abri du besoin. Issu d’une famille aisée, a plongé dans le désarroi une opinion publique nationale partagée entre affliction et interpellation. Ce phénomène d’immolation, plus ou moins apprécié dans certains milieux, on croyait en Mauritanie qu’il n’arrivait qu’aux autres et que notre société fortement imprégnée par la religion en était à l’abri. Ce sans compter le fait que le monde, après la révolution électronique, est devenu un seul village. Et que les habitudes, bonnes ou mauvaises, se propagent dans tous ses coins à la vitesse de la lumière.
Incohérence ou cafouillages!
Depuis que l’opposition et les syndicats ont donné l’offensive en tenant marches et meetings pour dénoncer la flambée des prix et en mettant à nu l’incohérence de la politique sociale du gouvernement, le pouvoir semble se perdre les pédales. Après avoir dans un premier temps tenté de minimiser la portée de l’action engagée par ses adversaires, il mobilisa les partis de la majorité pour donner une réplique à la campagne de dénigrement orchestrée contre lui par la COD et certaines organisations de la société civile qui sont elles aussi montées au créneau pour dénoncer le laxisme des autorités face à la question de l’esclavage et de l’arbitraire.
Réhabiliter Ten Youssouf Guèye
Pendant que la foire aux livres bat son plein au CCF de Nouakchott, nous avons eu une pensée pieuse pour la mémoire du grand écrivain mauritanien le regretté Ten Youssouf Guèye, mort dans les geôles de Oualata sous la dictature de Taya et dont le corps repose aux cimetières de Néma.Pour ceux qui ont connu cette figure littéraire et historique de « Dimbé Jooro » ( Kaedi), à travers ses écrits riches et sa plume d’or, il est une référence monumentale qui mérite d’être réhabilitée dans les programme scolaires et élevé par des symboles.
Messaoud Ould Boulkheir : “Ma mission se terminera avec ma mort”
Le président de l’Assemblée nationale et de l’Alliance populaire progressiste (APP, opposition), Messaoud Ould Boukheir, s’estime loin de la retraite politique. À 67 ans, il compte bien continuer sa “mission” pour son pays, la Mauritanie.
Jeune Afrique : En avril, vous appeliez à « la chute du régime » par la rue. Dans votre discours d’ouverture de la session parlementaire, début novembre, vous avez déclaré que « le temps n’est plus à la surenchère politique ». Votre position vis-à-vis de Mohamed Ould Abdelaziz a-t-elle évolué ?
Messaoud Ould Boulkheir : Si mon discours a évolué, ce n’est pas par rapport à Aziz mais par rapport à la situation du pays. Aujourd’hui, je suis inquiet, et c’est le moment ou jamais de s’unir. Parallèlement au terrorisme, j’entends des discours plutôt séparatistes. Certaines voix demandent le changement du nom du pays, de l’hymne et des couleurs nationaux. L’identité est menacée.Quant à mes positions, elles ont toujours été en réaction par rapport à celles du chef de l’État. Il faut faire un retour en arrière. Au lendemain de la présidentielle de 2009, que nous avons contestée, je lui ai tendu la main pour qu’il ouvre le dialogue. Mais il n’a rien voulu entendre. Nous avons donc changé de tactique et appelé à son départ par la rue. À partir de ce moment-là, nous avons senti un net fléchissement. Aziz a alors commencé à parler de dialogue et, petit à petit, a convoqué certains responsables de l’opposition. Je l’ai vu à deux reprises et, à chaque fois, lui ai dit d’appeler publiquement au dialogue avec l’opposition. Il l’a fait dans son discours pour le cinquantenaire de l’indépendance. C’est un grand virage. Le soulagement est perceptible au sein de la majorité et de l’opposition.
Qu’est-ce qui continue à vous opposer ?
Un aspect tout simplement fondamental fait que je ne peux accepter ce régime. Aziz est un militaire qui s’est emparé du pouvoir par la force. Il a démissionné de l’armée, mais pour moi ce sont des histoires. Il doit encore démontrer ses qualités de démocrate et d’homme d’État. Jusqu’au 28 novembre, il refusait de reconnaître que certains puissent s’opposer à lui. Maintenant, nous allons le mettre à l’épreuve dans le dialogue qu’il a annoncé.
Vous avez 67 ans, la majorité de la population en a moins de 30. Ne craignez-vous pas d’être en décalage avec ses préoccupations ?
La notoriété et le leadership ne se décrètent pas, ce ne sont pas des habits que l’on enfile. Ce sont les fruits de la confiance et de la légitimité populaire. Le chef de l’État, lui, se sent jeune [il a eu 54 ans le 20 décembre, NDLR] et a l’ambition de changer la nomenklatura politique. Il a amené avec lui une équipe de gens tout à fait inconnus. Mais ce n’est pas ainsi que l’on crée une classe politique.
À qui un jeune méconnu va-t-il inspirer confiance ? Qui va le suivre ? Nous, les croulants, nous n’avons pas encore réussi à offrir aux jeunes générations un modèle qui nous apaise la conscience. L’unité, la tolérance, la solidarité n’existent pas. Ma mission se terminera avec ma mort.
Propos recueillis à Nouakchott par Marianne Meunier
Jeune Afrique