Les Forces Progressistes du Changement (FPC) Mauritanie

Affaire Yacoub Ould Dahoud:Une Contagion rapide

 

ould dahoudYacoub Ould Dahoud, 43 ans, s’est immolé, avant-hier matin, devant le Sénat, à quelques encablures du Palais présidentiel, à Nouakchott. La nouvelle a fait le tour de la ville de Nouakchott. Elle suscite dans l’opinion à la fois étonnement, admiration et réprobation. L’immolation de ce jeune, entrepreneur, à l’abri du besoin. Issu d’une famille aisée, a plongé dans le désarroi une opinion publique nationale partagée entre affliction et interpellation. Ce phénomène d’immolation, plus ou moins apprécié dans certains milieux, on croyait en Mauritanie qu’il n’arrivait qu’aux autres et que notre société fortement imprégnée par la religion en était à l’abri. Ce sans compter le fait que le monde, après la révolution électronique, est devenu un seul village. Et que les habitudes, bonnes ou mauvaises, se propagent dans tous ses coins à la vitesse de la lumière. Pour sa petite famille, Yacoub a démarré, lundi, une journée toute normale. Le matin, comme à l’accoutumée, il a conduit ses enfants à l’école. Une heure plus tard, l’acte sera commis. Beaucoup s’interrogent sur les raisons qui ont poussé ce jeune à un tel acte. Certes, la Mauritanie n’est pas la Tunisie. Même si depuis l’acte du tunisien, Bouazizi, jugé ‘’créateur’’, par certains, qui a produit, au finish, ‘’du miracle’’, dans un pays régenté par une main de fer depuis plus de deux décennies, certains observateurs spéculaient déjà sur une contamination du phénomène ‘’pyromane’’. En Mauritanie, une menace d’immolation a été annoncée, c’est vrai, depuis quelques jours, mais, son auteur, n’a pas encore, heureusement, passé à l’acte. C’en est un autre qui le fait à sa place.
Yacoub Ould Dahoud l’a fait savoir, lui aussi, d’une certaine manière sur sa page facebook.  http://www.facebook.com/home.php#!/YACOUBDAHOUD?sk=wall.
Sur son mur de facebook, Yacoub Ould Dahoud a commencé, quelques heures avant son immolation, à partir de 5h 55 m, le même jour, à publier des liens qui renvoient à de pages (doc.google) où il a consigné ce qui s’apparente, dit-on, à un testament. ‘’ Assez de gabegie, assez d’injustice’’ note-t-il, en appelant à un mois de révolte pour que les activistes des droits humains soient libérés. Le posting proposé réclame, en outre, un ensemble de dispositions allant de la libération de Biram Ould Dah et compagnons à la suppression systématique des taxes et redevances sur les produits de consommation, le sucre, le blé, la farine, le riz, l’huile…etc, en reportant ces taxes sur la commercialisation des cigarettes, sur les sociétés de téléphonie mobiles…
Yacoub n’oublie pas également la politique. Dans le même posting, il invite à l’initiation d’un amendement de la Constitution, soumis au Parlement, convoqué pour une session extraordinaire, pour approuver une loi stipulant l’interdiction à tout militaire, en fonction, ou non, de se porter candidat au poste du président de la République. L’organisation d’une élection législative et présidentielle, dans trois mois, en plus, note Ould Dahoud sur son message facebook, un projet de décret amnistiant le général Aziz et les membres du HCE. La mise sur pied d’une CENI et tout un programme politique exigé par Yacoub.
En s’adressant au Président de la République, Dahoud écrit : ‘’ Si,  tu ( le général)  ne mets pas en exécution ces doléances, attends-toi, à une colère populaire qui te chassera comme elle a chassé Ben Ali de la Tunisie. Ould Dahoud saisit l’occasion pour demander aux gouvernants français de laisser la Mauritanie et les Mauritaniens faire leur choix des personnes auxquelles ils aspirent et de décider d’eux-mêmes de leur propre destinée.
A la fin de son posting, Yacoub écrit au peuple mauritanien :’’ Si je réussis dans mon entreprise, c’est pour toi. Et, si j’échoue, tu devras essayer de ton côté, là où j’ai échoué, moi.’’ 
A 6h 27, le même jour, Dahoud publie un lien qui renvoie vers une page google.doc, intitulé AZIZ DEGAGE, où huit pages sont consacrées à des slogans fustigeant l’injustice, la partialité du président…etc. Un peu avant son passage à l’acte, Yacoub Ould Dahoud est revenu, une fois encore sur le Net, où il publie, à 9h 09mn, du matin, moins d’une heure avant son immolation, une rediffusion sur google.doc les mêmes doléances d’ordre politiques déjà citées.

Fou ou révolutionnaire

 
Yacoub Ould Dahoud, brulé à plusieurs endroits de son corps, a été évacué par les siens à l’étranger, notamment au Maroc. Son état de santé est jugé critique par certains, pas graves pour d’autres. Difficile de savoir la vérité, l’homme, depuis sa tentative d’immolation, était placé à l’hôpital militaire dont l’accès n’est pas autorisé à tout le monde. Il aurait reçu la visite de plusieurs enquêteurs. Son cas s’est aggravé –socialement- par une autre tragédie dans sa famille : la mort brusque de l’un de ses petits frères…
Même si les medias publics avaient diffusé, quoi que de manière très sobre, la nouvelle, on observe du côté officiel un silence inaltérable. Le pouvoir semble même vouloir présenter cet acte comme étant un fait divers qui ne mérite pas l’attention.
Erreur monumentale crie la coordination de l’opposition qui explique le geste du jeune Yacoub par la mauvaise politique du gouvernement et par les frustrations qu’elle fait naitre chez le citoyen.

Ould Bladi- BILADI

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